Chapitre 9
La rédaction des œuvres posthumes de Guyau : le cas Bergson comme révélateur
p. 127-140
Texte intégral
1Cette contribution se propose de résumer les questions soulevées par la composition de La genèse de l’idée de temps – ce texte s’intègre dans la dialectique habitude-mémoire qui traverse le siècle – et de vérifier ensuite si les conclusions quant à la méthode de rédaction de cette œuvre peuvent être étendues aux deux autres livres posthumes de Guyau, L’art au point de vue sociologique et Éducation et hérédité.
2Le rapport entre la psychologie de la mémoire et l’idée du temps est au centre des débats philosophiques dans les décennies 1870-1880, entre la dissolution du positivisme et l’épanouissement du vitalisme spiritualiste. L’habitude et la mémoire constituent les deux pôles d’une succession ininterrompue de phénomènes mnémoniques, dont l’unité est à rechercher dans le rapport continu au temps. D’où l’étroite interconnexion entre mémoire, habitude et durée, d’où le lien entre la psychologie de la mémoire et la théorie du temps dans cet ensemble de réflexions que l’on désigne couramment sous le nom de spiritualisme français.
3Rejetant le sensualisme du xviiie siècle et privilégiant le concept d’habitude (Maine de Biran, Ravaisson), la réflexion spiritualiste du xixe débouche sur la théorie de la mémoire (Royer-Collard, Garnier1, Renan, Gratacap2, Bergson) et oppose ainsi le vitalisme au matérialisme. Celui-ci est le cadre dans lequel mûrira la crise du paradigme positiviste, c’est-à-dire du déterminisme scientifique et des théories physiologiques de la localisation cérébrale.
4Ravaisson fait de l’habitude un terme moyen mobile, et il fonde sur celle-ci la loi de continuité entre l’esprit et la matière. Selon Boutroux, par-delà l’habitude, les éléments mécaniques et quantitatifs, il y a l’élément qualitatif, la spontanéité, « le libre essor des volontés ». La contingence est donc l’intervention de la liberté tendant à modifier des habitudes. L’habitude serait donc le caractère propre au monde vivant auquel préside la nécessité sous la forme de loi dynamique, de changement radical, face au monde inorganique et à son « identité essentielle »3. De même l’intuition bergsonienne, loin d’être une contemplation passive, implique l’effort ; c’est pourquoi l’élan vital ne débouche pas sur l’évolution biologique et à la mémoire-habitude s’ajoute la mémoire-souvenir4.
5La variété du discours sur la mémoire saute aux yeux si l’on parcourt les fascicules de la Revue philosophique des vingt premières années : Ribot et Richet étudient la mémoire organique, le nerf qui continue à vibrer lorsque la stimulation a cessé ; Spencer examine la mémoire de l’espèce comme héritage de caractères acquis ; Tarde, la mémoire sociale comme répétition de pratiques qui sont le fondement de la vie sociale ; Delbœuf, Dugas, Bergson la considèrent comme la fonction psychique la plus importante et étudient le rapport entre la psychologie de la mémoire et la théorie de la connaissance. En effet, encore dans les années 1880, chez Taine et chez Guyau, qui identifiera la mémoire avec l’habitude et l’instinct, le discours sur la mémoire implique le domaine de l’analogie et de la métaphore plutôt que la véritable recherche expérimentale, comme ce sera le cas, à partir de la décennie suivante, pour les études sur la pathologie de la mémoire de Pierre Janet, publiées elles aussi dans la Revue philosophique. Il est donc tout à fait significatif que le « Résumé » bergsonien, en conclusion de Matière et mémoire, traite de l’habitude, de l’éducation à percevoir, en se rattachant à cette histoire du concept qui parcourt le siècle, se mélangeant en quelque sorte avec celle de la mémoire.
6La genèse de l’idée de temps de Guyau, ouvrage posthume, publié par Fouillée en 1890, avec ses accents bergsoniens, a été considéré par Bergson lui-même et par Jankélévitch comme une œuvre révisée par Fouillée. Mais après une analyse du texte, cette hypothèse est vraisemblablement à rejeter, le rôle de ce dernier semblant s’être limité simplement à celui d’éditeur. La Genèse réunit deux articles parus dans la Revue philosophique, respectivement en 1885 et en 1880 : « L’évolution de l’idée de temps dans la conscience » et « La mémoire et le phonographe », dans lesquels ont été insérés de nombreux ajouts. La question majeure portera sur l’auteur de ces derniers, car on remarque des échos de Bergson dans ce petit livre, publié un an après l’Essai sur les données immédiates de la conscience : on soupçonnera Fouillée d’en avoir écrit certains chapitres5. Dans le compte rendu paru en janvier 1891 dans la Revue philosophique, Bergson lui-même sembla nourrir le soupçon que les accents bergsoniens étaient dus à Fouillée, l’éditeur du texte, ce qui les rendait donc postérieurs à l’Essai de Bergson.
