Avant-propos
p. 5-6
Texte intégral
1« Vingt ans après » ; suivons Dumas : quels seraient donc les nouveaux Mousquetaires de l’Université ? En 1998, l’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse s’est installée au cœur d’un site privilégié, l’ancien Hôpital Sainte‑Marthe, fondation médiévale à l’ombre des remparts citadins. Pour célébrer les vingt ans de cette installation, nous avons choisi, entre autres, d’insister sur sa signification profonde et originaire : la transmission des savoirs et ce, en partant des médecins, des apothicaires et de leurs patients pour en arriver aux personnels, aux enseignants‑chercheurs et à leurs étudiants et étudiantes. Il nous a paru que l’un des meilleurs moyens pour ce faire était de publier un ouvrage collectif consacré à l’ancienne pharmacie hospitalière, dont les médecins et les pharmaciens, les patients et les apprentis avaient été autant de mousquetaires de la connaissance. Voilà une façon originale de marquer un anniversaire en mettant l’accent sur la véritable raison d’être du bâtiment : la diffusion et le partage des savoirs.
2Le livre que vous avez aujourd’hui entre les mains est un ouvrage éminemment interdisciplinaire. L’apothicairerie de l’ancien Hôpital est, en elle‑même, un cas d’étude exemplaire et séduisant en ce qu’il permet de confronter une série de connaissances et de compétences à première vue aussi éloignées que celles d’une chimiste et d’une historienne, pour ne citer que les deux maîtres d’œuvre du projet. C’est, d’ailleurs et justement, grâce à ce dialogue serré que nous entendons valoriser au mieux ce lieu patrimonial d’exception qu’est l’ancienne pharmacie de Sainte‑Marthe. L’ouvrage est, en outre, rehaussé par un cahier de photographies inédites offrant ainsi à chaque lectrice et à tout lecteur l’opportunité, rare, de se plonger visuellement au cœur même de la pharmacie.
3Au fil de ces pages, grâce au croisement fécond d’analyses scientifiques, architecturales et historiques, la pharmacie nous ouvre ses portes et son écrin. L’identification du contenu de ses tiroirs, de ses pots ou encore de ses flacons aux noms parfois énigmatiques, n’apparaît pas seulement comme une fenêtre grande ouverte sur les pratiques et les secrets médicaux de jadis ; ce sont des pages entières des évolutions de la vie municipale et hospitalière qui revivent soudain sous nos yeux. Issus tant d’une consultation approfondie de la riche documentation disponible dans les archives vauclusiennes et avignonnaises que d’une série d’analyses chimiques ciblées (accompagnées d’un inventaire scientifique détaillé des produits de la pharmacie consultable en format numérique), les six articles qui composent ce recueil offrent des explications précises sur les connaissances médicales des temps anciens. Ces textes permettent ainsi de percevoir la mémoire invisible d’un savoir‑faire précieux possédé par autant de médecins, d’apothicaires et d’apprentis, tous consacrés au service des pauvres et des malades. Dans ces bâtiments, dont la beauté ne se dément jamais, la transmission des savoirs se perpétue, aujourd’hui, encore et toujours.
Auteur
Président de l’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse
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