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Texte 45

Lettre à Giuseppe De Falco

p. 389-390


Texte intégral

Au front, Mussolini reste en contact épistolaire avec ses collaborateurs du Popolo d’Italia et certains des courriers qu’il leur envoie sont publiés dans le quotidien. Le 26 février 1917, dans un article consacré à l’accident dont il a été victime trois jours auparavant, la rédaction reproduit une lettre adressée quelques temps plus tôt à Giuseppe De Falco (1878-1952).

Celui-ci a collaboré avec Mussolini dès la création d’Utopia en 1914, avant de devenir rédacteur en chef du Popolo d’Italia en mars 1915 puis d’en assurer la direction tandis que son fondateur est sous les drapeaux. Toutefois, à l’inverse de Mussolini, il conserve ses convictions socialistes et finit par rompre avec lui et quitter le journal en 1918 pour fonder en août de la même année son propre quotidien, Il Giornale del popolo (Le Journal du peuple).

Lettre à Giuseppe De Falco1

1Mon très cher De Falco.

2Les journaux du trust clérical, ceux-là même qui, il y a deux ou trois mois, – avec une mauvaise foi typique des curés – montèrent une violente campagne de diffamation contre moi, tentant de me faire passer pour un « embusqué » après 18 mois de « vrai » front, et qui mentaient sciemment, prétendent maintenant m’envoyer à la messe, simplement parce que j’ai applaudi un discours « italien » prononcé par un aumônier militaire2. Merci, mais je refuse…

3Toutes les fois où il m’arrivera d’entendre – au milieu de ces dolines tragiques – un discours anti- allemand, un de ces discours qui ne dépriment pas, mais attisent les énergies des combattants, je crierai « bravo » à l’orateur, sans considérer l’habit qu’il porte ou sa foi religieuse. Malheureusement, des discours de la sorte, je n’en ai que très peu entendu, et si le moral des soldats est encore bon, on le doit aux vertus de notre race, et sûrement pas à l’œuvre de propagande persuasive et exaltante qui a été lamentablement négligée.

4Je comprends que les cléricaux s’agrippent à un épisode isolé pour arriver à une généralisation, mais de même qu’une hirondelle ne fait pas le printemps, un aumônier militaire patriote ne fait que mettre en lumière les autres, trop nombreux, qui ne sont pas patriotes ou qui le sont de manière fort équivoque.

5Salut, salut à tous.

Notes de bas de page

1 D’après OO, vol. 8, p. 354.

2 Voir le texte 44, Journal de guerre.

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