Chapitre 7
La professionnalisation de la gestion et de la surveillance domestique
p. 113-130
Texte intégral
La probité est une des obligations essentielles du domestique ; mais on doit bien avouer qu’il est parfois assez rare de rencontrer aujourd’hui cette qualité chez nos serviteurs […]. Les domestiques, en général, fuient systématiquement les maisons où règnent l’ordre, le rangement, une sage économie et une stricte surveillance […]. Les bonnes maisons à leurs yeux sont celles où le défaut d’économie et l’absence de toute surveillance livrent tout au pillage.1
1Ces considérations, issues d’une thèse de droit publiée en 1906, mettent en lumière la vision extrêmement négative des domestiques qu’entretiennent les classes favorisées. Les classes populaires sont de plus en plus à la Belle Époque associées à une menace. En réponse à ces tensions sociales perçues comme grandissantes se « professionnalise » l’encadrement de la main-d’œuvre.
2À partir des années 1880 s’opère une subtile diversification sociale du patronat domestique, visible dans la région lyonnaise comme à l’échelle nationale2. Rentiers et rentières restent en première position, employant jusqu’au début du xxe siècle au moins un.e domestique sur deux, puis autour d’un.e domestique sur trois avant 1914. Leur poids comme employeur.es domestiques décline peu à peu au profit des professions libérales (un.e domestique sur cinq en 1911) et surtout des industriels et ingénieurs. De plus en plus de bourgeois déclarent appartenir à ces dernières professions, dont les effectifs explosent sur le plan national3. En conséquence, leur part parmi le patronat domestique s’accroît à partir des années 1870 : les industriels de Saint-Étienne emploient par exemple 759 domestiques (22,3 % du total des domestiques de la ville). La bourgeoisie d’affaires constitue une « nouvelle classe », « avide de tenir le haut du pavé » et qui garde « le goût et le genre de vie des anciens privilégiés »4. Leur ascension sociale s’étale sur plusieurs générations, et s’accompagne d’une domesticité nombreuse, à l’exemple de la famille Isaac. Originaires du Nord, les Isaac s’installent à Lyon attirés par le développement du tissage et s’enrichissent progressivement. Le foyer de Louis Isaac compte une domestique en 1861, deux en 1866 et trois en 1872 et en 18815. Auguste Isaac, le fils aîné, emploie en 1906 au moins quatre domestiques dans son appartement des Brotteaux6. Son frère Maurice (1862-1930) possède lui une résidence à Écully où en 1911 officient cinq domestiques7. Enfin, à ces employeur.es très riches s’ajoute une foule de commerçant.es ou d’artisans qui embauchent bon nombre de domestiques dans les villes moyennes (à Roanne ils et elles emploient un.e domestique sur trois pour la période 1851-1911), mais sont nettement moins représentés dans les quartiers chics de Lyon (autour de 11 %).
3Ces « nouveaux » professionnels des affaires, qu’ils se définissent strictement comme « ingénieurs » ou « industriels », ont tendance à appliquer pour leurs foyers une partie des raisonnements de gestion de ressources humaines qu’ils ont dans leurs entreprises. Ils préfèrent ainsi faire confiance à des professionnels du recrutement en matière de domesticité : les bureaux de placement. En effet, ils ne disposent pas du capital social des grandes maisons qui échangent parfois leur main-d’œuvre ou se fournissent dans les communes où elles possèdent leurs domaines8.
L’essor des bureaux de placement : un recrutement professionnalisé
4S’il existe des bureaux de placement publics, gérés par les municipalités de Lyon et Saint-Étienne, ce sont les bureaux privés qui prennent une importance croissante à partir des années 1870. Ces fonds de commerce sont possédés et gérés par des particuliers. Leur mission est de mettre en contact l’offre et la demande de travail domestique, et quelques établissements s’occupent aussi de « placer » – selon le vocabulaire contemporain – des garçons et filles de café et des « extras » pour la restauration. Les bureaux sont géographiquement implantés de manière stratégique, dans les quartiers les plus centraux, les plus accessibles à la fois pour les employeur.es des quartiers riches et le potentiel réservoir de main-d’œuvre des quartiers populaires. À Lyon, la Guillotière est à moins de deux kilomètres de la dizaine de bureaux situés près de la place des Terreaux.
5Jusqu’en 1904, date à partir de laquelle le patronat paye le placement, les tarifs ne sont presque pas régulés. Les propriétaires de bureaux ponctionnent les gages des domestiques. Le règlement du bureau tenu en 1878 par Antoine Pradel précise ainsi :
Dans le cas où la personne placée ne serait pas en mesure de payer sa place, le maître est tenu de payer dans les 8 premiers jours de son entrée en place, et la somme lui sera imputée sur les premiers gages gagnés. […] La personne placée n’a pas le droit de réclamer le remboursement de la somme déposée, lors-même qu’elle ne resterait que quelques jours en place, ou qu’elle n’y entrerait pas après y avoir été admise, soit par sa faute ou par sa négligence de s’y rendre le jour ou l’heure fixée par le maître. […] Si un sujet ne se convenant dans une place, ou s’il était renvoyé dans les 8 premiers jours de son entrée, il lui sera procuré une seconde place parmi celles inscrites au bureau.9
6L’inscription sur les registres des bureaux est également payante pour les domestiques (entre 50 centimes et 1 franc)10, jusqu’à la loi de 1904. Ces bureaux sont tenus par des hommes et par des femmes de la petite bourgeoisie et des classes moyennes, possédant souvent une solide expérience du commerce. À partir des années 1870 et 1880, le placement devient l’activité unique de ces commerçant.es11. Les antécédents des domestiques postulant.es sont mieux vérifiés. Ainsi, une réelle professionnalisation du métier de placeur ou de placeuse se met en place. Elle accélère le quadrillage des domestiques. Au même moment, l’administration se fait plus vigilante envers les nourrices : depuis 1874 un certificat du maire doit attester que leur dernier-né est âgé de plus de 7 mois ou pris en charge par une autre femme12.
