Le choix du roi. Les critères de sélection de Charles Ier d’Anjou pour la nomination des officiers de la principauté de Morée (1267-1285)
Résumés
Lorsqu’en 1278, le roi de Sicile Charles Ier d’Anjou devient le souverain effectif de la principauté de Morée, que lui a cédée Guillaume de Villehardouin par le traité de Viterbe du 24 mai 1267, il décide de nommer de nouveaux officiers. Ceux-ci doivent prendre en charge les différents postes administratifs, économiques, diplomatiques et militaires de la principauté franque. Le souverain recourt pour cela aussi bien à des Français l’ayant suivi en Italie, à des Provençaux, à des Français de Morée, qu’à des Italiens du royaume angevin de Sicile, notamment des Ravellesi. Nous montrerons que ces différents choix témoignent de la cohérence du système administratif angevin et révèlent que la Morée appartient, aux yeux du souverain, au même ensemble territorial que le royaume de Sicile.
Quando nel 1278, il re di Sicilia Carlo I d'Angiò divenne il sovrano effettivo del Principato di Morea, a lui ceduto da Guglielmo di Villehardouin con il trattato di Viterbo del 24 maggio 1267, decise di nominare nuovi ufficiali. Questi devono assumere le varie cariche amministrative, economiche, diplomatiche e militari nel principato franco. Il sovrano ricorre in proposito tanto ai Francesi che lo hanno seguito in Italia, a Provenzali, ai Francesi di Morea, quanto agli Italiani del regno angioino di Sicilia, in particolare ai Ravellesi. Mostreremo che queste diverse scelte testimoniano la coerenza del sistema amministrativo angioino e rivelano che la Morea appartiene, agli occhi del sovrano, alla stessa unità territoriale del regno di Sicilia.
Texte intégral
1Par le traité du Viterbe du 24 mai 1267, Guillaume de Villehardouin céda la principauté de Morée (ou d’Achaïe) au nouveau roi de Sicile Charles Ier d’Anjou, espérant que l’aide militaire fournie par le souverain angevin lui permettrait de reconquérir les terres que lui avaient arrachées les Byzantins depuis le début des années 1260. Le territoire qu’il contrôlait alors était formé principalement de la presqu’île du Péloponnèse (dont le sud-est était aux mains des Grecs), ainsi que de plusieurs dépendances, dont le duché d’Athènes, le comté de Céphalonie et de Zante et l’île de Négrepont. Le roi devint dès lors le seigneur supérieur de la Morée, tout en en laissant l’usufruit au prince sa vie durant. La famille des Villehardouin dirigeait depuis 1205 ce territoire franc, où furent importées des structures féodales sur le modèle occidental. Ils gouvernaient ces terres à l’aide de plusieurs grands officiers. Ces derniers étaient identiques à ceux des cours occidentales à une exception près, le sénéchal. Le chancelier, dont la charge était surtout honorifique, était le principal conseiller du prince. Les fonctions économiques étaient réparties entre plusieurs officiers : le protovestiaire ou protofficier, responsable de la gestion des revenus de la principauté, de l’administration du domaine, fut aussi à certains moments maître de l’atelier monétaire de Clarence ; le trésorier gérait le trésor du prince tandis que le gouverneur des châteaux ou provisor castrorum était chargé d’inspecter et de ravitailler les fortifications princières ; enfin, les maîtres de l’atelier monétaire de Clarence s’occupaient de la frappe des deniers tournois de la principauté, émis vraisemblablement à partir de 1267. Les charges militaires étaient attribuées à vie : le connétable remplissait une charge en grande partie honorifique, jouant essentiellement un rôle de diplomate ; le maréchal était le commandant en chef des troupes après le prince ; s’y ajouta le poste d’amiral, sans doute créé entre 1267 et 1278. Des officiers travaillaient aussi à l’échelon local, notamment les capitaines et châtelains placés à la tête des forteresses.
2Jusqu’au décès de Guillaume de Villehardouin survenu en 1278, Charles Ier n’intervint pas dans le choix des officiers moréotes : aucun acte ne mentionne le renouvellement par le roi de Sicile des officiers de la principauté, ce qui est logique dans la mesure où le prince continuait à diriger l’Achaïe. Entre 1267 et 1278, seuls les officiers placés de manière temporaire à la tête des expéditions militaires (capitaines généraux, maréchaux, capitaines de navires, maîtres des arbalétriers, ou encore capitaines des mercenaires français, provençaux ou latins, capitaines des Sarrasins, et enfin trésoriers des capitaines des troupes), ainsi que certains juges envoyés ponctuellement en mission dans le Péloponnèse, furent nommés par le souverain dans la mesure où ils dépendaient directement de lui, de même que des envoyés spéciaux chargés par le roi de missions diverses, aussi bien économiques que diplomatiques.
3À partir de 1278 en revanche, la situation changea. Le traité de Viterbe prévoyait en effet qu’au décès du prince de Morée, la principauté devait revenir à son gendre Philippe, fils de Charles Ier et époux d’Isabelle de Villehardouin (la fille du prince), à moins que celui-ci ne décédât avant son beau-père, sans laisser d’héritier. Or, c’est ce qui se produisit. Dès lors, en application des clauses du pacte conclu en 1267, la Morée tomba aux mains du roi de Sicile qui devint le seigneur effectif de la principauté et prit en charge son gouvernement. Charles Ier conserva les grands offices princiers, et décida de créer de nouvelles charges. Il institua ainsi dès 1278 l’office de baile : représentant officiel du souverain dans la principauté, cet officier gouvernait la Morée en tant que vice-roi et exerçait en tant que tel la charge administrative la plus élevée, exécutant les décisions royales, recevant les serments de fidélité des feudataires, et remplissant des missions aussi bien économiques que judiciaires. La seconde charge instaurée par le roi de Sicile en Morée, au plus tard en 1280, fut celle de maître des aracie et des massarie, exploitations économiques que le souverain exporta dans le Péloponnèse avec plus ou moins de succès. Enfin, il faut préciser qu’une charge sembla changer de nature : le châtelain de Clarence fut en effet doté sous Charles Ier de fonctions économiques en plus de ses prérogatives militaires.
4Le roi décida par ailleurs de remplacer les grands officiers existants par des hommes qu’il choisit lui-même et qu’il renouvela régulièrement. La Chronique de Morée se fit l’écho de ce changement survenu en 1278 : le baile « commença à exercer sa charge en nommant de nouveaux officiers. Il changea le protovestiaire, le trésorier, les gouverneurs des places fortes et tous les châtelains »1. La désignation de nouveaux officiers est présentée par le chroniqueur comme le premier acte princier par excellence : l’implantation d’hommes nouveaux, de personnes de confiance, est la première incarnation du pouvoir princier. Par ailleurs, le choix de ces fonctionnaires est une marque du pouvoir royal angevin2, et à ce titre est rendu manifeste à l’ensemble des personnages importants de la principauté.
