Le paysage et ses lectures : le mouvement de protection de la nature en France et en Allemagne au début du siècle
p. 29-42
Texte intégral
1Face au déferlement des publications actuellement vouées à la question du « paysage » – essais, études scientifiques ou programmes de développement local –, un lecteur soucieux de clarté conceptuelle peut être pris de vertige. Plus que jamais au centre de l’attention, la notion de paysage est de plus en plus difficile à cerner. Il est effectivement malaisé de discerner les réalités territoriales auxquelles elle renvoie, d’autant plus que l’usage actuel tend à confondre paysages et campagnes. Cet amalgame ne tient pas seulement à l’idée de nature qui trace le trait d’union entre les deux notions. Il se rattache aussi au mouvement de patrimonialisation, entamé il y a environ deux siècles, qui a contribué à brouiller notions et représentations, mais peut-être aussi à accorder une primauté à l’aspect visuel des réalités, à la « représentation par l’image », au détriment du « tissu de relations qui sous-tendent les aménagements perceptibles »1.
2Afin de mieux comprendre les enjeux actuels du regard que nos sociétés portent sur leur milieu, nous envisageons de retracer la genèse de cette conception de la nature comme patrimoine : notre étude se consacrera plus particulièrement à l’émergence de mouvements de protection de la nature en France et en Allemagne au tournant du XXe siècle. Partant, nous centrerons l’analyse sur les représentations qui orientèrent leurs actions en nous appuyant sur les catégories à partir desquelles furent formulées les premières mesures de préservation de l’environnement.
3Avant d’éclairer notre démarche, il convient de justifier le choix de ce cadre comparatif. Des études récentes consacrées à la thématique du paysage ont, elles aussi, privilégié cette perspective, afin de mettre au jour les rapports singuliers qu’une société entretient avec son milieu2. C’est souligner que la vision patrimoniale de la nature qui se développa au tournant du XXe siècle en France comme en Allemagne s’inscrivait plus largement dans une prise de conscience de la valeur, pour l’existence nationale, des sédiments déposés par l’histoire – conçue avant tout comme histoire nationale. À l’origine, la notion de patrimoine, issue de patrimonium en latin, caractérisait en effet la relation entre « le groupe juridiquement défini et certains biens matériels tout à fait concrets3 » : espace, trésor… la notion connut, on le sait, un infléchissement à l’occasion des actes de vandalisme de la Révolution française, alors que la volonté de faire table rase des symboles de l’ancien Régime dévoila dans un même mouvement le sens des « antiquités » pour la construction nationale. Le « sens du patrimoine, c’est-à-dire des biens fondamentaux inaliénables 4 », d’abord éveillé par le désir de conserver les œuvres d’art, fut ensuite étendu aux monuments historiques. Il ne s’agit pas d’éclairer la façon particulière dont s’élabora de manière concomitante la vision du patrimoine national dans les territoires allemands, mais de noter que l’idée de patrimoine, conçue dans les deux pays comme une des pierres de la construction nationale, a néanmoins circulé et s’est nourrie d’échanges sur la scène européenne5. L’impact que la loi française de 1887 consacrée à la protection des monuments artistiques et historiques a eu sur la législation allemande suffira à nous en convaincre6. L’élaboration de cette idée de patrimoine, et plus particulièrement la conception de la nature comme ressource patrimoniale, nous semblait donc relever de plusieurs échelles. La perspective comparative apparaissait comme le meilleur moyen de mettre au jour leur imbrication et d’échapper à une analyse de type essentialiste qui aborderait la relation d’une société à son milieu comme le signe d’une identité7.
4Cette prise de position éclaire la démarche qui sera la nôtre dans cette étude. Nous tenterons dans un premier temps de retracer la genèse d’un « mouvement » de protection de la nature en France et en Allemagne au tournant du XXe siècle. Partant nous examinerons comment ce mouvement s’est greffé sur les premiers efforts entrepris dans les deux pays pour définir certains symboles culturels comme constitutifs d’un fonds commun. Puis nous nous appuierons sur la réception en France d’une catégorie forgée par les premiers défenseurs de la nature en Allemagne, celle de Naturdenkmal. Nous essaierons alors, à partir des décalages que la réception de cette catégorie révèle, de confronter les visions du milieu naturel qui émergèrent au sein des premiers mouvements de protection de la nature dans les deux pays.
La conception de la nature comme patrimoine : origines
5En France tout comme en Allemagne, les représentations de la nature comme ressource à protéger s’articulèrent aux efforts entrepris au long du XIXe siècle pour circonscrire un patrimoine culturel, pilier de l’existence nationale.
