Chapitre 6 – Les termes de l’échange : franchises et exemptions accordées aux Florentins
p. 301-346
Texte intégral
1Un des fils rouges de l’historiographie abordant l’évolution socio-économique de Pise au XIVe siècle est l’acceptation ou la critique de la prétendue « décadence » économique de la cité gibeline à partir de la défaite de la Meloria (1284), qui ampute la ville de sa flotte et de son influence maritime.
2Dans ce tableau noir, la concurrence florentine aurait été très défavorable, en particulier à cause des clauses commerciales inégales contenues dans les traités bilatéraux. L’argument de G. Volpe1, contesté depuis2, était d’identifier une faction de Pise aux armateurs de la ville, qui bénéficiaient de l’augmentation du trafic des Florentins, et faisaient pression pour que ces derniers obtiennent des conditions avantageuses dans ces traités, ce que semblent confirmer certaines chroniques dans les années 1380-13903.
3Étudiant les traités commerciaux entre Pise et Florence au XIVe siècle, P. Silva les considérait comme défavorables aux Pisans, sans toutefois analyser toutes les conséquences des exemptions de taxes sur les marchandises (gabelle en italien) ou de droits de douane4. Le dernier traité signé, en 1369, occupe notamment une place centrale et méritera qu’on s’y attarde : P. Silva soulignait combien les dispositions de 1369 favorisaient « l’introduction des marchandises florentines à Pise, et donc le développement des industries de Florence5 », tandis qu’O. Banti insistait sur leur rôle dans la dégradation de la conjoncture pisane après 13856.
4Le rôle des institutions et des guildes marchandes sur la volatilité des prix a, de plus, été analysé dans une perspective néo-institutionnnaliste7. En particulier, S. Ogilvie prend en compte les études historiques dans une perspective économiste qui peine à se départir du modèle de l’acteur rationnel, très problématique pour l’époque médiévale. Selon elle, malgré la rareté des données sur la question, les guildes n’arrivaient pas à stabiliser les prix en centralisant les produits dans des entrepôts monopolistiques, rassemblaient assez d’informations pour rationaliser la conduite des échanges et empêcher les comportements à risque uniquement pour protéger leur monopole ; au final, la concurrence était plus efficace que les guildes pour faire baisser les prix8. Pourtant, au sein de la même veine historiographique, S. R. Epstein suit les conclusions de P. Malanima9 et de M. Tangheroni10 en affirmant que :
économiquement, après la Peste Noire Florence tirait avantage de sa domination industrielle, commerciale et économique et de coûts de transaction plus bas qui réduisaient la protection “naturelle” offerte par les barrières des tarifs douaniers pour ses compétiteurs régionaux plus faibles11.
5Les tarifs douaniers sont donc une question centrale et débattue pour expliquer l’ampleur de la présence – économique plus que démographique – florentine à Pise. Le thème central de ce chapitre sera donc de déterminer dans quel cadre réglementaire les échanges se déroulent, sans nous limiter à une simple analyse diplomatique et juridique. Il faudra déterminer si le régime d’exemption de taxes et de droits de douane défini dans les traités bilatéraux et dont bénéficient les Florentins de Pise est vraiment avantageux. Nous en ferons une chronologie détaillée (synthèse en Annexe 3, Tab. 31) afin d’évaluer leur évolution, en ne nous limitant pas au seul XIVe siècle, puisqu’un certain nombre de mesures mises en place dès la fin du XIIe siècle12 restent en vigueur par la suite ; à cet égard, le traité de 1256 est la véritable matrice des traités commerciaux ultérieurs.
6C’est pourquoi nous avons replacé le coût de ces taxes sur les marchandises et droits de douane au sein de l’ensemble des frais payés entre Porto Pisano et Florence et, quand cela est possible, dans l’ensemble des frais payés depuis l’achat des produits dans les Flandres jusqu’à leur acheminement sur le marché florentin13. Cette condition permet de déterminer l’ampleur de l’avantage comparatif des Florentins et de savoir si les résultats économiques de l’industrie de la laine florentine dépendent des franchises de taxes obtenues à Pise. On pourra par exemple vérifier si l’augmentation des droits de douane est « désastreuse pour l’industrie florentine de la laine » comme l’affirme G. Volpe14 et si Florence est à ce point capable de peser sur les coûts de transaction comme semble le croire P. Silva, à propos de l’augmentation de 132215.
6.1. La liberté de circulation des marchandises
7La question des droits de douane payés par les Florentins à Pise est abordée dès le premier traité (1171)16, que G. Volpe interprète, non sans un certain téléologisme, comme étant le « premier pas résolu de Florence vers la mer, vers laquelle elle tend désormais avec un désir croissant17 ». Les Florentins obtiennent en effet le droit de transporter par voie maritime leurs marchandises dans les mêmes conditions que celles de Pise18. Cela explique pourquoi, au XIIIe siècle, ils peuvent accéder aux colonies pisanes en Méditerranée19 et se faire passer pour Pisans afin de bénéficier des mêmes franchises20.
8Cette liberté d’accéder, de faire circuler et de transporter les marchandises, y compris par d’autres personnes, est confirmée dans le traité de 125621 : la commune pisane autorise les Florentins, leurs contadini, les hommes de Prato et les hommes de leurs domaines et territoires à venir et à repartir librement de la cité et du district de Pise, ce afin d’importer ou de faire importer, mais aussi d’exporter ou de faire exporter leurs marchandises de la cité et du district de Pise22. Pour la première fois, la réciprocité est de mise pour les Pisans qui peuvent bénéficier des mêmes conditions à Florence et Prato.
6.1.1. L’harmonisation des poids et mesures empêche une distorsion des prix unitaires (milieu du XIIIe siècle)
9Après l’entrée de Pise et Florence dans la Ligue toscane et la parité monétaire entre les deniers florentins et pisans (1254)23, le traité de 1256 contraint les deux villes à adopter les mêmes poids et mesures dans leurs échanges, en particulier pour les draps24.
10Ce point n’est pas anodin puisque ces unités de mesure diffèrent d’une commune à l’autre. La Pratica della mercatura, que Francesco Balducci Pegolotti, le facteur de la compagnie des Bardi, a rédigée entre 1335 et 1343, renseigne sur les écarts – parfois considérables – entre les poids et mesures des deux villes dans la première moitié du XIVe siècle. Les variations pour chaque unité de mesure peuvent aller d’un poids inférieur de 5,21 % par unité (once d’argent) à un poids supérieur de 3 200 % (staio de sel)25 à Florence par rapport à celui de Pise :
Tab. 14 – Les équivalences de poids et mesures entre Florence et Pise selon Pegolotti (1335-1343)
Unité de mesure | Valeur à Florence | Valeur à Pise | (Florence / Pise) * 100 | Variation (Florence – Pise) |
Livre au poids de la stadera | 100 | 105 | 95,23 | – 4,76 % |
Braccio | 40 | 34 | 117,64 | + 17,64 % |
Livre d’argent | 1 = 12 onces | 12 onces, 8 deniers = 12,6 onces | 94,78 | – 5,21 % |
Staio de grain picchiato | 2 et 11/16 colmi (plein), soit 2,6875 | 1 | 268,75 | + 168,75 % |
Staio de sel | 33 | 1 | 3 300 | + 3 200 % |
11Une comparaison plus tardive, dans la Pratica della mercatura « en formation » des archives de la compagnie Datini de Prato (1385-1386) peut également être faite26. Les données restent identiques pour la livre-poids pesée à la stadera, le braccio, la livre d’argent, mais la capacité de contenance du staio de grain florentin diminue par rapport à celui de Pise après la réforme de 134327 alors que celle du staio de sel augmente.
Tab. 15 – Les équivalences de poids et mesures entre Florence et Pise selon le manuel de marchand des archives Datini (1385-1386)
Unité de mesure | Valeur à Florence | Valeur à Pise | (Florence / Pise) * 100 | Variation |
Livre au poids de la stadera | 100 | 105 | 95,23 | – 4,76 % |
Braccio di panno | 40 | 34 | 117,64 | + 17,64 % |
Livre d’argent | 1 = 12 onces | 12, 66 onces | 94,78 | – 5,21 % |
Staio de grain | 3 | 1 | 300 | + 200 % |
Staio de sel | 23 | 1 | 2 300 | + 2 300 % |
12Quoi qu’il en soit, les écarts peuvent être considérables entre les unités de mesure des deux villes, surtout pour la mesure des draps, des grains et du sel, marchandises essentielles à la vie économique florentine. Or, jouer sur les unités de mesure revient à jouer sur les prix réels puisqu’un marchand peut tromper son acheteur en lui vendant une marchandise dans l’unité la plus chère mais en lui transférant en réalité une quantité de marchandise moindre : par exemple, si l’on considère fictivement que le prix du poids de la livre d’argent est la même entre Pise et Florence, si l’acheteur paye pour une livre-poids d’argent de Pise (valeur = 12,66 onces) alors que le marchand lui transfère une livre-poids d’argent de Florence (valeur = 12 onces), le marchand conserverait pour lui frauduleusement 0,66 once, qui s’ajouterait à son profit normal.
13Cependant, l’achat à Pise ne lèse pas les Pisans puisque les quantités échangées restent les mêmes. Mais sur le marché florentin, certaines marchandises achetées à Pise peuvent devenir plus avantageuses que celles provenant du contado florentin, puisque les quantités (de métal d’argent ou d’une marchandise pesée à la stadera qui ne soit ni des draps, des grains ou du sel) sont plus importantes pour le même prix, ce qui revient à dire que le prix unitaire a baissé. Nul « dumping » sur le marché pisan donc, mais la manipulation est possible pour quelques types de marchandises (même si la livre-poids à la stadera peut servir à peser un grand nombre de marchandises différentes) envoyées à Florence, où les marchands florentins pourraient accroître leurs profits, sachant par ailleurs qu’ils ont déjà payé à Pise des taxes proportionnellement moins élevées que celles qu’ils auraient dû payer pour la même quantité à Florence. Cela étant dit, dans l’ensemble, les unités de mesure sont plutôt défavorables aux Florentins.
14L’adoption des mêmes poids et mesures suppose en outre des procédures de conversion drastiques. C’est bien pour cela que les Brefs de la commune et du Popolo de Pise (1286-1287) insistent sur l’obligation d’échanger en utilisant exclusivement les référents pisans, notamment la canna de la Curia mercatorum pour les draps, sauf pour les draps « français » importés. Les officiers mesureurs de la Curia mercatorum doivent vérifier les mesures, afin de garantir l’absence de manipulation sur les taxes et proclamer publiquement l’absence de fraudes28. Il s’agit donc pour la commune pisane de garantir ses rentrées fiscales. La fraude sur les mesures est en effet punie par une amende allant jusqu’à 25 lires de deniers pisans, voire une amende de 50 lires si le marchand fournit un poids moindre de marchandises29. Ces décisions sont reprises dans la compilation des Breve pisani comunis de 1313-1318, mais l’amende est portée à 25 lires en petits deniers pour l’acheteur et pour le vendeur, et une liste des marchandises concernées est détaillée30. Afin d’appliquer efficacement cette mesure, chaque parcelle du territoire pisan doit être dotée des contenants et repères adéquats pour les mesures du blé31 (quarras, quart de staio)32, d’huile33 (contrôlées ou sigillées par la commune)34, ou de vin en barils dûment scellées par la commune35.
6.1.2. La répétition des clauses sur la liberté de circulation (fin XIIIe-XIVe siècle)
15Des mesures concernant la liberté de circulation sont reprises dans les clauses commerciales du traité de 127036. Celui du 12 juillet 1293 lie encore plus exemption de droit de douane et liberté de circulation puisque les franchises sont placées en début de texte, avant d’énoncer ce qui apparaît désormais comme une conséquence, la libre circulation, entendue comme non entravée par le paiement de droits de douane, de taxes, de péages, ou d’autres gabelles37.
