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Les Pères du concile de Trente et les érudits de Louvain
p. 75-77
Texte intégral
1Les modifications du texte biblique lui-même ne furent pas les seules à créer un climat d’incertitude ; la relativisation par l’ajout de variantes dans les marges y contribua également. La Sorbonne était un des sismographes spécifiques de ce phénomène. La crise qui se profilait ainsi détermina Estienne à changer de politique éditoriale en 1540, en direction d’une édition critique de la Vulgate traditionnelle. Bientôt cependant, un bouleversement complet des rapports de force se produisit par le fait qu’une nouvelle instance se porta au premier plan et s’ingénia non seulement à faire obstacle aux travaux indépendants des philologues, mais aussi à y mettre un terme : l’autorité de l’église, en la personne des participants réunis lors du concile de Trente. Près de quatre mois après le début de leur réunion, le 8 avril 1546, le concile déclara que la Vulgate était « authentique » et prescrivit la généralisation de son usage ; au même moment, on commanda des exemplaires comportant le moins d’erreurs possible. C’est, semble-t- il, la première fois que l’église romaine en tant que telle s’arrogeait le droit d’influer sur le texte de la Bible – fait qui n’était envisageable que depuis la diffusion de l’imprimerie. L’Université de Louvain joua un rôle de maréchale en vue d’atteindre cet objectif ; faisant partie de son Empire, ses activités étaient soutenues par Charles Quint. Dans un premier temps, une liste d’ouvrages interdits fut établie ; de nombreux exemplaires de la Bible d’Estienne y figuraient, en dehors de son édition princeps de 1528. L’Université de Louvain chargea l’un des siens, Johannes Henten (1499-1566), d’élaborer une édition de la Vulgate qui parut en 1547. Il s’était basé sur l’édition de la Bible d’Estienne de 1540 et l’avait comparée à 31 manuscrits ainsi qu’à deux autres éditions. En 1563, le concile arriva à sa conclusion ; parmi les tâches qui incombaient au pape figurait toujours l’élaboration d’une version fiable de la Vulgate. Cette décision apparut en filigrane lorsqu’après la mort de Henten, l’université de Louvain chargea Luc de Bruges d’élaborer sa Bible. Car dans son édition de 1574, il n’osa pas changer le moindre élément du texte de 1547, il ne fit qu’ajouter de nouvelles variantes en nommant leurs sources. Une autre édition, datant de 1583, a été augmentée d’une annexe dans laquelle sont examinés des matériaux servant à la critique textuelle.
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