Marcus Simaïka Pacha ou l’illustration de l’éducation des frères des écoles chrétiennes sur un copte-orthodoxe
p. 191-214
Résumés
Issu d’une famille de magistrats du Caire, Marcus Simaïka (1864-1944) réalise une brillante carrière professionnelle dans l’administration des chemins de fer, qui le porte sur les bancs du Conseil législatif puis du Conseil supérieur de l’enseignement dirigé alors par le futur leader nationaliste égyptien Saad Pacha Zaghloul. Il s’intéresse très tôt à l’histoire des chrétiens en Égypte et décide de s’investir pleinement dans la cause patrimoniale qui se joue en cette période autour de la communauté copte. En 1906, il est introduit comme membre du Comité de conservation des monuments de l’art arabe et prend part au projet de création du Musée copte dont il devient le premier directeur en 1908. En analysant l’instruction que Simaïka a reçu dans sa jeunesse auprès des lasalliens, on comprend l’incidence qu’a pu avoir cette scolarité francophone et catholique qui a contribué à sa reculturation. Attaché à la nation égyptienne autant qu’à la « nation copte », Simaïka maîtrise les codes des occupants britanniques et français qui lui permettent d’évoluer parmi les élites dirigeantes du pays et ainsi à faire entendre sa voix.
Born into a family of magistrates in Cairo, Marcus Simaika (1864-1944) had a brilliant professional career in the administration of the railways, which brought him to the Legislative Council and then to the Superior Council of Education headed at the time by the future Egyptian nationalist leader Saad Pasha Zaghloul. Interested in the history of Christians in Egypt at a very early age, he decided to get fully involved in the heritage cause that was being played out at that time around the Coptic community. In 1906, he was introduced as a member of the Comité de conservation des monuments de l’art arabe, and took part in the creation of the Coptic Museum launched a few years earlier becoming its first director in 1908. By analysing the instruction Simaika received as a young man from the Lasallians, we can understand the impact that this French-speaking and Catholic schooling may have had, contributing to his reculturation. Attached to the Egyptian nation as much as he was to the “Coptic nation,” Simaika mastered the codes of the British and French occupiers which enabled him to evolve among the country’s ruling elite and make his voice heard.
Entrées d’index
Mots-clés : lasalliens, instruction, missions, Le Caire, patrimoine, identité
Keywords : Lasallians, instruction, missions, Cairo, heritage, identity
Texte intégral
1Un mois après sa mort à Alexandrie le 2 octobre 1944, Marcus Simaïka Pacha est célébré par le président du Comité de conservation des monuments de l’art arabe, Sir Robert Greg, comme l’« un de ses membres les plus infatigables, qui a rendu des services remarquables à la cause des monuments depuis sa nomination au Comité en 19061 ». Il est encensé par Mirrit Boutros Ghali Bey, président de la Société d’archéologie copte, comme celui qui « fit preuve toute sa vie d’un esprit d’initiative que rien ne faisait reculer, d’une énergie qui ne connaissait aucun répit, d’une persévérance que ne rebutait aucune difficulté2 ». Membre du Conseil de la communauté copte (al-maǧlis al-millī), vice-président du Comité de conservation des monuments de l’art arabe, directeur du Musée copte : comment cet honorable fonctionnaire de l’administration des chemins de fer, des télégraphes et du port d’Alexandrie parvient-il à une telle renommée lors de son décès3 ? Son action s’inscrit dans un contexte politique et religieux égyptien en pleine évolution où tendent à s’organiser les communautés. La structuration de la communauté copte implique d’ailleurs de véritables luttes de pouvoir entre le patriarcat et les laïcs4. La question identitaire qui secoue alors la partie orientale du bassin méditerranéen se mêle à ces dissensions5. Or, quoi de mieux que l’ancrage dans le patrimoine d’une nation pour matérialiser la réalité d’une identité ? Aussi, outre l’entregent politique que Simaïka a su développer, c’est à son éducation qu’il convient d’abord de s’intéresser. Comment se forge-t-il son mode de pensée dans une société en plein bouleversement ? Quel est le poids de son éducation dans son goût des livres, des églises, des manuscrits ou, plus généralement de l’art de la communauté copte ? La formation intellectuelle de Simaïka, acquise auprès de l’école patriarcale où il débute sa scolarité puis au collège des frères des écoles chrétiennes, est un jalon majeur de la compréhension de l’enjeu du multilinguisme qui se joue alors en Égypte.
Fig. 1 – Marcus Hanna Simaïka en 1906. Photographie de Theodor Kofler. Le Caire, avec l’aimable autorisation de Samir Mahfouz Simaika.

Origines et scolarité
2Marcus Hanna Simaïka6 naît le 28 février 1864, au Caire, dans le quartier d’al-Azbakiyya, à quelques pas de la cathédrale Saint-Marc7. Il est le fils de Yuhanna Girgis Simaïka et de Bamba al-Birmawi qui ont trois autres enfants ensemble : Abd el-Messih, Rizqallah et Abdallah. Les origines familiales remontent, selon les archives conservées par les descendants, au milieu du XVIIe siècle8. La branche paternelle, issue du monde juridique, est originaire du Vieux-Caire. Toutefois, c’est dans la vaste demeure du grand-père maternel9, à Darb al-Wāsi’, à quelques pas de la cathédrale Saint-Marc, que Marcus naît et grandit. C’est précisément à cet emplacement que le patriarche Cyrille IV (1854-1861) avait fondé en 1854 une école pour garçons10.
3En 1863, sous le règne du vice-roi Ismaïl Pacha, le système scolaire égyptien est divisé en trois degrés : primaire, secondaire et supérieur11. Le plus ancien type d’école qui existe alors est le kuttāb, qui délivre une éducation de base empreinte d’esprit religieux12. On y mémorise le Coran13, on y récite les versets et on y apprend à prier. Pour apprendre les bases de l’arithmétique, des poids et mesures, les élèves sont envoyés sur les marchés. Jusqu’en 1867, le Gouvernement égyptien n’interfère pas avec les kuttāb-s qui sont généralement financés par les revenus de waqf-s et placés sous l’autorité du qādī14. Il faut attendre 1885, et l’impulsion du khédive Tawfiq Pacha, pour que le département de l’Instruction publique mette en place d’importantes réformes pour harmoniser l’enseignement dans le pays15. Avant cela se côtoient des institutions scolaires gouvernementales, des collèges rétribués par les waqf-s, des écoles privées, l’enseignement à domicile et des établissements étrangers laïcs et confessionnells. En ce qui concerne les coptes-orthodoxes, l’impulsion réformatrice lancée par le patriarche copte Cyrille IV, au milieu du XIXe siècle, porte rapidement ses fruits16. On compte ainsi près d’un millier d’écoles coptes-orthodoxes en Égypte au début du siècle suivant, aussi bien dans les villes que dans les campagnes. Ce sont principalement des établissements primaires et secondaires qui enseignent une base de formation pour tenter ensuite d’obtenir des emplois dans l’administration ou les professions libérales17.
