Chapitre 3
Diversité des parcours pendant la période nazie
p. 87-118
Texte intégral
1En 1933, les hommes et femmes retenus pour cette étude avaient entre 28 et 58 ans – avec un âge médian de 41 ans. Dans la force de l’âge, ils s’apprêtaient à vivre des années essentielles pour leur carrière politique. Les douze années de dictature vinrent bouleverser leur existence et brouiller leurs repères. Cette confusion explique que certains députés examinés aient pris des décisions inattendues et que le cours de leur existence ait bifurqué de façon imprévisible. Les anciens membres du Reichstag connurent-ils un destin spécifique sous le joug nazi ?
2Les députés étudiés ont livré peu de témoignages sur cette période. Les notices biographiques des annuaires du Bundestag donnent peu d’informations sur leur situation entre 1933 et 1945. Sur les 402 députés de la première législature, 15 % ne font pas mention de leurs activités à cette période et évoquent tout au plus leur service militaire pendant la guerre, présentant ainsi les années de dictature comme privées1.
3La période 1933-1945 se révèle en outre particulièrement opaque et sujette aux déformations rétrospectives. En effet, les événements de ces années ont laissé peu de traces en archives. Et dans le contexte de la dénazification, certains tendirent à inventer ou à exacerber des faits de résistance ou des persécutions2. Un flou hagiographique a, du reste, longtemps entouré le vécu des parlementaires de Weimar pendant la domination nazie. Le livre du résistant et journaliste social-démocrate Walter Hammer est longtemps demeuré un des seuls ouvrages à aborder le sujet. Dédié à Paul Löbe, Hohes Haus in Henkers Hand [La Chambre haute aux mains du bourreau]3 constitue davantage un hommage aux députés résistants ou persécutés qu’une étude historique. Depuis, des travaux ont exploré les biographies de parlementaires pendant la période nazie. M.d.R., dirigé par Martin Schumacher4, rassemble des données très précises, qui alimentent pour partie ce chapitre.
4La longue durée de la dictature et la complexité des itinéraires empêchent toute caractérisation simpliste de ces personnalités, qui firent plusieurs expériences successives. Une même personne a pu dans un premier temps s’accommoder du régime, puis faire l’objet de persécutions ou entrer en résistance. Il s’agit ici, non pas de présenter un tableau exhaustif de cet épisode de la vie des députés examinés, mais de suggérer, par effet de contraste, l’étendue du spectre de leurs expériences vécues. Au sein d’un même parti, les parcours divergent. Les persécutions qui frappèrent les élus de gauche varient grandement d’une personne à l’autre. Quelles conséquences eurent l’instauration du régime nazi puis la Seconde Guerre mondiale sur la trajectoire des parlementaires étudiés ?
1933-1939 : expérience de la dictature nazie
Terreur et mise au pas
Éradication de l’opposition
5Durant les semaines et mois suivant la nomination d’Hitler à la chancellerie, le pouvoir nazi écrasa toute opposition et « mit au pas » (gleichschalten) toutes les institutions démocratiques : partis, associations et syndicats. Ce processus de destruction n’épargna pas les trente-quatre personnalités étudiées. En tant que démocrates affichés, les anciens membres du Reichstag firent l’objet de poursuites particulières. Les persécutions recouvrirent des formes très différentes. Elles allaient des simples fouilles ou de la convocation journalière au commissariat à l’emprisonnement, en passant par l’interdiction de travailler. Les libéraux Marie-Elisabeth Lüders ou Theodor Heuss n’eurent ainsi plus le droit d’écrire, d’être publiés ou de prononcer un discours en public5.
6L’arrestation était l’instrument répressif le plus utilisé. La part des membres du Reichstag arrêtés au moins une fois entre 1933 et 1945 est estimée à un tiers6. Cette proportion se révèle encore plus importante dans le groupe étudié. En effet, dix-huit des parlementaires examinés (53 %) furent arrêtés au moins une fois7. Si l’on dénombre deux vagues d’arrestations principales, 1933-1934 et 1944, la plupart le furent au cours des premiers mois de la dictature8. Présentées comme « préventives », ces arrestations arbitraires visaient à briser l’opposition et à mettre fin au pluralisme politique. Elles touchèrent en premier lieu les élus de gauche, mais aussi les membres du Zentrum, comme Paul Gibbert, ou les libéraux comme Karl Hepp.
7La base légale de ces arrestations était l’ordonnance de l’incendie du Reichstag du 28 février 1933. Marie Ansorge (SPD) fut ainsi emprisonnée dès mars 19339. Autre arme de l’arsenal juridique permettant d’éliminer les opposants potentiels, le chef d’accusation de « perfidie » facilitait les arrestations arbitraires. La loi « contre les attaques perfides de l’État et du parti et de protection des uniformes du parti » (Gesetz gegen heimtückische Angriffe auf Staat und Partei und zum Schutz der Parteiuniformen) du 20 décembre 1934 punissait en effet d’emprisonnement tout signe de subversion contre le régime. Suspectée d’avoir enfreint cette loi, Marie-Elisabeth Lüders (DDP/DStP) fut détenue pendant trois mois à l’été 1937 à la prison de Moabit et à la préfecture de police de l’Alexanderplatz. Lors d’une fouille, des poèmes satiriques et des notes critiques du régime avaient été retrouvés chez elle. Lüders fut finalement innocentée pour n’avoir pas divulgué ces écrits séditieux10. Un autre grief fréquent était l’accusation de haute trahison. C’est pour ce motif que furent emprisonnés le social-démocrate Hermann Brill ainsi que les communistes Hugo Paul et Wilhelm Agatz11. Le KPD fut le parti le plus persécuté par les nazis12.
8Les lieux d’incarcération et la durée d’enfermement varient d’un parlementaire à l’autre. Plusieurs députés étudiés passèrent par la centrale de la Gestapo de la Prinz-Albrecht-Straße (Berlin) ou de l’Alexanderplatz13. L’emprisonnement exposait ces détenus à des sévices et tortures et pouvait se prolonger pendant plusieurs mois, voire plusieurs années.
9Dix députés étudiés (29 %) furent internés en camps de concentration14. Leurs lieux de détention reflètent la diversité de l’univers concentrationnaire. La dureté des conditions de vie et des travaux forcés comme le taux de mortalité différaient en effet d’un camp à l’autre15. Certains parlementaires passèrent la quasi-totalité de la période nazie dans le système concentrationnaire. Kurt Schumacher fut ainsi interné dans quatre camps différents entre 1933 et 194316. Les deux premiers par lesquels il passa entre 1933 et 1935, Heuberg et Kuhberg, étaient des structures provisoires, dont la fermeture entraîna le transfèrement des prisonniers. L’ancienne caserne de Heuberg rassemblait surtout des prisonniers politiques, dont des représentants éminents de partis17. Après un passage par Kuhberg, Schumacher fut transféré en juillet 1935 à Dachau avec six cents autres détenus18. Au début de la guerre, tous les prisonniers de Dachau furent évacués pour laisser la place à l’entraînement des soldats. Comme les 980 autres prisonniers, Schumacher fut conduit le 26 septembre 1939 à Flossenbürg19. Les conditions qui régnaient dans ce camp organisé autour d’une carrière de granit étaient pires qu’à Dachau : l’hiver y était plus rude, la nourriture plus rare et les humiliations, infligées par les prisonniers de droit commun qui dominaient le camp, plus fréquentes. Les détenus furent reconduits à Dachau le 3 mars 194020.
10Autre exemple de prisonnier permanent des camps de concentration, le social-démocrate Fritz Henßler, qui demeura à Sachsenhausen, près de Berlin entre 1937 et 1945. Ce « camp modèle » fondé à l’été 1936 regroupait de nombreux prisonniers politiques. Contrairement aux premiers camps par lesquels transita Kurt Schumacher, Sachsenhausen avait été construit dès le départ comme une structure durable. Arrivé en 1937, Fritz Henßler prit certainement part aux travaux de construction du camp, exécutés sans machines ni protections, sous les brimades de la SS21. Les communistes Wilhelm Agatz et Hugo Paul furent aussi incarcérés à Sachsenhausen. Le premier y fut emprisonné entre 1938 et 1939, après avoir purgé une peine de trois ans pour haute trahison dans la prison de Luckau (Brandebourg). Le second fut détenu à Sachsenhausen entre 1936 et 1939 après un séjour de trente mois en prison et un passage par le camp d’Esterwegen (Basse-Saxe)22. À Sachsenhausen, Agatz comme Paul durent affronter la hiérarchie du camp dominée par des prisonniers de droit commun et non par des communistes23.
11Dans tous les camps nommés précédemment, les prisonniers politiques étaient mieux traités que les prisonniers juifs. Les anciens membres du Reichstag n’en constituèrent pas moins une cible de la violence SS. Kurt Schumacher, qui avait provoqué la colère des nazis par sa déclaration au Reichstag, selon laquelle « le national-socialisme [était] un appel permanent au salaud en l’homme »24, fut malmené au camp de Heuberg, où il demeura entre juillet et décembre 193325. Pourchassé par les gardiens dans la cour de la caserne, cet ancien combattant devait effectuer des travaux pénibles de son seul bras valide26. Avec ténacité, il tint bon face à ce harcèlement. Après son arrivée à Dachau en juillet 1935, il obtint, au terme d’une grève de la faim de vingt-huit jours, d’être considéré comme invalide27. Il fut ensuite affecté à la bibliothèque du camp, qu’il transforma en un centre de la résistance sociale-démocrate à Dachau28.
12Fritz Henßler subit également des persécutions visant à le briser physiquement. À Sachsenhausen, cet homme de 51 ans dut plusieurs jours durant passer des heures à déplacer des sacs de sable29. Paul Löbe fit quant à lui l’objet de vexations. Son entrée au camp de Dürrgoy, près de Breslau, en août 1933 fournit l’occasion d’une sinistre cérémonie d’accueil : les prisonniers communistes furent forcés de former une haie d’honneur et de donner un concert de pipeaux. Malgré cette mise en scène humiliante, Paul Löbe et les prisonniers présents restèrent dignes. Comme d’autres détenus prestigieux, l’ancien président du Reichstag fut chargé à Dürrgoy des plus basses corvées et affecté au « commando des latrines »30. Entre 1933 et 1939, et parfois au-delà, privation de liberté, mauvais traitements et humiliations quotidiennes rythmèrent donc la vie des députés arrêtés lors de la mise au pas de la vie politique allemande.
Neutralisation de l’État et de la société civile
13Pour la plupart des parlementaires étudiés, la période nazie se résume à une expérience de la perte. Entre 1933 et 1945, un grand nombre d’entre eux vécut dans le dénuement et connut le déclassement. Tous, à l’exception d’Oskar Farny, furent démis de leurs fonctions politiques en 1933. Six durent en outre abandonner leur poste de fonctionnaire conformément au paragraphe 4 de la loi sur le rétablissement de la fonction publique (Gesetz zur Wiederherstellung des Berufsbeamtentums) du 7 avril 1933, qui prévoyait le licenciement des opposants au nazisme. Helene Weber perdit ainsi en octobre 1933 son poste au ministère prussien des Cultes31. Après l’accession d’Hitler au pouvoir, elle avait observé un changement progressif au ministère. Plusieurs de ses collaborateurs s’étaient révélés tour à tour membres de la SS, de la SA ou de la Gestapo, instillant un climat de suspicion32.
14Deux syndicalistes du groupe étudié se virent aussi limogés. Le 2 mai 1933, toutes les organisations syndicales furent forcées de fusionner au sein du Front allemand du travail (Deutsche Arbeitsfront). Loin de constituer un syndicat unitaire, cette organisation de masse rassemblant représentants des salariés et du patronat visait à mobiliser les forces vives de la nation au service du futur effort de guerre33. Dans ce cadre, Hugo Karpf (BVP) dut abandonner son poste dans l’Association des travailleurs chrétiens de l’industrie de l’habillement, et Friedrich Nowack (SPD) le secrétariat général de l’Association des ouvriers d’usine34.