16Il faut attendre le traité du 12 mai 1317 pour retrouver des mesures commerciales bilatérales, qui sont insérées dans un accord général entre cités guelfes et cités gibelines après les guerres d’Uguccione della Faggiola, seigneur de Pise et Lucques contre Florence38. La rubrique de mercantis deferendis39, matrice des traités ultérieurs, précise que les communes de la ligue guelfe peuvent librement faire transiter leurs marchandises, biens mobiliers, et argent pour commercer sans obstacle dans les territoires lucquois et pisans.
17Ensuite, le traité de 1329 prend à la fois en compte celui de 1317 et sa contestation en 1321-1322. Le texte de 1317 est repris à l’identique, en ajoutant un adverbe très révélateur, secure40 : c’est rendre encore plus explicite la volonté des Florentins de pouvoir accéder à Porto Pisano sans payer de droit de douane et surtout de pouvoir s’y sentir en sécurité, parce que les termes des échanges sont eux aussi sécurisés. La formule libere et secure est par ailleurs reprise par la suite en 134341 et en 136942.
18La liberté de circulation des Florentins à Pise n’est donc pas une donnée automatique et nécessite d’être fixée dans cette série de traités bilatéraux, dont certains contiennent des clauses commerciales détaillées. Cette liberté s’entend par ailleurs au sens médiéval de privilège, car elle est souvent assortie d’une exemption du paiement de droits de douane.
6.2. L’évolution des exemptions de taxes et droits de douane
6.2.1. Les taxes et droits communaux pisans
19Il convient de faire l’inventaire des taxes payées à Pise au XIVe siècle43, et si possible d’évaluer leur coût, afin de replacer les exemptions florentines dans leur contexte pisan.
20Certaines taxes portant sur tout type d’échange de marchandises ont une origine romaine : le droit prélevé sur les rives des fleuves (ripaticum), sur les lidi maritimes (portaticum), sur les places (plateaticum), les jours de marché (siliquaticum), sur les marchandises vendues dans les marchés (curatura)44. B. Casini les inventorie45 et mentionne notamment :
- les taxes sur la circulation prélevées dans certains lieux, comme certaines portes de la cité46, la Piazza Maggiore, la Piazza della Biada, sur les ponts et au palais ;
- celles portant sur les mesures ou la vente de certaines marchandises, comme l’huile, le fer, le sel et les opérations de tarage47 ;
- les taxes payées pour les opérations portuaires ou le transport, comme celles sur l’ancrage des navires à Porto Pisano48, pour le dépôt des marchandises dans le fondaco portuaire49 puis leur transport jusqu’à Pise50 ;
- celles payées sur certains types d’échanges, comme les contrats, les testaments, les donations, les dots et les loyers ;
- celles sur le droit de possession ou d’exercice d’une activité (taxe payée par les artisans, par exemple), sur les salaires et les indemnités, sur la possession de chevaux ou encore l’enterrement des morts ;
- sans oublier les gabelles pour l’achat de sel, comme la gabella vecchia et la gabella intersiata.
21Notons que les sommes récupérées sont sujettes à variations. Pour les biens comestibles, les taxes peuvent diminuer afin de faciliter l’importation. De brusques oscillations peuvent intervenir afin de financer une opération extraordinaire. Elles varient aussi en fonction du groupe auquel appartient l’acheteur : dans certains cas, les étrangers (forestieri) payent moins que les Pisans, qui s’en plaignent aux autorités, comme les taverniers en 131851.
6.2.2. L’exemption des droits de douane aux XIIe et XIIIe siècles
22En 1171, les Florentins obtiennent la garantie que leurs droits de douane n’augmenteront pas durant la durée de validité du traité – théoriquement 40 ans, à condition que les serments des citoyens soient renouvelés tous les dix ans52. Ainsi, ils ne payent que la moitié de la taxe d’amarrage (ripa) dont s’acquittent les Pisans53.
23Autrement dit, selon G. Volpe, les Florentins monnayent leur soutien diplomatique et militaire en échange d’un droit de douane très favorable. Florence étant à cette époque une puissance commerciale mineure, la concession peut sembler sans grande conséquence pour Pise. Il s’agit pourtant, du point de vue florentin, d’une ouverture des territoires pisans – y compris de son vaste empire maritime – et d’une sécurisation des échanges entre les deux villes. Rappelons aussi que Florence donne la préférence à la circulation des deniers pisans sur les deniers lucquois, car les Pisans s’engagent à leur céder la moitié de leur droit de frappe54.
24Dans le traité de 1256, les Florentins sont exemptés du paiement de tous les péages, mais doivent payer des droits de douane (acathia sive legatia) minorés – ce qui concrétise la liberté de circulation vantée dans les traités –, qui sont détaillés :
- 15 s. pisans pour les marchandises de plus de 100 lires de petits deniers pisans (soit 0,75 %) ;
- pas plus de 25 s. de petits deniers pisans pour les draps de laine d’Outremont ;
- pour les autres marchandises transportées sur les rivières, pas plus de 15 petits sous pisans par commarium, que seuls les transporteurs pisans doivent payer ;
- cependant, aucun prélèvement n’est prévu pour ceux qui transportent des monnaies, de l’or ou de l’argent55.
25Les tarifs de douanes des Florentins sont maintenus dans le traité de 1270, notamment pour le cas général des 15 s. pisans pour 100 lires de marchandises, à l’exception du sel et des blés. D’autres tarifs sont modifiés :
- Pour les draps de laine d’Outremont, les Florentins ne payent pas plus de 25 s. en petits deniers de Pise par drap pour les droits de douane (pro drictu, decathie vel alio modo) et 12 petits deniers pisans par trousseaux (pro drictu modii [sic]).
- Le prélèvement sur les marchandises transportées sur les rivières passe à 16 s. et 8 d. en petits deniers pisans56.
- L’exemption de droit de douanes pour les monnaies et métaux précieux est maintenue.
26Le traité de 1293 est donc particulièrement généreux car il accorde une franchise générale sur le paiement de toute « levée de taxe, gabelle, péage, taille ou autre paiement » (exactione, gabella, pedagio, malatolta et modo et omni alia solutione) pour les Florentins à Pise57.
6.2.3. L’exemption de toutes taxes dans le traité de 1317
27Le traité du 12 mai 1317 reprend les mesures de 1293 qui ont été négociées le 27 février 1314, ratifiées par Florence le 26 mars puis suspendues par Uguccione della Faggiola58, mais en uniformisant le formulaire de cette rubrique (qui sera sanctuarisé par la suite)59. Dans un souci d’exhaustivité, la forme privilégiée est l’énumération afin d’englober les éléments dispersés dans les précédents traités. Les franchises et la liberté comprennent l’origine des biens circulants (undecumque), le type de biens pris en compte (mercimonia, mercantias, pecuniam, res et bona), le territoire où ils transitent (les cités de Pises et Lucques, et earum fortia et districtu, et terris subjectis), le moyen de transport utilisé (tam per terram, quam per mare, et alias aquas) – ce qui permet d’intégrer le transport fluvial qui faisait auparavant l’objet d’une simple incise – et le type d’opération commerciale effectuée (mercantias exercere, habere, et tenere, et vendere, emere, et permutare).
28Cette compilation formalise donc la liberté de circulation par tous les moyens. Mais à la différence des traités précédents, celui de 1317 exclut les denrées comestibles de toute exportation, sauf pour celles qui proviennent de l’extérieur du dominium pisan (Sardaigne et Lucques inclus) et qui sont ensuite exportées de Pise. Autrement dit, il s’agit des marchandises en transit, ce qui revient à favoriser l’importation de victuailles (victualia commestibilia) pour nourrir la ville, comme cela se fait dans de nombreux statuts communaux de l’époque60.
29Mais il ne faut pas se méprendre, cette liberté de circulation est suspendue au paiement des taxes usuelles de Pise, alors que les Florentins sont totalement exemptés de leur paiement61. C’est l’occasion pour les autorités d’énumérer : 1) les types de taxes et de gabelles, à savoir les gabelles (cabele), redevances (diricture), redevances portant sur la circulation (curatorie), redevances d’amarrage (ripe pour ripaticus), ou les autres éléments soumis à une redevance (modi victigalis) ou à un péage (modi portorii), mais aussi 2) les catégories juridiques (personnes, marchandises, bétails ou autres biens) pour lesquelles les Florentins ne payent pas de taxes. Le traité de 1317 représente donc une étape supplémentaire dans la rationalisation, puisque l’organisation générale change et que les rubriques sont dotées de titres. Autant le traité de 1256 est la matrice des sujets abordés, autant le traité de 1317 en est la matrice scripturaire.
30Grâce au traité de 1317, les Florentins sont donc exemptés du paiement de tous types de taxes : l’avantage comparatif en termes de prix est donc considérable sur la place pisane. Reste qu’il faudra replacer les frais pisans dans l’ensemble des dépenses effectuées des marchands.
6.2.4. Un conflit majeur : la contestation de l’exemption de taxes des Florentins (1321-1322)
31Rapidement, la Mercanzia de Florence doit défendre les avantages acquis en 1317. En effet, des contestations ponctuelles ont lieu, comme le prouve la lettre du 6 mars 1320 adressée aux officiers des gabelles de Pise, chargés de récolter les taxes sur l’Arno : la Mercanzia y réclame l’application de la franchise aux embarcations florentines qui en sont injustement grevées62, dans une période de contestation générale des termes des échanges entre Florentins et Pisans63. En mai 1325, Gaetano Malpigli, passant par Castelfiorentino, est obligé de payer les taxes et péages, après avoir vainement rappelé que ses compatriotes en étaient exemptés depuis 131764. De plus, G. Rossi Sabatini mentionne – sans le dater ni renvoyer à une cote archivistique – l’existence d’un iudex ad Curiam gabellarum et immunitatum Florentinorum et Senensium65 : ce juge pourrait avoir été chargé de résoudre les conflits sur les franchises de droit de douane dont bénéficient les marchands florentins après 1317.
32Mais la contestation la plus systématique des franchises de taxes dont bénéficient les Florentins à Pise a lieu en 1321-1322. Il faut cependant prendre garde à ne pas survaloriser l’importance de cet épisode. D’une part, l’augmentation des droits de douane est générale à cette époque, en raison des besoins financiers de Pise pour défendre ses possessions sardes contre les Aragonais. Elle ne touche pas que les Florentins, puisque Sienne, Gênes et Venise protestent et négocient aussi à ce sujet66. Il ne s’agit, d’autre part, que de l’une des causes d’hostilité entre les deux villes, puisqu’au début des années 1320, Pise s’allie aussi à Castruccio Castracani, l’ennemi le plus dangereux de Florence67. En juin 1322, Nieri di Donoratico se proclame Capitaine général de la cavalerie et défenseur du Popolo de Pise et mène une politique économique hostile aux Florentins : en violation du traité de paix de 1317, il augmente des taxes68. Mais Florence fut la première à créer, le 10 mai 1321, une nouvelle taxe sur les échanges prélevée aux portes de la ville (4 d. par lire, soit 1,66 %), dont le prélèvement sur les marchandises pisanes à Florence (en violation du traité de 1317) reste incertain69. C’est dans ce contexte que le premier registre de taxes payées par les Pisans à Florence entre le 15 juin et le 13 octobre 1321 a été conservé dans les archives de la Mercanzia70. Il est donc difficile de dire qui a pris l’initiative d’une politique douanière hostile, même si les mécanismes fiscaux sont similaires.
