Introduction
p. 293-294
Texte intégral
1Si certains aspects du mouvement temporaliste doivent être principalement étudiés, comme on s’y est attaché au cours de la partie précédente, à des échelles locale ou nationale, d’autres ne peuvent être compris qu’en les réinsérant dans le cadre d’une mobilisation plus ample, d’échelle européenne sinon mondiale, dont la papauté fut le centre.
2Le recours à la perspective transnationale permet de repenser l’action de la diplomatie pontificale en quittant l’étude classique des relations entre puissances pour montrer les liens qui s’établirent, à l’occasion de la défense du pouvoir temporel, entre le Saint-Siège et les peuples catholiques. Replacée dans le cadre de la stratégie diplomatique du Saint-Siège, la mobilisation temporaliste peut dès lors être analysée comme une ressource que celui-ci utilisa d’une part pour pallier les faiblesses internes d’un État pontifical dont la viabilité avait été remise en cause par les pertes territoriales des années 1859-1860, d’autre part pour compenser, dans le jeu diplomatique, le désintérêt croissant des gouvernements pour sa cause.
3La perspective transnationale facilite par ailleurs la mise en évidence de l’importance des circulations engendrées par la mobilisation temporaliste, principalement dans les domaines militaire et financier. Si de tels phénomènes n’étaient pas à proprement parler nouveau dans l’Europe du XIXe siècle, ils atteignirent cependant à l’occasion de la défense du pouvoir temporel une dimension jusque-là inédite, par le nombre de personnes impliquées, les résultats obtenus et la durée de la mobilisation. Pour comprendre l’importance de cette mobilisation, il faudra mettre en évidence la manière dont elle fut organisée, en évaluant le poids respectif des directives romaines et des initiatives locales et en montrant l’articulation de la mobilisation française avec les mouvements temporalistes des autres pays européens.
4Après avoir présenté la stratégie diplomatique du Saint-Siège face à la question romaine, fondée à la fois sur la recherche de la protection des puissances et sur celle du soutien des peuples catholiques, il nous faudra étudier de manière plus précise les deux principales formes de mobilisation des fidèles auxquelles elle donna lieu. Le volontariat armé transnational, phénomène classique des guerres du XIXe siècle, sera étudié à travers le cas des corps des zouaves pontificaux et de la Légion d’Antibes. La mobilisation financière des fidèles sera quant à elle envisagée à travers l’étude des souscriptions aux emprunts pontificaux et des dons au denier de Saint-Pierre.
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