15À la suite de ces licenciements, nombre d’entre eux connurent une période de chômage prolongée et se virent refuser le versement d’allocations35. Le régime nazi, dont la propagande accordait une place déterminante à l’apologie du travail, se servit en effet du travail comme d’un « instrument d’exclusion et d’oppression »36. Les interdictions de travailler réduisirent ainsi plusieurs parlementaires étudiés à l’inactivité. Les métiers qu’ils exercèrent pendant ces années noires les ramenaient bien souvent à la situation dans laquelle ils avaient commencé leur carrière, voire à un échelon inférieur de la hiérarchie sociale. Marie Ansorge redevint, pendant six mois, ouvrière dans une usine textile en Basse-Silésie, métier avec lequel elle avait entamé son parcours professionnel. Heinrich Krone perçut son dernier salaire en décembre 1933 et gagna ensuite sa vie comme colporteur en café et en huile37.
16Ce déclin social s’accompagna d’un repli sur la sphère privée. Celles et ceux qui ne purent quitter l’Allemagne furent en effet contraints de mener une vie en sourdine. Afin d’échapper aux persécutions, la grande majorité des parlementaires étudiés se retira de la vie publique à partir de mars 1933. Cette retraite se traduisit dans certains cas par un départ de la grande ville vers des contrées moins contrôlées par la Gestapo. Fritz Baade (SPD) vécut pendant les premiers mois de la dictature avec sa famille sur l’île de Kiehnwerder dans le Brandebourg et y exerça sa profession initiale d’agriculteur38. Loin d’être idyllique, la sphère privée sur laquelle se rabattirent ces personnalités se caractérisait par l’isolement et le déchirement. La dictature et la guerre dispersèrent en effet familles et cercles amicaux. Reinhold Maier vécut séparé de sa femme juive, Gerta Goldschmidt, et de leurs enfants pendant sept ans. Ceux-ci s’installèrent à Londres en 193839. L’époux choisit de rester à Stuttgart, où il exerça la profession d’avocat entre 1933 et 1944. Son biographe explique cette décision par le poids des habitudes et l’attachement de Maier à son Wurtemberg natal40.
17Aussi douloureuse fût-elle, l’expérience du déclassement que vécurent la plupart de ces trente-quatre personnalités les rapprochait du peuple. Après 1945, ils mirent en avant les métiers exercés pendant la période nazie. Hugo Karpf indique dans ses mémoires que son travail dans l’industrie textile lui valut le respect de ses compagnons de route, ce qui « [l’]aida beaucoup après la guerre, au recommencement de [son] travail politique »41. Contraints de se retirer de la vie publique, les parlementaires examinés furent privés par la dictature de plusieurs années de carrière politique. Ils étaient conscients de ce gâchis. Dans l’immédiat après-guerre, lors de sa nomination à la mairie de Berlin, Louise Schroeder déclara : « Je devrais être plus jeune de douze ans »42. Les tourments causés par la mise en place du régime nazi poussèrent ces parlementaires à opérer des choix de vie et à déterminer leur position à l’égard de la dictature. Trois chemins, aux déclinaisons infinies, s’offraient à eux : l’exil, l’adaptation ou la résistance.
Réactions à la dictature
Partir en exil
18Depuis les années 1980, la recherche porte un intérêt accru aux exilés politiques43. Le discours et la production littéraire des émigrés allemands, intellectuels, artistes et politiques ont suscité de nombreux travaux44. L’écrivain communiste Alfred Kantorowicz, qui a retracé le parcours d’émigrés allemands, insiste sur la perpétuelle transformation qu’impliquait l’exil, changement de lieu, mais aussi changement d’état d’esprit et de convictions politiques45.
19L’expérience de l’exil concerne quatre des députés considérés, tous sociaux-démocrates : Fritz Baade, Heinrich Ritzel, Ernst Roth et Friedrich Wilhelm Wagner. Les conditions de leur départ et leurs trajectoires diffèrent. Heinrich Ritzel perdit son poste de haut fonctionnaire de la ville de Gießen en mars 1933. Arrêté en avril 1933 à Wiesbaden, il réussit à s’évader deux mois plus tard et à se réfugier avec sa famille en Sarre, puis en France en janvier 1935. Il s’établit enfin à Bâle en juin de la même année46.
20Comme Ritzel, Friedrich Wilhelm Wagner quitta l’Allemagne après s’être échappé de prison, un jour après son arrestation, le 11 mars 193347. Il rejoignit la France en passant par la Suisse48. Ernst Roth partit pour la Sarre, où il s’installa en juin 1933, avant de gagner Strasbourg en février 193449. Cet expatrié fut un des piliers de la résistance allemande en France, pays qui accueillit le plus d’exilés allemands de gauche. Quelque 3 000 sociaux-démocrates et 5 500 communistes y vécurent en effet entre 1933 et 193950. Enfin, Fritz Baade émigra en décembre 1934 en Turquie avec sa femme Edith et leurs enfants. Il répondit positivement à une invitation du ministre turc de l’Économie et y demeura jusqu’en décembre 194551. Social-démocrate marié à une femme juive, il chercha à protéger son épouse et leurs enfants des persécutions nazies. À partir de 1933, la Turquie accueillit plusieurs intellectuels allemands, qui prirent part à l’entreprise de modernisation portée par Kemal Atatürk, comme l’architecte Bruno Taut. Fritz Baade parvint ensuite à faire venir Ernst Reuter, futur maire de Berlin-Ouest, en Turquie52.
21Lourd de conséquences, le départ pour l’étranger était fréquemment suivi pour les opposants au nazisme de la déchéance de leur nationalité, qui rendait tout déplacement difficile et tout retour en Allemagne impossible. Heinrich Ritzel, Ernst Roth, Friedrich Wilhelm Wagner et leurs familles respectives perdirent ainsi leur nationalité entre décembre 1936 et avril 193953. Ils faisaient partie des quelque 39 000 Allemands privés de leur nationalité entre 1933 et 194554.
22Ces parlementaires ont légué peu d’informations sur leurs activités en exil. Cette discrétion s’explique sans doute par l’hostilité de l’opinion, dans l’après-guerre, contre les émigrants, considérés comme des traîtres. La situation de Fritz Baade est la mieux documentée. Cet agriculteur et agronome de formation occupa la fonction de conseiller au ministère turc de l’Économie entre 1938 et 1939. Il fut ensuite nommé conseiller en chef au ministère de l’Agriculture dans le domaine de la politique agraire et de la politique étrangère. À ce poste, ses efforts portèrent sur « la standardisation des principaux produits d’export turcs : fruits secs, œufs, céréales et coton »55. Baade veilla à ne pas être considéré comme un émigrant politique afin de garder des liens avec l’Allemagne pour des raisons personnelles. Il envoyait de l’argent à Helene Leroi, une femme juive avec qui il avait entretenu une relation et eu deux filles. Ses contacts avec l’ambassade d’Allemagne en Turquie éveillèrent la suspicion d’Ernst Reuter, qui l’accusait de collaborer avec le régime nazi56.
23À l’exception de Fritz Baade, les députés étudiés qui émigrèrent jouèrent très tôt un rôle dans la résistance hors d’Allemagne. Ernst Roth fut actif dans divers réseaux allemands de résistance en France. Il publia un Service d’informations portant sur l’actualité en Allemagne et fit partie du groupe Neu Beginnen (Nouveau Départ), auquel participa Hermann Brill57.
24Heinrich Ritzel, qui séjourna d’abord en Sarre, obtint un poste à la Commission de gouvernement de la Société des Nations. À ce poste, l’ancien député dirigea la police politique sarroise, qu’il qualifiait d’« antigestapo »58. Comme d’autres réfugiés allemands employés par la SDN en Sarre, il fut diffamé par la propagande nazie. Après le rattachement de la Sarre à l’Allemagne en 1935, il trouva refuge à Bâle. La Suisse, qui accueillit des milliers de réfugiés allemands, appliquait à leur encontre une législation très stricte et restreignait leur droit de travailler. Comme sa fortune avait été confisquée par le régime nazi, Ritzel peina à subvenir aux besoins de sa famille malgré la publication de livres et de piges. En parallèle, il entretint une correspondance nourrie avec d’autres figures de la résistance en exil, comme Thomas Mann ou l’ancien ministre-président de Prusse Otto Braun59. Dans une lettre de juin 1945, Ritzel présente sa période d’exil comme des années de souffrance, marquées par la mort de sa femme et de son fils aîné ainsi que par la calomnie nazie à son égard60.
25Friedrich Wilhelm Wagner fit partie d’associations d’émigrants allemands dans tous les pays où il s’établit. Installé en Sarre à partir de mars 1933, il se réfugia ensuite à Strasbourg, où il dirigea la section du SPD local et créa un cabinet d’avocat international spécialisé dans la défense des Allemands en exil61. En mai 1936, Wagner cosigna la déclaration de l’opposition allemande à l’occupation de la Rhénanie et à la politique belliciste d’Hitler. Il siégea en outre au comité directeur du Groupe des socialistes allemands réfugiés en France62, dirigé par Max Braun, qui souhaitait faire sécession avec la direction du SPD en exil, la SOPADE, jugée trop attentiste63. Friedrich Wilhelm Wagner et Ernst Roth participèrent tous deux au Comité du front populaire (Volksfrontausschuss) et au Cercle Lutetia. Wagner et Roth étaient présents lors de la conférence du 2 février 1936 à l’hôtel Lutetia à Paris, qui, dans la lignée du septième congrès du Komintern de 1935, prônait l’instauration d’un front uni entre sociaux-démocrates et communistes64. De 1937 à 1941, Wagner fut secrétaire général de l’Union centrale de l’émigration allemande (Zentralvereinigung der deutschen Emigration) à Paris.
26Ces trois acteurs sociaux-démocrates de la résistance en exil durent se prononcer sur la division qui régnait dans leur parti, entre membres restés en Allemagne et émigrés. Quel qu’ait été le pays d’accueil de ces parlementaires, ils se heurtèrent à la difficulté de rassembler les militants de gauche en exil65. Si Roth et Wagner s’engagèrent pour la constitution d’une union antifasciste entre SPD et KPD, Ritzel resta attaché au réformisme et se montra plus favorable à une alliance entre partis démocrates, réminiscence de la coalition de Weimar66.
S’accommoder du régime
27Pour une minorité de députés qui choisirent de s’adapter à l’ordre nouveau proclamé en 1933, la période nazie ne représenta pas une césure au même titre que pour les exilés, opposants ou persécutés. Une continuité relative de leurs activités s’observe au contraire.
28De 1930 à 1945, Oskar Farny siégea sans interruption au Reichstag, au conseil de surveillance de la banque populaire de Wangen et à la tête de la coopérative fondée par son père. Ce notable ne se compromit pas uniquement du point de vue politique en assistant aux réunions du Reichstag en tant qu’auditeur du groupe parlementaire NSDAP entre 1933 et 1945 et en touchant une indemnité parlementaire. Il bénéficia aussi d’avantages économiques, notamment en dirigeant le Bureau de l’industrie laitière entre 1936 et 194367. Le Reichstag nazi est donc le Parlement où Oskar Farny passa le plus de temps. On peut s’interroger sur les motivations de ce membre du Zentrum, parti républicain et porte-drapeau de la coalition de Weimar. Investi, puis élu en tant que notable et propriétaire d’une brasserie, Farny n’avait sans doute pas de convictions très prononcées. Son ralliement au groupe parlementaire nazi, très certainement opportuniste, lui permit de continuer à bénéficier des avantages liés à la fonction parlementaire.
29La carrière diplomatique d’Otto von Bismarck (DNVP) progressa de façon spectaculaire à partir de 1933. Il adhéra au NSDAP le 1er mai 193368, dernière date possible lors de la prise du pouvoir, puisque le parti cessa ensuite pendant plusieurs mois d’accepter de nouveaux membres69. Ce diplomate entrait ainsi dans la catégorie des « tombés de mars » (Märzgefallene), expression railleuse désignant les affiliations opportunistes au NSDAP pendant la mise en place de la dictature. L’intégration au parti nazi favorisa sa promotion au rang de conseiller d’ambassade la même année70. Bismarck semble avoir exécuté les tâches qui lui étaient confiées avec zèle. En 1934, il prit part à des activités d’espionnage en mettant en relation la centrale du ministère des Affaires étrangères avec un émigrant de l’ambassade de Londres, qui souhaitait livrer des informations sur le cercle des émigrés allemands pacifistes. Le ministère transmettait ensuite ce type d’informations à la Gestapo71.
