Chapitre 7
Vivre et dire la contrainte : deux exemples de choix sous contraintes dans les récits personnels d’Erling Hansen
p. 169-184
Texte intégral
1Erling Hansen est un médecin français résistant qui a été déporté à Buchenwald et à Mühlhausen (Martha I et II). Le camp de Buchenwald comprend en effet de nombreux Kommandos extérieurs (Aussenlagers ou Aussenkommandos), créés pour la plupart entre 1940 et 1945. Tous dépendent administrativement du camp principal, même s’ils peuvent en être très éloignés géographiquement. La même organisation et la même structure de pouvoir s’y retrouvent, et les conditions de vie y sont également très difficiles. Les deux Kommandos extérieurs de Buchenwald nommés « Martha » sont situés à Mühlhausen (Thuringe), à environ 80 km de Weimar : Mühlhausen Mühlenwerke AG Junkers (« Julius M » / Mühlhausen I ou Martha I), un Kommando composé d’hommes, et Mühlhausen Gerätebau GMBH (Mühlhausen II ou Martha II), un Kommando composé de femmes. Erling Hansen a réuni, pendant et après sa déportation, un riche fonds d’archives consacré à la Seconde Guerre mondiale et témoignant de son parcours. Occupant la fonction de Häftlingarzt (« médecin détenu »), il a soigné les prisonniers des Kommandos Martha I et II et a donc été amené au quotidien à faire des choix décisifs pour la vie des détenus. Il s’agira ici d’explorer la notion de choix sous contraintes au prisme du parcours d’Erling Hansen. Deux exemples précis seront ainsi évoqués, tant concernant la manière dont la contrainte est éludée que celle dont elle est exprimée dans ses récits personnels.
La notion de « choix sous contraintes »
2La notion de « choix sous contraintes » est utilisée de différentes manières en psychologie, en littérature (OuLiPo notamment1), mais aussi dans les domaines du commerce et du marketing. Dans les études historiques, cette notion est particulièrement pertinente dans le contexte concentrationnaire. Pour rappel2, la notion de déportation (ici dans le cas des déportés français) réunit trois critères : l’arrestation en France occupée, l’entrée dans le système concentrationnaire et carcéral du Reich, le déplacement forcé hors de France. Ces trois critères – le fait même d’être détenu et « déplacé » – instaurent une situation de contrainte.
3Dans la littérature des camps (au sens large, c’est-à-dire tant des témoignages que des ouvrages scientifiques), sont souvent évoquées des données telles que l’idée d’une hiérarchie à respecter (Kapos et autres responsables), le rapport à la « communauté » des déportés (hiérarchie sociale, enjeux nationaux), le manque de moyens permanent ou l’impératif de survie auxquels les détenus sont confrontés. Elles sont constitutives de la contrainte qui pèse sur les prisonniers : c’est tout un « climat » de contrainte qui les entoure. Notons de plus qu’au sein de groupes particuliers de détenus peuvent s’imposer des règles supplémentaires, liées à des valeurs ou des opinions personnelles comme le refus du vol, de l’anthropophagie ou de la prostitution. Le refus de céder au vol, par souci de dignité, est ainsi régulièrement présent dans les écrits de déportés politiques, tout comme les punitions infligées aux voleurs par leurs camarades déportés eux-mêmes. Dans Trois bagnes, Charles Richet, médecin français déporté à Buchenwald, se confie :
Le vol était monnaie courante. C’était une chose grave. Ce qu’on volait surtout c’était le pain. Il y avait là un crime absolument impardonnable. Quand on prenait le voleur, parfois on le tuait. Plus souvent on le rouait de coups. La brutalité était nécessaire, sinon ces vols se seraient multipliés et les « terreurs » du bagne eussent été les maîtres du camp. Ou bien, après une solide raclée, on promenait le délinquant quelques heures ; sur son épaule une grosse pierre était posée et il portait, sur la poitrine, une pancarte, sur laquelle le mot « voleur » était écrit en plusieurs langues. J’eus moi-même, ayant à juger de tels cas dans le block 57 (car nous faisions justice nous-mêmes) et je donnai le signal de passage à tabac du voleur en lui appliquant, en qualité de juge et d’exécuteur, le premier coup de poing sur la face. Ceci sans remords, j’ose le dire !3
4C’est aussi bien sûr le cas à l’échelle du détenu lui-même qui, en situation de contrainte, agit selon ses propres principes et en fonction de sa conscience. L’idée qu’il faut « tenir le coup » et maintenir un certain équilibre psychologique est ainsi récurrente dans les témoignages d’anciens déportés.