5Ces remplacements n’eurent cependant rien de systématique. Tous les officiers ne furent pas renouvelés mais seulement une certaine catégorie d’entre eux : sont cités par le chroniqueur ceux qui s’occupent des affaires économiques (protovestiaire) et des affaires militaires au niveau local (châtelains). Ces offices incarnent le véritable pouvoir princier : le souverain doit contrôler les châteaux de son domaine afin de diriger le pays, et ses revenus afin de disposer des moyens nécessaires pour conserver le pouvoir. À l’inverse, le roi de Sicile respecta la nomination des officiers nommés à vie du temps de Guillaume de Villehardouin : chancelier, connétable, maréchal et amiral de la principauté furent maintenus à leur poste.
6Les nominations angevines portèrent donc uniquement sur certains offices : baile, protovestiaire, maîtres des massarie, maîtres monétaires, châtelain de Clarence, ainsi que tous les chefs d’expéditions militaires temporaires, sans oublier les juges et envoyés spéciaux. Nous chercherons donc ici à déterminer les critères de choix de Charles Ier dans la nomination de ces officiers : furent-ils identiques à ceux qui présidèrent aux nominations dans le royaume de Sicile ?
7Le souverain sembla adopter des attitudes différentes en fonction de la nature des offices concernés. Les bailes furent l’objet d’un choix minutieux : ce furent d’abord des Français, originaires d’Île-de-France, puis des barons moréotes ; les offices de nature économique (protovestiaire, maître des massarie, maîtres monétaires et châtelain de Clarence) furent exclusivement confiés à des Italiens nommés en tant que spécialistes ; quant aux capitaines d’expédition, on trouve parmi eux de nombreux Français ainsi que quelques Provençaux ayant suivi Charles Ier en Italie.
Les bailes, des Français d’Italie puis de Morée
8Le poste de baile était le plus important des offices de la principauté. C’est pourquoi le roi décida d’y affecter dans un premier temps des hommes de confiance, à savoir des Français faisant partie de ses plus proches conseillers, qui avaient par ailleurs fait leurs preuves au sein de l’administration angevine à des postes clés du royaume de Sicile. Cette pratique est d’ailleurs conforme à la politique menée par le souverain lors de son arrivée sur le trône : il avait choisi parmi des Français presque tous les grands officiers, ainsi que les justiciers, capitaines et châtelains du royaume de Sicile, c’est-à-dire des fidèles permettant d’asseoir avec fermeté la domination angevine3. Par ailleurs, le roi prenait soin de nommer justiciers dans une région des hommes qui n’y possédaient pas de fiefs afin d’éviter des conflits d’intérêt. C’est aussi sans doute la raison pour laquelle il n’eut d’abord pas recours à des Français de Morée. Par ailleurs, comme les justiciers, tous les bailes sont nommés parmi les chevaliers4.
9Le premier choix de Charles Ier s’est porté sur Egidius de Sancto Liceto5 : chevalier terrier de l’Hôtel, justicier de la Sicile citérieure de 1270 à 1271, puis justicier de la province des Abbruzzes ultérieures en 1273 ; capitaine des troupes de Lombardie en 12786, il avait été nommé maréchal des chevaliers et des mercenaires destinés à la Morée le 2 mai 12787. Charles Ier a donc pensé dans un premier temps à un justicier et capitaine pour remplir la mission de baile, mais est très vite revenu sur cette idée, en faveur de Galeran d’Ivry nommé baile le 2 septembre 12788. Ce premier choix était cependant d’autant plus logique que, comme le baile, le justicier joue dans le royaume de Sicile le rôle d’intermédiaire entre le roi et le reste de la hiérarchie administrative, disposant, outre ses fonctions de justicier, de pouvoirs économiques (il est chargé de lever l’impôt direct ou subventio)9.
10Galeran d’Ivry était un conseiller de Charles Ier qui lui avait confié la charge de sénéchal du royaume de Sicile depuis la mort de Geoffroy de Sargines le jeune au début de l’année 127110. Comme le grand office de sénéchal était accordé à vie dans le royaume11, Galeran cumula les deux fonctions. Celle de sénéchal, peu importante sous Frédéric II, reprit de l’ampleur sous les Angevins : le sénéchal dirige l’hôtel du roi (et possède une juridiction sur ses membres), s’occupe de l’administration des massarie royales, et doit faire chaque jour le compte des dépenses de l’hôtel : il administre les domaines royaux12. Le choix de Galeran s’explique donc par le souhait de placer à la tête de la Morée un administrateur de confiance, qui avait par ailleurs reçu des biens dans le royaume de Sicile13 : il montre aussi que la préoccupation du roi n’est pas tant militaire (il ne place pas un capitaine) qu’économique. Par le biais de Galeran, il espère avant tout une bonne gestion de son nouveau domaine princier. Dans la Chronique de Morée, Galeran d’Ivry est cependant paré d’une aura militaire : il est présenté comme un « soldat aguerri »14, mais l’auteur de ce récit commet une erreur en le faisant intervenir en Morée dès 1267 alors qu’il n’en fut le baile qu’en 1278, et l’a certainement confondu avec quelqu’un d’autre.
11Le baile suivant fut Philippe de Gonesse – dont la famille était vraisemblablement originaire de Gonesse dans l’actuel département du Val d’Oise – et dont les membres étaient devenus des familiers des Capétiens, formant les premiers conseillers du roi de Sicile15. Fils de Guillaume de Gonesse, sénéchal de Provence, Philippe est un de ces nobles partis volontairement suivre le comte d’Anjou en Italie, en compagnie de son père et de ses frères16. Il fit toute sa carrière au service du souverain angevin : chevalier de l’hôtel en février 1267, il fut nommé sénéchal du roi en Lombardie en 1273, puis en septembre 1273 sénéchal de Provence, fin 1276 vice-maréchal du royaume de Sicile avant de devenir baile de Morée en 128017. Il avait donc presque le même profil que son prédécesseur, et possédait une expérience administrative indispensable pour un baile. Par ailleurs, son expéience militaire était importante en tant que vice-maréchal du royaume. Son travail en Morée parut d’ailleurs tout à fait satisfaisant aux yeux de Charles Ier, puisque ce dernier renouvela sa charge en 128218. Cependant, les Vêpres Siciliennes le firent rapidement changer d’avis : le 30 octobre 1282, il fut rappelé à Naples, puis nommé maréchal et envoyé combattre en Sicile19.
12Les cas de Galeran d’Ivry et de Philippe de Gonesse sont révélateurs d’une part de la confiance que le roi prêtait à son entourage français, et plus particulièrement francilien (aucun grand personnage du comté d’Anjou n’apparaît dans nos sources), mais aussi d’un certain profil de carrière : la nomination en tant que baile vient dans les deux cas couronner une carrière administrative de qualité, un cursus honorum plutôt brillant.
