Chapitre 3. Profils bénévoles
p. 125-153
Texte intégral
Choix des informateurs et informatrices
1J’ai cherché mes informateurs et informatrices via mon réseau personnel en demandant à mes connaissances, à mes ami·e·s et à ma famille s’ils connaissaient dans leur entourage une personne qui corresponde au profil assez large suivant1 :
femme ou homme âgé·e de 35 à 60 ans ;
personne active inséré·e professionnellement dans n’importe quel domaine ou n’exerçant pas d’activité rémunérée par choix (et qui en ont les moyens) ;
niveau de qualification et nationalité sans importance, mais parlant très bien le français (pour faciliter la transcription) ;
actif ou active bénévolement dans une association de n’importe quel type : humanitaire, social, culturel, sportif, protection de l’environnement. L’activité bénévole peut être proche ou complètement éloignée du domaine professionnel de la personne interviewée ;
expérience bénévole de plusieurs années et bénévolat régulier (donc pas de novices, ni de bénévoles occasionnel·le·s) ;
engagement bénévole qui ne corresponde pas à une volonté affichée de s’insérer sur le marché du travail (par exemple personne au chômage depuis longtemps), ni une personne qui s’engage prioritairement pour occuper son temps libre. Cependant, une personne qui a un travail purement alimentaire et qui s’épanouit dans son engagement associatif m’intéresse beaucoup.
2J’ai également ajouté que je ne souhaitais pas connaître personnellement la personne à interviewer, afin d’avoir le minimum de préconceptions avant l’entretien.
3Ma recherche d’informateurs et d’informatrices s’est orientée vers des personnes plutôt bien insérées au niveau professionnel. Il aurait été intéressant d’investiguer le rapport entre engagement bénévole et développement du pouvoir d’agir chez des personnes fragilisées, par exemple des personnes au bénéfice de l’aide sociale, au chômage de longue durée ou ayant un niveau de qualifications très bas. Dans ce cas, ma question de recherche aurait tourné autour de l’engagement bénévole comme levier possible d’insertion.
4Je souhaitais aborder ma problématique du pouvoir d’agir en contexte bénévole en interviewant « Monsieur et Madame Tout-le-monde », c’est-à-dire en approchant des personnes qui pourraient me « ressembler » et donc créer une forme de proximité sociale (Bourdieu, 1993/2015, p. 1395). Je pense avoir ainsi réduit une certaine distance sociale, ou « violence symbolique » selon les termes de Bourdieu, qui peut s’opérer entre la ou le chercheur·e et l’interviewé·e (pp. 1393-1394). Je me suis présentée comme une personne en recherche de témoignages sur des parcours bénévoles et désireuse d’en comprendre les ressorts. J’étais probablement dans une « implication douce », cette position intermédiaire de la ou du chercheur·e relevée par Olivier de Sardan (2000) entre l’implication forte et l’extériorité (p. 433).
5Finalement, j’ai dû effectuer un choix parmi dix-huit profils qui m’ont été suggérés par mon réseau personnel. Le tri s’est effectué naturellement, certain·e·s n’ayant pas répondu à mes sollicitations pour un entretien. Une personne s’est rétractée par souci de confidentialité. Sinon, j’ai essayé de répartir au mieux le type d’associations dans lesquelles ils ou elles étaient engagé·e·s, le niveau de formation et le genre. Il est clair que huit entretiens, avec des profils socio-culturels plutôt dans la classe moyenne supérieure voire élevée, ne représentent pas une tendance générale des personnes bénévoles, mais ce n’était pas mon but (et ça ne peut être le but d’une recherche qualitative de type compréhensif). Je constate après coup qu’une majorité des personnes interrogées ont évolué, que ce soit professionnellement, au sein de leur engagement bénévole ou dans leur vie personnelle en général, et c’est ce qui est intéressant d’observer, au-delà des niveaux de formation ou des milieux d’origine.
6Je n’ai privilégié ou écarté aucun type d’engagement (humanitaire, social, sportif, culturel, environnemental,…), mais je me suis tout de même posé la question de l’engagement en politique : est-ce du bénévolat ? Quand on pense à l’engagement dans des activités politiques, on pense souvent au calcul intéressé sous-jacent. La lecture du profil de Gilles devrait modérer cette préconception. En ce qui le concerne, c’est un engagement intense et authentique. Je pense aussi que tout bénévole bénéficie d’un retour ou d’une forme de reconnaissance, et les personnes qui s’engagent en politique n’y échappent pas, pas plus que les personnes qui s’engagent dans l’humanitaire ou le culturel.
7J’ai réalisé tardivement que presque toutes les personnes interviewées occupent une fonction dirigeante dans le cadre de leurs activités bénévoles (directeur ou directrice, président·e, responsable, expert·e, etc. ; voir l’annexe 2). J’avais pris soin de sélectionner des profils variés au niveau professionnel (bien qu’ils soient presque tous d’un niveau relativement élevé), mais je n’ai pas pensé à regarder quelles fonctions ces bénévoles occupaient au sein de leurs associations. Cela s’explique peut-être par le fait que j’ai cherché des bénévoles « confirmé·e·s », c’est-à-dire des personnes qui ont déjà une certaine expérience dans le cadre de leurs activités bénévoles et non des novices ou des bénévoles occasionnel·le·s. De ce point de vue, on peut donc oser le terme de « carrière », au sens de Becker (1963/1985).
8L’annexe 2 dresse brièvement les profils sociodémographiques des personnes interviewées. Les portraits qui suivent donnent une image des personnes, de leur vécu bénévole, professionnel et familial. Ils sont présentés dans l’ordre chronologique des entretiens.
Portraits
9Comme je l’ai déjà explicité au chapitre précédent concernant ma démarche de recherche, je souhaitais conserver le fil de chaque parcours et ne pas me restreindre à une analyse thématique qui déconstruit la logique propre de chaque entretien. Ces portraits respectent donc une certaine trame biographique qui se perd dans une analyse catégorielle. Je me suis heurtée à beaucoup de difficultés face à l’exercice du portrait : je voulais donner une image de chaque personne en mettant en avant ce qui me paraissait significatif dans son parcours de vie et bien entendu dans son parcours bénévole. Il s’agissait de ne pas tomber dans le résumé et d’éviter autant que possible d’appliquer mes propres interprétations. Les choix que j’ai faits pour réaliser des portraits tenant presque tous sur une page et demi résultent d’une sélection, et donc d’une forme d’interprétation de ma part sur ce qui faisait sens ou non dans le parcours de chaque personne.
10J’ai donc rédigé ces portraits de manière intuitive et spontanée, sans véritable cadre méthodologique sur lequel m’appuyer. C’est la manière qui m’a semblé la plus adaptée pour restituer une image des parcours des personnes interviewées, sans entrer dans une analyse biographique approfondie pour chaque entretien.