7En effet la conception du temps comme une « donnée de l’expérience immédiate » est commune à Guyau et à Bergson, d’où leur aversion pour la théorie de Kant qui fait du temps une forme a priori de la sensibilité, car il confondrait « la durée réelle avec son symbole spatial ». Si déjà, dans la séance du 28 décembre 1905 de la Société française de philosophie, René Berthelot rangeait Guyau, Bergson et Nietzsche sous l’étiquette « philosophie de la vie », à propos des deux premiers il remarquait que des « ressemblances apparaissent à première vue, il est impossible de ne pas en être frappé ; l’analogie se retrouve jusque dans certaines formules communes à tous deux ». En effet, dans la Genèse on repère « sous une forme plus compréhensive et plus confuse, la théorie de Bergson d’après laquelle il y a un temps psychologique, hétérogène et dynamique, différent du temps des mathématiciens » ; il en est de même lorsque Guyau parle du temps comme d’« une quatrième dimension de l’espace »6. La recherche des sources éviterait de parler de « frappantes analogies » comme le fera encore Jankélévitch en 1924 dans son article paru dans la Revue philosophique sur « Deux philosophes de la vie. Bergson, Guyau ». En effet, si l’on parcourt l’Essai de logique scientifique de Delbœuf paru à Liège en 1865, à la page 152 on lit, à propos de la distinction « entre l’idée ordinaire et l’idée scientifique du temps », que la durée « est une étendue, tracée dans l’espace et dont on parcourt de l’œil les différents points ; c’est, pour ainsi dire, une quatrième dimension de l’espace ».
8L’étude de Jankélévitch, qui découle des rapides affirmations de Berthelot, clôturera le débat car, lorsqu’on reviendra sur la question des échos de Bergson dans la Genèse, on se reportera à ses conclusions7. Guyau et Bergson partageaient donc un « sentiment d’insatisfaction » par rapport à l’évolutionnisme intellectualiste. Mais au-delà des « anticipations bergsoniennes », Jankélévitch saisit chez Guyau une « psychologie encore au fond beaucoup plus spencérienne », même s’il critique l’évolutionnisme associationniste de Spencer, de Bain et de James Sully, qui construisent l’idée d’espace avec celle de temps. Par contre, Guyau anticiperait « sur certaines analyses bien connues de l’Essai » : le refus du temps spatialisé.
9Les observations tirées des Illusions des sens et de l’esprit de James Sully qu’on repère dans la Genèse sont particulièrement nombreuses ; James Sully constitue donc une source majeure pour Guyau. Il faut ici souligner, à ce propos, que la traduction des Illusions, parue de manière anonyme chez Baillière en 1883, était en effet de Bergson, comme l’attestent trois curricula vitæ autographes et une notice dans le Bulletin mensuel de l’Académie de Clermont d’août 18878. On a remarqué certes que « ce n’est pas du tout sur le plan conceptuel pur que Sully a pu exercer une influence […] ; mais c’est la richesse et la variété des faits psychologiques qui ont pu intéresser Bergson », d’où une conclusion d’envergure : « toute la problématique de Bergson dans l’Essai et dans Matière et mémoire est celle de la psychologie de son temps, dont l’auteur anglais est un représentant d’autant plus objectif qu’il n’est pas très original, et qu’il ne soutient aucune thèse »9.
10Guyau est très bergsonien quand il prend « nettement position contre le substantialisme psychologique qui, pour élever à l’absolu la réalité mentale, lui confère une unité, une simplicité artificielles » ; par contre, il s’en éloigne lorsqu’il admet « une multiplicité essentielle à la conscience et aurait volontiers souscrit à la théorie, soutenue par Taine, Janet et Ribot, du polyzoïsme psychique ». Le retournement de l’idée canonique de l’unicité de l’âme individuelle est effectué par des médecins-philosophes comme Théodule Ribot, Pierre Janet et Alfred Binet, dont les livres circulèrent partout dans les dernières décennies du xixe siècle. En partant de la cytologie cellulaire, ils soutenaient que, comme l’organisme est une colonie de cellules, nous sommes un archipel de mois, réunis par un moi hégémonique. En effet, ces médecins-philosophes se rattachent aux Principes généraux de psychologie physiologique de Hermann Lotze, qui venait de paraître chez Baillière en 1881, où on lit qu’« au lieu de l’âme une, dont nous cherchions à composer les états, nous n’avons obtenu qu’un agrégat de beaucoup de petites âmes, dont chacune sympathise, d’une manière et dans une proportion qui lui sont propres, avec les excitations des autres »10. Fouillée souligne l’influence de Lotze sur la philosophie de la contingence, car ce courant « remonte jusqu’à Lotze par l’intermédiaire de M. Renouvier et de M. Boutroux », et il en retrouve une « analogie » jusque dans les Données immédiates11.