L’institutionnalisation du mouvement de protection de la nature en France et en Allemagne
6En France, la création en 1901 de la Société pour la protection des paysages de France constitua à double titre un événement fondateur dans le processus d’institutionnalisation du mouvement de protection de la nature. Non seulement cette association, en encadrant les actions isolées qui s’étaient multipliées au cours du XIXe siècle et plus particulièrement dans sa seconde moitié8, conforta la prise de conscience encore timide des méfaits de l’« industrialisme9 » pour l’environnement naturel. Mais surtout, les circonstances particulières dans lesquelles s’inscrivit sa création s’imprimèrent sur les représentations de la nature qui émanaient de cette prise de conscience. Sa création en 1901 résulta en effet des débats qui encadrèrent le vote de la loi de 1887 sur la protection des monuments artistiques et historiques et achoppèrent sur la notion de « monument » : les blocs erratiques qui pouvaient apparaître comme les traces de l’histoire naturelle et que certains concevaient comme les signes distinctifs de la physionomie nationale constituaient-ils des monuments à proprement parler ? la difficulté à circonscrire le champ d’application de la réglementation de 1887 conduisit les partisans d’une conception stricte du monument comme œuvre humaine à clarifier les frontières et à vouloir départager le « culturel » du « naturel »10. C’est dans ce contexte que s’imposa en France la nécessité de définir un code de protection des paysages11 et que l’idée de patrimoine national fut étendue à l’environnement naturel12. La loi de 1906 qui résulta des actions de la Société13 apparaît effectivement à maints égards comme le pendant de celle de 1887. Ces deux lois, relevant d’une inspiration identique, circonscrire les éléments constitutifs du patrimoine national et les soustraire au libre arbitre des propriétaires, définissaient des méthodes, instituaient des mesures comparables : inventaire et classement14. Les arguments qui dans la réglementation de 1906 justifiaient l’incursion de l’état dans le domaine privé se modelèrent en outre sur la rhétorique qui depuis le tournant du XIXe siècle avait étayé le plaidoyer en faveur de la constitution d’un fonds culturel commun : s’il avait fallu préserver les œuvres d’art des vandales révolutionnaires, désormais il ne fallait pas abandonner la nature aux destructions de l’industrie.
7En Allemagne aussi, l’idée d’un patrimoine national dont les œuvres d’art et les monuments historiques constituèrent les premiers objets imprégna les représentations de la nature comme ressource à protéger. Ernst Rudorff15, le premier à employer le terme de Naturschutz (protection de la nature) en 188816, élargit la conception de protection de la nature à celle de « nature paysagère » dans une conférence consacrée à la « protection de la nature paysagère et des monuments historiques d’Allemagne17 ». En 1897, ces deux aspects fusionnaient sous le terme de Heimatschutz18. Les études théoriques d’Ernst Rudorff, en consacrant le parallélisme entre créations naturelles et monuments historiques, abordaient le rapport qu’entretient une culture à son environnement, rapport cristallisé sous la forme des paysages :
C’est du sentiment profond et intense pour la nature que la germanité tire en fait ses vraies racines. Ce qui conduisit nos ancêtres dans les chênaies sacrées de Wodan, ce qui vit dans les légendes du moyen Âge, dans la figure de mélusine ou de la Belle au bois dormant, ce qui résonne dans les poèmes de Walther von der Vogelweide pour ensuite apparaître avec une intensité nouvelle à peine soupçonnée dans la poésie de Goethe et d’Eichendorff, dans notre merveilleuse musique, cette révélation la plus intime du génie allemand : c’est toujours le même ton, toujours la même inclination de l’âme pour les secrets merveilleux et insondables de la nature, qui s’exprime à travers ces manifestations de l’âme populaire.19
8Ces quelques lignes signalent avec éloquence le prisme qui organise le regard porté par Ernst Rudorff sur le milieu naturel : mythe des origines, références littéraires, merveilleux romantique filtrent à travers cette célébration de la nature qui semble dérouler dans une continuité chronologique les grands événements fondateurs de la culture allemande. Cette perception du milieu naturel servit d’amorce à la théorie qu’Hugo Conwentz développa dans un premier ouvrage consacré en 1904 aux Naturdenkmäler20, monuments de la nature. Ce concept, qui se référait à la vision patrimoniale qu’Ernst Rudorff avait de la nature tout en l’habillant d’une rigueur plus scientifique, servit de pivot à la codification destinée à guider le travail des institutions impulsées par le mouvement de protection de la nature. Un office public de protection des monuments naturels de Prusse – Staatliche Stelle für Naturdenkmalpflege in Preußen – fut effectivement créé à Danzig en 1906 puis transféré à Berlin en 1910. C’est dans ce cadre qu’une première loi consacrée à la protection des paysages fut promulguée, en Prusse, en 190721.
Vision patrimoniale et représentations du milieu naturel
9Si le sens du patrimoine national avait d’abord été éveillé par le désir de protéger les œuvres d’art, c’est par continuité à travers le filtre esthétique que s’organisa la perception de la nature comme ressource à protéger. En France, les premières mesures de protection furent ainsi énoncées par la loi de 1906 au titre éloquent : « loi du 21 avril 1906 organisant la protection des sites et monuments naturels de caractère artistique »22. Mais en Allemagne aussi, les critères esthétiques pesèrent d’un poids lourd dans la législation en train de se mettre en place. Le juriste Karl Heyer insistait en effet sur la prééminence des critères esthétiques lorsqu’il essayait de justifier l’intervention des pouvoirs publics dans la protection de la nature23.