7Les agences de placement privées sont soumises à une procédure stricte de la part des autorités publiques dès les années 1870. D’épais dossiers sont constitués par la préfecture pour les demandes d’autorisation d’ouverture ou de transmission des bureaux de placement. Les requérant.es doivent fournir un certificat de bonne vie et mœurs, le plan des locaux, les tarifs envisagés. Les hommes célibataires sont plutôt mal vus13. À partir de 1904, sous la pression du syndicat des gens de maison, les frais de placement, plafonnés, passent à la charge des employeur.es14. La surveillance étatique contribue à la professionnalisation grandissante des tenanciers et tenancières de bureaux de placement.
8Pourquoi une telle vigilance en ce qui concerne les bureaux et leurs gestionnaires, alors même qu’aucune législation d’ensemble n’encadre la domesticité de manière générale ? Aucun élément présent dans les dossiers préfectoraux ne l’explique. Ce silence résulte d’un implicite si communément admis que personne ne le détaille : les autorités publiques ont peur d’abus sexuels et de la constitution de réseaux de « traite des Blanches ». Le fantasme à cet égard est contradictoire puisque les femmes que la préfecture essaye de « protéger » sont placées par ces mêmes institutions étatiques dans une position de vulnérabilité forte sur le plan sexuel, dans une société où l’hétérosexualité maritale paraît l’un des uniques moyens d’assurer sa survie économique.
9Selon les autorités, le moment dangereux pour les domestiques est celui « entre deux places » : au sein d’un ménage, les jeunes femmes seraient en sécurité et il n’y aurait besoin de mener une inspection ou même de vérifier la taille, la salubrité des lieux. L’administration se montre tatillonne sur les tarifs des placeurs alors même qu’elle se désintéresse des gages versés aux domestiques.
10Outre le niveau élevé de panique morale sur les comportements sexuels, ces dispositions révèlent l’articulation des enjeux entre travail et sexualité.
11Parce que les discours liant domesticité et prostitution fleurissent au xixe siècle (les deux métiers sont pratiqués par des populations socialement semblables : des femmes blanches célibataires des classes populaires, jeunes et mobiles), et surtout parce qu’elle a voulu fabriquer une main-d’œuvre domestique homogène se caractérisant par une vulnérabilité économique, affective et sexuelle (voir le chapitre 2), la bourgeoisie se heurte aux limites, y compris discursives, de cette « sur-vulnérabilité » : il ne faudrait pas que cette main-d’œuvre blanche soit (intégralement) captée par le travail sexuel, et par conséquent mise hors du champ du travail domestique. Les classes dominantes et les institutions étatiques sont ici prises dans une contradiction : la proximité entre travail sexuel et travail domestique est à la fois menaçante (d’où la surveillance des bureaux de placement et les conférences internationales sur la traite des Blanches15) et limitée à des circonstances particulières, que sont les moments de mobilité entre deux « maisons ». Cela vise donc à restreindre au plus la mobilité des jeunes femmes blanches célibataires. Alors que les industriels réorganisent leurs usines dans un objectif d’« assainissement moral »16, avec la mise en place d’une stricte division sexuelle des ateliers, la ségrégation genrée touche aussi les « bureaux de placement » : une salle pour faire patienter les postulantes femmes, une autre pour les candidats hommes. Ce gage de respectabilité est recommandé par la police17.
12Les placeurs font l’objet d’investigations, mais la réputation sexuelle des employeurs masculins (y compris des célibataires) n’est pas examinée, à l’exception d’un cas unique d’après les archives dépouillées, celui de M. Al-Nahas, juge au tribunal indigène du Caire. Homme de nationalité étrangère, musulman, racisé, M. Al-Nahas fait l’objet de vérifications par un placeur lyonnais et par les autorités lyonnaises qui jamais auparavant n’ont considéré les employeurs du Rhône et de la Loire comme potentiellement suspects. Al-Nahas, magistrat, réclame à Coste, tenancier d’un bureau de placement à Lyon, une femme de chambre pour sa demeure cairote en 1913. Le placeur s’assure auprès du consul de France au Caire des intentions de Al-Nahas avant d’envoyer une jeune fille en Égypte. Le ministère des Affaires étrangères lui répond le 4 novembre 1913 : « Notre Consul […] ne conseille pas, dans les conditions présentes, de laisser venir au Caire une jeune Française. M. Moustapha Al Nahas est célibataire et la personne qu’il emploierait se trouverait, de l’avis de notre Consul, dans une situation délicate. »18 Coste, placeur provincial et peu habitué des placements à l’étranger, veut-il s’assurer sincèrement de la sécurité de sa future recrue ? Si nous ne pouvons exclure la bienveillance de Coste pour expliquer ses scrupules et sa petite enquête, il est fort probable qu’elle ait été déclenchée par racisme. Nous pensons en effet que Coste, qui dans sa longue carrière a déjà placé des jeunes femmes chez des patrons libidineux19, associe la figure de l’Arabe célibataire à une forme d’hypersexualisation prédatrice et qu’il est rejoint en cela par le consul de France au Caire. Cet exemple illustre la crainte des autorités françaises de voir des filles blanches, même issues des classes populaires, « déchoir » dans le travail sexuel auprès d’étrangers ou – pire –d’« indigènes ».