Ariane
Donner l’exemple et transmettre ses convictions pour préserver la nature
11Ariane a 39 ans, une forte détermination doublée d’une grande sensibilité se dégagent d’elle. Fille unique d’une mère suisse et d’un père italien, elle grandit en région romande. Ses parents divorcent quand elle est petite et son père repart vivre en Italie quelques années plus tard. A l’adolescence, elle déménage dans une ville romande où elle fait son lycée. Elle commence ensuite une formation pour devenir institutrice mais échoue sa première année à cause de son niveau d’allemand. Elle part donc une année en Autriche afin de perfectionner son allemand. A son retour, elle n’est pas motivée à reprendre l’école pédagogique, elle aimerait travailler et être dans la vie active. Elle fait un apprentissage d’employée de commerce qui lui permet de trouver facilement un travail, mais elle se rend vite compte que ça ne lui plaît pas. Elle se cherche. Elle déménage plusieurs fois, elle mentionne qu’à chaque changement d’emploi, elle déménage pour ne pas avoir à faire les trajets – c’est une constante chez elle.
12Elle s’engage ensuite en formation pour devenir ingénieure en gestion de la nature. De gros problèmes de dos pour lesquels elle se fait opérer la mettent une première fois en échec, puis une deuxième fois de manière définitive. Elle quitte donc l’école d’ingénieurs après quatre ans sans avoir de diplôme. C’est une mauvaise période, mais ça ne la dégoute pas de cette matière, elle aime ce qui est technique et en lien avec l’environnement.
13Elle a toujours travaillé durant ses études, que ce soit dans la vente ou dans le secrétariat. Après l’arrêt de ses études, elle occupe plusieurs postes dans des bureaux d’ingénieur·e·s ou des administrations cantonales et fédérales. Elle déménage à chaque changement de poste. Son CFC 2 d’employée de commerce, doublé de ses années d’études d’ingénieure – même sans diplôme –, lui facilitent l’accès à l’emploi. Gagner sa vie n’est donc pas un souci, elle trouve même qu’elle la gagne bien. Toutefois, elle s’ennuie vite dans les différents postes qu’elle occupe. Elle décide de baisser son taux d’activité : le partage du travail est une valeur fondamentale chez elle.
14A 30 ans, elle s’engage pour une association de protection de la nature comme animatrice pour les activités jeunesse. Elle dit que c’est juste le bon moment, elle a du temps et l’envie de s’investir dans une activité qui combine son amour pour la nature et pour les enfants. Elle s’investit beaucoup et suit plusieurs formations continues dans le cadre de cette association, mais aussi en externe. Dans un premier temps, elle bénéficie d’une grande liberté au sein de son travail professionnel, qui lui permet de profiter à la fois des infrastructures informatiques et de temps pour préparer ses activités bénévoles. Son poste de travail suivant est plus exigeant et elle a moins de temps. Elle adore ce qu’elle fait à l’association mais au bout de quelques années, elle sent qu’elle s’essouffle, qu’elle a de la peine à se renouveler. Elle perd sa fougue et sa créativité. Elle doit beaucoup porter, courir après les gens… Elle forme alors une remplaçante dans l’idée de se retirer petit à petit de ses responsabilités d’animatrice jeunesse. Mais au bout d’un an, la remplaçante s’en va, ne parvenant pas à assumer cette fonction. Ariane reprend le poste, même si elle n’en a pas tellement la force et qu’elle sait qu’elle devrait lâcher cette responsabilité bénévole. C’est important pour elle que les activités jeunesse continuent, elle ne veut pas que s’écroule ce qu’elle a construit, ce pour quoi elle s’est investie, elle y croit toujours.
15Ariane est très émue en évoquant cette période, les larmes lui viennent facilement, mais ne semblent pas la gêner, elle se connaît. En reprenant le poste, elle s’épuise vite, mais cette fois, une autre personne se profile pour le reprendre. Ariane se bat alors pour que ce poste soit rémunéré à 20 %, car elle estime qu’il s’agit d’un vrai travail et qu’une manière qu’il soit mieux reconnu est de le salarier. Elle obtient gain de cause et la personne qui lui succède bénéficie d’un poste salarié. Ariane peut enfin passer la main sans crainte, elle peut souffler. Elle continue à s’investir pour l’association, mais de manière beaucoup plus légère et ponctuelle, sans responsabilités. Elle dit que maintenant « c’est presque un loisir ».
16En parallèle, elle s’engage en politique en tant que conseillère communale. C’est sa nouvelle contribution pour la nature et pour la société.
17Ariane est fière de son parcours, même sans diplôme d’ingénieure, elle a confiance en elle. Actuellement, elle est cheffe de projet dans un bureau d’études en environnement. Sans faire de liens explicites entre son activité professionnelle et ses engagements bénévoles, Ariane reconnaît qu’elle s’est constitué un réseau au sein de l’association qu’elle peut mobiliser dans son poste actuel.
18Son engagement bénévole lui apporte beaucoup de satisfaction personnelle, du plaisir et du bien-être dans le sens où elle fait quelque chose auquel elle croit et qui compense son activité professionnelle qui n’est pas toujours épanouissante. Elle a appris à revoir ses ambitions à la baisse et à agir proche d’elle. Elle aime les petites réussites « locales » et ne s’accroche pas à tout prix, elle connaît ses limites. Elle estime que si elle sensibilise au moins un enfant à la nature, elle aura rempli son rôle.
19La nature la ressourçait beaucoup quand elle était enfant, elle a donc envie de la protéger et de la faire découvrir aux enfants. Ariane et son mari vont bientôt être famille d’accueil pour un petit garçon, elle se réjouit de pouvoir transmettre ses valeurs et de partager son amour de la nature avec lui.
20Pour Ariane, le pouvoir d’agir c’est essentiellement de la motivation, de l’énergie et de la transmission. Transmettre ses idées, comme le partage du travail, c’est surtout montrer l’exemple : « J’affirme haut et fort que je travaille à 80 %, c’est montrer l’exemple ». Transmettre, c’est aussi pérenniser un projet. Si elle n’a pas besoin de reconnaissance pour ce qu’elle fait – elle y croit suffisamment –, il est important pour elle que les choses continuent d’avancer, avec ou sans elle.
Philippe
Mettre son expérience et ses compétences au service des pays du Sud
21Philippe a 63 ans, il est médecin spécialisé en médecine tropicale. L’entrevue a lieu dans son cabinet durant la pause de midi : son temps est précieux et compté, l’entretien sera donc court. C’est un homme dynamique et chaleureux qui parle très facilement de son parcours.
22Il parle d’une enfance sans grands problèmes, entouré de frères et d’une sœur. Il vient d’un milieu qu’il qualifie de privilégié, où l’argent n’était pas un problème, mais où il ne coulait pas à flots non plus. Son père, médecin, est un intellectuel de gauche et il décrit sa mère comme quelqu’un de pragmatique et très ouvert au monde. A l’adolescence, il s’oppose assez fermement à son cadre familial et se trouve en échec scolaire. Il fait quelques bêtises de jeunesse, mais ses parents refusent de le mettre dans une école privée. Il retrouve de la facilité et du plaisir à partir du lycée, parce que c’est un milieu de réflexion, où beaucoup de mouvements antiautoritaires étaient actifs. Il s’y sent bien, il y trouve une place et une réponse à sa révolte adolescente. C’est à ce moment qu’il s’engage dans divers milieux associatifs, essentiellement des milieux d’extrême-gauche. On est dans une grande ville romande, dans les années 1970 : changer le monde est un idéal, et Philippe y adhère complètement.
