La masculinité vaincue : transformations de la masculinité dans les récits autobiographiques de deux anciens soldats autrichiens de la Wehrmacht (1945-1960)
p. 311-328
Texte intégral
Guerre et genre
1On considère que les guerres modernes, en particulier celles qui se soldent par une défaite militaire, ont des conséquences de longue durée et entraînent de profonds bouleversements sociaux, en particulier en ce qui concerne les processus de construction du genre. Pour ce qui est de la Seconde Guerre mondiale, on constate une intensification des processus de mise en genre pendant la guerre et dans l’immédiat après-guerre. La guerre totale imposa tout d’abord des modèles de genre dichotomiques et entraîna des expériences propres à chaque sexe en raison de la division entre le front des hommes-soldats et l’arrière placé sous le signe de la féminité. À ces deux espaces correspondaient des rôles de genre opposés, mettant en regard le combattant-défenseur masculin et la femme qui attendait de l’homme sa protection. Mais l’ordre du genre fut également mis à mal en raison des exigences de la guerre qui obligèrent les deux sexes à prendre en charge des tâches et des rôles ne correspondant pas aux normes de genre traditionnelles1. Dans l’après-guerre, les lignes de partage ayant été brouillées par le conflit, une renégociation des relations entre les sexes dut avoir lieu, en étroite liaison avec la reformulation des idéaux individuels et nationaux définissant la masculinité. Ce processus particulièrement visible en Autriche et en Allemagne, deux pays vaincus et les deux pays qui ont connu « les crises de genre du XXe siècle les plus fortes, la guerre, le militarisme et le fascisme ayant promu des modèles de masculinité d’une violence rare »2.
2Jusqu’à aujourd’hui, les hommes d’après-guerre ont été, en tant qu’objets d’étude, et c’est étonnant, largement négligés par l’histoire militaire classique. En revanche, dans le sillage des travaux sur les modes de vie féminins pendant la guerre et l’immédiat après-guerre, l’histoire des femmes et du genre, avec son ancrage féministe, s’est de plus en plus intéressé aux « mélodrames des soldats rentrant au foyer »3 en Autriche et en Allemagne. Dans le contexte d’après guerre marqué par le dénuement et la misère, outre les tâches incombant aux femmes et relevant de la sphère de la reproduction et de la reconstruction, ce sont surtout leurs relations avec les anciens soldats de la Wehrmacht rentrant du front ou de captivité ainsi qu’avec les soldats d’Occupation qui ont suscité l’intérêt des historiens4. Ces recherches, comme les études les plus récentes sur la réintégration politique, morale et sociale des soldats rentrant du front en Allemagne de l’Est et en Allemagne de l’Ouest5 ou la pathologisation médicale et psychiatrique des hommes portant les stigmates de la guerre6 ou encore la permanence des liens de camaraderie entre soldats au sein des associations de vétérans après 19457, soulignent l’enjeu que constitue la catégorie de « genre » dans la stabilisation des « sociétés marquées par les conséquences de la guerre »8 et pour les processus de reconstruction de l’ensemble du corps social en Autriche et dans les deux Etats allemands héritiers du « Troisième Reich ». Les questionnements scientifiques axés sur les conséquences des guerres modernes sur l’histoire du genre rejoignent en grande partie les questions étudiées par la « nouvelle histoire militaire », un champ de recherche relativement jeune et qui aborde cette histoire sous un angle nouveau en étudiant par exemple l’interaction entre armée, guerre, nation et genre, ou encore la démilitarisation de sociétés militarisées et les transformations de la masculinité qui en découlent.
3En s’appuyant sur ces nouvelles orientations historiographiques, cet article9 se propose d’interroger les (re)constructions des identités masculines individuelles d’anciens soldats autrichiens de la Wehrmacht qui ont été faits prisonniers10. Je me pencherai particulièrement sur deux éléments : d’une part, la transition d’une masculinité d’ordre militaire, imprégnée par le national-socialisme, à une masculinité civile, et, d’autre part, la reconstruction de la masculinité après la défaite, que l’histoire du genre nomme « remasculinisation » de la société11. Dans le cadre de l’histoire orale, je m’appuierai sur l’étude de deux cas pour démonter que dans les perceptions subjectives des hommes, la masculinité (militaire) est entrée en « crise » à la fin de la guerre (ou qu’elle est interprétée comme étant entrée en crise) et que, durant l’immédiat après-guerre, elle a été reconstruite, voire renégociée, dans le cadre privé12.
Le retour au foyer comme rupture dans les masculinités et dans les biographies
4Le national-socialisme et la Seconde Guerre mondiale ont été des expériences de violence collectives traumatiques et ont marqué de façon définitive les biographies de millions de personnes de la même génération. L’expérience de la guerre totale au front et à l’arrière qui a été vécue comme une expérience à la fois personnelle et collective, ainsi que la recherche de « normalité » après la guerre eurent comme conséquence de mêler, dans une certaine mesure, le public et le privé13. La méthode biographique de l’histoire orale, notamment sous la forme de l’entretien narratif14, permet de rendre visible cette dimension subjective de l’histoire. Elle rend possible l’étude des structures et des constructions de genre pertinentes dans la vie quotidienne et qui ne pourraient pas être appréhendées par les méthodes analytiques traditionnelles15. Bettina Dausien affirme ainsi qu’au cours d’un entretien autobiographique visant à mettre au jour les souvenirs de l’interviewé, le sujet narrant ne (re)construit pas seulement son autobiographie, il (re)construit aussi son appartenance sociale de genre. Par conséquent, le récit autobiographique est un moyen de construction pour les deux catégories que sont la biographie et le genre16.
