Y a-t-il une culture rhétorique des officiers angevins ? Italie-Provence-Hongrie (XIIIe-XIVe siècle)
Résumés
La rhétorique utilisée par dans les chancelleries et écrits administratifs et politiques des mondes angevins des XIIIe-XIVe siècles est souvent considérée comme l’héritière de pratiques déjà en vigueur à la cour de Sicile sous les derniers Hohenstaufen. Pourtant, les conditions mêmes d’installation du pouvoir angevin en Provence, en Italie et en Hongrie posent un certain nombre de questions de ce point de vue. Quelle fut la part de la continuité, mais aussi des circulations entre les différents centres des mondes angevins ? Peut-on dire qu’il a existé une véritable rhétorique angevine ? L’article présente quelques pistes préliminaires à des recherches plus poussées.
La retorica utilizzata negli scritti amministrativi e politici dell’universo angioino durante il Duecento e il Trecento è stata spesso considerata come un’erede delle pratiche in vigore alla corte di Sicilia sotto gli ultimi Svevi. Nonostante ciò, le condizioni dell’istallazione al potere degli Angioini, che si tratti della Provenza, dell’Italia o dell’Ungheria, sollevano diverse questioni. In che misura esistettero una continuità tra il pre e il post 1266, ma anche delle circolazioni testuali tra i differenti centri? E ancora: si può parlare propriamente di una retorica angioina? L’articolo esplora alcune piste preliminari da seguire per una futura e più articolata esplorazione della questione.
Entrées d’index
Mots-clés : Ars dictaminis, scolastique, transition Hohenstaufen-Angevins, chancellerie, Bartolomée de Capoue
Parole chiave : Ars dictaminis, scolastica, transizione Svevi-Angionini, cancelleria, Bartolomeo da Capua
Texte intégral
1Les mondes angevins, dans leurs différentes matérialisations, ont été étudiés, particulièrement depuis la recrudescence des études angevines, sous l’angle de la construction (et de la déconstruction) de l’État à travers sa production écrite. Avant la catastrophe de 1943, les études concernant le royaume de Sicile angevin se sont d’abord focalisées sur l’examen des séries de registres de la chancellerie, et une partie centrale des travaux entrepris pour pallier leur destruction après-guerre a visé la reconstitution partielle du matériel détruit à partir de la collecte des différentes transcriptions1. Une voie alternative pour restituer la complexité des cultures politiques italiennes angevines, empruntée à la dernière génération par des chercheurs tant italiens qu’américains ou français2, a été de s’interroger sur le développement d’un langage et d’une communication de l’État (le terme de « langage » étant ici entendu au sens large), qui empruntent divers canaux sous les trois premiers rois de Sicile angevine, pour trouver peut-être leur expression la plus aboutie dans les productions oratoires d’empreinte scolastique développées sous le règne de Robert, l’un des rois sages du XIVe siècle3. Dans la Provence angevine, la masse documentaire conservée imposait également une étude des rouages gouvernementaux incluant une réflexion permanente sur la communication et la gestion de l’écrit4, et malgré les pertes archivistiques liées aux avatars de l’histoire hongroise moderne, l’historiographie magyare s’est également penchée en détail sur la production du discours étatique durant le siècle angevin hongrois5.
2Cette focalisation sur la production de l’écrit royal en chancellerie et dans les organes administratifs, tout comme sur les cultures rhétoriques et oratoires de cour quand certains reflets nous en ont été transmis, semblerait impliquer que la recherche est déjà arrivée à un état de connaissance satisfaisant des langages utilisés par l’État angevin sous ses différents avatars. Pourtant, la question des styles de communication haute utilisés par l’État angevin, et, potentiellement, par ses officiers les plus actifs, reste ouverte. Y a-t-il eu une culture stylistique particulière des agents du pouvoir angevins, et si tel est le cas, dans quelle mesure a-t-elle dépassé les centres vitaux de la cour sicilienne pour s’étendre à tout ou partie de la nébuleuse angevine au XIVe siècle ? Et si une telle culture stylistique pouvait-être caractérisée – ce qui n’est pas évident, car son existence sous-entendrait une conscience stylistique qui ne se réduise pas à l’imitation d’un ou de plusieurs stylus cancellariae, mais à la promotion consciente d’une ou de plusieurs stratégies stylistiques – quels rapports entretenait-elle avec celles qui l’avaient précédée ?
3C’est pour apporter un premier élément de réponse à ces interrogations que l’on a choisi ici de poser la question de la « rhétorique angevine » sous un angle précis, mais qui semble pertinent pour tenter de structurer une partie de ce champ d’investigation. Cet angle est celui de la continuité ou de la redéfinition des styles de communication solennelle utilisés par la chancellerie et les services de communication du royaume de Sicile Hohenstaufen dans l’espace angevin de la fin du treizième siècle et de la première moitié du XIVe siècle, un problème rarement abordé, tant la question a apparemment été longtemps considérée comme superflue. La Sicile des Hohenstaufen avait créé, durant le règne de Frédéric II, une communication étatique raffinée, en partie élaborée sous l’influence des pratiques de la chancellerie papale6. Cette forme de communication s’était maintenue à un haut niveau sous les règnes de Conrad IV et de Manfred7. Elle reposait principalement sur un culte de la rhétorique sous la forme enseignée à Naples comme à Bologne ou ailleurs sous le nom d’ars dictaminis8, et plusieurs éditions et études encore récentes, en particulier sous la plume de Fulvio Delle Donne, ont montré à quel point ce culte était vivace parmi les hommes gravitant autour de la cour de Sicile et des grands centres ecclésiastiques – abbaye du Mont-Cassin, archevêchés de Naples et de Salerne, cité de Capoue – à l’arrivée du nouveau pouvoir angevin9. Il va de soi qu’une partie au moins de cette culture stylistique s’est transmise en Sicile malgré la rupture des années 1266-1268. Mais peut-on aller jusqu’à parler d’une simple continuation de ces pratiques rhétoriques ? Ou doit-on plutôt envisager un réaménagement consécutif au changement dynastique ? Pour comprendre ce qui s’est exactement joué dans la transition entre les deux mondes dynastiques au niveau de ces traditions stylistiques, il faut en fait probablement associer une série d’analyses textuelles – et d’enquêtes sur les voies de diffusion de pratiques stylistiques liées à l’État – avec une interrogation sur les milieux porteurs de cette culture rhétorique, qui n’ont pas nécessairement coïncidé avec les cadres administratifs de l’État. C’est là également tout l’intérêt d’une réflexion sur l’articulation entre les cultures rhétoriques et le monde des officiers angevins, articulation dont le caractère parfois problématique pourrait expliquer certains avatars assumés par ces cultures rhétoriques du dictamen au cours des règnes de Charles Ier, Charles II et Robert, voire au-delà.
La fin de l’école campanienne et la crise des cultures rhétoriques dans la Sicile de Charles Ier et des débuts du règne de Charles II
4Dans les temps qui suivirent l’affermissement de la monarchie angevine dans le sud de l’Italie, après le grand ébranlement lié à la descente de Conradin en 1268, un certain nombre de lettrés jusqu’alors actifs dans le royaume de Sicile, et en particulier en Campanie, durent prendre le chemin de l’exil. Le plus remarquable d’entre eux fut sans doute Enrico da Isernia, un ex-étudiant du studium de Naples féru de rhétorique, que sa personnalité exubérante conduisit à raconter divers épisodes de sa vie dans une production épistolaire considérable et relativement peu exploitée. Cette méconnaissance relative s’explique par des raisons géographiques. Dans l’historiographie, Enrico est plus associé à l’histoire de la Mitteleuropa qu’à celle de l’Italie, car il avait trouvé refuge, sur la trace d’autres clercs et dictatores – spécialistes de l’ars dictaminis – sud-italiens dans le royaume de Bohême, où il fonda un studium de rhétorique à Vyšehrad, alors faubourg de Prague. En 1270-71, il intriguait pour trouver une place dans la chancellerie royale, à l’apogée du règne d’Otakar II, cousin de Conradin et protecteur intéressé du dernier petit-fils de Frédéric II alors vivant, Frédéric de Misnie10.
5Dans deux lettres destinées respectivement à Bruno, évêque d’Olomouc, proche conseiller d’Otakar II, et au futur saint Bonaventure11, Enrico plaide sa cause en soulignant que c’est souvent l’intercession de puissants bien disposés qui a entraîné la promotion auprès de grands souverains d’exceptionnels stylistes. Les exemples qu’il propose sont à la fois tirés de l’antiquité – il invoque notamment Virgile et Cassiodore, introduits auprès de « César » et de Théodoric – et de l’histoire récente. Continuateur de la tradition stylistique que l’on a jadis qualifiée d’école de Capoue – école rhétorique campanienne semble un terme plus adapté12 –, il exalte le souvenir de Pierre de la Vigne, « astre de toute latinité », que l’archevêque Bérard de Palerme avait tiré dans sa jeunesse de l’obscurité pour le présenter à Frédéric II. Dans les deux lettres, il invoque enfin un exemplum contemporain : celui de Robert de Baro, proposé en 1265 à Charles Ier par Clément IV pour devenir protonotaire du royaume de Sicile13. C’est néanmoins en stigmatisant la disproportion entre l’office obtenu et les capacités rhétoriques réelles de l’impétrant qu’il commente ce dernier cas :
Lettre à Bruno d’Olomouc (extrait)
[…] Si autem ad etatis moderne tempora nostre mentis aciem convertemus, inveniemus equidem, quod magistrum Petrum de Vinea, exilibus parentibus editum et fama recónditum subobscúra, ad ipsius Petri postulacionem Panormitanus archiepiscopus aput imperatorem promoverit Fridericum eumque splendori clari nominis titulavit, necnon et quod dominus papa Clemens, istius summi pontificis predecessor, Robertum de Baro, virum denique non magne sciencie fáleris decorátum, in tantum aput Karolum, regni Sicilie perfidum invasorem, Cesarei sititorem sanguinis onmiumque regum temerarium contemptorem, suis laudibus promoverit, ut eum totius regni Sicilie Cancellarium ordinaret […].
ordinaret […]14
Lettre à Bonaventure (extrait)
[…] si ad moderna tempora stilum retrahimus, quod papa Clemens Robertum de Baro, certe non magne literature hominem ymo tantum ex usu aliquid cognoscentem, aput regem promovit Karolum, et quod Panormitanus archiepiscopus Petrum de Vinea, olim egregium dictatorem et tocius lingue latine jubar, pro unica tantum epistola, quam eidem misit archiepiscopo, imperatori affectuosissime commendaverit Friderico […]15
6Le ton des deux lettres diffère partiellement. Dans un cas, Enrico s’adresse au conseiller d’un prince apparenté aux Hohenstaufen qui méditait de soutenir la descente d’un candidat anti-angevin sur les traces de Conradin, et peut donc laisser libre cours à sa haine du « nouveau régime ». Dans l’autre, il écrit à un cardinal a priori moins prévenu, et l’usurpateur devient roi – bel exercice de variation rhétorique. Les deux missives se rejoignent pourtant pour disqualifier Roberto de Baro, en raison de son incompétence rhétorique. Dans la première, il est promu chancelier (ut eum totius regni Sicilie cancellarium ordinaret) alors qu’il n’est pas « décoré des phalères (ornements) d’un grand savoir (non magne scientie faleris decoratum) ». Dans la seconde, il est précisé « qu’il n’a pas une grande maîtrise des lettres, mais seulement un peu d’usage (non magne literature hominem ymo tantum ex usu aliquid cognoscentem) ». Les termes de « savoir » ou de « lettres » peuvent paraître vagues. Ils ne le sont pas dans la tête d’un rhéteur du XIIIe siècle imbu des traditions stylistiques de l’école campanienne. La science ou littérature en question signifie la maîtrise de la rhétorique, dépendante d’une culture générale par ailleurs remarquablement définie dans une ars dictandi par Enrico16. C’est cette science stylistique qui donne la clé d’un discours parfait, en ouvrant la voie à l’exercice de la rédaction en chancellerie, et plus généralement des affaires.