10La notion de patrimoine national, si elle fut déterminante dans la prise de conscience environnementale, ne suit pas à expliquer l’impact des critères pittoresques dans les représentations du milieu naturel. Il faut évoquer aussi l’héritage de l’art paysager qui sans doute continuait de modeler les perceptions de la nature24. D’autres motifs, plus stratégiques, sont à verser à l’explication : les lois de protection de la nature impliquaient l’immixtion des pouvoirs publics dans la sphère privée et il fallait, dans le cadre de législations très libérales, justifier de mesures qui menaçaient les prérogatives de la propriété. Il était logique que les juristes appuyassent leur argumentaire sur la portée esthétique des nouvelles réglementations, alors que la tâche d’embellissement constituait une des attributions les moins controversées de l’interventionnisme.
11S’il ne fait aucun doute que les critères esthétiques modelèrent les représentations dont émana la législation de protection du milieu naturel, il n’en demeure pas moins qu’ils ne furent pas accentués de la même manière et peut-être même qu’ils eurent des connotations différentes des deux côtés du Rhin. Pour prendre la mesure de ces décalages, nous nous appuierons sur les catégories à partir desquelles les premières mesures de protection de l’environnement furent formulées en France et en Allemagne et notamment sur celle de Naturdenkmal, qui inspira en France la notion de « monument naturel ».
Une catégorie et sa circulation : Naturdenkmal (monument naturel)
La réception en France de la catégorie de Naturdenkmal
12La loi française de 1906 traçait les lignes qui devaient guider l’action nouvelle des pouvoirs publics dans la « protection des paysages ». Néanmoins, la formulation de mesures de protection était délicate, tant l’extension des compétences publiques était controversée et tant la manière de circonscrire et de décrire les espaces que l’on voulait soustraire au libre arbitre des propriétaires constituait par conséquent un enjeu de taille. Partant, la volonté de réglementation s’appuyait sur un travail de clarification conceptuelle et les premières mesures de protection furent étayées par trois catégories25, celles de « paysage », de « site » et de « monument naturel ». Si l’analyse de ces catégories est particulièrement intéressante pour celui qui veut sonder les réalités territoriales auxquelles la loi s’appliquait, et donc de manière générale les représentations de la nature qui sous-tendirent l’introduction de ces premières mesures, nous nous attacherons plus particulièrement à celle de monument naturel, traduction idèle d’une expression empruntée au lexique allemand. La notion de Naturdenkmal, pivot de la législation en train de se mettre en place de manière parallèle en Allemagne, renvoyait effectivement à l’origine aux théories développées par Hugo Conwentz26. Bien que l’on trouve déjà trace de cette notion au XVIIIe siècle – des études de géologie désignent sous ce terme certaines manifestations terrestres, reliquats des temps anciens27 –, c’est à Hugo Conwentz surtout que les spécialistes français furent redevables en se référant à leur tour à une expression très connotée28. La naturalisation de cette notion s’accompagna en France d’incertitudes sur les conditions de son usage. On en tiendra pour preuve le débat suscité par ce terme au cours du premier Congrès international de protection des paysages organisé à Paris en octobre 1909. Au cours du congrès, un géologue, Gustave-F. Dollfus29, évoquait en effet le malaise suscité en France par l’usage d’un terme importé d’Allemagne et d’Angleterre :
Si l’expression de « monument », en français, éveille plus spécialement l’idée d’une construction humaine, ne peut-on, par continuité, l’appliquer à quelques rochers gigantesques, à quelques cascades grandioses ? et si on hésite à l’appliquer à des faits plus modestes, comme à un vieil arbre, à un bloc erratique, ou même à des questions plus restreintes, comme une station botanique ou une carrière fossilifère, il ne faut pas oublier qu’en histoire naturelle, l’intérêt scientifique est sans relation avec la taille des objets considérés, et qu’il est dans le domaine des humbles des sujets aussi remarquables que dans celui des géants et des monstres.
L’ancienne expression française de « merveilles de la nature » ou « merveilles naturelles » se comprend plus facilement, et serait d’une reprise et d’une diffusion plus facile, mais elle ne correspond qu’à une partie du sujet, et elle donne à croire que seules les productions extraordinaires sont dignes d’intérêt. La sollicitude que nous avons maintenant de perpétuer les belles choses, de transmettre à un enfant la vue des paysages qui nous ont charmés, les curiosités naturelles qui nous ont instruites, peut s’étendre à des chefs-d’œuvre ruinés de l’ancienne architecture, depuis longtemps catalogués, jusqu’aux monuments préhistoriques.30
13Les tâtonnements linguistiques de Gustave-F. Dollfuss résultaient de la difficulté à doter l’expression étrangère d’un équivalent français : « monument » – qui désignait plutôt des créations culturelles – semblait impropre à caractériser des événements naturels ; l’expression consacrée, « merveilles de la nature », qui dénotait plutôt une représentation de la nature sous la forme du paysage grandiose, ne recouvrait pas véritablement le sens du terme allemand. Un examen des définitions qui étayèrent l’usage des deux catégories respectives révèle effectivement l’inadéquation des champs sémantiques déployés par deux termes apparemment homologues.
