Résumé
p. 209-212
Texte intégral
1Sur la côte du Portugal, en plus des activités maritimes spécifiques – pêche et navigation – certaines couches de la population s’adonnaient à des travaux qui ont aussi lieu dans la mer, mais qui concernent l’agriculture : la cueillette des algues, et la pêche du crabe (en banes), tous les deux pour l’engrais.
2La cueillette des algues – La cueillette des algues pour l’engrais se pratiquait regulièrement seulement au nord du Douro ; au sud de ce fleuve elle n’avait pratiquement lieu que dans quelques endroits isolés de la province d’Estremadura, et en três petite échelle dans l’Algarve. Aujourd’hui cette activité a pris un caractère différent : le long de toute la côte on cueille des algues, mais seulement les espèces agarophites, carraginophites et alginophites, à des fins industrielles.
3La cueillette des algues pour l’engrais est de très vieille tradition au nord du Portugal ; on en a déjà la notice dans la charte de Póvoa de Varzim, de 1308, qui présuppose un usage antérieur ; et de très nombreux textes ultérieurs témoignent la continuité de cette activité dans la région.
4La cueillette des algues était exercée primordialement par les gens de Ia campagne, qui vivaient dans les terres plus à l’intérieur, et qui, depuis toujours, étaient très familiers avec la mer, possédant des bateaux et s’adonnant à la pêche (surtout celle du crabe pour l’engrais), et qui avaient donc, sur la plage, leurs baraques d’abri, où ils gardaient les algues et l’outillage de la pêche et de la cueillette. Mais elle l’était aussi par une classe également de la campagne, mais plus pauvre, de gens ne possédant pas de terres et travaillant pour le compte d’autrui, qui cueillaient les algues pour les vendre aux laboureurs. Ces deux classes sont d’ailleurs très clairement définies déjà dans certains textes des XVIII et XIX siècles.
5II y avait aussi des pêcheurs qui cueillaient les algues, également pour les vendre aux laboureurs, mais avec certaines restrictions ; en certains cas, seulement leurs femmes le faisaient ; d’autres fois, les hommes seulement en bateau, et les femmes seulement à pied etc.
6À partir des premières décades du XX.e siècle, nous voyons les laboureurs commencer à se désintéresser progressivement de cette activité, qui passe essentiellement aux mains des gens de ces deux autres classes.
7La cueillette des algues par ces classes pauvres qui en ont fait une profession – qui prit son essor surtout vers la fin du XXe siècle, quand furent mises à profit les dunes d’Aguçadoura, par la techniqpe de la « découverte du terrain », fertilisées par ces engrais naturels –, est à la base de la formation de quelques noyaux de population qui se sont developpés récémment à partir des agglomérations des baraques, qui existaient seules avant, par un processus démographique qui semble répéter, de nos jours, celui qui à donné naissance, dans le haut moyen-âge, à quelques villes de pêcheurs (aujourd’hui parmi les plus importantes de la région).
8La cueillette des algues et l’Église – La cueillette des algues concernait l’Église au point de vue fiscal, non seulement par les redevances mais aussi les pénitences que devait payer quiconque exécutait ce travail le dimanche (ou les jours sanctifiés). Le temps de l’interdit était compté, le plus souvent, depuis le coucher du soleil du samedi (ou de la veille du jour sanctifié) jusqu’à l’aube du lundi (ou du lendemain du jour sanctifié) ; mais on établissait une différence très sensible selon que ce travail avait été exécuté avant ou après la messe. Les curés nommaient, dans chaque paroisse côtière oú l’on cueillait des algues, des agents de fiscalisation – les olheiros –, qui devaient identifier et donner aux curés la liste des infracteurs et des pénitences ou amendes imposées, et du produit de la vente aux enchères des algues apréhendées.
9La minutie et l’insistance avec lesquelles le sujet est réglementé démontre et l’importance qui lui était attribuée, et l’inefficacité du régime, qui ne parvenait pas à s’imposer.
10Technologie et outillage de la cueillette des algues – Les algues étaient cueillies par différents procédés, avec un outillage adapté aux circonstances ; fondamentalement : 1) les grandes râteaux, aux dents en bois – la graveta – ; 2) les sacs en filet, à manche – le rodafole –, tous les deux pour recueillir les algues qui voguent dans l’eau, prés de la plage ; les râteaux à manche très long – les rastilhas et les ganchorras –, pour cueillir les algues qui voguent un peu plus loin, ou bien pour travailler à bord des bateaux ou des radeaux ; les faucilles à manche long, pour couper et amener à bord les algues qui croissent dans les rochers submergés ; etc. Il est significatif que les râteaux, qui sont des outils typiques du travail de la terre, soient les seuls qui étaient connus pour la cueillette des algues dans les vieux temps, alors que c’était la classe des laboureurs qui s’adonnait primordialement à ce travail ; et qu’ils aient été remplacés par les sacs en filet, typiquement de la pêche, quand eût lieu la mutation sociale dont nous avons parlé plus haut.