13Le choix de Narjot de Toucy comme successeur de Philippe de Gonesse – choix très provisoire puisqu’il ne dura que trois jours… – montre une modification dans les critères de sélection de Charles Ier20. Ce n’est plus un membre de l’aristocratie française ayant accompagné le souverain en Italie : il appartient à une famille établie dans l’empire latin de Constantinople. Son père Philippe de Toucy avait été régent de l’empire latin entre 1245 et 1247, avant de fuir l’arrivée de Michel Paléologue et de se réfugier dans le royaume de Sicile se mettre au service de l’Angevin, qui le fit grand amiral21. Nommé suppléant de son père dès 1273 avec le titre d’amiral, Narjot lui succéda en 1277 et remplit sa charge jusqu’à son décès survenu en 129322. Le choix de Charles Ier se porta sur lui à la fois en raison de ses liens avec l’Orient latin, dont la principauté de Morée (son frère Anselin s’établit en Achaïe, sa tante Marguerite avait épousé le chancelier Léonard de Veroli, et il possédait lui-même au moins un fief en Morée23), mais aussi de son expérience militaire. C’est d’ailleurs en raison de ces dernières qualités que le roi changea très vite d’avis : la Sicile devenant sa priorité, il avait nettement plus besoin de lui dans le royaume qu’en Morée24. Néanmoins, son choix comme baile montre qu’en 1282, le roi ne souhaite plus imposer des Français extérieurs à la principauté, mais plutôt des hommes plus proches de l’Achaïe, à une époque où des tensions sont apparues entre le baile et les barons de Morée. Charles Ier cherche donc à se rapprocher de ces derniers en nommant des Moréotes.
14Les bailes de la principauté à partir de 1282 sont ainsi exclusivement des membres de l’aristocratie moréote : Guy de Dramelay (1282-1284) est baron de Chalandritsa, et Guillaume de La Roche (1284-1286) seigneur de Livadia puis duc d’Athènes à partir de 128025. Les raisons de ces choix sont évidentes : ce sont des nobles d’origine française – Charles Ier continue donc de confier les postes les plus importants à des Français – mais établis en Morée même ou dans la seigneurie d’Athènes depuis le début du XIIIe siècle26. Ils connaissaient donc la réalité moréote, contrairement aux bailes venus du royaume de Sicile.
15Le choix du souverain ne s’est pas porté au hasard : la famille de La Roche avait un réel prestige en Morée, ce qui a pu guider ses réflexions. Par ailleurs, Charles Ier entretenait depuis plusieurs années des relations amicales avec Guillaume de La Roche27. Quant à Guy de Dramelay, il apparaît seulement comme un destinataire parmi d’autres de lettres patentes du roi (en dixième position)28, et il est difficile de connaître la nature de ses relations avec le souverain.
16Ce choix d’ouvrir la fonction de baile aux barons moréotes (et au duc d’Athènes) montre une réelle souplesse de la part de Charles Ier, qui n’hésite pas à contrevenir à ses habitudes afin de ne pas perdre le contrôle de la principauté. Il témoigne aussi surtout de la confiance que le roi de Sicile a placée dans des barons moréotes qui lui sont dévoués. Cette pratique d’élargissement dans le recrutement des officiers n’est d’ailleurs pas propre à l’Achaïe : les souverains angevins ont aussi peu à peu étendu leur recrutement des vicaires-sénateurs de la commune de Rome et des officiers dans celle du Latium : ont été affectés à ces postes d’abord des Français et des Provençaux, puis des grands barons du royaume, et même un personnel itinérant des communes italiennes29. Dans le cas de la Morée cependant, le personnel administratif reste toujours d’origine française, ce qui est vraisemblablement le principal motif de la confiance angevine.
Le recours à des Italiens dans le domaine économique
17Charles Ier décida de recourir à des Italiens pour certains offices de nature économique : protovestiaire, maîtres des massarie et maîtres monétaires. Parmi les protovestiaires, Manfred de Potenza venait de Basilicate30. Gautier de Collepietro était originaire d’une commune de la province de L’Aquila (et non d’une commune française de « Collepierre » qui n’existe pas !) située dans les Abbruzzes ultérieures31. Collepietro était détenu au XIIIe siècle par les seigneurs de Palearia, mais seul le cadet portait ce nom, alors que les deux aînés avaient adopté le cognomen de Collepetri32. Gautier de Collepietro était donc sans doute un aîné de famille, passé au service des Angevins à la fin du XIIIe siècle. Richard de Pando venait de Scala près d’Amalfi et Barthélémy de Lacu de Monopoli près de Bari dans les Pouilles33. Tous ces hommes avaient donc pour origine des justiciariats différents.
18Le choix d’Italiens pour ce poste n’est pas surprenant : s’occupant de la gestion du domaine royal, les protovestiaires en percevaient les différentes taxes. Ils occupaient à ce titre des fonctions comparables en partie à celles des Secreti du royaume de Sicile qui prélevaient à la fois certains impôts directs (redevances, cens) et indirects (droits de douane)34. Or ces derniers étaient tous des Italiens. Charles Ier décida donc tout à fait logiquement de recourir à des Italiens pour occuper cette charge économique en Morée. Si cette politique de nomination est conforme aux pratiques angevines dans le royaume de Sicile, elle peut cependant être problématique dans le cas moréote, tout simplement pour des questions linguistiques : l’appel à des Italiens, tout à fait approprié dans le royaume de Sicile, était-il adapté en Morée où les cadastres devaient être rédigés en grec ? À partir du XIVe siècle, ce sont d’ailleurs des Grecs, convertis au catholicisme, qui occupent l’office de protovestiaire comme le dénommé Vasilopoulous35. De fait la connaissance du grec devait être nécessaire pour gérer les inventaires de biens parmi lesquels se trouvaient des documents rédigés dans cette langue36. C’est pourquoi A. Parmeggiani en déduit que les Occidentaux occupant ce poste au XIIIe siècle devaient connaître le grec ou du moins les termes techniques37. Cependant, aucun des protovestiaires cités plus haut n’était originaire d’une région hellénophone d’Italie38. Ces officiers avaient donc sans doute à leurs côtés des clercs bilingues. Le choix du roi de Sicile s’est ainsi vraisemblablement porté sur eux en raison de leurs compétences économiques et non linguistiques, même s’ils ont dû apprendre un minimum de grec pour exercer leurs fonctions en Morée.
19Les maîtres monétaires possèdent quant à eux quelques particularités : les premiers sont originaires de Messine en Sicile (Barthélémy Salimpepe et Nicolas de Cesario39), puis ils laissent leur place à des hommes d’Amalfi : Thomas de Afflitto40, Richard de Pando de Scala cité plus haut, ou encore Jacques (ou Jacob) Castaldo41. Le choix d’Italiens à ces postes est tout à fait cohérent avec la politique angevine au sein du royaume de Sicile. La présence de Messinois n’a rien d’étonnant puisque, comme l’a montré Henri Bresc, dès 1273 des juristes de cette cité ont pu exercer des fonctions fiscales42. Elle tient aussi à l’ancienneté de l’atelier monétaire de Messine, qui existait sous les Normands et sous Frédéric II. La ville a donc pu fournir dans les années 1270 des hommes ayant de réelles compétences monétaires. Ils disparaissent très logiquement au début des années 1280 suite aux Vêpres Siciliennes. Par ailleurs, la plupart des officiers chargés des affaires économiques étaient des régnicoles, notamment des Ravellesi43. Lorsque Charles Ier choisit des maîtres monétaires originaires d’Amalfi, il poursuit une tradition politique mise en place sous Frédéric II44 : la gestion des finances publiques était confiée à des Amalfitains (Pando, Pironto, Rufolo, Trara). Ces Ravellesi jouent un rôle très important : après s’être implantés dans tout le royaume (tout en conservant leur particularisme, puisqu’ils sont de droit privé romain), ils étendent ainsi leur domaine d’activité jusqu’en Morée.