30Bismarck joua aussi un rôle actif dans la diplomatie en temps de guerre. Après avoir dirigé le service politique de l’Auswärtiges Amt entre 1937 et 1940, il fut envoyé à l’ambassade de Rome jusqu’en août 1943. La date de son départ laisse supposer qu’il ne fut pas impliqué dans l’organisation de la déportation des Juifs de Rome, qui eut lieu en octobre 194372. L’ouvrage Das Amt und die Vergangenheit, consacré à la compromission du ministère des Affaires étrangères sous le nazisme, avance toutefois qu’il resta en poste jusqu’à la fin de la guerre73. En dépit de ses fonctions, Bismarck se montra critique du régime. Entre 1939 et 1944, il reçut plusieurs fois dans son domaine familial de Friedrichsruh le diplomate et résistant Ulrich von Hassell. Ancien ambassadeur de Rome, celui-ci avait été mis à pied en 1938 pour son opposition affichée à la politique européenne d’Hitler. Bismarck devint – peut-être à son insu – l’un de ses informateurs sur les relations germano-italiennes. Il semble toutefois que Hassell, qui participa à la préparation de l’attentat du 20 juillet 1944, n’ait pas mis Bismarck dans la confidence de la conspiration74.
31Marie-Elisabeth Lüders tenta de s’adapter au nouveau régime pendant les mois qui suivirent la prise du pouvoir. Jusqu’en 1934, cette dirigeante du mouvement des femmes se rendit en tant que militante pacifiste à des conférences internationales pour le désarmement à Genève, Marseille et Nice aux frais de l’Auswärtiges Amt nazi. Elle rendait compte de ses rencontres et de la perception de l’Allemagne à l’étranger dans des rapports adressés au ministère75. Dans le cadre du réarmement amorcé à partir de 1935, Lüders essaya de s’insérer dans l’appareil étatique nazi en faisant valoir son expérience, pendant la Première Guerre mondiale, de direction du Service national des femmes, qui encadrait le travail des femmes à l’arrière76. Elle publia en 1936 un ouvrage à ce sujet, Das unbekannte Heer [L’armée inconnue]77. Préfacé par le ministre de la Guerre Werner von Blomberg, ce livre affichait une conception organiciste du peuple et exaltait le sacrifice individuel au service de la patrie. Ce titre fut suivi un an plus tard par un ouvrage similaire, Volksdienst der Frau [Service populaire de la femme]78. Afin de gagner en notoriété, Lüders chercha même à faire inscrire ces livres dans les programmes scolaires79. Leur rédaction la conduisit à entreprendre des visites d’usine, qui la rendirent suspecte aux yeux du régime et lui valurent d’être accusée d’« espionnage industriel »80. Cette suspicion donna lieu à des fouilles à son domicile et à l’accusation de « perfidie », qui entraîna son emprisonnement.
32Autre cas ambigu, celui de Karl Hepp, dont le parcours entre 1933 et 1945 se révèle flou. Hepp fut arrêté et mis en détention provisoire en mars 193381. D’après ses déclarations dans les annuaires du Bundestag, il se serait ensuite retiré dans son domaine agricole près de Wiesbaden et aurait mis fin à toute activité politique. En réalité, il adhéra au NSDAP en mai 1937 et devint réserviste de la SA82. Un livre écrit par Adalbert Gimbel – nazi de la première heure et député au Reichstag entre 1933 et 194283 – et par un certain Karl Hepp, et édité en 1941 par la Société d’édition nationale-socialiste, So kämpften wir! [Voilà comme nous nous sommes battus !], indique néanmoins 1927 comme date de ralliement et le présente en outre comme détenteur de l’« insigne d’honneur doré du NSDAP »84, attribué aux membres méritants du parti. Soit il s’agit d’un homonyme, soit Hepp déforma la réalité dans ce livre pour se parer d’un attachement plus manifeste au nazisme et s’attirer les faveurs du régime. Cet ancien parlementaire était visiblement considéré comme un opposant, dans la mesure où une « fiche de surveillance » de l’Office central de sécurité du Reich (Reichssicherheitshauptamt) de 1937 décrit son comportement comme « non national-socialiste »85. L’état des sources ne permet pas de trancher. Après 1945, il parvint à masquer cette compromission.
33Les trajectoires des députés cités ici furent donc dans un premier temps peu affectées – ou au contraire favorisées – par le basculement dans la dictature. L’année 1933 marqua en revanche une rupture dans la carrière des autres parlementaires examinés.
Résister
34Il faut aborder l’engagement des députés étudiés dans la résistance avec prudence, dans la mesure où les témoignages ne correspondent pas toujours aux faits et où il est difficile de saisir les actes de résistance dans leur diversité. Suivant une définition large adoptée ici, ces actes recouvrent les actions visant à renverser l’État nazi, mais aussi les gestes de désobéissance civile ou de non-allégeance au régime86. L’attitude de Louise Schroeder, qui refusa toujours de présenter un « certificat d’aryanité » ou de faire le salut nazi87, entre donc dans cette catégorie.
35Si la plupart des Allemands soutinrent Hitler, plusieurs milieux étaient potentiellement hostiles au nazisme : bureaucratie ; aristocratie ; catholicisme politique ; monde ouvrier social-démocrate et communiste88. Les deux derniers facilitent la compréhension du comportement des parlementaires étudiés pendant la dictature.
36Les associations religieuses jouèrent un grand rôle en tant que prolongement et couverture de l’engagement politique. Après la dissolution du Zentrum et du BVP, certains représentants du catholicisme politique s’engagèrent dans ces structures dont l’existence était garantie par le Concordat, perpétuant ainsi leurs idées89. Helene Weber, qui présida l’Association du secours catholique pour les filles, les femmes et les enfants à Berlin, organisa des pèlerinages, moyen discret de maintenir les liens entre femmes de mêmes convictions politiques90.
37Également membre d’organisations catholiques, Heinrich Krone dirigea l’Association de défense contre l’antisémitisme entre avril et juin 1933. Entre 1933 et août 1936, il publia son propre bimensuel, Zeit im Querschnitt. Destinée à la communauté catholique, cette revue se mouvait à la limite de la dissidence. Elle présentait de façon factuelle la restriction des libertés fondamentales et le musellement de la vie politique91. La rubrique « religion et Église » rapportait les protestations de l’Église catholique contre le pouvoir nazi, les prêches de l’évêque Clemens von Galen notamment92. Krone cofonda en 1939 l’organisation caritative Caritas-Notwerk, qui aida les catholiques « non aryens » à quitter l’Allemagne93.
38Helene Weber comme Heinrich Krone étaient en contact avec les syndicalistes catholiques Bernhard Letterhaus et Jakob Kaiser, qui contribuèrent ensuite à l’organisation de l’attentat du 20 juillet 194494. Weber mettait son appartement à disposition pour des réunions entre dissidents et transmettait des messages95.
39Comme les adeptes du catholicisme politique, les sociaux-démocrates continuèrent d’entretenir des liens intermittents. Des rassemblements avaient lieu sous divers prétextes. À Berlin, les concerts de la chorale masculine Fichte-Georgina faisaient office de « congrès illégaux »96, rappelant l’époque des lois antisocialistes bismarckiennes, où les chœurs servaient de couverture au SPD97. Les enterrements, comme celui de l’ancienne députée Clara Bohm-Schuch en mai 1936, ou les promenades en forêt en petits groupes fournissaient aussi l’occasion de se retrouver98. La persistance de liens entre anciens camarades permettait de sortir de l’isolement et de conserver une forme d’activité politique. Ludwig Bergsträsser employait le terme d’« opposition passive » pour vanter les mérites de ces réseaux démocrates, qui à son sens facilitèrent la création des partis après 194599.
40Ces rencontres informelles pouvaient aussi donner lieu à des réseaux structurés. Fritz Henßler, président du conseil municipal de Dortmund, fut au cœur du réseau social-démocrate de la ville à la fin de l’année 1933100. Originellement réticent à la poursuite d’activités illégales, car il espérait que le régime nazi prendrait bientôt fin, Henßler changea d’avis après sa « détention préventive ». La bibliothèque tenue par sa femme Ella offrit en effet à partir du début de l’année 1934 un lieu de réunion aux opposants sociaux-démocrates. Le groupe entretenait des contacts avec des camarades exilés à Amsterdam et recevait la Sozialistische Aktion [Action socialiste], publication du comité directeur du SPD en exil101. Henßler approuvait le maintien d’une structure souterraine, mais refusa de coordonner des actions de résistance. Se sachant surveillé, il craignait que sa participation entraînât de nombreuses arrestations102.
41Hermann Brill fut à l’initiative en 1933 d’un groupe informel dissident, Befreiung der Arbeit (Libération du travail), qui devint ensuite le noyau dur de l’organisation Neu Beginnen (Nouveau départ)103. Cette dernière organisation, à laquelle participa également Ernst Roth entre 1935 et 1939104, comptait cinq cents membres en 1933105. Neu Beginnen s’opposait à la SOPADE, SPD en exil, dénoncée comme attentiste, et revendiquait une lutte active contre le régime nazi106. Hermann Brill joua un rôle d’informateur dans le réseau en l’alimentant en nouvelles issues de la presse étrangère et en y animant des débats sur la ligne du parti107.
42En décembre 1936, à la faveur du septième congrès du Komintern108, il créa avec Otto Brass le groupe Deutsche Volksfront (Front populaire allemand), qui se dota d’un programme en dix points. Ce programme anticipait la transition démocratique après la chute d’Hitler. Il formulait les revendications suivantes : rétablissement des libertés fondamentales, réconciliation avec la France et intégration pacifique dans la communauté des États européens, autogestion appliquée à la sphère politique et économique, socialisation de l’industrie et protection du droit des travailleurs. À en croire Brill, ce programme fut largement diffusé en Allemagne et en Europe, émis notamment par des radios illégales berlinoises et par Radio Barcelona. Otto Brass fit route jusqu’à Prague pour tenter de convaincre la direction de la SOPADE d’y adhérer. Hermann Brill gagna Bruxelles pour essayer d’obtenir la reconnaissance du programme par l’Internationale socialiste. En février 1938, il rédigea le mémorandum « Freiheit! » [Liberté !] qui commentait les dix points du programme. Cet écrit lui valut une condamnation à douze ans d’emprisonnement pour haute trahison109.
43Une partie du milieu libéral résista également à l’hégémonie nazie. Comme avant 1933, les parlementaires examinés eurent surtout recours à l’écriture comme moyen d’opposition. Dans les titres libéraux Die Hilfe ou Vossische Zeitung, Theodor Heuss et Hermann Höpker Aschoff produisirent, pendant les premières années de la dictature, des écrits dissidents, qui déjouaient la censure par « une langue assez énigmatique »110. Hermann Höpker Aschoff distilla une critique sous-jacente de la doctrine nationale-socialiste111. L’analyse des origines intellectuelles du fascisme italien lui permettait de dénoncer en creux l’idéologie nazie112.
44Le parcours de Marie-Elisabeth Lüders – citée plus haut parmi les collaborateurs et suivistes – est assez complexe pour qu’on s’y attarde. Dans ses mémoires, la parlementaire assure avoir caché des familles juives dans sa villa de Grünewald (Berlin) entre 1938 et 1943 et fait « libérer plusieurs Juifs du port de l’étoile jaune » grâce à ses relations avec Johannes Popitz, ministre prussien des Finances et membre du cercle de Carl Goerdeler113. Plusieurs témoignages joints par Lüders à sa demande de dédommagement comme victime du nazisme semblent attester qu’elle ait secouru ses connaissances et voisins juifs à partir de 1938 en les hébergeant chez elle ou en facilitant leur émigration114. L’ambivalence du parcours de cette politicienne pendant la période nazie peut être interprétée de la façon suivante : haute fonctionnaire et politique de carrière, elle voulut d’abord servir l’État et se maintenir au pouvoir, quel que fût le parti aux commandes. Dans un second temps, cette libérale qui avait côtoyé dès l’enfance l’intelligentsia juive de Berlin – la famille Mendelssohn notamment115 – rejeta l’antisémitisme nazi. Elle se révolta aussi contre le régime qui l’avait incarcérée en 1937. Ces motifs la conduisirent très probablement à s’opposer à la persécution des Juifs.