5Face à la contrainte, il s’agit de savoir quels espaces de liberté peut gagner le déporté et donc quelles sont ses possibilités de choix. La pratique du sabotage s’inscrit dans cette perspective. Les déportés contraints – par leur déportation mais aussi de manière pratique, au quotidien, par la surveillance et la violence de leurs gardes – de travailler pour le Reich sabotent leurs ouvrages : obligés de fabriquer certaines pièces, ils emploient leur savoir-faire à les miner le plus subtilement possible afin d’empêcher leur utilisation normale. Roger Arnould, militant communiste résistant et déporté de Buchenwald, indique :
Chaque détenu, conscient de son rôle, s’employa à saboter avec beaucoup d’attention. Le gros du sabotage a surtout été une multitude de petits sabotages. Tel déporté parvenant à commettre une erreur de 2 dixièmes de millimètre sur la fabrication d’un cran de sûreté, tel autre une erreur de 4 à 6 mm sur l’évidement d’une crosse en bois destinée à recevoir le canon. […] Un dixième de millimètre par-ci, un autre par-là, et comme cela sur l’ensemble des dizaines de pièces constituant le fusil, on conçoit aisément quel « chef-d’œuvre » pouvait sortir d’une telle besogne.4
6La notion de choix sous contraintes peut ainsi se rattacher à celle de « zone grise », proposée par Primo Levi5, et reprise entre autres par Olivier Lalieu et Sonia Combe6. Elle est particulièrement pertinente pour explorer la situation du médecin détenu (Häftlingarzt), amené au quotidien à prendre des décisions : attribution de dispenses de travail ou de jours de repos à l’infirmerie, distribution des médicaments disponibles par exemple. Christian Pineau (homme politique, résistant et déporté) témoigne :
Je me rappelle mes scrupules lorsqu’il me fallait répartir les produits de la « solidarité », le lait sec contenu dans les colis, les médicaments rarissimes, entre tous les malades qu’il n’était pas possible de secourir tous. […] Mais ce que l’on donnait à l’un, on en privait un autre et c’était chaque jour un horrible choix qu’il fallait faire avec une sorte de brutalité, et sans tenir compte de ses sympathies ou de ses émotions.7
Erling Hansen, éléments biographiques et présentation du corpus
7Erling Hansen est né le 12 mars 1909 à Plérin dans les Côtes-d’Armor et décédé le 7 mars 2008 à Saint-Brieuc. Médecin, il a exercé à Saint-Brieuc toute sa carrière. Son dossier personnel du bureau Résistance8 (Service historique de la Défense, série GR 16) atteste de faits de résistance individuelle, mais aussi de sa participation à la résistance organisée (mouvement Défense de la France notamment). Ainsi, il patrouille sur les côtes et transmet des informations sur l’organisation des troupes, dresse des listes d’agents de la Gestapo et aide à dissimuler des parachutistes alliés. Erling Hansen fournit également des certificats médicaux de complaisance aux jeunes souhaitant éviter le Service du travail obligatoire (STO).
8Arrêté à son domicile, il sera interné du 2 novembre 1943 au 21 janvier 1944 (prisons de Saint-Brieuc, Rennes et Compiègne), puis déporté en Allemagne, à Buchenwald et Mühlhausen (du 22 janvier 1944 au 29 avril 1945). Les détenus médecins étaient couramment employés à des postes de soignants dans les camps : Erling Hansen se voit rapidement attribuer un poste à l’infirmerie (Revier) de Buchenwald, puis est envoyé dans le Kommando de Mühlhausen (Mühlenwerke AG Junkers, Martha I) où il a pu mettre en place une petite infirmerie. Il soignera aussi les femmes du Kommando Gerätebau GMBH Martha II, également situé à Mühlhausen.
9Erling Hansen bénéficie donc de conditions de vie particulières. Son rythme et ses conditions de travail sont différents de ceux des détenus qu’il soigne et qui travaillent à l’usine. Il bénéficie d’un lieu de repos, une chambre, dans l’infirmerie, et peut ainsi conserver quelques affaires personnelles. Son poste facilite aussi l’accès à ce dont il a besoin pour écrire et tenir un journal. Travailler au Revier procure donc certains avantages, mais c’est aussi un poste à responsabilités, donc à risques, et toute faute de sa part pouvait être sévèrement punie. Les menaces qui pèsent sur lui sont d’ailleurs évoquées plusieurs fois dans ses écrits. Après-guerre, Erling Hansen reprend ses activités médicales à Saint-Brieuc et s’engage dans l’effort de mémoire (associations d’anciens déportés, témoignages auprès du public et de chercheurs).
10Dès sa déportation et jusqu’à la fin de sa vie, Erling Hansen a réuni un riche fonds d’archives témoignant de son parcours et des faits qu’il a vécus. Il comprend des documents de types variés (archives, ouvrages, objets, photographies), notamment ses mémoires. Si la majorité du fonds a été léguée à la bibliothèque municipale de Saint-Brieuc et y est conservée (fonds Hansen), d’autres documents sont conservés par sa famille. Un ensemble de récits personnels, constituant le corpus de cette contribution, a ainsi pu être étudié. Il se compose des carnets originaux d’Erling Hansen (journal tenu pendant sa déportation), des Mémoires du fonds Hansen, et de deux versions des mémoires à destination de sa famille (Mémoires version famille 1 et 2).
11En tant que médecin détenu, Erling Hansen est particulièrement susceptible de se retrouver en situation de choix sous contraintes : il est amené au quotidien à prendre des décisions difficiles et le manque de moyens médicaux est régulièrement déploré dans ses écrits. Nous comparerons dans cette contribution le récit d’une même situation de choix sous contraintes dans les quatre textes précédemment cités. Deux épisodes seront abordés : l’établissement de listes en vue de transports (exemple des détenues de Martha II) et la dispense de soins au personnel SS (exemple du « sabotage » du SS Dinter).