13La « traite des Blanches » illustre la montée en épingle d’un phénomène de proxénétisme défini et traité de manière très étroite et qui ignore la possibilité pour les femmes d’opter volontairement pour le travail sexuel. Le trafic des femmes blanches à l’international concentre l’attention ; or, il concerne surtout des femmes racisées et se déroule principalement à la demande et au bénéfice des colonisateurs20 : les proxénètes sont blancs. Se focalisant sur les placements effectués dans des maisons closes à l’étranger, les autorités françaises ne se préoccupent pas des abus sexuels commis sur les domestiques par leurs employeurs en France, dans des maisons où ne s’applique aucune législation du travail. Le racisme est perceptible derrière l’affaire Al-Nahas : l’appropriation de « Blanches » doit rester une prérogative de « Blancs ». Cette « professionnalisation » des recrutements a des limites : elle ne se traduit pas par la signature d’un contrat écrit21, et les garanties offertes ne sont pas parfaites, comme en témoignent les multiples plaintes patronales déposées contre les bureaux.
La disciplinarisation du travail ménager
14Les patron.nes se professionnalisent également dans leur gestion de la domesticité, ce qui conduit à des changements dans les processus de production domestique. Les emplois du temps prévus par les employeur.es pour leurs domestiques apparaissent dans plusieurs manuels de gestion domestique français22. Les nouveaux ménages employeurs (classes moyennes urbaines et bourgeoisie entrepreneuriale) importent dans leur foyer le mode de gestion de la main-d’œuvre industrielle.
L’art du temps, une préoccupation plus forte
15Les mutations du rapport au temps des bourgeois.es expliquent certains changements. Se multiplient à partir des années 1890 les réflexions sur les manières les plus efficaces de déployer l’énergie humaine de la part d’ingénieurs se plaignant de la langueur des classes ouvrières23. De nouvelles formes disciplinaires apparaissent dans les usines, avec un contrôle se concentrant plus sur le temps de présence à l’usine (chronométrage)24. Pour les classes dominantes de Lyon, « l’utilisation rationnelle du temps est une loi fondamentale », et cette quête d’efficacité affecte également le monde de la maison (agenda)25. Dans les campagnes aussi, le rapport au temps devient plus précis : obligations scolaires et horaires des trains imposent la ponctualité26. La domesticité de ferme est soumise à une grande pression sur le temps. Le « grand valet » impose ainsi la cadence des fauches, des repas : lorsqu’il ferme son couteau, tout le monde retourne au travail27.
16Un contraste apparaît avec les années 1850, où, en dehors de certaines contraintes « exogènes » (tels les horaires des marchés28), l’emploi du temps des domestiques n’était pas soumis à des règles détaillées. On passe de l’obligation d’effectuer les tâches données (ce qui implique tout de même une cadence soutenue) à une surveillance spécifique du patronat sur l’ordre des activités et la vitesse d’exécution des tâches. Dans les archives dépouillées pour la période 1848-1876, nous n’avons trouvé aucune remarque défavorable d’employeur.es sur le rythme de travail de leurs domestiques, à l’exception de celle concernant Marwan. Or plusieurs commentaires négatifs sur la vitesse d’exécution des employé.es sont lisibles dans les archives de 1886-1911 en milieu urbain. Nous avons vu que Marie Fiviat avait été licenciée plusieurs fois en 1890-1891 pour travail insuffisant. Plus précisément, on la trouve « molle, peu intelligente, et incapable de faire une bonne domestique en ville »29. « Une bonne n’a pas besoin de s’asseoir », déclare la mère d’une boulangère, patronne d’Yvonne Cretté-Breton dans les années 191030. Les exigences portent – et ceci semble nouveau – sur le rythme de travail plus que sur sa quantité réelle. Le travail est moins organisé en fonction des tâches qu’en fonction du temps, avec une nette démarcation entre labeur et repos31. Les instructions précises sur la cadence à tenir se multiplient : quatre pages manuscrites ont été laissées par Madeleine Duport en octobre 1906 à sa cuisinière, ses deux femmes de chambre et son cocher pour « le service de Briante », le domaine des Duport à Saint-Lager (Rhône). L’extrait suivant permet d’évaluer le degré de contrôle exercé dans ce riche ménage de province :
Femme de chambre (2e) 2 coups.
En se levant faire son lit : chaussures, robes, avant le réveil de ces Dlles. Les réveiller à 6h1/2. Lever M. Pierre à 7h.
Commencer les chambres aussitôt libres.
Faire le billard, la lingerie, l’entre deux des portes, salle à manger, fontaine, office après 1er petit déjeuner. Faire chambres Mlles Germaine et Madeleine. Le cabinet toilette : balayer celui de M. Pierre ou celui de Mlle Marguerite.
Service du poêle du billard et de la salle à manger. Salle à manger, cambuse, escalier. Vestibule téléphone dessous l’escalier appareils téléphoniques et sonneries.
2 fois par semaine escalier de la cuisine et rampe sous escalier. Escalier chambre de Mme.
Service de table verres, argenterie, midi et soir.
Le soir fermer porte bûcher, office, faire toute l’argenterie de temps en temps.
À la tombée de la nuit fermer les fenêtre mais non les volets.
Allumer les gaz et les lampes.32
17Madeleine Duport oblige la femme de chambre à guetter les sorties patronales, et à se presser pour nettoyer les chambres libérées. Entre la fin du petit déjeuner et le repas de midi, la liste des pièces à entretenir en quelques heures impressionne : plus encore que sous le Second Empire, l’oisiveté est rendue impossible par cette stratégie managériale. Ainsi apparaît l’objectif de Madeleine Duport : « l’utilisation exhaustive »33 des capacités laborieuses de sa femme de chambre. Cette croissance des exigences patronales s’accélère au cours des années 1920, avec l’imposition croissante de routines déterminées par des emplois du temps toujours plus stricts, qui suit l’importation en France des principes de l’organisation scientifique du travail de Taylor.