14L’expression forgée par le chef de file du mouvement allemand de protection de la nature, Hugo Conwentz, était en effet délimitée par des critères rigoureux dans le cadre d’une définition adoptée par la législation en cours :
On entend par ce terme soit un objet naturel caractéristique, vivant ou inerte, situé sur un territoire donné, conservé dans son état originel, c’est-à-dire complètement préservé ou presque de toute influence culturelle, soit un paysage ou un ensemble vivant caractéristique situé dans la nature, conservé dans son état originel. Il présente par son caractère exceptionnel, esthétique ou scientifique un intérêt de portée limitée ou universelle.31
15Issue du terme Denkmal (monument) qu’Hugo Conwentz décrivait comme une production humaine édifiée pour célébrer le « souvenir d’événements édifiants (le monument de la victoire) ou de grandes personnalités (la statue de Goethe) » (Ibid. P. 3), la notion de Naturdenkmal consacrait une représentation patrimoniale de la nature. Dans cette perspective, Hugo Conwentz appréhendait le Naturdenkmal comme une « création » (Schöpfung, p. 4), de la nature cette fois, que son histoire particulière et la rareté suffisaient à distinguer. Pour évaluer si un paysage ou un élément naturel méritait la désignation de « monument » et devait faire l’objet de mesures de préservation, il convenait donc d’estimer sa « rareté ». Celle-ci dépendait des liens que l’élément en question entretenait avec le site qui l’abritait32. Le Naturdenkmal n’avait donc aucune valeur en soi mais selon les liens qui le reliaient au territoire sur lequel il se situait. Histoire, nature et territoire : tels sont les trois pôles autour desquels gravitait la catégorie du Naturdenkmal à partir de laquelle Hugo Conwentz entendait fonder la protection de l’environnement.
16Quand on confronte les définitions adoptées en France et en Allemagne, certains contrastes sautent aux yeux. Ainsi, les savants français élaborèrent une notion vague à partir d’une énumération d’exemples, sans la circonscrire véritablement autour de critères scientifiques et rationnels : « un groupe d’éléments dus à la nature comme rochers, arbres, bouleversements du sol, accidents de terrain et autres33 ». Là où la définition française énumère, la notion allemande fait l’objet d’un véritable élagage conceptuel sur la base de critères scientifiques. L’un de ces critères concerne notamment « l’état originel » du Naturdenkmal, totalement gommé par la codification française. L’autre divergence majeure qui apparaît au vu des définitions du monument naturel concerne sa localisation géographique : « Un objet naturel caractéristique, vivant ou inerte, conservé dans son état originel, c’est-à-dire complètement préservé ou presque de toute influence culturelle, situé sur un territoire donné », précise Hugo Conwentz (nous soulignons). La différence qui émane des définitions concerne le critère territorial. Le Naturdenkmal, dans la conception allemande, est en effet toujours mis en situation sur un territoire particulier, dans un ensemble géographique localisé, et Hugo Conwentz rappelle que l’on ne peut juger de sa rareté sans le mettre en contexte. La définition française, quant à elle, recense une liste d’objets (« rochers, arbres, bouleversements du sol, accidents de terrain et autres »), sans intégrer cette dimension territoriale.
17Que nous dévoile cet écart entre les usages d’une étiquette pourtant commune ? Pourquoi la définition allemande du monument naturel enracine-t-elle l’objet dans un territoire et dans une généalogie alors que l’appellation française décrit une collection d’objets ou de traces ?
Territoires
18Le critère territorial nous semble constituer le principal point d’achoppement entre la définition du Naturdenkmal et celle du « monument naturel ». Pour saisir la portée de ce critère et de la référence à l’origine dans la définition du Naturdenkmal, il faut rappeler la généalogie dans laquelle Hugo Conwentz inscrivit cette notion. Il s’empara en effet d’une expression déjà ancienne dont il nuança cependant la signification en en attribuant la paternité au savant Alexander von Humboldt34. Cette généalogie, loin d’être fortuite, éclaire surtout l’enjeu du critère territorial dans la conception du Naturdenkmal. Alexander von Humboldt avait effectivement décrit sous ce terme un arbre, le magnolia géant, qui, dans une tribu « primitive » d’Amérique du Sud, semblait revêtir la fonction d’un « lieu de mémoire35 » : symbole de l’unité du groupe, objet de vénération sacrée, mais aussi conservatoire d’un passé commun, cet arbre aichait, aux yeux du savant, les caractéristiques que l’on attribue aux monuments des sociétés européennes36. Il ne fait aucun doute qu’Hugo Conwentz retint de cet usage la signification « culturelle » attribuée à l’arbre, mais aussi la fonction qui lui fut décernée dans la consolidation du lien social. L’arbre renforçait l’union de la communauté, mais figurait aussi son « origine ». Trace d’un passé commun, il dénotait une appartenance commune.
19On saisit, à la lumière de la lignée dans laquelle Hugo Conwentz se situe, la portée de l’ancrage territorial mais aussi la référence à l’origine qui caractérisent la définition du Naturdenkmal. Le Naturdenkmal ne singularise pas seulement un territoire, il délimite aussi une appartenance, tout comme le magnolia géant symbolise l’origine commune de la tribu. Les références à l’origine et à l’ancrage territorial rappellent en filigrane la conception du Heimatschutz développée par Ernst Rudorff, qui était habité d’une pensée analogue des origines.
