Conclusions
La distinction sociale dans les campagnes florentines des XIIe et XIIIe siècles
p. 341-348
Texte intégral
C’è lì un posto, lo ha lasciato tuo padre
Non dovrai che restare sul ponte
e guardare le altre navi passare
le più piccole dirigile al fiume
le più grandi sanno già dove andare1.
1L’un des personnages récurrents du Decameron est la figure d’un grossier parvenu, un dénommé Calandrino, avide et benêt, que l’on présente en ces mots lors de la huitième journée :
Dans notre ville, toujours riche de toutes sortes de gens, il y eut, il n’y a pas bien longtemps, un peintre dénommé Calandrino, un homme naïf et aux manières nouvelles2.
2Calandrino était, chez Boccace, le type même du rustre enrichi que les authentiques citadins se plaisaient à moquer et qui n’échappait à aucun des pièges que lui tendaient ses deux compagnons, les peintres Bruno et Buffalmacco3. Il offrait aux lecteurs de Boccace l’image du contadino encore mal sorti de sa campagne4. Quand il repartait de la cité pour gagner le podere de son épouse, il acquérait d’emblée une tout autre stature. Petit trait de caractère, inventé par Boccace, ce citadin accordait au fait de tuer et de saler lui-même son porc, une certaine importance et n’était pas peu fier de se comporter en bon ménager, en bon massaio5. À la campagne, ce petit personnage dominait ses voisins et disposait d’assez de denrées pour tous les inviter à manger. Le mépris aristocratique pour cette figure vulgaire et simple était sans doute révélateur de la perception commune qu’on se faisait du contadino enrichi6. Une figure que les sources de la pratique rendent toutefois très vraisemblable aux XIIIe et XIVe siècles. Dès le milieu du XIIIe siècle, tout était en place pour l’inurbamento des notables ruraux. Ceux qui décidaient de demeurer dans les pays de basses collines du contado privilégiaient les bourgades marchandes et se conformaient aux valeurs et aux intérêts des citadins. Alors que le contado de Florence s’organisait en petites communautés, assez autonomes et dont les prérogatives étaient importantes, les notables ruraux se distinguaient notamment par leur tendance à se soustraire aux obligations de ces petites collectivités. Cet aspect de la thèse plesnérienne ne paraît pas dépassé et l’on n’a rien trouvé, dans ces recherches, qui vienne profondément infirmer ce tableau. C’est en partant de ce constat, et en adoptant en quelque sorte une démarche régressive que cette enquête a été pensée. Au milieu du XIIIe siècle, il existait, dans le territoire soumis à l’influence politique de Florence, une classe de rentiers dont les membres servaient de médiateurs entre les pouvoirs citadins officiels ou officieux et les communautés des pays de plaines et de basses collines. Ces notables, malgré les nuances propres à la Toscane, correspondaient à l’idéal-type dressé en son temps par H. Mendras qui le définissait par sa fonction de médiation entre les communautés paysannes et la société englobante. L’idée était dès lors de reconstituer la généalogie de ce type social, en interrogeant la pertinence d’un paradigme historique faisant des campagnes florentines le lieu d’un renouvellement constant des élites locales, rapidement intégrées aux dynamiques citadines.