7Cette lettre est emblématique de la dissociation qui s’est probablement opérée à l’époque du premier roi angevin, notamment à la suite de la coupure de 1268, entre une culture rhétorique portée par un milieu précis d’une part, et le personnel employé dans les organes centraux, et notamment à la chancellerie du royaume de Sicile, d’autre part. On a insisté ces dernières décennies sur certaines continuités relatives entre le fonctionnement étatique de la Sicile Hohenstaufen et de celle des premiers Angevins, et les indices ne manquent pas pour mettre en valeur les éléments de cette continuité au niveau de la production textuelle étatique17. Pour les pratiques et le milieu de la chancellerie, cette continuité doit pourtant être relativisée sur certains points cruciaux. D’une part, l’arrivée du nouveau pouvoir fut porteuse d’innovations stylistiques parfois fondamentales, impensables sous le pouvoir Hohenstaufen – que l’on pense à l’utilisation du français en parallèle au latin comme langue de chancellerie18. D’autre part et surtout, une bonne partie des notaires et des dictatores les plus prestigieux actifs sous les règnes de Conrad et Manfred à la cour de Sicile et dans ses marges perdirent leurs positions, voire leurs biens, et durent prendre le chemin de l’exil avant 1270, dans la majeure partie des cas, probablement parce qu’ils avaient parié sur la réussite de Conradin. Parmi les notaires actifs auprès de Manfred et qui forment un réseau d’exilés politiques dispersés hors du royaume après 1268, on compte des personnalités telles que Nicola da Rocca senior, disciple direct de Pierre de la Vigne, professeur de rhétorique, actif au service de Conrad IV et Manfred19, Vitalis d’Aversa, autre notaire important de Manfred20, ou encore Pierre de Prezza21. Enrico da Isernia, dont l’activité notariale n’est pas attestée avant 1268, entretenait des liens d’amitié ou d’intérêt avec l’ensemble de ce réseau, dont les prolongements politiques se ramifiaient de l’Aragon à la Bohême22. Il s’agissait là d’une fraction importante des dictatores les plus doués qui s’activaient en 1265 entre le studium de Naples, la cour de Sicile et les grands centres de culture ecclésiastiques du sud et du centre italiens, et il n’est sans doute pas exagéré d’avancer que ce réseau d’exilés représentait le cœur décapité d’un milieu de stylistes qui entretenaient l’idéologie de la centralité de l’ars dictaminis en tant que forme suprême de communication, idéologie caractéristique de la cour de Sicile depuis l’ascension de Pierre de la Vigne, dans les années 1220.
8Ce réseau, que l’on peut aujourd’hui reconstituer de manière plus satisfaisante pour la durée du règne de Charles Ier et pour les premières années de celui de Charles II, dépassait par ailleurs le cadre strict du royaume de Sicile. La majeure partie de ses membres provenait du royaume, et plus précisément de la Terra Laboris, soit de la région, frontalière du Patrimonium Petri, qui s’étendait des alentours du Mont-Cassin jusqu’aux portes de Naples et avait pour centre géographique Capoue23. Or ce bassin de recrutement privilégié de stylistes et praticiens du dictamen était également exploité par la chancellerie papale, et il n’est pas exagéré de dire que, malgré le contexte politique, les deux chancelleries ont d’un point de vue socio-stylistique fonctionné dans une relation dialectique complexe mais à certains égards quasi-symbiotique pendant une grande partie du XIIIe siècle. C’est ainsi que la plus grande autorité stylistique papale du début du XIIIe siècle, le cardinal Thomas de Capoue24, provenait, comme d’autres notaires papaux, de la cité natale de Pierre de la Vigne, ou bien encore que certaines familles de dictatores liés à l’époque de Frédéric II à Pierre de la Vigne et à celle de la transition de Manfred à Charles Ier, à Enrico da Isernia, avaient un pied dans le royaume et un autre à la Curie. Nicola da Rocca senior, peut-être le plus prestigieux rhéteur du royaume à l’époque de Manfred, finit vraisemblablement ses jours dans un exil non déterminé, tandis que son neveu, Nicola da Rocca junior, trouva à s’employer auprès d’une chapelle cardinalice, et entretint d’étroites relations avec de grands prélats philo-angevins tels que les frères Aygler/Ayglerii25. Selon ses dires, Enrico lui-même tentait de négocier une place à la Curie quand un délateur l’obligea à quitter définitivement le royaume dans les semaines qui suivirent la bataille de Tagliacozzo26.
9Du point de vue des cultures rhétoriques continuatrices de la grande tradition du dictamen Hohenstaufen, le règne de Charles Ier se caractérise donc par une rupture au sommet de l’État – dans la mesure où les représentants les plus en vue de ce culte de la rhétorique quasi-institutionnalisé semblent avoir été massivement impliqués dans le camp pro-Hohenstaufen. Cette rupture contraste avec le maintien d’un certain nombre de pratiques stylistiques dépendantes de cette tradition au niveau de la chancellerie et avec la persistance d’un réseau socioculturel susceptible de prolonger cet héritage ou de le réactiver dans ou aux marges du royaume. Toute la question est donc de savoir quelle place les porteurs de cette culture purent trouver dans le monde des serviteurs de l’État et officiers angevins. Un représentant de premier plan de cette « troisième génération » de l’école rhétorique campanienne, actif jusqu’à sa mort en 1290, fut ainsi Stefano di San Giorgio, dont le dossier épistolaire a été édité par Fulvio Delle Donne27. Ce clerc-diplomate, étroitement lié au Mont-Cassin, et entretenant comme Enrico da Isernia des relations d’amitié avec la famille da Rocca, fut actif au service de la Curie papale, du cardinal Hugues d’Evesham et du roi d’Angleterre Édouard Ier dont il fut familiaris, tout en accomplissant dans la dernière décennie de son existence des missions pour le compte des souverains angevins. Il poussa différents membres de sa famille pour lesquels il obtint de l’avancement en Angleterre et au Mont-Cassin. Son statut semble néanmoins plus avoir été celui d’un familiaris que celui d’un officier, sa correspondance préservée ne le plaçant pas vraiment à l’intérieur des rouages administratifs ou politiques de l’État sicilien, alors même que, vraisemblablement originaire de San Giorgio a Liri, à deux heures de marche au sud du Mont-Cassin, l’un des anneaux d’une chaîne de bourgs et cités de l’extrême Nord-Ouest du royaume tels que Rocca Guglielmo ou Pontecorvo d’où étaient originaires une grande partie de ces dynasties de stylistes, il provenait de cette zone de recrutement de tant de notaires et juges de Frédéric II et Manfred formés à la maîtrise du dictamen28. Si l’activité de Stefano di San Giorgio le plaça malgré tout en contact avec les plus hautes sphères du pouvoir, les différents parcours des membres de ce milieu de ‘dictatores’ qui peuvent être partiellement reconstitués grâce à sa correspondance, à celle de Nicola da Rocca junior, ou grâce à d’autres témoignages encore, semblent souvent en décalage par rapport à celui-ci. C’est autour de figures de prélats campaniens importants tels que Bernard et Aygler Ayglerii, respectivement abbé du Mont-Cassin et archevêque de Naples, ou encore de Matteo da Porta, archevêque de Salerne, que les dictatores d’origine campanienne éclairés par cette correspondance s’activent dans le royaume après 1266, à moins qu’ils ne cherchent des protections et des positions directement à la cour papale, auprès de dignitaires d’origine campanienne ou sud-latiale partageant leur intérêt pour la rhétorique, tels que le vice-chancelier Giordano da Terracina, protecteur du notaire papal Jean de Capoue comme des membres de la famille da Rocca, ou encore le notaire-diplomate Bérard de Naples29.
10L’activité littéraire de certains lettrés siciliens fameux sous les premiers Angevins est par ailleurs emblématique de ce décentrage par rapport à une cour qui ne paraît guère intéressée par ces cultures rhétoriques continuatrices de l’âge d’or de Frédéric II, sinon dans une optique strictement pragmatique. C’est en 1287, peu après la mort de Charles Ier, que Guido delle Colonne finit de rédiger la fameuse Historia destructionis Troiae, latinisation de l’une des versions précédentes du Roman de Troie destinée à un succès européen durable. Rarement associée à l’ars dictaminis par les chercheurs contemporains, cette œuvre est pourtant une spectaculaire mise en « prose de dictamen » de la matière de Troie, respectant les cadences rythmées et les logiques de l’ars30. Or Guido delle Colonne commença la Historia sous le règne de Charles Ier, sous l’impulsion de l’archevêque de Salerne Matteo da Porta, lequel entretenait à son tour une correspondance avec certains dictatores de la troisième génération de l’école campanienne mentionnés plus haut31. Guido, déjà relativement vieux en 1266, est un personnage emblématique de la continuité d’une certaine culture poétique (italienne) et rhétorique (latine) héritée de l’époque de Frédéric II et de Manfred sous Charles Ier. Mais cette continuité s’accompagne de changements non négligeables après 1268 : les supports institutionnels de cette culture ne sont plus tant la cour de Sicile que les centres ecclésiastiques locaux, et la Curie pontificale, dans l’orbite de laquelle se crée par exemple la chronique « sicilienne » en prose de dictamen la plus tardive, celle de Saba Malaspina32. On ne peut dire que la culture du dictamen soit absente du royaume – des découvertes récentes montrent au contraire qu’elle y reste très présente, même à un niveau local, on y reviendra33 – mais elle n’assume plus le même rôle idéologique de clé de voûte (ou de liant) des différents savoirs, et de différents milieux, qu’elle avait sous Frédéric II, Conrad IV et Manfred.
La reconfiguration des cultures « dictaminales » à la cour de Charles II et de Robert
11Est-il possible de parler, dans le sillage de l’italianisation progressive de la culture angevine souvent invoquée pour le règne de Charles II34, d’une stabilisation, voire d’une recrudescence de cette culture « dictaminale » qui aurait retrouvé en la personne d’un certain nombre de clercs et lettrés d’origine campanienne les chemins des sommets de l’État ? La prosopographie de la chancellerie sous Charles II offre à cet égard quelques indices35. On constate en effet la présence d’une proportion non négligeable de notaires d’origine campanienne, en particulier capouane, ce qui semble ramener à la grande époque de la chancellerie de Frédéric II, structurellement dominée par les Campaniens, avec un noyau de Capouans, mais la proportion n’est plus la même. Sous Charles II, le rééquilibrage semble sensible avec d’autres parties du royaume et notamment les Pouilles. Les indices d’une survivance « dynastique » qui permettrait de supposer que certains membres des familles constitutives du réseau socio-stylistique campanien des années 1220-1290 ont forcé les portes de la chancellerie sont d’autre part faibles. S’il n’est pas exclu que l’un ou l’autre des trois notaires recensés originaires de Capoue36 ait été apparenté de près ou de loin à l’un ou l’autre des stylistes siciliens ou papaux du XIIIe siècle issus de cette cité37, il ne s’agit là que d’une hypothèse. Quant à la probabilité que Tommaso di San Giorgio, notaire de Charles II, soit un parent de Stefano di San Giorgio, elle semble diminuée par le fait que l’une des pièces qu’il écrit est rédigée en français (une compétence qui ne peut toutefois totalement être exclue pour un Italien, notamment si ce personnage avait été parent de Stefano et l’avait suivi dans ses pérégrinations en milieu francophone, en Angleterre et en France, lors de ses missions diplomatiques38). On le voit, les indices d’une continuité réelle entre la dernière génération de l’école campanienne d’ars dictaminis et les hommes actifs à la chancellerie de Charles II restent faibles.