33Les Pisans se justifient par des arguments juridiques. Ils affirment que l’exemption des taxes concédée en 1317 n’est valable que pour les taxes existantes à la signature du traité, qui ne souffle mot de celles qui pourraient être créées par la suite. Par conséquent, les Pisans augmentent les taxes sur les draps étrangers : les marchandises expédiées à Florence doivent payer une surtaxe de 50 % (en avril 1322, les taxes passent de 6 s. à 9 s. par torsello pour les autres marchandises dirigées vers l’intérieur des terres)71 alors que tous les achats et tout le transit des Florentins à Pise sont touchés par une taxe équivalant à 1,66 % de la valeur des marchandises (juin 1322)72. En réalité, selon G. Rossi-Sabatini, elle correspond à une taxe sur le transit des marchandises73.
34Les Florentins rejettent cette interprétation du traité de 131774 et envoient en vain des lettres aux Pisans, puisque des violences autour de ces taxes se poursuivent : en 1322, Vanni di Betto Sciorta est arrêté et torturé à Florence pour avoir transporté des marchandises de la Marche d’Ancône jusqu’à Pise en se soustrayant au paiement des taxes florentines75.
35Les négociations avec les ambassadeurs florentins à Pise apportent d’autres éléments76. Le 23 juillet, ils protestent contre ces nouvelles taxes, qui contreviennent aux exemptions et aux immunités obtenues par les Florentins en 131777. Mais le Conseil Général de Pise décide de s’en remettre à un groupe d’experts choisis parmi les Savi78. Pour accélérer les choses, les ambassadeurs florentins proposent de confier l’examen des points litigieux à un médiateur, tandis que les marchandises et l’argent des Florentins seraient déposés chez deux sociétés commerciales pisanes79, si Florence ratifiait l’accord. Or, cette dernière réclame toujours la suppression de la taxe du 22 juin 1322 (1,66 %) et souhaite que le dépôt soit effectué à Florence chez quatre des compagnies pisanes les plus riches80. Pise refuse l’abrogation de la taxe, fondée en droit (de iure) selon elle, mais se montre conciliante sur le reste. Malgré quelques incidents, Florence fait également un compromis en déclarant vouloir libérer des prisonniers pisans (septembre 1322), tandis que Pise autorise la commune (et non des particuliers) de Florence à exporter du blé depuis Pise81.
36Ce semblant d’ouverture ne doit pas faire illusion, puisque les décisions florentines signent la fin des négociations et un durcissement des positions82, visibles dans les délibérations83. Le 2 septembre, la Seigneurie florentine adopte la proposition de loi des Prieurs, afin de tout faire pour conserver les franchises de taxes des Florentins à Pise, mais malheureusement, les détails nous échappent car les Provvisioni florentines ne sont pas conservées pour cette année84.
37Le 3 septembre, la Mercanzia institue ensuite une commission spéciale pour défendre les franchises de taxes obtenues à Pise. Elle est constituée de l’Officier étranger de la Mercanzia et de huit sages (sapientes)85, dont fait notamment partie Giovanni Villani, qui rapporte l’événement sans sa Nuova Cronica86. Cette commission interdit à 66 compagnies florentines87 le transport ou le nolissement sur des galères ou des barques transitant par Pise ou par Porto Pisano, sous peine de 100 florins d’amende par infraction88, et ce pour les destinations suivantes : Provence, Sicile, « Barbarie » (Afrique du nord), Majorque, Espagne, Flandres, Angleterre, Chypre, Rhodes89. Un camerlingue, Tegghia Tolosini, un des huit sapientes de cette commission, est même élu le 6 septembre pour récolter ces amendes90.
38Puis, le 16 septembre, cette commission des huit sages complète le dispositif en interdisant aux Florentins d’échanger avec Pise pour ne pas avoir à payer les nouvelles taxes sur le territoire de cette dernière, sous peine de payer une amende équivalant au quart de la valeur des marchandises vendues91. Plus précisément, tout bien frappé d’une taxe payée par l’acheteur ou le vendeur ne peut être échangé92.
39Pour mieux contrôler les exportations des Florentins, la commission des huit sages interdit aux officiers de la commune florentine de délivrer les cédules (apodixe) pour le transport des épices, des textiles de soie, des cuirs, des teintures industrielles, des cotons, sans que l’Officier de la Mercanzia n’approuve (12 octobre 1322)93, non sans avoir permis de manière exceptionnelle à quelques grandes compagnies d’exporter en urgence leurs draps à Pise avant de les envoyer ailleurs94. Ce contrôle est renforcé par des mesures plus strictes qui interdisent formellement l’exportation de marchandises de Florence vers Pise par les Florentins, sous peine de payer une amende95. Autrement dit, Florence boycotte Pise. De plus, les étrangers ne peuvent ni exporter de marchandises avant d’avoir subi le contrôle du notaire affecté à cette tâche (ser Giovanni da Calenzano)96, ni exporter de marchandises pour le compte des Florentins97. Tout cela contribua à réduire considérablement les velléités d’exportation entre les deux villes98 : c’est dans ce contexte que le deuxième registre des taxes payées par les marchands pisans à Florence entre le 16 novembre 1322 et 16 janvier 1323 a été conservé99. Le contrôle et l’estimation des marchandises pisanes à Florence existent vraisemblablement encore en février 1327100.
40Ce boycott des Florentins conjugué aux mouvements militaires (concentration de cavalerie florentine autour de San Miniato) est assez efficace101. Pise cède en effet dès décembre 1322. Elle reconnaît la validité des immunités et franchises de taxes accordées aux marchands florentins dans le traité de 1317 et annule celles mises en place en avril et en juin 1322. Florence, pour sa part, annule l’interdiction d’utiliser les navires pisans et promet d’appliquer les mêmes franchises de taxes aux Pisans lors de leurs transactions à Florence. Les futures tensions seront réglées par une commission mixte de quatre membres102, solution qui n’avait pas été utilisée depuis le traité de 1256103 et ne le sera à nouveau qu’en 1369104.
6.2.5. Les exemptions de taxes dans le traité de 1329
41Le traité de paix signé à Montopoli le 12 août 1329 achève une nouvelle période de guerre entre Pise et Florence105. Après 1317, les relations restent relativement amicales, malgré l’épisode de 1321-22. Mais la descente en Toscane de l’empereur Louis IV de Bavière, notoirement hostile à Florence, déclenche les hostilités car il fait du seigneur de Lucques, Castruccio Castracani, celui de Pise. La défaite des troupes impériales et gibelines à Altopascio (23 septembre 1325), la mort de Castracani et le départ d’Italie de Louis IV de Bavière ont poussé à négocier ce traité, signé en 1329106.
42La rubrique sur les transports de marchandises à Pise (de mercantis deferendis) est considérablement complétée107. Les exemptions de taxes sont accrues. Le premier item reprend les franchises de 1317, qui autorisent le commerce entre Florentins et Pisans sans exiger aucune taxe, et précise la liste des victuailles dont l’exportation est interdite108. Suite aux tensions de 1321-1322, un ajout précise qu’aucune loi ne pourra annuler cette exemption109. Cette mesure renforce donc l’exemption de taxes dont bénéficient les Florentins en affirmant la supériorité juridique du traité bilatéral, qui ne peut être amendé par des décrets communaux. En réaction à l’épisode fâcheux de 1321-1322, la Seigneurie florentine tente de se prémunir contre un éventuel épisode similaire en forçant la hiérarchisation des différentes mesures : les traités intercommunaux sont un cadre plus contraignant que les statuts communaux ou les décrets, qui peuvent être modifiés en fonction des évolutions politiques110. La franchise des Florentins est donc « monumentalisée », impossible à annuler et comme figée dans le marbre, renforcée par l’épée de Damoclès financière d’une amende de 10 000 marcs d’argent (soit quasiment 6 800 kg d’argent…) si le traité n’est pas respecté111. Puisque les sommes en jeu ne pourraient être réellement versées tant elles sont prohibitives, la seule possibilité pour dénoncer ce traité est de faire la guerre… Cet épisode est par ailleurs capital pour comprendre à quel point le traité de 1369 bloquera les comportements respectifs des deux villes par la suite.
43Le troisième item112 autorise les Florentins à faire transporter leurs marchandises sur le territoire pisan par des tiers sans payer de taxes113, dès lors qu’ils prouvent leur citoyenneté en prêtant serment ou en produisant des lettres de la Mercanzia florentine. Cette extension des franchises aux transporteurs (vetturali) des Florentins est une explicitation du droit de faire conduire (conduci facere), déjà présent, dans la rubrique de 1317. Il est d’ailleurs précisé qu’en cas de transport mêlant des marchandises ou des sommes d’un Florentin avec un marchand étranger, seule la portion florentine est considérée comme exempte du paiement de taxes114. C’est donc bien la « citoyenneté » – difficile à déterminer115 – du propriétaire des marchandises qui est prise en compte, même s’il n’est pas physiquement présent. Par conséquent, il est quasiment impossible de lier l’évaluation du trafic florentin avec leur importance démographique à Pise, ce qui justifie la méthode adoptée dans cet ouvrage.
44Le traité de 1329 accorde donc une exemption totale sur les droits de douane pour toutes les marchandises florentines car aucune loi ou décret pisan ne peut espérer la limiter, alors que seule la part des Florentins est exemptée de paiement si les transporteurs mélangent des biens possédés par des marchands de différentes citoyennetés. La seule exception concerne la vente des vins au détail116, grevée des taxes normales depuis l’accord dérogatoire de 1295117. Il faut enfin noter qu’à partir de 1333, la Mercanzia crée un officier résidant à Pise spécialisé dans la défense et l’application des privilèges des Florentins à Pise, au premier chef duquel figurent les franchises de taxes et gabelles118.
6.2.6. Les exemptions de taxes dans les traités de 1342 et de 1343
45La tentative infructueuse de Florence pour mettre la main sur Lucques en 1341 entraîne l’établissement de la seigneurie de Gautier de Brienne sur Florence et la signature de la paix avec Pise, le 9 octobre 1342119. Dans ce traité, les Pisans imposent le rétablissement d’une taxe de 0,83 % (2 d. par lire), soit un peu plus élevée que celle qui existait en 1256 et en 1270 (0,75 %)120. Ces pourcentages correspondent à la moitié de ce que payent les Pisans et ne pourront pas augmenter sans l’accord de Florence. Les termes sont nettement moins favorables aux Florentins mais si les deux communes s’accordent pour accorder « l’immunité, franchise et liberté de cette taxe » pour une période non négociable de cinq ans, alors les Florentins auront à verser 5 000 florins de moins par an, soit une réduction de 25 000 florins au total121. C’est pourquoi le tribut que devront payer les Pisans est formulé sous forme d’un minimum et d’un maximum, dépendant des accords ultérieurs122. Autrement dit, soit les Florentins payent une taxe, soit les Pisans payent moins de tributs, ce qui instaurerait une relation plus équilibrée du point de vue pisan. Une des causes de tensions peut résider dans la possibilité d’étendre cette franchise aux céréales exportées de Sardaigne ou de l’extérieur du dominium pisan, ce qui peut revenir à menacer l’équilibre annonaire de la commune pisane123.
46Le mécontentement provoqué par cette mesure à Florence conduit ainsi à la signature d’un accord plus acceptable sur la longue durée, le 15 novembre 1343124. La rubrique de mercantis deferendis y est conservée125 : la liberté d’importer et d’exporter des marchandises – à l’exclusion des victuailles – du territoire pisan est toujours concédée aux Florentins mais, cette fois-ci, elle est suspendue au respect du règlement et du paiement des taxes126. L’exemption n’est donc pas totale.