4Le jeune Marcus Simaïka est destiné par son père à embrasser la vocation de prêtre18. Il est placé à l’école pour garçons fondée par Cyrille IV, toute proche du lieu de vie de la famille. Il y apprend les préceptes religieux mais aussi les langues, à savoir le copte, le grec ancien et l’arabe19. Toutefois, le père de Marcus refuse catégoriquement que son fils apprenne des langues vivantes européennes qui l’auraient, selon lui, inutilement distrait de ses études ecclésiastiques et détourné de son service à l’Église. Élève brillant, c’est pourtant dans l’apprentissage des langues que Marcus Simaïka va particulièrement s’illustrer. Avide de connaissances en la matière, le jeune garçon insiste donc longtemps auprès de son père pour être autorisé à apprendre une langue européenne, l’anglais ou le français. Au crépuscule de sa vie, Simaïka se souvient d’ailleurs de cette volonté tenace qu’il a eue étant enfant et qui l’a mené vers une nouvelle école. Voici ce qu’il note dans ses Mémoires :
I went home that night refusing to take any food and declaring that I would continue to keep a strict fast until I was allowed to attend the English class. After many entreaties and the shedding of many tears, my parents at last allowed me to learn English and I went to work with such good-will that before long I was at the top of the class.20
5Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la plupart des établissements confessionnels en Égypte sont français et catholiques21. Ils avaient été précédés par différentes activités missionnaires sous le règne de Muhammad Ali22 mais les coptes-orthodoxes avaient rapidement accusé ces institutions catholiques de prosélytisme23. Une grande variété d’écoles et de systèmes éducatifs émerge durant cette période. Avant cela, les jeunes garçons coptes-orthodoxes recevaient déjà une éducation considérée comme soignée dans les écoles de leur confession24. Ces dernières enseignaient des programmes similaires à ceux des institutions musulmanes en langues ou mathématiques afin de faciliter l’accès aux meilleurs postes administratifs25. Les plus brillants bureaucrates pouvaient accéder à l’administration des finances et plus particulièrement à la collecte des taxes. Parfois placés à des postes d’envergure, les coptes y étaient particulièrement appréciés pour leur facilité à crypter les données des registres en mêlant l’arabe et le copte26. Déjà, à la fin du XVIIIe siècle, l’exemple des frères Ibrāhīm et Ǧirǧis al-Ǧawharī, dans le domaine économique, en était une des illustrations les plus remarquables27. Au Caire, à la fin du XIXe siècle, parmi les missions catholiques francophones les plus importantes comptent notamment les écoles de religieuses destinées aux jeunes filles comme celles de Notre-Dame de Sion (1880), les sœurs missionnaires de Notre-Dame des Apôtres (1881), les Dames du Sacré-Cœur (1903) ou encore les sœurs de la Charité de Besançon (1909). Pour les garçons, on peut mentionner les pères lazaristes (1852), les pères des missions africaines de Lyon (1877), les pères jésuites et le collège de la Sainte-Famille (1879) ou les frères de l’Instruction chrétienne de Ploërmel (1905). Un certain accroissement des établissements, au moment de la scolarité de Marcus Simaïka, s’inscrit dans un mouvement de multiplication des missions chrétiennes lié à la croissance démographique et à la tendance impérialiste occidentale28. En raison des dispositions que Marcus montre dans son apprentissage de l’anglais à l’école patriarcale, ses parents décident finalement de changer leur fils d’établissement afin que lui soit enseigné le français. Ils le placent alors dans l’un des établissements catholiques les plus anciennement installés au Caire, le collège des frères des écoles chrétiennes à Ḫoronfiš.
6Le collège des frères des écoles chrétiennes ou pensionnat Saint-Joseph a été fondé au Caire en 185429 alors que les frères étaient présents à Alexandrie depuis 184730. Il l’a été à la demande appuyée de Mgr Perpetuo Guasco da Solero (1803-1859), évêque de Fez, vicaire et délégué apostolique d’Égypte et d’Arabie auprès de frère Philippe Bransiet (1792-1874), supérieur général des frères des écoles chrétiennes de 1838 à sa mort. Cette installation a été réalisée à la grande satisfaction du gouvernement du vice-roi qui s’enthousiasmait de l’accueil dans les institutions d’élèves égyptiens et étrangers sans distinction de religion assurant une certaine concorde31. Le collège du Caire est fidèle aux préceptes du fondateur de la communauté, particulièrement attaché à la culture religieuse et professionnelle des maîtres32. La nouvelle école se veut libre de toute contrainte extérieure. Elle désire s’émanciper de toute pression étrangère et être attentive aux vrais besoins des enfants du peuple qu’elle considère comme des personnes à part entière, dignes d’une destination à la fois temporelle et éternelle, individuelle et sociale33. Les enfants affluent et cette pédagogie se répand rapidement. Ce phénomène est dû à la volonté éducative primaire de Jean-Baptiste de La Salle et la diffusion missionnaire du catholicisme en Orient.
7Le projet d’« union » des Églises orientales consiste à ramener ces dernières dans la « seule vraie Église », la romaine. En 1561 déjà, Pie IV envoie un membre de la Compagnie en Égypte, auprès du patriarche copte Gabriel VII (1526-1569)34. Le jésuite Jean-Baptiste Eliano est également envoyé avec un compagnon comme délégué en Égypte en 1582 sous le pontificat de Grégoire XIII35. Comme a pu le préciser Bernard Heyberger, le discours missionnaire se base entre autres choses, sur l’affirmation de l’ignorance des fidèles et de la nécessité de l’éducation du chrétien pour assurer son salut36. C’est le même esprit qui préside la destinée, et par extension la liberté relative, du collège du Caire. La Salle décide de placer les écoles chrétiennes gratuites de garçons sous la tutelle des curés, considérés comme plus indépendants financièrement et intellectuellement que les maîtres rémunérés par les parents, les autorités municipales ou les écolâtres des diocèses. Le format est également repris en Égypte puisqu’il existe, dès son ouverture, une partie de l’établissement payante et l’autre, où rien n’est exigé des élèves, dénommée école gratuite des frères37.