11On décrit ensuite les procédés de la cueillette dans différentes plages : à Montedor, oú elle est surtout un travail de femmes ; à Castelo de Neiva, oú l’on use encore des radeaux en bois ; à Apúlia, oú il est encore exécuté surtout par les laboureurs ; à Averomar, oú depuis longtemps il est fait par ces professionnels qui cueillent les algues pour les vendre, et oú l’on use encore des radeaux en liège ; à Vila Chã, village typique de pêcheurs, né à partir du développement d’un vieux noyau de baraques de laboureurs ; au sud du Douro, à Figueira da Foz et dans l’Estremadura ; etc ; les differents types de bateaux, pour la cueillette à bord : les masseiras (en forme de pétrin) entre le Minho et le Lima ; les radeaux, à Castelo de Neiva e Averomar ; et les petits bateaux communs ; les baraques, soulignant le fait qu’en général les baraques des laboureurs étaient en pierre, et celles des pêcheurs en bois ; les piles d’algues ; les marques de propriété ; le costume de travail – la branqueta – ; etc.
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12LA PÊCHE DU CRABE EN BANCS – LE PILADO –
13Au Portugal, on pêchait le crabe en bancs – le pilado – pour l’engrais, depuis le Nord jusqu’à Nazaré, sur le littoral central du pays. C’était, tout le long de cette côte, une forme de pêche à la senne, ou l’on hâlait le filet non vers la plage, mais vers un bateau. Cette pêche présuppose un élément immobile, bateau ancré ou bouée, oú s’attache une des extrêmités du filet, et un autre mobile, un bateau, d’où l’on jette le filet, faisant le cercle, et qui revient au point de départ pour y attacher l’autre bout du filet. Dans cette forme commune, cette activité, comme la cueillette des algues, présentait des aspects différents au nord et au sud du Douro. Au nord de ce fleuve, elle était exercée fondamentalement par les laboureurs, qui possédaient des bateaux et étaient familiarisés avec une petite navigation côtière ; et son produit était destiné à la consommation personnelle. Au sud du Douro, elle était exercée fondamentalement par des pêcheurs, et son produit entrait dans un système de commercialisation plus élaboré. Au Nord du Douro, la pêche se faisait normalement avec deux bateaux, qui parfois étaient tous les deux pareils, et d’autres fois différents – un plus grand, qui faisait l’élément immobile du cercle (et qui transportait le pilado pêché), et un petit, qui faisait le cercle et d’où l’on jettait le filet. Les banes de crabe, dans la zone Nord, étaient particulièrement abondants à Âncora et Afife ; et de partout les laboureurs allaient y pêcher, en petites expéditions qui prenaient des heures de marche, généralement à la rame pour aller (et avec le vent debout), et à la voile pour le retour.
14Le plus souvent on partait l’après-midi pour arriver le soir, on pêchait pendant la nuit, et on rentrait le lendemain.
15Le spectacle de l’arrivée et de la décharge, des chars-à-boeuf qui entraient dans la mer jusqu’à toucher les bateaux chargés, le transport des grands paniers, sur la tête des femmes, était un spectacle d’une animation et d’une violence extraordinaire.
16Au sud du Douro, la pêche se faisait normalement avec un seul bateau, qui transportait les hommes et le filet et au retour le crabe, et qui faisait le cercle, l’élément immobile étant une bouée. On pêchait généralement en face et pas très loin de la plage, et surtout pendant la journée. Cependant, ou pêchait aussi beaucoup pendant la nuit, surtout là oú, pendant la journée, les gens allaient pêcher la sardine.
17Sur certaines plages, quand la pêche était très fructueuse ou quand la mer était démontée, on jettait à la mer des sacs pleins de crabes, qu’on remorquait jusqu’à la plage.
18Au nord du Douro, le pilado était utilisé tout de suite – et cela surtout en hiver –, ou bien on le séchait au soleil pour le conserver. Au sud de ce fleuve, on ignorait ce procédé : les négociants, pour l’emmagisiner, le salaient.
19Dans le Sud – et, dans le Nord, là oú c’étaient aussi des pêcheurs qui exerçaient cette pêche pour la vente – les laboureurs accouraient à la plage, avec leurs chars et leurs boeufs, pour acheter le pilado ; et aussi pour hâler les bateaux, à l’arrivée.
20On donne ensuite la description des principaux types de bateaux employés pour cette pêche – à quille dans le nord, à fond plat dans le Sud – ; le partage et les pourcentages traditionnels des gains ; des péripéties de la navigation ; etc. ; et les techniques empiriques de l’utilisation agricole de ces engrais, selon les usages locaux.
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