20Charles Ier n’hésita pas à recourir, pour des missions particulières, à des juges italiens originaires du royaume de Sicile, tels Pisano d’Amalfi, ou de Florence comme le juge Tadeo45. Ce dernier avait été châtelain de Valona avant de devenir celui de Clarence46. On retrouve ici le souci du roi de recourir à des hommes d’expérience. Les châtelains de Clarence sont tous des Italiens : vu la préférence du souverain pour nommer des Italiens à des postes économiques, leur présence à la tête de la châtellenie de Clarence confirme la nature économique de ce poste. Si cette fonction avait été purement militaire, elle aurait été confiée à des fonctionnaires Français ou Provençaux.
21Pour terminer, dans la même logique, lorsque le souverain recourt à des envoyés spéciaux pour des missions de nature économique, il s’assure la plupart du temps les services d’Italiens qui nous sont connus. On trouve ainsi des membres de la famille Rufulus de Ravello, un dénommé Jacques en 1271, Ursunus en 1275 et 1280, et Urfus en 128447 : ils appartiennent tous à la famille de Mathieu Rufulus de Ravello, lui-même secretus et maître portulanus de Pouilles en 1270-127148, qui dut lui aussi remplir une mission en Morée en 128049. Les autres envoyés sont originaires de différentes régions : de la péninsule même du royaume de Sicile (comme Raynaldus de Bénévent, Léon et Andrea Sannella de Barletta, Serge Bos de Ravello, Jacques Rogadeus et Jacques Bos de Bitonto50), de la Sicile pour des missions réalisées bien évidemment avant 1282 (Henri de Cimminia vient de Ciminna dans la région de Palerme51) ou encore de Toscane (tel Reginaldus de Faella52). Plusieurs autres restent non identifiés53.
22De manière exceptionnelle, des Français sont mandatés par Charles Ier en Achaïe : bien qu’économiques, leurs missions sont alors très souvent en lien avec des expéditions militaires. Le roi a alors besoin d’hommes de confiance, comme le chevalier Jean de Waubecourt54 qui s’occupe (et sans doute supervise) avec des Italiens de la vente de céréales destinées à l’armée en 1273, ou encore Guillaume Étandard en 128055 et le vice-amiral de Sicile Simon de Beauvoir en 1280-128156. Un cas intéressant est le transfert de marcs d’argent à destination de l’atelier monétaire de Clarence : cette mission de haute importance est confiée, non à un Italien, mais au chevalier Louis de Roire57, fonctionnaire de premier plan puisqu’il avait rempli la charge de justicier de la Sicile Citérieure de 1273 à 127758. Ces exemples montrent que l’emploi de fonctionnaires italiens dépend fortement du type de mission qui leur est confiée : plus celle-ci est importante, moins le souverain a recours à eux, ce qui révèle de sa part un manque de confiance certain envers les régnicoles !
Les affaires militaires et diplomatiques confiées à des Français ou des Provençaux de confiance
23Si les missions économiques sont plutôt confiées à des Italiens, à l’inverse, les chefs des opérations militaires, qu’ils soient capitaines, maréchaux ou chefs des mercenaires ou de la flotte, sont exclusivement des Français ou des Provençaux. Certains Français placés à la tête des expéditions armées faisaient partie des grandes familles ayant accompagné Charles Ier en Italie. Proches du roi, ils occupaient des postes de premier plan à la cour angevine, leur envoi en Morée n’étant qu’une mission parmi d’autres. La famille de Beaumont appartenait ainsi à l’entourage parisien du roi de Sicile59 : Dreux de Beaumont, maréchal du royaume depuis 126960, avait déjà accompli une mission en Hongrie, été fait prisonnier par des pirates dalmates avant de devenir vicaire général d’Achaïe en 127161. Des membres de la famille de Toucy furent aussi impliqués dans les expéditions angevines en Grèce : Philippe de Toucy commanda la flotte à destination de la Morée, en tant qu’amiral du royaume, de même que son frère, Anselin, qui s’était installé dans la principauté avant de se mettre au service de Charles d’Anjou62. Guillaume Étandard le Jeune, parti avec son père et ses frères dans le royaume de Sicile, et devenu chevalier terrier de l’hôtel, reçut plusieurs missions avant de devenir, sous Charles II, maréchal puis connétable du royaume de Sicile63. Dans tous ces cas, Charles Ier choisit de nommer des hommes de confiance.
24D’autres Français envoyés en Morée, tous chevaliers, occupent un rang moins élevé dans l’administration angevine, et sont parfois connus uniquement pour ces missions militaires. Le maître des arbalétriers Henri de Mons est sans doute un membre de la famille de Louis de Mons, conseiller du roi de Sicile, chevalier terrier de l’hôtel, justicier de la terre d’Otrante en 1279-1280, ayant rempli des fonctions de capitaine en 1281 et 1284 dans la partie continentale du royaume64. Eustache de Hardicourt (originaire d’Hardricourt dans l’actuel département des Yvelines ?) est simplement connu comme chevalier terrier de l’hôtel65, de même que Gérard d’Argenteuil66 et Guillaume d’Aubervilliers67. Raynaldus de Fagella n’apparaît que dans le cadre de cette mission68; quant à Gobertus d’Henorville (originaire d’Henonville dans l’actuel département de l’Oise), nous n’en avons trouvé trace, de même que Gilles de Sanleches69. Enfin, les trésoriers accompagnant les troupes sont eux aussi des Français, tous clercs de l’hôtel du roi, que ce soit Geoffroy de Flagiaco (ou Flagi) ou Jean d’Armentières70.
25Aux côtés de ces Français du royaume de Sicile, sont aussi présents parmi les chefs d’expédition des Français de Morée, comme Anselin de Toucy qui, par l’histoire de sa famille, occupe une position intermédiaire entre le prince de Morée et le roi de Sicile. D’autres chevaliers d’Achaïe ont été placés à la tête de troupes angevines : tous d’origine française, ils avaient acquis la confiance du souverain – beaucoup de chevaliers moréotes avaient d’ailleurs combattu à Tagliacozzo en 1268 au profit du roi de Sicile, prouvant ainsi leur fidélité à Charles Ier – et ils présentaient l’avantage de bien connaître le terrain. Ainsi, le capitaine Geoffroy d’Andreville est vraisemblablement originaire d’Andravida dans le Péloponnèse71. Quant au capitaine Guillaume des Barres72, il pourrait lui aussi être originaire de Morée, et appartenir à la famille du seigneur moréote Thierry des Barres venu à la cour du roi de Sicile73 : il serait ensuite passé au service du roi angevin puisqu’il a, selon Paul Durrieu, été investi de fonctions administratives et de commandements militaires, devenant chevalier terrier de l’hôtel et conseiller du roi74.