23Lorsqu’il doit s’orienter pour son futur, il choisit des études qui lui permettent de voyager et d’être au contact des gens. Il s’engage dans des études de médecine « en dilettante ». Dilettante, parce que son activité principale de l’époque était de « changer le monde ». Il obtiendra son FMH 3 en 10-11 ans, pendant lesquels il a beaucoup voyagé. Cette alternance voyages/études ainsi que pratique médicale dans des pays du Sud forge son avenir professionnel et personnel. Il a toujours l’ambition de changer le monde, mais se rend compte que ce n’est pas si facile en Suisse, d’où son irrépressible envie d’aller voir ailleurs. Il effectue aussi une maîtrise en santé publique aux Etats-Unis, afin de varier son profil et de l’adapter à ce qu’il voulait faire dans les pays émergents.
24Sa vie professionnelle, bien amorcée déjà durant ses études, se poursuit de nombreuses années en Afrique. Il travaille pour une organisation non gouvernementale (ONG) en santé – d’après lui, un pseudo-bénévolat –, puis pour divers projets européens dans la construction de services de santé ou la mise sur pied de l’aide d’urgence. Finalement, il occupe un poste de responsable de la santé publique en Afrique de l’Ouest. Il grimpe les échelons et finit cadre. Une grande remise en question s’opère alors que l’aîné de ses quatre fils a 16 ans. Philippe et sa compagne se rendent compte qu’ils ont été petit à petit happés dans une sorte de microsociété, où les cadres vivent entre eux, envoient leurs enfants dans des écoles privées. Même si cette vie était une sorte de cocon confortable, ce n’est pas ce que Philippe veut, ça ne correspond pas à ses valeurs.
25En 2001, le couple décide de rentrer en Suisse. Ce retour n’est facile pour personne dans la famille, ils doivent réapprendre à vivre dans un pays industrialisé et s’adapter à d’autres codes. Les enfants avaient pris l’habitude de vivre cloîtrés les uns chez les autres pendant les périodes de couvre-feu, ils doivent s’habituer à un autre style de vie. Philippe, quant à lui, avait surtout géré des projets de médecine d’urgence ou de santé publique, il s’était complètement éloigné du face-à-face avec le patient. Il doit donc réapprendre la médecine de tous les jours à passé 50 ans. Il entreprend une spécialisation en médecine tropicale. Philippe parle de deux années difficiles avant que toute la famille ne retrouve ses marques. Il s’installe en cabinet en 2002. Actuellement, il ne peut pas vraiment utiliser son expérience en santé publique de manière professionnelle. Cependant, dans sa pratique de tous les jours, dans sa relation avec les patients qui sont très souvent d’origine étrangère, cela lui permet par exemple de mieux comprendre un Guinéen, d’où il vient et par quoi il est passé. Il n’est ainsi pas trop déphasé.
26Une quinzaine d’années plus tard, l’envie de repartir gagne Philippe… Il attend que ses enfants soient complètement hors du nid et compte repartir avec sa compagne, également professionnelle dans le domaine de la santé. Il sait que les conditions ont changé : il et elle ne sont plus tout jeunes, et sont peut-être moins intéressant·e·s pour les ONG sur place, dans les pays du Sud. Ces pays ont aussi beaucoup changé. Mais il pense qu’il a toujours une expérience à apporter, notamment ponctuellement pour des situations d’urgence épidémique ou naturelle. Il pourrait aussi avoir un rôle de consultant, être l’« œil de Bruxelles » ou celui de Berne. Rien n’est encore arrêté, mais l’envie est là.
27L’engagement bénévole de Philippe est très lié au contexte des années 1970-1980 – engagement associatif dans les milieux d’extrême-gauche – puis à son activité professionnelle – santé dans les pays du Sud. Après son retour en Suisse, il hésite à se lancer dans la politique de la santé en Suisse, mais renonce finalement car il avait trop d’énergie à mettre pour réapprendre son métier. On lui propose une activité d’expert bénévole au sein d’une organisation faîtière pour la coopération au développement. Il fait partie d’une commission technique qui expertise des projets de développement dans des pays défavorisés. Bien qu’il soit principalement en charge de projets concernant la santé, il voit passer tous les autres projets et trouve cela très formateur.
28Cet engagement est pour lui une évidence : « Je continuais à faire ce que j’aimais faire, c’est-à-dire avoir un œil dans les pays autres, c’était évident la question ne se posait même pas… cette organisation a pensé à moi. J’étais content ». Il peut mettre ses compétences et son expérience au service de l’organisation, il continue ainsi de faire ce qu’il a fait durant toutes ses années passées en Afrique. Il voit cet engagement comme une suite logique dans son parcours.
29Cette activité lui procure du plaisir, la compréhension de comment fonctionnent des petites ONG, la connaissance d’autres secteurs (géologie, économie, etc.), et de la socialisation, même si son cercle amical est déjà assez large. Il relève que ce bénévolat le force à se former, à se mettre à jour, à chercher de l’information, notamment dans son domaine d’expertise qui évolue rapidement.
30Sa représentation du pouvoir d’agir a beaucoup changé en 30 ans. A 20 ans, il voulait changer le monde, en Suisse, puis ailleurs. Puis d’expériences en (dés-)illusions, il se rend compte maintenant qu’« on peut peu ». Ce petit pouvoir d’action en vaut cependant la peine et tout le monde peut le mobiliser à son niveau, par rapport à une consommation responsable par exemple.
Muriel
S’engager pour la communauté et faire prendre conscience du pouvoir des consommateurs et des consommatrices
31Muriel a 42 ans, elle a grandi dans la campagne romande, elle a une sœur de trois ans son aînée. Lorsqu’elle a 5 ou 6 ans, sa mère tombe gravement malade. Son père ne pouvant pas s’occuper d’elle et de sa sœur, elles sont prises en charge par deux tantes pendant la maladie, puis juste après le décès qui finira par emporter leur mère. Après quelques mois, la famille est à nouveau réunie dans une grande maison où vivent également les grands-parents paternels. Muriel se souvient de grandes tablées assez joyeuses avec ses tantes et ses cousines. Malgré le décès de sa mère et une séparation temporaire d’avec son père, Muriel a eu une enfance heureuse et entourée. Son grand-père paternel a beaucoup compté, il avait un bon sens pratique qui l’a marquée : par exemple, quand un outil ne marche plus, on le répare avant de le jeter. Avec son père, elle se souvient de longues promenades dans la nature.
32Après l’école obligatoire, elle fait un apprentissage d’employée de commerce, tout comme sa sœur et ses cousines. Elle se dit que c’est une « bonne base », mais se rend vite compte que ça l’intéresse moyennement. Peu après, elle commence une école sociale et obtient un diplôme d’éducatrice de la petite enfance en 1996. Elle pratique ce métier durant cinq ans.
33Vers 30 ans, elle sent qu’elle a besoin d’autre chose. Un désir d’enfant lui fait prendre conscience qu’elle ne voudrait pas être mère et travailler en même temps dans la petite enfance. Elle quitte donc le domaine de la petite enfance. Elle travaille pour une grande manifestation suisse, puis se retrouve au chômage à 30 ans pendant huit mois. A ce moment, elle fait une remise à niveau informatique.
34Elle a envie de travailler avec des personnes âgées et s’engage dans un EMS4, d’abord comme réceptionniste, puis comme animatrice. Elle restera sept ans et demi à ce poste, jusqu’en 2011.