5Il est indéniable que la Seconde Guerre mondiale fait partie des événements qui ont laissé les traces biographiques les plus profondes dans la vie des anciens soldats de la Wehrmacht qui ont survécu au conflit et qui sont aujourd’hui âgés. Par conséquent, la fin de la guerre constitue elle aussi un événement déterminant dans leurs vies : elle fut vécue par la plupart des vétérans comme une césure biographique et un ébranlement fondamental de leur masculinité, qui reposait jusqu’à la chute de la Wehrmacht sur une vision de la vie ordonnée par l’armée. Le vécu des femmes était différent parce qu’il était marqué par davantage de continuité et centré avant tout sur la sphère privée17. Les entretiens narratifs-biographiques que j’ai analysés témoignent de la fragilité et de l’instabilité des identités masculines au moment du passage de la guerre à l’après-guerre, qui correspond à une rupture relevant de l’histoire des expériences18. Le point culminant de cette transition apparaît dans les récits de vie avec l’événement biographique clef que constitue le retour au foyer. C’est ce que montre le récit d’Erwin H., un ancien combattant de la Wehrmacht qui rentre chez lui dès octobre 1945, après une période de captivité dans un camp américano-français :
Ma plus grande déception ça n’a pas été la guerre, ça n’a pas été la captivité, ça a été mon retour à la maison. Ça, ça a été la plus grosse déception de ma vie... Bien sûr, nous espérions être reçus par des filles habillés en blanc et portant des couronnes de fleur, mais à notre retour, un officier posté à la gare de Meidling s’est contenté d’apposer un tampon sur nos papiers de libération, plutôt brillant hein ? Alors nous, en tant que jeunes garçons, nous avions imaginé ça très différemment, nous avions pensé, non, quand nous rentrerons à la maison, alors ça va être, ouais, ça va être, alors tout le monde sera dans la rue et dira : enfin, les garçons sont de retour, vous voyez ? En vie et en bonne santé et tout ça, vous comprenez ? Mais pas du tout ! Bien au contraire ! Il a dit, que fais-tu, que fais-tu... Alors, ça, ça... En fait ma mère l’a très bien résumé dans ce qu’elle a dit : mais qu’est-ce que tu fais là ? (il sourit) absolument personne ne voulait nous voir là ! Personne ne voulait nous voir ! Il y avait tellement de, tellement de, tellement d’hommes qui avaient été libérés des camps de travail forcé, il y avait assez d’hommes. Nous, déguenillés, en haillons, pleins de poux, amaigris jusqu’aux os, nous n’étions que des choses gênantes, des bouches supplémentaires à nourrir, qui probablement, qui auraient pris les dernières ressources disponibles, vous voyez ? Alors c’était... Vu comme ça, on aurait pu repartir tout de suite. Alors moi ce qui m’étonne vraiment, c’est qu’ils nous aient laissé passer la frontière, vous voyez ? Puisque vous avez servi dans l’armée allemande, alors vous rentrez. En Allemagne, ils nous ont pris dans leurs bras et embrassés et en Autriche, ils nous ont... Oui, ils nous auraient presque reçus avec un coup de pied au derrière. Mais, le mépris on l’a ressenti même physiquement, vous voyez ?19
6Erwin H., qui est né en 1924 et a servi dans la Wehrmacht chez les sapeurs de janvier 1943 à la fin de la guerre, est fidèle dans cette séquence narrative où il oppose les attentes concernant son retour et ce qu’il a réellement vécu, au topos du « héros de guerre déchu » : au lieu d’être fêté comme un jeune héros par une parade militaire et d’être accueilli par « des filles habillés en blanc et portant des couronnes de fleur » (la connotation sexuelle est claire), il n’est à son retour ni compris ni accepté. Ce rejet, mis en lumière et dramatisé dans le récit par les mots de la mère qui lui demande ce qu’il fait là, s’est imprimé jusqu’à aujourd’hui dans sa biographie comme « la plus grande déception » de sa vie. Il est perçu par Erwin H. Comme une forme de trahison de la société autrichienne envers lui et envers ses camarades. Les « jeunes garçons » – c’est ainsi que Erwin H. parle de lui-même en se désindividualisant et en suggérant implicitement son innocence – sont décrits comme des victimes de la guerre dont les corps ont été abîmés et ils sont rangés au même niveau que les travailleurs forcés, victimes du national-socialisme. Ces derniers sont même présentés comme privilégiés par rapport aux soldats de la Wehrmacht de retour du front. Le narrateur met en exergue son corps, marqué par la guerre et la captivité, « amaigri jusqu’aux os » et qui constitue le signe le plus visible à l’extérieur de sa démasculinisation.
7À l’instar d’Erwin H., la majorité des hommes interviewés a vécu la défaite, la captivité de guerre et les expériences souvent décevantes lors du retour du front comme une blessure profonde dans leur être d’homme, encore très étroitement lié à l’armée. La construction narrative de l’identité de soi comme victime de guerre, mise en œuvre par une partie importante des sujets interviewés, ainsi que l’évocation d’une crise de l’identité masculine permettent aux vétérans de la Wehrmacht d’occulter les questions qui touchent à leur implication personnelle dans la guerre menée par les nazis aussi bien dans le cadre des entretiens que dans leur vie personnelle d’après-guerre. Gabriele Rosenthal considère que cette dé-thématisation des crimes du nazisme et l’émergence du mythe de la « Wehrmacht propre » qui en résulte sont un élément clef des récits de guerre des anciens soldats de la Wehrmacht. Elle y voit une stratégie discursive qui permet aux individus d’opérer une « normalisation de leur passé nazi », même si, ce faisant, certains aspects des expériences de guerre n’ont pu être analysées par les individus20.
8La militarisation des hommes à partir du XIXe siècle a connu dans le contexte du national-socialisme une radicalisation qui n’a pas touché avec une intensité comparable les masculinités des pays non fascistes21. Le fanatisme viril de l’idéologie nazie figeait « l’homme allemand » dans son rôle de soldat et élevait la masculinité militaire au rang de principe vital universel de la « Volksgemeinschaft » national-socialiste. Avec la défaite totale signant la fin de la Seconde Guerre mondiale et le début de leur captivité, les soldats de la Wehrmacht prisonniers de guerre furent confrontés à la ruine de la représentation qu’ils se faisaient d’eux-mêmes en tant que soldats, soldats présentés comme des héros de guerre et portés aux nues par la propagande nazie :
Les Russes nous ont toujours répété que nous passerions les vingt prochaines années à payer des réparations. C’était horrible... Moi, je n’y ai jamais cru. Vu l’humeur romantique dans laquelle j’étais à l’époque... Humeur romantique, pourquoi ? en 1944, j’ai déjà raconté ça, avant d’être fait prisonnier, je me suis marié. J’étais si amoureux et j’étais si heureux d’avoir trouvé quelqu’un, que je ne pensais à rien d’autre. Je ne pensais qu’à elle. Et je pensais tout le temps à notre maison. Et je me demandais ce qu’il en était de notre enfant ? L’enfant viendra-t-il ? Est-ce que... Comment est l’enfant ? Et comment est-ce que ça se passe à la maison ? Nous ne le savions pas. Les Russes sont venus et ont dit (et euh dans nos) baraques et ils ont dit : (il crie) Vienna kaputt ! Vienna kaputt ! ! Ça voulait dire qu’ils avaient pris Vienne. Mon Dieu non ! Et maintenant que va devenir ma fille ? Que va-t-il se passer là bas ? Ce sont ces pensées que je ruminais, vous voyez ? (il inspire profondément)22
9Ici, Albert B., qui s’est marié à Vienne à la fin de la guerre et qui se trouvait en captivité dans un camp russe jusqu’en septembre 1947 après avoir été arrêté sur le front de l’Est, se met en scène comme jeune marié-père de famille et offre une description très personnelle de son humeur d’alors, oscillant entre état amoureux et inquiétude pour sa jeune famille restée à Vienne. D’une façon globale, dans l’entretien analysé, Albert B. Incarne une masculinité divergeant fortement de l’idéal nazi qui prônait une masculinité héroïque et martiale : d’un côté, sa carrière militaire dans la Wehrmacht a été marquée par des conflits avec ses supérieurs et par un rejet de principe du métier de soldat ; d’un autre côté, pendant la guerre, il a tenté, sans succès, de devenir membre de la troupe d’élite des parachutistes, et après la guerre, il a continué à trouver des points positifs à la vie de soldat. Les entretiens biographiques, à l’instar de ce récit d’Albert B., montrent à quel point le modèle dominant de masculinité marqué par les standards militaires a construit le genre par des biais répressifs pendant le national-socialisme, même si en réalité peu d’hommes se conformaient entièrement à l’idéal martial nazi23.