18Ces instructions écrites révèlent en outre l’existence d’un subtil système de communication par signaux. Dans la liste de Madeleine Duport, les deux domestiques doivent répondre chacune à des coups de sonnette suivant un code établi : un coup pour la première femme de chambre, deux coups pour la seconde. Madeleine Duport s’épargne ainsi du travail de verbalisation, gagnant du temps et de l’énergie. Elle attend de ses employées « non de comprendre » mais de percevoir « le signal, d’y réagir aussitôt selon un code plus ou moins artificiel »34. Pour Foucault, cette signalisation est aussi une composante du contrôle des activités, partie prenante des méthodes disciplinaires. Plus encore que dans l’industrie, ce rapport de signalisation se révèle caractéristique de la plupart des relations domestiques, dans la mesure où la présence continuelle des employeur.es et des employé.es au sein du même foyer renforce le recours aux signaux à la place d’injonctions verbalisées.
Préoccupations communes au patronat industriel et domestique et quadrillage racial
19Les employeur.es industriels comme domestiques veulent réduire la volatilité de leur personnel35. Le turnover devient à la Belle Époque le « principal tourment » de la bourgeoisie36. Alors que les industriels s’assurent de l’assiduité ouvrière en fermant les usines, le patronat domestique joue sur le contrôle étroit des sorties. Les contraintes sur la mobilité pèsent encore plus sur les domestiques issu.es des colonies. Ils et elles sont soumis à un contrôle institutionnel strict dès l’embarquement à destination des côtes françaises et les espaces qui leur sont accessibles sur les navires sont codifiés à partir de 190437. En métropole, les domestiques « indigènes » peuvent circuler tant qu’ils et elles sont en poste. Mais sans patron.ne, ils et elles doivent demander un permis à la mairie pour changer de communes (lois de 1874, 1890 et 1904)38. Comme l’explique Jean-Philippe Dedieu, l’objectif de ce quadrillage racial est d’assurer qu’ils et elles ne s’installent pas en métropole quand et s’ils et elles quittent leurs employeur.es39. Ces restrictions de la mobilité des domestiques des colonies paraissent efficaces : aucune archive publique consultée n’a gardé trace d’une main-d’œuvre coloniale entre 1870 et 1914 dans la Loire ou le Rhône, alors que les liens économiques entre Lyon et les colonies sont forts (deux expositions coloniales sont organisées, l’une en 1894 et l’autre en 1914)40.
20Pour l’ensemble des domestiques, l’« art du temps » induit des exigences fortes sur l’assiduité au travail, à travers la rémunération. L’annualisation des versements des gages incite les domestiques à rester jusqu’à la fin d’une année. Jouer sur les calendriers de paye est aussi une technique utilisée par les industriels de l’Angleterre du xviiie siècle41. Différer le paiement du salaire permet au patronat d’engranger des intérêts sur les futurs gages à verser. Pour les domestiques agricoles, les usages locaux préconisent, en cas de départ précoce, une rémunération calculée en fonction des saisons, car « il est d’usage de payer moins cher l’hiver que l’été » : un domestique ayant travaillé pour le seul mois de février touche ainsi 1/36 des gages annuels prévus42. Ce système en place vise à empêcher les domestiques de chercher « seulement » gîte et couverts pendant les mois les plus froids et à les garder lorsque les gros travaux (récoltes) les rendent indispensables. À la campagne, la forme agricole du quadrillage présente donc des spécificités : si les processus de travail sont en général moins précisément définis que chez le patronat des villes, une grande attention est prêtée aux soins des outils utilisés ou du bétail. Dans un exemple cité par Elizabeth Jones, une jeune femme est victime de « coups de poing sur les oreilles », car elle n’a pas utilisé la bonne fourche43.
21Les mauvais traitements, sans être fréquents, existent. À partir des années 1870, ils sont de moins en moins admis. Comme dans le monde artisanal et industriel, les châtiments corporels s’utilisent parfois comme outils de disciplinarisation44. Dans la domesticité, les pratiques d’humiliation paraissent plus fréquentes encore : frère et mère de voleuses domestiques sont convoquées par les patrons pour réprimander publiquement les femmes incriminées45. Aidant aussi au quadrillage, le refus de références ou les commentaires négatifs sont pour la domesticité le pendant des listes noires des industriels. Les actions des un.es et des autres les suivent d’un.e employeur.e à l’autre, car le patronat domestique communique sur ses ex-employé.es.
22La discipline s’acquiert aussi de manière incitative en milieu industriel, comme en milieu domestique46, avec des bonus (« pourboires »). Ceux-ci sont recommandés, mais en réalité exceptionnels. Les récompenses sont généralement des marques symboliques d’appartenance à la famille : Marie Roustan a travaillé de 1840 à sa mort en 1880 pour les barons Chaurand, et est inhumée dans le caveau familial, car elle prenait « des initiatives, vendant suivant les cours le vin, les agneaux, les veaux… engageant les ouvriers, s’occupant de tout avec dévouement et intelligence »47. Et si les initiatives de Marie Roustan n’avaient pas été des succès économiques ? Aurait-elle eu sa place dans le caveau Chaurand ? Louis Chaurand prend soin de préciser que Marie Roustan ne savait pas lire. La condescendance apparaît alors : le « mérite » de Marie Roustan est d’autant plus grand qu’elle a su surprendre ses employeur.es par son intelligence. Enfin, certains employeur.es font également miroiter une part de leur héritage48, mais là encore cette pratique se traduit le plus souvent d’une manière symbolique par des dons très réduits. En outre, les legs trop importants au personnel sont contestés par les héritiers49.