35La suite de sa vie professionnelle est étroitement liée à son parcours bénévole qu’elle débute en 2003 en s’engageant dans une ONG active dans la coopération pour des projets de développement. Elle est toujours active dans cette ONG, même si elle sent qu’elle a besoin de nouveaux projets, car elle s’essouffle un peu. Elle a mené beaucoup d’actions de rue ou de présentations de films et de leurs réalisateurs lors de festivals. Ça lui a permis d’apprendre à se placer devant une assemblée et à adopter le bon ton. Elle a pu ainsi développer ses compétences en communication et ses capacités d’argumentation. Auparavant, elle avait eu l’idée de s’engager au CICR ou dans des organisations humanitaires, mais elle a été freinée, soit par le côté trop religieux de certaines organisations, soit par des conditions d’engagement trop strictes (s’engager pour trois ans au minimum). Mais il y a toujours eu ce désir latent d’en savoir plus sur la coopération et sur le monde en général – elle n’a pas eu beaucoup l’occasion de voyager. Son engagement bénévole dans cette ONG a satisfait en partie sa curiosité à ce niveau et lui offre une ouverture au monde.
36En 2009, elle participe à des vacances engagées dans une association. C’est durant ce séjour qu’elle sent le besoin de s’engager pour l’environnement, pas seulement au niveau du bénévolat, mais professionnellement aussi. Elle postule dans un organisme actif dans la gestion des déchets pour un poste qui correspond exactement à ce qu’elle veut faire, à savoir de l’éducation à l’environnement. Elle n’est pas retenue pour ce poste, mais cela initie son virage vers ce domaine. Suite à ça, elle se rend compte que le bénévolat peut l’aider à entrer dans l’environnement. Elle s’engage donc dans plusieurs associations en lien avec l’éducation à l’environnement.
37En 2011, très déterminée, elle donne son congé à l’EMS « pour être libre », elle n’a encore rien trouvé d’autre professionnellement parlant mais elle sent que « c’est le bon moment ». Après une postulation spontanée, elle est engagée dans le même organisme où elle avait postulé précédemment comme animatrice pour la sensibilisation à la gestion des déchets dans les écoles.
38Pour son futur professionnel, elle aimerait faire plus de formation auprès d’un public adulte, tout en restant dans le domaine de l’environnement. Elle envisage donc de se diriger vers la formation d’adultes.
39En parallèle de ses activités professionnelles et de son engagement bénévole dans cette ONG, elle est également lectrice bénévole pour une bibliothèque sonore qui donne l’accès à des livres audio pour des personnes malvoyantes. On lui a dit qu’elle avait une voix agréable, elle la prête volontiers.
40A l’origine, Muriel avait envie de partir dans un pays en voie de développement, de sauver le monde, l’injustice la déprimait. Maintenant, elle se rend compte que sauver le monde est illusoire. « Consacrer du temps pour la communauté », c’est dans ses cordes. Elle aime aussi l’aspect social de l’engagement bénévole. Même elle n’a jamais eu de peine à nouer des relations, le bénévolat lui permet d’agrandir encore son cercle d’ami·e·s et de développer sa sociabilité.
41Pour elle, le pouvoir d’agir, c’est « amener sa pierre à l’édifice », même si ce n’est qu’« une goutte d’eau », « il y a plein de petites choses à faire ». Elle évoque une consommation qu’elle souhaite responsable. D’après elle, le consommateur a un pouvoir. Ce pouvoir se développe par une prise de conscience, qui permet ensuite de faire des choix. La transmission est importante : il faut « faire prendre conscience aux gens qu’ils ont ce pouvoir ».
42Elle revient aussi sur le « bon sens », observé chez son grand-père et son père, comme « réparer avant de jeter » qui évite une surconsommation ou « réfléchir avant d’agir », adage qui rappelle que l’être humain se doit de faire preuve de discernement. Certaines personnes connues ont compté pour elle, notamment Mère Teresa qu’elle admire pour son engagement humble et simple. Ce sont des gens qui montrent qu’on peut changer les choses.
Julia
Mettre son grain de sel et faire partie des rouages pour agir concrètement
43Julia a 52 ans, c’est une femme élégante et chaleureuse. On devine un tempérament fort, avec un franc-parler et beaucoup d’humour. Elle a grandi dans une grande ville suisse avec ses deux frères cadets. Elle a été élevée principalement par ses grands-parents, ses propres parents – très jeunes – ne pouvant s’occuper d’elle durant la semaine. Elle est issue d’un milieu ouvrier, assez modeste mais n’en a pas souffert. La famille est très soudée, clanique même. Son enfance est très heureuse, elle est choyée et entourée d’affection.
44Durant son enfance, elle participe à beaucoup d’activités, dont les scouts. D’après elle, le scoutisme a énormément contribué à faire d’elle la personne très indépendante et meneuse qu’elle est actuellement. Elle a adoré le côté « vie en soi » des scouts et les responsabilités qu’elle a pu prendre à l’adolescence déjà. Elle pense aussi que les valeurs telles que le partage, la compassion et l’entraide lui viennent de son expérience scoute. Le comité de son association est d’ailleurs composé notamment de cinq anciennes cheftaines.
45Julia mène de front son métier de laborantine – elle a travaillé longtemps dans la chimie – tout en menant une vie familiale bien remplie avec son mari, dont elle a divorcé après vingt ans de mariage, et ses deux fils, aujourd’hui adultes. Elle adorait son travail, et quand le laboratoire où elle travaillait près de chez elle a fermé, elle a gardé son emploi et a fait les trajets jusqu’à la ville suisse où est implanté le siège de la maison-mère. Au bout de six mois, épuisée par les trajets, elle quitte l’entreprise, la mort dans l’âme. Elle se lance alors dans une formation de masseur-thérapeute et obtient un diplôme. Elle a mis longtemps à assumer l’image et les stéréotypes associés au métier de masseur et refuse encore aujourd’hui de mettre « masseuse » sur sa carte de visite. Pendant des années, elle a regretté son poste en chimie, c’était un poste valorisant et valorisé dans lequel elle s’était beaucoup investie. Actuellement, elle a son propre cabinet, travaille énormément et est à l’aise financièrement. Elle ne fait aucun lien entre sa pratique professionnelle actuelle ou passée et son activité bénévole. Ce sont deux sphères clairement distinctes.
46Julia s’estime gâtée par la vie. Malgré une enfance modeste, elle a beaucoup reçu, et son entourage familial et social est très solide. Alors elle a conscience qu’« à un moment donné, tu ne peux pas que recevoir […], si tu veux profiter de ce que la vie te donne, il faut mettre quelque chose dans la balance ». Quand les Restos du cœur 5 ont débuté en France, Julia et un groupe de copines passaient la frontière pour amener de la nourriture en France voisine, pour avoir l’impression de faire quelque chose, selon elle.