11Mais au-delà les analogies, il y a des divergences « graves et profondes ». Jankélévitch, marchant sur les traces de Bergson, dresse alors en quelque sorte contre Guyau le Fouillée de la Préface, « beaucoup plus bergsonien ». Certes, Guyau et Bergson partagent la même hostilité envers l’apriorisme kantien pour « les insuffisances d’un conceptualisme rigide qui érige des intuitions sensibles en cadres statiques et éternels », et Jankélévitch souligne que dans La morale d’Épicure de Guyau on repère « une définition du libre arbitre dont les termes rappellent étonnamment la célèbre théorie de Bergson ». « Trente-sept ans à l’avance, dans quelques pages prophétiques » de l’avant-propos, Guyau expose notamment « tous les principes essentiels de la méthode intuitive de Bergson », car il énoncerait « les mêmes idées que Bergson devait développer plus tard dans un article de la Revue de Métaphysique et de Morale intitulé l’Intuition philosophique »12. En réalité on avait déjà remarqué que la notion bergsonienne d’une durée pure « se situe à l’opposé de la thèse principale de la Genèse », car chez Guyau il n’y a pas une durée pure « totalement affranchie de la matérialité de l’extension et de l’utilité pratique »13.
12On a uniquement souligné que ce dernier texte de Guyau, bien loin d’être une œuvre accomplie, présente plutôt le caractère d’un chantier encore ouvert, ce qui peut nous amener à nous interroger sur les deux autres volumes posthumes, eux aussi édités par Fouillée. En décomposant La genèse de l’idée de temps, on peut donc disposer dans un tableau synoptique l’ouvrage posthume de 1890 et les deux articles parus dans la Revue philosophique, respectivement en 1885 et en 1880 : « L’évolution de l’idée de temps dans la conscience » et « La mémoire et le phonographe » par rapport auxquels, au-delà des ajouts, le livre posthume ne présente aucun changement notable si ce n’est de menues variantes.
13Mais ce à quoi il faut prêter attention, ce sont les ajouts, en particulier deux très longs. Là où notamment Fouillée aurait dû « ajouter du sien », on peut constater qu’il s’agit de morceaux entiers tirés, dans un cas, en particulier de « Le sommeil et le rêve » de Delbœuf, paru dans la Revue philosophique, dans l’autre cas, des Illusions de James Sully. Des passages ne sont pas mis entre guillemets, comme si Fouillée avait juxtaposé les unes aux autres une multitude de fiches : il s’agirait en l’occurrence d’un simple assemblage de citations.
14Comment expliquer alors ce « proto-bergsonisme » dans les « quelques pages prophétiques », selon l’expression de Jankélévitch, au sujet de l’Avant-propos de Guyau à La morale d’Épicure, publiée en 1878 ? Ou encore, comment expliquer ces formules de La genèse de l’idée de temps de Guyau reprises « textuellement » par Bergson ? En effet, l’ensemble des ajouts est en large partie tiré de la Revue philosophique ou des œuvres d’auteurs inscrits à l’école de l’évolution. Par conséquent, les analogies surprenantes entre La genèse de l’idée de temps et l’Essai sur les données immédiates sont dues à une utilisation commune de la part de Guyau et de Bergson des argumentations déjà publiées par des auteurs contemporains facilement repérables ainsi qu’à des lectures partagées.
15Mais il faut à présent tout reprendre depuis le début, c’est-à-dire repartir de la lettre que Myriam Foncin, géographe et conservateur à la Bibliothèque nationale, fille du géographe Pierre Foncin, écrivait en 1960 à Ilse Walther-Dulk au sujet du legs de Guyau :
malheureusement je crains que tous les papiers de la famille le concernant soient à jamais perdus. En effet, madame Fouillée, sa mère, dont le mari Alfred Fouillée était un ami de jeunesse de notre père, nous a légué […] sa villa de Menton, mais elle avait naturellement institué sa belle-fille Madame Guyau sa légataire universelle. Celle-ci a conservé tous les souvenirs de la famille. Malheureusement […] elle a peu à peu perdu la raison. Lorsqu’on a dû l’amener dans une maison de santé on a trouvé l’appartement qu’elle habitait seule et où aucun de ses amis ne pouvait pénétrer à peu près vide. Qu’avait-elle fait des papiers de la famille ? Les avait-elle détruits, remis à un tiers ? Je l’ignore.14