3Les sources monastiques ne manquant pas, il a paru opportun de concentrer l’attention sur un territoire précis. Le choix du quart sud-est du contado florentin, un territoire entièrement compris dans le diocèse de Fiesole, présentait l’avantage d’offrir une association de milieux assez différenciés : quelques vallées fluviales ; de basses collines ; des contreforts montagneux. On disposait, pour cette enquête, des chartriers et des codices légués par les abbayes vallombrosaines de la Val d’Ema (San Cassiano a Montescalari), du Pratomagno (Santa Maria di Vallombrosa) et du Chianti (San Lorenzo a Coltibuono). La comparaison des parchemins légués par ces abbayes et conservés dans le Diplomatico de Florence avec les registres notariés de la seconde moitié du XIIIe siècle a permis la mise en évidence d’un important biais documentaire. Dominés par les acquisitions foncières, les chartriers monastiques ont offert de la société une vision globalement plus statique que celle révélée par l’étude des premiers registres. Si ces sources monastiques ont donné un aperçu déformé des réalités sociales des années 1250-1300, elles ont en revanche permis d’envisager plus sereinement l’étude des sociétés des XIe et XIIe siècles, à condition, toutefois, d’envisager l’étude de ces sociétés dans le rapport qu’elles avaient entretenu avec ces trois abbayes. Un détour par l’histoire des institutions monastiques s’imposait. À l’exception de Santa Maria di Vallombrosa, qui finit par contrôler de très larges pans de la vie sociale des communautés de Magnale et de Ristonchi, aucune des abbayes envisagées n’exerça jamais un pouvoir solitaire sur les sociétés rurales des alentours. L’histoire politique de ces institutions a ainsi eu l’intérêt de faire ressortir la profondeur et la complexité des relations qui unissaient les communautés monastiques aux habitants des campagnes florentines. Parce qu’ils s’étaient souciés de leur Salut, parce qu’ils y avaient été contraints par la force ou parce qu’ils avaient voulu s’en faire des alliés, les habitants d’un certain niveau – et pas seulement les aristocrates – s’étaient mis dans de bonnes relations avec les moines vallombrosains. Ces dynamiques, associées aux formes de coseigneuries promues par les institutions monastiques, avaient fait de ces pouvoirs l’un des centres, pas le seul, servant la cohésion des populations rurales. Les sources léguées par ces dernières permettaient de ce fait d’envisager une étude des populations rurales centrées sur les figures de notables.
4L’absence apparente de critères indigènes permettant d’identifier une catégorie de notables et le choix d’une notion construite a conduit à une approche thématique. On s’est d’abord efforcé de mesurer l’apport des monographies familiales à la compréhension de ces sociétés et à l’étude de la notabilité. L’étude de deux parentèles distinctes dans leur structure et dans leur trajectoire (les da Cintoia et les fils de Forte da Montaio) a permis, en quelque sorte, de confirmer certaines des hypothèses. On assistait bien, dans le contado florentin, à des processus locaux de renouvellement des élites : le départ progressif des seigneurs de castelli vers la ville libérant l’espace à des familles plus réduites et s’affirmant selon d’autres modalités. Si les mobilités sociales avaient été réelles, elles s’étaient accompagnées cependant de mutations importantes des identités et des structures familiales. Tandis que des parentèles peu élevées pouvaient finir par former une solide consorteria aristocratique, d’autres se spécialisaient, dès le XIIe siècle, dans le crédit et la médiation entre les grands. L’étude plus précise de la riche documentation relative aux castelli dominés par l’abbaye de Vallombrosa a permis de développer une autre approche des mobilités sociales. Dans ce territoire animé au milieu du XIIe siècle par des parentèles somme toute peu différenciées, du moins en termes de dignité, les trajectoires observées ont révélé l’accentuation progressive des différences existant entre les différents groupes. Tandis que certaines parentèles échappaient au contrôle des moines pour tenter leur propre aventure communale ou seigneuriale, d’autres finissaient au contraire – à l’instar des parentèles étudiées par G. Francesconi autour de Camaldoli – par fonder leur vie sociale sur l’acceptation d’une forme de sujétion pesante, en termes symboliques et économiques, aux abbés de Vallombrosa. L’image qui est ressortie de cette étude des trajectoires familiales est celle d’une évolution du champ des pouvoirs et des règles fondant les hiérarchies et la distinction sociale. L’ensemble des acteurs rencontrés avaient en commun de disposer d’un certain poids sur les décisions prises à l’échelle de la paroisse, du village ou du hameau. Aussi convenait-il d’intégrer à l’enquête le processus d’affirmation des communes rurales qui caractérisait la période. Avant même l’affirmation d’institutions clairement identifiables, les castelli étaient marqués par l’activité collective de groupes d’homines, des chefs de foyers, qu’unissaient des intérêts communs. La documentation du XIIe siècle met en évidence l’existence d’une sociabilité politique publique dépassant le cadre strict des parentèles aristocratiques ou des domini ecclésiastiques. Si les premières universitates rurales semblent d’abord dominées par les parentèles aristocratiques, les premières années du XIIIe siècle marquent une ligne de partage entre ces parentèles qui s’éloignent des affaires locales et celles qui demeurent attachées à cette échelle. Les seigneuries territoriales institutionnalisées, et notamment ecclésiastiques, restent quant à elles maîtresses du jeu, mais en instaurant des formes nouvelles de contrôle de la population. La commune rurale eut un rôle ambivalent. Dans un long XIIIe siècle, elle fit office de cadre permettant l’affirmation de formes nouvelles d’une notabilité locale, mais elle se transforma aussi, à la fin du même siècle, en l’un des instruments permettant à Florence d’imposer son autorité et son influence sur l’ensemble du contado.