12C’est en ayant cette faiblesse à l’esprit qu’il faut étudier l’existence d’une continuité stylistique bien réelle au niveau des pratiques ordinaires de la chancellerie, ou de la confection d’écrits de propagande politique plus exceptionnels, pour ne pas tomber dans l’illusion d’une stabilité qui gommerait les aspects les plus concrets de la « semi-rupture » qui semble avoir caractérisé la transition de l’ars dictaminis de la Sicile Hohenstaufen vers les cultures lettrées de la Sicile angevine. Que les porteurs les plus actifs de « l’idéologie du dictamen » campanienne aient dû quitter la chancellerie, voire le royaume après 1268, et que certaines pratiques radicalement neuves aient été importées à l’époque de Charles Ier, n’enlève rien à la validité des analyses qui tendent à souligner une continuité stylistique globale dans les pratiques de rédaction des actes latins. Cette continuité semble de plus soulignée par l’existence d’une récupération discrète mais signifiante par les hommes actifs à la chancellerie, de certains modèles créés à l’époque de Frédéric II et Conrad IV, et notamment rassemblés dans les recueils de dictamina – summae dictaminis – circulant à partir, précisément, du début de la dynastie angevine, dans l’Europe occidentale,
13La signification de l’utilisation « idéologisée » ou « routinière » de modèles frédériciens par la chancellerie des deux premiers Angevins reste toutefois ambigüe, car cette institution n’entretenait pas le même rapport avec ces textes que les chancelleries des autres pouvoirs européens, et ce à un double titre. D’une part, la dynastie était l’héritière de facto d’un royaume conquis sur la dynastie rivale, considérée comme hérétique et usurpatrice depuis la déposition de Frédéric II par Innocent IV en 1245. Il lui était donc à certains égards difficile d’assumer cet héritage rhétorique dans sa totalité, dans la mesure où il était indissociable par certains aspects d’une connotation « gibeline » et anti-papale à l’opposé de ses propres fondements idéologiques. D’autre part, les premiers Angevins possédaient les registres et archives contenant des originaux ou copies des grandes lettres politiques frédériciennes, comme de la correspondance politico-administrative plus courante. Le personnel de la chancellerie ne se trouvait donc pas dans la nécessité, comme celui des royaumes d’Outre-Alpes ou d’Outre-mer, de recourir aux recueils de lettres modélisées du type des Lettres de Pierre de la Vigne, encore qu’il soit possible que certains notaires de la chancellerie aient possédé ces collections, précisément finalisées dans le milieu de notaires campaniens qui oscillait entre les centres ecclésiastiques du royaume et la Curie, à l’époque même de la transition entre les deux pouvoirs (années 1260-127039). Il faut tenir compte de ces deux particularités pour étudier les indices – relativement faibles par rapport aux réutilisations rhétoriques massives qui caractériseront certains pouvoirs européens – de réutilisation du « fonds rhétorique » Hohenstaufen par la chancellerie des deux premiers Angevins.
14Un bon exemple d’une telle réutilisation est fourni par la lettre de convocation au parlement de Foggia de septembre 1284, à l’extrême fin du règne de Charles Ier40. Celle-ci reprend l’exorde d’un privilège concédé par Frédéric II aux étrangers voulant s’installer dans le royaume de Sicile, lui-même sélectionné par les dictatores campaniens de la seconde et de la troisième génération pour être intégré dans les privilèges contenus dans le sixième livre des collections classiques de Pierre de la Vigne41. Le ton impersonnel du modèle exclut qu’il y eût danger à le reprendre dans l’ouverture d’une proclamation solennelle de grande importance émanant du pouvoir angevin, mais le texte, légèrement modifié, n’a pas été choisi au hasard. Ce que dit le préambule frédéricien est en substance que le souverain, bien que harcelé par les soucis divers causés par la multiplicité de ses possessions et par la pluralité des nationes qui lui sont soumises, souhaite néanmoins se concentrer sur les habitants du royaume de Sicile, auxquels il est lié par une relation plus étroite, et qui forme le centre de ses possessions.
Charles Ier, convocation au parlement devant se tenir à Foggia, 12 septembre 1284 | Pierre de la Vigne, VI, 7 : privilegium concessum extraneis |
Et si causarum varietas que processibus nostris hinc inde circumfluunt ac nationum pluralitas que sub nostri dominii felicitate respirant, in statu fovendo pacifico causam nobis continue meditationis adducant, quadam tamen specialis prerogativa deliberationis inducimur qualiter regni nostri fidelis populus cultus subjectio nostris semper beneplacitis est devota de cuius cura nobis est propterea specialiter sic tranquillitatis decore prepolleat ut de suo statu sub nostro dominio sit contentus […] | Etsi causarum varietas, que processibus nostris improvide semper circumfluit et nacionum pluralitas que sub dominii nostri felicitate respirat, in statu vivendi pacifico causam nobis continue meditationis adducant, quadam tamen prerogativa familiaris cogitationis inducimur et assidua meditatione pensamus, qualiter peculiaris regni nostri Sicilie populus, cuius specialiter nos cura sollicitat, cuius nobis est hereditas omni possessione preclarior, sic transquillitatis decore prepolleat, ut sub Cesaris Augusti temporibus augeatur. […] |
15La fonctionnalité de l’acte de départ n’a guère d’importance, dans la mesure où la question des étrangers n’était pas invoquée dans le préambule original. C’est au contraire le thème de ce dernier qui motive sa sélection, car les soucis « internationaux » de « l’Empire angevin » en pleine crise deux ans après les Vêpres siciliennes, et la nécessité d’enrayer le mouvement de désaffection des sujets du royaume, convenaient parfaitement à la rhétorique de « préférence sicilienne » dans un ensemble impérial suggérée par le modèle frédéricien. Et si dans ce cas la généralité relative du message véhiculé par le préambule empêchait une lecture trop politique – ou facilitait, pour employer les termes de la linguistique, la « remotivation » du préambule-modèle – il existe un autre exemple datant du règne de Charles Ier, dans lequel la récupération des motifs stylistiques frédériciens se double d’une plus claire récupération idéologique. Il s’agit il est vrai d’un exemple particulier, puisque cette récupération concerne la restauration de l’université de Naples de 1276, entreprise pour laquelle le pouvoir angevin pouvait difficilement ne pas s’inscrire dans les traces directes des fondateurs précédents, de Frédéric II à Manfred42.
16Si ces exemples ponctuels prouvent que le pouvoir angevin n’a pas hésité, à l’époque de son éloignement théorique maximal par rapport au milieu porteur de cet héritage rhétorique (ou tout au moins de la partie de ce milieu qui était directement active dans l’entourage de Manfred, puis de Conradin), à recycler une fraction du legs rhétorique des Hohenstaufen, les traces de ce recyclage direct restent relativement discrètes, posant la question de l’interprétation à lui donner. Une étude par sondages du Formularium Curie de 1306-130743, par chance conservé aux archives vaticanes, ce qui explique qu’il nous soit parvenu intact, permet à cet égard de situer les pratiques rhétoriques de solennisation des actes par la chancellerie angevine de Sicile dans la moyenne durée d’un héritage qui peut être désormais considéré comme en partie « neutralisé » dans ses aspects potentiellement les plus anti-Hohenstaufen, quarante ans après la conquête. La cour est alors dominée par la personnalité du juriste Bartholomée de Capoue, originaire de la cité-symbole de la culture rhétorique campanienne au XIIIe siècle, et associant lui-même, entre autres compétences, la double culture du droit et du dictamen44.
17Un sondage préliminaire effectué parmi les collections du formulaire de 1306 suggère lui aussi un bilan en demi-teinte. Il contient notamment deux séries d’exordes détachés qui forment en tout une suite de 145 pièces45 (auxquelles on peut ajouter un certain nombre d’exordes contenus dans d’autres pièces du formulaire46). Même si le style de la plupart de ces pièces suit la tradition du dictamen campanien du XIIIe siècle, un sondage rapide à travers ces 145 exordes fait apparaître une réutilisation patente d’un seul modèle contenu dans les summae dictaminis dites de Pierre de la Vigne sous leur forme classique (et cet exorde possède un contenu des plus banal, mais c’est la loi du genre47). C’est naturellement trop peu eu égard à la masse de pièces envisagée48 pour parler d’une réelle continuité, même s’il faudrait travailler à partir d’une base plus grande d’exordes de lettres Hohenstaufen siciliennes pour avoir une idée plus précise du lien entre ces modèles du début du XIVe siècle et la tradition rhétorique sicilienne dans la longue durée49. On peut par ailleurs noter que l’un de ces exordes siciliens de la génération de Charles II trouve un correspondant quasiment exact à la chancellerie royale française au milieu du XIVe siècle, sous Jean II le Bon, quatre décennies plus tard mais ici, il est bien difficile de tirer quelque conclusion que ce soit de ce rapprochement50. Le modèle sicilien a-t-il été emprunté par la chancellerie française, dépendent-ils tous deux d’une tradition antérieure, ou peut-on postuler au contraire une influence française sur les pratiques siciliennes ? Pour discerner des tendances lourdes dans cette évolution progressive des modèles rhétoriques, il faudra une étude autonome sur les pratiques de composition d’exordes à la chancellerie angevine de Sicile sous les trois premiers souverains.
18De fait, une étude de la parenté génétique des modèles discursifs contenus dans les archives ou dans les collections de dictamina représentatifs d’une pratique institutionnelle a beau apporter parfois des indices suggestifs, elle reste généralement insuffisante pour étayer un discours sur les pratiques stylistiques et leur signification, si elle se limite à des considérations ponctuelles. Elle n’acquiert de valeur générale que par extension statistique et comparatiste. Pour dépasser un horizon d’attente qui risque au XIVe siècle de s’étendre automatiquement à la rhétorique du pouvoir partagée par la plupart des grandes chancelleries royales (notamment par suite de la diffusion à toute l’Europe de modèles papaux et siciliens retravaillés et regroupés au cours du XIIIe siècle dans le contexte socio-stylistique de l’école campanienne) et revenir au problème spécifique des cultures rhétoriques angevines, il faut compléter cette étude par l’examen des dossiers qui peuvent être renvoyés à des milieux précis ou à des individus, et qui permettent de l’inscrire plus précisément dans une dynamique culturelle. Or l’époque de Charles II et des premières années du règne de Robert d’Anjou offre à cet égard des possibilités exceptionnelles, notamment grâce à l’activité d’un intellectuel déjà nommé, officier et homme d’État de première envergure, Bartholomée de Capoue.
19L’intérêt d’une étude stylistique des pratiques d’écriture de Bartholomée de Capoue (1248-132851) est patent. D’une part, et cela a déjà été souligné, le personnage présente une position structurelle qui n’est pas sans rappeler celle de l’un des piliers fondateurs de l’idéologie stylistique campanienne, Pierre de la Vigne52. Au sommet de sa carrière, Bartholomée de Capoue, lui aussi logothète et protonotaire, délivre la parole royale, et il exerce sur la chancellerie et sur la formulation de l’idéologie et de la justice royale une influence sans doute aussi déterminante que le fut celle de son lointain prédécesseur (et concitadin) sous Frédéric II. D’autre part, Bartholomée de Capoue a laissé un nombre d’écrits remarquables – lesquels mériteraient d’ailleurs une étude globale. D’un point de vue stylistique, une partie de ces pièces échappent partiellement à l’emprise de l’ars dictaminis, dans ce sens qu’elles répondent à des logiques de formalisation en partie différentes de celles de l’ars. Le rédacteur de traités juridiques ou scientifiques de genre scolastique53, le créateur d’orationes et autres sermons politiques54, enfin le rédacteur potentiel ou avéré de documents solennels (lettres ou actes55) ne pouvait pas adopter le même style dans la formalisation de ces divers types de textes, même si des interférences signifiantes et potentiellement instructives peuvent exister entre la logique de l’ars dictaminis et, par exemple, celle de l’oratio (elle-même gouvernée par l’ars praedicandi).