8L’établissement s’installe, à sa fondation en 1854, dans le quartier du Mūskī, limitrophe des quartiers copte et franc (Ḥārat al-Faranǧ) d’al-Azbakiyya38. D’abord situé près du couvent franciscain de la Custodie de Terre sainte, un nouveau terrain est offert en 1857 par le vice-roi Muhammad Saïd Pacha afin de recevoir un nombre d’élèves toujours croissant39. Ce souverain éclairé, éloigné des pensées et actions rétrogrades de son frère et prédécesseur Abbas Ier Hilmi, qui a fermé un grand nombre d’écoles, se trouve en effet dans les mêmes dispositions que son père Muhammad Ali Pacha à l’égard de cette institution où règne une certaine harmonie avec les autorités. C’est en ce sens, et à la suite d’un rapport propice sur l’école présenté par le consul de France Jean-Baptiste Gabriel Raymond-Sabatier, que l’établissement bénéficie des libéralités du monarque40. Le grand immeuble qui se trouvait sur cet ancien domaine vice-royal, situé sur la route de Šubrā, se révèle néanmoins peu facile d’accès. Les frères demandent alors au souverain en 1859, par l’entremise du consul Raymond-Sabatier, la faveur d’échanger ce bien contre un bâtiment à Ḫoronfiš, un quartier plus central dont la physionomie change considérablement à la fin du XIXe siècle avec le comblement du Ḫaliǧ (canal du Nil en bordure de la ville médiévale) et son remplacement par la rue al-Ḫaliǧ al-Masrī41. Grâce à une aide financière substantielle de Saïd Pacha – l’établissement continuait de jouir des largesses de ce dernier42 –, un nouveau bâtiment est élevé et investi dès 186043. Ce changement important donne également l’occasion aux frères de s’implanter au cœur de la cité44. C’est dans cet établissement, encore en partie conservé aujourd’hui que Marcus Simaïka fait sa scolarité chez les frères. En 1880, deux ans avant la fin de sa scolarité, le pensionnat achète, du fait du nombre toujours plus important d’élèves, un palais contigu au collège afin d’y héberger les « élèves gratuits45 ».
9Le programme du collège de La Salle au Caire est le même que celui enseigné en France, et comprend, en plus du français, l’arabe et l’italien comme épreuves obligatoires. Les langues turque, allemande, anglaise, grecque, arménienne et hébraïque sont enseignées au titre de langues dites accessoires, suivant le choix de l’élève. L’enseignement commun au collège et à l’école gratuite, à l’époque du jeune Simaïka, est constitué d’instruction religieuse, de lecture française, de déclamation, de calligraphie, de grammaire, de littérature, d’histoire, de géographie, de cosmographie, d’arithmétique, d’algèbre, de géométrie, de trigonométrie, d’arpentage, de levé des plans, de comptabilité, de physique, de chimie, d’histoire naturelle et de droit civil et commercial46. La pratique des arts dits d’agrément, parmi lesquels on trouve le dessin linéaire, la figure, le paysage, l’ornement, la peinture à l’huile, l’aquarelle, le pastel, la musique vocale et instrumentale et la gymnastique, vient compléter la riche formation47. Les préceptes reposent principalement sur la mémorisation par les élèves, qui met en exergue l’opinion du professeur et des manuels et implique l’inculcation d’une « culture légitime48 ». À l’instar de ce que Karène Sanchez Summerer a pu mettre en lumière pour le collège des frères de Jérusalem, l’enseignement prodigué à cette jeune élite joue un rôle essentiel dans le plurilinguisme encouragé par les instances françaises et britanniques qui tendent à s’affronter alors sur le territoire égyptien. Toujours selon Karène Sanchez Summerer en reprenant l’expression de Pierre Bourdieu, l’acte de langage est un acte institutionnel qui s’inscrit dans une « dialectique dominant-dominé ». Concernant la pédagogie pratiquée, la méthode de la mémorisation est notamment bien attestée pour le catéchisme. Elle montre que si les frères respectent bien une forme de mixité religieuse et sociale de leurs élèves, ils tentent d’amener ces derniers au catholicisme – une des clefs de l’éducation salésienne – sans pour autant relever un prosélytisme actif49. Toutefois, les cours de religion sont bien distincts des cours de langues où l’enseignement du français demeure privilégié :
La trempe d’esprit [des élèves non français] n’est point la même, la langue maternelle est différente […] s’ils emploient les mêmes vocables, il arrive parfois que les nuances leur échappent, et l’on doit craindre qu’ils ne s’arrêtent trop souvent à l’écorce des mots […] Ces conditions […] appellent comme correctif du côté du maître français, l’emploi d’une pédagogie spéciale véritablement fondée en psychologie, et capable d’assurer le succès de son enseignement. Dans ce but il ne se contente pas de présenter ses leçons sous une forme uniquement expositive, qui favorise la passivité des esprits ; il tiendra constamment l’attention en éveil ; il suscitera la curiosité intellectuelle, et remplira, auprès de ses auditeurs, le rôle d’excitateur perpétuel des intelligences. Il procèdera par interrogations multipliées. Afin de s’assurer que son enseignement est exactement compris et chaque fois que ce sera possible, il présentera les vérités scientifiques ou morales sous les divers aspects qui peuvent les rendre saisissables, afin de les graver plus profondément dans les âmes50.
10Les langues acquises par Simaïka dans sa jeunesse et dans lesquelles il excelle, deviennent chez lui des instruments qu’il saura mettre au service de son évolution et du pouvoir de sa communauté51. Fort de cet enseignement reçu qui fait de lui un expert dans la constitution de dossiers en plus d’une parfaite maîtrise linguistique, il réussit à rayonner parmi les élites de son pays, qu’elles soient francophones, anglophones ou arabophones. D’ailleurs, Marcus Simaïka fait de celle-ci une force face aux agents britanniques du gouvernement égyptien qui ont reçu une scolarité et des références culturelles semblables, lorsqu’il est membre du Comité des finances au Conseil législatif entre 1906 et 1923. Lors de réunions qui se tiennent en anglais, c’est lui qui assure les traductions en français et en arabe leur donnant parfois une tonalité plus aimable52.
11Marcus Simaïka sort du collège Saint-Joseph en 1882, à l’âge de dix-huit ans, premier de sa classe, selon ses mémoires53 (fig. 2). Il y est vite suivi par son plus jeune frère Abdallah54. Sa connaissance de l’arabe, de l’anglais, du copte et du grec a façonné son esprit pour l’étude des langues et lui permet de faire de rapides progrès en français, facilité d’ailleurs renforcée par sa mémoire photographique qui est toujours proverbiale dans la famille. Parmi ses camarades, on retrouve le futur Premier ministre Ismaïl Pacha Sidky et ses frères Naguib et Ezzat. Simaïka se remémore à ce propos une anecdote concernant le futur homme d’État :
Je me souviens qu’ils étaient conduits à l’école en cabriolet conduit par deux poneys qui étaient admirés par tous les garçons. Sidky Pacha, mon frère Abdallah et de nombreux autres sont membres de l’association des anciens élèves des frères, placée sous la présidence de Sidky Pacha. Ils se rencontrent annuellement lors d’un dîner à Khoronfish [Ḫoronfiš] avec le directeur et l’inspecteur de l’institution. Je suis maintenant le plus âgé de ces garçons55.
Fig. 2 – Marcus Hanna Simaïka en 1882, à l’âge de dix-huit ans. Le Caire, avec l’aimable autorisation de Samir Mahfouz Simaika.