16On n’a donc ni l’inventaire de sa bibliothèque ni sa correspondance, sauf les lettres adressées à Ernest Havet, conservées à la Bibliothèque nationale de France. Personne n’a tenté de rédiger une liste des interlocuteurs de Guyau et de Fouillée, ce qui pourrait alimenter l’espoir de quelque trouvaille. En outre, on ne dispose pas encore, vraisemblablement, d’une bibliographie exhaustive de Guyau, de sa production philosophique pas plus que de ses textes pédagogiques, publiés soit sous son nom, soit sous le pseudonyme de Théophile Redon. Cela devrait nous conduire à nous interroger sur la question du statut des œuvres posthumes. On vient de montrer à propos de La genèse de l’idée du temps qu’il s’agit, pour le dire très sommairement, d’un simple assemblage de citations. Mais quelle est la vraie nature de L’art au point de vue sociologique ? À une lecture rapide, on est toujours frappé par de nombreuses pages, en particulier dans la deuxième partie sur « Les applications », où de longs fragments de Lamartine, de Vigny, de Musset, et tout particulièrement d’Hugo, sont introduits ou suivis de quelques lignes de commentaires et d’observations puisés entre autres dans une littérature secondaire, alors des plus courantes, comme le Dix-neuvième siècle. Études littéraires, paru chez Boivin en 1887, d’Émile Faguet, largement utilisé des pages 302 à 306. Nous avons la nette impression qu’il s’agit de pages qui étaient bien loin d’avoir acquis leur forme définitive et qui étaient plutôt une première version destinée à des réélaborations successives – même si, selon Lévy-Bruhl, Dauriac, dans L’Année philosophique, semble s’accorder « plus aisément avec Guyau critique littéraire qu’avec Guyau moraliste et sociologue ». Quant au caractère en quelque sorte factice d’Éducation et hérédité, il apparaît tout de suite évident lorsqu’on lit les deux appendices sur « Les modifications artificielles du caractère dans le somnambulisme provoqué » et « Stoïcisme et christianisme ». Mais comment passer de suggestions de lecture au démontage des textes ? C’est là qu’avoir à notre disposition une bibliographie complète et la reconstruction hypothétique de sa bibliothèque pourrait être d’un grand secours. Mais essayons de démonter les textes. Certes, L’art au point de vue sociologique, en particulier la première partie intitulée « Les principes », est un travail apparemment largement accompli, mais en l’examinant attentivement, on pourrait avoir quelque surprise. De toutes façons, les listes suivantes sont simplement indicatives et n’ont aucune prétention à être complètes ; j’adopte la pagination de la première édition (1889) :
- dans la note 1, p. 5, le passage qui va de « D’après le docteur Hammond » à « sentait l’iris » reproduit littéralement De la suggestion mentale de Julian Ochorowicz, Paris, O. Doin, 1887, p. 187 ;
- p. 9, la phrase : « Il y a longtemps que Haller constatait que le son du tambour exagérait l’écoulement du sang d’une veine ouverte » est extraite de Charles Féré, Sensation et mouvement : études expérimentales de psycho-mécanique, Paris, Alcan, 1887, p. 56 ;
- p. 9, le passage qui va de « Sur cent vingt aveugles » à « le faire enfermer » reproduit l’article de Gustave Le Bon « La question des criminels », paru dans le fascicule de janvier-juin 1881 de la Revue philosophique, p. 529-530 ;
- pour la page 34 et la note 2, on peut se reporter à l’Hérédité. Étude psychologique de Théodule Ribot, Paris, G. Ballière, 1873, p. 132 : « une conséquence incontestable de l’hérédité », et p. 204 : « quoiqu’elle soit forcément et constamment troublée, l’hérédité, si l’on embrasse tous les phénomènes qui marquent chez les individus une tendance à obéir à la loi mathématique, finit “par réaliser dans l’ensemble de chaque espèce le résultat qu’elle ne peut réaliser chez les individus isolés” » ;
- p. 34-35, la phrase « les Italiotes… des deux côtes ? » reproduit littéralement La critique scientifique d’Émile Hannequin, Paris, Perrin, 1888, p. 118 ;
- p. 35, le fragment de « les théories de Descartes » à « idéaliste du Poussin » est emprunté à l’Essai de psychologie contemporaine de Paul Bourget, Paris, Lemerre, 1883, p. 201 ;
- p. 36, le passage depuis « Les hommes, en passant », jusqu’à « inventé les armes » est tiré de La critique scientifique d’Hannequin, p. 109 ;
- p. 37, depuis « ce qu’a d’inexact » jusqu’« à ces conditions », ainsi que, p. 39, de « mais cette vérité » à « des choses et des gens » sont également deux passages puisés dans La critique scientifique d’Hennequin, respectivement p. 153 et 134 ;
- p. 157, de « déterminisme intellectuel et moral » à « “facteur personnel” » est emprunté à La psychologie allemande contemporaine : école expérimentale de Théodule Ribot, Paris, Ballière, 1879, p. 289-290.
17On peut encore remarquer les très longues citations des pages 114 à 116, ou les quasi-paraphrases, parmi d’autres, de l’Histoire de la philosophie de Fouillée (Paris, Delagrave, 1879) à la page 77, ou celles de la Lettre d’Ymbert Galloix et de L’homme criminel de Lombroso aux pages 452-454.
