Introduction
p. 415-416
Texte intégral
1Au cours de la première moitié du XIXe siècle, le catholicisme français fut marqué par d’importantes mutations, qui résultaient en grande partie des transformations qu’avait connues le pays depuis la Révolution. La situation de l’Église s’était trouvée bouleversée, d’abord par la politique religieuse des révolutionnaires, puis par l’établissement du régime concordataire. Par la suite, les progrès de la sécularisation furent une préoccupation constante pour les catholiques tout au long du siècle, en France et plus généralement en Europe. Rapidement, ce processus avait en effet été analysé comme le résultat d’un projet conduit par les adversaires de l’Église dans le but de détruire la foi1. En découla largement la méfiance manifestée par les catholiques à l’encontre des nouveautés du siècle.
2La question romaine vint entrer en résonance avec cette situation. Loin de se résumer à un simple problème politico-diplomatique, elle sembla, aux yeux de nombre de catholiques, porter à leur paroxysme les menaces qui pesaient sur l’Église. Pour cette raison, elle eut de fortes répercussions religieuses, d’abord en Italie mais aussi plus généralement en Europe. Elle venait notamment redoubler l’importance de la grande question à laquelle l’Église se trouvait confrontée depuis le début du siècle : celle de ses rapports avec la « civilisation moderne », et notamment avec l’affirmation d’un nouveau modèle d’État, fondé sur les principes libéraux et la sécularisation.
3On ne saurait ainsi comprendre l’important écho de la question romaine dans la France du milieu du XIXe siècle sans prendre en compte le terrain favorable que lui avaient créé certaines évolutions de la sensibilité religieuse entamées plusieurs décennies avant l’unification italienne. Le chapitre 10 montrera que, parmi celles-ci, le recentrage de l’Église sur la papauté et l’affirmation d’un catholicisme intransigeant rejetant la « société moderne » conditionnèrent largement l’appréhension de la question romaine par les catholiques français, et se trouvèrent en retour accélérés par les craintes suscitées par la situation du pape. Les rapports de l’Église à la société moderne ne furent toutefois jamais ceux d’une pure opposition. Pour lutter plus efficacement contre les principes modernes, l’Église n’hésita pas à moderniser son action, en faisant fond sur les ressources nouvelles que pouvait lui offrir le siècle. Le chapitre 11 montrera que ce processus de modernisation passa notamment par l’affirmation d’un rôle nouveau du laïcat, dont témoigna sa position centrale dans la défense du pouvoir temporel.
Notes de bas de page
1 Menozzi 2000.
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