12Quelques années auparavant, durant la scolarité de Simaïka, le bureau des statistiques du ministère égyptien de l’Intérieur, sous la direction de Federico Amici Bey, conduit une étude exhaustive de la fréquentation des écoles en Égypte et notamment du collège des lasalliens56. Ainsi, les « écoles des colonies étrangères et des communautés religieuses » apparaissent séparées des établissements du Gouvernement et des municipalités. Douze mille deux cent quarante-sept élèves y sont scolarisés en 1878 tandis que les écoles publiques en comptent 137 545 (pour une population d’un peu plus de 5,5 millions d’habitants). Parmi ces quelque 12 000 élèves, seuls 259 sont scolarisés chez les frères des écoles chrétiennes. Cent quinze sont placés au pensionnat Saint-Joseph et 144 à l’école gratuite57. À titre de comparaison, le collège du patriarcat que fréquentait auparavant Simaïka comptait en 1878 près de 400 élèves. Les statistiques d’Amici Bey permettent également d’observer que Simaïka fait partie de la très petite minorité copte-orthodoxe qui fréquente l’établissement de Ḫoronfiš où sont surtout présents des élèves catholiques de rite latin (plus de 80 %)58.
13C’est en 1888, après la scolarité de Simaïka, que, pour la première fois, le collège des frères présente dix élèves à l’examen du baccalauréat français. En 1907, le major de la promotion (210 bacheliers pour toute l’Égypte) sort du collège de Ḫoronfiš où, pendant trois ans, il avait été entretenu par l’Association amicale des anciens élèves59. Il s’agit d’un jeune copte-catholique pour lequel le collège espérait un brillant avenir. Son nom aurait pu alors s’ajouter à la liste déjà longue des anciens élèves de Ḫoronfiš qui se sont fait, en Égypte, des positions éminentes : Mazloum Pacha, ministre des Finances ; Ibrahim Pacha Fouad, ministre de la Justice ; Emin Pacha Sid Ahmed, sous-secrétaire d’État à la Justice ; Joseph Saba Pacha, directeur général des Postes égyptiennes, etc.
14La scolarité du jeune Simaïka chez les lasalliens, catholiques et majoritairement français, est sans conteste un élément déterminant de sa manière de penser et de raisonner. L’instruction qu’il reçoit durant ces années est en partie le résultat d’un arbitraire culturel qui contribue à sa reculturation. La notion d’habitus, réutilisée et développée par Bourdieu, prend, dans l’exemple de Simaïka, tout son sens60. La disposition d’esprit de Simaïka issue du « produit du travail d’inculcation et d’appropriation61 », qui demeure attachée à l’Égypte et à l’orthodoxie copte, montre les effets de son éducation lasallienne dans ses agissements politiques et dans ses rapports avec les Britanniques. Pugnace et maîtrisant parfaitement les codes et les langues, cet enseignement reçu lui permet de se mouvoir dans l’élite sociale étrangère vivant en Égypte. Il n’hésite pas ainsi à confronter ses opposants afin d’obtenir d’eux des résultats probants62. Au sein d’une société dont les principes sociaux et politiques et le rapport au religieux sont ébranlés par les mouvements réformateurs, Simaïka utilise la culture pour en faire un instrument de la revendication identitaire des coptes. C’est par le biais de l’histoire, pour laquelle il voue une passion dès sa jeunesse, qu’il veut inscrire les coptes dans l’évolution de son pays. Cette volonté nationaliste s’inscrit dans une dynamique culturelle globale et passe également par la reformulation et la réécriture de certaines traditions que l’on souhaite reconnaître, chez les coptes, dans le passé pharaonique63. La redécouverte du passé prestigieux des chrétiens d’Égypte par les fouilles archéologiques des Occidentaux contribue à prouver l’enracinement de cette communauté dans la vallée du Nil64. Simaïka en tire même la conclusion que les musulmans égyptiens étaient des coptes convertis à l’islam65. Cette caution scientifique est alors exploitée par Simaïka pour défendre un nationalisme introduit par Ahmad Lutfî al-Sayyid basé sur l’appartenance à un territoire et non sur l’islam ou l’Empire ottoman66. L’éducation que Simaïka a reçue, d’un type nouveau par rapport à celle inculquée à l’école patriarcale ou dans celles placées sous la tutelle du ministère de l’Instruction publique67, contribue sans doute à sa manière d’agir pour mettre en œuvre la reconnaissance culturelle de sa communauté. L’indépendance d’esprit que cet homme manifeste durant toute sa vie, et qu’il revendique dans ses mémoires, a probablement pu être motivée et enrichie dans ses jeunes années au contact des lasalliens. De la lutte contre l’analphabétisme a découlé une diversité éducative qui a participé à la construction de l’indépendance du pays afin de reconquérir la souveraineté nationale68. Ce qu’est Simaïka comme individu égyptien copte-orthodoxe en cette fin du XIXe siècle et l’enseignement qu’il reçoit durant sa scolarité illustrent l’idée contre nature d’une culture de naissance69. Marcus Simaïka bénéficie d’une richesse culturelle admirable, celle qu’il a acquise durant sa scolarité chez les lasalliens et celle des coptes dont il est un héritier et qu’il a su faire grandir dans ses lectures et l’achat de manuscrits.
L’engagement patrimonial
15Son cursus terminé, il ne semble guère vouloir poursuivre ses études dans l’enseignement supérieur et devient le secrétaire de la vicomtesse Strangford, Emily Anne Beaufort. Établie au Caire après un long périple au Proche-Orient qui la mène en Égypte70, elle a notamment fondé la même année, à la suite de la révolte d’Orabi Pacha, le Victoria Hospital avec une équipe de médecins britanniques, une première dans le pays71. Simaïka, qui ne manque déjà pas d’esprit politique à l’arrivée massive des Anglais, notamment par son intérêt appuyé pour la vie de sa communauté, accompagne sa protectrice dans la mise en place de l’établissement mais également lors de ses visites des nombreux monuments islamiques et chrétiens du Caire et des environs. Après quelques mois passés à pratiquer son anglais, il entre ensuite comme traducteur au département d’ingénierie de l’administration des chemins de fer, des télégraphes et du port d’Alexandrie72. C’est dans cette administration qu’il fait toute sa carrière professionnelle, première étape de sa vie. À la fin de celle-ci, Simaïka Bey devient chef du service du contrôle de la comptabilité73. À la suite des différentes pressions de sa hiérarchie britannique et des mouvements au sein de l’administration après le débarquement de Lord Cromer lié à l’« affaire de Dinchwây74 », Simaïka démissionne de son poste en 1906, à l’âge de quarante-deux ans après vingt-trois années de service75. Il est nommé la même année au Conseil législatif puis au Conseil supérieur de l’enseignement alors présidé par Saad Pacha Zaghloul avec qui l’Instruction publique redevient un ministère à part entière76. Simaïka engage alors une grande partie de son énergie à défendre la présence des chrétiens dans le système scolaire gouvernemental77. Il encourage également la création de nouvelles écoles par les diverses communautés vivant au Caire afin de participer à l’effort commun de dynamisation du système éducatif en Égypte. Il ne ménage pas non plus ses efforts lors de la promulgation d’une loi sur des subventions publiques destinées aux écoles privées. Durant cette période riche, il favorise les subventions pour la création d’écoles techniques tout comme il propose la fondation d’un collège copte pour jeunes filles (1910)78. Il se retire définitivement de la vie politique en 1922 lors de l’indépendance du pays et de la dissolution des conseils destinée à former une nouvelle Assemblée. Cette riche expérience lui permet de tisser de nombreux liens avec le pouvoir et de s’investir pleinement dans ce qu’il considère comme l’œuvre de sa vie : le Musée copte, dont il est directeur jusqu’à sa disparition.