Établissement de listes en vue de transports, « Les détenues de Martha II »
12Erling Hansen évoque parfois avoir dû dresser des listes en vue de transports. Par exemple, dans les Mémoires du fonds Hansen, page 29 : « Avons établi une liste de malades pour retour à Buchenwald ». Ou page 15 : « Lundi 7 mars 1944 […] nous examinons des détenus en vue d’un départ en “transport” avec le docteur tchèque ».
13Le plus souvent, il ne donne pas de précisions sur ces transports ou le sort des détenus, dont lui-même n’a peut-être pas connaissance, comme l’illustrent les guillemets qu’il utilise pour encadrer le terme transport.
14Le principal exemple concernant la rédaction de listes en vue de transport est celui des femmes de Martha II. Erling Hansen, médecin (pour quelques semaines en septembre et octobre 1944) des détenues de ce Kommando, est contraint par le commandant SS du camp de dresser la liste de celles qui sont malades ou enceintes. Il informe alors l’infirmière de ce groupe de détenues, Régina Grynberg, avec qui il entretient des liens amicaux. Au commandant, il annonce pouvoir soigner les malades avec les remèdes disponibles et affirme qu’aucune détenue ne présente alors de signes de grossesse. Erling Hansen convainc ensuite les prisonnières d’adopter des tenues larges pour masquer leurs formes le plus longtemps possible.
15Dans les carnets originaux, les soins prodigués à ce groupe de détenus et les échanges qu’Erling Hansen a pu avoir avec leur infirmière sont bien notés :
[_à la date du 18 septembre :]
Je suis désigné comme leur médecin
[_à la date du 19 septembre :]
Visite des femmes
16Toutefois, il n’y a pas de trace de la demande du commandant ni de la manière dont Hansen a répondu à la contrainte. Cela n’est pas vraiment étonnant : la tenue d’un journal est elle-même interdite, les informations consignées par Erling Hansen sont donc le plus souvent assez simples, vagues, voire lacunaires. L’écrit peut être une preuve, et noter qu’il a précisément déjoué l’ordre du commandant serait évidemment dangereux. Son journal est à voir comme un « balisage » de la mémoire, permettant une remémoration future. En outre, l’événement peut être suffisamment marquant pour qu’il n’y ait pas besoin de le mentionner en détail : Erling Hansen se souvient de la demande qui lui a été faite et de la manière dont il y a répondu.
17Dans la première version familiale des mémoires (que nous nommerons « Mémoires famille 1 »), l’épisode est évoqué et daté. Le texte prend davantage la forme d’un récit, plus ou moins chronologique, que d’un journal intime. La présence de tirets rappelle la forme du dialogue, et les paroles sont présentées sans discours ou commentaire du narrateur sur ces mêmes paroles :
_ Vous allez les examiner et me dire combien sont enceintes et combien sont incurables, me demande le commandant. Neuf d’entre elles étaient enceintes et une dizaine étaient incurables ! […]
_ à partir de demain, toutes les femmes portent des jupes amples et non serrées à la taille, comme en portent déjà certaines d’entre elles. Elles pourront ainsi dissimuler une grossesse de cinq à six mois !
Ce qui fut fait. Mon rapport au commandant est donc simple : aucune grossesse détectable actuellement et elles sont encore toutes guérissables. Je ne faisais que l’espérer. Il y avait parmi elles deux pneumoniques graves…
18La résolution de la contrainte est réduite à « Ce qui fut fait », mais une trace de l’émotion du narrateur affleure dans la mention d’espoir (« Je ne faisais que l’espérer »). Le contraste fort entre ces deux expressions donne une teinte étonnante au texte : « Ce qui fut fait » amène l’idée que la situation, imprégnée de contrainte, a été rapidement et facilement résolue, tandis que « Je ne faisais que l’espérer » rappelle l’ignorance d’Erling Hansen quant à l’avenir de ces femmes. Dans cette dernière expression, le recul du narrateur actuel (« je » présent) sur le narrateur passé (« je » passé) marque avec retenue son absence de certitudes.
19Dans la seconde version familiale des mémoires (« Mémoires famille 2 »), l’épisode est daté précisément et raconté avec plus de détails. Le texte prend à nouveau davantage la forme d’un récit chronologique que d’un journal intime :
Le commandant SS du camp a voulu me voir pour me confirmer ses demandes de rapport sur les incurables et les enceintes. Régina me supplie de ne donner aucun nom « sinon, elles seront renvoyées vers le four crématoire d’Auschwitz. » […]
Il faut que je réfléchisse à ce problème et à la manière de le résoudre. Comment la suite se passa-t-elle ? Au bout de quelques semaines, j’avais pu examiner toutes les juives détenues. […]
Dans un premier rapport, je prétendis que grâce aux remèdes dont je disposais au Kommando d’hommes, je devais pouvoir guérir celles qui étaient malades.