20C’est ainsi que le discours à Boniface VIII de 1303 sur le thème Justus es, Domine, et rectum judicium tuum56, ne porte que des traces ponctuelles d’ornementation respectant les codes du cursus rythmique, dont le respect avant ponctuation est obligatoire selon les doctrines de l’ars au début du XIVe siècle57. Ces ornementations ne sont pas absentes du texte, et se densifient même lors de la ‘facti narratio’ qui suit l’oratio – structurellement proche d’un sermon –proprement dite58. Les caractéristiques formelles du discours, avec ses citations peu ou non aménagées et son mode de démonstration scolastique, empêchent toutefois cette influence rythmique de devenir prédominante. Il se trouve ainsi relativement éloigné de documents d’apparat angevins contemporains qui sont en revanche de purs morceaux de dictamen solennel, et qui pourraient être analysés en fonction à la fois de l’idéologie royale angevine, et de l’esthétique quasi « baroquisante » caractéristique de l’ars dictaminis italienne des premières décennies du XIVe siècle. La lettre au roi de France de 1318 annonçant l’intention du roi de lutter contre Gênes jusqu’à épuisement est un modèle du genre, qui prouve qu’il existait de grands dictatores à la cour de Robert capables d’adapter les règles du dictamen hérité des modèles impériaux à une rhétorique de l’exaltation de la race capétienne59. Il n’est néanmoins pas sûr que cette pièce ait été composée par Bartholomée, et il faut donc se diriger vers d’autres documents d’attribution plus certaine pour se faire une idée exacte de ses pratiques stylistiques.
21Un objet d’analyse idéal est à cet égard formé par certaines des pièces contenues dans le Formularium Curie de 1306-130760, puisqu’elles portent la marque de l’autorité directe de Bartholomée, encore que l’on ne puisse pas exclure dans tous les cas que certaines parties du document aient été formalisées, après conception initiale par le logothète, par un autre personnage. C’est par exemple le cas de la forme no 16, ‘Forme d’incorporation du Comté de Piémont aux Comtés de Provence et Forcalquier’, dont l’exorde rédigé dans un style de dictamen classique, analogue à celui des productions du XIIIe siècle, comporte néanmoins un syntagme sans doute d’empreinte scolastique allegabilem unitatem, qui ne se retrouve sauf erreur dans aucune des pièces solennelles qui ont conflué dans les grandes summae pontificales ou siciliennes antérieures61. Dans le cas de la Forma remissionis debitorum ad que dominus rex erat Sancte romane Ecclesie obligatus62, pièce d’importance stratégique établissant sur un nouveau pied les relations entre la couronne et la papauté, l’autorité globale de Bartholomée est difficilement niable : c’est lui qui a été chargé de rédiger l’argumentation hautement sophistiquée de cette pièce centrale dans une négociation cruciale de la fin du règne de Charles II, et le formulaire spécifie que Bartholomée a créé lui-même ce texte63.
22La longue pièce, qui mériterait une nouvelle étude de détail du point de vue formel et rhétorique, peut aider à comprendre ce qui lie et ce qui distancie, à deux ou trois générations de distance, la technique des membres – capouans ou non – de l’école de rhétorique campanienne au service de Frédéric II ou Manfred, de celle de leurs lointains successeurs, éduqués dans les mêmes cadres institutionnels deux ou trois générations plus tard. La qualité formelle indéniable du dictamen, ici parfaitement rythmé (la forme du document le permet, voir l’impose), n’empêche pas de noter un certain nombre de particularités. Certains choix sémantiques distancient l’écriture de Bartholomée de celle d’un Pierre de la Vigne ou d’un Nicola da Rocca, tout en lui conférant une saveur particulière qui est peut-être aussi, par certains aspects, celle d’une génération. L’expression dénigrante sequaces et satrapas est ainsi, sauf erreur, absente de la rhétorique sicilienne de l’époque de Frédéric II64. C’est néanmoins surtout l’existence de passages inspirés de la scolastique thomiste qui permet de corroborer l’impression d’une distance qui est d’abord conceptuelle, mais qui pèse automatiquement sur les choix stylistiques. Des développements sur la justice intègrent des raisonnements directement empruntés à la philosophie thomiste qui entraînent des choix syntagmatiques et sémantiques impensables à l’époque de Pierre de la Vigne65. Il n’y a rien là que de naturel, si l’on admet que l’on peut couler de nouvelles pensées dans un cadre formel ancien, mais le problème ne se situe pas vraiment à ce niveau. Il est plutôt dans le fait que la culture scolastique de Bartholomée, omniprésente dans d’autres parties de son œuvre, exerce également, plus ou moins pesamment, une influence dans sa pratique d’une rhétorique épistolaire ou para-épistolaire où elle entre en interférence avec des schémas stylistiques anciens. Dans ce cadre précis, la scolastique est formellement bridée (jusqu’à un certain point) par le dictamen (et c’est encore une fois l’analyse rythmique qui permet de le prouver), mais elle l’infléchit en direction d’un ensemble de références culturelles qui lui donnent une coloration parfois assez différente de l’ars dictaminis telle qu’elle était pratiquée, encore, par un Stefano di San Giorgio, vingt ans plus tôt. S’il y a bien une continuité des cultures « dictaminales » au sommet de l’État angevin sicilien dans les années 1300, elle est donc relative, car les logiques de définition réciproque des modes de formalisation scolastique et de décoration rhétorique ne jouent plus exactement dans le même sens que deux ou trois générations auparavant. Le rapport entre la rhétorique et la scolastique s’est infléchi au profit de la seconde, et l’éventuelle « récupération » rhétorique qui aurait suivi la remontée en force d’un personnel italien et en partie « campanien » sous Charles II et Robert ne peut donc avoir l’aspect d’une simple réduplication du modèle frédéricien.
Formes de diffusion capillaire de la culture rhétorique campanienne dans le Mezzogiorno, en Provence et en Hongrie angevins. Quelques pistes
23Le paradoxe veut que dans les décennies mêmes (1285-1330) où l’héritage de la rhétorique sud-italienne de « l’âge classique » (1214/1220-1266), se trouvait ainsi peu à peu relégué dans les marges à la cour angevine par l’infléchissement des nouvelles formes de communication étatiques, cet héritage tendait pourtant de se diffuser dans l’ensemble des territoires angevins. Cette diffusion a bien sûr eu à voir avec le rayonnement d’un langage général de chancellerie et plus simplement de l’administration à la faveur des échanges entre les pôles administratifs de l’ « Empire angevin », et notamment entre l’ensemble provençal-piémontais et le regnum sud-italien. Elle a également pu prendre les voies plus obliques, dans des zones qui ont basculé dans l’obédience angevine sans que l’on puisse dire que ce changement ait entraîné une intensification automatique des échanges humains ou une imitation administrative intensive. La question d’une influence des rhétoriques sud-italiennes en Hongrie au XIVe siècle se pose ainsi, sans qu’il soit possible de prouver que les clercs du royaume aient nécessairement emprunté les modèles d’une éventuelle inspiration rhétorique de type campanienne directement à la cour de Sicile. Enfin, des cultures rhétoriques « dictaminales » ont pu se maintenir ou prospérer dans le cadre du royaume de Sicile, ailleurs que dans les centres les plus directement liés au pouvoir central (chancellerie, studium de Naples…). C’est dans ces trois directions provençale, sud-italienne locale et hongroise que nous allons enfin présenter quelques pistes concernant la transmission par capillarité de ces techniques rhétoriques campaniennes dans l’espace et le temps des mondes angevins.
En Provence
24De par la masse de la documentation conservée pour l’ensemble du XIVe siècle, la Provence forme certainement un terrain de recherche de choix pour jauger la diffusion et la continuité d’une rhétorique d’État liée à la culture du dictamen campanien du XIIIe siècle dont l’importation aurait été en rapport avec l’intensification des liens entre l’Italie centrale et méridionale et le comté à la suite de la conquête de 1266. Les indices ne manquent pas pour affirmer que l’installation du pouvoir angevin en Campanie, dans les Pouilles et en Sicile a provoqué certains phénomènes d’osmose rédactionnelle entre les deux pôles provençal et sud-italien des domaines angevins dès la fin du XIIIe siècle, sans d’ailleurs que l’on doive nécessairement parler d’une circulation à sens unique. On a vu en effet plus haut comment des clercs actifs en Provence avant 1266, comme le futur abbé du Mont-Cassin Bernard Aygleri, s’étaient insérés sans difficulté dans le réseau des dictatores campaniens. Il s’en faut pourtant de beaucoup que les voies d’infiltration d’une rhétorique de type sud-italien dans la Provence des années 1266-1400 aient été étudiées à fond.
25Un premier jalon pour ce faire consiste dans le réexamen du problème posé par l’ensemble documentaire connu dans la recherche sur la cour de Frédéric II sous le nom d’Excerpta Massiliensia66. Les Excerpta massiliensia sont un ensemble de textes sélectionnés à partir de registres de la chancellerie de Frédéric II, couvrant une période s’étendant aux années 1230-1248, et conservés dans les archives départementales des Bouches-du-Rhône sous la cote B. 17567. Ils ont été tôt analysés par la recherche allemande concernant le règne de Frédéric II, pour lequel ils constituent une source de premier plan (avec les Statuta officiorum contenus dans le manuscrit des Archives départementales, B. 26968), même s’ils n’ont pas bénéficié du même traitement diplomatique que le fameux registre de 1239-1240 de la chancellerie frédéricienne69. Les Excerpta n’ont en revanche à ma connaissance guère été envisagés sous l’angle de leur réception. Quelles qu’aient été les raisons pour lesquelles cette compilation administrative a été réalisée au début du XIVe siècle (pour un milieu actif en Italie, plutôt qu’à destination de la Provence ?70), elle a été exportée en Provence, où l’on peut supposer que des officiers royaux ont utilisé l’une ou l’autre des formules qui y sont contenues. Il ne manque d’ailleurs pas de possibilités de rapprochements entre les lettres de l’époque de Frédéric II contenues dans ce recueil et la rhétorique solennelle angevine, puisque l’un des rares textes des Excerpta également présents dans les collections de Pierre de la Vigne71 est une exemption d’impôts décennale pour les étrangers émigrés dans le royaume de Sicile72. Or nous avons vu que ce texte avait servi de modèle au préambule de la convocation au parlement de Foggia de 128573. S’agit-il d’un hasard statistique, ou bien le choix de 1285 a-t-il quelque chose à voir avec la logique de sélection qui a abouti à la constitution des Excerpta ? Dans une perspective angevine, le problème est surtout d’envisager l’impact rhétorique des documents ainsi recueillis en Provence, malgré notre ignorance des circonstances et de la date d’arrivée exacte de ce recueil dans le comté.