18En réalité tout cela est trop rapide, les indices trop peu nombreux, tout au moins en ce qui concerne la première partie, pour affirmer qu’on se trouve face à un état du texte encore provisoire. Mais ces remarques sont largement suffisantes pour entreprendre une déconstruction du texte, une recherche ponctuelle des sources. Cette approche méthodologique prendra une tout autre dimension à l’analyse d’Éducation et hérédité (Paris, Alcan, 1889) :
- p. 2, le passage allant de « Pendant le sommeil » à « produire la diplopie » est tiré de Hack Tuke, Le corps et l’esprit, Paris, Baillière, 1886,
- p. 305, et les fragments de « Cela tient » à « d’hypnotisme local », de « Le gardien du » à « pas encore », de « En 1862, je fus » à « avait administré » sont aussi tirés du même texte, respectivement p. 9, 10-11 et 4-6 ;
- p. 4, le fragment de « Rien de plus curieux » à « de résolution » est emprunté à Le somnambulisme provoqué : études physiologiques et psychologiquesd’Henri-Étienne Beaunis, Paris, Baillière, 1886, p. 189-190 ;
- p. 6-7, le passage depuis « On peut faire perdre » jusqu’à « les plus altruistes » est tiré de l’Esquisse, p. 124-125 ;
- p. 12, « il donne le signalement à un commissaire de police ; il se déclare prêt à témoigner en justice et à prêter serment » est tiré De la suggestion dans l’état hypnotique et dans l’état de veille d’Hippolyte Bernheim, Paris, Doin, 1884, p. 100. De celui-ci, p. 21, est tiré aussi le fragment suivant d’Éducation et hérédité, p. 18 : « Vous mettrez la cuiller dans votre poche, vous ne pourrez pas faire autrement. À son réveil, il vit la cuiller, hésita un instant, puis dit : “Ma foi, tant pis !” et la mit dans sa poche » ;
- dans la note 1, p. 27, le passage qui va « de toutes les fautes » à « et de légèreté » reproduit littéralement un passage extrait De l’éducation intellectuelle, morale et physique d’Herbert Spencer, Paris, Alcan, 1921, p. 221-222 ;
- p. 34, le passage « cette propriété de s’habituer que possède toute matière vivante et toute espèce, et qui est le fondement même de l’éducabilité » est tiré de La matière brute et la matière vivante : étude sur l’origine de la vie et de la mort de Joseph Delbœuf, Paris, Alcan, 1887, p. 174 ;
- p. 37-38, les fragments de « naît du besoin » à « dans ces répétitions » et de « tous les actes de la vie » à « rites religieux » sont tirés de L’irréligion de l’avenir, p. 91-92 ;
- p. 39, le passage allant de « D’autre fois » à « le pouvoir d’impulsion » est puisé dans l’Esquisse, p. 119 ;
- p. 42, la phrase « cela la met dans une grande colère et elle dit qu’elle ne lui pardonnera jamais » est extraite de l’article de Léonard Blanchi et Guelfo von Sommer, « Sur la polarisation psychique », Revue philosophique, février 1887, p. 144 ;
- p. 52-53, les fragments de « Le devoir est la conscience » à « mille manières » et de « À ce point de vue » à « se répendre » sont puisés dans l’Esquisse, p. 106-107 ;
- p. 57-58, note 1, le passage qui va de « nul besoin » à « passer dans l’action » reproduit l’Esquisse, p. 108 ;
- p. 60, de « plaisirs élevés, qui prennent » à « que les plaisirs inférieurs » est tiré de l’Esquisse, p. 110‑111 ;
- p. 71, de « les îles Falkland » à « y boire » est puisé dans Charles Darwin, De la variation des animaux et des plantes sous l’action de la domestication, Paris, C. Reinwald, 1868, t. I, p. 23 ;
- p. 73-74, de « Les instincts guerriers » à « conquérants barbares », dans l’Hérédité de Ribot, p. 462‑463 ;
- p. 73-74, note 2, de « Ce qui a toujours » à « avec lui à Manille », ibid., p. 464-465 ;
- p. 74, de « le climat, l’air, la configuration du sol » à « contracter des habitudes », ibid., p. 482-483 ;
- p. 75, de « que les facultés qui se trouvent » à « varient de l’un à l’autre », ibid., p. 484-485 ;
- p. 75-76, de « Chez l’homme quelques exemples » à « vers son minimum », ibid., p. 485-486 ;
- p. 89, de « L’Allemagne pratique » à la « vie de famille », extrait de Quelques mots sur l’instruction publique en France de Michel Bréal, Paris, Hachette, 1872, p. 289 ;
- p. 92-93, de « une partie de la surveillance » à « pour y parvenir », dans Jules Simon, Réforme de l’enseignement secondaire, Paris, Hachette, 1874, p. 250-251 ;
- p. 93-94, note 1, de « Ainsi, quand le » à « pour la marquer ? », ibid., p. 154 et suiv. ;
- p. 94, de « Les science de faits » à « l’avis de Locke », ibid., p. 150 ;
- p. 103, de « La durée maxima » à « donnent nos lycées », dans Auguste Burdeau, « La réforme des lycées et l’enseignement libre. L’école Monge », La Nouvelle Revue, t. 32, 1885, p. 753 ;