Dans un second rapport, j’affirmai qu’aucune détenue ne présentait de symptômes d’une possible grossesse.
Et à Régina, je demandais d’inviter ses codétenues à s’habiller différemment. […] Ainsi fut fait !
20Ici, la contrainte est appelée « problème », et la décision de trouver un moyen de la contourner est clairement exprimée. L’utilisation de l’expression « Il faut » indique que c’est pour lui un impératif moral. Le texte est également marquant par la mention de Régina qui le « supplie » : cela indique qu’on lui a demandé de l’aide et qu’il a tenté de répondre à cette demande. Notons que le terme « supplier », très fort, « met en scène » la situation et fait appel à la pitié, à l’émotion. La mention du « four crématoire d’Auschwitz » va également dans ce sens.
21Dans les Mémoires du fonds Hansen9, l’épisode est raconté de façon très proche du texte précédent :
Très rapidement et sans entrer en matière [le commandant SS] nous dit : « Docteur, je vous demande d’examiner toutes les détenues et de m’établir deux rapports, l’un avec les détenues que vous considérez comme irrécupérables et l’autre celles que vous trouverez enceintes. » […]
[Régina] me dit immédiatement sans hésiter : ne donne pas ces rapports avec le nom de certaines détenues car ces dernières retourneront à Auschwitz pour être brûlées. […]
Il s’agissait donc pour nous de penser à ces 2 problèmes et de les résoudre au mieux. Dès maintenant nous allons vous dire ce que nous avons fait. […]
Ainsi fut fait, sans rien dire de la raison pour laquelle ce genre de tenue fut adoptée à l’unanimité des détenues pour sauver leurs amies en cause.
22Ainsi, comme dans le texte précédent, la demande du commandant SS se fait « sans entrer en matière », marquant la violence d’une telle demande et du choix qu’elle impose. Cette expression est particulièrement significative. En revanche, il n’y a pas de remarque, ou de commentaire de la part d’Erling Hansen sur le terme « brûlées » qui peut pourtant soulever des questions. Hansen se confie peu sur les questions, les doutes ou les remords que devoir dresser cette liste a pu éveiller en lui. Il détaille simplement la solution trouvée pour répondre à l’ordre qui lui a été donné tout en épargnant les femmes, c’est-à-dire pour contourner aux mieux la contrainte.
23Malheureusement, dans aucun de ces quatre textes, Erling Hansen ne donne de précisions sur le sort des « irrécupérables » qu’il devait tenter de soigner avec les remèdes du Kommando des hommes, ni sur le sort des femmes enceintes. Il continue de soigner le groupe de détenues jusqu’à l’arrivée d’une doctoresse hongroise, puis note leur départ (dans les Mémoires du fonds Hansen, il indique que l’on doit les envoyer à Hanovre, et, selon Rolf Barthel10, elles auraient été transportées à Bergen-Belsen). Dans chacun de ces textes, c’est la manière de déjouer la demande du commandant qui est mise en avant, plus que les scrupules éthiques ou les doutes entourant le devenir de ces femmes.
Dispense de soins aux SS, « Le “sabotage” du SS Dinter »
24Médecin des détenus des Kommandos Martha, Erling Hansen ne devrait pas soigner de personnel SS. Il n’y est pas autorisé et eux ne sont pas autorisés à être soignés par lui. Toutefois, de nombreuses entorses à cette règle sont consignées dans ses écrits11. En effet, Erling Hansen confie avoir accepté de soigner des SS afin d’obtenir des médicaments pour les détenus :
À plusieurs reprises depuis notre arrivée, les SS nous demandent de les soigner. D’abord le commandant lui-même, puis son adjoint, et les autres SS qui nous surveillaient. Comme les remèdes de Buchenwald étaient limités et le plus souvent plus adaptés aux maladies des détenus, j’ai accepté de soigner les SS à condition de pouvoir acheter des remèdes chez un pharmacien de Mühlhausen afin de mieux soigner les SS… donc pour aider au mieux les détenus ! […] Ce fut grâce à ce subterfuge que je pus traiter nos malades au mieux.12
25Il parvient même à obtenir l’autorisation d’envoyer certains malades à l’hôpital civil de Mühlhausen. Hansen explique donc clairement avoir accepté de soigner les SS en échange de remèdes ou de « faveurs » lui permettant de soigner au mieux les prisonniers malades.
26L’un des épisodes de dispense de soins aux SS les plus marquants est celui appelé par Erling Hansen lui-même13 « sabotage de la fesse du SS Dinter ». Dinter, un responsable SS, est chargé de punir un détenu russe pour sabotage. Hansen assiste à la punition, dont la violence le choque, et décide d’hospitaliser le blessé. Le lendemain, Dinter, souffrant d’un début de crise de paludisme, demande des soins à Erling Hansen, qui fait alors exprès de lui injecter un médicament périmé et de manière peu délicate afin de provoquer un abcès. Hansen fera patienter Dinter plus d’une quinzaine de jours avant d’ouvrir l’abcès, puis s’occupera ensuite de ses pansements.