47Pour les transports terrestres, les Florentins doivent payer une taxe de 2 d. par lire de marchandises (soit 0,83 %)127. Il s’agit toutefois de la seule taxe à payer, même en cas de réexportation dans les deux mois suivants. L’estimation du prix de la marchandise est faite par les officiers de la porte San Marco – au sud-est de Pise, dans le quartier de Kinzica128 – ou par Andrea Gambacorta, quand l’estimation n’est pas faite à la porte San Marco ou quand la taxe doit être payée par les acheteurs (plutôt qu’en cas d’incompétence des officiers comme semble le suggérer P. Silva)129. Si Andrea Gambacorta ne dirige pas une faction pro-florentine dès les années 1320 – malgré la pétition présentée en 1325 réclamant de faire « de grandes choses avec les Florentins » –, on sait qu’il tient en 1337 une boutique de vente de draps de laine et a donc dû être choisi par les deux communes pour son expertise marchande et pour sa proximité avec les Florentins130.
48Dans le cas de marchandises transportées sur les mers, les Florentins sont exemptés du paiement de toute taxe, qu’elles soient estimées normalement ou par Andrea Gambacorta131.
49Les Florentins sont donc exemptés du paiement de deux taxes différentes pour les marchandises importées par voie maritime : 1) celle pour l’importation ou l’exportation des biens si l’exportation a lieu deux mois après l’importation et 2) celle payée pour un échange onéreux (achat, emptione) ou pas (acquisition, acquisitione). L’absence de paiement dépend, comme en 1329, de la citoyenneté des propriétaires des marchandises en transit. C’est pourquoi un Florentin transportant des marchandises pisanes devra payer la taxe qu’auraient à payer les marchands pisans à Pise132.
50Deux conditions sont toutefois nécessaires pour bénéficier de cette franchise dans les transports maritimes. D’abord, l’estimation de la valeur totale des marchandises florentines ne doit pas excéder 200 000 florins par an (soit une perte de 166 666 florins de taxes pour la commune pisane) : au-delà, ils doivent payer une taxe – la même que pour les marchandises transportées par voie terrestre – de 2 d. par lire (0,83 %) de marchandises dont les valeurs sont estimées à la porte de la Douane (Degazia)133.
51La seconde condition impose que les marchandises ne soient pas déballées et exportées avant deux mois134, si ce n’est sous la surveillance d’un officier des gabelles pisan, qui surveillera gratuitement les marchandises car les fraudes sur les taxes entrent dans ses attributions. La surveillance du déballage des marchandises, de leur éventuel ré-agencement pour la vérification, le transport ou le stockage partiel à Florence doit donc empêcher les autres marchands – de Prato, Pistoia ou d’autres communes associées à Florence dans les traités précédents – de s’associer à des Florentins pour bénéficier de l’exemption de taxes, ou d’empêcher des Pisans associés à des Florentins d’éviter de payer les taxes dues.
52Le contrôle attentif était certifié par une cédule prouvant la vérification135. Cette pratique explique sans doute l’invisibilité des marchandises florentines dans les registres de douanes ordinaires de la Gabella Maggiore pisane à la fin du siècle136 : soit elles n’étaient pas inscrites dans les registres de douane, soit elles l’étaient dans des livres à part qui ont disparu, à l’exception de ceux de 1321-1322 (pour les Pisans)137 et de 1374-1382 (pour les Florentins)138 conservés dans les archives de la Mercanzia florentine.
53Cependant, les marchandises des Florentins qui seraient vendues à Pise sont soumises à des taxes, ce qui les met donc sur un pied d’égalité avec les vendeurs pisans139. L’exemption de taxes réduit donc uniquement les frais des Florentins important des marchandises jusqu’à leur ville d’origine. Cette mesure du traité de 1343 bloque toute possibilité d’avoir un avantage comparatif en termes de prix lors d’une vente à Pise.
54Enfin, l’ordre et la hiérarchie des arguments changent. Alors que dans le traité précédent l’énumération des taxes et gabelles dont étaient exclus les Florentins venait en premier, ici la liberté de transit est d’abord affirmée, puis soumise au paiement des gabelles, avant de clore la rubrique par la précision qu’aucun autre droit ne peut être prélevé, puisque cette rubrique est supérieure aux lois pisanes et florentines, deux éléments repris du traité de 1329140.
55Par ailleurs, les Pisans bénéficient d’une clause réciproque, mais pour un montant inférieur, puisque la franchise n’est que de 30 000 florins pour les marchandises provenant de Venise qui ne doivent pas être déballées sans la présence d’un magistrat et doivent être exportées de Florence dans les deux mois141. Or, en extrapolant sur une année leurs exportations vers Pise en 1321, on atteint plus de 38 000 florins de marchandises, qui ne viennent évidemment pas toutes de Venise : le chiffre de 30 000 florins correspond donc à environ ¾ de la valeur annuelle des échanges totaux, il n’est pas certain qu’il couvre tous les échanges de Venise à Pise, qui apparaît donc moins favorisée.
56Le traité de 1343 n’accorde donc pas une franchise totale de toutes les taxes aux Florentins, qui doivent payer 2 d. par lire (soit 0,83 %, soit la plus haute taxation constatée depuis le XIIIe siècle) pour les importations terrestres et disposent d’un forfait de 200 000 florins annuels de marchandises importées par voie maritime non soumises à d’autres taxes. Dans ce dernier cas, les biens vendus à Pise par les Florentins et les Pisans sont assujettis à la même taxe : les marchandises florentines vendues immédiatement sur place ne sont donc pas moins chères. Les droits de douane sont donc réduits, mais les taxes sur les achats ou les acquisitions de biens doivent toujours être payées par les Florentins.
57De plus, le traité de 1343 définit d’autres taxes à payer pour les Florentins au même titre que les Pisans, notamment celles sur les victuailles et le vin acheté et consommé en ville142. Par exemple, quand ils hébergent et nourrissent d’autres Florentins, ils ne payent pas la taxe des aubergistes, mais celle qu’un Pisan payerait lors de l’achat de nourriture pour sa famille143. Il s’agit donc d’une dérogation par rapport à la situation habituelle décrite dans les Brefs de la commune et du Peuple de 1287, où seuls les étrangers de bonne réputation peuvent acheter leur vin et leur nourriture au tavernier et doivent payer les taxes afférentes144.
6.2.7. Les exemptions de taxes dans les traités de 1364 et de 1369
58Le traité de 1364 ne mentionne pas d’accord sur les taxes, car il se limite à une paix « militaire » et n’aborde qu’indirectement les questions commerciales, via la restitution des terres, l’annulation des bannissements et la suspension des représailles145.
59Celui du 16 juin 1369 est en revanche beaucoup plus loquace à ce sujet146. Entrant en vigueur dès le 18 juin, les Prieurs et le Gonfalonier de justice de Florence demandent le 1er juillet de faire appliquer immédiatement les dispositions sur les taxes, ce qui est accepté le lendemain par les officiers pisans147.
60L’exemption des taxes est alors la plus extensive possible, et reprend le formulaire de 1329148. Concernant les victuailles, leur exportation reste interdite, sauf pour les poissons149, et l’importation de victuailles ou de vins non réexportés est soumise au paiement de taxes150. Dans les autres cas, les Florentins peuvent (faire) importer/exporter leurs marchandises et exercer le commerce à Pise sans payer de taxes. De plus, leurs partenaires commerciaux, qu’ils achètent ou qu’ils vendent, ne les payent pas non plus, alors qu’en 1343 ils devaient payer les mêmes taxes que les Pisans. En 1369, les acheteurs des Pisans à Florence doivent également payer les taxes florentines151. À la différence du traité de 1343, les marchandises florentines vendues à Pise acquièrent donc un avantage comparatif en termes de prix grâce au traité de 1369, dont on examine l’ampleur dans les paragraphes suivants.
61Les concessions accordées aux Florentins sont même renforcées152. Ils peuvent transporter leurs marchandises sur leurs propres navires dans les eaux fluviales et maritimes de Pise sans avoir à les faire contrôler par quiconque, puisque le contrôle du déballage de leurs marchandises par les officiers pisans institué en 1343 disparaît totalement en 1369153.
62La commune de Pise perd donc théoriquement le contrôle du transit des marchandises florentines sur son territoire, puisqu’elles bénéficient d’une sorte d’extra-territorialité, à l’image de l’impossibilité de contrôler le contenu des bagages des ambassadeurs au XIVe siècle. Par ailleurs, le transport direct par les Florentins est une originalité lourde de sens, car les statuts communaux visent toujours à impliquer les locaux dans la vente ou le transport des marchandises154. Les Florentins ne veulent donc pas renoncer aux navires achetés après la rupture de 1356. Cela signifie aussi la fin du monopole des Pisans sur le transport de marchandises, qui était une source essentielle de revenus. Autrement dit, cette mesure introduit une concurrence entre armateurs pisans et florentins, qui remet en question l’assertion de G. Volpe selon laquelle les armateurs pisans étaient favorables aux Florentins parce qu’ils tiraient des bénéfices du transport de leurs marchandises.
63La deuxième rubrique du traité est nouvelle et s’applique indifféremment aux Pisans et aux Florentins. Les officiers des gabelles pisans sont désormais obligés de faciliter le transport des marchandises, des hommes, des animaux et des véhicules des Florentins (y compris si les transporteurs et les véhicules ne sont pas florentins) si ces derniers leur demandent de l’aide : cette disposition a certainement été prise pour prévenir un regain d’hostilité des officiers pisans, comme cela a pu être le cas entre 1356 et 1369 lorsqu’ils appliquaient la politique anti-florentine de la commune155. Non seulement les Florentins sont exemptés du paiement de droits de douane, mais ils sont partiellement délestés des questions logistiques, puisque la commune pisane doit les assister. Cette gestion pisane n’est toutefois pas gratuite : la rubrique oblige les Pisans à fournir ce service dans de bonnes conditions et à un prix juste156.
64La troisième rubrique exempte également les tiers transportant les marchandises des Florentins du paiement de taxes, dès lors qu’ils peuvent prouver leur citoyenneté157, comme c’était déjà le cas en 1329. Après le recul de 1343, il s’agit donc de revenir à une situation plus favorable pour les Florentins, même si, cette fois-ci, la clause est réciproque pour les Pisans présents à Florence. Le mécanisme d’identification convoquant les serments et les lettres de la Mercanzia est repris, de même que les règles pour déterminer si le lot de marchandises est partiellement possédé par des Florentins ou non : dans ce cas, seules les marchandises non florentines sont soumises au paiement de taxes158. De plus, les règles s’appliquant aux transports des marchandises pour d’autres étrangers, mais qui ne disposeraient pas immédiatement des espèces sonnantes et trébuchantes pour payer les taxes, sont reprises sur celles de 1329159.
65La réciprocité sur les exemptions de taxes n’est pas totale pour les Pisans : la liberté de transit pour leurs marchandises est conditionnée au paiement de taxes, et leurs partenaires commerciaux doivent payer les mêmes que les Florentins. Seule la franchise de 30 000 florins sur les marchandises en provenance de Venise est maintenue. De nouvelles concessions leur sont tout de même accordées : ils peuvent importer tout type de marchandises, d’où qu’elles proviennent, dans la mesure où leurs acheteurs payent la même taxe sur les importations que les Florentins. Cela revient à ne pas accorder de baisse de prix de vente pour les marchandises pisanes vendues à Florence. Les Pisans peuvent également acheter ce qu’ils veulent à Florence – sauf pour les produits alimentaires – sans payer davantage de taxes. Si le transport à Pise se fait dans les deux mois, ils ne payent aucune taxe ou péage, mais leurs marchandises peuvent être contrôlées aux portes de la ville160, contrairement au traitement que reçoivent les Florentins à Pise. Les Pisans obtiennent donc un avantage en termes de prix uniquement quand ils achètent des marchandises florentines qu’ils exportent rapidement (dans les deux mois) vers Pise. En revanche, l’introduction de leurs marchandises se fait sans payer de taxes, mais leur poids est reporté sur l’acheteur : le prix des marchandises pisanes ne baisse pas par rapport à celles des Florentins161. Cela revient donc à favoriser l’importation de marchandises florentines à Pise : les termes de l’échange sont donc inégaux et visent à renforcer les débouchés des artisans et marchands florentins162. Au final, la domination économique et politique de Florence sur Pise trouve ici sa traduction juridico-commerciale.