5Quels étaient, durant cette période, les éléments minimaux qui avaient permis la participation d’un individu et de ses parents à la vie publique des communautés d’habitants ? Il a semblé nécessaire d’envisager d’abord le rôle joué par le partage de la rente foncière. On a suivi C. Wickham qui a relevé la domination du jeu social par une classe de rentiers, en cherchant à préciser le profil de ces rentiers. Avant les années 1230, il s’est avéré difficile d’établir une distinction nette entre propriétaires et travailleurs du sol. Si quelques familles vivaient exclusivement de la rente foncière, sans avoir besoin de participer directement à la production, les groupes exerçant, à l’échelle d’une paroisse, des fonctions de premier plan, se distinguaient par une grande familiarité avec ces activités productives et les producteurs eux-mêmes. La rente foncière se trouvait ainsi répartie à l’intérieur d’un milieu assez large de possessores dans lequel on comptait aussi des travailleurs. Le morcellement extrême des possessions et des propriétés foncières aboutissait, au même moment, à un éparpillement des prérogatives seigneuriales. Si certains étaient voués aux seuls travaux des champs, une proportion importante de la population oscillait entre la position du rentier et celle du travailleur ou celle, plus lucrative, de l’artisan. La répartition des rôles pouvait fort bien s’opérer à l’intérieur même d’une parentèle. Cette situation connut de profondes évolutions dans les années 1170. À partir de ces années, et tout au long du XIIIe siècle, les hiérarchies passant entre les propriétaires et les possessores ne cessèrent d’être réaffirmées. L’un des enjeux était certainement de permettre aux grands propriétaires fonciers un usage plus libre et rapide de leurs prérogatives sur la terre et les hommes qu’ils pouvaient désormais mettre sur le marché. La diffusion rapide de la condition de colon s’accompagna d’une renégociation, parfois douloureuse, des hiérarchies locales et d’une réinterprétation de la possessio. Nombre de coloni du XIIIe siècle avaient pour ancêtres les possessores des XIe et XIIe siècles. Dans l’immédiat, cette réinterprétation des hiérarchies ne modifia guère la physionomie des communautés rurales formées au XIe siècle ou auparavant. Les communautés d’habitants étaient ainsi composées d’exploitants et de petits exploiteurs, elles étaient parfois dominées par une parentèle laïque ou une institution ecclésiastique, et étaient capables de développer des formes collectives de distinction. La condition des coloni, certes pesante, constituait moins un statut personnel qu’un statut utile aux seigneurs lorsqu’ils étaient en conflit avec leurs tenanciers. Petits propriétaires et grands tenanciers, tous étaient susceptibles de jouer localement un rôle notable.
6Pour comprendre le passage d’une société constituée de figures notables et en apparence peu différenciée, à une société davantage dominée, à la fin du XIIIe siècle, par des notables en position hégémonique, il fallait envisager la question des facteurs de la différenciation sociale, en privilégiant d’abord le rôle probable de l’enrichissement et de l’appauvrissement monétaire. Le contado florentin fut en effet marqué, aux siècles envisagés, par une profonde mutation des structures économiques. On ne pouvait, de fait, envisager, l’histoire de la notabilité rurale sans envisager la question de la circulation monétaire et de la thésaurisation. Dans une société où l’argent circulait de plus en plus, la thésaurisation ne semble pas avoir été si courante, et la capacité à mobiliser rapidement d’importants capitaux reposait essentiellement sur l’insertion dans un réseau de solidarités. Le capital matériel et le capital symbolique se révélaient ainsi interdépendants. La croissance démographique et l’affirmation des cités et des bourgs intermédiaires ne manquèrent pas d’alimenter un commerce lucratif de certaines denrées agricole. Dans les collines du Chianti, à Montaio, ou dans la Val d’Ema, à Cintoia, et dans la riche vallée de l’Arno, le commerce du blé, des viandes et de produits échappant à la documentation, suscitait des échanges qui expliquent la capacité des familles de coloni ou de petits propriétaires à faire crédit et pratiquer une usure de petit niveau. Les fortunes les plus saillantes et les plus impressionnantes furent toutefois celles qu’accumulèrent, en quelques années, les domini qui réussirent à intégrer le cercle restreint des grands décideurs urbains. De ce point de vue, les décennies 1170-1230 furent probablement marquées par une forte sélection sociale. Il y eut d’une part ceux qui réussirent à affirmer leurs prérogatives sur la terre et sur les hommes et purent investir ce capital pour se lancer dans d’autres affaires, comme les da Cintoia ou les Firidolfi, et ceux, moins puissants, qui passèrent dans ces mêmes années d’un statut seigneurial ou presque à une dépendance aisée. On s’explique ainsi l’effet de génération qui s’observe entre le milieu du XIIe siècle et le XIIIe siècle. Ce n’était pas seulement que les familles enrichies étaient parties de leurs castelli, leur identité et le niveau de fortune avaient évolué brusquement, de même que les logiques de la distinction sociale sur lesquelles reposait leur pouvoir.