Quadrillage corporel, quadrillage émotionnel
23Peu d’informations sont disponibles sur les exigences vestimentaires. Tout au plus peut-on déduire des archives judiciaires que robes sombres et tabliers blancs sont courants pour les femmes en ville, et que les domestiques des campagnes ne semblent pas vêtu.es de manière très différente du reste de la population rurale. En matière de performance physique attendue, la manière dont la blanchité (des corps, des gants, des tabliers) est associée de manière explicite à la propreté donne à réfléchir, mais nous manquons de sources. Les domestiques « à la personne » doivent être toujours impeccables50. La fonction de l’uniforme est de marquer une distance sociale entre employeur.es et employé.es, ce qui peut aussi se renforcer par le choix d’une domesticité racisée. Le journal d’Henry Morel-Journel à propos de son mariage en 1900 est éloquent :
Je me rappelle que la queue de la robe blanche de Thérèse était portée par un valet de pied nègre. Cela impressionnait les populations. Il y avait en effet à cette époque plusieurs domestiques malgaches dans la famille […]. Ces Malgaches étaient propres, fins, d’une jolie couleur cuivrée ; ils étaient intelligents, et au bout de quelques années, ils ont quitté le service pour rentrer dans leurs pays comme commerçants ; l’un d’eux même est devenu employé de banque à Paris.51
24L’effet recherché par l’embauche d’une main-d’œuvre coloniale est « l’impression » : au même titre que la robe de la mariée, le porteur paraît objectivé. L’exotisation (« jolie couleur ») et le paternalisme condescendant manifestent des formes de racisme. Morel-Journel résout son propre inconfort par le mépris de classe : les Malgaches ne sont pas là pour l’impressionner lui-même mais pour les « populations », même si lui-même est fasciné. En mentionnant leur devenir professionnel, l’auteur insiste sur la dimension « positive » de la domesticité en métropole, un tremplin vers des carrières enviables (enviables pour des domestiques malgaches, mais dont lui ne voudrait pas pour ses enfants). En insistant sur la réussite des Malgaches et leur intelligence, Morel-Journel cherche à se prémunir d’un traitement raciste de sa part, mais comme Louis Chaurand avec Marie Roustan, la bienveillance exprimée avec un accent de surprise devant les capacités des domestiques est en fait une forme de mépris.
25Enfin, en particulier aux yeux des « maîtresses de maison », le travail domestique doit s’accompagner d’une performance émotionnelle. Les domestiques les plus apprécié.es sont ceux et celles qui non seulement ne rechignent pas, mais qui en plus manifestent une joie (contenue) en travaillant. En 1902, Denise Rambaud écrit ainsi à son mari sa satisfaction : « Je respire d’avoir quelqu’un qui ne trouve rien d’impossible, qui fait l’ouvrage de bon cœur et qui a l’air content. »52 Sourire et ne pas se départir de sa bonne humeur est une composante du travail domestique soulignée par des travailleuses domestiques et par la sociologie actuelle53. D’où vient cette exigence, particulièrement manifestée par des patronnes ? Elle paraît liée à leur éducation de genre et de classe, car famille et Église insistent sur la paix que les épouses doivent préserver au sein de leurs foyers54. Cette mission est encouragée par les maris, qui ainsi sont servis sans avoir à trop se préoccuper de la « charge mentale » derrière le travail domestique, s’assurant alors un bénéfice psychologique. Les hommes demeurent pourtant majoritaires et surreprésentés parmi les personnes servies (52 % des personnes servies en 1911 pour une part masculine de la population autour de 47,5 %)55. Les maris sont loin de se désintéresser totalement de la gestion domestique, car ils en sont les bénéficiaires en dernier ressort. Mais leur choix de déléguer l’essentiel des ordres quotidiens à leur épouse fait partie du dispositif patriarcal, opposant, mettant en concurrence des femmes pour « servir » les hommes.
Des processus de disqualification humiliants
26Le degré de qualification et les compétences maîtrisées sont systématiquement sous-estimés par le patronat. Les hommes et une partie des femmes de la grande bourgeoisie n’ayant jamais réalisé le moindre travail ménager, ne passant que très rarement en cuisine ou dans les buanderies, ne savent pas ce que nécessitent de telles tâches. « Comme bien des femmes riches, Madame Ortis était convaincue que les jeunes filles pauvres sont nées pour les servir, suivant un ordre immuable établi par Dieu »56, explique Yvonne Cretté-Breton. Les domestiques ne sont plus vraiment des personnes avec leur subjectivité à part entière comme le montre aussi notre chapitre 5. Emblématiques de ces considérations patronales disqualifiantes sont les changements de nom imposés : les marquis de Fenoyls rebaptisent Joséphine leur cuisinière en « Maria »57. Ces nouveaux noms imposés ne se repèrent pas aisément dans les archives administratives et judiciaires et il est donc difficile de savoir si renommer les domestiques est une pratique banale ou marginale au tournant des xixe et xxe siècles.
Une production domestique plus sophistiquée
27Cette disciplinarisation nouvelle de la domesticité doit être mise en relation avec les attentes croissantes en matière de production domestique. Au sein des appartements bourgeois, des arrivées d’eau sont installées à partir des années 1880 (70 % des logements lyonnais environ)58, ce qui allège des corvées d’eau. En dépit de ces progrès, la quantité et la qualité du travail ménager à fournir s’accroissent, car les demandes bourgeoises sont plus sophistiquées : les recensements montrent que chaque domestique doit « entretenir » un nombre plus grand d’employeur.es (2,83 en moyenne en 1851, contre 3,03 en 1911)59. La taille croissante des appartements, l’essor des résidences secondaires60, les réceptions multiples expliquent aussi cette surcharge de travail des domestiques. Les standards de propreté se transforment : la poussière est de moins en moins tolérée tandis que s’accumulent les bibelots de plus en plus à la mode61. Dans les villes minières de la Loire, il faut en plus combattre la poussière noire et grasse se dégageant des puits62. À la campagne, le patronat agricole ne cherche pas à moderniser les processus de travail, qui restent longs et pénibles. Parce que les employeur.es travaillent également, ils et elles ne manquent pas d’exigences envers leurs employé.es, y compris pour des tâches ingrates, ordonnant aux domestiques ce que personne d’autre ne consent à réaliser.
28Il faut attendre les années 1910 pour que se développe un véritable courant de rationalisation du travail ménager63. Ce mouvement cherche à revaloriser le travail domestique, pour qu’il reste attractif64, tout en le fragmentant et en systématisant certains procédés. La standardisation ôte une part de l’initiative et de la créativité des travailleurs et travailleuses domestiques et dévalorise pourtant le labeur effectué.