27Dans les carnets originaux, il n’y a que quelques mots concernant l’épisode : « Résultat piqûre S. C. de 0 g 50 solution huileuse quinine. Dinter. Gros abcès fesse G après furonculose persistante et plaies ».
28Les dangers encourus par Hansen expliquent à nouveau ici sans mal la brièveté de ses propos. Il est intéressant de voir qu’il a choisi de noter le simple résultat de la piqûre, nous invitant à supposer qu’un résultat négatif était donc bien attendu. De l’extérieur, ses notes semblent être un simple rapport médical objectif et neutre, mais, connaissant l’épisode, elles peuvent apparaître comme le souvenir précis, rapporté à l’aide de quelques simples mots clés, d’un événement important.
29Dans les Mémoires famille 1, l’épisode, assez dur et violent, est narré longuement et en détail. Adoptant une posture « revancharde », Erling Hansen semble raconter l’événement comme s’il était fier d’avoir joué et réussi un mauvais tour :
Un jour, [Dinter] vient « là », devant « mon » infirmerie, pour frapper un Russe qui avait saboté une aile d’avion à l’usine. […]
Le lendemain, cette brute SS vient me voir pour me demander de la quinine. J’étais en colère contre Dinter, c’était son nom, à cause de sa dureté envers le Russe. […]
Il s’agissait d’une boîte italienne, périmée depuis deux ans ! Ma colère rentrée et invisible était encore toute entière, et j’étais bien décidé à lui faire payer son attitude brutale envers ce prisonnier russe. J’ai décidé de lui faire un bel abcès de fixation. […]
J’avais une belle revanche contre le plus brutal de nos gardiens SS qui ne pouvait rien faire contre moi.
30Erling Hansen ne donne pas de retour sur les doutes éthiques qu’un tel acte peut provoquer. La présentation du SS comme un individu violent et de la bastonnade du Russe devant « son » infirmerie (le possessif, mis entre guillemets par Hansen lui-même, est significatif) justifie sa conduite. L’action est placée sous le signe d’une « colère invisible et rentrée » et marquée par l’aspect volontaire de la décision (« J’ai décidé », « bien décidé »). À nouveau, on remarque une certaine « mise en scène » de l’épisode, notamment par l’utilisation du dialogue. Ce texte constitue, chronologiquement, la première reprise par Hansen de ses carnets dans un texte à destination de sa famille. Sa rédaction pourrait être assez proche dans le temps de l’événement narré pour que le récit de celui-ci soit difficile : dans le texte affleurent tant les marques de la colère et de l’injustice ressentie à l’époque que du plaisir et de la fierté d’avoir déjoué, puni même, un garde violent. Il faut rappeler ici que, d’après les récits faits par Erling Hansen, Dinter venait régulièrement lui demander de la quinine : cela signifie qu’il l’a donc soigné d’autres fois, « à bon escient » et sans problèmes.
31Dans les Mémoires famille 2, l’épisode est introduit par l’intrusion du « je » présent commentant un événement passé. L’épisode est particulièrement long, plus étoffé que dans les Mémoires famille 1, mais ici encore, la mention de la punition subie par le détenu russe introduit le récit et constitue une forme de justification :
Cette brève note à la date du 26 mars marque en fait la conclusion d’une longue histoire qui mérite sans doute d’être relatée. […]
Au bout d’une vingtaine de coups, très violents, je sortis de l’infirmerie et me mis au garde-à-vous devant Dinter. Le Russe était alors à terre, entre nous. […] Totalement impuissant, j’avais dû assister à ce massacre. […]
Étant en colère depuis la scène de violence vécue la veille, je lui demandai d’attendre, me souvenant d’ampoules périmées que j’avais gardé, et désireux d’en profiter pour venger le russe en provoquant un bel abcès de fixation. « Je n’ai plus de comprimés, lui dis-je, mais j’ai des ampoules qui me restent. » […] Méchamment, j’émoussai d’abord l’aiguille […] et fis la piqûre à sa cuisse assez brutalement. […]
Le lendemain, il revient plié sur une canne, boitant, fonça sur moi et me dit, les yeux mauvais : « Hier, vous avez voulu me saboter, docteur ! » […] Vexé de ne pouvoir me faire de reproches, il repartit tout penaud.
J’appris […] que l’abcès se développait et l’avait rendu incapable de travailler. […] Cela me fit du bien qu’il en « bave » encore un peu car, vraiment, il le méritait, compte tenu de tous les détenus qu’il avait frappés. […]
Inutile d’ajouter que tout le Kommando avait été content d’avoir pu passer un long mois sans le voir.
Je me dois d’ajouter que par la suite j’eus des remords d’avoir été si brutal avec ce SS. Un médecin doit rester humain, même avec ses ennemis. Néanmoins, Dinter m’avait mis hors de moi et j’estimais qu’il méritait une bonne leçon.