47Quelques années plus tard, elle réalise que des personnes qui ne mangent pas à leur faim vivent également en Suisse. Pour elle, la faim, dans ce pays si riche, est absolument intolérable. Elle pointe du doigt les lacunes de la solidarité intrafamiliale et du filet social autour des personnes les plus démunies. Elle décide donc de monter une antenne des cartons du cœur dans sa ville et aux alentours. Elle veut agir et voir un résultat concret, elle a besoin de sentir qu’elle peut faire avancer les choses et être en prise directe avec la réalité, ce qui selon elle n’est pas le cas si on achète des cartes pour l’UNICEF. D’après elle, c’est un « job dans ses cordes », alors ne se pose pas de questions, elle fonce. Son tempérament de meneuse, souvent très directif, lui fait présider son antenne régionale comme une cheffe d’entreprise : elle sait exactement comment sont investis les dons, au centime près. Comme elle n’a pas peur de parler en public, elle gère l’aspect communication et sait que l’association doit avoir une image irréprochable. Elle s’investit donc beaucoup et a parfois eu des moments de découragement où elle a songé à quitter son poste de présidente. Malgré tout, elle se rend compte que cette activité bénévole est quelque chose de porteur dans sa vie, c’est un « moteur ». Elle n’a pas besoin de reconnaissance pour cette activité : être en accord avec sa propre conscience, être bien avec elle-même et voir des résultats tangibles lui suffisent. C’est ce qui lui permet de « dire merci à la vie ».
48Pour Julia, le pouvoir d’agir c’est être une actrice efficace dans un domaine qui lui parle. Selon elle, il n’y a pas de bon ou de mauvais bénévolat, il y a plein de façons de faire bouger les choses, chacun·e fait selon ses convictions, ses envies et ses possibilités. Elle insiste sur le temps donné, ce temps qui a de la valeur et qui est donné gratuitement.
49La famille de Julia, ses parents, ses enfants, son ex-mari et son compagnon actuel approuvent son bénévolat, tant que cela ne les engage pas personnellement. Sa mère trouve quand même qu’elle gaspille son temps – qui pourrait être rémunéré ailleurs. Elle n’a donc pas de véritable soutien de la part de son entourage familial. Ses parents n’ont pas été des modèles pour son action et Julia n’a pas réussi à transmettre ses convictions à ses fils, même s’ils sont fiers de leur mère et qu’ils ont bien compris que le gaspillage de nourriture est exclu à la maison. Bien que Julia insiste sur le fait que ce sont ses convictions personnelles, on sent une déception à ce niveau. La légitimité de sa pratique ne vient donc pas de sa famille. Julia évoque son émotion lorsque chaque année, il y a l’émission des Enfoirés 6 à la télévision. Elle sent alors qu’elle fait partie d’un collectif, qu’elle n’est pas « seule à tirer à cette corde et que son idée n’est pas farfelue ».
Susana
Aider les autres pour s’aider soi-même
50Susana a 37 ans. Elle est née et a grandi dans un pays du sud de l’Europe. Elle rencontre son futur mari à l’école secondaire et ils se marient dix ans plus tard. Susana entreprend des études en gestion d’entreprise, elle obtient une licence. Elle a toujours été attirée par la médecine et aurait bien voulu faire des études dans ce domaine, son père était d’ailleurs médecin, mais elle n’avait pas des résultats scolaires qui lui permettaient d’entrer dans cette faculté.
51Elle était très proche de sa grand-mère et l’a accompagnée dans sa maladie jusqu’à son décès. Suite à cet événement, elle ressent le besoin de faire quelque chose pour les personnes malades. Elle s’engage alors bénévolement une fois par semaine dans un institut d’oncologie pour aider les personnes à s’alimenter et pour leur tenir compagnie.
52Elle travaille quelques années dans la gestion financière de projets européens. En 2006, son mari, ingénieur en mécanique, a une belle opportunité professionnelle en Suisse. Susana démissionne et suit son mari, ils s’installent en Suisse romande. Elle commence par prendre des cours de français et se met à chercher un emploi. Elle s’engage comme bénévole pour l’Euro de foot de 2008 parce qu’elle adore le football et pense que ça peut aussi lui ouvrir quelques portes au niveau professionnel en Suisse. Cette même année, elle tombe enceinte de son premier enfant et cela change ses priorités, elle ne cherche plus de travail. Le couple décide que Susana restera à la maison pour s’occuper de leur fils. En 2010, son mari a une proposition de travail dans une filiale de son entreprise dans une grande ville européenne. La famille déménage et ce sont deux ans de pur bonheur.
53Malheureusement, crise économique oblige, la filiale ferme et ils doivent retourner en Suisse. Entretemps, en 2012, leur fille est née. Le retour en Suisse sera très difficile pour le fils de Susana. C’est l’hiver, il y avait beaucoup de neige dans leur village, il ne parlait pas le français et n’arrivait pas à s’intégrer. Susana a eu beaucoup de peine à voir son fils si mal, elle s’accommode facilement de toutes les situations tant que ses enfants vont bien. Elle évoque quelques mois très durs, où son seul objectif était que son fils soit plus heureux.
54La situation s’améliore progressivement quand il commence à fréquenter la garderie du village et aussi avec la rencontre de Maria, une voisine originaire du même pays qu’elle très active dans la communauté locale. C’est elle qui propose à Susana d’intégrer le comité de la garderie où est inscrit son fils et de s’occuper du site web. Susana saisit cette occasion et voit là une opportunité d’apprendre, tout en aidant la communauté qui a apporté du soutien quand son fils avait des difficultés. Avec l’aide d’une entreprise de conception de sites web pour petites institutions, Susana refait l’entier du site web de la garderie. Elle obtiendra également un certificat émanant de l’entreprise qui fonctionne comme une entreprise formatrice. Susana fait toujours partie du comité de la garderie mais elle pense qu’elle cessera ses activités lorsque sa fille entrera à l’école. Il y a eu des dissensions au sein du comité, certaines personnes ont été critiques quant au fait que Susana puisse bénéficier d’une formation en informatique. Susana a mal vécu le regard qu’on a porté sur elle, elle estime qu’elle s’est engagée tout d’abord pour aider, et tant mieux si elle a pu développer ses compétences en même temps.
55L’aide apportée à autrui est une composante essentielle de la vie et de la personne de Susana. Cette dimension contribue à son bien-être et à son équilibre, c’est un véritable besoin. Elle aide facilement les mères du quartier quand il s’agit d’amener ou d’aller chercher les enfants à l’école. Elle apporte beaucoup de soutien à une femme qui, étant seule avec ses quatre enfants, vit une situation familiale très difficile. Susana offre donc beaucoup d’aide de proximité, mais peine à demander du soutien aux autres. Elle a peur de déranger et ne demande par exemple jamais aux voisin·e·s de s’occuper de ses enfants. Comme leurs familles vivent à l’étranger, Susana et son mari n’ont que peu de possibilités d’avoir des activités rien qu’à eux, que ce soit seul·e ou en couple.
56Il y a dix ans que Susana n’a plus d’activité professionnelle. Elle a été très désillusionnée, pensant trouver rapidement du travail en arrivant en Suisse. Cette situation lui pèse et ne lui convient pas. Elle a progressivement perdu confiance en elle au niveau professionnel. Ses recherches d’emploi n’ont rien donné et les quelques entretiens d’embauche qu’elle a eus se sont mal passés. Elle pense qu’elle ne retrouvera pas du travail par la voie classique, en postulant à une annonce. Par contre, elle est plus optimiste quant à des voies plus informelles, notamment par un réseau créé grâce à des expériences bénévoles. Si elle a perdu confiance sur le plan professionnel, Susana se sent compétente pour des activités bénévoles dès qu’il s’agit d’aider des personnes. Une activité salariée lui fait peur, recevoir un salaire pour son travail la met mal à l’aise.