10La séquence précédente met en scène un épisode que la représentation du discours des geôliers russes sur la prise de Vienne rend hautement dramatique : l’inquiétude torturant le narrateur pour son épouse et son enfant nouveau-né, qui se trouvent à présent aux mains de l’ennemi, ébranle la représentation de soi qu’avaient les soldats en mettant à mal une dimension centrale de leur masculinité, la construction sociale de l’homme guerrier et protecteur. Cette représentation a conduit depuis l’introduction du service militaire obligatoire au XIXe siècle à la consolidation de la dichotomie entre l’homme-soldat et la femme pacifique qu’il convient de protéger. Dans ce contexte, la période où Albert B. Est prisonnier de guerre peut être envisagée comme une dévalorisation de sa masculinité (militaire) : Albert B. a échoué, comme tous les hommes autrichiens et allemands, dans sa mission de protection de sa famille et de sa patrie, et ne pouvait plus, étant livré à l’ennemi en tant que prisonnier, assumer son « devoir de protection » masculin.
11J’ai demandé à Albert B. Si la longue séparation avec sa femme l’avait amené à douter. C’est alors qu’il me raconta l’épisode suivant, qui s’était déroulé dans le camp de prisonniers. Ce récit montre l’insécurité sexuelle profonde qui s’est emparé des hommes vaincus :
J’étais dans la cordonnerie, nous étions quelques-uns assis, à coudre. Derrière, il y avait le tailleur et Hermann, il cousait aussi, vous voyez ? Et alors la discussion a commencé. Ils ont dit : mais enfin, qu’est-ce que tu crois ? Parce qu’en Autriche en ce moment il y a des occupants qui viennent de quatre pays différents (très agité). Qu’est-ce que tu crois ? Tu crois que ta femme, quand tu es absent ? Quand ça, ça, tu crois ça ? (hésitant) Qu’elle ne va pas s’en aller avec un soldat de l’Occupation ? Pourtant elle est très jeune, dix-neuf ans, c’est ça ? (plus calme) J’ai dit qu’elle ne ferait pas ça. J’ai dit, ça ne se passera pas comme ça, j’ai dit : j’ai confiance en elle ! J’ai dit, je ne crois pas que ça arrive. Et au même moment, Hermann, qui était assis derrière, a reçu une lettre qui disait (il imite une autre voix) : cher Hermann, je t’informe, que celle qui, celle que tu, celle qui était ta femme, est à présent ma femme. À ce moment, il a dû aussi, il a dû aussi penser à chez lui, non ? Et ensuite il reçoit une lettre d’une espèce de primitif qui lui écrit simplement : j’ai, j’ai, c’est ma femme maintenant, point.
12Dans cette mise en scène d’un dialogue ayant eu lieu dans le camp de prisonniers, les compagnons de captivité d’Albert B. mettent en question la fidélité de sa femme et suggèrent que cette dernière a une liaison avec un soldat d’Occupation. Les soldats alliés, vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, apparaissent ici comme des rivaux potentiels, incarnant une menace sexuelle pour les soldats de la Wehrmacht en captivité. Ingrid Bauer et Renate Huber expliquent que de nombreux Autrichiens, après la défaite militaire, ont perçu les relations sexuelles entre les Autrichiennes et les anciens ennemis comme une remise en cause du dernier symbole de leur puissance – le droit national et patriarcal de posséder « leurs » femmes. Les chercheuses parlent donc d’une « double défaite » de la masculinité autrichienne24. Dans l’extrait cité, la masculinité d’Albert B., circonscrite à une identité de genre d’époux et de père de famille, est manifestement mise en danger : bien que le narrateur assure à plusieurs reprises être convaincu de la fidélité de sa femme, le « discours défensif » qu’il tient à ses camarades, empreint de vives émotions, témoigne de la vulnérabilité de sa masculinité en situation de captivité. La dernière séquence du récit, relatant l’histoire d’Hermann qui apprend par la plume de son rival que sa femme l’a quitté, souligne la réalité de la menace sexuelle pour les soldats prisonniers et crée chez Albert B. Un effet de solidarité avec le camarade trompé, alors que dans le même temps, il condamne radicalement le comportement du rival. L’essentiel est ici que la masculinité est construite dans un rapport de dépendance avec la figure de la femme idèle attendant le retour de son mari au sein du foyer, et qu’elle est mise en danger par les soldats occupants victorieux25.
13En résumé, on retiendra que la masculinité national-socialiste a perdu son statut dominant avec la chute de la dictature nazie et qu’elle a été confrontée aux nouveaux arrivants, les soldats des armées d’Occupation, dont la masculinité dominatrice faisait concurrence, après la guerre, à la masculinité affaiblie des Autrichiens et des Allemands26. De là naquit, au point de transition entre guerre/front/captivité et après-guerre/foyer/famille, une rupture de l’identité collective masculine, qui obligea les anciens combattants de la Wehrmacht à opérer une réorientation biographique entraînant l’adoption d’un nouveau modèle de masculinité.
Reconstructions des identités masculines dans l’après-guerre
14Pour des centaines de milliers de soldats autrichiens rentrant chez eux au début de la Seconde République, l’enjeu fut de retrouver une vie « normale » après les expériences bouleversantes vécues au front et en captivité, et de s’assurer une place dans cette société d’après-guerre qui était en pleine mutation. Dans le cas d’Albert B., le retour au foyer prit la forme de retrouvailles familiales heureuses, qui marquèrent pour lui le début d’une nouvelle période de sa vie.
Nous étions si heureux. On ne peut même pas le décrire. Ça, ça, ça, ça a servi de base de construction pour les soixante années (il sourit) que nous avons passées ensemble. En tout cas c’était absolument merveilleux. Bien sûr il a d’abord fallu que nous fassions connaissance. Il ne faut pas l’oublier. Nous ne nous connaissions pas du tout. Nous nous sommes connus à travers les lettres, c’est en s’écrivant que nous avons fait connaissance. Nous avons écrit dans les lettres tout ce que nous aimerions être et tout ce que nous aimerions faire, vous voyez ? Mais ce que voulait l’un ou l’autre et comment il le voulait, nous ne le savions pas du tout. Nous devions d’abord nous habituer l’un à l’autre. Ma femme était très fière de sa petite maison, vous voyez ? Et elle était si occupée avec l’enfant et ensuite avec les enfants, vous voyez ? Quand le deuxième enfant est né, quand le deuxième est arrivé, nous habitions dans cette petite maison, c’est là qu’elle a accouché et j’étais là, vous voyez ? J’ai assisté à la naissance, vous voyez ? Et elle me tenait la main, et bien sûr, elle m’a mordu le bras. Oui, à cause de la douleur, vous voyez ? (plein d’émotion) et moi j’étais là, vous comprenez ? Et là j’ai vu mon enfant venir au monde. Et après ça, trois ans après, elle a dit : tu es un homme, tu dois pouvoir construire une maison. J’ai dit : je sais coudre des sacs et travailler le cuir, mais je ne peux pas... oui, tu dois pouvoir construire la maison. Tout le monde construit une maison. Bon d’accord, j’ai commencé.
