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Sur les traces de la Bible hébraïque
p. 56-57
Texte intégral
1Il a déjà été diversement question de réemplois du texte originel hébraïque de l’Ancien Testament. À partir du XIIIe siècle, apparaissent souvent dans les écrits théologiques des annotations telles que in Hebreo ou Hebreus dicit. À de nombreuses occurrences, cela concerne des indications qui proviennent des commentaires d’André de Saint-Victor. La formulation in Hebraica veritate [selon la vérité hébraïque, c’est-à-dire « selon le texte en hébreu »] renvoie en revanche la plupart du temps à la traduction – peut-être également à une discussion – d’un passage par Jérôme. Suivant les représentations dominantes à l’époque au sujet de la naissance et de la diffusion des langues sur la terre, une place particulièrement élevée revenait à l’hébreu. Dans les bibliothèques des universités et celles des couvents des ordres mendiants, surtout en Angleterre, on trouve des glossaires latin-hébreu, des textes en hébreu comportant des gloses en latin ou encore de nouvelles traductions de l’hébreu, notamment du Psautier. Cependant, nulle part la tendance à se conformer au plus près au texte originel n’est plus manifeste que dans une entreprise connue sous le nom de Superscriptio Lincolniensis et qui émane de Robert Grosseteste (avant 1170-1253). Grosseteste, maître à Oxford et peut-être le premier chancelier de cette Université, qui sera à partir de 1235 évêque de Lincoln, a apporté une importante contribution aux progrès des sciences de la nature de son époque. Peut-être était- ce une manifestation supplémentaire de sa conception scientifique « moderne » et progressiste qui l’a poussé à effectuer une nouvelle traduction de l’Ancien Testament directement à partir du texte originel. Ce projet fut mis en oeuvre, du moins à ses débuts, probablement par des Franciscains anglais, avec le soutien de Juifs. L’intention était de faire une traduction « superposée » littérale à outrance, sous la forme d’une version interlinéaire au-dessus d’un texte en hébreu. Pour ce faire, non seulement on accepta de ne pas tenir compte des exigences stylistiques et phraséologiques de la langue d’arrivée, le latin, mais on créa même de nouveaux mots ad hoc. Il n’est pas surprenant que cette ambitieuse tentative ne semble pas avoir abouti. Quoi qu’il en soit, la traduction des psaumes qui en a résulté est conservée dans plusieurs manuscrits ; à cela s’ajoutent d’autres parties de l’Ancien Testament. Au fond, ce phénomène est plutôt une curiosité au sein de l’histoire de la Bible latine au Moyen Âge.
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