26Enfin, quelques Provençaux, bien que plus rares, furent placés par le roi de Sicile à la tête de corps d’expédition. Bertrand des Baux, venu de Provence avec son père Barral, était un personnage important du royaume de Sicile : chevalier terrier de l’hôtel, qualifié de cousin du roi, il développa son expérience militaire en devenant capitaine des troupes en Campanie en 1268, puis fut nommé vicaire à Rome jusqu’en 1271, et enfin comte d’Avellino en 127275. Gérard de Marseille était un chevalier, devenu châtelain de Trani en 1267, puis chargé par le roi de la garde du château et du parc de Nicastro de 1275 à 1280, avant d’assumer des commandements dans la flotte angevine76. Enfin, le bourgeois marseillais et armateur Hugues de Conche, qui aurait prêté des bateaux au roi de Sicile, devint chevalier terrier de l’hôtel et reçut plusieurs commandements de la flotte royale entre 1269 et 127877. La présence de Provençaux dans ces fonctions n’a rien d’étonnant dans la mesure où ils dominaient la garde des côtes et ports78.
27En dehors de ces Français et Provençaux, on note également l’envoi de mercenaires sarrasins originaires de la colonie de Lucera, placés sous la direction de leur propre chef, Ibrahim, en compagnie d’un dénommé Richard79. Ces hommes sont cités en tant que milites, c’est-à-dire des chevaliers, même si en droit strict, ils sont esclaves de la Cour80.
28À l’exception d’un Provençal (Guillaume Rispe de Sancto Egidio, c’est-à-dire sans doute de Saint-Gilles dans le Gard81), ce sont à nouveau systématiquement des Français qui sont choisis pour accomplir des tâches diplomatiques sous Charles Ier. Ce sont les chevaliers Hugues d’Estat en 127082, Jean Lescot en 127683, et surtout le comte Henri Ier de Vaudémont en 1268-127484. Ce dernier avait accompagné le comte d’Anjou dans la conquête du royaume de Sicile en 1265, et reçut en récompense des titres et des biens dans le nouveau territoire angevin : le comté d’Ariano en février 1271, puis la charge de vicaire général de Toscane en 1271. Chargé par Charles Ier de plusieurs missions en Morée, il aurait épousé Marguerite, la fille du seigneur d’Athènes Guy de La Roche85. Il était donc à même de servir de trait d’union, de diplomate entre les deux territoires.
29En conclusion, les agents du roi en Morée se recrutent dans au moins quatre milieux différents : Français de Morée ; Français du royaume angevin ; Italiens du royaume et, parmi eux Ravellesi ; autres Italiens. Les choix de Charles Ier pour les officiers moréotes sont fidèles à ceux qu’il a dû faire pour son nouveau royaume de Sicile (un partage entre fonctionnaires français et régnicoles86), et témoignent de la cohérence du système administratif angevin : le roi recourt en priorité à des Français (d’Île-de-France ou des marges du royaume, et non d’Anjou)87, voire à quelques Provençaux, tous des fidèles et des hommes d’expérience, mais n’hésite pas à employer des régnicoles quand il juge leurs compétences adaptées. C’est bien une méthode de gouvernement angevine qui s’applique en Morée. Le souverain décide seulement dans un deuxième temps de nommer des spécialistes de l’outre-mer, notamment des Français de Morée, ce qui dénote une capacité d’adaptation aux réalités locales. Le choix de ces officiers montre donc qu’aux yeux du roi de Sicile, la Morée fait partie du même ensemble territorial que le royaume de Sicile : il y applique les mêmes recettes qu’en Italie.
Notes de bas de page
1 Chronique de Morée, R. Bouchet (trad.), Paris, 2005, p. 256.
2 Sur le pouvoir angevin en Italie, voir P. Terenzi, Gli Angiò in Italia centrale. Potere e relazioni politiche in Toscana e nelle terre della Chiesa (1263-1335), Rome, 2019.
3 L. Cadier, Essai sur l’administration du royaume de Sicile sous Charles Ier et Charles II d’Anjou, Paris, 1891 (BEFAR, 59), p. 7. En dehors des Français, on trouve aussi quelques Provençaux. Voir aussi à ce sujet J.-M. Martin, L’ancienne et la nouvelle aristocratie féodale, dans G. Musca (dir.), Le eredita normanno-sveve nell’età angioina. Persistenze e mutamenti nel Mezziogiorno. Atti delle quindicesime giornate normanno-sveve, Bari, 22-25 ottobre 2002, Bari, 2004, p. 101-135, ici p. 108.
4 Voir L. Cadier, Essai sur l’administration, p. 20.
5 Acte de 1278-1279, RCA, XXI, no 491, p. 324.
6 P. Durrieu, Les archives angevines de Naples. Étude sur les registres du roi Charles Ier (1265-1285), (BEFAR, 46 et 51), II, Paris, 1887, p. 385.
7 RCA, XIX, no 324, p. 205.
8 Acte du 2 septembre 1278, RCA, XXI, no 492, p. 324.
9 S. Pollastri, La noblesse provençale dans le royaume de Sicile (1265-1282), dans Annales du Midi, 100, 1988, p. 405-434, ici p. 415, n. 47. La charge de justicier n’était accordée aux chevaliers que pour une durée d’un an : il remplissait l’équivalent de la fonction de bailli ou sénéchal du royaume de France, dans un des onze justiciariats (ou provinces) du royaume de Sicile, et avait donc la plus haute responsabilité administrative dans les provinces, avec des fonctions à la fois administratives, financières et judiciaires. La division du royaume de Sicile en onze justiciariats remonte à l’époque de Frédéric II (L. Cadier, Essai sur l’administration, p. 20-21).
10 L. Cadier, Essai sur l’administration, p. 255. P. Durrieu lui attribue ce poste fin 1271 ou début 1272 (P. Durrieu, Les archives angevines, II, p. 193-194).
11 L. Cadier, Essai sur l’administration, p. 27. Cet office fut créé sur le modèle de la monarchie française (ibid., p. 165).
12 Les différentes fonctions du grand sénéchal sont détaillées par L. Cadier, Essai sur l’administration, p. 252-255, p. 258-261 et p. 267.
13 Galeran d’Ivry avait reçu au lendemain de sa nomination en tant que sénéchal les terres de Lavello dans la Basilicate et de Sarno (durant une année) dans le Principat. Léon Cadier place ces concessions en 1271 (L. Cadier, Essai sur l’administration, p. 255), mais Sylvie Pollastri corrige la date pour 1274 (voir S. Pollastri, Le lignage et le fief : l’affirmation du milieu comtal et la construction des États féodaux sous les Angevins de Naples (1265-1435), Paris, 2011, p. 121, et S. Pollastri, L’aristocratie napolitaine au temps des Angevins, dans N.-Y. Tonnerre et É. Verry (dir.), Les princes angevins du XIIIe au XIVe siècle. Un destin européen. Actes des journées d’étude des 15 et 16 juin 2001 organisées par l’Université d’Angers et les Archives départementales de Maine-et-Loire, Rennes, 2003, p. 155-181, ici p. 110, notamment n. 286). Il devint d’ailleurs châtelain royal de Palazzo San Gervasio durant un an. On retrouve donc sans surprise son nom dans le Liber donationum de Charles Ier (voir P. Durrieu, Études sur la dynastie angevine. Le liber donationum Caroli primi, dans Mélanges d’archéologie et d’histoire, 6, 1886, 1, p. 189-228, ici p. 225).