57Susana et son mari projettent de créer une entreprise qui proposerait à ses clients de les masser sur leur lieu de travail. Pour cela, elle devrait faire une formation dans le domaine paramédical. Lorsqu’elle pense à son futur professionnel, elle ne peut s’empêcher d’angoisser pour l’organisation familiale, car elle ne veut pas faire garder ses enfants.
58Pour Susana, le pouvoir d’agir signifie avoir le choix de faire une infinité de choses. En ce qui la concerne, savoir qu’elle peut apporter son aide l’aide dans sa propre vie.
Yves
Participer pour garder le contrôle de sa vie
59Yves a 50 ans, il est cadre dans une grande entreprise informatique. Il voit le jour et grandit dans une région romande. Ses parents sont très jeunes lors de sa naissance ; il est l’aîné d’une famille de quatre enfants. Après avoir passé sa maturité, il fait des études d’ingénieur et obtient un titre d’ingénieur en informatique. Il est rapidement embauché dans une entreprise qui occupait trente personnes à l’époque. Il y travaille toujours trois décennies plus tard, alors que l’entreprise emploie plus de six cents personnes actuellement. Yves se marie à 30 ans et a deux fils âgés de 17 et 19 ans. Le cadet souffre de deux maladies incurables, diagnostiquées respectivement il y a six et huit ans. L’annonce de ces maladies a créé un choc au sein de la famille et un sentiment de révolte de la part d’Yves et de son épouse. Puis ils ont appris à vivre avec ; les médicaments stabilisent l’état général de leur fils et il peut vivre presque normalement. Ce dernier a également accepté ses maladies et gère bien son traitement.
60Vers 18 ans, dans la perspective de l’école de recrues7, Yves se met à la course à pied – sport déjà pratiqué par son père, mais peu en vogue à l’époque. Yves est un jeune homme plutôt intellectuel et passionné d’informatique, il craint donc de souffrir d’un manque d’aptitudes physiques pour l’armée. Il pratique la course à pied de manière assez assidue jusqu’à la naissance de son fils aîné. En arrêtant la course à pied, il prend 18 kilos. Il s’y remet un peu plus tard et retrouve son poids d’avant en trois mois. Quelques années après, sa femme commence à courir également. Actuellement, elle est même plus compétitive que lui et a déjà fait quelques podiums. La course à pied est une de leurs activités de couple, leurs enfants pratiquant d’autres sports.
61Yves court donc pour lui-même depuis un certain nombre d’années, mais c’est en 2009 qu’il se prend au jeu des courses et des trophées (un trophée ou championnat englobant plusieurs courses). De fil en aiguille, il noue des contacts dans ce milieu et s’implique aussi dans l’organisation des courses. Un jour, il s’étonne de son classement à l’une des courses, croyant avoir fait mieux. Il refait l’entier du chronométrage de la course et arrive à des résultats différents. Suite à ça, il propose de s’occuper du chronométrage et du classement du trophée en question. Ses compétences en informatique sont précieuses pour cette activité. Yves prend sa tâche très à cœur et s’organise pour que le système de classement des coureurs soit fiable et rapidement disponible après chaque course. Ensuite, il s’occupe également du site internet et de diverses tâches organisationnelles du trophée. Il finit aussi par diriger l’une des courses du trophée. C’est un milieu où il faut se renouveler et être créatif car il y a de plus en plus de courses populaires, une certaine concurrence s’est donc installée. Il a pour mission de redynamiser la course dont il reprend la direction, mais il est conscient que cette course est déjà bien implantée dans la région et qu’il ne part pas de zéro.
62En parallèle, Yves est impliqué dans un mouvement de course à pied. Ce mouvement a beaucoup œuvré à l’époque pour la démocratisation de ce sport. Ce but étant maintenant atteint, le mouvement se cherche un peu un rôle. Les membres fondateurs du mouvement sont des « monuments » de la course à pied suisse. Yves a été repéré car il tenait un blog sur ce sport et on lui a demandé de prendre la rédaction en chef du magazine de ce mouvement.
63Yves pense qu’il s’est un peu trop impliqué dans ces diverses activités. Une fois qu’on a dit oui, il est difficile de dire non à d’autres activités, qu’on aime parfois moins. C’est une des contraintes qu’Yves relève quant au bénévolat. Il compare aussi ce dernier au monde du travail et souligne qu’on ne peut pas exiger le même travail d’une équipe de bénévoles que de sa propre équipe de travail. En effet, étant cadre, il a l’habitude de diriger une équipe et se rend compte qu’il ne peut pas appliquer les mêmes principes au monde bénévole.
64Les compétences professionnelles d’Yves lui servent pour son activité bénévole, mais il constate aussi que son activité bénévole lui a permis de reprendre contact avec une certaine réalité de terrain qu’il avait perdue. Il s’est retrouvé face à des problèmes techniques concrets qu’il a dû résoudre. Il pense que cela le rend aussi plus crédible au sein de son équipe professionnelle.
65Yves apprécie que la course à pied soit un milieu très mélangé au niveau social. Il y rencontre des personnes qu’il n’aurait pas l’occasion de croiser dans sa vie professionnelle. Il aime aussi cette forme de concurrence qui a lieu entre coureurs et coureuses pendant les courses, mais qui est empreinte de respect et qui s’efface une fois que la course est terminée. D’après lui, le milieu de la course à pied est très fair-play, contrairement à ceux d’autres sports. Il aime aussi se fixer des micro-objectifs au niveau du sport et pimente ainsi sa vie.
66Une participation seule ne suffit pas à Yves, il n’aime pas l’idée d’être un coureur passif, il a besoin de comprendre comment fonctionne l’organisation en arrière-plan. Chez lui c’est une nécessité d’avoir un certain contrôle sur les activités qu’il pratique, et ce contrôle passe par une implication dans l’organisation des courses. A l’armée, Yves a volontairement gradé pour ne pas rester à la base, pour ne pas avoir à subir les ordres et aussi pour avoir « un certain contrôle sur la manière dont les choses se passaient ». D’ailleurs, pour Yves, le pouvoir d’agir, c’est « la capacité de faire avancer les choses dans la direction dans laquelle on aimerait qu’elles aillent ».
Gilles
Le bénévolat comme une forme de participation démocratique à la société
67L’entrevue a lieu en fin de journée, Gilles sort juste d’une de ses séances du Grand Conseil8. Il doit encore lancer quelques coups de fil avant de démarrer l’entretien et il est un peu grippé. L’entretien débute de manière contenue, Gilles s’engage énormément pour les autres et semble peu habitué à parler de lui. Cependant, au fil de l’entretien, Gilles parle de son engagement et de ses convictions avec beaucoup de sensibilité et d’authenticité.
68Gilles a 38 ans, il est remarié depuis deux ans, après un premier mariage malheureux. Il n’a pas d’enfants, mais ils sont souhaités par le couple. Gilles a grandi dans une ville romande, au sein d’une fratrie de trois. La famille est soudée, ses parents sont toujours ensemble. Gilles a grandi dans la foi catholique, avec des parents pratiquants et très engagés au sein de la communauté. Gilles a eu une scolarité facile et a choisi la voie classique pour le secondaire I et II (latin et grec ancien). Dès l’âge de 11 ans, il sait qu’il veut devenir historien. C’est donc naturellement qu’il se dirige vers des études de Lettres avec les options histoire, histoire ancienne et latin ; il obtiendra une licence.