6.3. L’ouverture progressive de l’économie pisane aux artisans florentins (traités de 1343 et de 1369)
66Le traité de 1343 introduit une modification majeure qui pourrait avoir renforcé la concurrence des Florentins dans l’économie pisane. En effet, les artisans florentins qui veulent s’installer à Pise peuvent désormais le faire à condition de payer des droits d’installation. En cela, Pise poursuit sa politique de soutien à l’installation d’artisans et de maîtres étrangers afin de dynamiser certains secteurs, comme l’artisanat textile avec les mesures prises en 1324 et en 1335163. En revanche, après 1343, l’installation de courtiers164 – qu’ils soient Florentins ou étrangers – reste interdite, afin de préserver le contrôle communal sur les intermédiaires des échanges. En effet, la rubrique sur les courtiers (sensalie officium) et les mesureurs de draps de laine (mensuratores pannorum) est très restrictive : les personnes qui ne sont pas nées à Pise ont interdiction d’exercer ces Arts, à moins d’avoir l’autorisation des Consuls de la mer, des marchands et de l’Art de la laine, de vivre à Pise depuis plus de 10 ans, d’y payer leurs impôts durant cette période. Or, comme il s’agit de l’ensemble des critères que doit remplir une personne pour se faire naturaliser, cela revient en creux à interdire cette entrée pour les étrangers, sans toutefois l’affirmer explicitement. D’autre part, la rubrique instaure un numerus clausus (60 sensales élus par la Cour de la mer, 30 élus par la Cour des marchands et 10 autres élus par l’Art de la laine), et un anneau distinctif pour reconnaître les artisans en règle165.
67Il s’agit donc de rappeler les artisans florentins présents à leurs obligations fiscales : si leur présence peut potentiellement menacer la production artisanale pisane, la mise en règle avec le fisc peut aussi être interprétée comme une régularisation, généreuse, dans la mesure où bon nombre de professions sont interdites aux étrangers dans les statuts communaux de Pise.
68Dans le cas général, l’entrée des étrangers dans un Art est toujours soumise au transfert du domicile et de la famille, ainsi qu’au paiement des impôts et des taxes166, mais il est interdit aux étrangers d’être pêcheurs (pissicarius) ou brocanteur (rigacterius)167 sans être en règle avec le fisc, et les banquiers étrangers doivent payer les impôts personnels et réels, être Pisans ou avoir un père pisan168. Dans ces deux derniers cas, il s’agit quasiment d’une interdiction, puisque satisfaire toutes ces conditions revient à remplir celles permettant d’être naturalisé. Le cas pisan vérifie donc l’importance capitale de la fiscalité dans la définition de la citoyenneté et rappelle combien l’installation d’artisans étrangers n’est tolérée que dans la mesure où ils contribueront à développer une activité économique et à payer leurs impôts sur place169.
69Quant aux forgerons, ils doivent se mettre en règle avec le fisc, prêter serment et payer un droit d’entrée de 20 s.170. Les taverniers doivent remplir plusieurs conditions, afin d’éviter qu’ils n’exportent les denrées pisanes171 : ils doivent prêter serment devant les consuls de l’Art172 et payer 10 lires de droit d’entrée173, ce qui leur permet de s’approvisionner en viande et nourriture, s’ils sont de bonne réputation174.
70L’artisanat du cuir, grande spécialité pisane, est particulièrement protégé : les étrangers n’ont pas le droit de saler les peaux à l’eau froide175, tandis que les cordonniers176 et les peaussiers177 déjà installés ont interdiction de dévoiler leurs secrets de fabrication178.
71Avant 1343, les statuts communaux de Pise ne favorisaient pas l’installation des artisans étrangers, sauf dans quelques cas où la demande était plus forte, comme les calfats, dont l’entrée dans l’Art est facilitée, puisque personne ne peut leur interdire d’exercer179.
72Paradoxalement, la limitation de l’exemption de taxes pour les exportations de Pise vers Florence est compensée par celle payée par les Florentins résidant de manière plus durable à Pise, ce qui pourrait prouver leur présence plus nombreuse au milieu du XIVe siècle. Cette hypothèse est confirmée par M. Tangheroni, qui notait la fréquence de l’apparition des Florentins à Pise jusqu’en 1345, pour des transferts de domicile, des achats de propriétés ou pour des mariages180.
73Le traité de 1369 reprend les mêmes thématiques et les mêmes rubriques qu’en 1343 concernant les taxes à payer pour les artisans florentins installés à Pise. Mais l’impossibilité d’exercer le métier de courtier est supprimée dès lors qu’ils payent la même taxe que les Pisans181. Les Florentins ont donc une totale liberté pour commercer sur la place pisane et peuvent massivement concurrencer les locaux, puisque la franchise de taxes s’étend aussi à leurs acheteurs et clients. L’ensemble des exemptions forme donc un système cohérent qui n’interdit plus aucun secteur de l’économie pisane aux marchands et banquiers florentins après 1369. Cet entrisme des Florentins dans l’économie pisane, favorisé par le traité commercial de 1369, concerne tout autant l’artisanat, en particulier leur grande spécialité et l’une des productions dont la valeur ajoutée est la plus forte : le travail de la laine. En effet, la première rubrique sur la franchise générale de taxes pour les Florentins mentionne subrepticement leur droit de faire laver leur laine dans tous les cours d’eau pisans182. Ils sont également exemptés du paiement des taxes des taverniers, quand ils reçoivent ou nourrissent leurs compatriotes, mesure étendue à la nourriture des patrons et des notaires des navires florentins183. Ils ont enfin le droit de vendre du vin au détail et – c’est une nouveauté – de la viande en tant que bouchers, tant qu’ils payent régulièrement les taxes184.
74Par conséquent, comme le résume parfaitement P. Silva à propos du traité de 1369, alors que les Pisans sont presque traités comme des Florentins à Florence, les « Florentins sont traités à Pise avec des facilités et des privilèges dont ne jouissent pas les Pisans eux-mêmes185 ». Non seulement la franchise de droits de douane est totale, hormis les cas stratégiques de vente de nourriture soumise à autorisation, mais elle s’étend également aux clients qui achèteraient des marchandises aux Florentins, dont les prix sont donc plus bas que ceux des Pisans. Comme par ailleurs, les Florentins peuvent également faire travailler leur laine sur le territoire pisan, ils peuvent produire pour le marché local sans être gênés par le protectionnisme pisan et économisent les coûts de transport entre Florence et Pise. Comme ils peuvent aussi être courtiers, ils n’ont plus aucune restriction dans l’exercice in situ de leurs activités commerciales. Ils sont donc capables de concurrencer tous les secteurs de l’économie pisane, sans épargner les groupes qui auraient précédemment pu bénéficier de leur présence dans la cité maritime, puisqu’ils peuvent également se passer des armateurs pisans dès lors qu’ils sont autorisés à faire transporter leurs marchandises sur leurs propres navires. C’est bien pour cela que les Florentins cherchent à tout prix à conserver la possibilité d’installation à Pise de leurs artisans dans les négociations de 1397-1398 avec le régime des D’Appiano.
6.4. Quelle économie sur le prix de vente représente l’exemption de droits de douane ?
6.4.1. Une évaluation grâce aux manuels marchands et à la réglementation
75Les Florentins ne sont pas les seuls à bénéficier d’exemptions de certaines taxes, mais ce sont les seuls à l’être totalement en 1329. Dans tous les cas, ils doivent faire face à d’autres types de frais pour acheminer leurs marchandises, comme l’illustre la Pratica della mercatura de Francesco Balducci Pegolotti : rédigée entre 1335 et 1343, elle indique ce qu’avaient à payer les Florentins, puisqu’il était facteur puis directeur d’agence de la compagnie des Bardi. Les frais étant libellés parfois par contenant dont on ne connaît pas le poids (balles, sacs, bandelettes [fascii], centaines de peau) ou selon le poids (cantare)186, il n’est pas toujours possible de faire un total global. Il faut donc comparer terme à terme les sommes par contenant ou par unité de poids.
76Ainsi, pour les laines et velours, les Florentins doivent payer un ensemble de frais, dont 5 s. et 9 d. par bandelette (fascio) pour le déchargement des navires, l’entreposage dans les fondaci de Porto Pisano, l’emmagasinage et les éventuels mouvements postérieurs (sortie ou retour de la marchandise du magasin). Ils doivent ensuite payer soit la taxe sur les velours (boldroni) de 5 s. et 4 d. par unité de poids – le cantaro barbaresco (ca. 50,96 kg) –, soit la taxe sur la laine de 5 d. par cantaro barbaresco. Enfin, l’étalonnage des balles, qui peuvent contenir un nombre variable de draps (entre 6 et 15 d’après divers indices)187 coûte 1 s. pour les balles que les experts examinent et 1 d. pour celles qu’ils n’examinent pas. Être exempté de taxes sur les velours ou les laines est donc un avantage pour les Florentins car, dans l’ensemble des frais et des taxes, ces dernières représentent les sommes les plus élevées à débourser.
77Si l’on compare cette taxe au prix « légal » donné dans le règlement de la Porte de la Douane (Degazia) de Pise en 1362188 – c’est-à-dire pour toutes les marchandises en provenance de Porto Pisano à l’ouest –, on peut calculer un ordre de grandeur mesurant le pourcentage du prix « légal » de 1362 que représente la taxe payée dans les années 1335-1343 par Pegolotti. Or, cette dernière ne semble pas à notre connaissance avoir évolué durant cette période, alors que le prix des panni franceschi et velours importés en Toscane semble au contraire avoir augmenté entre 1290 et 1330189. Cela signifierait que la taxe représente un pourcentage du prix de vente qui diminue entre 1335-1343 et 1362, donc que le chiffre présenté est un minimum pour la période 1335-1362.
78La taxe pour les velours, selon leur provenance, représente entre 0,37 % et 3,75 % du prix de 1362 : la taxe, exprimée en centaines de livre-poids, pour les velours méditerranéens (« Boldrini di Sancto Mactheo, Valentia, Nerbona, Perpigniano e dal Rodano in là ») équivaudrait à 0,37 % du prix ; celle pour les velours anglais lavés et teints de pastel (« Boldrini d’Inghilterra lavati et guadati ») à 0,56 % du prix ; et celle pour les velours « de Barberia et Garbo » à 3,75 % du prix. Les prix de vente des velours vendus par les Florentins à Pise sont donc inférieurs de 0,37 % à 3,75 %190
79Pour les laines, en fonction de l’écart des prix, l’exemption de taxes représente une économie comprise entre 0,031 % (« lana sucida [di] tucti li paesi di Barbaria et Garbo » : Maghreb)191 et 2,64 % (« lana lavata non angnellina […] di tucti […] paesi d’Inghirterra » : Angleterre)192
80Les taux (moins de 4 %) semblent donc trop bas pour envisager une véritable distorsion de concurrence des textiles florentins sur la seule place pisane.