29Aux États-Unis et en Europe occidentale, les maîtresses de maison sont invitées à repenser l’organisation de la production domestique en copiant et en adaptant les évolutions de l’industrie en pleine reconfiguration. Toute une série d’initiatives converge dans cette direction, de l’essor des « arts ménagers », dont le premier Salon en France se tient en 192365, à l’arrivée de périodiques comme Éducation ménagère66. Les manuels domestiques traitaient du rapport au personnel jusqu’à la fin du xixe siècle, ils se focalisent désormais sur la gestion scientifique du ménage, adaptant les principes définis par Taylor sur l’organisation du travail. En France, la principale experte sur la question est Paulette Bernège à partir des années 1920.
30Cette volonté de rationaliser la production domestique concerne non seulement le monde urbain, mais également les campagnes et la production agricole. En effet, l’enseignement ménager se met aussi en place dans les zones rurales67. Dans le Rhône et la Loire, un exemple nous est donné par l’Union du Sud-Est des syndicats agricoles, qui édite en 1929 un manuel d’éducation ménagère agricole68. Cette taylorisation de la production ménagère s’est traduite par une hausse de la charge de travail à accomplir par la main-d’œuvre domestique. Le ratio entre employé.es et nombre de personnes « à servir » explose dans les années 1930.
31Entre les années 1920 et 1940, moins de personnel doit satisfaire les exigences de patron.nes qui ont toujours des familles nombreuses. Or les procédés de production domestique n’ont pas connu de révolutions majeures : la lessive exige toujours un épuisant labeur de manutention au début du xxe siècle69, la force physique, la dextérité et la persévérance doivent suppléer au manque d’équipement et de produits ménagers dans les ménages les plus pingres. Le nombre croissant de personnes à servir sous un même toit signifie une hausse (pas nécessairement symétrique) du nombre d’habits à entretenir, du nombre de messages à délivrer, de la quantité de courses à faire ou de nourriture à préparer. Comme à la fin du xixe siècle, les économies d’échelle n’ont lieu que dans une certaine mesure. La crise des années 1930 contraint par ailleurs certains foyers – même dans le milieu agricole, touché par la crise à partir de 1932 avec la chute des cours – à réduire de façon marginale leurs dépenses, en diminuant leur recours aux prestataires de service à la personne (restaurants, blanchisserie)70. Il est difficile d’estimer dans quelle mesure les domestiques récupèrent ces tâches supplémentaires. Nous pensons que la charge de travail augmente parce que la taylorisation force les domestiques à devenir plus efficaces. Ces nouvelles formes de travail taylorisées font apparaître de nouveaux gestes techniques, qu’il faut apprendre71. Par ailleurs, la surveillance patronale s’enrichit des nouvelles technologies : avec l’électricité se met par exemple en place des sonnettes électriques, des tableaux lumineux pour signaler au plus vite à leurs employé.es dans quelles pièces se rendre72. Gagner quelques minutes en prétendant ne pas avoir entendu ou ne pas savoir d’où provenait la sonnette devient ainsi de plus en plus difficile. En outre, il devient plus fréquent de donner des emplois du temps extrêmement détaillés aux domestiques73. En Grande-Bretagne, Mary Scot, 14 ans, se voit en 1926 imposer un programme quotidien en treize étapes, qui débute à 6 h 30 par l’ouverture des fenêtres, la secousse des tapis, et qui s’achève à 22 heures après la préparation des lits74. La vigilance sur le travail réalisé s’accroît également avec cette volonté de réorganisation et de rationalisation de la production domestique. Cette tendance s’accélère après la Première Guerre mondiale dans ce contexte de rationalisation : puisque les salaires ont augmenté, les employeur.es veulent obtenir plus et s’impliquent plus dans les procédés de production eux-mêmes. Les manuels et l’enseignement ménager dédramatisent la « chute sociale » qui serait incarnée par l’exécution des basses besognes75. Aussi, le patronat se rend plus régulièrement en cuisine pour scruter le travail effectué, ne s’arrêtant plus au seul résultat. Puisque des manuels détaillant les gestes les plus efficaces pour faire la vaisselle ou cirer le sol, et recommandant l’utilisation du chronomètre76, sont à disposition du patronat, on peut se demander dans quelle mesure ce dernier n’essaye pas de faire utiliser cette gestuelle spécifique à son personnel même s’il n’existe pas de traces de telles pressions dans les archives consultées.
32De nouvelles normes de propreté et de raffinement apparaissent. Si les adductions d’eau et, à partir des années 1920, l’électricité économisent certaines tâches ardues et chronophages, elles introduisent de nouvelles exigences. La disponibilité en eau s’accompagne d’une hausse du nombre de lessives. La corvée de fontaine se transforme en nettoyage des éviers, souvent poreux77. Sur le plan culinaire, la diversification des aliments disponibles généralise la pratique du dessert, qu’il faut donc préparer et servir78 en intégrant des produits nouveaux, issus de contrées plus lointaines. Différents fers à repasser correspondent désormais à différents tissus, qu’il faut maîtriser79, et si les tapis sont remplacés par du linoléum pour faciliter la lutte contre la saleté, celle-ci se voit plus, et plus vite, sur cette nouvelle surface lisse que sur les anciens revêtements. La poussière est désormais vue comme une source de maladies qu’il faut chasser avec encore plus de détermination qu’au xixe siècle80. Par ailleurs, les ménages qui avant 1940 s’équipent sur le plan électroménager ne sont pas ceux qui emploient des domestiques et restent rares : l’aspirateur est encore un véritable luxe dans les années 193081. En dépit de leur richesse, les très fortuné.es ne s’équipent pas et passent une partie importante de l’année à la « campagne », dans leurs résidences non connectées aux réseaux d’eau et d’électricité avant la Seconde Guerre mondiale82.