- p. 107-108, de « l’exercice spontané » à « n’arriverait sans cela », ainsi que de « est encore inférieure » à « essentiels à leur bien-être », dans Herbert Spencer, L’éducation : intellectuelle, morale et physique, Paris, Belin, 1887, p. 212-213 ;
- p. 109, les passages de « M. Dupanloup rapporte » à « de la sorte ! », de « Les choses sont pourtant » à « la conversation interrompue » et de « La gymnastique au lycée » à « ce n’est pas cher » sont empruntés à Pierre de Coubertin, L’éducation en Angleterre : collèges et universités, Paris, Hachette, 1888, respectivement p. 291, 295 et 293-294 ;
- p. 131, de « il s’en prendra » à « donné le premier assaut », ibid., p. 307-308 ;
- p. 133, de « la propagation et l’enseignement » à « sans doute de plus en plus », emprunté à L’irréligion de l’avenir, p. 353-354 ;
- p. 136-137, de « L’intervention de l’État peut seule » à « soit mis en question », extrait de la Théorie de l’éducation d’après les principes de Herbartpar Édouard Roehrich, Paris, C. Delagrave, 1884, p. 17‑24 ;
- p. 137-138, de « Un élève léger taquine » à « une fluxion de poitrine », du Manuel de pédagogie psychologique par Jean Chaumeil, Paris, Belin et fils, 1886, p. 428-432 ;
- p. 144-145, de « Quels sont, parmi les travailleurs » à « il deviendrait le plus nécessaire » et de « Si on trouve légitime » à « un bon exemple à suivre », extraits de La propriété sociale et la démocratie par Alfred Fouillée, Paris, Hachette, 1884, respectivement p. 144-145 et 204-205 ;
- p. 164-165, note 1, extraite d’Ernest Lavisse, Questions d’enseignement national, Paris, Armand Colin, 1885, p. 31-34 ;
- p. 175, de « Le discours, quand » à « que fournit l’histoire », tiré de Ernest Bersot, Questions d’enseignement, Paris, Hachette, 1880, p. 75-76 ;
- p. 188, de « à côté de ces élèves » à « dans notre pays », extrait de E. Lavisse, Questions d’enseignement national, ouvr. cité, p. xii-xiii ;
- p. 190-191, de « une limite sévère pour la marine » à « comme des hommes », tiré de La réforme de l’enseignement secondaire par Jules Simon, Paris, Hachette, 1874, p. 35-36.
19On doit aussi remarquer les citations et les quasi-paraphrases, parmi d’autres :
- p. 28, de L’homme et l’intelligence : fragments de physiologie et de psychologie, par Charles Richet, Paris, Félix Alcan, 1884, p. 10 ;
- p. 40, de La vie et l’âme par Émile Ferrière, Paris, Alcan, 1888, p. 395 ;
- p. 46, de La liberté et le déterminisme par Alfred Fouillée, Paris, Alcan, 1884, p. 1, p. 13-14 ;
- p. 54-55, de Le crime et la folie par Henry Maudsley, Paris, Baillère, 1874, p. 24 ;
- p. 83-84, de « L’internat dans l’éducation » par Henri Sainte-Claire Deville, La Revue scientifique, 2 septembre 1871 ;
- p. 84, de La réforme intellectuelle et morale par Ernest Renan, Paris, Michel Lévy frères, 1875, p. 327‑329 ;
- p. 88, de La crise religieuse par Matthew Arnold, Paris, Baillière, 1876 ;
- p. 95-97, De l’éducation intellectuelle, morale et physique par Herbert Spencer, Paris, Baillère, 1880, p. 222-229 (les passages sont traduits par Guyau lui-même, d’après l’édition anglaise de 1861) ;
- p. 98-101, de « L’Éducation, discours prononcé à la séance d’ouverture de la Réunion » par Jules Simon, La Réforme sociale, janvier-juin 1887, p. 678-683 ;
- p. 101-102, du « Discours à l’Académie de médecine » par Michel Peter, Bulletin de l’Académie nationale de médecine, t. XVII, 1887, p. 551-554, 673-691 et 695-708 ;
- p. 120, de « La simultanéité des actes psychiques » par Frédéric Paulhan, Revue scientifique, 28 mai 1887 ;
- p. 139 et suiv., 156, 159 et suiv., de L’école de Yasnaïa Poliana de Léon Tolstoï, Paris, Albert Savine, 1888, p. 283-284, 220 et suiv. ;
- p. 163 et suiv., 185-186, des Questions d’enseignement national d’Ernest Lavisse, Paris, Armand Colin, 1885, p. 29 et suiv., 213, 215-216 ;
- p. 155-156, de Félix Ravaisson, « Art », Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire, F. Buisson dir., Paris, Hachette, 1882-1893, t. I, partie 1, p. 122-123.
20La définition de Baudelaire vu comme « un véritable détraqué, celui-là » (p. 114) est puisée dans Théophile Gautier. Souvenirs intimes d’Ernest Feydeau (Paris, Plon, 1874, p. 156 : « Ayant le cerveau détraqué, il avait naturellement horreur du bon sens… »). Dans le cas d’Éducation et hérédité, son caractère factice n’est peut-être pas une simple hypothèse, mais le travail reste à faire. Et les pensées de Fouillée et Guyau s’alimentent certes réciproquement.