14 Chronique de Morée, p. 221.
15 Philippe de Gonesse fut nommé baile le 2 août 1280 (RCA, XXIII, no 225, p. 306). Sur sa famille, voir S. Pollastri, Le lignage et le fief, p. 47.
16 Il fait partie de ces familles ayant migré en Italie : son père dit Guillaume le Vieux avait rejoint Charles Ier en compagnie de ses enfants, Guillaume le Jeune, Philippe, Jean et Hugues. Voir ibid., p. 162.
17 L. Cadier, Essai sur l’administration, p. 273-274.
18 RCA, XXVI, no 72, p. 62.
19 L. Cadier, Essai sur l’administration, p. 274. Il mourut avant mars 1284. P. Durrieu précise cependant qu’il apparaît comme maréchal du royaume de Sicile dès la fin de 1279 (P. Durrieu, Les archives angevines, II, p. 327).
20 Il fut nommé baile le 30 octobre 1282 (RCA, XXVI, no 83, p. 63), puis révoqué le 3 novembre 1282 (RCA, XXVI, no 27, p. 49).
21 Isabelle Ortega a établi des notices prosopographiques sur Philippe de Toucy et les autres membres de sa famille (I. Ortega, Les lignages nobiliaires dans la Morée latine (XIIIe-XVe siècle). Permanences et mutations, Turnhout, 2012 (Histoires de famille. La parenté au Moyen Âge, 12), no 119 à 125, p. 609-611).
22 L. Cadier, Essai sur l’administration, p. 178.
23 Ce fief, nommé Bloblocan, est mentionné dans un acte du 20 décembre 1297 (Actes relatifs à la principauté de Morée 1967, no 199). Nous ignorons cependant quand il l’a obtenu : peut-être était-ce un héritage de son oncle Anselin mort dès 1273 (voir A. Bon, La Morée franque. Recherches historiques, topographiques et archéologiques sur la principauté d’Achaïe (1205-1430), Paris, 1969 (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome, 213), p. 160).
24 Lorsque le 3 novembre 1282, il révoque l’ordre envoyé à Narjot de Toucy de devenir baile de Morée, il lui demande de garder et défendre les navires se trouvant dans la terre d’Otrante (RCA, XXVI, no 27, p. 49).
25 Guy est nommé baile le 3 novembre 1282 (RCA, XXVI, no 27, p. 49). Voir à son sujet A. Bon, La Morée franque, p. 160. Guillaume de La Roche est mentionné pour la première fois en tant que baile dans un acte de 1284-1285 (RCA, XXVIII, no 92, p. 101). Voir I. Ortega, Les lignages nobiliaires, no 92 p. 600.
26 Les Dramelay sont attestés en Morée depuis 1209 et venaient du Jura (voir A. Bon, La Morée franque, p. 107 et n. 5). Sur les premiers de La Roche, voir ibid., p. 68.
27 En avril 1273, Charles Ier qualifie d’« ami » son frère Jean de La Roche, seigneur d’Athènes (RCA, X, reg. 48, no 704 p. 189). Guillaume, seigneur de Livadia, avait reçu des privilèges du roi : il fut autorisé le 8 juillet 1290 à exporter des Pouilles cinquante chevaux avec les vivres nécessaires (RCA, XXIII, no 259, p. 52-53).
28 Acte de 1277-1278 (RCA, XIX, no 191, p. 150-151).
29 Voir à ce sujet M. T. Caciorgna, L’influenza angioina in Italia: gli ufficiali nominati a Roma e nel Lazio, dans MEFRM, 107-1, 1995, p. 173-206.
30 Il est cité dans un acte de 1279-1280 comme étant « autrefois » protovestiaire de Morée, et prédécesseur de Gautier de Collepietro (RCA, XXIII, no 221, p. 246). Il est aussi maître des massarie entre le 2 août 1280 (RCA, XXIII, no 204, p. 140-143) et 1280-1281 (RCA, XLIV2, no 326, p. 644).
31 Il est protovestiaire en 1279-1280 (RCA, XXIII, no 220, p. 246), et maître des massarie entre 1280-1281 et le 16 mai 1283 (RCA, XLIV2, no 326, p. 644 et XXVI, no 172 p.123).
32 S. Pollastri, Le lignage et le fief, p. 91 notamment n. 202.
33 Richard de Pando de Scala était en poste le 16 mai 1283 (RCA, XXVI, no 172, p. 123), et Barthélémy de Lacu de Monopoli en 1283-1284 (RCA, XXVII1, no 775-776, p. 336).
34 Sur l’institution de la Secretie, voir L. Cadier, Essai sur l’administration, p. 23-24.
35 A. Parmeggiani a remarqué qu’un ancêtre du protovestiaire Mourmouras avait fait construire au XIIIe siècle une église en Argolide, et s’était converti à l’Église de Rome (A. Parmeggiani, Le funzioni amministrative del principato di Acaia, dans Bizantinistica, I, 1999, p. 103-104).
36 C’est le cas en 1337 : le protovestiaire Jean Mourmouras rédige alors un document practico in greca scriptura scripto (Documents sur le régime des terres dans la Principauté de Morée au XIVe siècle, éd. J. Longnon, P. Topping, II, Paris-La Haye, 1969, p. 55, l. 14-15).
37 A. Parmeggiani, Le funzioni amministrative, p. 103.
38 Annick Peters-Custot a cartographié ces régions d’Italie où l’hellénisme était répandu du IXe au XVIe siècle (A. Peters-Custot, Les Grecs de l’Italie méridionale post-byzantine (IXe-XIVe siècle). Une acculturation en douceur, Rome, 2009 (Collection de l’École française de Rome, 420), p. 597). Aucun de nos protovestiaires n’en est originaire.
39 Ils sont nommés à ce poste le 7 juin 1279 (RCA, XX, no 590, p. 226).
40 Il est en fonction entre le 16 juin 1281 (RCA, XXIV, no 203, p. 181-183) et le 16 mai 1283 (RCA, XXVI, no 172, p. 123). Sur la famille d’Afflitto, voir S. Pollastri, Le lignage et le fief, p. 44.
41 En fonction entre le 16 juin 1281 (RCA, XXIV, no 379, p. 84-85) et le 16 mai 1283 (RCA, XXVI, no 172, p. 123).
42 C’est le cas de maître Peregrinus de Maraldo en 1273 et en 1278-1279 (voir H. Bresc, Les serviteurs d’Astrée. Culte de la justice et personnel judiciaire dans la Sicile angevine (1266-1282), dans J.-P. Boyer, A. Mailloux, L. Verdon (dir.), La justice temporelle dans les territoires angevins aux XIIIe et XIVe siècles. Théories et Pratiques, Rome, 2005 (Collection de l’École française de Rome, 354), p. 171-185, ici p. 184).