45Les deux élus communistes étudiés se livrèrent également à des activités illégales. Après l’accession d’Hitler au pouvoir, ils entrèrent dans la clandestinité. Dès février 1933, Hugo Paul devint instructeur pour le KPD à Düsseldorf et à Mönchengladbach. Wilhelm Agatz continua à diriger secrètement le syndicat communiste RGO. Tous deux furent arrêtés et emprisonnés, Hugo Paul en juin 1933 et Wilhelm Agatz en janvier 1934116. Leurs longues périodes d’emprisonnement les empêchèrent cependant de jouer un rôle déterminant dans la résistance communiste.
46Les itinéraires des parlementaires examinés révèlent qu’entre 1933 et 1939 l’opposition au nazisme revêtit diverses formes suivant l’appartenance partisane. Tandis que les libéraux combattirent généralement le nazisme « entre les lignes » dans les organes de presse qui subsistaient, les catholiques et sociaux-démocrates cherchèrent à maintenir en vie leurs structures de sociabilité. Si plusieurs élus étudiés entretinrent des relations avec des figures de la résistance, seule une minorité, principalement de gauche, passa à l’acte et mena des activités illégales. Ce petit nombre s’explique par le danger que comportait une telle entreprise.
47Les liens entre détracteurs du nazisme dépassaient aussi les frontières partisanes. Paul Löbe joua un rôle de médiateur entre partis républicains. Après le basculement dans la dictature, il continua à voir régulièrement Heinrich Krone du Zentrum et le libéral Ernst Lemmer117. Le maintien de ces contacts entre députés de différents partis pendant la dictature tend à démontrer la grande capacité d’intégration du Reichstag de Weimar118.
Expériences de guerre
48L’entrée en guerre en septembre 1939 bouleversa le quotidien des Allemands. Tout au long du conflit, la dictature étendit de plus en plus son emprise sur la population. Au fur et à mesure des conquêtes, la terreur nazie dépassa les frontières allemandes pour gagner toute l’Europe. Hans Schlange-Schöningen écrivait ainsi en avril 1942 :
En Allemagne et autour de l’Allemagne : prison, bagne, camp de concentration pour la moindre infraction ; on peut presque dire que l’exécution par balle et la pendaison sont devenus un phénomène normal accompagnant nos mornes jours.119
49Les conditions de vie des Allemands fluctuaient au rythme des annexions, puis des défaites. La répression s’intensifia dans tous les milieux où évoluèrent les députés étudiés : à l’étranger, au front et dans les camps.
La guerre des exilés : fuite, emprisonnement et résistance
50Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale ne laissa pas indemnes les Allemands réfugiés à l’étranger. Dans les pays qui avaient déclaré la guerre à l’Allemagne nazie, ils devinrent des suspects potentiellement à la solde de l’ennemi. Trois des parlementaires étudiés subirent ce climat de méfiance généralisée. Ernst Roth fut emprisonné provisoirement en France en 1939, dans les camps vosgiens de Mirecourt et Harchéchamp120. À sa libération, il gagna ensuite le Maroc avec la Légion étrangère, avant de s’établir dans le Vaucluse à partir de 1942121.
51En 1939, Fritz Baade perdit son emploi au ministère turc de l’Économie et travailla ensuite comme expert indépendant en Turquie entre 1939 et 1945. Après la rupture des relations diplomatiques entre la Turquie et l’Allemagne, il fut assigné à résidence en Anatolie centrale, entre août 1944 et décembre 1945122. Friedrich Wilhelm Wagner, qui résidait à Strasbourg, s’exposait, après la défaite de l’armée française, à une arrestation par la Gestapo. Il chercha à quitter le pays au plus vite. En 1941, il réussit à fuir à travers l’Espagne et le Portugal pour gagner les États-Unis123, pays qui accueillit le plus grand nombre d’exilés allemands.
52Après l’entrée en guerre, ces émigrés sociaux-démocrates redoublèrent leurs efforts pour contribuer à la chute d’Hitler et préparer sa succession. Ernst Roth, qui s’était réfugié dans le Vaucluse, devint membre de l’Armée secrète (AS), réseau de résistance d’envergure nationale, et rallia en mai 1944 les Francs-Tireurs et Partisans français, dont s’était rapprochée l’AS. Roth dirigea aussi le Comité d’action fondé fin 1944, puis le Groupe des socialistes allemands réfugiés en France à partir de février 1945124. Il fait partie des vingt-cinq Allemands recensés ayant combattu dans les Forces françaises de l’intérieur125. Roth est ainsi le seul parlementaire étudié à avoir participé à la résistance armée. Cet engagement impliquait une prise de risque considérable. Au printemps 1944, les maquis du Vaucluse étaient en effet frappés par de nombreuses rafles et exécutions – les cinquante-trois fusillés du Valréas sont demeurés célèbres126. Mort dès 1951 à l’âge de 50 ans, Roth n’a pas laissé de témoignage de son combat dans la résistance française. Il est probable que son action au côté de l’ennemi eût été mal perçue dans une Allemagne fédérale où, jusqu’à la fin des années 1960, Willy Brandt était considéré comme un traître pour avoir rallié la résistance norvégienne127.
53Heinrich Ritzel entreprit aussi de préparer l’après-Hitler. Entre 1939 et 1945, il exerça la fonction de secrétaire général de l’Union des fédéralistes européens en Suisse128. À partir de 1943, il intensifia ses contacts avec d’autres figures politiques réfugiées en Suisse autour d’un projet de constitution démocratique pour l’Allemagne129.
54Friedrich Wilhelm Wagner, qui s’était installé à New York où il travaillait comme bibliothécaire à la Rand School of Social Science, un centre d’éducation populaire proche des socialistes américains130, poursuivit son engagement au sein de la communauté allemande émigrée. Il devint membre du comité directeur du Conseil germano-américain pour la libération de l’Allemagne du nazisme et de l’Association des Allemands libres. Wagner cosigna l’appel du 17 octobre 1942 de cette dernière organisation, réclamant « la construction d’une république allemande libre et progressiste ». Grâce à ce programme, qui prévoyait la liquidation de l’État nazi, la démilitarisation de l’Allemagne et la rééducation de la jeunesse, un groupe d’émigrés allemands sociaux-démocrates aux États-Unis souhaitait prévenir l’écrasement impitoyable de l’Allemagne131. Au printemps 1945, Wagner signa le manifeste What Is To Be Done With Germany qui approuvait la conférence de Yalta, tout en réclamant au nom de la paix un traitement démocratique de l’Allemagne vaincue132. Aussi ces trois élus en exil tentèrent-ils, même depuis l’étranger, d’infléchir le cours de la guerre ou d’intervenir dans la reconstruction de l’Allemagne après l’effondrement, préparant ainsi leur retour en politique.
Au front : diverses formes de participation
55Peu d’informations sont disponibles sur l’expérience de guerre des députés étudiés. Les renseignements fournis par le Bureau allemand des états de services ne livrent que le nom des unités auxquelles ces députés furent rattachés, accompagné d’une date indicative133. Leurs missions ou leur perception du conflit demeurent donc inconnues. Leur mode d’incorporation (engagement volontaire, conscription et recrutement dans le cadre de la guerre totale) et le grade occupé reflètent leur statut à l’intérieur du régime. La situation des soldats variait considérablement suivant leur position sociale et leur rôle dans l’appareil nazi.
Les hauts gradés
56Deux membres du Zentrum, Oskar Farny et Heinrich Gerns, rejoignirent l’armée avant le déclenchement de la guerre. Gerns, qui avait servi comme lieutenant en 1914-1918, s’engagea dès 1934134. Farny, qui avait commencé sa vie professionnelle comme officier de carrière et avait participé à la Première Guerre mondiale au grade d’aspirant à l’État-major, devint commandant de réserve dès septembre 1936135, dans le contexte du réarmement annoncé au printemps 1935 par Hermann Göring. Ce volontarisme leur permit de s’attirer les bonnes grâces du régime.
57Pendant la Seconde Guerre mondiale, Oskar Farny servit d’abord au grade de commandant dans le régiment d’infanterie 290, dépendant de l’État-major I (Stab I)136. Avec cette unité, l’officier participa à l’attaque de la ligne Maginot et à l’invasion de la France137. Au début de l’année 1941, il fut nommé vice-commandant du Ve Corps d’armée (Stuttgart), stationné en Belgique en prévision d’une conquête de l’Angleterre138. Farny exerça ensuite la fonction de commandant des prisonniers de guerre dans la Ve circonscription militaire (Stuttgart)139. À ce poste, il contrôla entre 1941 et 1945 le camp de Wurzach, dans le Wurtemberg. Ce camp de prisonniers de guerre était installé dans un château situé près d’Ulm, à 30 kilomètres du domaine d’Oskar Farny. Il abrita des officiers français, corses pour la plupart, jusqu’à l’automne 1942, avant d’accueillir quelque six cents civils, femmes, hommes et enfants originaires de Jersey, qui devaient être échangés contre des prisonniers allemands. Les civils restèrent finalement dans le camp jusqu’à sa libération en avril 1945. À ces détenus vinrent s’ajouter en novembre 1944 soixante-douze juifs hollandais en provenance de Bergen-Belsen. Dotés de passeports américains, sud-américains ou britanniques, ils devaient aussi faire l’objet d’un échange. Les prisonniers de Wurzach furent bien traités, malgré une détérioration de leurs conditions de détention entraînée par les défaites militaires. Peu d’informations sont disponibles sur le commandement du camp. On sait principalement que les militaires – dont Farny faisait partie – étaient réticents à gérer un camp de civils. À partir de décembre 1942, l’administration militaire se chargea donc uniquement du ravitaillement et de l’assistance sanitaire du camp140. Farny donna visiblement satisfaction à ses supérieurs puisqu’il fut promu lieutenant-colonel en septembre 1942141.
58Auditionné comme témoin devant l’administration judiciaire en Rhénanie-Palatinat en 1970, l’officier déclara que son travail s’était limité à des tâches de secrétariat et de coordination, telles que « l’examen et la répartition du courrier ». Il affirma que les prisonniers de guerre de la Ve circonscription militaire avaient été bien traités. Il assura aussi avoir refusé d’exécuter l’ordre d’adresser les officiers anglais qui s’étaient évadés du camp au Sicherheitsdienst, service de renseignement de la SS. Pour prévenir toute tentative de fuite, Farny avait prévenu le doyen anglais que ses hommes risquaient leur vie. Le nombre d’évasions aurait ensuite diminué142.
59Heinrich Gerns combattit à partir de l’automne 1939 comme commandant dans le Luftgaukommando I de Prusse-Orientale basé à Königsberg. Les Luftgaukommandos étaient chargés de la défense aérienne, du ravitaillement et de la coordination administrative des opérations aériennes143. En tant qu’ancien officier, Gerns défendit plus tard l’honneur des officiers de la Wehrmacht au Bundestag, à l’occasion du débat sur la création de la Bundeswehr. Il vanta le courage des généraux, en avançant que près d’un quart d’entre eux « s’était opposé à des ordres insensés » et avait payé leur désobéissance de leur vie144.
60Hermann Höpker Aschoff servit quant à lui dans l’administration militaire. En 1939, cet ancien ministre prussien des Finances fut réquisitionné comme comptable pour le Generalkommando III145, qui participait à la campagne de Pologne146. À ce poste, Höpker Aschoff assista certainement à des exactions. Ne supportant pas la violence de cette campagne, il demanda à être muté et travailla ensuite pour le plan quadriennal, puis pour Industriekontor GmbH147. Cette société de guerre contrôlée par Albert Speer, ministre de l’Armement à partir de 1942, finançait la guerre en exploitant les territoires conquis à l’Est148. Industriekontor se chargeait principalement de l’enfouissement d’usines149.
61Dans les années qui suivirent la Libération, ces trois parlementaires n’eurent, à l’exception d’Oskar Farny, pas à répondre de leurs activités dans l’armée. Ce silence renvoie au statut particulier de la Wehrmacht pour les Allemands de l’époque. Dans un contexte de guerre, combattre dans ses rangs revenait à servir son pays sans pour autant être considéré comme inféodé à Hitler. Il fallut attendre le tournant des années 2000 pour voir l’armée d’Hitler être mise en cause, notamment à l’occasion d’une exposition itinérante sur les crimes de la Wehrmacht150.