*
33Historiquement, faire travailler les pauvres a conduit à les enfermer, à l’exemple des usines-couvents, dans des espaces où s’organise une discipline industrielle. Nous estimons que le travail domestique rémunéré constitue lui aussi une discipline. L’art du rang et l’art de l’espace font partie des fondements de la domesticité, du moins dans l’esprit des classes supérieures. À partir des années 1870, le patronat domestique adapte les méthodes et techniques du monde de l’usine pour améliorer la productivité, à l’aide d’« instruments simples : le regard hiérarchique, la sanction normalisatrice » et de « douceurs »83. Ces contrôles renforcent les différences de classe entre employeur.es et employé.es. Le patronat est accompagné dans cette disciplinarisation par le système scolaire, l’appareil policier et judiciaire, l’Église. De nouvelles exigences sont explicitées, et une performance émotionnelle accrue est attendue. Continuellement accusée de malhonnêteté, la « classe » des domestiques est rendue responsable des tensions sociales regroupées sous le terme de « crise de la domesticité ». Cette accusation justifie l’absence d’améliorations dans les conditions de travail domestique. Selon le patronat, la réponse à la « crise » est à chercher dans un changement de comportements de la part des travailleuses et travailleurs.
Notes de bas de page
1 Henri Richard, Du louage de services domestiques, ouvr. cité, p. 88.
2 Adeline Daumard, Les bourgeois et la bourgeoisie en France, ouvr. cité.
3 Christophe Charle, Histoire sociale de la France, ouvr. cité, p. 216.
4 Éric Mension-Rigau, L’enfance au château, ouvr. cité, p. 49.
5 Recensements 6MP178, 6MP211, 6MP242, 6MP312, ADR.
6 Recensement 6MP104, ADR.
7 Recensement 6MP527, ADR.
8 Fanny Payen, grande bourgeoises lyonnaise de la fin du xixe siècle, a recruté deux domestiques à Écully où sa belle-famille possède un château. Catherine Pellissier, La vie privée des notables lyonnais, ouvr. cité, p. 42.
9 Règlement de l’Indicateur lyonnais, approuvé en janvier 1878 par la préfecture du Rhône, 10M198, ADR.
10 Un franc est demandé à l’Indicateur lyonnais, 10M198, ADR ; mais cette somme est mentionnée également dans la plupart des bureaux lyonnais : 10M198-10M200, ADR.
11 Dossiers constitués par la préfecture du Rhône sur les bureaux de placement, 10M198, 10M199, 10M200, ADR.
12 Henri Richard, Du louage de services domestiques, ouvr. cité, p. 61-62.
13 Dossiers constitués par la préfecture du Rhône sur les bureaux de placement, 10M198, 10M199, 10M200, ADR.
14 Arrêté préfectoral de 1923, par exemple : 10M193, ADR.
15 Plusieurs conférences internationales ont été tenues en Europe à ce sujet à partir de 1902 : F7 12653, AN.
16 Brochure de 1902 des Établissements Vrau, citée par Thibault Tellier, « Les nouvelles clôtures urbaines à l’âge industriel : l’encadrement religieux des jeunes ouvrières du textile dans l'agglomération lilloise à la fin du xixe siècle », Histoire, économie et société, no 3, 2005, p. 422.
17 Lettre du 29 janvier 1903 du commissaire de police du quartier de la Bourse, Dossier Macle, 10M200, ADR.
18 Lettre du 4 novembre 1913 du ministère des Affaires étrangères à Claudius Coste, 10M199, ADR.
19 En 1898, Louise Péquinat doit quitter le domicile des époux Pignolet, chez qui elle a été placé par Coste, en raison des avances répétées de Pignolet. Procès-verbal de police du 19 septembre 1898, 10M199, ADR.
20 Christelle Taraud, La prostitution coloniale. Algérie, Maroc, Tunisie (1830-1962), Paris, Payot, 2009, p. 341.
21 Rémy Dubois, De la condition juridique des domestiques, ouvr. cité, p. 30.
22 Anne Martin-Fugier, La place des bonnes, ouvr. cité, p. 102
23 Anson Rabinbach, The Human Motor. Energy, Fatigue and the Origins of Modernity, Berkeley, University of California Press, 1992, p. 27.
24 Ibid., p. 122-123.
25 Catherine Pellissier, La vie privée des notables lyonnais, ouvr. cité, p. 35-37.
26 Edward P. Thompson, « Time, work-discipline, and industrial capitalism », Past and Present, no 38, 1967, p. 67.
27 Pierre Piégay, Domestiques agricoles et servantes de ferme dans les sociétés paysannes de 1900 aux années 1960, Paris, L’Harmattan, 2007.
28 Voir le chapitre 5, notamment les exemples des époux Busson.
29 Déposition de Séraphine Mollaret du 18 avril 1891, Affaire M. F., 2U536, ADR.
30 Yvonne Cretté-Breton, Mémoires d’une bonne, ouvr. cité, p. 50.
31 Edward P. Thompson, « Time, work-discipline, and industrial capitalism », art. cité, p. 56-97.
32 Extrait de la liste d’instructions du 14 octobre 1906 écrite par Madeleine Duport à Briante, Saint-Lager, Rhône, 193J307, ADR.
33 Michel Foucault, Surveiller et punir, ouvr. cité, p. 180.
34 Ibid., p. 195.
35 Sydney Pollard, « Factory discipline in the industrial revolution », The Economic History Review, vol. 16, no 2, 1963, p. 254.
36 Catherine Pellissier, La vie privée des notables lyonnais, ouvr. cité, p. 51.
37 Document « Classement du personnel colonial » : Jean-Philippe Dedieu, « Normaliser l’assujettissement », art. cité, p. 134.