43 C’était aussi le cas des titulaires de la charge de protonotaire (L. Cadier, Essai sur l’administration, p. 24 et p. 203). Voir J.-M. Martin, L’ancienne et la nouvelle aristocratie féodale, p. 108-109, ainsi que J.-M. Martin, Fiscalité et économie étatique dans le royaume angevin de Sicile à la fin du XIIIe siècle, dans L’État angevin. Pouvoir, culture et société entre XIIIe et XIVe siècle. Actes du colloque international (Rome-Naples, 7-11 novembre 1995), Rome, 1998, (Collection de l’École française de Rome, 245), p. 610. Sur les Ravellesi, voir N. Kamp, Vom Kämmerer zum Sekreten. Wirtschaftsformen und Finanzverwaltung im Staufischen Königreich Sizilien, dans J. Fleckenstein (dir.), Probleme um Friedrich II, Sigmaringen, 1974 (Vortrage und Forschungen herausg. vom Konstanzer Arbeitskreis für mittelalterliche Geschichte, 16), p. 43-92, ainsi que Id., Gli Amalfitani al servizio della Monarchia nel periodo svevo del Regno di Sicilia, dans Documenti e realtà nel Mezzogiorno italiano in età medievale e moderna. Atti delle Giornate di studio in memoria di Jole Mazzoleni (Amalfi, 10-12 dicembre 1993), Amalfi, 1995, p. 9-37. Sur les officiers du royaume de Sicile sous Frédéric II, voir Ch. Friedl, Studien zur Beamtenschaft Kaiser Friedrich II im Königreich Sizilien (1220-1250), Vienne, 2005.
44 Voir H. Bresc, La chute des Hohenstaufen et l’installation de Charles Ier d’Anjou, dans N.-Y. Tonnerre, É. Verry (dir.), Les princes angevins du XIIIe au XIVe siècle. Un destin européen. Actes des journées d’étude des 15 et 16 juin 2001 organisées par l’Université d’Angers et les Archives départementales de Maine-et-Loire, Rennes, 2003, p. 61-84, ici p. 75. De la même manière, les fermiers de l’État chargés de percevoir les taxes indirectes sont depuis l’époque souabe des Ravellesi ou des hommes originaires d’autres villes du duché d’Amalfi. Voir à ce propos J.-M. Martin, Fiscalité et économie étatique, p. 609-610, et H. Bresc, La « Mala signoria » ou l’hypothèque sicilienne, dans L’État angevin. Pouvoir, culture et société entre XIIIe et XIVe siècle. Actes du colloque international (Rome-Naples, 7-11 novembre 1995), (Collection de l’École française de Rome, 245), Rome, 1998, p. 577-599, ici p. 584-585.
45 Ils accomplissent une mission en Morée en août 1280 (RCA, XXIII, no 216, p. 154-155).
46 Acte du 25 septembre 1281 (RCA, XXV, no 128, p. 144).
47 Voir respectivement RCA, VI, no 1882, p. 342-345 ; XLIV1, no 398, p. 405 ; XXIII, no 76, p. 82 ; XXVIII, no 434, p. 319-320.
48 RCA, VI, no 1881, p. 345-373.
49 Acte du 11 août 1280 (RCA, XXIII, no 214, p. 154).
50 Ils sont en mission entre 1272 et 1275 : voir respectivement RCA, XV, no 72, p. 81 ; XLIV1, no 168, p. 357 ; IX, no 77, p. 211-212 ; XII, no 311, p. 248. Jacques Rogadeus et Jacques Bos de Bitonto sont des Ravellesi installés en Pouilles : ils y sont arrivés au XIIe siècle, en particulier pour y faire le commerce de l’huile.
51 En mission en 1271-1272 (RCA, VIII, no 353, p. 84).
52 Acte de 1270-1272 (RCA, VII, no 68, p. 223).
53 Tels Jean de Pratis (acte du 27 mars 1273, RCA, X, no 75, p. 21) ou Michel de Braya (acte du 8 août 1280, RCA, XXIII, no 207, p. 148).
54 Acte du 12 avril 1273 (RCA, IX, no 77, p. 211-212). Il est originaire de Vaubecourt en Lorraine. Sans doute était-il un proche du comte de Vaudémont. Chevalier de l’Hôtel, il fut chargé de différents commandements dans les territoires sous domination angevine : il fut capitaine des troupes en Morée en 1273, puis à Durazzo en 1277 (P. Durrieu, Les archives angevines, II, p. 394).
55 RCA, XXIII, no 184, p. 36.
56 Voir deux actes de 1280 (RCA, XXIV, no 33, p. 136) et 1281 (RCA, XLIV2, no 318, p. 637-641). Chevalier de l’Hôtel, justicier de la terre de Bari de 1273 à 1278, il est placé à la tête d’une des quatre vice-amirautés du royaume de Sicile, qui s’étend du fleuve Tronto (à la frontière pontificale) jusqu’à Crotone (à mi-hauteur de la Calabre), sur les côtes du golfe de Tarente : il s’occupe de tout le littoral adriatique et ionien du royaume, du 18 avril 1278 au 2 janvier 1281. Il a aussi rempli des fonctions de justicier (L. Cadier, Essai sur l’administration, p. 179 ; P. Durrieu, Les archives angevines, II, n. 8 p. 191, p. 223, p. 231 et p. 282-283).
57 Acte du 20 avril 1279 (RCA, XXI, no 60, p. 214).
58 Louis de Roire ou de Royer était chevalier de l’Hôtel et maître rational (P. Durrieu, Les archives angevines, II, p. 374).
59 S. Pollastri, Le lignage et le fief, p. 116.
60 P. Durrieu, Les archives angevines, II, p. 198. La famille de Beaumont eut accès à de nombreuses charges administratives au sein du royaume de Sicile : Guillaume (amiral), Pierre (camerarius), Dreux et Geoffroy (chancelier) étaient frères (voir S. Pollastri, Le lignage et le fief, p. 120, ainsi que P. Durrieu, Les archives angevines, II, p. 196-197).
61 L. Cadier, Essai sur l’administration, p. 272. Selon A. Bon, Dreux avait épousé en 1269 Eve, fille d’Anseau de Cayeux, camerarius de Romanie, et avait reçu en dot des terres moréotes (A. Bon, La Morée franque, n. 3, p. 141). Il mourut en 1277 (L. Cadier, Essai sur l’administration, p. 272).
62 Actes de 1270-1272 (RCA, VII, no 116, p. 201) du 6 avril 1273 (RCA, IX, no 44, p. 207).
63 Il est capitaine des mercenaires envoyés en Achaïe en 1277-1278 (RCA, XIX, no 183, p. 149). Sur Guillaume Étandard (ou Estendard), voir S. Pollastri, Le lignage et le fief, p. 120. Fils aîné de Guillaume l’Étandard, il fut maréchal avant décembre 1268 et mourut entre janvier et février 1271 (P. Durrieu, Les archives angevines, II, p. 198 et p. 317).
64 Acte du 2 mai 1278 (RCA, XVIII, no 60, p. 27-28). Voir P. Durrieu, Les archives angevines, II, p. 351.
65 Il est capitaine des mercenaires envoyés en Morée en mai 1278 (RCA, XVIII, no 60, p. 27-28). Voir aussi P. Durrieu, Les archives angevines, II, p. 232.