Sous-officiers et militaires du rang
62Certains députés s’engagèrent volontairement dans la Wehrmacht au début de la guerre, dans le but d’échapper aux persécutions. Arthur Mertins (SPD) se signala ainsi en 1939 pour parer à toute accusation de désertion151. Il exerça ensuite comme adjudant-chef auprès de la Kommandantur de la base aérienne E de Devau (Königsberg) jusqu’à l’armistice152.
63Kurt Pohle (SPD) et Hugo Karpf (BVP) furent tous deux appelés. Le premier servit à partir de septembre 1939 au grade de caporal dans le 337e régiment d’infanterie153. Constitué essentiellement de réservistes vétérans de la Grande Guerre, ce régiment participa à l’invasion et à l’occupation de la Pologne avant d’être rappelé en Basse-Rhénanie, puis de combattre sur le front de l’Ouest, dans la région d’Anvers154. Pohle fut limogé en mai 1940, vraisemblablement pour raisons politiques. Rappelé dans le cadre de la guerre totale, il combattit ensuite de l’automne 1944 à la fin de la guerre auprès de la base aérienne E(v) 255/III, à Minsk155.
64Hugo Karpf, jugé non fiable du point de vue politique, fut d’abord affecté en 1939 à la « commission d’acquisition des chevaux », qui occupait une place subalterne dans la coordination de l’effort de guerre, auprès de l’arrondissement d’Aschaffenburg (Bavière). Bien que dissident, il fut ensuite employé comme sergent-chef auprès du district d’Offenbach (Hesse) et servit comme officier156. Les exemples d’Hugo Karpf et d’Arthur Mertins montrent que les recrues suspectes du point de politique pouvaient faire oublier leur appartenance partisane et s’élever dans la hiérarchie militaire.
Conscrits de la guerre totale
65Un dernier mode de participation à la guerre était celui des soldats envoyés tardivement au front dans le cadre de la guerre totale. Après la défaite de Stalingrad, des mesures radicales furent mises en œuvre pour mobiliser les dernières forces de la nation qui avaient échappé à la conscription pour des motifs d’âge ou de dissidence.
66Wilhelm Agatz (KPD) fut incorporé en janvier 1943 dans la compagnie punitive du bataillon disciplinaire 999. Ce bataillon, estimé à 40 000 hommes, dont 10 000 soldats permanents, 20 000 « criminels » et 10 000 « politiques », fut créé pour combler le déficit de soldats lors de la campagne de Russie. Il accueillait les condamnés pour haute trahison, considérés comme « indignes de servir dans l’armée ». Une discipline très stricte était observée dans ce bataillon ; la peine de mort y était prononcée au moindre manquement157. Agatz servit dans le Péloponnèse, où il contracta la malaria et la dysenterie. Il fut soigné pendant dix-huit mois à l’hôpital de guerre, avant d’être envoyé à Glmütz (République tchèque) au début de l’année 1945. Entre avril 1945 et la capitulation, il fut affecté au bataillon disciplinaire 491. Il construisit des fortifications avec deux cents autres soldats prisonniers à Liepāja (Lettonie actuelle). Agatz fut sauvé de justesse d’une exécution prévue dans la nuit du 8 au 9 mai 1945 par la nouvelle de l’armistice158.
67À partir de l’automne 1944, les hommes les plus âgés furent enrôlés de force dans le Volkssturm, armée rassemblant les hommes entre 16 et 60 ans. À 55 ans, Reinhold Maier reçut ainsi une « obligation de service » en novembre 1944159, avant d’être affecté dans une usine d’armement à Westhausen bei Aalen (Wurtemberg). À partir de mars 1945, il se cacha, pour échapper au combat, dans un moulin au nord du Bade-Wurtemberg160.
68Les motivations distinctes de ces parlementaires lors de leur incorporation renvoient à leurs positions vis-à-vis du régime. En devenant réserviste dès 1936, Oskar Farny exprimait son approbation à la préparation de la guerre. Les engagés volontaires de 1939 comme Arthur Mertins cherchèrent à améliorer leur situation, peu enviable dans la vie civile. Enfin, d’autres furent enrôlés à la fin de la guerre, du fait de leur âge – comme Reinhold Maier – ou pour raisons disciplinaires – comme Wilhelm Agatz.
Résister en temps de guerre
L’attentat du 20 juillet 1944 et ses conséquences
69La guerre faisait peser un risque accru sur les dissidents. Tout acte de subversion contre l’État nazi apparaissait désormais comme une trahison à la nation en guerre. Plusieurs des députés examinés coururent néanmoins ce risque en fréquentant des cercles de résistance.
70L’épisode le plus connu de la résistance allemande, l’attentat du 20 juillet 1944, fut orchestré par un réseau complexe, regroupant des individus d’origine sociale et d’opinions politiques différentes. Ce réseau englobait d’abord le cercle de Kreisau, groupe conservateur qui prévoyait de refonder l’État allemand en renforçant ses liens avec les Églises, porté par Helmuth von Moltke et le social-démocrate Carlo Mierendorff. Un autre noyau constitutif de ce réseau était le cercle de Cologne, animé par les catholiques Bernhard Letterhaus et Jakob Kaiser. Venaient s’y ajouter des membres issus de la résistance militaire, comme Carl Friedrich Goerdeler. Les sociaux-démocrates Wilhelm Leuschner et Julius Leber assuraient la liaison entre ces groupuscules.
71Certains parlementaires prirent part de loin, en tant que sympathisants, à l’organisation du coup d’État manqué du 20 juillet en entretenant des relations avec leurs meneurs. Le plus impliqué fut Ludwig Bergsträsser, qui rencontra régulièrement Wilhelm Leuschner pendant la guerre. Quand ce dernier lui rendait visite à Darmstadt, Bergsträsser le présentait à ses voisins comme « Monsieur von Preuschen de Berlin », avec qui il « échangeait des timbres »161. Bergsträsser rédigea pour Leuschner un mémorandum sur la transition démocratique en 1942162. Les autres parlementaires eurent des relations plus sporadiques avec les leaders de ce réseau.
72Hans Schlange-Schöningen fut en contact avec les dirigeants conservateurs du cercle de Kreisau. Il rencontra Helmuth von Moltke en avril 1942163 et eut une entrevue avec Werner von Haeften, l’adjudant de Claus von Stauffenberg164. Avant l’attentat, Carl Goerdeler adressa un message à Schlange-Schöningen l’exhortant à se tenir prêt. Il envisageait en effet de le nommer ministre de l’Alimentation de son futur gouvernement165. Schlange-Schöningen fut cruellement déçu par l’échec de la tentative de Stauffenberg. Il écrit toutefois n’avoir approuvé ni la décision de tuer Hitler, qu’il aurait préféré voir arrêté pour éviter d’en faire un martyr, ni le programme politique de Goerdeler, jugé à la fois fantaisiste et rétrograde. Schlange-Schöningen n’en reconnaissait pas moins l’importance considérable de ce coup d’État avorté. À son sens, cette action démontrait aux Alliés que les Allemands n’étaient pas restés inactifs face à la tyrannie nazie166. Après l’échec du coup d’État, Schlange-Schöningen suppose qu’il fut sauvé par l’incompétence de la Gestapo167.
73La tentative d’attentat contre Hitler fournissait un prétexte aux autorités nazies pour lancer une vague d’arrestations massives préparée de longue date. Dans les semaines qui suivirent, l’« opération orage » ou « opération barreaux » (Aktion Gewitter ou Aktion Gitter) visa à détruire l’élite weimarienne encore en vie pour empêcher toute refondation démocratique168. Les derniers sociaux-démocrates restés en Allemagne, mais aussi certains membres du Zentrum et des partis libéraux, furent déportés. En tout, quelque cinq mille démocrates furent emprisonnés à l’été 1944 dans le cadre de cette opération169. Sept des parlementaires étudiés (21 %) furent alors incarcérés170. Cette faible proportion tient au fait que la plupart étaient au front, en exil, ou déjà détenus à ce moment-là. Paul Löbe fut interné, avec quatre cents autres personnalités politiques arrêtées dans le cadre de l’opération orage171, d’août à décembre 1944, à Gross-Rosen en Basse-Silésie, un des camps les plus meurtriers du fait du travail en carrière et de l’absence de solidarité entre prisonniers172. Dans ses mémoires, Löbe évoque des conditions d’hygiène intenables et la violence du doyen du camp envers les étrangers173.
74Malgré le projet d’éradiquer le personnel politique weimarien, la violence concentrationnaire n’étouffa pas entièrement les dissidents et leurs convictions. Ces lieux de réclusion offraient en effet aux détenus politiques la possibilité de rencontrer des camarades et de poursuivre leurs activités subversives.
Résister dans les camps
75Les camps constituèrent un espace d’engagement antinazi. Emprisonné à Buchenwald entre décembre 1943 et avril 1945174, Hermann Brill continua d’œuvrer à la destruction du nazisme. Il rassembla dès février 1944 un Comité du front populaire avec Ernst Thape (SPD), Werner Hilpert (CDU) et Walter Wolf (KPD). Des Français, comme le socialiste Eugène Thomas et le communiste Marcel Paul, s’impliquèrent également dans le projet. Les activités du comité furent troublées par l’arrestation de ses membres et la destruction de ses documents de travail, mais aussi par la défection des communistes175. Sa réflexion déboucha le 13 avril 1945, deux jours après la libération du camp, sur le Manifeste de Buchenwald des socialistes démocrates (Buchenwalder Manifest der demokratischen Sozialisten). Résolument socialiste, le manifeste se déclinait en sept volets : anéantissement du fascisme, construction d’une république populaire, libération du travail, socialisation de l’économie, paix et droit, humanité, unité socialiste. Ce manifeste a inspiré de nombreux comités populaires dans l’immédiat après-guerre. La détermination d’Hermann Brill à mener des activités dissidentes semble découler de sa promesse, formulée lors de sa rencontre avec Hitler en mars 1932, de combattre le dictateur par tous les moyens.
76Peu de députés évoquèrent leur détention dans les années qui suivirent. Ils se contentaient généralement d’en mentionner les lieux et dates. Fritz Henßler ne revint jamais sur ses huit années passées à Sachsenhausen176. Paul Löbe et Marie-Elisabeth Lüders sont les seuls à s’être montrés plus précis. Le premier consacre une vingtaine de pages de ses mémoires à sa captivité à Dürrgoy et Gross-Rosen177. La seconde livre un récit de son séjour à la prison de l’Alexanderplatz et de l’amitié qui l’unit aux jeunes ouvrières métallurgistes qui partageaient sa cellule178.
77Ce silence s’explique par la volonté d’oublier. Brill évoquait son séjour à Buchenwald uniquement lorsqu’il le jugeait nécessaire à sa démonstration. Pendant la première législature du Bundestag, il revint, dans la commission de la justice et du droit constitutionnel, à deux reprises sur son passé de déporté. Il voulait persuader ses collègues de la nécessité de voter la loi de dédommagement pour les victimes de persécutions nazies avant la fin de la première législature179. Ses interventions visaient alors à faire réagir ses auditeurs ; Brill détailla le nombre de décès survenus à Buchenwald180 et fit remarquer que « les membres de la commission de la justice, ou les personnes rassemblées dans cette salle d’audience, n’avaient pas tous déjà participé à une exécution et ne savaient donc pas tous ce que c’était »181. Par cette provocation, Brill se prévalait de sa connaissance de l’horreur et déniait aux députés dépourvus d’expérience concentrationnaire le droit de statuer sur le dédommagement des victimes du nazisme.
78Entre 1933 et 1945, un destin commun relie la majorité de ces parlementaires. Il s’ouvre, durant les années 1933-1934, sur l’expérience de violences arbitraires résultant de l’homogénéisation forcée de la vie politique. Cette vague de persécutions fut suivie à l’été 1944 d’une seconde tentative d’éradication de l’élite politique weimarienne, devant prévenir la mise en place d’une deuxième République après la débâcle. Aussi le régime nazi déploya-t-il, en politique également, une stratégie de la terre brûlée. Par cette traque, les oppresseurs inscrivaient les députés dans une communauté d’appartenance.