21C’est pourquoi on ne peut pas lire les œuvres posthumes de Guyau comme on lit un livre édité par son auteur. En vérité, la fascination exercée par les pages de l’Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction peut bien sûr être attribuée à une maturité heureuse et précoce, mais la lourdeur de certains passages des trois derniers textes pourrait bien indiquer aussi qu’il s’agit d’une première rédaction, de notes de lecture jetées sur un cahier, de feuilles rangées dans un classeur, que l’auteur aurait reprises, complétées ou écartées. On ne veut en aucun cas accuser Fouillée d’avoir trahi le travail de son ami, poussé par le désir de lui dresser un cénotaphe philosophique imposant. Non, nous avons voulu tout simplement aborder la lecture de ces trois textes en nous entourant d’un certain nombre de précautions que, jusqu’à présent, personne n’avait songé à prendre, ce qui nous a conduit à tenter une lecture philologique ici particulièrement difficile du fait que rien ne subsiste, ni lettres, ni notes, ni aucune autre éventuelle rédaction.
22Ce que nous avons fait est uniquement du bricolage intellectuel, une recherche toujours susceptible de nouvelles découvertes, car les sources, les témoignages de lectures anciennes, peuvent resurgir à chaque page et seule la sensibilité du lecteur ou chercheur, l’empathie qu’il établit avec son auteur permettent de démonter les textes, d’établir toujours de nouveaux registres de lecture. Il s’agit d’un éloge de l’incomplétude, d’un travail en mouvement, capable de se soustraire à la tentation de conclure.
23En vérité, le rejet d’une histoire de la philosophie comme éclaircissement progressif, de claritate in claritatem, car les idées ne sont pas générées par d’autres idées, implique la tentative de reconstruire toute une mentalité intellectuelle, avec ses outillages conceptuels. D’où l’attention aux glissements sémantiques, à l’utilisation des métaphores. Délaissant nos exercices dogmatiques indigents, nous devons alors nous appliquer à une histoire philologique de la philosophie, d’où la nécessité de décomposer, de rétablir les textes, ces données phénoménales, empiriques, constituant un élément de vérification de la dimension spéculative. C’est ainsi que pour étudier, par exemple, l’éthique ou la philosophie de l’histoire, on ne pourra pas se limiter aux livres canoniques de la tradition philosophique, mais qu’il faudra aussi lire Balzac, Flaubert et Guerre et Paix. La relation philologie-biographie nous empêchera donc de tomber dans l’anachronisme consistant à projeter rétrospectivement, sur l’objet d’étude, notre contemporanéité. Le résultat sera un historicisme terrestre, mondain.
Notes de bas de page
1 Adolphe Garnier (1801-1864) depuis la fin de l’année 1838 avait remplacé Jouffroy à la chaire de la faculté des lettres. Voir la lettre de Renan à Garnier du 11 février 1846 et, le même jour, celle à l’abbé Billion : Ernest Renan, Œuvres complètes, t. X, Correspondance 1845-1892, Paris, Calmann-Lévy, 1961, p. 37-41 passim.
2 Les informations biographiques sur Antoine Gratacap sont très fragmentaires : originaire du Lot, en 1866, alors âgé de trente-cinq ans, il enseigne au lycée impérial de Nîmes. Quelques années plus tard, le « Rapport de M. Pérennès », pour la Rentrée solennelle des facultés et de l’école préparatoire de médecine et de pharmacie de Besançon – 16 novembre 1869 (Besançon, Roblot, 1869, p. 12), à l’occasion de la nomination de Gratacap à la chaire de philosophie de cette université, parle d’« importants travaux » et évoque une longue pratique de l’enseignement, « douze années passées comme professeur de logique ou de philosophie dans les lycées de Rodez, d’Alger, de Nantes et de Nîmes », la thèse de doctorat à la Sorbonne, « un savant mémoire lu à l’Académie des sciences morales et politiques » et enfin cet Essai sur l’induction publié l’année précédente. Il est fait ensuite brièvement mention du cours de morale qui « commencera par développer les principes de la partie spéculative de cette science […] puisés dans un certain nombre de notions psychologiques », pour passer ensuite « à l’exposition et à la critique des principaux systèmes de la morale », et enfin aux applications de la morale pratique : « les différents devoirs de l’homme envers lui-même, envers ses semblables et envers Dieu ». À propos de la Théorie de la mémoire (Montpellier, Boehm & fils, 1866), Ravaisson (Rapport sur la philosophie en France au xixe siècle, Paris, Fayard, 1984, p. 218 et suiv.) disait que la mémoire et l’association des idées sont à rattacher à l’habitude, et rangeait son auteur aux côtés de Reid et de Royer-Collard : « l’association ne s’explique que par les opérations du sujet qui connaît », car de fait « plus a été une la perception », plus indissoluble est l’association et intense le souvenir. Deux années plus tard, toujours Pérennès, dans son Rapport lu le 27 novembre 1871, faisait vaguement allusion à un « accident lamentable » qui aurait éloigné définitivement Gratacap de l’enseignement. Les archives départementales du Doubs conservent un petit dossier : y figurent notamment l’état des services et une lettre de Mme Gratacap au recteur, datée du 19 décembre 1870, dans laquelle elle évoque, sans plus de précision, les problèmes de santé de son mari qui va mieux, « mais malheureusement le moral est toujours à peu près le même ». Un congé d’inactivité a été accordé à Antoine Gratacap par arrêté ministériel du 24 mars 1870 pour aliénation mentale, avant qu’il ne soit interné dans une maison de santé à Dôle ; le registre du personnel académique indique qu’il est décédé à la fin de 1871.