66 Gérard est maître des arbalétriers en 1270-1272 (RCA, VII, no 44, p. 219). Il n’est autre que que Guiart d’Argenteuil, chevalier de l’hôtel, qui occupa aussi la fonction de châtelain (P. Durrieu, Les archives angevines, II, p. 226 et 230).
67 Ibid., p. 212 et p. 230. Il est envoyé en Morée en tant que maréchal de la troupe en 1277-1278 (RCA, XIX, no 166, p. 147).
68 Il est maréchal en 1274 (RCA, XI, no 102, p. 208). Voir P. Durrieu, Les archives angevines, II, p. 318.
69 Le premier est maréchal des mercenaires en 1277-1278 (RCA, XIX, no 93, p. 69) et le second capitaine en 1278 (RCA, XX, no 54, p. 46). Ne s’agirait-il pas dans ce dernier cas du même personnage que Gilles de Saint-Lie ? Les dates coïncident.
70 Le clerc Flagi, trésorier en 1270-1272 (RCA, VII, no 56, p. 221), avait été gardien du port de Brindisi (P. Durrieu, Les archives angevines, II, p. 319). Quant à Jean d’Armentières, cité en 1278 (RCA, XIX, no 349, p. 210) et clerc de l’hôtel, il n’est référencé par P. Durrieu que pour cette mission en Achaïe (ibid., p. 274).
71 Il occupe le poste de maréchal des troupes royales en 1277-1278 (RCA, XVIII, no 865, p. 417). Andreville et Andravida sont en effet synonymes. Voir J. Longnon, Les noms de lieu de la Grèce franque, dans Journal des Savants, 3-1, 1960, p. 97-110, ici p. 102.
72 Il est en mission en Morée à partir de 1272 (RCA, VIII, no 750, p. 249).
73 Voir A. Bon, La Morée franque, p. 139. Comme le remarque S. Pollastri, « la famille attire la famille » (S. Pollastri, La noblesse provençale, p. 414).
74 Paul Durrieu mentionne d’ailleurs l’existence d’un Guillaume des Barres père et d’un autre Guillaume des Barres fils, tous deux chevaliers de l’hôtel. Le père, chevalier terrier de l’hôtel et conseiller du roi, eut des commandements en Morée (P. Durrieu, Les archives angevines, II, p. 225, 231 et 279).
75 Il est nommé capitaine des mercenaires envoyés en Morée en 1273 (RCA, X, no 185, p. 52). Sur Bertrand des Baux, voir S. Pollastri, Le lignage et le fief, p. 120 et 126, ainsi que P. Durrieu, Les archives angevines, II, p. 230 et 280. Ils résidaient à Arles avant leur arrivée en Italie (S. Pollastri, La noblesse provençale, p. 410).
76 Il est capitaine de dix navires partant en Morée en 1280 (RCA, XXIII, no 148, p. 119). Voir à son sujet S. Pollastri, Le lignage et le fief, p. 146, ainsi que P. Durrieu, Les archives angevines, II, p. 345.
77 Il est à la tête d’une flotte se rendant en Achaïe en 1270 (RCA, III, no 893, p. 275). Voir aussi S. Pollastri, Le lignage et le fief, p. 121 et P. Durrieu, Les archives angevines, II, p. 307. Les Conche reçurent d’ailleurs la qualité de nobles (S. Pollastri, La noblesse provençale, p. 418). Hugues de Conche était un armateur qui affrétait des galères depuis le port de Marseille et menait le train de vie d’un noble (ibid., p. 426-427).
78 S. Pollastri, La noblesse provençale, p. 415.
79 Sans être le chef de l’expédition, le chevalier Richard est spécialement mentionné comme accompagnant les troupes sarrasines (acte du 5 avril 1273, RCA, X, no 104, p. 28). Quant à Ibrahim, il est explicitement nommé « capitaine des Sarrasins » (5 avril 1273, RCA, X, no 105, p. 29).
80 Sur ce point, voir J.-M. Martin, La colonie sarrasine de Lucera et son environnement. Quelques réflexions, dans Mediterraneo medievale. Scritti in onore di Francesco Giunta, II, Soveria Mannelli, 1989, p. 797-811.
81 Acte du 22 avril 1273 (RCA, X, no 439, p. 109).
82 RCA, V, no 348, p. 81-82. Sans doute appartient-il à la même famille que Guillaume Estat, valet de l’hôtel en 1278 (voir P. Durrieu, Les archives angevines, II, p. 317).
83 RCA, XIII, no 356, p. 124.
84 Voir par exemple un acte de 1268 (RCA, I, no 32, p. 122) et un autre de 1274 (RCA, XII, no 32, p. 170).
85 Le comte Henri Ier de Vaudémont succéda à son père Hugues III en 1244 : il était vassal du comte de Champagne (voir J.-B. Renault, « Recueil des actes des comtes de Vaudémont 1107-1244 », dans G. Giuliato (dir.), Autour des comtes de Vaudémont. Lieux, symboles et images d’un pouvoir princier au Moyen Âge, Nancy, 2011, p. 115-187, ici p. 186). Qualifié du titre privilégié de « cousin du roi », il mourut en 1278. Voir P. Durrieu, Les archives angevines, II, p. 394, ainsi que M. François, Histoire des comtes et du comté de Vaudémont des origines à 1473, Nancy, 1935 et G. Poull, La maison ducale de Lorraine devenue la maison impériale et royale d’Autriche, de Hongrie et de Bohême, Nancy, 1991, notamment p. 331.
86 Sur le personnel d’exécution du royaume de Sicile, voir H. Bresc, La « Mala signoria », p. 584-587.
87 Les Angevins sont de fait très rares et n’ont pas fourni de personnel à l’administration angevine. Voir à ce propos J.-M. Martin, L’ancienne et la nouvelle aristocratie, p. 115.
Auteur
UMR 8167 Orient et Méditerranée, florence.sampsonis@free.fr
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Le Thermalisme en Toscane à la fin du Moyen Âge
Les bains siennois de la fin du XIIIe siècle au début du XVIe siècle
Didier Boisseuil
2002
Rome et la Révolution française
La théologie politique et la politique du Saint-Siège devant la Révolution française (1789-1799)
Gérard Pelletier
2004
Sainte-Marie-Majeure
Une basilique de Rome dans l’histoire de la ville et de son église (Ve-XIIIe siècle)
Victor Saxer
2001
Offices et papauté (XIVe-XVIIe siècle)
Charges, hommes, destins
Armand Jamme et Olivier Poncet (dir.)
2005
La politique au naturel
Comportement des hommes politiques et représentations publiques en France et en Italie du XIXe au XXIe siècle
Fabrice D’Almeida
2007
La Réforme en France et en Italie
Contacts, comparaisons et contrastes
Philip Benedict, Silvana Seidel Menchi et Alain Tallon (dir.)
2007
Pratiques sociales et politiques judiciaires dans les villes de l’Occident à la fin du Moyen Âge
Jacques Chiffoleau, Claude Gauvard et Andrea Zorzi (dir.)
2007
Souverain et pontife
Recherches prosopographiques sur la Curie Romaine à l’âge de la Restauration (1814-1846)
Philippe Bountry
2002