79Pour la plupart de ces personnalités, les années qui suivirent la prise du pouvoir nazie furent marquées par la perte, le déclassement et la dissolution de leurs cercles. Certains liens politiques subsistèrent néanmoins et servirent de base à la reconstruction des institutions après la Libération. Le SPD et le Zentrum agirent en communautés solidaires pendant toute la dictature. Le réseau complexe à l’origine de l’attentat du 20 juillet 1944 mobilisa en outre des parlementaires aux sensibilités politiques différentes.
80Une variable essentielle, propre à distinguer les itinéraires examinés, est le degré de compromission avec le pouvoir nazi. Suivant les catégories de dénazification employées par les autorités américaines après 1945, aucun député étudié ne peut être qualifié de « coupable principal » (major offender/Hauptschuldiger). Otto von Bismarck ou Oskar Farny apparaissent tout au plus comme des « personnes impliquées » (lesser offenders/Belastete), dans la mesure où ils contribuèrent au fonctionnement de l’État nazi, Bismarck en tant que haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères et Farny en tant que membre d’un Parlement fantoche et directeur d’un camp de prisonniers. Malgré leur soutien affiché au régime et leur reniement de tout principe démocratique, ils échappèrent à la dénazification. Bismarck fut ignoré et Farny disculpé par les chambres de dénazification. Leur collaboration avec le pouvoir eut toutefois des conséquences sur leur carrière politique. Ce n’est qu’à partir de 1953, et non dès 1949, qu’ils furent autorisés à candidater au Bundestag dans les rangs de la CDU182. Un deuxième sous-groupe est constitué par les « suivistes » (followers/Mitläufer), qu’ils aient soutenu le régime de façon permanente – comme Karl Hepp – ou ponctuelle, comme Marie-Elisabeth Lüders.
81Les autres parlementaires étudiés agirent en opposants au nazisme, même si les manifestations de cette opposition furent toutes distinctes, allant du simple retrait de la vie publique au ralliement à une organisation de résistance. Certains signifièrent leur opposition par des gestes de désobéissance civile ou la perpétuation de leur communauté d’appartenance politique183. D’autres attaquèrent le nazisme dans leurs publications bien après 1933184. Enfin, un petit nombre, au péril de sa vie, prépara le renversement du régime ou défendit la vie d’autrui185. Les députés qui résistèrent entre 1933 et 1945 avaient déjà combattu l’ascension nazie avant 1933. Ainsi, l’appartenance partisane ne suffit guère à expliquer les choix opérés par ces élus pendant la domination nazie. Leurs milieux, leurs situations familiales ou leurs personnalités fournissent aussi des éléments d’explication.
82La connaissance de leurs expériences entre 1933 et 1945 amène à s’intéresser à leur perception et interprétation de la dictature et la terreur. La confrontation au régime nazi modifia-t-elle leurs convictions politiques ? Ou tendit-elle au contraire à les conforter ?
Notes de bas de page
1 Otto Kirchheimer, « The Composition of the German Bundestag », Western Political Quarterly, no 1, mars 1950, p. 590-601, ici p. 592.
2 Christian Mentel, Niels Weise, Die zentralen deutschen Behörden und der Nationalsozialismus. Stand und Perspektive der Forschung, Munich, Potsdam, Institut für Zeitgeschichte, 2016 ; Marie-Bénédicte Vincent, « De la dénazification à la réintégration des fonctionnaires : comment construire une éthique de la fonction publique en Allemagne de l’Ouest après 1945 ? », Vingtième Siècle, no 121, janvier-mars 2014, p. 3-19.
3 Walter Hammer, Hohes Haus in Henkers Hand. Rückschau auf die Hitlerzeit, auf Leidensweg und Opfergang Deutscher Parlamentarier, Francfort-sur-le-Main, Europäische Verlagstanstalt, 1956.
4 Martin Schumacher dir., M.d.R., die Reichstagsabgeordneten der Weimarer Republik in der Zeit des Nationalsozialismus: Politische Verfolgung, Emigration und Ausbürgerung 1933-1945: eine biographische Dokumentation, Düsseldorf, Droste, 1994.
5 Lüders reçut cette interdiction en 1937, Heuss en 1942.
6 William Heinz Schröder et al., « Historische Parlamentarismus-, Eliten- und Biographieforschung », art. cité, p. 20.
7 Wilhelm Agatz, Marie Ansorge, Hermann Brill, Robert Daum, Paul Gibbert, Fritz Henßler, Karl Hepp, Michael Horlacher, Heinrich Krone, Paul Löbe, Marie-Elisabeth Lüders, Arthur Mertins, Friedrich Nowack, Hugo Paul, Kurt Pohle, Heinrich Ritzel, Kurt Schumacher, Friedrich Wilhelm Wagner.
8 Quinze (44 %) furent arrêtés entre 1933 et 1934 : Wilhelm Agatz, Marie Ansorge, Hermann Brill, Robert Daum, Fritz Henßler, Karl Hepp, Michael Horlacher, Paul Löbe, Arthur Mertins, Friedrich Nowack, Hugo Paul, Kurt Pohle, Heinrich Ritzel, Kurt Schumacher, Friedrich Wilhelm Wagner.
9 Gisela Notz, Frauen in der Mannschaft, ouvr. cité, p. 132.
10 Der Generalstaatsanwalt beim Landgericht Berlin, [Brief an den Reichsminister der Justiz durch den Generalstaatsanwalt beim Kammergericht], 25 août 1937. Fonds Reichsjustizministerium (R 3001/108709, p. 2-5 et 13), Bundesarchiv Berlin.
11 Martin Schumacher dir., M.d.R., ouvr. cité, p. 90 et 428.
12 Hermann Weber, « Biographien deutscher Kommunisten. Ein Handbuch belegt das dramatische Schicksal der KPD-Führer von 1918 bis 1945 », B. Groppo, B. Unfried dir., Gesichter in der Menge, ouvr. cité, p. 133-146, ici p. 139.
13 Paul Löbe, Marie-Elisabeth Lüders, Kurt Schumacher.
14 Wilhelm Agatz, Marie Ansorge, Hermann Brill, Fritz Henßler, Michael Horlacher, Heinrich Krone, Paul Löbe, Hugo Paul, Heinrich Ritzel, Kurt Schumacher.
15 Annette Wieviorka, Déportation et génocide. Entre la mémoire et l’oubli [1993], Paris, Fayard, 2013, p. 191 et 196.
16 Martin Schumacher dir., M.d.R., ouvr. cité, p. 522.
17 Markus Kienle, « Heuberg », Der Ort des Terrors. Geschichte der nationalsozialistischen Konzentrationslager, vol. 2, Frühe Lager, Dachau, Emslandlager, W. Benz, B. Distel dir., Munich, Beck, 2005, p. 126-128, ici p. 127-128.
18 Silvester Lechner, « Ulm (Oberer Kuhberg) », ibid., p. 208-212, ici p. 211.
19 Stanislav Zámečník, « Dachau – Stammlager », ibid., p. 233-274, ici p. 248.
20 Jörg Skriebeleit, « Flossenbürg – Stammlager », Der Ort des Terrors, vol. 4, Flossenbürg, Mauthausen, Ravensbrück, W. Benz, B. Distel dir., Munich, Beck, 2006, p. 17-66, ici p. 28-29.
21 Hermann Kaienburg, « Sachsenhausen – Stammlager », Der Ort des Terrors, vol. 3, Sachsenhausen, Buchenwald, W. Benz, B. Distel dir., Munich, Beck, 2006, p. 17-72, ici p. 17 et 55.
22 Martin Schumacher dir., M.d.R., ouvr. cité, p. 90 et 428.
23 Hermann Kaienburg, « Sachsenhausen – Stammlager », art. cité, p. 42.
24 [Schumacher] RT 7/57, 23 février 1932, p. 2254.
25 Susanne Miller, « Die Behandlung des Widerstands gegen den Nationalsozialismus in der SPD nach 1945 », Das Unrechtsregime. Internationale Forschung über den Nationalsozialismus, vol. 2, Verfolgung, Exil, Belasteter Neubeginn, U. Büttner dir., Hambourg, Christians, 1986, p. 407-419, ici. p. 409. Martin Schumacher dir., M.d.R., ouvr. cité, p. 522-523.
26 Martin Schumacher dir., M.d.R., ouvr. cité, p. 522.
27 Willy Albrecht dir., Kurt Schumacher. Reden, Schriften, Korrespondenzen. 1945-1952, Berlin, Bonn, Dietz, 1985, p. 86.
28 Torsten Seela, « Die Lagerbücherei im KZ Dachau », Dachauer Hefte, no 7, novembre 1991, p. 34-46, ici p. 40.
29 Günther Högl, Karl Lauschke, Fritz Henßler. Ein Leben für Freiheit und Demokratie.1886-1953, Dortmund, Stadtarchiv Dortmund, 1986, p. 49.
30 Paul Löbe, Der Weg war lang, ouvr. cité, p. 223 et 227.
31 Michael Braun, « Helene Weber », Die Gründung der Union. Traditionen, Entstehung und Repräsentanten, G. Buchstab, K. Gotto dir., Munich, Vienne, Günter Olzog, 1981, p. 145-156, ici p. 151.
32 Helene Weber, « Vom „Amt“ zur „Aufgabe“ », Licht über dem Abgrund. Aufzeichnungen und Erlebnisse christlicher Frauen, G. Ehrle dir., Fribourg, Herder, 1951, p. 16-20, ici p. 17.
33 Rüdiger Hachtmann, « Arbeit und Arbeitsfront: Ideologie und Praxis », Arbeit im Nationalsozialismus, M. Buggeln, M. Wildt dir., Munich, Oldenbourg, 2014, p. 87-106, ici p. 87.
34 Verband christlicher Arbeitnehmer des Bekleidungsgewerbes, [Entlassungsschreiben an Hugo Karpf], 30 mai 1933. Fonds Karpf (01-235-002/2), ACDP ; Martin Schumacher dir., M.d.R., p. 416.
35 Une période de chômage est documentée pour Paul Löbe, Arthur Mertins, Friedrich Nowack, Louise Schroeder ; l’exclusion du droit au chômage pour Theodor Heuss et Louise Schroeder.
36 Jürgen Kocka, « Ambivalenzen der Arbeit », Arbeit im Nationalsozialismus, M. Buggeln, M. Wildt dir., ouvr. cité, p. 25-32, ici p. 22.
37 Guido Knopp, [Gespräch mit Dr. Krone], s. d. Fonds Krone (01-028/006/5, ACDP, p. 15).
38 Fritz Baade, [Lettre à Monsieur Wier], 16 novembre 1947. Fonds Baade (N 1234/5), Bundesarchiv, Coblence.
39 Reinhold Maier, « Bedrängte Familie », Schwäbische Zeitung, 29 mars 1962. Fonds Maier (Q1/8 Bü 260), HStAS.
40 Klaus-Jürgen Matz, Reinhold Maier, ouvr. cité, p. 164.
41 Hugo Karpf, « Aufzeichnungen und Erinnerungen », art. cité, p. 104-105.
42 Marthina Koerfer, Louise Schroeder, ouvr. cité, p. 61.
43 Inge Hansen-Schaberg, « Exilforschung – Stand und Perspektiven », Aus Politik und Zeitgeschichte: Exil, no 42, 2014, p. 3-9, ici p. 4. En ligne : [http://www.bpb.de/apuz/192561/exilforschung-stand-und-perspektiven?p=all].
44 Alix Heiniger, Exil, résistance, héritage. Les militants allemands antinazis pendant la guerre et en RDA (1939-1975), Neuchâtel, Alphil, 2015 ; Jean-Michel Palmier, Weimar en exil : le destin de l'émigration intellectuelle allemande antinazie en Europe et aux États-Unis, Paris, Payot, 1988.
45 Alfred Kantorowicz, Politik und Literatur im Exil: deutschsprachige Schriftsteller im Kampf gegen den Nationalsozialismus, Hambourg, Christians, 1978, p. 20.
46 Martin Schumacher dir., M.d.R, ouvr. cité, p. 466.
47 Friedrich Wilhelm Wagner, « Curriculum », 1er février 1945. Fonds Wagner (N 25/42), StaLu.
48 Martin Schumacher dir., M.d.R., ouvr. cité, p. 608.
49 Werner Röder, Herbert A. Strauss dir., Biographisches Handbuch der deutschsprachigen Emigration nach 1933, vol. 1, Politik, Wirtschaft, Öffentliches Leben, Munich, Saur, 1980, p. 620.