26À l’autre extrémité de la chaîne documentaire, il serait pourtant possible de tenter une série de sondages dans les zones les plus « rhétoriques » (préambule, rhétorique solennelle) de la production textuelle liée à la culture étatique angevine provençale pour jauger le degré d’influence direct d’un matériel de ce type. Un bon exemple d’impact de la rhétorique campanienne du XIIIe siècle au niveau le plus local récemment mis en valeur est constitué par la réutilisation d’un préambule de la summa dictaminis de Thomas de Capoue74 dans le contexte de la production diplomatique des communautés urbaines. Dans la copie d’un des actes les plus récents du cartulaire municipal de Digne, un vidimus concernant la répartition des amendes sur la pesée du pain (1342), un notaire local, Johannes Garde de Sisteron, a eu recours pour créer un nouveau préambule à cet instrument de travail75 :
Thomas de Capoue, Summa dictaminis, IX 12a | Cartulaire doré, no 22 |
Iniuriatur memorie frequenter oblivio, et longinquitate sepe fit temporis, quod res clara presentibus redditur obscura futuris, et sic interdum recisa repullulant, suscitantur sopita et sepulta resurgunt. Unde adversus oblivionis dispendium de scripture suffragio prudentium cautela providit, presertim in illis, que post litium sumptus, post iudiciorum strepitus ad metam producta sententie iudiciali calculo terminanturb. | […] ellucescat quod cum injurietur memorie frequenter oblivio et ex longinquitate temporis sepe fiat quod res clara presentibus redditur obscura futuris et sit interdum decisa pululant suscitantur sopita et sepulta resurgunt unde adversus oblivionis dispendium de scripture suffragio prudentium cautela providit presertim in hiis que post litium sumptus judiciorum strepitus judiciali calculo terminantur […]c |
a. M. Thumser, J. Frohmann (éd.), Die Briefsammlung, p. 218. b. Ibid., livre IX, 12, p. 218. c. No 22, fol. 18r. Cette pièce n’est pas éditée dans la vieille édition du cartulaire par Firmin Guichard, Essai historique sur le cominalat dans la ville de Digne, institution municipale provençale des XIIIe et XIVe siècles, Digne, 1846 (t. II, preuves). |
27Cette réutilisation est d’autant plus significative qu’il ne s’agit pas de l’écrit solennel d’un officier, d’origine italienne ou non, de l’État angevin, qui importerait directement un modèle issu de la culture de chancellerie angevine. Le vidimus no 22 est en effet l’une des rares pièces du cartulaire qui a été produite (au moins pour cette partie du texte) par un notaire local, un notaire dont on voit qu’il possédait ou avait mémorisé certains textes de la summa de Thomas de Capoue. Le fait n’étonne pas, quand on sait que des notaires aixois possèdent encore au XVe siècle la somme de Pierre de la Vigne. L’intérêt de cette mise en valeur consiste plutôt dans la preuve que cette culture dictaminale « haute », plus liée à l’ars dictaminis qu’à l’ars notariae, trouvait des applications dès le début du XIVe siècle à l’échelon notarial le plus local en Provence. Entre l’importation directe de registres du type des Excerpta massiliensia (pour les services de l’administration centrale du comté ?) et ces réutilisations à l’échelon le plus local, il est aisé d’imaginer un phénomène de progression de ce matériel rhétorique par capillarité. Il faut toutefois mettre en garde contre un danger potentiel de court-circuit dans l’analyse de ces données encore fragmentaires. Les summae dictaminis de Pierre de la Vigne et de Thomas de Capoue, si elles sont bien originaires d’Italie centrale et du Sud, sont alors diffusées et employées dans tout l’Occident, et rien ne dit, par exemple, que la curie pontificale alors installée à Avignon n’ait pas pu être un pôle de diffusion plus efficace de la summa papale de Thomas que la Campanie angevine76. Toute la question consiste donc à mesurer, à l’aide d’une étude sérielle des réutilisations d’une rhétorique de type frédéricienne ou post-frédéricienne, ou de la rhétorique d’inspiration papale correspondante en Provence, ce qui a pu dépendre de la circulation globale de ces instruments de travail, ou de méthodes d’exploitation plus directement liées aux habitus administratifs angevins.
En Italie du Sud, à l’échelon local
28En ce qui concerne les centres régionaux du Mezzogiorno, il est possible de repartir d’une percée récente pour poser la question des prolongations angevines de la grande culture rhétorique d’époque Hohenstaufen à l’échelon des centres de production locaux. Dario Internullo a publié il y a peu, dans le cadre de ses recherches riches en découvertes philologiques sur les pratiques textuelles dans la Rome et le Latium du Trecento77, une description préliminaire du contenu d’un manuscrit de la Bibliothèque Angelica de Rome (514, olim D. 8. 17) qui contient entre autres un ensemble de textes en rapport avec l’administration angevine, avec l’ars dictaminis (extraits du Candelabrum de Florence, ars dictandi de Thomas de Capoue) et avec l’activité d’Hugo Scoctus, chevalier, seigneur des baronnies de Vico et Flumeri. Parmi cette documentation brille un ensemble de vingt lettres inédites (fol. 1-8), dont certaines ont une valeur littéraire et historique notable78. La lettre no 15 décrit ainsi de manière satirique les mœurs des habitants des Abruzzes, comparés à des sangliers (apri), avant d’exalter un rector provinciae, Pietro de Brayda, noble piémontais, justicier des Abruzzes entre mai et novembre 128779. Une autre lettre satirique concerne les habitants de Flumeri, tandis qu’une troisième fait l’éloge de la cité de Vicalvi (province actuelle de Frosinone80). Sans entrer dans des détails pour lesquels je renvoie aux travaux de D. Internullo, il est clair que les pièces de ce recueil se rapportent la fois à l’activité de Pietro de Brayda dans les Abruzzes en 1287, et pour les textes mentionnant Flumeri (en Campanie) et Vicalvi à un Hugo Scoctus, probable membre de la famille Lescot, sans doute Hugolinus Lescot (floruit 1300), fils de ce Jean Lescot qui était l’un des officiers de l’époque de Charles Ier circulant entre Italie et Provence dans les années 127081. Ce dossier mériterait un examen approfondi, tant au niveau philologique et littéraire que prosopographico-politique. Il apporte un premier élément de réponse sur une question lancinante pour les spécialistes des cultures rhétoriques campaniennes du XIIIe siècle, en prouvant qu’elles ne disparaissent pas, au niveau local, avec la mort successive des membres de la « troisième génération » de l’école campanienne héritière des Thomas de Capoue et Pierre de la Vigne, mais bien qu’elles se prolongent, au service de nobles actifs dans les rouages de l’administration angevine, et à demeure pour quelques mois ou pour beaucoup plus longtemps dans les Abruzzes, la Campanie et le Sud du Latium actuel. Il est possible que d’autres dossiers de ce genre attendent encore leur mise en valeur. Les lettres du manuscrit 514 de la Biblioteca Angelica sont en tout cas la première pièce qui permet de repenser le problème de la continuité des cultures du dictamen dans le Mezzogiorno à la fin du XIIIe et au début du XIVe siècle indépendamment des centres les plus prestigieux, tels que le studium de Naples ou la cour royale.
En Hongrie
29En ce qui concerne la Hongrie, pour terminer ce bref tour d’horizon, le problème posé par la recherche de traces d’importations rhétoriques liées à une culture spécifiquement angevine rejoint partiellement les problématiques développées pour la Provence. Dans un article remarquable, György Bónis avait jadis posé la question de l’impact des collections de lettres du type de la summa dictaminis de Pierre de la Vigne et de celle, papale, de Riccardo da Pofi dans le royaume, en montrant que le manuscrit 481 de la Bibliothèque Nationale de Vienne, du début du XIVe siècle, contenant des lettres de ces deux collections (ainsi que de la Summa de Thomas de Capoue) était étroitement associé à la Hongrie, et en soulignant les capacités rhétoriques des auteurs des textes écrits en contexte hongrois qui s’y trouvent82. J’ai pu moi-même prouver une réutilisation des Lettres de Pierre de la Vigne par la chancellerie hongroise analogue à celle que l’on trouve dans d’autres grandes chancelleries européennes contemporaines à l’époque de Charles dit Carobert, premier roi angevin de Hongrie83. La question est là encore de comprendre si l’importation de ce matériel a été favorisée, intentionnellement ou non, par des clercs italiens ou hongrois circulant entre le Mezzogiorno et les espaces de la couronne de Hongrie, à partir des années 1301-1330, ou si l’arrivée en Pannonie de ce matériel rhétorique remontant au temps de Frédéric II, mais « anthologisé » pour une grande partie dans la décennie d’installation des Angevins en Italie du Sud, n’a pas plutôt dépendu d’un mouvement de circulation plus générale de ces collections en Europe. En effet, dans la première décennie du XIVe siècle, ces collections avaient commencé une vie autonome sur le marché du livre européen depuis au moins une génération, et l’on ne peut donc exclure que le matériel ait pénétré en Hongrie dès avant le remplacement dynastique, en passant, par exemple, par l’Autriche ou par la Bohême où il avait déjà été importé par des rhéteurs italiens tels qu’Enrico da Isernia84. Au stade actuel de nos connaissances, cette dernière hypothèse d’une circulation « mitteleuropéenne » paraît en fait plus probable que celle d’une importation rhétorique angevine. Autre chose est de savoir si l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle dynastie, avec ses inévitables renouvellements de pratiques administratives liés à une réorganisation politique, n’a pas intensifié ce phénomène de substitution de formules et de recettes, rapprochant ainsi encore les habitudes rhétoriques hongroises de celles des autres fragments de la mosaïque angevine. Il y eut certainement un ensemble de cultures rhétoriques des mondes angevins, qui vaut la peine d’être étudié pour lui-même, sans lui imposer les grilles d’un questionnaire figé par avance dans des certitudes que le réexamen d’une documentation rarement invoquée sous cet angle, aussi bien que la découverte de nouvelles pièces, sont susceptibles de remettre en cause.
Notes de bas de page
1 Sur la destruction des archives angevines et ses conséquences pour les études ultérieures, cf. dernièrement G. L. Borghese, L’ombre portée d’archives disparues. Travailler sur le royaume de Naples après la destruction des Registres angevins (30 septembre 1943), dans L’absence de texte, CEHTL, 4, Paris, LAMOP, 2011 (1re éd. en ligne 2012) et Id., Les registres de la chancellerie angevine de Naples. Un exemple de destruction et de reconstitution de sources archivistiques à travers les siècles, dans Médiévales, 69, 2015, p. 171-182.
2 Sur l’idéologie développée à la cour sous le règne de Robert, cf. en particulier S. Kelly, The New Solomon. Robert of Naples (1309-1343) and Fourteenth-Century Kingship, Leyde-Londres, 2003 (The Medieval Mediterranean, 48), le colloque fondateur L’État angevin. Pouvoir, culture et société entre XIIIe et XIVe siècle. Actes du colloque international, Rome-Naples, 7-11 novembre 1995, Rome, 1998 (Collection de l’École française de Rome, 245), et les articles de Jean-Paul Boyer cités à la n. suivante.
3 Sur l’art oratoire du roi et de ses conseillers, au premier rang desquels Bartholomée de Capoue, cf. J.-P. Boyer, Le roi et le royaume dans les sermons de Robert de Naples, dans Revue Mabillon, n. s., 6, 1995, p. 101-136 ; Id., Parler du roi et pour le roi. Deux ‘sermons’ de Barthélemy de Capoue, logothète du royaume de Sicile, dans Revue des sciences philosophiques et théologiques, 79, 1995, p. 193-248 ; Id., Prédication et État napolitain dans la première moitié du XIVe siècle, dans L’État Angevin, p. 127-157, Id., Une théologie du droit. Les sermons juridiques du roi Robert de Naples et de Barthélemy de Capoue, dans B. Guenée, C. Gauvard, F. Autrand, J.-M. Moeglin (dir.), Saint-Denis et la royauté. Mélanges offerts à Bernard Guenée, Paris, 1999, p. 649-459 ; Id., Le droit civil entre studium et cour de Naples : Barthélemy de Capoue et son cercle, dans J.-P. Boyer, A. Mailloux, L. Verdon (dir.), La justice temporelle dans les territoires angevins, Rome, 2005 (Collection de l’École française de Rome, 354), p. 47-82 ; Id., Boniface VIII en juge des rois. Une harangue de Barthélemy de Capoue sur la succession de Hongrie, dans Z. Kordé, I. Petrovics (dir.), La diplomatie des États angevins aux XIIIe et XIVe siècles. Actes du colloque international de Szeged, Visegrád, Budapest, 13-16 septembre 2007, Rome-Szeged, 2010, p. 79-100.