3 Émile Boutroux, De la contingence des lois de nature, 3e édition, Paris, Alcan, 1898, p. 95.
4 Dans Les deux sources, Bergson adoptera l’habitude pour expliquer l’obligation morale, qui n’est pas, comme chez Kant, une exigence de la raison, mais un ensemble d’habitus qui garantissent la solidarité sociale.
5 Voir Renzo Ragghianti, « Décomposer un texte : La genèse de l’idée de temps de Guyau », dans Jean-Marie Guyau, La mémoire et l’idée de temps, édition critique de La genèse de l’idée de temps par R. Ragghianti, avec une introduction par Alfred Fouillée, Paris, L’Harmattan, 2011, p. 5-32. Sur les influences réciproques entre Fouillée et Guyau, Elisabeth Ganne de Beaucoudrey (La psychologie et la métaphysique des idées-forces chez Alfred Fouillée, Paris, Vrin, 1936, p. 81, 529 et 531) soutient que « les deux philosophes auraient été eux-mêmes embarrassés de préciser la proportion de leur influence l’un sur l’autre » : effectivement « Guyau adopte la théorie des idées-forces et la rattache au principe de sa philosophie : la vie et l’expansion de la vie ». Cependant « la pensée de Guyau est originale, personnelle, et, au reste, le point de départ des deux philosophes reste différent. L’un part de la notion de vie qui lui paraît plus primitive que celle de tendance, de force, de puissance. […] Et Fouillée remarque que ce primat de la vie ne se trouve ni dans La Liberté et le Déterminisme, ni dans la Critique des systèmes de morales contemporains ; que ce n’est donc pas chez lui que Guyau l’a prise ».
6 René Berthelot et al., « De l’idée de vie chez Guyau. Séance du 28 décembre 1905 », Bulletin de la Société française de philosophie, t. VI, 1906, p. 75 et suiv. Dans Évolutionnisme et platonisme, Paris, Alcan, 1908, p. 305, René Berthelot, en soulignant que « la pensée de Bergson est assurément plus arrêtée, plus nettement dégagée de la psychophysiologie contemporaine, plus résolument orientée dans un sens romantique et biranien », réaffirme que « les analogies entre les deux ouvrages n’en sont pas moins intéressantes, car elles nous montrent le même courant d’idées traversant, vers la même époque, les esprits de deux penseurs également originaux ».
7 Vladimir Jankélévitch, « Deux philosophes de la vie. Bergson, Guyau », Revue philosophique de la France et de l’étranger, t. XCVII, 1924, p. 402-449.
8 Voir Henri Bergson, Mélanges, Paris, PUF, 1972, p. 312.
9 Jean-Louis Vieillard-Baron dir., Bergson. La durée et la nature, Paris, PUF, 2004, p. 28 et suiv.
10 Hermann Lotze, Principes généraux de psychologie physiologique, Paris, Baillière, 1881, p. 10. Voir Remo Bodei, Destini personali. L’età della colonizzazione delle coscienze, Milan, Feltrinelli, 2002, p. 53-56.
11 Dominique Parodi, La philosophie contemporaine en France. Essai de classification des doctrines, 2e édition, Paris, Alcan, 1920, p. i, ii et 345. Alfred Fouillée, Le socialisme et la sociologie réformiste, 4e édition, Paris, Alcan, 1930, p. vi et xxii-xxiii. Sur Fouillée, voir Alfred Fouillée : au carrefour de la philosophie et de la sociologie, no 55 de Corpus, 2007.
12 V. Jankélévitch, « Deux philosophies de la vie. Bergson, Guyau », art. cité, p. 432-440 passim.
13 Annamaria Contini, Jean-Marie Guyau. Esthétique et philosophie de la vie, Paris, L’Harmattan, 2001, p. 210 et 204. L’originalité de Guyau est à rechercher dans le fait d’« avoir abordé le problème sous un angle structural et dynamique, anticipant ainsi le cognitivisme moderne, en particulier les recherches du courant temporaliste en psychologie ; [d’]avoir montré que la notion de temps possède une nature qui n’est ni idéale ni factuelle, mais bien relationnelle, à la faveur d’une théorie génétique complexe qui semble préfigurer certaines tendances actuelles de l’analyse sociologique, comme celles qui se sont exprimées dans l’œuvre de Norbert Elias » (ibid., p. 205 et suiv.).
14 Ilse Walther-Dulk, Materialien zur Philosophie und Ästhetik Jean-Marie Guyaus, Hambourg, Brigantine, 1965, p. 137.
Auteur
Professeur à l’École normale supérieure de Pise (Italie).
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