Le récit est particulièrement « mis en scène » : les intervenants apparaissent tels des personnages, leurs échanges sont présentés sous forme d’un dialogue (particulièrement long) et Erling Hansen utilise de nombreuses images pour caractériser les attitudes des protagonistes (le russe « à terre entre nous » ; Dinter « plié sur une canne ». Narrateur omniscient, il explique les pensées et les attitudes de tous (« Vexé de ne pouvoir me faire de reproches, il repartit tout penaud »). Un travail littéraire entoure l’épisode, marqué par une opposition entre « impuissance » (quand il assiste à la bastonnade) et « vengeance » (par la piqûre) : il s’agit finalement d’une occasion de revanche qu’il a su saisir14, d’un acte assez spontané, expliqué ici au sein d’un riche dispositif narratif. La présence du « je » présent révèle un regard postérieur sur son comportement, dans lequel le doute éthique affleure (« Méchamment », « Je me dois d’ajouter que par la suite j’eus des remords »). Son besoin de revanche et son geste de « sabotage » sont justifiés presque mathématiquement, comme le marque le terme « compte tenu » (« Cela me fit du bien qu’il en “bave” encore un peu car, vraiment, il le méritait, compte tenu de tous les détenus qu’il avait frappés »). Il en va de même, plus loin, lorsqu’il ajoute : « Et ainsi, pendant tout un mois, il fut incapable de travailler et de maltraiter les détenus ». La précision du contentement des autres détenus du Kommando (« Inutile d’ajouter que tout le Kommando avait été content »), donnée comme « inutile » par le narrateur mais pourtant bien donnée, propose une double légitimation de son action : les autres aussi ont bénéficié de ce geste. Ici, tout un dispositif narratif entoure l’anecdote, permettant aux doutes, aux difficultés morales d’un tel choix, d’apparaître dans le texte.
32Dans les Mémoires du fonds Hansen, l’épisode est narré, pratiquement au mot près, de la même manière que dans les Mémoires famille 2. Le récit débute par la punition infligée au détenu russe, puis Erling Hansen exprime sa colère face à l’injustice de la situation ; il confie l’occasion de revanche saisie mais exprime aussi ses doutes éthiques :
En colère contre lui depuis la séance de violences d’hier nous lui disons d’attendre que je retrouve des ampoules car je n’avais plus de comprimés. Nous nous rappelions avoir mis de côté une boîte italienne périmée depuis 2 ans d’ampoules d’une solution huileuse de quinine à 0 g 50 chaque !… Nous voulions provoquer chez lui un abcès de fixation à la cuisse. Méchamment nous rendîmes l’extrémité de l’aiguille plate au lieu de rester aiguë et nous fîmes l’injection rapidement, sans ménagement, sous-cutanée dans la cuisse gauche, afin de provoquer une douleur très aiguë. […]
Inutile de dire que tous les détenus furent heureux de son absence. Nous n’avons jamais dit là-bas avoir fait volontairement cette piqûre qui allait déclencher un tel abcès, nous ne l’avons dit qu’à notre retour en France ! […]
Nous devons aussi avouer avoir eu des remords, car même avec ses ennemis le médecin doit être humain ! Et le soigner comme tous ses clients mais Dinter avait toujours été si brutal et si méchant, chaque fois qu’il schlaguait les détenus, que cette fois avec ce Russe il méritait une bonne leçon…
33Là encore, bien qu’il annonce avoir agi pour le bien-être de ses camarades déportés, Erling Hansen confie ses remords. Ces retours du « je » présent pour commenter le récit du passé sont rares dans les Mémoires du fonds Hansen, tout comme les passages confiant les aléas psychologiques (doutes, faiblesses mais aussi rêves et joies) du narrateur. L’épisode est particulièrement marquant : Erling Hansen a dû contredire l’un de ses principes (déontologie médicale) et il confie ses scrupules face à cette situation délicate. Il n’exprime pas clairement de regrets (au contraire, la joie de la revanche réussie et d’avoir mis Dinter « KO » pour un mois semble persister), mais laisse apparaître des questionnements forts : il ne dit pas qu’il aurait dû faire autre chose, ou ne pas le faire, mais que cela l’a éprouvé.
34L’épisode « Le “sabotage” du SS Dinter » brise la linéarité du simple récit chronologique et impose la mise en place d’un travail littéraire. Jamais dissocié du récit de la punition brutale infligée au détenu russe et de la colère du narrateur face à cette violence, l’épisode est plus ou moins « mis en scène » (forme du dialogue, images utilisées, motif de la « revanche »). Cette « mise en scène » du récit pourrait se lire comme une mise à distance de la violence de l’épisode, enrobage peut-être nécessaire à un récit douloureux. Par ailleurs, bien qu’il dise avoir agi pour le bien-être des déportés, Erling Hansen, sans mentionner explicitement le serment d’Hippocrate, confie aussi ses regrets d’avoir failli à l’éthique médicale. Or, ces passages confessant le vécu intime du narrateur sont rares dans ses écrits, soulignant l’aspect significatif de l’épisode.
Pour conclure
35Ces deux épisodes permettent de s’interroger sur la manière dont la contrainte est exprimée dans les récits personnels d’Erling Hansen : choix de ce qui est raconté, mais aussi manière de raconter (vocabulaire, posture narrative, registres, etc.). L’évolution de leur présentation au fil des textes signale leur importance : d’abord de brèves notes dans les carnets originaux (qui apparaissent comme de simples supports pour la mémoire), qui sont ensuite développées dans les récits à destination de la famille et dans les Mémoires du fonds Hansen, rédigés après-guerre et plus denses. L’épisode est ainsi retravaillé par la mémoire et par la narration au fil du temps et des textes.