4 On mentionnera comme le plus imposant des travaux récents, Th. Pécout (dir.), L’enquête générale de Leopardo da Foligno en Provence (1331-1334), Paris, Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, 2008-2018, édition commentée de l’enquête de Leopardo da Foligno.
5 Il ne faut pas imaginer que l’ensemble de cette production a été transmise au lectorat d’Europe occidentale, par les voies des traductions, particulièrement quand il s’agit d’études de détail écrites avant la dernière génération, parfois importantes pour l’histoire de la rhétorique. Cf. par exemple l’article de György Bónis, Petrus de Vinea leveleskönyve Magyarországon [Le recueil de lettres de Pierre de la Vigne en Hongrie], dans Filológiai Közlöny, 4, 1958, p. 1-26 et 173-197 sur l’utilisation de la summa dictaminis de Pierre de la Vigne en Hongrie à l’époque angevine discutée plus bas.
6 Sur ce décollage sous influence, cf. B. Grévin, Rhétorique du pouvoir médiéval. Les Lettres de Pierre de la Vigne et la formation du langage politique européen (XIIIe-XVe siècle), Rome, 2008 (Bibliothèque de l’École française de Rome, 339), p. 121-370. Sur des traces précises d’influence papale au début du processus, cf. E. Heller, Zur Frage des kurialen Stileinflusses in der sizilischen Kanzlei Friedrichs II., dans Deutsches Archiv für Erforschung des Mittelalters, 19, 1963, p. 434-450.
7 Sur l’ars dictaminis à la cour et en Campanie sous le règne de Manfred, cf. F. Delle Donne, The sapientia of Manfredi and the Studium of Naples, dans P. De Leemans (dir.), Translating at the Court. Bartholomew of Messina and the Cultural Life at the Court of Manfred of Sicily, Louvain, 2014 (Mediaevalia Lovaniensia-Series 1/Studia, 45), p. 31-48.
8 Sur l’ars dictaminis, cf. la synthèse classique Camargo 1991, à compléter par F. Hartmann, Ars dictaminis. Briefsteller und verbale Kommunikation in den italienischen Stadtkommunen des 11. bis 13. Jahrhunderts, Ostfildern, 2013 (Mittelalter-Forschungen, 44) et B. Grévin, A.-M. Turcan-Verkerk (dir.), Le dictamen dans tous ses états. Perspectives de recherche sur la théorie et la pratique de l’ars dictaminis (XIe-XVe siècles), Turnhout, 2015 (Bibliothèque d’Histoire culturelle du Moyen Âge, 16).
9 Pour les liens entre le Mont-Cassin et l’ars dictaminis au XIIIe siècle, cf. en particulier F. Delle Donne (éd.), Nicola da Rocca, Epistolae, Florence, 2003 (Edizione nazionale dei testi mediolatini 9) et Una silloge epistolare della seconda metà del XIII secolo proveniente dall’Italia meridionale. I “dictamina” del ms. Paris, Bibl. Nat. Lat. 8567, éd. F. Delle Donne, Florence, 2007 (Edizione nazionale dei testi mediolatini 19), éditions des dictamina contenus dans le ms. Paris, BnF 8567, en particulier autour de deux familles entretenant des liens étroits avec le Mont-Cassin dans la seconde moitié du Duecento, les da Rocca et les San Giorgio.
10 Sur Enrico da Isernia, outre l’importante bibliographie en tchèque, cf. en allemand K. Hampe, Beiträge zur Geschichte der letzten Staufer. Ungedruckte Briefe aus der Sammlung des Magisters Heinrich von Isernia, Leipzig, 1910, B. Schaller, Der Traktat des Heinrich von Isernia De coloribus rhetoricis, dans Deutsches Archiv für Erforschung des Mittelalters, 45 (1993), p. 113-153, en italien H. M. Schaller, s.v. Enrico da Isernia (Henricus de Isernia), dans Dizionario biografico degli Italiani, 42, 1993, p. 743-746, en français B. Grévin, Rhétorique du pouvoir médiéval, p. 391-404.
11 K. Hampe, Beiträge zur Geschichte, no 12, p. 122-125 (Bruno von Olomouc) ; Regesta diplomatica necnon epistolaria Bohemiae et Moraviae, II, éd. J. Emler Prague, 1882, no 2610, p. 1139-1140 (Saint Bonaventure).
12 Sur ce débat historiographique, cf. B. Grévin, Rhétorique du pouvoir médiéval, p. 267-270 ; S. Tuczek (ed.), Die kampanische Briefsammlung (Paris Lat. 11867), Hannover, 2010 (MGH Briefe des späteren Mittelalters, 2), p. 37-42 ; F. Delle Donne, Le dictamen capouan : écoles rhétoriques et conventions historiographiques, dans B. Grévin, A.-M. Turcan-Verkerk (dir.), Le dictamen, p. 191-207.
13 Sur Robert de Baro, cf. N. Kamp, Chiurlia, Roberto, dans Dizionario biografico degli Italiani, VI, Rome, 1981, p. 121-123.
14 K. Hampe, Beiträge zur Geschichte, no 12, p. 124-125.
15 Regesta diplomatica necnon epistolaria Bohemiae et Moraviae, no 2610, p. 1139-1140.
16 J. Tříška, Prague Rhetoric and the Epistolare Dictamen (1278) of Henricus de Isernia, dans Rhetorica, 3, 1985, p. 183-200 (édition de l’Epistolare dictamen d’Enrico), p. 195 : Dictator et latinitatis fundamento stabilitus et acumine esse debet, dyaleticorum vigere et auctores nosce, leges et iuria non ignorare, hystorias leccitasse, scire urbanitatis genere et de qualibet debet aliquid sciencia prelibasse.
17 Cf. en particulier le collectif G. Musca (dir.), Le eredità normanno-sveve nell’età angioina. Persistenze e mutamenti nel Mezzogiorno, Atti delle quindicesime giornate normanno-sveve, Bari, 22-25 ottobre 2002, Bari, 2004, (CSNS, Università Bari, Atti, XV).
18 Sur cette question, cf. A. Kiesewetter, La cancelleria angioina, dans L’État angevin… cit., p. 397-398 sur l’évolution de l’utilisation du français entre les règnes de Charles Ier (où il est abondant) et de Charles II (où il se réduit fortement).
19 Cf. F. Delle Donne (éd.), Nicola da Rocca, introduction et no 1-74, p. 1-93, ainsi que B. Grévin, Rhétorique du pouvoir médiéval, p. 300-379.
20 Ibid., p. 277, 374-376, 394-395.
21 Ibid., p. 383-391, après E. Müller, Peter von Prezza, ein Publizist der Zeit des Interregnums, Heidelberg, 1913.
22 Sur cette question, cf. B. Grévin, Rhétorique du pouvoir médiéval, p. 370-415.
23 Ibid., et les introductions aux éditions F. Delle Donne (éd.), Nicola da Rocca et Una silloge epistolare, qui restent à ce jour la meilleure porte d’entrée pour comprendre ces réseaux de dictatores campaniens du treizième siècle, particulièrement durant la transition entre les dernières décennies du pouvoir Hohenstaufen et les deux premiers Angevins.
24 Cf. à son sujet H. M. Schaller, Studien zur Briefsammlung des Kardinals Thomas von Capua, dans Deutsches Archiv für Erforschung des Mittelalters, 21, 1965, p. 371-518, ainsi que M. Thumser-J. Frohmann (éd.), Die Briefsammlung des Thomas von Capua, aus den nachgelassenen Unterlagen von Emmy Heller und Hans Martin Schaller MGH, 2011, www.mgh.de/datenbanken/thomas-von-capua (pré-édition électronique de la summa transmise sous son nom).
25 Sur le rôle de Bernard Aygler/Ayglerii, abbé du Mont-Cassin (1266-1282), et de son frère Aygler Ayglerii, archevêque de Naples (1266-1280), comme soutiens des dictatores du réseau campanien après l’installation angevine, cf. F. Delle Donne (éd.), Nicola da Rocca, intro. p. xix-xx, xlviii-l, et no 74, p. 93 (tutelle des biens des da Rocca après le décès de Nicola (senior ?)), 99-107 (certamen rhétorique, et correspondance entre Bernard et Nicola da Rocca junior). Sur la biographie des deux personnages et leur insertion dans la hiérarchie ecclésiastique sicilienne, cf. N. Kamp, Kirche und Monarchie im staufischen Königreich Sizilien. I. Prosopographische Grundlegung : Bistümer und Bischofe des Königreichs 1194-1266 1. Abruzzen und Kampanien, Munich, 1973, p. 329. Les Aygler étaient originaires du Lyonnais, et Bernard avait été abbé du monastère provençal de Lérins avant d’être transféré au Mont-Cassin. La capacité de Bernard Aygler à jouter avec les maîtres de l’école campanienne, disciples indirects de Pierre de la Vigne et de Thomas de Capoue (Nicola da Rocca junior est neveu du Nicola da Rocca senior, disciple favori de Pierre de la Vigne vieillissant) est un indice remarquable des possibilités de partage de savoirs rhétoriques entre des élites actives dans le Sud-Est de l’espace français actuel au milieu du XIIIe siècle et des lettrés campaniens.
26 Sur les malheurs rocambolesques (et difficilement contrôlables, car racontés par lui-même dans une optique justificative) d’Enrico da Isernia, cf. B. Grévin, Rhétorique du pouvoir médiéval, p. 391-392, renvoyant notamment à K. Hampe, Beiträge zur Geschichte, no 2, p. 69-97, mémoire justificatif écrit immédiatement après Tagliacozzo).
27 Sur le personnage, B. Grévin, Rhétorique du pouvoir médiéval, no 404-415, et surtout F. Delle Donne (éd.), Una silloge epistolare, introduction et no 1-90, p. 3-89, correspondance de Stefano.
28 Une lettre publiée par Regesta diplomatica necnon epistolaria Bohemiae et Moraviae, no 2582, p. 119, atteste l’activité d’enseignement du dictamen à Pontecorvo en liaison avec Nicola da Rocca (senior ?) et Enrico da Isernia (donc avant 1268), tandis qu’un autre document publié dans F. Delle Donne (éd.), Nicola da Rocca, no 29 p. 49, montre Nicola da Rocca demandant la permission d’enseigner aux autorités du studium de Naples (qui devait théoriquement monopoliser dans le royaume ce type d’enseignement sous les Hohenstaufen, ce qu’il ne faisait pas en pratique). Sur la liaison entre l’enseignement et la pratique de la rhétorique et le studium de Naples avant 1267, cf. à présent F. Delle Donne, Per scientiarum haustum et seminarium doctrinarum. Storia dello Studium di Napoli in età sveva, Bari, 2010, réédition augmentée de Id., “Per scientiarum haustum et seminarium doctrinarum” : edizione e studio dei documenti relativi allo Studium di Napoli in età sveva, dans Bullettino dell´Istituto storico italiano per il medioevo, 111, 2009, p. 101-225.