15Albert B. mêle dans ce passage, qui est très dense sur le plan linguistique, des épisodes qui sont en partie très éloignés les uns des autres dans le temps. Ceux-ci nous renseignent sur la reconstruction de son identité masculine après le retour au foyer. Pour commencer, le narrateur décrit les premiers temps de sa vie de couple qui ne pouvait pas, en raison de la période de séparation, s’appuyer sur une vie commune, à l’instar de nombreux « mariages de guerre ». Cette première période est donc celle où il a fallu faire connaissance avec sa partenaire et chercher à construire les bases de la vie conjugale. Il est remarquable que, dans le récit, Albert B. lie de façon directe son rôle de mari à la paternité, ou plutôt à son récent statut de père en devenir. Après avoir vu sa fille pour la première fois lorsqu’il rentre chez lui après sa libération, il assiste, à peine un an après son retour, à la naissance de son deuxième enfant. Sa présence au moment de l’accouchement, racontée sous la forme d’une anecdote pleine d’émotions, semble revêtir pour lui une importance toute particulière. Dans la suite du récit, un dialogue entre le narrateur et sa femme est mis en scène : c’est un des rares passages de l’entretien où il est explicitement question de masculinité. Au cours de cet échange, Albert B. est confronté au désir de sa femme, Trude, d’avoir une nouvelle maison : elle l’exprime en faisant appel à ses compétences « masculines » qui lui permettent la mise en œuvre d’une telle construction. La construction de la « maisonnette » au prix d’un travail personnel de longue haleine occupe une place importante dans les récits que le couple fait sur l’après-guerre et représente dans leur histoire familiale, mais aussi, en général, dans l’histoire de la Seconde République, le symbole de la consolidation économique et sociale et de la reconstruction de l’ordre des sexes après la Seconde Guerre mondiale : l’homme construit la maison et la femme-épouse effectue les tâches de reproduction27.
16Sans entrer dans les détails, soulignons que dans l’ensemble, la première période suivant les retrouvailles est marquée pour Albert et Trude B. par une négociation sur la répartition des rôles à l’intérieur de la famille. À son retour en 1947, Albert B. se retrouve face à une femme que la guerre et la pénurie d’après-guerre ont rendue plus forte et plus indépendante. À ce moment là, Trude B. ne se sent plus exclusivement chargée de « la cuisine et des enfants », comme elle le dit elle-même au cours de l’entretien. En opérant une coupe longitudinale dans le récit de leur vie commune, on constate que se produit par la suite un ajustement des rapports de force conjugaux, qui, « après quelques discussions sérieuses », a mené finalement au rétablissement d’Albert B. Comme chef de famille et au repli de sa femme dans la sphère « féminine » du ménage et de l’éducation des enfants.
17Les parcours de vie des soldats de retour du front composant mon corpus montrent avec une clarté étonnante que le modèle de masculinité re-familialisé, lié au conjugal et au paternel, a joué un rôle prépondérant dans la remasculinisation des anciens soldats de la Wehrmacht, même si, bien entendu, tous les hommes ne purent pas (ré-)endosser un rôle de père et de mari après la guerre. Contrairement aux hommes qui s’étaient mariés avant ou pendant la guerre, les célibataires qui rentraient du front, souvent plus jeunes que les premiers, avaient comme priorité, après ces « années perdues », de fonder une famille. Néanmoins, l’« âge d’or de la famille », des années 1955 aux années 1965, ne doit pas faire croire que la cellule familiale a entièrement amorti le choc des conséquences de la guerre : d’une part, dans de nombreux foyers, les expériences vécues pendant la guerre devinrent tabous et restèrent dans l’ombre sans être intégrées ni traitées ; d’autre part, la domination des hommes sur les femmes et les enfants ne put plus s’imposer de la même façon qu’avant la guerre. La littérature scientifique parle donc de « familles de façade » pour les années 1950-1960 : des tensions internes, liées aux questions du genre, travaillaient les structures familiales et entraient en contradiction avec l’image idéale de la famille « indemne » alors dominante28.
18Alors que la guerre et la captivité subies par toute une génération, mais aussi l’événement biographique central qu’est le retour du front constituent des cadres narratifs largement exploités dans les récits des vétérans, le processus de réintégration sociale et ce que Vera Naumann a appelé la « privatisation des conséquences de la guerre »29 sont rarement évoqués30. En revanche, une des caractéristiques principales des récits biographiques relatant l’immédiat après-guerre est la polarisation sur les parcours professionnels, marquée, comme le souligne Siegfried Mattl à propos de la fin des années 1940 et surtout des années 1950, par une « héroïsation du quotidien » et une « fétichisation » du travail et de la production. Selon les observations des psychiatres cliniciens de l’époque, ce sont précisément les anciens combattants les plus ébranlés dans leur identité masculine qui ont cherché à se réaliser en participant activement au « miracle économique » naissant, afin de compenser par la réussite économique leurs expériences de déclassement causées par la guerre perdue31.
19Il est remarquable que dans presque tous les entretiens que j’ai menés, l’épisode du « retour à la vie professionnelle » suit immédiatement le récit du retour au foyer. C’est aussi le cas dans le récit d’Albert B., qui, quelques jours seulement après être revenu chez lui, retrouve un travail régulier :
Bien sûr, j’étais très très heureux, mais aussi très faible. J’étais encore très faible. Mais je devais quand même me rendre dans les différentes administrations. J’étais pas beau à voir. Mon visage était couvert d’abcès. J’étais atteint de sycosis, surtout au niveau de la barbe, elle était même humide. C’était effroyable. Et ça ne dérangeait pas ma femme, elle était quand même absolument... Oui, elle était contente que je sois là. Les premiers jours étaient merveilleux, jusqu’à ce que nous nous soyons retrouvés. Jusqu’à ce que nous soyons totalement heureux. Jusqu’à ce que la peur, la grande peur qu’il y avait encore en moi, soit partie, vous voyez ? Jusqu’à ce que, en partie, elle se soit volatilisée. Mais j’ai compris que je devais faire quelque chose ! Nous n’avions rien, vous voyez ? Jusque là, ma femme avait une rente de veuvage parce que j’avais été déclaré mort. Et là, bien sûr, la rente devait être versée encore une dernière fois et puis plus rien. Oui, il fallait que j’aille travailler. Pour moi c’était clair. J’avais droit à un congé de quatre semaines pour me remettre, mais je l’ai refusé. Après deux semaines, j’avais une liste de dix postes, j’ai décroché le poste le plus proche, c’était dans le 10e arrondissement. Une usine. Ils cherchaient quelqu’un. J’y suis allé. C’était l’endroit le plus proche. Et j’ai commencé à y travailler. Le 26 septembre, je suis rentré à la maison et le 4 ou le 5 mars, par là, j’ai commencé à travailler comme compagnon, parce qu’avant je n’étais qu’un apprenti qui avait eu son examen, c’est tout.