81Concernant les cuirs importés de Porto Pisano, le type de dépense est globalement le même, avec 7 s. et 6 d. pour le débarquement et l’entreposage dans le fondaco de Porto Pisano par centaine de peaux (« centinaia delle cuoia a novero »), auxquelles s’ajoutent 3,5 à 4,5 d. par cantaro (selon le temps de transport) pour le déplacement de Porto Pisano à Pise et l’emmagasinage à Pise. Ensuite, la taxe est soit de 6,66 s. pour les cuirs de « Romanie » (issus de l’aire byzantine) et 5,33 s. pour les cuirs du Maghreb, de Sardaigne ou de Sicile. À supposer qu’un cantaro contienne une centaine de peaux, l’exemption des taxes pour les Florentins reviendrait donc à diminuer quasiment par deux leurs frais entre le moment où les cuirs arrivent dans le port et le moment où ils sont emmagasinés à Pise.
82Il est également possible de faire le même type de calcul que précédemment pour les cuirs193 : 1) pour les cuirs de « Romanie », le calcul est impossible puisque les estimations de prix à la Douane en 1362 ne mentionnent pas cette provenance ; 2) pour les cuirs barbaresche, sardes ou siciliens, la taxe représente entre 2,22 % (cuirs de bovins)194 et 6,66 % (cuirs de chameaux)195 ; 3) pour d’autres types de peaux issues des mêmes destinations, la taxe économisée représente entre 2,41 % pour les peaux de renards siciliens196 et 3,37 % pour les peaux de loups « di Barbaria et Garbo197 ». Être exempté de ces taxes sur les cuirs ou peaux représente donc pour les Florentins une économie située entre 2,22 et 6,66 % de la valeur.
83On est donc loin d’un « dumping » massif qui ferait de la concurrence florentine une concurrence « déloyale » pour les Pisans dans le domaine des textiles et des cuirs. Cette idée court pourtant dans les chroniques pisanes des années 1380198 et dans l’historiographie ancienne199, qui ne semble pas évoquer la plus grande disponibilité en capital des Florentins, ce qui leur permet d’investir et de faire des économies d’échelle. Pour autant, si les Florentins importent massivement ces produits, cela représente – en chiffre absolu – une perte considérable pour la commune pisane. C’est pourquoi le traité de 1343 limite à 200 000 florins par an la franchise de droits de douane200, disposition jamais évoquée dans les traités de 1317201, 1329202 ou encore 1369, alors que ce dernier maintient le forfait de 30 000 florins annuels pour les Pisans mis en place en 1343203.
84Mais, selon Pegolotti, les marchands florentins doivent aussi supporter d’autres types de dépenses pour le transport de grains et de sel de Pise à Florence. Les frais de transport et les taxes entre Porto Pisano et Florence représentent 13,5 florins par tonne de grains, ce qui n’est pas négligeable. Mais dans son calcul pour les grains, Pegolotti mentionne un total qui ne semble pas correspondre à ce qui est écrit. L’édition moderne précise qu’il s’agit certainement d’éléments non remplis dans l’espace laissé en blanc. L’inventaire des dépenses à payer pour le transport du sel à Florence est plus complet, notamment pour les péages à payer sur le trajet vers Florence (passagio)204 : soit, avant Signa, le salaire des mesureurs et les frais d’emballage de la marchandise, les douanes à Bientina, à Santa Maria a Monte, à Castello del Borgo, le transport jusqu’à Signa, qui coûtent dans ce cas 4 lires, 5 s., 7 d. pic. pisans le staio grosso. Ensuite, pour le trajet de Signa à Florence, il faut encore payer diverses charges pour le salaire des vetturali qui transportent et déchargent les marchandises dans le Val d’Arno, payer les péages à Montetopoli (pedaggio), San Miniato (passaggio), ainsi que la mesure effectuée par les douanes florentines, pour un total de 27 s. et 10 d., soit 1 lire, 7 s. et 10 d. par staio grosso de Pise. Il faut donc compter, en plus du prix d’achat du sel à Pise, environ 5 lires, 13 s. et 5 d. pic. de Pise par staio grosso de Pise205.
85L’examen des frais payés par la compagnie Del Bene pour le transport de vin grec (une des marchandises les plus taxées) entre Pise et Signa, démontre l’existence d’autres péages. Il faut en effet les payer à Pise (pour le trajet Pise-Florence), puis à Castel del Bosco (à l’archevêque et pour l’abbé de Padule), sur le territoire de Ciaccio de li Upizini, à Santa Maria a Monte, Castelfranco, Santa Croce, sur le territoire de messer Corso, à Fucecchio, Montopoli, San Miniato et enfin à Santa Fiore206. Pour le transport du vin, Pegolotti ne mentionne que la taxe de Pise (3 s. pic. la bouteille), qui correspond globalement à la taxe payée pour le trajet de Pise à Florence par la compagnie Del Bene (3 s. et 10 d.), mais auxquelles il faudrait donc ajouter tous les péages précédents.
86Les frais, notamment douaniers sont donc nombreux sur le trajet vers Florence, d’où l’insistance de la commune florentine au XIVe siècle pour imposer aux communes sujettes ou alliées de lui accorder des franchises de droits de douane207, sur le modèle des avantages obtenus à Pise. Par conséquent, lorsqu’on change d’échelle pour prendre en compte le trajet jusqu’à Florence, les franchises sur les droits de douane et le transport entre Porto Pisano et Pise obtenus par les Florentins en 1369 représentent des sommes plus importantes que celles payées dans la seule place pisane – la moitié des frais pour les cuirs, certainement un peu moins pour les matières textiles. Les produits florentins ont donc un avantage en termes de prix de vente sur la place pisane, en particulier lorsqu’ils sont exemptés de toute taxe avec le traité de 1317. Mais si ces marchandises poursuivent leur trajet jusqu’à Florence, l’écart de prix entre les marchandises des Pisans et des Florentins se réduit car il faut prendre en compte les autres taxes et frais occasionnés par ce transport. À Florence, les Pisans disposent en outre des mêmes franchises que les Florentins à Pise208, et les Florentins ne sont nullement exemptés du paiement de leurs taxes communales. Les avantages florentins diminuent donc à mesure qu’ils s’éloignent de la place pisane.
6.4.1. Une tentative d’évaluation à l’échelle européenne
87Après cette évaluation somme toute théorique, il est possible d’évaluer les dépenses des marchands florentins en prenant les exemples des frais payés par la compagnie florentine Del Bene au début des années 1320209 et d’autres cas plus tardifs. A. Sapori s’est en effet interrogé sur le poids des frais dans le prix d’achat des draps d’Outremonts, et donc sur leur répercussion dans le prix de vente210. Alors que dans le paragraphe précédent nous en restions à une évaluation des frais occasionnés par le transfert des marchandises entre Pise et Florence, le but est ici d’évaluer l’ampleur de la réduction que représentaient les franchises pisanes au sein de l’ensemble des dépenses payées entre le nord de l’Europe et Florence.
88Les calculs d’A. Sapori prouvent que le total des dépenses oscille entre 11,7 et 20,34 % du prix d’achat des draps d’Outremont, soit entre 10,48 et 17,11 % du prix de vente à Florence. Les dépenses totales comprennent des dépenses effectuées uniquement à Pise, dont nous avons isolé l’importance : elles représentent entre 0,36 et 1,92 % du prix de vente, soit entre 0,4 et 2,21 % du prix d’achat211. Les dépenses sur la place de Pise correspondent au déchargement des draps depuis les embarcations, leur emmagasinage dans le fondaco pisan, la formation des convois de mulets ou de barques sur l’Arno, puis la vérification aux portes de Florence. La gabelle ou le passagio payés à Pise sont aussi pris en compte. Ces termes sont ambigus, car utilisés alternativement dans les tableaux d’A. Sapori212. Elles représentent la plupart du temps 0,04 %, et exceptionnellement 1,06 % pour la 5e recata. Concernant la gabelle et le passagio, l’impact sur les prix est donc infime, ne serait-ce que parce que le coût du transport entre Porto Pisano et Florence est quasiment dix fois plus cher. Mais en chiffres absolus, cela peut représenter une somme non négligeable pour de gros volumes.
89D’autres exemples confirment ces observations. Ainsi, entre 1405 et 1415, les coûts d’achat et les frais divers (douanes, transport, assurance, etc. ; non individualisables ici) pour les balles de laine, les draps et les peaux importés par Nofri Strozzi depuis Southampton représentent entre 42,1 et 91,6 % du prix de vente à Florence213. Cela montre le poids considérable des dépenses effectuées par les marchands, de même que leur grande variabilité. L’achat des produits représente une très grande partie de ces dépenses et, avec l’éloignement, le coût des risques, le recours à des intermédiaires, les frais fiscaux et les droits de douane (plus élevés par voie terrestre) augmentent. Ainsi, quand, à la fin du XVe siècle, les Naldini envoient aux Salviati de Lyon des pastels en recourant à des intermédiaires, les frais peuvent dépasser les 50 % du prix de vente, alors qu’ils se situent entre 10 et 20 % quand ils sont pris en charge directement214. Pour autant, quand les frais et droits de douanes sont individualisables, ils sont extrêmement bas et sont loin d’être le poste de dépense qui augmente le montant des frais engagés par les marchands florentins. En 1441, l’expédition d’une centaine de balles d’amandes depuis l’Espagne par la filiale de Bruges des Medici ne coûte que 1,9 % du prix de vente en péages, droits de douane et frais consulaires (6 lires 6 d.), tandis que l’ensemble des frais représentent 24,4 % du prix de vente215. De même, pour 8 balles de cardamone vendues à Bruges la même année, les douanes et transferts ne représentent que 0,5 % du total (et l’ensemble des frais, 15,8 %)216. Économiser sur les droits de douane et les péages n’est donc pas le facteur le plus déterminant qui expliquerait le succès des compagnies florentines dans le commerce international.
6.4.2. Une comparaison avec les bénéfices réalisés par les compagnies
90S’il convient de relativiser l’importance économique de la baisse des taxes pisanes pour les Florentins, il faut aussi les mettre en perspective avec le calcul des performances économiques de leurs compagnies. Il est ainsi possible de calculer un taux de profit en rapportant le bénéfice (utile) au capital investi (corpo) lors d’un exercice comptable, puis de pondérer ce bénéfice en fonction de sa durée et des éventuels chevauchements entre plusieurs exercices comptables (une année peut être partagée entre deux exercices comptables aux résultats différents) pour calculer un taux de profit annuel.
91D’après F. Melis217, qui faisait la synthèse des travaux et des calculs d’A. Sapori, de R. De Roover et d’autres, les livres de comptes des compagnies antérieurs à la peste noire – essentiellement fondées sur la participation des membres d’une famille, sans exclure secondairement les associés extérieurs – montrent que les taux de profit annuels des Peruzzi seraient de 16,18 % entre 1300 et 1324 et de 11,5 % entre 1300 et 1335218. Quant à celui des Alberti, il est de 19,44 % sur les 27 années documentées, mais varie entre 2,21 % et 60,05 % selon les années219, tandis que pour les Bardi, le taux de profit annuel est de 20 % environ, avec des oscillations entre 4 % et 34,38 %220.