20Sans pouvoir nous attarder ici sur la similitude de positions qui fut analysée ailleurs37, il nous faut néanmoins évoquer l’homologie des conceptions du Naturdenkmal et du Heimatschutz : la question de l’origine en constitue sans aucun doute le foyer38. Cette pensée des origines institue la nature comme berceau des arts, mais aussi de la culture en général. Les correspondances tissées par Ernst Rudorff entre poésie romantique et nature se retrouvent aussi chez Hugo Conwentz. Le terme Naturdenkmal conjure en effet une union harmonieuse du naturel et du culturel. Les divers exemples dont Hugo Conwentz ponctue son texte pour illustrer la définition du Naturdenkmal confirment notre hypothèse. Ainsi, parmi les espèces d’oiseaux, le coucou mérite à ses yeux une protection toute particulière, certes parce que son « chant agrémente nos promenades dans la forêt39 » mais surtout parce qu’il « joue un rôle particulier dans la poésie populaire40 ». Le coucou, référence culturelle, est un symbole ancré dans le patrimoine de la poésie populaire et nourrit par conséquent un sentiment d’appartenance nationale. L’importance accordée au sentiment national dans les critères retenus pour définir la notion de paysage ou de nature apparaît dans le passage où Hugo Conwentz évoque les constructions qui détériorent les paysages et l’environnement41. S’il considère généralement les tours d’observation et différents édifices bâtis en montagne comme une atteinte au plaisir que procure le paysage, il excepte cependant le monument national de Hermann dans la forêt de Teutobourg, « souvenir d’un épisode déterminant qui s’est justement déroulé dans cette région » (p. 14). Dans ce monument, références nationale et locale se confondent : le monument valorise en effet la région dans laquelle les événements qu’il célèbre se sont produits, il conjure aussi l’image d’une identité nationale qui prendrait racine dans le passé germanique et dans son opposition à « l’ennemi héréditaire42 ». Hugo Conwentz propose donc deux lectures indissociables du paysage. Mosaïque d’éléments pittoresques, il constitue d’une part le nerf du genius loci. Précipité issu d’une histoire dont il porte les traces, il cimente du même coup l’imaginaire national. La référence locale renvoie ainsi immédiatement à une échelle plus vaste, l’échelle nationale : le terme de Naturdenkmal évoque non seulement cet emboîtement d’échelles, mais aussi l’union harmonieuse du naturel et du culturel.
21Là où le terme Naturdenkmal véhicule aux yeux d’Hugo Conwentz une conception « organique » du milieu naturel, imbriquant échelle locale et échelle nationale, cristallisant le sentiment d’appartenance d’une communauté, conjurant l’union harmonieuse du naturel et du culturel, le terme de « monument » heurte au contraire les conceptions des spécialistes français, servant à démarquer les deux univers. Les remarques que faisait le juriste Cros-Mayrevieille dans la thèse qu’il consacrait à la protection des paysages suggèrent en effet que l’usage de « monument » était défini, dans le lexique français, par un champ sémantique plus étroit :
Élargir, ainsi que le fait la loi de Neuchâtel, le sens du mot monument, dépasse bien le cadre que se sont assignés les législateurs en protégeant les manifestations artistiques ou les souvenirs historiques […]. Vouloir sous ce titre si simple comprendre tant de choses serait aussi dangereux et illogique que de comprendre les grandes réformes législatives dans une loi des finances.43
22Le débat soulevé par Gustave-F. Dollfuss en 1909 était donc loin de se limiter à des tâtonnements linguistiques. Les remarques de Fernand Cros-Mayrevieille à propos de l’usage du terme « monument » relèvent d’une part des décalages entre les deux pays dans les conceptions du naturel et du culturel. Il nous semble, d’autre part, que l’on peut déduire des écarts constatés dans l’interprétation du terme « monument » les filtres à travers lesquels les premiers défenseurs de la nature ont organisé leurs représentations. De manière significative, l’expression « monument naturel », consacrée par la loi de 1906, sera fréquemment délaissée par les juristes français au profit de « paysages » ou de « sites »44. Le choix d’un vocabulaire issu du registre pictural n’est pas anodin. La définition officielle de ces termes signale effectivement qu’en France le regard des premiers défenseurs de l’environnement fut très fortement modelé par la sensibilité picturale. Ainsi, le site est « une portion de paysage d’un aspect particulièrement intéressant » et le « paysage est une partie de territoire dont les divers éléments forment un ensemble pittoresque ou esthétique, par la disposition des lignes, formes et des couleurs »45. C’est une vision du paysage-spectacle, coulisse de verdure qui émane des premières mesures de protection de la nature. On en tiendra pour preuve la définition que Jean Ransac donne encore du site en 1943 dans la thèse qu’il consacre à la réglementation de l’environnement : « Un site serait ce qui, dans un paysage, peut faire l’objet d’un tableau46 ». C’est aux qualités visuelles de leur milieu que les premiers défenseurs de la nature sont sensibles et l’on comprend mieux alors le flou qui enrobe la définition spatiale non seulement du monument naturel, nous l’avons vu, mais aussi du paysage. Le paysage semble en effet avant tout perçu à travers le cadre du tableau (« disposition des lignes, des formes et des couleurs »), si bien que l’on se demande comment délimiter sur le terrain cette « portion de territoire » que la définition du paysage évoque si vaguement. Il nous semble qu’il faut s’en remettre à la distinction opérée par augustin Berque entre paysage et milieu pour comprendre la prégnance du terme « paysage » au détriment de celui de « monument naturel » : ne peut-on expliquer ainsi la spécificité du regard des premiers défenseurs de l’environnement en France, sensibles avant tout aux qualités visuelles de leur environnement ?