20Dans la première partie de cet extrait, Albert B. décrit sa piètre constitution physique et psychique au moment où il rentre chez lui et parle de la « grande peur » qui a assombri ses premiers jours passés en famille. Il explique qu’il ne pouvait pas se permettre cet état de faiblesse étant donnée la in prochaine du seul revenu de la famille : la pension de veuvage de sa femme. Cette situation financière précaire le pousse donc à prendre des initiatives et à agir (« Mais j’ai compris que je devais faire quelque chose ! ») et à s’engager pour sa toute jeune famille. Sans profiter du congé de quatre semaines auquel il avait droit en tant que soldat rentrant du front, Albert B. se met immédiatement à chercher du travail et parvient de fait à trouver rapidement un emploi de compagnon, qu’il n’obtient, il l’apprendra plus tard, que grâce à son statut d’ancien prisonnier de guerre. Il reste employé onze ans dans cette entreprise spécialisée dans la fabrication de sacs, jusqu’au jour où il devient le gérant d’une autre entreprise où on travaillait le cuir. Il participe également, grâce à ses innovations dans la fabrication des produits, au succès et au développement de l’entreprise. Ce qui caractérise les biographies d’Albert B. et d’autres hommes interrogés à propos de l’après-guerre, ce sont les expériences d’évolution professionnelle qui marquent une transition entre la fameuse « année zéro » et une carrière réussie, et qui rendent ainsi visibles à travers des parcours individuels l’essor économique autrichien après la Seconde Guerre mondiale.
21La perception du travail comme élément participant à la construction de l’identité masculine est encore plus visible dans le récit d’Erwin H., qui avait été si déçu par son retour en Autriche. Après avoir décrit brièvement la rencontre avec sa future femme, il résume ainsi son parcours professionnel :
J’ai épousé ma femme en 1946, aujourd’hui, ça fait donc 57 ans que nous sommes mariés. Nous avons cinq enfants, cinq filles, neuf petits-enfants et deux arrière-petits-enfants. Une famille respectable donc. Ma femme m’a beaucoup soutenu à ce moment là, elle m’a, nous avions une machine à écrire [...] et mes notes elle les a donc... Durant cette période, j’étais entré à l’école des arts et métiers et continuais les études que j’avais commencées. [...] Donc j’ai passé mon baccalauréat en 1947, je l’ai obtenu avec mention. Mes études ont été largement entravées par mon mariage et ensuite par la naissance de notre deuxième enfant, en 1950. Mais mon chef, l’architecte (anonymisé), avec qui je travaillais depuis 1946, m’a assuré que je pouvais suivre des études à côté de mon emploi salarié (... Erwin H. décrit l’entrevue désagréable qu’il a eue avec un professeur de l’université...). À cette époque j’avais déjà un bon salaire. Je viens de vérifier, je gagnais 1,90 schillings l’heure. J’avais donc le salaire d’un fonctionnaire moyen et donc je ne voyais pas pourquoi j’aurais dû apprendre davantage, parce que je n’avais pas l’impression que j’arriverais à beaucoup plus, avec ou sans diplôme d’architecte [...]. J’ai donc travaillé comme une bête de somme. Donc à côté des études, j’ai travaillé le samedi, où il n’y avait que quatre heures. J’allais au bureau très tôt. Et pour le reste, je faisais toutes les tâches du bureau après l’école [...]. J’y restais, assis à mon bureau, pour dessiner jusque tard dans la nuit.
22Dès le début de l’extrait, Erwin H. établit un lien entre son mariage en 1946 et le présent : il se présente en père de famille respectable, qui peut se prévaloir d’une descendance importance. Ici aussi, l’étroite mise en relation biographique entre la famille et la carrière professionnelle est visible : le narrateur expose, non sans fierté, la reprise de sa scolarité abandonnée à cause de la guerre et l’obtention de son diplôme en 1947, pour présenter immédiatement ensuite les raisons qui l’ont poussé à l’époque à ne pas s’engager dans des études d’architecture. Il argumente en invoquant le salaire très attractif pour l’époque qu’il percevait : il relativise ainsi le fait de ne pas avoir poursuivi d’études, ce que l’on pourrait considérer comme un « déficit ». La suite du récit d’Erwin H. est marqué par une « fétichisation » de son travail : il se définit comme une « bête de somme » et décrit à la fin de l’extrait les horaires de travail conséquents qu’il a assumés malgré ses obligations familiales et la double contrainte que constituaient son emploi et ses études.
23Aussi divers que puissent être les parcours de vie décrits dans les entretiens, les représentations de la masculinité qui s’appuient sur des éléments structurant traditionnellement l’identité masculine comme la domination, la force, la rationalité, la capacité à s’imposer et à être productif, apparaissent très clairement dans ces récits biographiques d’après guerre. Toutefois, après 1945, le cadre au sein duquel la masculinité est construite change : d’un cadre de référence militaire, on passe à un cadre de référence civil. Ce ne sont plus les valeurs militaires qui déterminent la construction du genre : avec le retour du front, la construction biographique de la masculinité s’ancre peu à peu dans la sphère privée et se construit d’abord à travers les rôles de mari, de père et d’homme travaillant pour nourrir sa famille ou, de façon générale, par le biais de l’identité professionnelle. Si on observe ces phénomènes sur le court terme, on peut avoir l’impression que la Seconde Guerre mondiale et ses conséquences n’ont ébranlé que superficiellement les fondations de la masculinité dominante bourgeoise. Mais en réalité, après le discrédit frappant les soldats, la masculinité s’est reconstruite dans de nouveaux espaces et le modèle masculin hégémonique fut en mesure d’imposer à nouveau sa domination, même si elle n’était plus intouchable, aux femmes et surtout de contrer les masculinités juvéniles alternatives.
Conclusion
24Même si les cas étudiés ici ne peuvent refléter que partiellement l’hétérogénéité des expériences masculines à la fin de la Seconde Guerre mondiale et même si les recherches actuelles mettent de plus en plus l’accent sur les évolutions des représentations de la masculinité à plus long terme32, il n’en reste pas moins que les analyses biographiques menées montrent clairement la variabilité historique et culturelle de la masculinité, qui a permis au lendemain de la guerre, de remplacer l’idéal ultramasculin du soldat national-socialiste en « acier trempé » par une masculinité « ancrée dans la sphère civile » et débarrassée de ses aspects militaires les plus extrêmes. La transformation du soldat en homme de la société civile et époux est accompagnée à la fin des années 1940, en Autriche comme en Allemagne, par la restauration de structures conjugales et familiales suivant le modèle patriarcal33. Bourdieu parle à ce propos de la « capacité de persistance de l’habitus [de genre] », qui, durant les périodes de bouleversement social, contribue à fixer fortement les idéologies conservatrices touchant au genre et à accentuer les rapports asymétriques entre hommes et femmes34. Le Gender Backlash qui suivit la Seconde Guerre mondiale35 a reproduit les structures familiales traditionnelles et bourgeoises et a fait de la famille restreinte, hétérosexuelle, un standard normatif qui fut entériné légalement dans les années 195036. Ce modèle familial fut présenté durant l’immédiat après-guerre comme le pilier fondamental de la reconstruction du pays et le lieu de reconstruction individuel pour les vétérans abîmés par la guerre. Le déplacement des conséquences sociales de la guerre et du national-socialisme dans le cercle privé du mariage et de la famille est remarquable dans la mesure où, pour parler avec Robert G. Moeller, la cellule familiale constitue, après-guerre, « la seule communauté dont les Allemands [et les Autrichiens] pouvaient se réclamer sans avoir besoin de se justifier »37.