50 Patrik von zur Mühlen, « Exil und Widerstand », Lexikon des deutschen Widerstandes, W. Benz, H. W. Pehle dir., Francfort-sur-le-Main, Fischer, 1994, p. 128-140, ici p. 129-130.
51 Fritz Baade, « CV », s. d. Fonds Baade (N 1234/5), Bundesarchiv Coblence.
52 Thomas Herr, « Ein deutscher Sozialdemokrat an der Peripherie – Ernst Reuter im türkischen Exil », Die Emigration der Wissenschaften nach 1933, H. A. Strauss et al. dir., Munich, Saur, 1991, p. 193-218, ici p. 195.
53 Martin Schumacher dir., M.d.R., ouvr. cité, p. 1083, 1107 et 1475.
54 Klaus Schönhoven, Freiheit und Leben, ouvr. cité, p. 204.
55 « Biographical Notes on Dr. Fritz Baade », s. d. Fonds Baade (N 1234/5), Bundesarchiv, Coblence.
56 Christiane Hoss, « Verfolgung und Emigrationswege der von Scurla benannten Flüchtlinge und ihrer Familien », Exil unter Halbmond und Stern. Herbert Scurlas Bericht über die Tätigkeit deutscher Hochschullehrer in der Türkei während der Zeit des Nationalsozialismus, F. Şen, D. Halm, Dirk dir., Essen, Klartext, 2007, p. 113-202, ici p. 116-117.
57 Voir « Informationen der SPD – Gruppe in Frankreich », bulletins, printemps-été-automne 1945 ; Ernst Roth, [correspondance octobre 1944-juillet 1945]. Fonds Roth, AdsD.
58 Axel Ulrich, « Heinrich Georg Ritzel. Vom antifaschistischen Abwehrkampf im Volksstaat Hessen zu den demokratischen Neuordnungsdiskussionen im Schweizer Exil », Verfolgung und Widerstand in Hessen. 1933-1945, R. Knigge-Tesche, A. Ulrich dir., Francfort-sur-le-Main, Eichborn, 1996, p. 358-373, ici p. 362.
59 Ibid., p. 363-364.
60 Heinrich Ritzel, [Brief an die Genossen der Sozialdemokratischen Partei und vom Reichsbanner in Gießen und Umgebung], 29 juin 1945. Fonds Ritzel (O21/15-14), Staatsarchiv Darmstadt (désormais StaDA).
61 Ursula Langkau-Alex, Deutsche Volksfront. 1932-1939. Zwischen Berlin, Paris, Prag und Moskau, vol. 2, Berlin, Akademie Verlag, 2004, p. 8.
62 Werner Röder, Herbert A. Strauss dir., Biographisches Handbuch der deutschsprachigen Emigration, ouvr. cité, p. 787.
63 Ibid., p. 88.
64 Ursula Langkau-Alex, Deutsche Volksfront, ouvr. cité, p. 5.
65 Alix Heiniger, Exil, résistance, héritage, ouvr. cité, p. 192-193.
66 Cette conviction trouve son expression dans le projet de constitution qu’il rédigea avec entre autres Joseph Wirth (Zentrum).
67 « Oskar Farny », Biorab Weimar.
68 Martin Schumacher dir., M.d.R., ouvr. cité, p. 126.
69 Michael Schwartz, Funktionäre mit Vergangenheit. Das Gründungspräsidium des Bundesverbandes der Vertriebenen und das „Dritte Reich“, Munich, Oldenbourg, 2013, p. 523.
70 « Otto von Bismarck », Deutsche Biographische Enzyklopädie, vol. 1, W. Killy dir., Munich, Saur, 1995, p. 547.
71 Eckart Conze et al., Das Amt und die Vergangenheit. Deutsche Diplomaten im Dritten Reich und in der Bundesrepublik, Munich, Blessing, 2010, p. 81.
72 « Otto von Bismarck », Bumast, art. cité.
73 E. Conze et al., Das Amt und die Vergangenheit, ouvr. cité, p.130.
74 Ulrich von Hassell, Die Hassell-Tagebücher. 1938-1944. Aufzeichnungen vom Andern Deutschland, Munich, Siedler, 1988, p. 219, 387 et 435-436.
75 Heide-Marie Lauterer, Parlamentarierinnen, ouvr. cité, p. 209-211.
76 Doris Kull, Marie-Elisabeth Lüders (1878-1966): das Leben einer Parlamentarierin zwischen Fortschritt und Tradition, thèse d’histoire, Düsseldorf, 1988, p. 217.
77 Marie-Elisabeth Lüders, Das unbekannte Heer. Frauen kämpfen für Deutschland 1914-1918. Mit einem Geleitwort des Reichskriegsministers und Oberbefehlshabers der Wehrmacht Generaloberst von Blomberg, Berlin, Mittler & Sohn, 1936.
78 Marie-Elisabeth Lüders, Volksdienst der Frau, Berlin, Bott, 1937.
79 Marie-Elisabeth Lüders, [Brief an Herrn Ministerialdirektor], 20 novembre 1936. Fonds Lüders (N 1151/156), Bundesarchiv, Coblence.
80 Doris Kull, Marie-Elisabeth Lüders, ouvr. cité, p. 212.
81 Martin Schumacher dir., M.d.R., ouvr. cité, p. 271.
82 [Mitgliederkarteikarte der NSDAP-Gaukartei, IX Kartei/14980965]. Fonds Mitgliederkarte der NSDAP (BArch R 9361), Bundesarchiv Berlin ; [Eintrag in der „Überwachungskartei“ des Reichsicherheitshauptamts zu Karl Hepp]. Fonds Reichssicherheitshauptamt (R 58/9631), Bundesarchiv Berlin.
83 Joachim Lilla dir., Statisten in Uniform, ouvr. cité, p. 304.
84 Adalbert Gimbel, Karl Hepp, So kämpften wir! Schilderungen aus der Kampfzeit der NSDAP im Gau Hessen-Nassau, Francfort-sur-le-Main, NS-Verlagsgesellschaft, 1941, p. 180.
85 [Eintrag in der „Überwachungskartei“ des Reichsicherheitshauptamts zu Karl Hepp]. Fonds Reichsicherheitshauptamts (BArch R 58 / 9631), Bundesarchiv Berlin.
86 Martin Broszat, « Resistenz und Widerstand. Eine Zwischenbilanz des Forschungsprojekts », Bayern in der NS-Zeit, vol. 4, Herrschaft und Gesellschaft im Konflikt, M. Broszat, E. Fröhlich, A. Grossmann dir., Munich, Oldenbourg, 1981, p. 691-709.
87 Paul Löbe, « Lebensbild einer deutschen Frau », Louise Schroeder. Ein Frauenleben unserer Zeit, A. Scholz, W. Oschilewski dir., Berlin, Arani, 1956, p. 7-23, ici p. 8.
88 Martin Broszat, Elke Fröhlich, Falk Wiesemann dir., Bayern in der NS-Zeit, Munich, Oldenbourg, 1977-1983, 6 volumes.
89 Klaus Schönhoven, « Der politische Katholizismus in Bayern unter der NS-Herrschaft 1933-1945 », ibid., vol. 5, Die Parteien KPD, SPD, BVP in Verfolgung und Widerstand, 1983, p. 541-646, ici p. 587.
90 Heide-Marie Lauterer, Parlamentarierinnen, ouvr. cité, p. 234.
91 « Gutsbesitzer in Saubach, Kreis Eckartsberg bei Halle, in Schutzhaft genommen », Zeit im Querschnitt, no 1, 15 janvier 1935, p. 19 ; « Überführung von fünf in öffentlicher Fürsorge Stehenden in das Konzentrationslager Dachau », « Hinrichtung von Kurt Boehm, Ludwigshafen, und Paul Merz, Stuttgart, wegen Verrats militärischer Geheimnisse », Zeit im Querschnitt, no 4, 15 février 1935, p. 51.
92 Clemens von Galen, « Über Kirche und Staat », Zeit im Querschnitt, no 3, 1er février 1935, p. 42.
93 Klaus Gotto, « Heinrich Krone », Persönlichkeit und Politik in der Bundesrepublik Deutschland. Politische Porträts, vol. 2, W. L. Bernecker, V. Dotterweich dir., Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1982, p. 37-48, ici p. 42.
94 Jürgen Aretz, « Letterhaus, Bernhard », Neue Deutsche Biographie, vol. 14, 1985, p. 357-358. En ligne : [https://www.deutsche-biographie.de/gnd124739393.html].
95 Martin Schumacher dir., M.d.R., ouvr. cité, p. 612.
96 Paul Löbe, Der Weg war lang, ouvr. cité, p. 227.
97 Martin Broszat, « Resistenz und Widerstand », art. cité, p. 708.
98 Christl Wickert, « Widerstand und Verfolgung deutscher Sozialdemokratinnen und Sozialdemokraten im 20. Jahrhundert », Der Freiheit verpflichtet. Gedenkbuch der deutschen Sozialdemokratie im 20. Jahrhundert, Vorstand der Sozialdemokratischen Partei Deutschlands dir., Berlin, Vorwärts Buch, 2013, p. 541-584, ici p. 549.
99 Ludwig Bergsträsser, « Sozialdemokraten im Dritten Reich », Vorwärts, 9 janvier 1959.
100 Kurt Klotzbach, Gegen den Nationalsozialismus. Widerstand und Verfolgung in Dortmund 1930-1945, Hanovre, Verlag für Literatur und Zeitgeschehen, 1969, p. 127 et 133.
101 Günther Högl, Karl Lauschke, Fritz Henßler, ouvr. cité, p. 45-46.
102 Kurt Klotzbach, Gegen den Nationalsozialismus, ouvr. cité, p. 134.
103 Johannes Tuchel, « Möglichkeiten und Grenzen der Widerstandsforschung heute. Einige Überlegungen zur Mikrofiche-Edition Widerstand als „Hochverrat“ 1933-1945 », 50 Jahre Institut für Zeitgeschichte. Eine Bilanz, H. Möller, U. Wengst dir., Munich, Oldenbourg, 1999, p. 331-344, ici p. 331.
104 Werner Röder, Herbert A. Strauss dir., Biographisches Handbuch der deutschsprachigen Emigration, ouvr. cité, p. 620.
105 Wolfgang Röll, Sozialdemokraten im Konzentrationslager Buchenwald (1937-1945), Göttingen, Wallstein, 2000, p. 159.
106 Hans Mommsen, « Der lange Schatten der untergehenden Republik », art. cité, p. 561.
107 Herman Brill, Gegen den Strom, ouvr. cité, p. 16.
108 Ursula Langkau-Alex, Deutsche Volksfront, ouvr. cité, p. 295.
109 Hermann Brill, Gegen den Strom, ouvr. cité, p. 17 et 61-62.
110 Jürgen Frölich, « „Die Umformung des deutschen Seins erlaubt keine passive Resignation“. Die Zeitschrift „Die Hilfe“ im Nationalsozialismus », „Diener des Staates“ oder Widerstand zwischen den Zeilen? Die Rolle der Presse im „Dritten Reich“, C. Studt dir., Berlin, Lit, 2007, p. 115-130, ici p. 128.
111 Hermann Höpker Aschoff, « Demokratie und Führertum », Die Hilfe, no 19, 6 octobre 1934, p. 433-438 ; « Die Lehre vom Rechtsstaat », Die Hilfe, no 15, 4 août 1934, p. 347-352 ; « Zu den Waffen des deutschen Geistes », Die Hilfe, no 23, 1er décembre 1934, p. 529-532 ; Unser Weg durch die Zeit. Gedanken und Gespräche über den Sinn der Gemeinschaft, Berlin, Bott, 1936.
112 Hermann Höpker Aschoff, « Die Doktrin des Faschismus », Vossische Zeitung, 11 novembre 1933, p. 8.
113 Marie-Elisabeth Lüders, Fürchte dich nicht, ouvr. cité, p. 138-139.
114 E. Loerbroks, [Lettre à Marie-Elisabeth Lüders], 9 juillet 1951, fol. 84 ; Rolf Maassen, [Lettre à Marie-Elisabeth Lüders], 15 juin 1947, fol. 25 ; Erica L. Rothe, [Lettre à Marie-Elisabeth Lüders], 18 avril 1951, fol. 11, Entschädigungsbehörde des Landes Berlin 16899.