Le paysage ne traduit en effet pas tout le milieu. C’est le milieu à une certaine échelle, avec un certain recul, et connotant de surcroît la nature. Ainsi, l’objet de notre regard n’est pas forcément un paysage : cela peut être une chose quelconque, une scène quelconque. En outre, le milieu comporte un grand nombre de relations qui n’ont pas grand-chose à faire avec la vue, ni même avec les sens en général. On ne peut néanmoins jamais les en abstraire totalement. Au demeurant le paysage, comme le milieu, est une entité relative : si indirectement que ce soit, il reflète toujours la nature du sujet regardant, lequel est individuel ou collectif.47
Conclusion
23Nous avons tenté à travers cette analyse d’aborder, autrement qu’en termes « d’identité », le rapport particulier qu’une société entretient à son milieu. Il est effectivement difficile de traiter de questions aussi peu circonscrites que celles du paysage, de thèmes aussi affectifs que celui de la perception de la nature, lorsque l’on se situe résolument dans un cadre national. Pour contourner le problème, nous avons choisi de restreindre l’optique : nous nous sommes concentré sur l’émergence de l’idée de nature comme ressource à préserver dans le cadre des premiers mouvements de protection de la nature en France et en Allemagne. Plus particulièrement, c’est l’usage des mots et leur circulation qui a servi de support à la comparaison. Nous avons, à travers le transfert du terme de Naturdenkmal en France, essayé d’éclairer les contrastes entre les représentations qui ont sous-tendu les premières réglementations dans les deux pays. Si le terme de Naturdenkmal révèle une perception organique de l’environnement, le malaise suscité par son équivalent français, « monument naturel », a au contraire mis en valeur la prédominance des critères esthétiques et visuels dans la définition d’espaces avant tout perçus comme des paysages. Il s’agit d’une première étape dans une étude qui ne saurait être complète sans une sociologie comparée des acteurs qui composèrent les premiers mouvements de protection de l’environnement.
Notes de bas de page
1 Marcel Roncayolo, « les strates de la ville. Pratiques sociales et paysages », Lectures de villes. Formes et temps, Marcel Roncayolo éd., Marseille, éditions parenthèses, 2002, p. 181-190, ici p. 181.
2 Tel est notamment l’objet du travail récent de François Walter qui tente, en analysant la manière dont la question du paysage fut formulée en Europe entre le XVIe et le XXe siècle « d’approcher le processus social par lequel des communautés culturelles se construisent en se démarquant les unes des autres ». Voir François Walter, Les figures paysagères de la nation. Territoire et paysage en Europe (XVIe-XXe siècle), Paris, éditions de l’EHESS, 2004, p. 13.
3 André Chastel, « la notion de patrimoine », Les lieux de mémoire, 2. La nation, Pierre Nora éd., Paris, Gallimard, 1986, p. 405-450, ici, p. 405. Sur la notion de patrimoine et son infléchissement au cours des deux siècles précédents, voir aussi notamment : François Furet éd., Patrimoine, temps, espace. Patrimoine en place, patrimoine déplacé, Paris, Fayard/éditions du patrimoine (actes des entretiens du patrimoine ; 2), 1997 ; Jacques le Goff éd., Patrimoine et passions identitaires, Paris, Fayard/éditions du patrimoine (actes des entretiens du patrimoine ; 3), 1998 ; Dominique poulot, Musée, nation, patrimoine (1789-1815), Paris, Gallimard, 1997.
4 André Chastel, « la notion de patrimoine », article cité, 1986, p. 411.
5 Voir notamment Marie-Louise von Plessen éd., Marianne und Germania 1789-1889. Frankreich und Deutschland. Zwei Welten – Eine Revue. Eine Ausstellung der Berliner Festspiele GmbH, Berlin, Argon, 1997 ; Charlotte Tacke, Denkmal im sozialen Raum, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1995 (en particulier l’introduction) ; Winfried Speitkamp, Die Verwaltung der Geschichte. Denkmalpflege und Staat in Deutschland, 1871-1933, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1996, p. 82 et suiv.
6 Voir W. Speitkamp, 1996, ouvr. cité, p. 324 ainsi que W. Speitkamp, « Eigentum, Heimatschutz und Denkmalpflege in Deutschland seit dem ausgehenden 19. Jahrhundert », Eigentum im internationalen Vergleich (18.-20. Jahrhundert), Hannes Siegrist et David Sugarman éd., Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1999, p. 209-224, notamment p. 216.
