§ 4. Intérêt public attaché à la conservation des forêts
p. 64-65
Texte intégral
1Les gouvernements peuvent très bien laisser aux particuliers le soin de régler la production de cette multitude de denrées agricoles, dont la principale destination est de subvenir à la nourriture et aux vêtements des populations. Si la négligence des producteurs, ou certaines circonstances météorologiques, diminuant temporairement la récolte, produisent un commencement de disette et par suite un renchérissement de prix, l’intérêt de ces producteurs vivement excité ne tarde pas à rétablir l’équilibre pour un genre de production qui n’exige qu’une succession rapide de travaux et par suite de faibles avances de fonds. Il en est autrement des produits forestiers ; leur reproduction exige un intervalle de temps considérable rarement inférieur à vingt ans, souvent supérieur à un siècle. Or la destruction inconsidérée des forêts peut très bien s’opérer, par une foule de causes, sous l’influence des intérêts privés. Mais l’excitation de ces mêmes intérêts ne suffit plus ici pour mettre fin immédiatement à la disette de produits forestiers ; alors même que ces intérêts se préoccuperaient de remédier au mal qui s’est produit, celui-ci n’en devrait pas moins peser sur plusieurs générations. L’expérience entière de l’humanité prouve d’ailleurs qu’il était au-dessus des forces des sociétés telles qu’elles ont été constituées jusqu’à ce jour, de réparer le dommage causé par la destruction des forêts : cette calamité publique a toujours eu pour conséquence la décadence de la civilisation et l’abandon presque complet du territoire. Sans doute, dans les embarras partiels qui se peuvent présenter aujourd’hui, par suite du déboisement de certaines portions du territoire, les nations civilisées disposent d’une foule de moyens d’actions inconnus aux âges précédents. Toutefois l’homme ne pourra jamais se soustraire complètement aux difficultés de la lente croissance des bois ; et, par ce motif seulement, il sera toujours du devoir d’un gouvernement sage de veiller avec sollicitude à la conservation des forêts.
2Ces diverses considérations justifient suffisamment l’importance que nous voudrions voir accorder dans l’administration de l’Etat aux questions concernant les forêts. Nous nous proposons maintenant de traiter ces questions sous les divers points de vue et avec les seuls détails que réclame toute éducation libérale. Dans un premier chapitre comprenant les questions techniques, nous traiterons de la nature physique du bois, de la distribution géographique des forêts en général et des principales sortes de végétaux forestiers ; des principes fondamentaux de la culture des forêts ; nous décrirons ensuite sommairement les opérations qui se rattachent à la reproduction, à la récolte et au transport des bois ; enfin nous terminerons cet exposé en déterminant les quantités de travail humain et les dépenses de toute nature qu’exigent ces divers travaux. Dans le second chapitre consacré aux questions administratives, nous essayerons d’établir les principes qui, dans l’état actuel des sociétés européennes doivent servir de base à la propriété, à l’administration et à la législation des forêts.
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