115 Marie-Elisabeth Lüders, Fürchte dich nicht, ouvr. cité, p. 21-22.
116 Hermann Weber, Andreas Herbst, Deutsche Kommunisten. Biographisches Handbuch. 1918 bis 1945, Berlin, Karl Dietz, 2008, p. 63 et 663.
117 Heinrich Krone, « Auf der Brücke zur Freiheit. Zum 80. Geburtstag Paul Löbes am 14. Dezember », Deutschland-Union-Dienst, 13 décembre 1955. Fonds Krone (01-028-001/2, p. 1), ACDP ; Paul Löbe, [Lettre à Ernst Lemmer], 29 avril 1934. Fonds Lemmer (01-280-037/4), ACDP.
118 Thomas Mergel, Parlamentarische Kultur, ouvr. cité, p. 137.
119 Hans Schlange-Schöningen, Am Tage danach, Hambourg, Hammerich & Lesser, 1946, p. 157.
120 Jens Späth, « Coopération transnationale ? Les socialistes allemands et français dans la transition entre exil, libération et refondation démocratique, 1944-1946 », Les socialistes français à l’heure de la Libération 1943-1947. Perspectives française et européenne, N. Castagnez et al. dir., Paris, Office universitaire de recherche socialiste (OURS), 2016, p. 67-87, ici p. 76.
121 Werner Röder, Herbert A. Strauss dir., Biographisches Handbuch der deutschsprachigen Emigration, ouvr. cité, p. 620.
122 Christiane Hoss, « Verfolgung und Emigrationswege der von Scurla benannten Flüchtlinge », art. cité, p. 117.
123 Un carnet contenant les adresses de contacts de Wagner à Lisbonne et à New York lors de son émigration est conservé aux archives municipales de Ludwigshafen. Fonds Wagner (N 25/43), StaLu.
124 [Correspondance octobre 1944-juillet 1945]. Fonds Roth, AdsD ; « Ernst Roth † », Die Freiheit, 15 mai 1951.
125 Jens Späth, « Coopération transnationale ? », art. cité, p. 76.
126 Association cantonale des familles de fusillés, des déportés et internés, résistants et patriotes de l’enclave de Valréas, 12 juin 1944. 53 fusillés à Valréas, Valréas, Association cantonale des familles de fusillés, des déportés et internés, résistants et patriotes de l’enclave de Valréas, 1981.
127 Hélène Miard-Delacroix, Willy Brandt, Paris, Fayard, 2013, p. 30.
128 Heinrich Ritzel, [Brief an die Genossen der Sozialdemokratischen Partei und vom Reichsbanner in Gießen und Umgebung], Bâle, 29 juin 1945. Fonds Ritzel (StaDA O21/15-14).
129 Axel Ulrich, « Heinrich Georg Ritzel », art. cité, p. 365.
130 Friedrich Wilhelm Wagner, [Letter to the Alien Registration], 5 mai 1943. Fonds Wagner (N 25/42), StaLu.
131 « „Aufbau einer freien und fortschrittlichen deutschen Republik Für das Freie Deutschland von Morgen“, Programm-Aufruf der „Association of Free Germans“ », Neue Volkszeitung (New York), 17 octobre 1942 ; Albert C. Grzesinski, Association of Free Germans, inc, [Lettre à Friedrich Wilhelm Wagner], 17 avril 1942. Fonds Wagner (N 25/44), StaLu.
132 « What is to be done with Germany », St Petersburg Times (Floride), 20 mai 1945. En ligne : [https://news.google.com/newspapers?nid=888&dat=19450520&id=CEdPAAAAIBAJ&sjid=0U4DAAAAIBAJ&pg=7066,2595212&hl=fr] ; Werner Röder, Herbert A. Strauss dir., Biographisches Handbuch der deutschsprachigen Emigration nach 1933, ouvr. cité, p. 787.
133 Deutsche Dienststelle für die Benachrichtigung der nächsten Angehörigen von Gefallenen der ehemaligen deutschen Wehrmacht (désormais WaSt), Lettre à l’autrice, 7 octobre 2016.
134 « Heinrich Gerns », Biorab Weimar.
135 « Oskar Farny », Biorab Weimar.
136 Wast, Lettre à l’autrice, 7 octobre 2016.
137 « 98. Infanterie-Division », Lexikon der Wehrmacht. En ligne : [https://www.lexikon-der-wehrmacht.de/Gliederungen/Infanteriedivisionen/96ID-R.htm].
138 « Befehlshaber im Wehrkreis V. V. Armeekorps », Lexikon der Wehrmacht. En ligne : [http://www.lexikon-der-wehrmacht.de/Gliederungen/Korps/VKorps.htm].
139 Wast, Lettre à l’autrice, 7 octobre 2016.
140 Gisela Rothenhäusler, Das Wurzacher Schloss 1940-1945. Ein kleines Kapitel europäischer Geschichte. Kriegsgefangene im Oflag VC, Zivilinternierte aus Jersey, Jüdische Häftlinge aus Bergen-Belsen, Lindenberg im Allgäu, Kunstverlag Josef Fink, 2008, p. 43, 145-146, 288, 306-308 et 347.
141 « Oskar Farny », Biorab Weimar.
142 Zentrale Stelle der Landesjustizverwaltungen VI 302 AR 571/67, « Zeugenvernehmung Farnys durch die Zentralstelle der Landesjustizverwaltungen Ludwigsburg im Vorermittlungsverfahren betr. Vorgänge im Wehrkreis V (Stuttgart) 1941-1945 », 19 août 1968. Fonds Oskar Farny (1-468-004/2, p. 1-4), ACDP.
143 Don Caldwell, Richard Muller, Luftwaffe Over Germany. Defense of the Reich, Barnsley, Greenhill, 2014, p. 27.
144 Helge Heidemeyer dir., Die CDU/CSU-Fraktion im Deutschen Bundestag. Sitzungsprotokolle 1953-1957, ouvr. cité, 286e séance, 14 décembre 1954, p. 513.
145 Erhard H. M. Lange, « Hermann Höpker Aschoff im Parlamentarischen Rat ». En ligne : [https://www.bpb.de/geschichte/deutsche-geschichte/grundgesetz-und-parlamentarischer-rat/39082/hermann-hoepker-aschoff-fdp].
146 « Befehlshaber im Wehrkreis III. III. Armeekorps », Lexikon der Wehrmacht. En ligne : [http://www.lexikon-der-wehrmacht.de/Gliederungen/Korps/IIIKorps.htm].
147 Military Government of Germany, « Personnel questionnaire ». Fonds Höpker Aschoff (N 1129/5), Bundesarchiv, Coblence.
148 Susanna Schrafstetter, « Verfolgung und Wiedergutmachung. Karl M. Hettlage: Mitarbeiter von Albert Speer und Staatssekretär im Bundesfinanzministerium », VfZ, no 3, 2008, p. 431-466, ici p. 442.
149 Barbara Hopmann, Von der Montan zur Industrieverwaltungsgesellschaft (IVG), 1916-1951, Stuttgart, Steiner, 1996, p. 138-139, note 12.
150 Hamburger Institut für Sozialforschung dir., Verbrechen der Wehrmacht. Dimensionen des Vernichtungskrieges 1941–1944. Ausstellungskatalog, Hambourg, Hamburger Edition, 2002.
151 Martin Schumacher dir., M.d.R., ouvr. cité, p. 395.
152 Wast, Lettre à l’autrice, 7 octobre 2016.
153 Ibid.
154 « 208. Infanterie-Division », Lexikon der Wehrmacht. En ligne : [http://www.lexikon-der-wehrmacht.de/Gliederungen/Infanteriedivisionen/208ID.htm].
155 Wast, Lettre à l’autrice, 7 octobre 2016.
156 Hugo Karpf, « Aufzeichnungen und Erinnerungen », art. cité, p. 105 ; Wast, Lettre à l’autrice, 28 février 2017.
157 Helge Döhring, Anarcho-Syndikalismus in Deutschland 1933-1945, Stuttgart, Schmetterling, 2013, p. 141-145 ; Wolfgang Abendroth, Ein Leben in der Arbeiterbewegung, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 1977, p. 183-186.
158 Wilhelm Agatz, « Lebenslauf », 8 mars 1946. Fonds Agatz (NY4161/3), Bundesarchiv Berlin.
159 « Dienstverpflichtung », 27 novembre 1944. Fonds Maier (Q1/8-7), HStAS.
160 Klaus-Jürgen Matz, Reinhold Maier, ouvr. cité, p. 165.
161 Joachim G. Leithäuser, Wilhelm Leuschner. Ein Leben für die Republik, Cologne, Bund, 1962, p. 199-200.
162 Ludwig Bergsträsser, « Wiederherstellung », s. d. [supposément 1942]. Fonds Leuschner (O29/45), StaDA.
163 Michael Balfour, Julian Frisby, Freya von Moltke, Helmuth James von Moltke. 1907-1945. Anwalt der Zukunft, Stuttgart, Deutsche Verlags-Anstalt, 1975, p. 186-187.
164 Hans Schlange-Schöningen, Am Tage danach, ouvr. cité, p. 193-194.
165 Udo Wengst, « Schlange-Schöningen, Hans », Neue Deutsche Biographie, no 23, 2007, p. 26. En ligne : [https://www.deutsche-biographie.de/gnd12373181X.html].
166 Hans Schlange-Schöningen, Am Tage danach, ouvr. cité, p. 191-192 et 194.
167 Ibid., p. 195.
168 Klaus Gotto, « Heinrich Krone », art. cité, p. 43.
169 Klaus Schönhoven, Freiheit und Leben, ouvr. cité, p. 161.
170 Marie Ansorge, Robert Daum, Paul Gibbert, Michael Horlacher, Heinrich Krone, Paul Löbe, Kurt Schumacher.
171 Isabell Sprenger, Walter Kumpmann, « Gross-Rosen – Stammlager », Der Ort des Terrors, vol. 6, Natzweiler, Gross-Rosen, Stutthof, W. Benz, B. Distel dir., Munich, Beck, 2007, p. 195-222, ici p. 208.
172 Martin Schumacher dir., M.d.R., ouvr. cité, p. 370 ; Wolfgang Benz, Barbara Distel dir., Der Ort des Terrors, vol. 3, ouvr. cité, p. 12.
173 Paul Löbe, Der Weg war lang, ouvr. cité, p. 240 et 244.
174 Martin Schumacher dir., M.d.R., ouvr. cité, p. 151.
175 Hermann Brill, Gegen den Strom, ouvr. cité, p. 88.
176 Günther Högl, Karl Lauschke, Fritz Henßler, ouvr. cité, p. 51.
177 Paul Löbe, Der Weg war lang, ouvr. cité, p. 217-229 et 240-245.
178 Marie-Elisabeth Lüders, Fürchte dich nicht, ouvr. cité, p. 134-135.
179 BT-PA [Brill] Ausschuss für Rechtswesen und Verfassungsrecht 1/269, 18 juin 1953, fol. 17.
180 BT-PA [Brill] Ausschuss für Rechtswesen und Verfassungsrecht 1/260, 19 mai 1953, fol. 21.
181 BT-PA [Brill] Ausschuss für Rechtswesen und Verfassungsrecht 1/269, 18 juin 1953, fol. 17.
182 Martin Schumacher dir., M.d.R., ouvr. cité, p. 211 ; Walther Killy dir., Deutsche Biographische Enzyklopädie, vol. 1, Munich, Saur, 1995, p. 547.
183 Marie Ansorge (SPD), Paul Löbe (SPD), Hans Schlange-Schöningen (DNVP/KVP/CNBL), Louise Schroeder (SPD), Friedrich Wilhelm Wagner (SPD), Helene Weber (Zentrum).
184 Theodor Heuss (DDP/DStP), Hermann Höpker Aschoff (DDP/DStP), Heinrich Krone (Zentrum), Ernst Lemmer (DDP/DStP).
185 Wilhelm Agatz (KPD), Ludwig Bergsträsser (SPD), Hermann Brill (SPD), Fritz Henßler (SPD), Marie-Elisabeth Lüders (DDP), Hugo Paul (KPD), Heinrich Ritzel (SPD), Ernst Roth (SPD), Kurt Schumacher (SPD).
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