36On remarque que, concernant l’épisode « Les détenues de Martha II », même les versions les plus étoffées et les plus récentes laissent peu de place aux doutes ou aux difficultés liés aux choix faits par Erling Hansen. Ses décisions ont été prises pour tenter de protéger au mieux les détenues (sauver des vies) : il aurait pu construire un texte utilisant le registre héroïque, ou jouer davantage de celui de la pitié (registre pathétique), mais il livre un texte assez sobre, simple, s’attachant principalement à expliquer comment la contrainte a été contournée. Concernant l’épisode « Le “sabotage” du SS Dinter », si les Mémoires famille 1 évoquent surtout la fierté d’avoir joué un mauvais tour à un garde violent, les versions Mémoires famille 2 et Mémoires du fonds Hansen, particulièrement denses, expriment clairement les remords et les doutes qui entourent l’épisode. Ici, la décision prise par Erling Hansen, bien que justifiée par la violence du garde et le bien-être apporté aux camarades, est de blesser volontairement. Il est donc particulièrement intéressant de constater un enrichissement au fil des versions de l’appareil narratif entourant l’épisode.
37Selon plusieurs critères, les témoignages d’Erling Hansen peuvent s’insérer dans l’ensemble des témoignages de médecins déportés15 : l’utilisation du vocabulaire des camps et du vocabulaire médical, l’adoption d’une posture narrative de « dignité » (déontologie médicale notamment), le peu (ou l’absence) de métaphores animales et de jeux sur les registres. Seuls quelques passages laissent place à la personnalité et aux émotions du narrateur, qui, à la fois témoin et sujet, utilise régulièrement la première personne du pluriel pour parler de lui seul (dans les Mémoires du fonds Hansen notamment). Ceci peut répondre à la tension entre une écriture qui se veut objectivante et une écriture plus personnelle : le narrateur ne veut pas trop provoquer d’empathie, et cherche à être objectif tout en parlant de ce qu’il a vécu et de comment il l’a vécu. L’impératif de « dignité » semble essentiel pour Erling Hansen. Il s’agit d’une éthique médicale, d’une morale personnelle, mais aussi d’une fierté nationale : « Nous avouons ici que nous avons toujours voulu avoir un comportement tel, que tous gardent une bonne impression des Français […]. Nous faisons cet effort pour notre pays, que nous aimons et dont nous voulons être digne »16.
38Erling Hansen s’efforce donc tout au long de son parcours de se montrer digne, et il faut comprendre la discrétion de ses témoignages comme étant de la retenue. Cette forme de réserve peut aussi être mise en parallèle avec la complexité des sentiments éprouvés par le narrateur, honteux, voire coupable, peut-être, de l’impuissance ressentie alors17. Rares sont les moments où il confie ses doutes, ses embarras, ses peurs, ou simplement ses envies d’être ailleurs : « Nous tenons certes mais parce que obligés de remonter le moral de tous ceux qui flanchent, nous sommes obligés d’en être digne et de tenir coûte que coûte avec le sourire, pour les remonter et les guérir de leurs angoisses et de leurs peurs »18.
39Erling Hansen trouve une force intérieure et s’y attache, c’est ce qui l’a aidé à tenir et à survivre. Même dans les Mémoires écrits après-guerre, il s’agit finalement de retracer ce qu’il l’a aidé à survivre et comment il a survécu, non de raconter uniquement comment il a souffert et aurait pu se perdre. Ainsi, l’expression du choix sous contrainte fait écho à la notion de trauma et de son expression dans le texte, abordée notamment dans les travaux de Peter Kuon. Celui-ci observe : « Les médecins prisonniers qui prennent soin des incurables […], tous ceux qui prennent des risques pour donner aux autres l’exemple d’une conduite digne de l’être humain sont des passeurs de résilience »19.
40Dès lors, Erling Hansen, par son parcours et grâce au riche fonds qu’il a constitué et transmis, s’inscrit bien comme passeur d’histoire et de mémoire, mais aussi comme passeur de résilience.
Bibliographie
Archives
Bibliothèque André Malraux, Saint-Brieuc (22) / Fonds Hansen (cote HAN)
Service historique de la Défense / Dossiers administratifs de résistantes et résistants / Erling Hansen (SHD GR 16 P 285407).
Références
Barthel Rolf, « Neue Dokumente zur Geschichte des Außenkommandos der faschistischen Konzentrationslagers Buchenwald in Mühlhausen », Eichsfelder Heimathefte, no 2, 1984, p. 127-131.
Bruttmann Tal, Joly Laurent et Wieviorka Annette dir., Qu’est-ce qu’un déporté ? Histoire et mémoires des déportations de la Seconde Guerre mondiale, Paris, CNRS Éditions, 2009.
Combe Sonia, Une vie contre une autre. Échange de victime et modalités de survie dans le camp de Buchenwald, Paris, Fayard, 2014.