7 « En parlant du paysage, on ne peut éviter de revenir à l’identité », souligne François Walter dans l’exposition de sa démarche, tout en notant d’ailleurs qu’il s’agit d’un « terme vide s’il en est » (F. Walter, Les figures paysagères de la nation, ouvr. cité, 2004, p. 13). Il nous semble dangereux d’aborder le terrain déjà mouvant du paysage par un chemin aussi mal balisé. On risque alors de déplier les différentes représentations du paysage que l’on tentera d’identifier selon les pays. Si l’on souhaite aborder le « processus social par lequel des communautés culturelles se démarquent les unes des autres » (ibid.), il nous semble nécessaire de restreindre l’optique et de fonder l’analyse sur un socle très concret : l’étude sociale comparée des acteurs qui animèrent les premiers groupes de défense du milieu naturel ainsi que les échanges ou les débats suscités par cette question du « paysage » sur la scène nationale et internationale. La circulation des catégories à partir desquelles furent formulées les premières législations de préservation du milieu naturel en France et en Allemagne nous semblait un moyen d’amorcer l’étude sous cet angle.
8 Voir à ce sujet Yves Luginbühl, « Nature, paysage, environnement, obscurs objets du désir de totalité », Du milieu à l’environnement : pratiques et représentations du rapport homme-nature depuis la Renaissance, Marie-Claire Robic éd., Paris, Economica, 1992, p. 27-50.
9 Société pour la protection des paysages de France, Premier Congrès international pour la protection des paysages, Paris, Société pour la protection des paysages de France, 1910, p. 12.
10 Voir notamment Fernand Cros-Mayrevieille, De la protection des monuments historiques ou artistiques des sites et des paysages (évolution historique, restrictions à la propriété privée foncière), thèse de doctorat, Paris, L. Larose et L. Tenin, 1907, p. 33.
11 « L’un des buts poursuivis par la Société pour la protection des paysages de France a été l’organisation de la sauvegarde des sites et monuments naturels par des lois et règlements » (Société pour la protection des paysages de France, Premier Congrès…, ouvr. cité, 1910, p. 20).
12 « Un député des Ardennes, M. Hubert, demande qu’à l’exemple de la loi sur les monuments historiques, une loi vienne protéger les sites et les paysages », (F. Cros-Mayrevieille, De la protection…, ouvr. cité, 1907, p. 80).
13 Notamment grâce à l’engagement du président Charles Beauquier qui fut aussi l’un des principaux promoteurs de cette loi. Voir l’ouvrage de la Société pour la protection des paysages de France, Premier Congrès…, ouvr. cité, 1910, p. 20-23.
14 Le texte de loi est reproduit dans l’ouvrage de la Société pour la protection des paysages de France, ouvr. cité, p. 21-22.
15 Ernst Rudorff (1840-1916), après des études de piano et de composition au conservatoire de Leipzig, se destina à une carrière musicale. Après avoir été directeur de la Société de musique du conservatoire de Cologne, il enseigna le piano à l’école royale de musique de Berlin. Il publia en outre de nombreux essais consacrés au paysage et à la nature dans lesquels il posa les premiers jalons d’une théorie de la protection de l’environnement. Voir Andreas Knaut, Zurück zur Natur ! Die Wurzeln der Ökologiebewegung, thèse de doctorat, Bonn, Arbeitsgemeinschaft Berulicher und Ehrenamtlicher Naturschutz (ABN), 1993, p. 27-40.
16 A. Knaut, Zurück zur Natur ! ouvr. cité, 1992, p. 28.
17 Ernst Rudorff, Der Schutz der landschaftlichen Natur und der geschichtlichen Denkmäler Deutschlands, Berlin, Allgemeiner Deutscher Verlag, 1892.
18 A. Knaut, Zurück zur Natur ! ouvr. cité, 1992, p. 29.
19 Ernst Rudorff cité dans l’ouvrage de Walter Schoenichen, Naturschutz, Heimatschutz. Ihre Begründung durch Ernst Rudorff, Hugo Conwentz und ihre Vorläufer, Stuttgart, Wissenschaftliche Verlagsgesellschaft, 1954, p. 150 (nous traduisons).
20 Hugo Conwentz, Die Gefährdung der Naturdenkmäler und Vorschläge zu ihrer Erhaltung, Berlin, Gebrüder Borntraeger, 1904.
21 À propos du processus d’institutionnalisation de la protection de la nature, on se reportera à l’ouvrage d’A. Knaut, Zurück zur Natur ! ouvr. cité, 1992, p. 241-271.
22 Société pour la protection des paysages de France, Premier congrès…, ouvr. cité, 1910, p. 21.
23 Voir notamment Karl Heyer, Denkmalpflege und Heimatschutz im deutschen Recht, Berlin, Carl Heymanns Verlag, 1912, p. 5-7 et p. 10-18.
24 Voir à ce propos la première partie intitulée « paysage des lumières » dans Composer le paysage. Constructions et crises de l’espace (1789-1992), Odile Marcel éd., Seyssel, Champ Vallon, 1989, p. 35-184.