92Le « système Datini » (un ensemble de filiales de compagnies aux participations croisées autour de la personne de Francesco di Marco Datini, majoritaire dans toutes les filiales) est documenté pour les années 1360-1410. D’après les travaux de F. Melis, le taux de profit annuel moyen est de 20,33 % sur l’ensemble de la période. Ces résultats économiques exceptionnellement bons varient néanmoins en fonction de la filiale et de la période, reflétant en cela l’agilité des marchands et l’évolution de la conjoncture locale. En effet, si l’on prend en compte le seul taux de profit annuel, la filiale d’Avignon est la plus rentable (31,01 %), suivie de celle de Catalogne (24,19 %), de l’« Associazione dei veli » (21,5 %), suivie de près par la filiale de Pise (21,42 %)221. Pour cette dernière, le taux oscille entre 1,73 % et 51,53 % durant les neuf ans et cinq mois concernés (1392-1400)222. Après avoir exposé la conjoncture pisane, on ne sera pas étonné de constater que les pires années soient la période 1396-1399 – durant laquelle la nation est transférée à Piombino (1396) et la guerre avec Florence (1397-1398) est déclenchée – suivies d’une faible reprise en 1399-1400, malgré l’instabilité politique. En revanche, les taux de profit annuels autour de 30 % culminant même à plus de 51 % en 1394-1395, montrent combien l’opposition théorique de Jacopo d’Appiano aux Florentins depuis 1392 est de peu d’effets, et combien le retour du dynamisme économique de Florence combiné aux conditions optimales obtenues dans le traité bilatéral de 1369 garantissent la bonne santé économique de ses marchands223.
93Quelques exemples de compagnies au XVe siècle permettent de compléter le tableau224. Ainsi, dans le foisonnement des données disponibles, quelques calculs peuvent être effectués pour certaines filiales des Medici : par exemple, la Tavola de Florence fait environ 13,77 % de profit annuel sur 23 ans entre 1397 et 1420225, puis de 9,9 % entre 1420 et 1435226 ; celle de Venise réalise, elle, un taux de profit annuel de 11,99 % entre 1397 et 1420227, puis de 19,22 % entre 1420 et 1435228. Ensuite, les ventes à Florence de balles de laine, de draps et de peaux importées depuis Southampton, assurent à Nofri Strozzi un profit moyen de 24,5 % entre 1405 et 1415, avec de fortes oscillations, pouvant aller d’une perte sèche (- 100 %) à des profits maximaux situés entre 46,8 % et 53,1 % en 1408-1409. Au final, ce pan d’activité lui rapporte 2 250 florins tous les ans durant neuf années229. Quant aux Cambini de Florence, leur taux de profit annuel net varie entre – 32 % et + 100 % entre 1455 et 1480 avec, pour synthétiser, en moyenne 62 % de taux de profit annuels entre 1460 et 1468 à une période où l’économie florentine était très dynamique, puis de 42 % entre 1472 et 1477230. De plus, d’après nos calculs à partir des données de S. Tognetti, l’activité des Serristori dans la soie entre le 25 juillet 1470 et le 25 juillet 1492 présente un taux de profit d’environ 16,2 %, avec des oscillations entre 7,1 % (1489) et 22,9 % (1473) puis, entre le 25 novembre 1495 et le 25 juillet 1501, un taux de profit moyen de 13,04 %, avec des variations annuelles oscillant entre 8,7 % (1498) et 19,39 % (1499), bien qu’elles s’établissent autour de 12-13 % pour les autres années231.
94Ces calculs de taux de profits montrent ainsi les grandes oscillations en fonction de la conjoncture, de l’habileté des marchands, et de la localisation de leurs affaires. Notons également que certaines activités sont structurellement moins rentables parce l’ampleur des frais n’est pas la même.
95En effet, les frais sont très élevés dans la manufacture textile car elle requiert une abondante main-d’œuvre à bon marché et l’immobilisation de capitaux pour entretenir les lavoirs, les moulins, les séchoirs, etc., dont l’efficacité dépend aussi de la force – variable et aléatoire – du vent et de l’eau. Les profits sont donc tendanciellement faibles (par exemple, 5,5 % de l’ensemble des profits de la compagnie Medici entre 1397 et 1420)232, même si les grandes compagnies ont pour la plupart des participations dans ces activités. L’activité reste toutefois rentable parce que les draps florentins sont considérés en Europe comme des produits de luxe, mais aussi parce que la commune soutient économiquement les producteurs et met en place une flotte d’État permettant un approvisionnement à bas coûts en matières premières dans les années 1420.
96Les frais sont différents dans le commerce international et l’activité bancaire, qui dépendent moins de l’entretien d’infrastructures et du coût du travail, mais bien plus des informations sur l’état des marchés, de la maîtrise technique de la comptabilité, de l’écriture des changes et des services postaux. Autrement dit, elles dépendent du recours à un dense réseau d’employés et de correspondants bien formés233. Beaucoup plus volatils et massifs, ces flux dépendent fortement de la confiance des déposants et des partenaires, afin d’éviter les retraits massifs et les pertes accidentelles. Ils sont au final bien plus lucratifs : par exemple, les Medici y réalisent 94,5 % de leurs profits234.
97Le cas plus tardif des Salviati de Lyon au XVIe siècle introduit deux autres éléments de réflexion : d’une part, être exempté d’une taxe de faible pourcentage peut équivaloir, en valeur absolue à une forte somme lorsque le volume des échanges est important et, d’autre part, même si nous avons déjà constaté leur grande variabilité, les bénéfices d’une compagnie peuvent être moins importants.
98En effet, A. Pallini-Martin rappelle que la nation florentine de Lyon prélève dès 1501 un faible pourcentage sur les échanges de marchandises (8 ‰ pour le change et 1/12e pour le courtage)235 et que les opérations en commission pour d’autres marchands sont facturées – et donc payées en retour par les Salviati – autour de 1 % de la valeur de la transaction236. Pour autant, les opérations portent sur un volume important d’échanges de textiles de grande valeur237. Les sommes brassées par un seul marchand peuvent donc s’avérer considérables : en 1508-1510, les opérations en commissions réalisées par les Salviati pour le compte de leur plus riche partenaire, Francesco de Salamanca, dépassent les 10 000 écus, ce qui représente une économie de 100 écus de taxes (1 %), soit davantage que le loyer annuel de Giuliano da Gagliano (91 écus 12 s. 10 d.)238. La valeur des échanges pour une seule compagnie n’est pas moins impressionnante : ainsi, en 1508-1510, la valeur des textiles commercialisés par les Salviati représentent 35 290 écus 12 s. 11 d. pour les soieries, et 13 133 écus 17 s. 7 d. pour la laine239 ; de même, entre 1516 et 1523, les Gondi de Lyon vendent pour près de 231 957 écus 6 d. d’épices, 90 558 écus 2 s. de draps de soie, et 76 283 écus 15 s. 8 d. de peaux240.
99Imaginons fictivement que toutes les soieries des Salviati de Lyon aient été vendues en courtage, avec un taux de 1/12e, soit 8,33 %, la taxe globale qui aurait été payée reviendrait à 2940,8 écus, ce qui représente presque 6 fois les bénéfices réalisés sur les soieries et plus de deux fois l’ensemble des bénéfices sur les ventes de toutes les marchandises241. Or, les frais d’acheminement, d’assurance et les droits de douane à l’entrée de Lyon représentent moins de 5 % du prix de vente des soieries. De plus, les commissions facturées à d’autres compagnies représentent moins de 5 % de la valeur (pour des soieries) et même souvent moins de 1 % de la transaction242. Sur l’ensemble des soieries vendues par les Salviati de Lyon, 5 % de frais représentent 1 764,5 écus soit 3,5 fois les bénéfices réalisés sur les soieries et 1,27 fois les bénéfices réalisés sur toutes les marchandises. Même si les livres de comptes n’individualisent pas les droits de douane qui nous préoccupent ici, ces chiffres absolus ne peuvent être considérés comme négligeables, en contradiction avec les exemples développés ci-dessus pour les compagnies du XIVe siècle.
100La contradiction est en partie résolue si l’on songe au fait que la collecte de quelques exemples de bénéfices réalisés par les Salviati de Lyon au XVIe siècle semble montrer qu’ils sont moins élevés que ceux des autres compagnies : 1,43 % pour la vente des soieries, 3,65 % pour l’investissement de la compagnie Salviati avec Domenico Naldini pour le commerce de pastel et de laine à Toulouse ; 6 % des dépenses sur la marchandise, 5 % pour six mois de participation à la compagnie Naldini de Toulouse243. Ces quelques cas, qui ont surtout valeur d’illustrations et d’esquisses de comparaison, démontrent ainsi que le poids de ces éventuelles exemptions de taxe dépend du dynamisme de chaque compagnie, soit pour lui permettre de réaliser un bénéfice, soit pour l’accentuer.
101Ainsi, même si leurs résultats économiques peuvent être très lucratifs, les compagnies réalisent donc des bénéfices très variables en fonction de la période, de la filiale, du type d’activité considérés. Les dépenses engagées par les marchands sont plus importantes dans la manufacture et dans les échanges à longue distance empruntant les voies terrestres mais, quand on peut les individualiser, les droits de douane représentent de très faibles pourcentages du prix de vente, mais de fortes sommes si le volume des échanges est important. L’exemption des droits de douane à Pise représente donc une faible économie pour les Florentins, incapable de leur donner seul un avantage déterminant sur leurs concurrents. De plus cet avantage reste fictif puisqu’ils doivent payer certains services à la commune de Pise et parce que la nation réutilise ces sommes pour effectuer ses propres prélèvements, comme nous allons l’exposer ci-dessous. Les potentielles réductions de prix sont donc annulées.
6.5. D’autres frais payés à la commune de Pise ou à la nation
6.5.1. Les droits d’entreposage dans le fondaco de Pise (1329-1369)
102Les traités commerciaux ne mentionnent généralement que les tarifs de douane dont sont exemptés les Florentins jusqu’en 1317. Mais, à partir de 1329, de nouveaux frais sont listés : les droits de gardiennage ou d’entreposage dans le fondaco de la commune pisane244. Cela nous invite à considérer à nouveaux frais la question de la franchise « totale » de charges à Pise pour les marchandises échangées par des Florentins et à poursuivre la critique de l’hypothèse de P. Silva, pour qui les marchandises florentines bénéficieraient d’un prix de vente plus bas245.
103À partir de 1329, les Florentins doivent donc payer au fondacario communal une nouvelle redevance pour faire garder leurs marchandises. La liberté d’échanger sans payer de taxes est donc atténuée et le souvenir du conflit de 1321-22 est encore prégnant : c’est pourquoi une incise invite à ne pas s’y opposer pour permettre à chacun d’être libre de faire entrer et sortir les marchandises246. Autrement dit, le paiement garantit la liberté de circulation. Le dépôt dans ce fondaco ou cette loggia portuaire n’est pas obligatoire pour les Florentins, mais en revanche le paiement des droits afférents l’est, puisqu’un autre passage mentionne les mêmes prélèvements si les marchandises sont entreposées dans une maison particulière247. Le service et la sécurité des marchandises sont donc assurés, mais le lieu de dépôt n’est pas obligatoire, comme ailleurs en Méditerranée248.
104Ensuite, contrairement à ce que semble avancer P. Silva249, les marchandises restant plus de trois mois dans le fondaco avant d’être exportées en Sardaigne sont l’unique cas pour lequel on doit payer un droit supplémentaire250. La suite précise que seules les marchandises lucquoises, florentines, bolonaises, les épices et la cire, les draps de laine, les balles de verzi (plante tinctoriale)251, les grains, les balles mélangées, les draps « français » (« panni francigeni »), les sacs de laine française et anglaise, le safran, le safran des teinturiers ou carthame (« zafflore » : carthamus tinctorius), le plomb, la soie et enfin le fromage sont concernés par ce règlement spécifique252.
105Ce tarif de gardiennage dans le fondaco communal est confirmé dans le traité de 1343, qui renvoie au traité de 1329 sans prendre la peine d’en recopier le détail : le même tarif continue donc de s’appliquer253. Il est repris dans le traité de 1369 avec pour seules modifications ces éléments :
- Les marchandises de Bologne ne sont plus mentionnées, on peut supposer qu’elles sont incluses dans le groupe des marchandises en provenance de Venise, située sur la même route commerciale et dont la nation florentine supplante celle de Bologne à la fin du XIVe siècle.