29 Sur Giovanni da Terracina, cf. P. Sambin, Un certame dettatorio tra due notai pontifici (1260). Lettere inedite di Giordano da Terracina e di Giovanni da Capua, Rome, 1955 (Note e discussioni erudite 5) (certamen avec le notaire papal Giovanni da Capua, pour lequel cf. G. F. Nüske, Untersuchungen über das Personal der päpstlichen Kanzlei 1254-1304, dans Archiv für Diplomatik Schriftgeschichte Siegel- und Wappenkunde, 20, 1974, p. 39-240 et 21, 1975, p. 249-431, p. 64-65), ainsi que F. Delle Donne (éd.), Nicola da Rocca, no 54-58, p. 75-80 (correspondance entre Nicola da Rocca senior et Giordano) ; F. Delle Donne (éd.), Una silloge epistolare, no 147, p. 158-159 ; 182, p. 211- 218 (bulle solennelle de canonisation de Pierre, martyr de l’ordre dominicain, rédigée par Giordano) ; M. Thumser, Les grandes collections de lettres de la curie pontificale au XIIIe siècle. Naissance, structure, édition, dans B. Grévin, A.-M. Turcan-Verkerk (dir.), Le dictamen, p. 209-241, p. 237-238 (discussion des théories voyant dans le cardinal, à cause de l’inclusion de lettres de Giordano dans la summa dictaminis dite de Thomas de Capoue et de ses liens avec des disciples de Pierre de la Vigne, le principal instigateur de la vague de formalisation des summae dictaminis papales et frédériciennes qui trouve son apogée vers l’époque de sa mort).
30 Sur la Historia destructionis Troiae, cf. l’édition Guido de Columnis, Historia destructionis Troiae, éd. N. E. Griffin, Cambridge, Massachusetts, 1936 (The Mediaeval Academy of America, 26) ; sur l’insertion de cette œuvre dans la culture du dictamen, et dans les milieux des dictatores campaniens actifs à l’époque de Charles Ier, cf. B. Grévin, Métaphore et vérité : la transumptio, clé de voûte de la rhétorique au XIIIe siècle, dans J.-P. Genet (dir.), La vérité. Vérité et crédibilité : construire la vérité dans le système de communication de l’Occident (XIIIe-XVIIe siècle), Paris, 2015 (Le pouvoir symbolique en Occident (1300-1640), 2), p. 149-182, p. 177-181.
31 Sur les lettres de Matteo da Porta, archevêque de Salerne, cf. F. Delle Donne (éd.), Una silloge epistolare, en particulier no 85-87-p. 104-107 (correspondance avec Nicola de Sanctis et Nicola da Rocca junior), 95-97, p. 113-116 (correspondance avec le seul Nicola de Sanctis).
32 Die Chronik des Saba Malaspina, éd. Walter Koller-August Nitschke, Hannover, 1999 (MGH Scriptores, 35). Saba Malaspina est lui-même un cas intéressant d’exercice d’un dictamen à la fois officiel (il fut un temps scriptor à la cour papale) et annalistique-littéraire (la chronique, rédigée en un style de dictamen baroque, incluant des renvois discrets à Pierre de la Vigne et sans doute à d’autres autorités non encore toutes repérées) entre le royaume angevin et la cour papale sous Charles Ier et Charles II. La chronique fut achevée en 1285.
33 Cf. D. Internullo, A proposito di dictamen fra regno angioino e Roma nel primo trecento, dans B. Grévin, A.-M. Turcan-Verkerk (dir.), Le dictamen, p. 347-376, et infra, p. 000-000.
34 Italianisation marquée par le recul du français à la chancellerie, cf. supra, n. 18.
35 Cf. le commode résumé des données alors disponibles pour le règne dans A. Kiesewetter, La cancelleria angioina, n. 163, p. 395-396.
36 Giovanni da Capua ; Leucio da Capua ; Taffuro da Capua.
37 Les liens éventuels entre la famille de Thomas de Capoue, celle de Pierre de la Vigne, celle de Giovanni de Capoue, notaire papal et ami de Giordano da Terracina, pour ne citer que trois possibilités déjà évoquées, ne sont eux-mêmes pas éclaircis à ma connaissance.
38 Pièce éditée dans A. Kiesewetter, Il trattato del 18 ottobre fra Filippo I di Taranto e Giovanni I Orsini di Cefalonia per la conquista dell’Epiro, dans Archivio storico pugliese, 47, 1994, p. 177-215, no 3, p. 207-212 (document datant de 1305). Sur la possibilité de ce lien familial entre Stefano di San Gorgio et Tommaso di san Giorgio, cf. F. Delle Donne (éd.), Una silloge epistolare, intro. p. xv, n. 9, qui souligne toutefois le manque d’indices concrets pour étayer cette hypothèse.
39 Sur les dernières hypothèses concernant la gestation de ces collections sous le règne de Manfred, cf. après B. Grévin, Rhétorique du pouvoir médiéval, p. 62-116, M. Thumser, Petrus de Vinea im Königreich Sizilien. Zu Ursprung und Genese der Briefsammlung, dans Mitteilungen des Instituts für Österreichische Geschichtsforschung, 123, 2015, p. 30-48.
40 Cité dans Otto Heinrich Becker, Kaisertum, deutsche Königswahl und Legitimitätsprinzip in der Auffassung der späteren Staufer und ihres Umkreises (mit einem Exkurs über das Weiterwirken der Arengentradition Friedrichs II. unter seinen Nachkommen und der Angiovinen), Europäische Hochschulschriften, Reihe III, Bd. 51, Berne-Francfort, 1975, p. 113-114, le premier à avoir vu le lien avec la lettre frédéricienne-modèle de l’exorde. Cf. analyse dans B. Grévin, Rhétorique du pouvoir médiéval, p ; 743-744.
41 Pierre de la Vigne, VI, 7 (BF Regesta 1905), éd. L’Epistolario di Pier della Vigna, coord. Edoardo D’Angelo, éd. Alessandro Boccia, Edoardo D’Angelo, Teofilo de Angelis, Fulvio Delle Donne, Roberto Gamberini, Rubbetino, 2014, p. 1054-1055.
42 Cf. pour l’analyse de ce réemploi B. Grévin, Rhétorique du pouvoir médiéval, p. 745-746. Il s’agit d’un manifeste annonçant la restauration du studium de Naples, en date du 7 juillet 1276 (J. Mazzoleni [éd.], I registri della Cancelleria angioina, vol. XVI, Naples, 1961 [I registri della Cancelleria Angioina ricostruiti da Riccardo Filangieri, con la collaborazione degli Archivisti napoletani, XVI, 1274-1277], no 337, p. 98-99), qui est exceptionnel à deux titres, à la fois parce qu’il contient une réutilisation de motifs présents dans la lettre Pierre de la Vigne, III, 11 (lettre d’annonce de la fondation du studium le 5 juin 1224 et ordre aux étudiants du royaume d’étudier désormais dans cette institution), et parce que le pouvoir angevin assume explicitement la continuité idéologique avec les Hohenstaufen, exceptionnellement qualifiés de princes catholiques (Ad huius igitur intentionis noste propositum affectu favorabili prosequendum predecessorum nostrorum catholicorum principum, regum Sicilie, sequi non dedignantes exempla, generale studium diversarum artium in eodem regno regi providimus…). Sur cette lettre et son analyse, cf. D’Angelo 2014, p. 489-493 et F. Delle Donne, Per scientiarum haustum et seminarium doctrinarum. Storia dello Studium di Napoli in età sveva, Bari, 2010, réédition augmentée de Id., «Per scientiarum haustum et seminarium doctrinarum»: edizione e studio dei documenti relativi allo Studium di Napoli in età sveva, dans Bullettino dell´Istituto storico italiano per il medioevo, 111, 2009, p. 101-225, no 1, p. 85-91.
43 J. Mazzoleni éd., I registri della cancelleria angioina, vol. XXXI, Formularum Curie Caroli secundi, Naples, 1980 (I registri della cancelleria angioina ricostruiti da Riccardo Filangieri con la collaborazione degli archivisti napoletani, XXXI, 1306-1307), édition en tout point honorable d’un point de vue interne, mais insuffisante d’un point de vue externe. Les sources bibliques ou autres de la rhétorique de nombre d’actes solennels inclus dans le formulaire ne sont jamais explorées, non plus que les précédents et parallèles dans la production diplomatique ou épistolaire.
44 Sur Bartholomée de Capoue, cf. dans une bibliographie abondante mais dispersée, cf. en particulier Nitschke, Die Reden des Logotheten Bartholomäus von Capua, dans Quellen und Forschungen aus italienischen Archiven und Bibliotheken, 35 1955, p. 255-266, l’article de synthèse M. Paciutti, I. Walter, s.v. Bartolomeo da Capua, dans Dizionario biografico degli Italiani, VI, Rome, 1964, p. 697-704 avec bibliographie antérieure complète, et plus récemment J.-P. Boyer, Parler du roi et pour le roi. Deux ‘sermons’ de Barthélemy de Capoue, logothète du royaume de Sicile, dans Revue des sciences philosophiques et théologiques, 79, 1995, p. 193-248 ; Id., Une théologie du droit ; Id., Le droit civil entre studium et cour de Naples : Barthélemy de Capoue et son cercle, dans J.-P. Boyer, A. Mailloux, L. Verdon (dir.), La justice temporelle dans les territoires angevins, Rome, 2005 (Collection de l’École française de Rome, 354), p. 47-82 ; Id., Boniface VIII en juge des rois. Une harangue de Barthélemy de Capoue sur la succession de Hongrie, dans Z. Kordé, I. Petrovics (dir.), La diplomatie des États angevins aux XIIIe et XIVe siècles. Actes du colloque international de Szeged, Visegrád, Budapest, 13-16 septembre 2007, Rome-Szeged, 2010, p. 79-100, fondamentaux pour la culture juridique et la pratique des sermons politiques.
45 J. Mazzoleni éd., I registri, vol. XXXI, respectivement no 8 p. 16-20, ‘Exordia et accessus’, et no 151, p. 222-232, ‘Exordia et accessus’.
46 Ibid., no 7, p. 5, prologue solennel des Capitula regni ; no 16, p. 24 Forma de incorporatione Comitatus Pedimontis Comitatibus Provincie et Forcalquerii ; no 17, p. 25, Forma privilegii in minori forma ; no 18 p. 26, Forma de summonendis baronibus ad serviendum ; no 20, p. 29, Forma de immunitate novorum christianorum ; no 23 p. 31, Forma daciorum ; no 37, p. 63, Forma quando aliquis recipitur in consiliarium et familiarem ; no 41 p. 71, Forma commissionis officii viceamiracie ; no 54 p. 107, Forma de imponenda generali subventione ; no 54, p. 107, Forma de imponenda generali subventione ; no 55, p. 111, Forma commissionis erarii, no 127, p. 189, Forma commissionis Amiracie ; no 129, p. 195, Capitula ; no 130, p. 197, Forma commissionis officii magni Camerarii ; no 131, p. 197, Patentes ; no 142, p. 205, Forma de immunitate scolarium ; no 148, p. 220, Forma de arbitrio ; no 152, Forma de officio Amiratie ; no 153, p. 233, Forma de non admictenda appellacione .
47 Ibid., no 8, p. 17, exorde ‘Et si ad prosequenda munifice nostra nostrorum obsequiosa fidelium liberalitatis nostre dextera generaliter se ac libenter habilitet erga illos tamen liberalior redditur quos fidelitatis sinceritas facit acceptos et obsequiorum reddit sedulitas comendatos’. Cet exorde est dérivé de Petrus de Vinea, VI, 15 (L’Epistolario di Pier della Vigna, E. D’Angelo éd., p. 1076).
48 Un ensemble de cent soixante-cinq préambules, dont le nombre peut être encore augmenté, est suffisant pour commencer à raisonner sur une base statistique, et, du point de vue de la diplomatique, pour avancer dans une réflexion globale sur la culture du préambule au XIVe siècle. Cet ensemble peut prendre place dans le macro-corpus de quelque deux mille préambules du XIVe siècle en cours de constitution à partir notamment de Hold 2004 (948 préambules papaux avignonnais) et de S. Barret, B. Grévin, Regalis excellentia. Les préambules des actes des rois de France au XIVe siècle (1300-1380), Paris, 2014.