69Son engagement bénévole commence tôt – vers la préadolescence – auprès d’une pastorale 9 de jeunes catholiques. Il relève que sa participation à ce groupe lui a permis de rencontrer des jeunes de tous horizons sociaux, un élément important pour lui.
70Vers 22 ans, on lui propose de s’engager dans la Constituante10. A sa surprise, il est élu, sans être affilié à un parti. Ce seront ses premiers pas dans la politique. Il y prend goût. Après quelques hésitations entre deux partis, il choisit celui qui correspond le mieux à son idée de la politique, il s’y sent accueilli et autorisé à exprimer son opinion. Il met sur pied un groupe de jeunes du parti. Il se présente au conseil municipal de sa ville natale et est élu. Il s’agit là d’un poste rémunéré. Il cumule son mandat au conseil municipal avec une autre activité rémunérée auprès de l’Eglise catholique, très liée à ses intérêts et ses engagements bénévoles.
71Souvent, la limite entre l’activité rémunérée et le bénévolat est ténue, surtout dans son cas, puisqu’en politique « on ne compte pas ses heures ». Pour lui, à partir du moment où l’activité devient obligatoire, on ne peut plus parler de bénévolat. Bien que l’on puisse se sentir moralement obligé·e de s’engager, la question du choix librement consenti est primordiale dans la délimitation entre travail bénévole et travail salarié. A la fin de son mandat au conseil municipal, Gilles n’est pas réélu, ce qui signifie qu’il perd également un poste salarié à 50 %. C’est un coup dur : il a beaucoup donné, il se sent un peu trahi, il hésite à quitter sa ville natale, trouvant difficile la proximité avec des personnes dont il ne sait pas si elles l’ont soutenu. Mais il rebondit et est élu député au Grand Conseil, qui n’est pas une activité rémunérée mais défrayée. Ses activités politiques prennent donc toujours une très grande place dans sa vie. Il est par ailleurs vice-président cantonal du parti auquel il est affilié.
72Actuellement, il cumule un temps partiel en tant que responsable de communication de l’Eglise catholique d’un canton romand, un temps partiel en tant que webmaster d’une institution cantonale, et ses activités de député au Grand Conseil où il a des séances tous les mardis. Il jongle, beaucoup, mais parvient à s’organiser entre ses deux temps partiels et les possibilités offertes aux personnes qui sont élues (mise à disposition de jours pouvant être pris sur le travail salarié). Toutefois, le temps manque souvent, il donne beaucoup de son temps aux autres et peine à se ressourcer lui-même. Il admet cependant qu’il a « l’engagement chevillé au corps » et que c’est ce qui le caractérise tout spécialement. Il n’envisage tout simplement pas sa vie sans cette dimension profondément engagée. Il conçoit d’ailleurs cet engagement comme un contrat tacite entre lui et la société.
73Gilles a également fondé une petite association de promotion de jeux de société. Il parle là d’un bénévolat totalement désintéressé, correspondant plus à un loisir qu’il a depuis toujours. Pour lui, le bénévolat en politique comporte toujours une dimension intéressée, qui peut apporter des bénéfices professionnels par exemple. Il est aussi membre du comité d’une association de promotion du bénévolat.
74Pour Gilles, l’engagement bénévole est une forme de participation démocratique à la société. Dans le bénévolat, les barrières sociales sont aplanies, même si elles existent toujours. Par exemple, il aime l’idée de côtoyer des personnes de tous milieux sociaux autour d’une partie de cartes dans le cadre de son association de promotion des jeux de société. Dans le monde du jeu, tout le monde est au même niveau.
75Les personnes s’engagent pour une cause, pour un projet, pour quelque chose qui leur plaît et qu’elles ont choisi, c’est ce qui les relie. C’est également ce qui leur donne du pouvoir d’agir qui d’après sa conception est « le fait qu’on se donne les moyens de pouvoir faire quelque chose ». Pour Gilles, c’est en grande partie dans l’activité bénévole qu’il y a cette possibilité. Il a en effet beaucoup de peine avec l’idée de réalisation de soi par le travail salarié, il trouve cette conception très injuste par rapport aux personnes qui n’ont pas pu mener ou choisir des études les menant vers des professions valorisées socialement.
Laure
Le bénévolat comme la liberté de faire ce qu’on aime, sans les contraintes du travail salarié
76Le père de Laure, très âgé au moment de l’entretien, a grandi au Moyen-Orient. Il est arrivé en Suisse dans les années 1950 pour fuir les persécutions contre la communauté juive dans son pays natal. Il est horloger et tenait une petite bijouterie de quartier. Il s’est formé sur le tas et n’a pas fait d’études. Laure n’a jamais été très proche de son père, mais ils sont toujours restés en contact. Elle n’admire pas beaucoup cet homme qui, d’après elle, est toujours en décalage et qui a de la peine à suivre les discussions. La mère de Laure est décédée il y a quelques années, elle était Suisse-Allemande et travaillait comme libraire. C’était une femme très dépressive. Laure, sa sœur de deux ans son aînée et leur mère étaient très soudées, souvent au détriment du père. Le couple parental s’entend très mal, Laure grandit dans un climat conflictuel. Elle décrit une enfance déséquilibrée, mais pas malheureuse. La famille est assez serrée financièrement et part peu en vacances. Laure a de la facilité à l’école, mais n’est que peu encouragée par ses parents. Sa mère était allergique aux universitaires, tandis que son père les poussait – elle et sa sœur – à aller loin. Les filles étant loyales envers leur mère et le père n’ayant que peu de place et d’influence au sein de la famille, elles n’ont pas fait d’études. Lorsque Laure a 16 ans, l’ambiance familiale devient tellement lourde qu’elle et sa sœur prennent un appartement. Peu de temps après, sa mère quitte le domicile familial et les parents divorcent. La famille vole en éclat mais tout le monde reste dans le même quartier et continue de se côtoyer.
77Plus tard, Laure aura une meilleure relation avec son père, car elle le verra avec des yeux d’adulte et non plus au travers du regard de sa mère. Ce rapprochement se fait surtout par le biais de la culture de son père et par sa famille. Laure est de confession juive. Petite, elle suit des cours d’histoire religieuse, dont elle garde un mauvais souvenir. Les autres enfants ont plus de moyens financiers et sont issus des familles « de la place », ce qui n’est pas son cas. Elle se sent donc en décalage. Par contre, à la fin de l’adolescence, elle éprouve le besoin de renouer avec cette tradition, plus qu’avec la religion. Elle s’investit dans une association d’étudiant·e·s de confession juive qui œuvre surtout au niveau culturel. Elle noue des liens également avec toute la famille du côté de son père, en Israël et en Amérique. Elle évoque cette période comme une quête identitaire.