38 Geneviève Massard-Guilbaud, Des Algériens à Lyon. De la Grande Guerre au Front populaire, Paris, L’Harmattan, 1995, p. 45-46.
39 Jean-Philippe Dedieu, « Normaliser l’assujettissement », art. cité, p. 132.
40 Pascal Blanchard éd., La France noire : trois siècles de présences des Afriques, des Caraïbes, de l’océan Indien & d’Océanie, Paris, La Découverte, 2011, p. 69.
41 Sydney Pollard, « Factory discipline in the industrial revolution », art. cité, p. 256.
42 Codification des usages locaux du département de la Loire, ouvr. cité, p. 300 et p. 506.
43 Elizabeth Jones, Gender and Rural Modernity : Farm Women and the Politics of Labor in Germany, 1871-1933, Londres, Ashgate, 2009, p. 82-84.
44 Sydney Pollard, « Factory discipline in the industrial revolution », art. cité, p. 266.
45 Affaire E. G., 2U227, ADR ; affaire M. B., 4U175, ADL.
46 Sydney Pollard, « Factory discipline in the industrial revolution », art. cité, p. 263 et suiv.
47 Louis Chaurand, Cinq siècles de chroniques familiales (xve-xxe siècle), [Lyon], Éditions Audin, 1986, p. 274.
48 Catherine Pellissier, La vie privée des notables lyonnais, ouvr. cité, p. 48.
49 Arrêt Degabriel - Demoiselle Albaret, cour d’appel de Lyon, publié dans Le Moniteur judiciaire de Lyon du 20 avril 1876.
50 Baronne Staffe, Usages du monde, ouvr. cité, p. 202-203.
51 Journal d’Henry Morel-Journel, t. 1, p. 17, 1 II 78, AML.
52 Lettre de Denise Rambaud à Joseph Rambaud du 28 décembre 1902, citée par Catherine Pellissier, La vie privée des notables lyonnais, ouvr. cité, p. 45.
53 Francesca Scrinzi, « “Cleaning and ironing… With a smile” : Migrant workers in the care industry in France », Journal of Workplace Rights, vol. 14, no 3, 2009, p. 271-292.
54 Leonore Davidoff, Worlds Between : Historical Perspectives on Gender and Class, Cambridge, Polity Press, 1995, p. 74.
55 Voir notre thèse, annexe 2b, pour plus de détails.
56 Yvonne Cretté-Breton, Mémoires d’une bonne, ouvr. cité, p. 93.
57 Témoignage écrit du marquis de Fenoyls, cité par Françoise Bayard éd., Les métiers non agricoles dans le canton de Saint-Laurent-de-Chamousset, ouvr. cité, p. 252-254.
58 Jean-Luc Pinol, Les mobilités de la grande ville : Lyon, fin xixe - début xxe, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1991, p. 35.
59 Voir notre thèse pour plus de précisions.
60 Éric Mension-Rigau, L’enfance au château, ouvr. cité, p. 48.
61 Manuel Charpy, « L’ordre des choses. Sur quelques traits de la culture matérielle bourgeoise parisienne, 1830-1914 », Revue d’histoire du xixe siècle, no 34, 2007, p. 105-128.
62 Jean-Paul Burdy, Le Soleil noir, un quartier de Saint-Étienne : 1840-1940, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1989, p. 96-97.
63 Jackie Clarke, « L’organisation ménagère comme pédagogie : Paulette Bernège et la formation d’une nouvelle classe moyenne dans les années 1930 et 1940 », Travail, genre et sociétés, no 13, 2005, p. 139.
64 Geneviève Heller, « Propre en ordre ». Habitation et vie domestique 1850-1930 : l’exemple vaudois, Lausanne, Éditions d’En-Bas, 1979, p. 158. Voir aussi la thèse de Martine Martin, Femmes et sociétés : le travail ménager, 1919-1930, thèse d’histoire, Paris 7, 1984.
65 Quynh Delaunay, Société industrielle et travail domestique : l’électroménager en France (xixe-xxe siècle), Paris, L’Harmattan, 2003, p. 127.
66 Jackie Clarke, « L’organisation ménagère comme pédagogie », art. cité, p. 141.
67 Jean-Louis Escudier, « L’enseignement agricole ménager ou la non-transmission d’un métier. Application à la viticulture du xxe siècle », Le travail et la famille en milieu rural, xvie-xxie siècle, Fabrice Boudjaaba éd., Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014, p. 151-170.
68 Pierre Piégay, Domestiques agricoles et servantes de ferme, ouvr. cité, p. 12.
69 Geneviève Heller, « Propre en ordre », ouvr. cité, p. 170.
70 Ephraïm Grenadou et Alain Prévost, Grenadou, paysan français, Paris, Seuil, 1978.
71 Quynh Delaunay, Société industrielle et travail domestique, ouvr. cité, p. 209.
72 Diane de Keyser, Madame est servie, ouvr. cité, p. 122.
73 Geneviève Heller, « Propre en ordre », ouvr. cité, p. 164.
74 Pamela Sambrook, The Countryhouse Servant, ouvr. cité, p. 75.
75 Jackie Clarke, « L’organisation ménagère comme pédagogie », art. cité, p. 142.
76 Ibid., p. 145, où sont cités des travaux de Paulette Bernège.
77 Sandra Graham, House and Street. The domestic World of Servants and Masters in Nineteenth-Century Rio de Janeiro, Cambridge, Cambridge University Press, 1988, p. 56.
78 Michel Gervais, Marcel Jollivet et Yves Tavernier, Histoire de la France rurale, t. 4, ouvr. cité, p. 225.
79 Geneviève Heller, « Propre en ordre », ouvr. cité, p. 176.
80 Ibid., p. 166.
81 Ibid.,
82 Éric Mension-Rigau, L’enfance au château, ouvr. cité, p. 100.
83 Michel Foucault, Surveiller et punir, ouvr. cité, p. 349, p. 201 et p. 28.
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