Fig. 3 – Façade de la salle des icônes (actuelle entrée) du Musée copte du Caire élevée à l’époque de Marcus Simaïka Pacha et inaugurée en 1929. © Julien Auber de Lapierre.

16Éminent membre de la communauté copte, Simaïka est membre de son Conseil (al-maǧlis al-millī) depuis 188979. Toutefois, les relations qu’il entretient avec le patriarcat sont tendues, puisque le Conseil de communauté ne parvient pas à être reconnu par le pape Cyrille V qui refuse l’ingérence de laïcs dans les réformes que mène l’Église80. Le vice-président du Conseil, Boutros Pacha Ghali, par ailleurs sous-secrétaire d’État à la Justice dans le Gouvernement de Moustafa Pacha Fahmi, et les membres du Conseil appuient alors la décision du khédive Abbas II Hilmi qui exile le prélat pendant six mois au monastère al-Baramus en septembre 189281. Après la réforme de l’Église copte-orthodoxe entamée sous le patriarcat de Cyrille IV82, la communauté est particulièrement meurtrie de cet événement et soulagée du retour du patriarche au Caire, à la suite d’une pétition que Simaïka a refusé de signer83.
17Simaïka est membre du Comité de conservation des monuments de l’art arabe à partir de 1906, fonction qui lui permet de mettre en avant l’urgence de la protection du patrimoine chrétien. Il s’investit pleinement dans les travaux entrepris par le Comité dont la connaissance intime des monuments lui a été inculquée, selon ses écrits, par l’ouvrage d’Alfred J. Butler (1850-1936), venu en Égypte comme tuteur des fils du khédive Tawfiq Pacha, The ancient Coptic churches of Egypt, publié en 188484. Il rencontre Butler à Oxford en 1890 grâce à son frère Abd el-Messih qui lui faisait office de secrétaire à l’université d’Oxford85. Butler fonde d’ailleurs, en 1903, avec Somers Clarke, architecte, Bernhard Moritz, directeur de la bibliothèque khédiviale et Max Herz Pacha, architecte en chef du Comité et véritable initiateur du Musée copte, une structure de courte durée : la Société pour l’histoire de l’antiquité copte86.
18Simaïka lui-même collectionne des manuscrits sur l’histoire des coptes, à l’instar de deux volumes de l’histoire des patriarches récemment réédités par Johannes Den Heijer et Perrine Pillette87. S’il donne plus tard ces volumes au Musée copte, la date de restauration de 1898 prouve que Simaïka développe son intérêt patrimonial bien avant 190688. Selon lui, il aurait découvert les volumes au Dayr al-Suriān lors de ses activités de catalogage et d’établissement d’une collection de manuscrits coptes et arabes chrétiens. Ils ont ensuite été intégrés à sa collection personnelle, restaurés et collationnés par ses soins.
19L’éducation reçue par Marcus Simaïka, ajoutée au contexte politique et religieux égyptien de cette fin du XIXe siècle ne fait que contribuer à sa forte implication dans la destinée de sa communauté. Dans un moment où le nationalisme égyptien est en train de se construire, quelques notables coptes influents à l’instar de Simaïka ont su être actifs afin de se trouver une place dans la marche du pays. Le Comité de conservation des monuments de l’art arabe, créé en 1881 à l’initiative de résidents européens du Caire89, en est une des manifestations par le rôle que prend l’invention du patrimoine, d’où découle la fabrication d’un historicisme architectural proprement égyptien90.
20C’est sans conteste au cours de ces années d’apprentissage auprès des frères des écoles chrétiennes que se forge la verve revendicatrice de Simaïka. À l’instar de ses frères, il s’inscrit dans ce qui est alors interprété comme « le mouvement civilisateur qui est en train de faire revivre ce pays91 ». La grande originalité de Simaïka est que, par la scolarité qu’il a reçue, il pense en français et en anglais. Or, l’autorité du langage est essentielle dans l’acquisition de l’enseignement et de la culture92 – l’historienne Jocelyne Dakhlia note d’ailleurs dans son ouvrage la relation particulière qui existe entre langue et identification communautaire ou nationale93. Son ouverture d’esprit, son goût littéraire pour l’histoire de sa communauté et son intérêt pour le patrimoine chrétien ont été forgés grâce à l’éducation des frères qui forment alors une grande partie des personnalités du pays. Le système éducatif n’est pas nécessairement meilleur que celui développé par le ministère de l’Instruction publique mais il a donné à Simaïka des outils culturels identiques à ceux enseignés à ses interlocuteurs britanniques et français. C’est donc par ce savoir, entre « étranger » et « national », et par ses rencontres que Simaïka a su sans doute s’imposer aussi bien dans les domaines intellectuels que politiques. Ayant intégré le Comité de conservation des monuments de l’art arabe, il s’immisce dans le projet de Musée copte lancé en 1897 par Max Herz Pacha94. Ayant quitté son service auprès des Chemins de fer de l’État en 1906, il s’investit dans un contexte politique, religieux et nationaliste dense et travaille à la reconnaissance de sa communauté95. Il voue alors le reste de sa vie à l’invention du patrimoine copte.
Bibliographie
Archives
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Notes de bas de page
1 CCMAA fasc. 39, p. 289.
2 Boutros-Ghali 1946, p. 209.
3 La liste des honneurs et distinctions reçus par Marcus Simaïka est particulièrement impressionnante : Bey d’Égypte (1899), chevalier de l’Ordre de l’Osmaniye (Empire ottoman, 1901), chevalier de l’Ordre du Medjidié (Empire ottoman, 1912), commandeur de l’Ordre royal d’Albert le Valeureux, roi de Saxonie (Saxe, 1913), Pacha d’Égypte (1915), membre honoraire de la Société des antiquaires de Londres (Grande-Bretagne, 1917, FSA), grand officier de l’Étoile d’Éthiopie (Éthiopie, 1923), commandeur de l’Ordre de la Couronne d’Italie (Italie, 1924), grand officier de l’Ordre de la Couronne (Roumanie, 1930), grand officier de l’Ordre de Léopold II (Belgique, 1930), officier de l’Instruction publique (France, 1931), commandeur dans l’Ordre de l’Empire britannique (Grande-Bretagne, 1934, CBE), grand officier de l’Ordre de la Couronne d’Italie (Italie, 1934), grand officier de l’Ordre du Nil (Égypte, 1936), officier de l’Ordre national de la Légion d’honneur (France, 1937), commandeur de l’Ordre royal de l’Étoile polaire (Suède, 1942).