25 Voir l’ouvrage de la Société pour la protection des paysages de France, Premier Congrès…, ouvr. cité, 1910, p. 28-29.
26 Hugo Conwentz (1855-1922), qui avait suivi les enseignements de botanique de Johann Goeppert, commença par réaliser en 1890 un inventaire des arbres remarquables des forêts prussiennes consignés en 1900 dans le registre botanique et forestier de Prusse (Forstbotanisches Merkbuch Preußen) avant de rédiger ses théories consacrées aux Naturdenkmäler en 1904. Étant donné son engagement dans le mouvement de protection de la nature, la direction de la Staatliche Stelle für Naturdenkmalpflege in Preußen (Office public de protection des monuments naturels de Prusse) lui fut confiée à sa création en 1906. Voir W. Schoenichen, Naturschutz, Heimatschutz, ouvr. cité, 1954, p. 158-231.
27 Voir Friedemann Schmoll, Erinnerung an die Natur. Die Geschichte des Naturschutzes im deutschen Kaiserreich, Francfort-sur-le-Main/New York, Campus Verlag, 2004, p. 123.
28 Société pour la protection des paysages de France, Premier Congrès…, ouvr. cité, 1910, p. 36.
29 Gustave-F. Dollfus (1850-1931), géologue, collaborateur de la Carte géologique de France, voir l’ouvrage de la Société pour la protection des paysages de France, ouvr. cité, 1910, p. 36.
30 Société pour la protection des paysages de France, ouvr. cité, 1910, p. 36.
31 H. Conwentz, Die Gefährdung der Naturdenkmäler und Vorschläge zu ihre Erhaltung, Berlin, Gebrüder Borntraeger, 1911, p. 186-187 (nous traduisons).
32 Ibid., p. 3 : Hugo Conwentz emploie le terme d’« environnement local », örtliche Umgebung.
33 Société pour la protection des paysages de France, ouvr. cité, 1910, p. 28-29.
34 Hugo Conwentz, « Beiträge zur Naturdenkmalpflege », Bericht über die I. Konferenz für Naturdenkmalpflege in Preußen, am 5. Dezember 1908, Berlin, Gebrüder Borntraeger, 1909, p. 160.
35 Nous renvoyons ici au concept forgé par Pierre Nora : Étienne François a montré qu’il constituait un instrument d’analyse que l’on pouvait appliquer à d’autres configurations que les configurations françaises. Voir Étienne François et Hagen Schulz éd., Deutsche Erinnerungsorte, Munich, Beck, 2001, 3 volumes.
36 Alexander von Humboldt, Vom Orinoko zum Amazonas, Reise in die Äquinoktial-Gegenden des neuen Kontinents, 3e édition, Wiesbaden, Brockhaus, 1959, p. 177-178.
37 F. Schmoll, Erinnerung an die Natur, ouvr. cité, 2004, p. 128-129.
38 Faut-il rappeler que la notion de Heimat qu’Ernst Rudorff chargea d’un contenu affectif caractérisait à l’origine un statut juridique qui désignait la provenance d’un individu, le lieu où il était né : voir « Heimat », Deutsche Erinnerungsorte, t. Iii, e. François et H. Schulze éd., ouvr. cité, 2001, p. 361.
39 H. Conwentz, Die Gefährdung der Naturdenkmäler…, ouvr. cité, 1911, p. 31 : « der Kuckuck, dessen Ruf uns im Wald erfreut ».
40 Ibid. : « […] der auch in der Poesie des Volkes eine Rolle spielt ».
41 Ibid., p. 12 : « Ce qui menace les monuments naturels » (Gefährdung der Naturdenkmäler).
42 Charlotte Tacke a analysé comment la référence à l’antagonisme français était constitutive du « mythe national » qui habitait le monument de Hermann. Voir Charlotte Tacke, « Nationale Symbole in Deutschland und Frankreich », Geschichte und Vergleich. Ansätze und Ergebnisse international vergleichender Geschichtsschreibung, Heinz-Gerhard Haupt éd., Francfort-sur-le-Main, Campus Verlag, 1996, p. 131-154.
43 F. Cros-Mayrevieille, De la protection…, ouvr. cité, 1907, p. 108.
44 Voir notamment F. Cros-Mayrevieille, De la protection…, ouvr. cité, 1907, p. 43 : « pour plus de commodité, nous réserverons à l’avenir ce mot de monument pour ce qui est l’œuvre de l’homme ». Et le juriste Fernand Cros-Mayrevieille de préciser : « nous servant de l’expression sites et paysages pour désigner les monuments naturels ».
45 Société pour la protection des paysages de France, Premier Congrès…, ouvr. cité, 1910, p. 28.
46 Jean Ransac, La protection des sites et des monuments naturels, thèse de doctorat, Toulouse, F. Boisseau, 1943, p. 7.
47 Augustin Berque, Le sauvage et l’artifice. Les japonais devant la nature, Paris, Gallimard, 1986, p. 154.
Auteur
Chercheuse en histoire de l’architecture et de l’urbanisme affiliée au Centre marc Bloch de Berlin
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