49 Les collections classiques des Lettres de Pierre de la Vigne n’incluent qu’une portion importante mais limitée de l’ensemble de la production épistolaire et diplomatique de Frédéric II conservée. C’est sans compter avec les lettres et diplômes perdus auxquels les notaires angevins avaient encore accès : la question de la continuité est donc dès le départ posée sur des bases fragiles.
50 J. Mazzoleni éd., I registri, vol. XXXI, no 8, p. 17, ‘Exaltat potenciam principum munifica remuneratio subiectorum, quia recipiencium fides crescit ex premio, et alii ad obsequendum devotius animatur exemplo’, analogue à S. Barret, B. Grévin, Regalis excellentia, no 185, p. 480, préambule d’un don au bailli de Caux des terres d’un rebelle, écrit en octobre 1358.
51 On peut noter que la vie exceptionnellement longue de Bartholomée de Capoue le rend contemporain des dernières heures de la royauté Hohenstaufen, et des règnes de Charles Ier, Charles II et Robert, soit de phases assez différentes de la vie culturelle en Campanie, dans le studium de Naples, et à la cour de Sicile.
52 Cf. par exemple M. Paciutti, I. Walter, s.v. Bartolomeo da Capua, dans Dizionario biografico degli Italiani, VI, Rome, 1964, p. 697-704.
53 Cf. la liste dans M. Paciutti, I. Walter, s. v. Bartolomeo da Capua.
54 Sur les sermons, cf. A. Nitschke, Die Reden, et J.-P. Boyer, Parler du roi, Id., Le droit civil et Id., Boniface VIII en juge.
55 Si certains documents sont indiqués comme rédigés (dictati) par Barthlomée, comme la Forma remissionis debitorum de 1307 (cf. infra, note 64), l’attribution de certains textes au logothète est débattue, cf. M. Paciutti, I. Walter, s.v. Bartolomeo da Capua, au sujet des memoranda envoyés au pape contre la déposition par Henri VII de Luxembourg en 1313, cfr. J. Schwalm, (éd.), Constitutiones, no 1252-1253, p. 1364-1373.
56 Edité dans J.-P. Boyer, Boniface VIII en juge, p. 98-100.
57 Sur l’importance du cursus rythmique dans l’optique de l’ars dictaminis et de sa pratique en chancellerie vers 1300, cf. Benoît Grévin, De l’ornementation à l’automatisme. Cursus rythmique et écriture semi-formulaire (XIIe-XIVe s.), dans M. Formarier, J.-C. Schmitt (dir.), Rythmes et croyances au Moyen Âge, Bordeaux, 2014 (Scripta Mediaevalia, 25), p. 81-102. Les exordes de la chancellerie angevine évoqués plus haut sont tous parfaitement rythmés.
58 J.-P. Boyer, Boniface VIII en juge, p. 100 : Sequitur facti narratio : Pridem sancte pater citári mandástis (planus), per venerabilem fratrem vestrum Hostiensem legátum Hungárie (tardus), regem Boémie, nàtum éjus (velox) et dominum Carolum, domine regine Sicilie domine nóstre nepótem (planus), ipsamque regínam simíliter (tardus), ut cum omnibus juribus, áctis et muniméntis (velox), si qua haberent in regno et de régno Ungárie (tardus), comparerent in certo termino coram vestra preséntia receptúri (velox) super hiis justítie compleméntum (velox).
59 Lettre éditée dans L. J. Schwalm (éd.), Constitutiones et acta publica imperatorum et regum, V, Hanovre, 1909-1913 (MGH Legum sectio, IV), no 505, p. 408.
60 J. Mazzoleni éd., I registri, vol. XXXI.
61 Ibid., no 16, p. 24 : ‘Principale presidium de subiectorum cura previdens nonnumquam ex causa precipue regiones et loca separat ac interdum divisa reducit ad integrum per allegabilem unitatem’. L’adjectif allegabilis ne se trouve sauf erreur employé dans aucune des pièces qui ont conflué dans les grandes summae dictaminis classiques du XIIIe siècle (Pierre de la Vigne, et du côté papal, Thomas de Capoue et Riccardo da Pofi). L’apparition de formules du type allegábilem unitátem, rythmée en cursus velox, pourrait être la marque de nouvelles combinaisons rhétoriques inspirées de la science juridique typiques de l’époque de Bartholomée de Capoue.
62 J. Mazzoleni éd., I registri, vol. XXXI, no 27, p. 34-39.
63 Ibid., p. 39 : Prescripta forma facta est per dom. Bartholomeum de Capua, logothetam et prothonotarium Regni Sicilie. Anno Domini MCCCVII, die etc.
64 L’argument a silentio rencontre ses limites, mais ces légères divergences lexicales permettent de mesurer le renouvellement d’une culture stylistique « officielle » qui, hésitant par nature plus fortement que d’autres à se séparer de modèles anciens, ne se distingue pas nécessairement de manière tranchante de celle du premier XIIIe siècle.
65 Cf. Ibid., p. 38, définition de l’equitas : …Ipsa quidem equitas licet sit pars subiectiva iusticie principalior, tantum virtus est ea cum illam dirigat, supplicat et excedat. Eiusdem est enim directiva iusticie cum humanorum actuum superior regula ipsam in humaniorem partem placide amabilitatis adducens. Supplet etiam quia cum virtus sit adiuncta seu annexa iusticie ubi illa deficit substituit presto subsidium benignitas equitatis. Excedit autem quia ultra determinatum lege iustum se potencia eius extendit quod maxime ex epilleo greco vocabulo que latina lingua vocatur equitas evidenter elicitur per ethimologiam… La source principale de ce passage se trouve probablement dans Saint Thomas, Summa theologica, ‘Quaestio CXX’, ‘De epicheia seu equitate qui mentionne notamment qu’epicheia est pars subjectiva justitiae.
66 E. Winkelmann (éd.), Acta imperii inedita saeculi XIII, Innsbruck, 1880, introduction p. 599-604, et no 757-950, p. 604-720.
67 Cf. également sur les Excerpta H. Enzensberger, Il documento pubblico nella prassi burocratica nell’età normanno-sveva. Problemi di metodologia ed analisi, dans Schede medievali, 17, 1989, p. 299-317, p. 303-304.
68 E. Winkelmann (éd.), Acta imperii, ‘statuta officiorum’, p. 731-732.
69 Edition Cr. Carbonetti Venditelli (éd.), Il registro della cancelleria di Federico II del 1239-1240, 2 vol., Rome, 2002 (Fonti per la storia dell’Italia medievale, Antiquitates). L’un des problèmes des éditions Winkelmann est que les Excerpta y ont été recomposés pour obéir à un ordre chronologique, détruisant ainsi la logique de compilation originelle du document.
70 E. Winkelmann (éd.), Acta imperii, p. 599-603, soulignant que le manuscrit semble codicologiquement d’origine italienne.
71 Sur la liste de ces textes, cf. B. Grévin, Rhétorique du pouvoir médiéval, p. 34-35, n. 52.
72 E. Winkelmann (éd.), Acta imperii, no 799, p. 622-623, à rapprocher de Pierre de la Vigne, VI, 7. Non comptabilisé comme Pierre de la Vigne dans B. Grévin, Rhétorique du pouvoir médiéval, loc. cit., à cause de légères différences de dictamen qui ont fait distinguer les deux textes dans les regesta concernant le règne de Frédéric II. C’est pourtant bien de la même base textuelle qu’il s’agit, et il est en fait possible que contrairement à ce que pensaient les érudits des années 1870-1900, il se soit agi à l’origine du même texte : la version des Lettres de Pierre de la Vigne n’aurait alors été qu’un remaniement rhétorique de l’acte des Excerpta.
73 Cf. supra.
74 M. Thumser, J. Frohmann (éd.), Die Briefsammlung des Thomas von Capua, aus den nachgelassenen Unterlagen von Emmy Heller und Hans Martin Schaller MGH, 2011, www.mgh.de/datenbanken/thomas-von-capua.
75 . Utilisation exposée plus en détail dans l’étude du cartulaire de Digne Benoît Grévin, Florie Varitille, Mémoire municipale et culture notariale : le cartulaire doré de Digne, dans Provence historique, 66, 2016, p. 217-238.
76 Sur la création de manuscrits de Lettres de Pierre de la Vigne en contexte avignonnais, cf. H. M. Schaller, Handschriftenverzeichnis zur Briefsammlung des Petrus de Vinea, Hannover (MGH Hilfsmittel, 18), no 158, p. 237-238.
77 Sur ces recherches, cf. D. Internullo, Ai margini dei giganti. La vita intellettuale dei romani nel Trecento, Rome, 2016 (Italia comunale e signorile, 10), particulièrement (mais non uniquement) p. 384-425 pour l’ars dictaminis.
78 Sur ce dossier, cf. D. Internullo, A proposito di dictamen fra regno angioino e Roma nel primo trecento, dans B. Grévin, A.-M. Turcan-Verkerk (dir.), Le dictamen, p. 347-376, particulièrement p. 355-358 pour le groupe de vingt lettres (description sommaire).
79 Lettre transcrite Ibid., p. 372-374. Sur Pietro de Brayda, cf. I. Walter, s.v. Brayda, Pietro de, dans Dizionario biografico degli Italiani, XIV, Rome, 1972, p. 80-83.
80 Le genre des éloges ou critiques de terroirs et de cités se rattache à un autre dossier du dictamen sud-/centre-italien, datant de 1260 : la correspondance entre le vice-chancelier papal Giordano da Terracina et le notaire papal Giovanni da Capua éditée par Sambin 1955 (certamen autour des mérites respectifs de Subiaco et Anagni).
81 Sur les Lescot, cf. Internullo, A proposito…cit., p. 358-361, et sur le rôle de Jean Lescot au service de Charles Ier en Italie et en Provence, S. Morelli, I giustizieri nel regno di Napoli al tempo di Carlo I d‘Angiò: primi risultati di un’indagine prosopografica, dans L’État angevin… cit., p. 491-517, p. 508 et 510.
82 György Bónis, Petrus de Vinea, particulièrement seconde partie, p. 173-193. Le manuscrit est décrit dans H. M. Schaller, Handschriftenverzeichnis, no 219, p. 387-389.
83 B. Grévin, Rhétorique du pouvoir médiéval, p. 963-866, particulièrement acte solennel de Carobert de 1325 proclamant sa volonté de soumettre les nobles des Slavonie à l’autorité royale, Quod tanto magis regale sceptrum extollitur… imitation du préambule Petrus de Vinea, VI, 26.
84 Sur Enrico da Isernia et son arrivée en Bohême, cf. supra. L’important recueil de lettres de Frédéric II et Conrad IV inédites naguère retrouvées par Joseph Riedmann (J. Riedmann, Unbekannte Schreiben Kaiser Friedrichs II. und Konrads IV. in einer Handschrift der Universitätsbibliothek Innsbruck. Forschungsbericht und vorläufige Analyse, dans Deutsches Archiv für Erforschung des Mittelalters, 62, 2006, p. 135-200), à présent publiées dans Josef Riedmann (éd.), Die Innsbrucker Briefsammlung. Eine neue Quelle zur Geschichte Kaiser Friedrichs II. und König Konrads IV., Wiesbaden, 2017 (MGH Briefe des späteren Mittelalters, 3) témoigne de l’arrivée parfois très précoce de collections de dictamina siciliens dans l’espace du Sud germanique (dans ce cas semble-t-il dès avant l’arrivée des Angevins).
Auteur
Centre de Recherches Historiques (CRH, UMR 8558, EHESS-CNRS) - benoit.grevin@orange.fr
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