4 Guirguis – Van Doorn-Harder 2011, p. 87-109 ; Costet-Tardieu 2016, p. 22-24.
5 Gayffier de Bonneville 2016, p. 201-219.
6 La transcription du nom Simaïka dont l’étymologie fait référence au poisson, avec un « i » coiffé d’un tréma, est un usage contemporain de Marcus Hanna dans les publications en langues française et anglaise. Selon son petit-fils, Samir Mahfouz Simaïka, cette pratique est aujourd’hui tombée en désuétude dans la famille. La variante en lettres latines « Semeka » est également attestée dans les années 1880.
7 Le patriarche Marc VIII (1796-1809) trouve refuge dans le quartier d’al-Azbakiyya lors des troubles de l’année 1800. Un premier édifice y est construit par l’influent Ǧirǧis al-Ǧawharī avant que de nouvelles installations soient édifiées sous les patriarcats de Cyrille IV (1854-1861) et de Déméter II (1861-1870). Le site demeure le siège du patriarcat d’Alexandrie jusqu’en 1968 : voir Meinardus 1999, p. 196-197 ; Gabra – Van Loon 2007, p. 174.
8 Simaïka 2011, p. 11 ; Simaïka 2017, p. 9.
9 Boutros al-Birmawi accompagne Ibrahim Pacha, fils du vice-roi Muhammad Ali Pacha, lors de sa campagne militaire en Syrie dans les années 1830. Il devient secrétaire auprès du pacha puis joue un rôle important dans l’administration égyptienne en Syrie. La mère de Marcus Simaïka naît à Damas durant cette période. De retour au Caire, veuf, il insiste pour que sa fille demeure chez lui après son mariage : voir Reid 2002, p. 265 ; Simaïka 2017, p. 11.
10 Evetts 1912, p. 8 ; Heyworth-Dunne 1940, p. 103 ; Sedra 2011, p. 125-127 ; Guirguis – Van Doorn-Harder 2011, p. 75-76.
11 Dans ses considérations sur les manières et coutumes des Égyptiens notées entre 1825 et 1828, Lane, éd. 1871, i, p. 74, indique : "Schools are very numerous, not only in the metropolis, but in every large town ; and there is one, at least, in every considerable village. Almost every mosque, sebeel (or public fountain), and ḥóḍ (or drinking-place for cattle) in the metropolis has a kuttáb (or school) attached to it, in which children are instructed for a very trifling expense."
Dans son supplément consacré aux coptes, il ajoute que les écoles sont également nombreuses pour eux dans la première moitié du XIXe siècle, mais exclusivement réservées aux garçons. On y enseigne en arabe le livre des Psaumes, les Évangiles et les Épîtres apostoliques. Bien que la grammaire du copte ne soit pas enseignée, les Évangiles et les Épîtres sont tout de même étudiés dans cette langue que l’on continue à psalmodier lors des offices : Lane, éd. 1871, ii, p. 281-282.
12 Berkey 1992, p. 45-50 ; Delanoue 1997, p. 95-102 ; Boulos 2016, p. 23. La création du conseil de l’Instruction publique, département du ministère de la Guerre sous le vice-roi Muhammad Ali, permet néanmoins l’émergence de nouvelles écoles pour former les officiers militaires. Toutefois, le manque d’harmonisation des établissements et des formations affecte la pleine réussite de ces enseignements.
13 Un système identique existait pour les coptes : voir Sedra 2011, p. 107.
14 En novembre 1867, ‘Alī Pacha Mubārak fait passer une loi qui place toutes les institutions éducatives du pays sous la responsabilité de l’État. Cette loi permet également la création d’écoles publiques et organise leur gestion financière : voir Berkey 1992, sur l’évolution de la transmission du savoir en Égypte à l’époque médiévale ; Lavergne 2004, p. 373-375 sur l’histoire des écoles coraniques en Égypte entre le milieu du XIXe siècle et le début du XXe siècle.
15 Farag 1995, p. 191-213. L’occupant britannique n’a, quant à lui, jamais manifesté un intérêt particulier pour les réformes éducatives en Égypte. En 1920, l’article d’un journal français, Le Journal des Débats, relevé par Frédéric Abécassis, mentionne le manque de moyens financiers évident qui a contribué à supprimer des écoles dans le pays. L’auteur ajoute dans Abécassis 2000, p. 62 : « Les Égyptiens ne manquent pas d’en conclure que l’Angleterre, de parti pris, les tient dans l’ignorance, persuadée qu’un peuple sans instruction se gouverne plus aisément et ils allèguent encore, à l’appui de leur dire, la pauvreté des programmes scolaires. »
16 Reid 2002, p. 261-264. En parallèle, un courant de pensée réformiste apparaît chez les penseurs musulmans en réaction notamment à la pénétration d’idées et de concepts considérés comme occidentaux. Gamāl al-Dīn al-Afghānī et Muhammad Abdūh participent à mettre en adéquation l’islam avec le monde moderne tout en restant attaché à la foi des premières générations : voir Gayffier de Bonneville 2010, p. 76-77.
17 Luthi 1998, p. 138.
18 Les deux frères aînés de Marcus Simaïka avaient été choisis pour intégrer une école de droit : voir Reid 2002, p. 265.
19 Marcus Simaïka conserve d’excellents souvenirs de ses enseignants durant ces années à l’école patriarcale et en rapporte quelques traits de leurs caractères dans ses mémoires : Simaïka 2017, p. 19-21.
20 Simaïka, Reminiscences, p. 6.
21 Il convient toutefois de préciser que les écoles étrangères, installées en Égypte à l’appel du khédive ou avec son approbation, représentent également les différentes communautés établies dans le pays : Allemagne, Arménie, États-Unis, Grande-Bretagne, Italie, etc. Il existe également plusieurs établissements laïcs (Mission laïque française) et des écoles juives soutenues par l’Alliance Israélite Universelle : Luthi, 1998, p. 138-139.
22 En 1840, l’abbé Étienne, procureur général de la congrégation de la Mission (lazaristes), est chargé par François Guizot, ministre français des Affaires étrangères, d’une mission politique et diplomatique auprès du vice-roi. Sollicité par la communauté catholique d’Alexandrie et encouragé par le consul Adrien Louis Cochelet et le ministre Guizot, l’abbé Étienne établit en 1843 des prêtres de la compagnie des lazaristes pour instruire la jeunesse alexandrine avec l’assentiment de la Sacra Congregatio de Propaganda Fide. C’est la première implantation d’une école étrangère en Égypte : Guérin 1887, p. 45-50. Le vice-roi et ses successeurs encouragent aussi largement l’installation d’établissements scolaires étrangers : Abbas Hilmi II éd. 1996, p. 160.
23 Heyworth-Dunne 1940, p. 100-102.
24 Abudacnus 1692, p. 30.
25 Armanios 2011, p. 27.
26 "[The Copts] made it incomprehensible to all but those especially initiated into the secrets of its formation and use." Shaw 1962, p. 341.