25De nombreux éléments incitent à penser qu’après 1945, en Autriche et en Allemagne de l’Ouest, ainsi que dans les pays marqués par le fascisme, le modèle dominant de masculinité fut débarrassé de son noyau hypermilitarisé pour être ancré dans un cadre d’après-guerre qui était de nouveau très fortement teinté de bourgeoisie et basé sur les idéaux d’une société de consommation en pleine formation à l’Ouest38. Du point de vue des biographies, la nouvelle conception de la masculinité, apolitique (ou que l’on a considérée comme telle), centrée sur la figure du père de famille et de l’homme nourricier, permettait une prise de distance des anciens soldats de la Wehrmacht avec leur passé militaire nazi et offrait, après les expériences souvent bouleversantes que les hommes avaient vécues au front et au moment de leur retour, un cadre de référence pour la reconstruction de la masculinité, au sein duquel les normes et les représentations traditionnelles de la masculinité pouvaient être établies sur la base d’une masculinité civile. Pour Wolfgang Schmale, la représentation partagée d’une masculinité dominatrice née au moment de l’essor de la société bourgeoise et de l’établissement du service militaire obligatoire à la fin du XIXe siècle ne fut ébranlée de façon définitive qu’au moment de mai 1968. C’est alors qu’elle fit place à des alternatives qui s’éloignaient de plus en plus du modèle militariste, notamment dans la culture jeune39. Cependant, pour beaucoup d’anciens soldats de la Wehrmacht qui sont toujours en vie, les expériences vécues pendant la Seconde Guerre mondiale restent des éléments importants dans la construction de leur identité masculine. C’est ce qu’ont montré par exemple les réactions véhémentes des anciens combattants autrichiens et allemands dans les années 1990 face à la « Wehrmachtaustellung »40, qui a non seulement déconstruit le mythe du « soldat hors de la politique », mais qui a aussi remis en cause de façon radicale les schémas d’interprétations biographiques des hommes de toute une génération en ce qui concerne leur passé d’hommes et de soldats.
Notes de bas de page
1 J. Gehmacher et M. Mesner, Land der Söhne. Geschlechterverhältnisse in der Zweiten Republik, Innsbruck, Vienne et Bozen, StudienVerlag, 2007, p. 37; « Introduction », M. R. Higonnet, J. Jenson, S. Michel et M. Collins Weitz dir., Behind the Lines. Gender and the Two World Wars, New Haven et Londres, Yale University Press, 1987, p. 1-17. À propos des relations entre genre et guerre, nous renvoyons à J. S. Goldstein, War and Gender. How Gender Shapes the War System and Vice Versa, Cambridge, Cambridge University Press, 2001.
2 Robert W. Connell, Der gemachte Mann. Konstruktion und Krise von Männlichkeiten, Wiesbaden, Verlag für Sozialwissenschaften, 2006, 3e édition, p. 14.
3 I. Bandhauer-Schöffmann, « Heimkehrer », Historicum. Zeitschrift für Geschichte, été 1996, p. 29.
4 Sur les effets du national-socialisme et de la Seconde Guerre mondiale sur le genre en Autriche, voir notamment : I. Bandhauer-Schöffmann et C. Duchen dir., Nach dem Krieg. Frauenleben und Geschlechterkonstruktionen in Europa nach dem Zweiten Weltkrieg, Herbolzheim, Centaurus, 2000 ; I. Bandhauer-Schöffmann et E. Hornung dir., Wiederaufbau weiblich. Dokumentation der Tagung « Frauen in der österreichischen und deutschen Nachkriegszeit », Vienne/Salzbourg, Geyer edition, 1992; E. Hornung, Warten und Heimkehren. Eine Ehe während und nach dem Zweiten Weltkrieg, Vienne, Turia + Kant, 2005; I. Bauer, Welcome Ami Go Home. Die amerikanische Besatzung in Salzburg 1945-1955. Erinnerungslandschaften aus einem Oral-History-Projekt, Salzbourg/Munich, Verlag Anton Pustet, 1998; E. Thurner, Nationale Identität und Geschlecht in Österreich nach 1945, Innsbruck, Vienne/Munich, StudienVerlag, 2000. On trouvera une analyse de l’immédiat après-guerre en Allemagne dans H. Schissler dir., The Miracle Years. A Cultural History of West Germany, 1949-1968, Princeton, Princeton University Press, 2001 ainsi que K. Naumann dir., Nachkrieg in Deutschland, Hambourg, Hamburger Edition, 2001.
5 Sur ces sujets, des monographies remarquables viennent d’être publiées aux États-Unis : R. G. Moeller, Protecting Motherhood. Women and the Family in the Politics of Postwar West Germany, Berkeley, University of California Press, 1993; R. G. Moeller, War Stories. The Search for a Usable Past in the Federal Republic of Germany, Berkeley, University of California Press, 2001; F. Biess, Homecomings. Returning POWs and the Legacies of Defeat in Postwar Germany, Princeton, Princeton University Press, 2006.
6 Voir C. Winkler, « Männlichkeit und Gesundheit der deutschen Kriegsheimkehrer im Spiegel der Ärztekongresse des “Verbands der Heimkehrer” », M. Dinges dir., Männlichkeit und Gesundheit im historischen Wandel ca. 1800 – ca. 2000, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 2007, p. 157-173; S. Goltermann, Die Gesellschaft der Überlebenden. Deutsche Kriegsheimkehrer und ihre Gewalterfahrungen im Zweiten Weltkrieg, Munich, Deutsche Verlags-Anstalt, 2009, 2e édition.
7 Voir T. Kühne, Kameradschaft. Die Soldaten des nationalsozialistischen Krieges und das 20. Jahrhundert, Göttingen, Vandenhoeck und Ruprecht, 2006.
8 K. Naumann, « Introduction », Nachkrieg, ouvr. cité, p. 9.
9 Les réflexions proposées ici s’appuient sur les premiers résultats de la recherche que j’effectue pour ma thèse de doctorat dans laquelle j’examine, dans le cadre théorique de l’histoire orale, les transformations de la masculinité dans les récits biographiques d’anciens soldats autrichiens de la Wehrmacht. Pour ce faire, j’ai mené jusqu’à aujourd’hui 25 entretiens narratifs biographiques avec des personnes ayant participé à la Seconde Guerre mondiale (qui sont pour la plupart nées dans les années 1920), mais aussi avec des femmes rentrées au foyer après la guerre, des femmes dont les maris sont rentrés chez eux après la guerre, et des personnes qui étaient enfants lorsque leur père est rentré du front.
