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Apprendre le latin d’après la Bible
p. 35
Texte intégral
1Plusieurs fois déjà l’idée a été évoquée selon laquelle il faudrait non seulement respecter le latin biblique et le défendre contre les exigences de correction linguistique, mais qu’il pourrait ou devrait même devenir une norme de notre propre pratique de la langue. Cette position est l’expression d’une situation qui a été ressentie depuis des lustres comme insatisfaisante : dans l’Antiquité déjà, de nombreuses générations de jeunes chrétiens avaient suivi des cours de grammaire, mais les moyens d’enseignement restaient – conformément à leur nature, pourrait-on dire – ce qu’ils étaient, à savoir pris dans la tradition profane de l’Antiquité et tournés vers la poésie païenne, en particulier celle de Virgile. Bientôt cependant se fit entendre la demande de remplacer les exemples d’origine païenne dans les écrits destinés à l’enseignement par des exemples tirés de la Bible. Julien de Tolède (vers 642–690) en a été un initiateur, dans sa grammaire ainsi que dans le « De vitiis et figuris ». Dans son livre « De schematibus et tropis », Bède le Vénérable (673/4–735) applique sans discontinuer ce principe au domaine de la rhétorique, dans lequel les matériaux restaient identifiables même après leur traduction. Son œuvre doit d’ailleurs être mise en relation avec la tradition de l’apologie de la langue biblique. Une autre étape de la réflexion est franchie chez Smaragde, déjà évoqué : chez lui, non seulement les règles sont illustrées par des exemples bibliques, mais la langue de la Bible est érigée en norme, et les normes en vigueur en matière de correction de la langue, incarnées par Donat, sont soumises à la langue biblique. Ce faisant, il pouvait y avoir des erreurs d’évaluation et il pouvait arriver qu’on soit amené à pousser à leur extrémité les règles linguistiques.
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