27 Auber de Lapierre 2018, p. 146-152.
28 Verdeil 2013, p. 30-33.
29 Du fait du mauvais état des établissements de Constantinople et de Smyrne et grâce au soutien de la Sacra Congregatio de Propaganda Fide, le Conseil du Régime décide l’installation d’une école au Caire afin d’obtempérer à la demande faite par l’évêque de Fez : Lyon, Archives lasalliennes, DCR, art. 2, 2 août 1853. L’établissement est signalé sous différentes dénominations selon les époques : école des frères, collège des frères des écoles chrétiennes, collège Saint-Joseph, collège Saint-Jean-Baptiste-de-La-Salle (après 1900) ou aujourd’hui collège De La Salle. L’établissement ouvre ses portes le 15 février 1854 : voir Guérin 1887, p. 158.
30 Ce sont les lazaristes (congrégation de la mission) qui font la demande de la présence des frères des écoles chrétiennes à Alexandrie en 1847, aux mêmes conditions qu’à Constantinople et Smyrne. Le frère supérieur général, en Conseil du Régime, décide d’y affecter quatre frères sous la direction de frère Adrien de Jésus, auparavant directeur de Bapaume : Lyon, Archives lasalliennes, DCR, 18 février 1847. Je remercie très chaleureusement frère Alain Houry des Archives lasalliennes pour son aide providentielle.
31 Luthi 2003, p. 133-135.
32 Jean-Baptiste de La Salle fait ses études non pas chez les jésuites mais au collège de la ville et de l’université tenu par des prêtres séculiers, à Reims. Séminariste, il poursuit ses études en Sorbonne. Licencié le 26 janvier 1678, il coiffe le bonnet de docteur en théologie de l’université de Reims en 1680. Il met un point d’honneur à l’achat de livres pour sa bibliothèque, ce qu’il recommande également expressément aux frères directeurs de sa communauté. Il convient tout de même de rappeler que les débuts des frères des écoles chrétiennes se sont faits à l’insu de Jean-Baptiste de La Salle. C’est l’arrivée à Reims d’Adrien Nyel avec un jeune garçon de quatorze ans en 1679 qui enclenche le processus. Ce dernier souhaitait solliciter l’appui financier de l’hôpital général pour fonder une école gratuite mais ce sera La Salle qui hébergera l’homme et le garçon : voir Poutet 1992, p. 16-29.
33 Ibid., p. 29-32. C’est ainsi en 1679 qu’à défaut d’un établissement nouveau, c’est une organisation et une pédagogie rénovées qui s’amorcent pour les petits garçons.
34 Guirguis – Van Doorn-Harder 2011, p. 20-21 : cette position a eu des répercussions sur les coptes et a renforcé le pouvoir du patriarche. Le pape Grégoire XIII a d’ailleurs envoyé une délégation romaine au Caire. Le patriarche et les évêques étaient initialement ouverts à l’idée d’une unification mais celle-ci se solde finalement par un échec.
35 Heyberger 1994, p. 232.
36 Ibid., p. 453.
37 Guérin 1887, p. 158.
38 C’est depuis la fin du XVIe siècle, époque où les marchands européens et leurs consuls ont été autorisés à s’installer dans ce quartier par le sultan ottoman, que l’on voit apparaître la dénomination de « quartier franc ». Sur ces quartiers du Caire : voir Behrens-Abouseif 1985, p. 37-43.
39 L’augmentation du nombre d’élèves implique également un accroissement du nombre de frères chargés de l’enseignement dont le traitement est pris en charge par la Sacra Congregatio de Propaganda Fide, à raison de 800 francs par frère : Guérin 1887, p. 158.
40 Ibid., p. 158 ; Luthi 2003, p. 134.
41 L’artère prend le nom de Port-Saïd en 1957. L’acte de donation est repris par Guérin 1887, p. 158 en ces termes : « Son Altesse le vice-roi, prenant en considération les observations qui lui ont été soumises, au nom du directeur des Écoles chrétiennes du Caire, sur les inconvénients que présente pour l’établissement d’une école le terrain qui lui avait été concédé dans l’ancienne fabrique d’indiennes située entre la route qui conduit au Nil et à l’avenue de Choubrah, a daigné ordonner que ledit terrain fût échangé contre une partie de l’ancienne fabrique de Korounfich [Ḫoronfiš] située au quartier de Korounfich. »
42 L’acte de donation repris dans Ibid., p. 158-159 indique également : « Afin de contribuer à assurer aux frères des Écoles chrétiennes les moyens de subvenir aux dépenses qu’exige l’établissement de leur école, le vice-roi Saïd-Pacha veut bien leur faire don d’une somme de trente mille francs, laquelle, d’après la volonté expresse du donateur, ne pourra être employée à un autre usage. »
43 Dans Lyon, Archives lasalliennes, DCR, 2 mars 1860 : « Vu l’exposé fait par le Frère Euphrasie, directeur au Caire (Égypte) – les constructions commencées par son prédécesseur, Frère Thessalonice, dans le local concédé par le Vice-roi ont absorbé les 3 000 Francs donnés par ce généreux prince ; pour l’achèvement des travaux, une somme de 25 à 30.000 Francs est encore nécessaire. Vu la notification des Lazaristes, propriétaires de la maison occupée actuellement par nos Frères […] de la rendre libre pour le 14 avril prochain, il faut terminer les travaux le plus vite possible. Vu que Le Caire n’a aucune ressource et qu’Alexandrie à une réserve de plus de trente mille Francs. Le Conseil décide : le Frère Péloguin, assistant, écrira au Frère Adrien de Jésus, directeur d’Alexandrie, de prêter au Frère Euphrasie les moyens de terminer les travaux, de les surveiller, de convenir les prix avec les entreprises et d’échelonner les termes de paiement. »
44 Le transfert du collège est effectué le 14 juillet 1860 tandis que la chapelle est bénie le 13 décembre de la même année par le R.P. gardien de Terre Sainte en présence du consul Raymond-Sabatier et de hauts dignitaires de la ville du Caire : voir Guérin 1887, p. 159.
45 En 1876, frère Adrien, visiteur d’Alexandrie, considère que les locaux sont mal situés et mal aérés. Le Conseil du Régime prend alors la décision de transférer l’École gratuite dans un local plus convenable : Lyon, Archives lasalliennes, DCR, 6 décembre 1876. L’établissement avait par ailleurs fait l’acquisition d’une propriété à la campagne « pour avoir du bon air frais » en 1871 : ibid., 28 novembre 1871.
46 Guérin 1887, p. 163 ; BIFEC 1909, p. 232-250.
47 Ibid., p. 163.
48 Bourdieu – Passeron 1970, p. 134-142.
49 Sanchez 2009, p. 170 et 173-178.
50 Archives du collège de Bethléem, dossier « pédagogie » ; Sanchez 2009, p. 280.
51 Sanchez Summerer 2016, p. 197-200.
52 Simaïka 2017, p. 44. Marcus Simaïka évoque par ailleurs dans ses Reminiscences les contacts et les affrontements qu’il a pu avoir avec les administrateurs britanniques : voir Simaïka 2017, p. 51-62.
