Introduction
p. 29-30
Texte intégral
1Le 14 juin 1856, à Notre-Dame de Paris, eut lieu le baptême du prince impérial. Pie IX, parrain de l’enfant, se trouvait représenté par le cardinal légat Patrizi et la grande majorité des évêques français étaient venus assister à la cérémonie. L’année 1856 semblait ainsi marquer un apogée dans les relations entre le régime impérial, la papauté et les catholiques français. Pourtant, à y regarder de plus près, à cette époque, les rapports entre l’Empire et l’Église avaient en réalité commencé à se dégrader. Sur le plan intérieur, la nomination de Rouland au ministère de l’Instruction publique et des Cultes avait montré la volonté du régime de freiner le développement des idées « ultramontaines » dans le pays. Sur le plan extérieur, au printemps, le congrès de Paris avait laissé voir la volonté de Napoléon III de favoriser une remise en cause des équilibres politiques qui prévalaient dans la péninsule italienne, ce qui ne pouvait qu’éveiller la méfiance du Saint-Siège.
2La nouvelle politique italienne de Napoléon III eut pour conséquence de bouleverser la situation interne de l’Empire. Si l’expédition de Rome de 1849 avait grandement favorisé le ralliement des catholiques, le rapprochement avec le Piémont eut pour conséquence de faire perdre à l’Empire leur soutien. L’unification italienne – et son corollaire, l’effondrement du pouvoir temporel de la papauté – eurent de ce fait des répercussions importantes sur la vie politique française au cours des années qui suivirent.
3La première partie de ce livre vise à mettre en évidence l’évolution des relations entre le régime impérial, le Saint-Siège et les catholiques français de 1856 à 1871. Elle montrera notamment que la dégradation des relations entre les catholiques et l’Empire fut loin d’être un processus linéaire et qu’elle vit au contraire alterner, au gré des événements italiens et, surtout, des changements de la politique française, des périodes de creusement du dissentiment et d’autres où celui-ci tendait à s’atténuer. On montrera par ailleurs les étapes suivant lesquelles les questions italienne et romaine, initialement observées par les chancelleries et quelques publicistes, obtinrent progressivement un retentissement plus large en France.
4Le premier chapitre reviendra sur le réveil de la question italienne à la fin des années 1850 et sur la façon dont la question romaine était alors appréhendée par les catholiques français. Il montrera la lente dégradation de l’image de la papauté auprès de l’opinion publique, en lien avec les multiples débats sur le gouvernement pontifical qui agitèrent la presse de l’époque. Le deuxième chapitre sera quant à lui consacré à la période qui s’étend de janvier 1859 à la proclamation du royaume d’Italie en 1861. À cette époque, qui constitue l’acmé du Risorgimento, les questions italienne et romaine acquirent en France un retentissement sans précédent, qui se traduisit du côté des catholiques par une mobilisation multiforme qui, loin de rester cantonnée aux clercs et aux notables, toucha une large part du corps social. Le troisième chapitre cherchera enfin à analyser la mobilisation des catholiques autour du pouvoir temporel de la papauté de 1861 à 1871. Durant cette période, la mobilisation fut, sinon à quelques moments, d’intensité bien plus faible qu’au cours des années 1859-1861, mais sa durée même témoignait des capacités de mobilisation de l’Église.
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