Favier Auguste et Mania Pierre, Buchenwald. Scènes prises sur le vif des horreurs nazies, Lyon, Imprimerie Louis Sibert, 1946.
Klein Marie-Pierre et Klein Pierre, Les déportés des Côtes-du-Nord, avril 1941-septembre 1944. Livre mémorial, Dinan, Association des amis de la Fondation pour la mémoire de la déportation, 2007.
Kuon Peter, L’écriture des revenants. Lectures de témoignages de la déportation politique, Paris, Éditions Kimé, 2013.
Kuon Peter dir., Trauma et texte, Berne, Peter Lang, 2008.
Lalieu Olivier, La zone grise ? La Résistance française à Buchenwald, Paris, Tallandier, 2005.
Levi Primo, La zone grise. Entretien avec Anna Bravo et Federico Cereja, M. Rueff trad., Paris, Payot et Rivages, 2013.
Leys Ruth, From guilt to shame. Auschwitz and after, Princeton, Princeton University Press, 2007.
Mesnard Phillipe et Thanassekos Yannis dir., La zone grise. Entre accommodement et collaboration, Paris, Éditions Kimé, 2010.
Orlowski Dominique, Buchenwald par ses témoins. Histoire et dictionnaire du camp de concentration de Buchenwald-Dora et de ses kommandos (1937-1945), Paris, Belin, 2014.
Richet Charles, Richet Jacqueline et Richet Olivier, Trois bagnes, Paris, J. Ferenczi et fils, 1945.
Wieviorka Annette, Déportation et génocide. Entre la mémoire et l’oubli, Paris, Pluriel/Fayard, 2013.
Notes de bas de page
1OuLiPo, c’est-à-dire « Ouvroir de littérature potentielle », est un groupe de recherche en littérature expérimentale fondé en 1960 par Raymond Queneau et François Le Lionnais. L’OuLiPo applique à la littérature les techniques des mathématiques et cherche à inventer de nouvelles règles de composition poétique. La littérature oulipienne est une littérature sous contraintes.
2Voir Tal Bruttmann et al. dir., Qu’est-ce qu’un déporté ? Histoire et mémoires des déportations de la Seconde Guerre mondiale, Paris, CNRS Éditions, 2009. Pour chaque citation, nous conservons à l’identique l’orthographe et la ponctuation du texte original.
3Charles Richet et al.., Trois bagnes, Paris, J. Ferenczi et fils, 1945, p. 68.
4Cité par Dominique Orlowski, Buchenwald par ses témoins. Histoire et dictionnaire du camp de concentration de Buchenwald-Dora et de ses Kommandos (1937-1945), Paris, Belin, 2014, p. 446.
5Voir Primo Levi, La zone grise. Entretien avec Anna Bravo et Federico Cereja, M. Rueff trad., Paris, Payot et Rivages, 2013.
6Voir Sonia Combe, Une vie contre une autre. Échange de victime et modalités de survie dans le camp de Buchenwald, Paris, Fayard, 2014 ; Olivier Lalieu, La zone grise ? La Résistance française à Buchenwald, Paris, Tallandier, 2005 ; Philippe Mesnard et Yannis Thanassekos, La zone grise. Entre accommodement et collaboration, Paris, Éditions Kimé, 2010.
7Christian Pineau, « Préface », Buchenwald. Scènes prises sur le vif des horreurs nazies, A. Favier et P. Mania, Lyon, Imprimerie Louis Sibert, 1946, p. 8.
8SHD/GR 16 P 285407. Marie-Pierre Klein et Pierre Klein, Les déportés des Côtes-du-Nord, avril 1941-septembre 1944. Livre mémorial, Dinan, Association des amis de la Fondation pour la mémoire de la déportation, 2007.
9Fonds Hansen, HAN AR4/14.
10Rolf Barthel, « Neue Dokumente zur Geschichte des Außenkommandos der faschistischen Konzentrationslagers Buchenwald in Mühlhausen », Eichsfelder Heimathefte, no 2, 1984, p. 127-131.
11Des faits similaires sont rapportés dans les témoignages d’autres rescapés, concernant Buchenwald et d’autres camps.
12Fonds Hansen, HAN AR4/14/Mémoires, p. 36.
13Voir Mémoires, version fonds Hansen.
14Dinter se rend à l’infirmerie pour une crise de paludisme. Hansen « se souvient » du produit périmé et décide de le lui injecter.
15Voir Peter Kuon, L’écriture des revenants. Lectures de témoignages de la déportation politique, Paris, Éditions Kimé, 2013 ; Annette Wieviorka, Déportation et génocide. Entre la mémoire et l’oubli, Paris, Pluriel/Fayard, 2013.
16Fonds Hansen, HAN AR4/14/Mémoires, p. 57.
17S. Combe, Une vie contre une autre, ouvr. cité ; Ruth Leys, From guilt to shame. Auschwitz and after, Princeton, Princeton University Press, 2007.
18Fonds Hansen, HAN AR4/14/Mémoires, p. 95.
19P. Kuon, L’écriture des revenants, ouvr. cité, p. 183 ; Peter Kuon dir., Trauma et texte, Berne, Peter Lang, 2008.
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