10 De l’« Anschluss » en mars 1938 à la fin de la Seconde Guerre mondiale, plus de 1,3 million d’Autrichiens, c’est-à-dire près de 41 % de l’ensemble de la population masculine, ont servi comme soldats dans la Wehrmacht. Parmi eux, environs 242 000 sont morts au front et 600 000 ont été faits prisonniers dans des camps alliés. Voir R. Overmans, Deutsche militärische Verluste im Zweiten Weltkrieg, 2e éd., Munich, Oldenbourg, 2000, p. 219, tableau 26, p. 263 et tableau 51 ; H. Knoll, « Kriegsgefangenschaft und Heimkehr », S. Karner et G. Stangler dir., « Österreich ist frei ! » Der Österreichische Staatsvertrag 1955. Beitragsband zur Ausstellung auf Schloss Schallaburg 2005, Horn/Vienne, Verlag Berger, 2005, p. 133.
11 Le concept de « remasculinisation » (remasculinization) est issu d’une étude menée par Susan Jeffords sur la réhabilitation de la masculinité après la défaite américaine du Vietnam et renvoie à la définition qu’elle en donne : « a regeneration of the concepts, constructions, and definitions of masculinity […] and a stabilization of the gender system within and for which it is formulated », S. Jeffords, The Remasculinization of America. Gender and the Vietnam War, Bloomington, Indiana University press, 1989, p. 51.
12 Ces derniers temps, le concept de « crise » utilisé en histoire des masculinités a été largement critiqué parce qu’il semble renvoyer à un état « normal » de la masculinité qui serait transhistorique, ce qui constituerait une contradiction manifeste avec le postulat d’une négociation permanente du genre. Jürgen Martschukat et Olaf Stieglitz ont souligné que les discours contemporains évoquant de telles « crises » peuvent relever de « stratégies masculines d’auto-victimisation » ayant pour but de « réinstaurer une domination menacée ». Voir J. Martschukat et O. Stieglitz, « Männer und Männlichkeiten in der Geschichte Nordamerikas : Eine Einleitung », Väter, Soldaten, Liebhaber. Männer und Männlichkeiten in der Geschichte Nordamerikas. Ein Reader, J. Martschukat et O. Stieglitz dir., Bielefeld, Transcript-Verlag, 2007, p. 19. Voir aussi le numéro de L’Homme à propos de la/des « crise(s) de la masculinité » en tant que concept de l’histoire du genre : L’Homme. Zeitschrift für Feministische Geschichtswissenschaft, no 2, 2008.
13 R. Bessel, « “Leben nach dem Tod”. Vom Zweiten Weltkrieg zur zweiten Nachkriegszeit », Wie Kriege enden. Wege zum Frieden von der Antike bis zur Gegenwart, B. Wegner dir., Paderborn, Ferdinand Schöningh, 2002, p. 245.
14 Voir G. Rosenthal, Erlebte und erzählte Lebensgeschichte. Gestalt und Struktur biografischer Selbstbeschreibungen, Francfort-sur-le-Main/New York, Campus Verlag, 1995; R. Sieder, « Erzählungen analysieren. Analysen erzählen. Narrativ-biografisches Interview, Textanalyse und Falldarstellung », Ethnohistorie. Rekonstruktion und Kulturkritik. Eine Einführung, K. R. Wernhart et W. Zips dir., Vienne, Promedia, 2001, 2e édition, p. 145-172.
15 Concernant les apports de l’histoire orale pour l’histoire du genre, voir M. B. Broda, « Erfahrung, Erinnerungsinterview und Gender. Zur Methode Oral History », Erfahrung: Alles nur Diskurs? Zur Verwendung des Erfahrungsbegriffs in der Geschlechtergeschichte. Beiträge der 11. Schweizerischen HistorikerInnentagung 2002, M. Bos, B. Vincenz et T. Wirz dir., Zurich, Chronos, 2004, p. 159-171.
16 B. Dausien, Biografie und Geschlecht. Zur biografischen Konstruktion sozialer Wirklichkeit in Frauenlebensgeschichten, Brême, Donat, 1996, p. 5; voir aussi S. Scholz, « Männlichkeit erzählen », Geschlechter-Inszenierungen. Erzählen – Vorführen – Ausstellen, C. Burckhardt-Seebass et S. Allweier dir., Münster, Waxmann, 2003, p. 75-89.
17 À propos des différences de parcours de vie selon le genre en temps de guerre, nous renvoyons à I. Bandhauer-Schöffmann et E. Hornung, « Von Mythen und Trümmern. Oral History-Interviews mit Frauen zum Alltag im Nachkriegs-Wien », Wiederaufbau, I. Bandhauer-Schöffmann et E. Hornung, ouvr. cité, p. 24-54 ; K. m. Schmidlechner, « Geschlechtsspezifische Erinnerungen an den Zweiten Weltkrieg », Krieg : Geschlecht und Gewalt, B. Hey, C. Huber et K. M. Schmidlechner dir., Graz, Leykam, 1999, p. 149-159.
18 Voir J. Echternkamp, « “Kameradenpost bricht auch nie ab…”. Ein Kriegsende auf Raten im Spiegel der Briefe deutscher Ostheimkehrer 1946-1951 », Militärgeschichtliche Zeitschrift, no 2, 2001, p. 438.
19 Pour faciliter la traduction et la lecture, j’ai transcrit tous les entretiens, autant que possible, en allemand standard et ai effacé les traces dialectales. Toutes les interviews et leurs transcriptions sont en ma possession.
20 G. Rosenthal, « Erzählbarkeit, biografische Notwendigkeit und soziale Funktion von Kriegserzählungen. Zur Frage: Was wird gerne und leicht erzählt », Der lange Schatten. Widerspruchsvolle Erinnerungen an den Zweiten Weltkrieg und die Nachkriegszeit aus der Mitte Europas. 1939-1989. BIOS Sonderheft (1993), K. Hartewig dir., p. 18 ; voir aussi E. Hornung, « Trümmermänner. Zum Schweigen österreichischer Soldaten der Deutschen Wehrmacht », Inventur 45/55. Österreich im ersten Jahrzehnt der Zweiten Republik, W. Kos et G. Rigele dir., Vienne, Sonderzahl, 1996, p. 232-250 ; G. Kerschbaumer, « Täteranteile und Opfermythen in den Lebensgeschichten ehemaliger Kriegsgefangener der GUPVI », Zeitgeschichte im Wandel. 3. Österreichische Zeitgeschichtetage 1997, G. Diendorfer, G. Jagschitz et O. Rathkolb dir., Innsbruck/Vienne, StudienVerlag, 1998, p. 369-375.
21 À propos de la construction de l’homme fasciste, voir G. L. Mosse, Das Bild des Mannes. Zur Konstruktion der modernen Männlichkeit, Francfort-sur-le-Main, S. Fischer, 1997, p. 203-233.
22 Cet entretien d’Albert B. est un entretien de couple, mené avec sa femme Trude.
23 Concernant la non-homogénéité et l’étendue des concepts de masculinités martiales durant la période nazie, nous renvoyons à M. Fritsche, « Feige Männer ? Fremd-und Selbstbilder von Wehrmachtsdeserteuren », Ariadne. Forum für Frauen und Geschlechtergeschichte, no 47, 2005, p. 54-61.