7Ce parcours a certes éloigné le lecteur d’une perspective qui aurait pu consister à étudier le notable rural dans les différentes manifestations d’un idéal-type. Fallait-il, dès lors, corriger l’idéal-type mendrassien pour en proposer un nouveau, s’appliquant aussi bien aux notables des XIe et XIIe siècles qu’à ceux du XIIIe siècle ? Fallait-il au contraire y renoncer et continuer à parler d’élites rurales au profil indéterminé pour les siècles précédant la grande transformation des rapports entre la ville et sa campagne ? Les figures remarquables, et en ce sens notables, des XIe et XIIe siècles se caractérisaient souvent par l’exercice d’une fonction de médiation. Les connexions avec de lointaines puissances avaient beau être distendues, localement elles alimentaient une certaine forme de prestige7. Elles permettaient de rendre plus pérennes des situations patrimoniales que le marché de la terre et les logiques de la redistribution rendaient fragiles. On ne peut toutefois faire de ces notables ruraux des intermédiaires d’une société englobante. Les dynamiques étaient essentiellement locales et c’était la volonté de distinction à l’intérieur même de ces petites sociétés qui poussait les membres les plus influents à chercher des soutiens symboliques et matériels extérieurs. La seigneurie rurale se développa dans ces sociétés comme une forme de pérennisation des hiérarchies. À l’image de ce qui se passe à la même époque dans les seigneuries du sud de l’Italie, à la fin du XIIe siècle, les notables locaux et les seigneurs qui évoluaient au contact des populations exerçaient un rôle économique, politique et social qui dépassait de loin celui de la cité ou du souverain8. Dans le contado florentin, la violence des rapports de force n’empêcha pas le développement de communautés rurales empruntant aux sociabilités aristocratiques certains traits distinctifs – parmi les exemples évoqués dans ce volume, il faut citer le castello de Passignano, Marciano près de Rignano, le castello de Cintoia, les castelli de Magnale et Ristonchi, le forum de Leccio et la plupart des castelli du Chianti. Le développement des seigneuries rurales et des communes répondait probablement au même souci d’assurer une position sociale dans un contexte politique devenu instable et changeant. La seigneurie contribua, de son côté, à l’ascension de quelques notables. Les seigneurs, ecclésiastiques ou non, ne tiraient probablement pas des individus du néant, mais contribuaient à la reconnaissance officielle de situations de fait. On devinait, dans la clientèle des petits vassaux, mais aussi dans la foule des frères convers, les groupes économiquement les plus actifs. La visibilité de ces processus d’agrégation des notables locaux au pouvoir des seigneurs n’est jamais aussi visible que dans les années 1170-12309. Ces décennies qui correspondaient au moment de l’affirmation de la Commune urbaine furent sans doute, en négatif, des années marquées par la crainte constante d’un déclassement10. Il était urgent d’arrimer son identité sociale au monde des seigneurs ou d’intégrer une communauté fortement institutionnalisée et plus protectrice. À l’issue de ces décennies, l’identité aristocratique apparaît d’ailleurs plus fermée, mais ce sentiment pourrait aussi résulter de l’exclusion progressive des aristocrates des dynamiques collectives. Les anciennes formes de la distinction sociale qui s’opérait dans une gradation continue reliant les petits possessores aux plus hauts des aristocrates – qui pouvaient figurer côte à côte sous le nom de boni homines – étaient, en quelque sorte, brisées. Il devenait possible à de ces communautés de développer des formes de distinction plus autonomes, ce qui permit l’affirmation d’une notabilité rurale nouvelle, rapidement soumise aux influences d’une cité qui accueillait volontiers les membres les plus aisés des communautés qu’elle cherchait à dominer.