53 Ibid., p. 22.
54 Tout aussi brillant que son aîné, Abdallah poursuit ses études à la Faculté de droit de Montpellier où il soutient une thèse sur l’organisation politique et administrative de la province romaine d’Égypte et sur la compétence des tribunaux mixtes d’Égypte. Il est le premier Égyptien à soutenir une thèse de doctorat en France : voir Simaïka, 2011, p. 17.
55 Simaïka 2017, p. 22.
56 Amici 1879, p. 185-257.
57 Si les statistiques d’Amici Bey indiquent une importante augmentation de la fréquentation de l’établissement entre 1875 et 1878, l’accroissement est encore plus important dans la décennie suivante puisque, à la suite de l’agrandissement des locaux, Victor Guérin signale 936 élèves pour 1885 : voir Guérin 1887, p. 162.
58 Le caractère multiconfessionnel de l’établissement n’est pas une originalité dans le paysage scolaire catholique du Caire et se retrouve notamment au collège de la Sainte-Famille des jésuites : voir Mayeur-Jaouen 1992, p. 268-274.
59 BIFEC 1907, p. 396.
60 Bourdieu éd. 2000, p. 256-285.
61 Ibid., p. 282.
62 Simaïka 2017, p. 51-62.
63 Reid 2002, p. 280-285 ; Gabry-Thienpont 2013, p. 9-31.
64 Gayet 1902, p. 42-64 ; Auber de Lapierre 2019, p. 62-65.
65 Reid 1995, p. 323.
66 Costet-Tardieu 2016, p. 24-27.
67 En 1915, le ministre égyptien de l’Instruction publique indique sur cette approche de l’enseignement : « Le système d’éducation européanisé, largement répandu de nos jours dans le pays, n’est pas une dérivation du système indigène, mais une innovation » : voir Abécassis 1995, p. 99.
68 Costet-Tardieu 2016, p. 105-109.
69 Bourdieu – Passeron, 1970, p. 253.
70 Beaufort 1861.
71 Sieveking 1883, p. 1170.
72 Simaïka 2011, p. 21-32.
73 Les procès-verbaux du Comité de conservation des monuments de l’art arabe indiquent « Contrôleur-délégué de la Comptabilité des Chemins de fer de l’État ».
74 Gayffier de Bonneville 2016, p. 201-203.
75 Simaïka 2017, p. 37.
76 Décret du 24 décembre 1906 : Simaïka 2011, p. 35-49. Sa candidature est mise en avant afin qu’il soit le membre copte du Cabinet. Simaïka, en plus de son rôle au Conseil supérieur de l’enseignement et du lien qu’il conserve avec le collège Saint-Jean-Baptiste-de-La Salle, marque son attachement au développement de l’éducation dans son pays en étant trésorier puis président de l’école copte pour filles d’Abbassiya entre 1910 et 1933 : voir Goldschmidt 2000, p. 202 ; Simaïka 2017, p. 41.
77 Ibid., p. 40.
78 Ibid., p. 41.
79 Simaïka 2011, p. 62.
80 Marcus Simaïka a publié en ce sens, sous couvert d’anonymat (« A Coptic Layman »), un article sur l’éveil de l’Église copte : Simaïka 1897, p. 734-747.
81 Guirguis – Van Doorn-Harder 2011, p. 91.
82 Reid 1995, p. 312-314 ; Reiss 1998 ; Guirguis – Van Doorn-Harder 2011, p. 73-78.
83 Simaïka, Reminiscences, p. 86-87.
84 Simaïka note l’intérêt majeur de cet ouvrage dans l’introduction de son Guide du Musée copte dans Simaïka 1937, p. 13.
85 Leturcq 2008, p. 899 ; Reid 2015, p. 204.
86 Reid 2015, p. 204 ; Auber de Lapierre 2017, p. 240. Du fait des restaurations intempestives dans les églises égyptiennes, l’architecte britannique Somers Clarke, déclenche une importante polémique sur le sujet dans le Times en 1891 : voir Leturcq 2008, p. 899. Clarke devient membre honoraire du Comité de conservation des monuments de l’art arabe à partir de 1901 : CCMAA fasc. 18, p. 3. Il convient également de rappeler les premières fouilles réalisées en Égypte à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle sur du matériel chrétien : Saint-Jérémie de Saqqara par Quibell ou Baouît avec Jean Clédat et Émile Chassinat. Auguste Mariette, directeur du Service des antiquités de l’Égypte et directeur du musée de Boulaq n’éprouve aucun intérêt pour les antiquités chrétiennes d’Égypte. Il faut attendre son successeur, Gaston Maspero, pour voir apparaître quelques objets dans le musée de Boulaq puis une salle copte dans le musée de Giza, avant l’installation du musée de Qaṣr al-Nīl.
87 Den Heijer – Pillette 2011, p. 227-250.
88 Dans la logique de la construction patrimoniale égyptienne, il convient également de rappeler que le musée d’Art arabe a été officiellement fondé en 1881 avec la création du CCMAA. Il répond à l’invention d’un patrimoine national et précède de quelques années seulement ce qui se fait pour l’art copte : Leturcq 2011, p. 489-505.
89 Volait 2009, p. 186-187.
90 Volait 2017, p. 6-7.
91 Simaika 1892, p. 7.
92 Bourdieu – Passeron 1970, p. 134-157. Marcus Simaïka Pacha a dicté ses mémoires à la fin des années 1930 au début des années 1940 dans sa langue semble-t-il préférée, l’anglais, à la femme du ministre Naguib Pacha Boutros Ghali, fils de Boutros Pacha Ghali. La famille Simaïka, de nos jours, communique toujours en français et en anglais dans le cercle familial. Sur la question de l’usage des langues et de son incidence dans la réforme sociale égyptienne : Fénoglio 1995, p. 257-274.
93 Jocelyne Dakhlia indique que cette relation « imprègne nos perceptions communes », à savoir celles de l’enseignant et celles de l’élève : voir Dakhlia 2008, p. 474. Elle ajoute plus loin, et l’exemple peut aisément être appliqué à Simaïka, que l’adoption d’une langue devient une « forme d’allégeance à sa culture » : voir Dakhlia 2008, p. 476. Le khédive Abbas Hilmi II remarquait également l’importance de ce lien dans ses considérations sur l’éducation de ses mémoires : Abbas Hilmi II, éd. 1996, p. 161.
94 CCMAA fasc.15, p. 4-6 ; Auber de Lapierre 2017, p. 236-237.
95 Costet-Tardieu 2016, p. 21-27.
Auteur
Collège de France – Centre d’études en sciences sociales du religieux – julien.auber-de-lapierre@college-de-france.fr
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