24 I Bauer et R. Huber, « Sexual Encounters across (Former) Enemy Borderlines », Sexuality in Austria. Contemporary Austrian Studies, Volume 15, G. Bischof, A. Pelinka et D. Herzog dir., New Brunswick, Transaction Publishers, 2007, p. 66, 85.
25 Ela Hornung a consacré ses recherches à l’arrangement (omniprésent dans l’immédiat après-guerre) négocié entre l’homme rentrant au foyer et la femme se trouvant en position d’attente. Elle souligne la pertinence de ce modèle dichotomique pour la reconstruction des relations de genre après la Seconde Guerre mondiale : voir E. Hornung, « Heimkehrer und wartende Frau. Zur Symptomatik eines Geschlechterverhältnisses nach dem Zweiten Weltkrieg in Österreich », I. Bandhauer-Schöffmann et C. Duchen, Nach dem Krieg, ouvr. cité, p. 67-84.
26 Voir C. Kühberger, « Gescheiterte Männer? Über den Bruch der idealtypischen nationalsozialistischen Männlichkeit unter der amerikanischen Besatzung », Scheitern und Biografie. Die andere Seite moderner Lebensgeschichten, S. Zahlmann et S. Scholz dir., Gießen, Psychosozial-Verlag, 2005, p. 191-206.
27 Ainsi, en 1955, lors d’une cérémonie officielle commémorant le dixième anniversaire de la Deuxième République, l’image de la construction de la maison fut utilisée par Körner, le Président de la République, comme symbole du consensus autour de la reconstruction nationale post-fasciste : « En dix ans, au prix d’un dur labeur, pour lequel beaucoup de sacrifices ont été faits et auquel tous ont participé, la maison de la nouvelle Autriche a été construite […]. En dépit de certaines divergences d’opinion, nous avons toujours réussi à trouver un accord sur le plan de construction, parce que construire était plus important que se disputer », cité par W. Kos, Eigenheim Österreich. Zu Politik, Kultur und Alltag nach 1945, Vienne, Sonderzahl, 1995, 2e édition, p. 152. Aujourd’hui encore, la maison individuelle représente dans la société autrichienne d’après-guerre, comme le rappelle Ernst Hanisch, « à la fois une des plus grandes réussites de la République en termes de direction de travaux civils et les valeurs de la famille parents-enfants » : voir E. Hanisch, Männlichkeiten. Eine andere Geschichte des 20. Jahrhunderts, Vienne/Cologne/Weimar, Böhlau, 2005, p. 104.
28 I. Bauer, « Frauen, Männer, Beziehungen… Sozialgeschichte der Geschlechterverhältnisse in der Zweiten Republik », 1945-1955. Entwicklungslinien der Zweiten Republik (Sonderheft der Materialien zur Politischen Bildung), J. Burger et E. Morawek dir., Vienne, Dachs-Verlag, 1995, p. 107.
29 V. Neumann, Nicht der Rede wert. Die Privatisierung der Kriegsfolgen in der frühen Bundesrepublik. Lebensgeschichtliche Erinnerungen, Münster, Westfälisches Dampfboot, 1999.
30 On trouve des conclusions similaires chez G. Kerschbaumer, Täteranteile, ouvr. cité, p. 372 et suivantes.
31 S. Mattl, « “Aufbau”. Eine männliche Chiffre der Nachkriegszeit », I. Bandhauer-Schöffmann et E. Hornung dir., Wiederaufbau, ouvr. cité, p. 16 et 19.
32 Pour une approche du siècle dernier, voir M. Lengwiler, « In kleinen Schritten : Der Wandel von Männlichkeiten im 20. Jahrhundert », L’Homme. Zeitschrift für Feministische Geschichtswissenschaft, no 2, 2008, p. 75-94.
33 R. Sieder, Sozialgeschichte der Familie, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 1987, p. 241.
34 Pierre Bourdieu, « Die männliche Herrschaft », Ein alltägliches Spiel. Geschlechterkonstruktionen in der sozialen Praxis, I. Dölling et B. Krais dir., Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 1997, p. 171 ; voir aussi les interprétations des thèses de Bourdieu dans I. Stephan, « Im toten Winkel. Die Neuentdeckung des “ersten Geschlechts” durch men’s studies und Männlichkeitsforschung », Männlichkeit als Maskerade. Kulturelle Inszenierungen vom Mittelalter bis zur Gegenwart, C. Benthien et I. Stephan dir., Cologne/Weimar/Vienne, Böhlau, 2003, p. 20 et suivantes.
35 Aujourd’hui, les représentant-e-s de l’histoire du genre affirment clairement que les transformations des relations de genre engendrées par la Seconde Guerre mondiale et ses conséquences ne peuvent être constatées et analysées que si on effectue une étude sur le long terme, notamment en prenant en compte la génération des « enfants de la guerre ». Voir I. Bandhauer-Schöffmann, « Hat der Zweite Weltkrieg die Geschlechterverhältnisse verändert? Ein Vergleich zwischen Österreich und Slowenien », Frauen.männer, T. Bahovec dir., Klagenfurt, Drava Verlag, 2007, p. 396 et suivantes.
36 Voir M. Mesner, « Die Neugestaltung des Ehe- und Familienrechts. Re-Definitionspotentiale im Geschlechterverhältnis der Aufbau-Zeit », Zeitgeschichte, no 5-6, 1997, p. 186-210 ; S. Rosenberger, « Frauenpolitik : Moderne zwischen Megatrends und Backlashes », Österreichische Zeitschrift für Politikwissenschaften, no 1, 1995, p. 39 et suivantes.
37 R. G. Moeller, « Heimkehr ins Vaterland: Die Remaskulinisierung Westdeutschlands in den fünfziger Jahren », Militärgeschichtliche Zeitschrift, no 2, 2001, p. 415.
38 Voir W. Schmale, Geschichte der Männlichkeit in Europa (1450-2000), Vienne/Cologne/Weimar, Böhlau, 2003, p. 236 et suivantes. Concernant l’Allemagne en particulier, nous renvoyons à F. Biess, « Männer des Wiederaufbaus. Wiederaufbau der Männer. Kriegsheimkehrer in Ostund Westdeutschland, 1945-1955 », Heimat-Front. Militär und Geschlechterverhältnisse im Zeitalter der Weltkriege, K. Hagemann et S. Schüler-Springorum dir., Francfort-sur-le-Main, Campus, 2002, p. 356-361.
39 W. Schmale, Geschichte, ouvr. cité, p. 242 et suivantes.
40 Il s’agit d’une exposition qui fut l’objet de nombreux débats et controverses : elle montrait, en effet, que la Wehrmacht avait participé activement, en tant qu’organisation militaire, aux crimes nazis. Voir Hamburger Institut für Sozialforschung dir., Vernichtungskrieg. Verbrechen der Wehrmacht 1941 bis 1944. Ausstellungskatalog, Hambourg, Hamburger Edition, 1996.
Auteur
Doctorant à l’université de Tübingen, prépare sous la direction de Franz Eder, une thèse sur Masculinité et retour des soldats autrichiens après la Seconde Guerre mondiale.
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