8Il est probable qu’au cours de la période envisagée, les figures envisagées aient été parmi les principaux bénéficiaires des prélèvements opérés sur le travail agricole, l’élevage et l’artisanat. Les inégalités pouvaient être très fortes au sein d’un même foyer, d’une même parentèle ou communauté, d’un castello à un autre. Qu’il s’agît du XIIe ou du XIIIe siècles toutefois, le pouvoir ne se configurait jamais comme l’affaire de quelques parentèles ou de quelques individus : c’était une affaire collective qui reposait sur l’emploi réitéré de la force, de la négociation, de la générosité. Dans ce contexte, les figures de second plan, agissant comme intermédiaires entre différents cercles de sociabilité, entre des classes sociales dont les caractères n’étaient pas nettement affirmés, pouvaient se trouver valorisées. L’institutionnalisation progressive des dominations fixa davantage le cadre d’une distinction sociale qui évolua peut-être plus lentement à la fin du XIIIe et dans les premières décennies du XIVe siècle. En arrière-plan de ces évolutions se dessinait l’énigmatique séparation d’un territoire entre une campagne soumise et une cité dominante. Les notables ruraux de la fin du XIIIe siècle étaient davantage liés aux dynamiques de la cité et du territoire florentin, l’échelle à laquelle se jouait la distinction qui les soutenait, qu’aux communautés locales qu’ils dominaient. Ce processus n’était pas arrivé à un terme, il n’avait sans doute rien d’irréversible, mais correspondait à une organisation territoriale nouvelle et qui était particulièrement marqué dans le contado florentin.
Notes de bas de page
1 De Andrè 1973.
2 Decamerone, huitième journée, troisième nouvelle (Boccaccio 1973, p. 477) : « Nella nostra città, la qual sempre di varie maniere e di nuove genti è stata abondevole, fu, ancora non è gran tempo, un dipintore chiamato Calandrino, uom semplice e di nuovi costumi. »
3 Le personnage est récurrent dans les nouvelles de Boccace, il s’agit bien évidemment d’un type conçu tout exprès pour les histoires comiques, on le retrouve dans plusieurs nouvelles du Decamerone, 8e journée, dans les 3e et 6e nouvelles, 9e journée, dans 3e les 5e nouvelles (Boccaccio 1973, p. 477, 492, 559 et 567).
4 Voir la citation mise en exergue, et le compliment, un peu rustique, qu’il entend adresser à une belle dont il est amoureux (9e journée, 5e nouvelle), Boccaccio 1973, p. 570 : « Gnaffe, tu sì le dirai in prima che io le voglio mille moggia di quel buon bene da impregnare, e poscia, che io son suo servigiale, e se ella vuol nulla ; ha’mi bene inteso ? »
5 Decamerone, 8e journée, 6e nouvelle, Bruno et Buffalmacco volent un porc à Calandrino (Boccaccio 1973, p. 493) : « Aveva Calandrino, la mattina che costor giunsero il dì, ucciso il porco ; e vedendogli col prete, gli chamò, e disse : – Voi siate i ben venuti. Io voglio che voi veggiate che massajo io sono » ; tout ce qui concerne Calandrino respire le contentement béat de choses vulgaires et les paroles placées dans la bouche de ce personnage par Boccace sont tout autres qu’innocentes.
6 Dans cette nouvelle, Bruno et Buffalmacco dérobent à Calandrino le porc qu’il avait tué pour la salaison ; ils font porter ses soupçons sur ses voisins ; Calandrino n’a aucun mal à convoquer ceux-ci en leur promettant un repas.
7 Wickham 1988.
8 Carocci 2014, p. 280.
9 Sur l’importance économique de cette période, voir Tabarrini 2019, p. 228.
10 Voir Faini 2010.
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