78Laure a tout juste 15 ans lorsqu’elle entreprend un apprentissage dans le domaine paramédical. C’est une histoire particulière qui débute quand elle a 13 ans. A cette époque, elle trouve un petit job pour des livraisons dans une officine de son quartier. La patronne est très maternelle et lui propose une place d’apprentie deux ans plus tard. Sa formation se passe très bien, elle aime les matières enseignées, qui sont d’ordre scientifique, ainsi que le côté relation commerciale et conseil avec la clientèle. Elle est très proche de sa patronne. Avec du recul, elle dira que cette femme a peut-être été un substitut familial au moment où Laure quittait ses parents.
79A l’issue de sa formation, il n’y a pas de poste disponible sur son lieu d’apprentissage, elle trouve donc du travail ailleurs, mais c’est une mauvaise expérience. Après une courte période de chômage, ponctué de petits jobs, son ancienne patronne lui propose d’être responsable du commerce. Elle a alors 20 ans, elle est responsable de trois apprenties et de deux collaboratrices. C’est elle qui gère le commerce, la patronne étant souvent absente. L’atmosphère très familiale de l’officine, où tout le monde était un peu ami et où on mélangeait un peu trop sa vie privée et professionnelle se dégrade. Une des employées est ultra-sensible et supporte mal la responsabilité hiérarchique qu’a prise Laure. Le conflit entre les deux s’amplifie et s’étend à tout le personnel. L’ambiance de travail devient atroce.
80Laure demande alors à sa patronne de prendre position et de décider qui doit partir. La patronne tranche : elle choisit la sensibilité de la collègue plutôt que le professionnalisme de Laure, qui quitte donc l’officine. C’est un épisode très dur, car ce n’était pas seulement une expérience professionnelle, elle avait des liens très forts avec cette patronne. Celle-ci l’a d’ailleurs rappelée trois mois plus tard pour s’excuser et lui a demandé récemment de revenir y travailler. Durant cinq ans, Laure n’arrivera pas à remettre un pied là-bas, puis un jour elle y est allée et a vidé son sac.
81La suite de sa vie professionnelle se passe d’abord dans une entreprise pharmaceutique, où elle n’a pas de responsabilités dans un premier temps, ce qui lui convient très bien après son expérience précédente. Elle s’ennuie au bout de six mois et son poste évolue, mais après six ans, elle sent le besoin de voir ailleurs. Elle retrouve un emploi en tant que déléguée pharmaceutique pour un grand groupe. C’est nouveau, ça lui plaît.
82Quelques années plus tard, après plusieurs fausses couches, elle donne naissance à sa fille. Elle sent à ce moment qu’elle doit repenser ses priorités. Au niveau professionnel, elle est moins motivée par son emploi de déléguée car il s’agit beaucoup de vente. Elle se rend compte que ça fait des années qu’elle n’est pas satisfaite professionnellement. Elle effectue un bilan de compétences qui lui donne confiance et qui lui permet de penser qu’elle peut faire autre chose. Elle entrevoit alors deux options : partir dans les RH et se former dans ce domaine, ou entrer à l’université en psychologie. Découragée par les obstacles pour entrer à l’université – elle n’a pas de maturité et devrait passer des examens assez exigeants –, elle se lance dans un certificat RH. Se diriger vers les RH n’est pas venu par hasard. Depuis plusieurs années, elle s’intéresse à cette fonction qu’elle a pu observer dans ses différents postes. Elle démissionne pour se consacrer à sa réorientation professionnelle.
83Durant quelques temps, elle cumule sa formation en RH, d’autres formations continues, en anglais notamment, et le soutien qu’elle porte auprès de sa mère malade. Elle essaie également d’avoir un deuxième enfant. En l’espace d’un mois, sa mère décède, Laure fait une nouvelle fausse couche et elle passe ses examens du certificat RH.
84Son certificat en poche, elle ne trouve pas de poste dans le domaine. Elle se tourne alors vers une plateforme de bénévolat pour voir ce qu’elle pourrait faire en lien avec les RH. C’est là qu’elle tombe sur une association qui aide des personnes en recherche d’emploi, souvent en situation précaire, à rédiger leurs CV, leurs lettres de motivation et dans d’autres tâches administratives. Laure devient donc conseillère dans cette association. Après quelques temps, elle intègre le comité de l’association et est ensuite rapidement nommée présidente.
85Laure prend son rôle très à cœur, elle sait qu’elle est utile. Son profil complète bien les profils mixtes que l’on trouve dans les milieux associatifs. Cette activité bénévole lui permet de joindre l’utile à l’agréable. C’est d’ailleurs une dimension sur laquelle elle ne transige pas : il faut que le bénévolat plaise. Actuellement, elle est très satisfaite de son rythme de vie qu’elle trouve agréable, c’est un confort de vie. Elle a trouvé un bel équilibre, en travaillant dans un domaine qui lui plaît et qui fait sens, mais sans avoir les contraintes de la vie salariée. Elle est très consciente qu’elle a la possibilité, la liberté de ne pas travailler car le revenu du ménage est suffisant et qu’elle a également une toute petite activité salariée pour gérer l’administration de l’activité indépendante de son mari.
86Son entourage comprend majoritairement le choix et l’envie de Laure. Cependant, elle sent que certaines personnes commencent à s’interroger : elles comprenaient tout à fait une pause professionnelle, mais pas cet investissement conséquent qui se prolonge… Actuellement elle se définit comme « active dans le bénévolat » et non plus comme professionnelle dans le domaine paramédical. Elle n’a pas besoin d’une reconnaissance professionnelle pour avoir une reconnaissance sociale, et c’est en partant dans le bénévolat qu’elle s’est rendue compte que l’on peut se détacher de la reconnaissance professionnelle. Elle est cependant consciente qu’elle a un statut au sein de son activité bénévole, étant présidente de l’association. Elle se projette soit complètement dans le bénévolat, soit dans les RH, mais dans une entreprise qui fait sens pour elle. Elle est enceinte de cinq mois, sa vie familiale ainsi qu’un rythme agréable sont actuellement ses priorités.
87Pour elle, le bénévolat signifie la liberté, et c’est également la liberté qu’elle évoque en parlant du pouvoir d’agir : c’est la liberté de pouvoir vraiment faire des choses, même si cette liberté a un certain cadre.
Notes de bas de page
1 Les éléments qui suivent sont directement tirés du courriel envoyé à mon réseau.
2 En Suisse, le Certificat fédéral de capacité (CFC) atteste la réussite d’une formation professionnelle initiale (ou apprentissage) qui permet d’acquérir les connaissances et compétences nécessaires à l’exercice d’un métier.
3 C’est-à-dire son titre de spécialiste FMH, ce sigle désignant la Foederatio Medicorum Helveticorum ou Fédération des médecins suisses.
4 Etablissement médico-social, généralement réservé à l’accueil de personnes âgées.
5 Fondés par Coluche en 1985, les Restos du cœur sont une association d’aide aux démuni·e·s connue pour l’accès qu’elle offre à des repas gratuits.
6 Les Enfoirés est le nom du regroupement d’artistes et personnalités qui chantent au profit des Restos du Cœur.
7 En Suisse, où le service militaire est encore obligatoire pour les citoyens, les militaires sont instruits dans des écoles de recrues.
8 En Suisse, le Grand Conseil est l’organe législatif d’un canton.
9 Service lié à une église qui propose des activités à ses membres.
10 Comprendre l’assemblée constituante.
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Engagement bénévole et développement du pouvoir d’agir
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