- La taxe sur le trousseau (torsello) de draps français double et passe de 1 à 2 s. par torsello.
- Les taxes sur la balle de safran et sur le centenario de lames de plomb connaissent une augmentation de 50 % (passant de 1 s. à 1 s. et 6 d.). Dans le cas des lames de plomb, cela s’explique par l’importance grandissante des mines de l’île d’Elbe (plus connues pour leur extraction de fer)254 et de la région de Piombino, après la perte de la Sardaigne par les Pisans en 1326. Cela peut aussi s’expliquer par une augmentation du prix d’importation du plomb sarde255, passé sous domination catalane. Ces deux hypothèses ne s’excluent naturellement pas.
106Les tarifs de ce droit de gardiennage ou d’entreposage dans le fondaco communal de Pise sont donc globalement stables durant tout le XIVe siècle, mais plusieurs hypothèses peuvent être faites pour l’interpréter.
107D’abord, dans le traité de 1171, la concession d’un bâtiment et de boutiques aux Florentins suggère la possession d’un fondaco par la communauté florentine encore faiblement institutionnalisée. Il peut avoir disparu au XIVe siècle ou, plus vraisemblablement, la commune pisane a repris les choses en main pour imposer le recours à son fondacario et imposer moins le dépôt obligatoire des marchandises dans le lieu de son choix que le paiement effectif des taxes sur les échanges. Si la gestion communale est certaine, on ne sait pas si les marchandises florentines sont déposées avec celles des autres nations dans un fondaco communal ou s’il s’agit d’un fondaco spécifique pour les Florentins.
108Le rapport entre le fondaco et la loggia pose ensuite problème car, si l’apposition des deux termes dans les traités bilatéraux fait penser à des synonymes, la mention régulière de l’expression comme « notre loggia » dans les délibérations de la Mercanzia prouve qu’un deuxième bâtiment (une loggia) existe à Pise de 1369 à 1396 (voir chap. 3), en complément du fondaco de Porto Pisano.
109Faire payer les Florentins a enfin un sens, alors que les traités mettent l’accent sur ce qu’ils ne doivent pas payer et les fait échapper aux mesures protectionnistes pisanes. Il s’agirait donc de faire contribuer les Florentins – comme les autres marchands – au salaire du fondacario, car les revenus fiscaux de la commune de Pise sont tendanciellement en baisse dans la seconde moitié du XIVe siècle. Ce dispositif serait par ailleurs un arrangement consécutif à la tentative pisane d’augmenter les gabelles en 1321-1322 : par un échange de bons procédés, les Pisans obtiennent un profit fiscal en faisant payer une partie des services, ce qui permet de financer le salaire du fondacario, tandis que les Florentins obtiennent en échange la sécurisation de leurs marchandises gardées par un professionnel disposant de connaissances et d’une expertise particulière256.
6.5.2. Dans les années 1340 : une gabelle sur l’étalonnage des marchandises
110Les Florentins payent le droit d’accès au fondaco dès 1329 et l’apparition d’un consul en juin 1345 implique la mise en place de taxes sur les marchandises pour le financer. Lors de l’institution du consul, la Mercanzia décide que son salaire annuel de 100 florins sera financé par la mise en place d’une taxe spéciale sur les marchandises florentines importées ou exportées de Pise, à l’exception de celles qui seraient immédiatement réexportées. Cette taxe est prélevée par le syndic de la nation qui doit relever, faire estimer la quantité de marchandises florentines passant par les douanes pisanes tous les trois mois, avant d’inscrire les sommes dans un registre257. Le prélèvement et l’enregistrement sont en réalité délégués à une compagnie commerciale, dont l’un des membres remplit le rôle d’un camerlingue.
111Le règlement de novembre 1346 précise leur nature. Il s’agit de taxes pour tarer ou étalonner (tarare) la laine et les velours, sous peine de devoir payer des amendes de 5 lires de florins pour les contrevenants. Sachant que les 100 florins de salaire pourraient être difficiles à financer avec ces seules amendes et taxes, l’Officier étranger de la Mercanzia peut contraindre les marchands à payer un supplément afin de couvrir la somme prévue. Il peut déléguer ces opérations de tarage, probablement aux associés ou aux facteurs des compagnies marchandes listés dans les traités bilatéraux et éligibles comme conseillers de la nation florentine. Ces spécialistes doivent tenir un registre consignant quotidiennement les opérations de tarage258.
112Si la taxe en question est mise en place, elle ne semble pas suffisante puisque la Mercanzia est endettée à la fin des années 1340. Le 4 mars 1347, afin de pouvoir financer la totalité du salaire du précédent syndic de la nation, le conseil de la Mercanzia décide d’imposer une taxe supplémentaire aux portes de Florence : un denier supplémentaire par sous (soit 8,33 %) est prélevé sur les marchandises entrant ou sortant par les portes de Florence259, soit un taux de prélèvement sensiblement relevé.
113Dès 1329, les marchands florentins payent donc des frais pour entreposer leurs marchandises dans le fondaco communal, auxquels s’ajoute après 1345 une taxe sur l’étalonnage des marchandises qui sert à financer le salaire de leur consul. Ce sont les seules mentions de frais payés jusqu’à cette date mais, dès les années 1370, une taxe appelée passagio est mise en place.
6.5.3. Le paiement du passagio dès les années 1370
114Des droits de douane s’ajoutent aux frais déjà évoqués, ce qui contredit l’idée que les Florentins seraient exemptés de toutes taxes. Elles sont en réalité payées à la nation florentine au lieu d’être versées à la commune de Pise.
115En effet, le 25 septembre 1369260 et le 29 juillet 1370261, les nominations de ser Francesco di Vanni Muzzi comme notaire-syndic de la nation contiennent deux tarifs de douane pour les marchandises florentines. Ces derniers sont organisés différemment de ceux des traités bilatéraux, mais identiques entre eux : celui de 1370 est une copie de celui de 1369. On dispose également d’une délibération du 22 octobre 1375 décidant d’augmenter d’un tiers les droits de douane afin de payer le loyer de la loggia des Florentins à Pise262. Cela n’est visiblement pas assez efficace, car une autre délibération du 16 juin 1379 modifie encore le tarif de douane, dont les montants sont doublés par rapport aux sommes de 1369-1370, afin de pouvoir rembourser la dette de la nation florentine263.
116Ces délibérations de la Mercanzia prouvent donc que l’institution obtient dès 1369 le contrôle financier pour la durée du mandat du notaire-syndic afin de financer son salaire grâce à une taxe sur les importations et les exportations de biens par les Florentins de Pise. La nation obtient le droit de contraindre ses membres à payer cette taxe s’ils veulent utiliser les franchises des traités et les tarifs pour chaque unité de mesure (poids ou contenant), qui sont fixés en accord avec une commission de marchands experts (con più et diversi merchantanti fiorentini in ciò pratichi et experti)264.
117On observe ainsi que le paiement de cette taxe est la condition sine qua non pour bénéficier des franchises des gabelles et des droits de douanes précédemment évoqués. Conformément à ce qu’observe S. Ogilvie, les avantages obtenus ne sont garantis que pour les membres du groupe265. La nation florentine de Pise cherche donc à agir comme un agent monopolistique, moins pour l’entreposage des marchandises – déposables ailleurs –, que pour la collecte des taxes sur les marchandises. Le but final est de garantir la sécurité des échanges, puisque l’institutionnalisation de la nation doit aplanir les conflits entre les marchands des deux communes.
118Ces mesures, au départ annuelles, ne sont pas répétées à chaque nomination ou renouvellement mais semblent devenir la règle tacite durant toute la durée d’existence de la nation, puisque l’enregistrement des nouveaux notaires-syndics mentionne toujours « avec le salaire et selon la modalité habituelle » (con salario e modo usato), une allusion claire à l’existence de ces tarifs.
119En revanche, ils sont susceptibles d’évoluer en fonction de la situation financière de la nation. Ainsi, le camerlingue de l’institution doit se référer aux cinq conseillers de la Mercanzia pour savoir comment utiliser le surplus éventuel. Dans le cas où les montants ne seraient pas suffisants, il doit compenser avec les recettes de l’année suivante266. Mais cela peut ne pas suffire, ce qui explique la hausse des tarifs de douane ou de passage (passagio) dans la seconde moitié des années 1370. Elle fait suite au doublement du droit d’ancrage et d’entreposage dans les fondaci de Porto Pisano en 1372, qui doit permettre de réparer les infrastructures portuaires, mais qui ne s’appliquait pas aux Florentins267. Autrement dit, la commune de Pise et toutes les autres nations marchandes payent après 1372 pour que les Florentins, supposés être les étrangers les plus nombreux, puissent aussi utiliser les structures communes…
120Les Florentins sont toutefois contraints de faire un effort financier, mais avec un certain décalage. Un accord entre la Mercanzia florentine et les Sept Arts pisans le 22 octobre 1375 est négocié268. Il concerne le paiement du salaire du syndic et du loyer de la loggia – que le traité de 1369 prévoyait de faire réparer par les Pisans269 – et précise que les recettes de cette taxe sont insuffisantes et en baisse depuis 16 mois, soit depuis juillet 1374 : « [l’argent récolté pour le paiement des salaires et du loyer] ne suffit pas à cause des difficultés de l’époque et surtout depuis les seize derniers mois, durant lesquels les marchandises ne furent pas présentes comme d’habitude270 ». Les cinq conseillers de la Mercanzia et les représentants des Sept Arts pisans ont alors décidé d’augmenter d’un tiers les droits payés par les Florentins à Pise, pour un an à compter du 1er novembre 1375271.
121La mesure est théoriquement temporaire et aurait dû cesser le 1er novembre 1376, mais la délibération du 16 juin 1379 fait à nouveau mention d’une dette (« di provedere intorno alla satisfatione del dicto debito ») de la nation florentine envers son notaire-syndic, son consul et d’autres officiers, qui n’ont pas dû recevoir leurs salaires. Une commission composée de Stefano Benini, Jacopo di Lutozzo, Tommaso di ser Manetto, Domenico d’Andrea di Dante, citoyens et marchands florentins trafiquant à Pise, qualifiés de commissari agissant « per vigore et auctorita del loro officio et bailia », est alors réunie et échange avec la Mercanzia pour trouver le meilleur moyen de rembourser cette dette. Ils mettent en place une nouvelle augmentation – en réalité un doublement – pour deux ans (jusqu’au 15 juin 1381), période après laquelle le tarif antérieur devra être de nouveau appliqué. La situation est tellement grave, notamment en raison de l’impossibilité de payer le loyer de la loggia florentine utile à tous, que le décret s’impose à tous les opérateurs économiques florentins, y compris les courtiers et les hôtes résidents (« i mercatanti fiorentini stanziali et habitanti in Pisa e sensali fiorentini et gli osti272 »).
122Comme la dette n’a visiblement pas été soldée entre 1376 et 1379, il y a de fortes chances que le tarif temporaire de 1376 ait continué à être appliqué durant la période intermédiaire, durant laquelle nous n’avons pas trouvé d’autres décrets ou tarifs, bien que la nation florentine continue de percevoir des revenus d’après son livre de compte273. Par ailleurs, le tarif de 1379 est valable jusqu’au 16 juin 1381. Or, comme on ne trouve aucun tarif pour le gardiennage dans le fondaco ou la loggia dans le statut de la nation florentine du 27 juin 1381, on peut penser qu’un tarif antérieur est de nouveau en vigueur. Reste à savoir s’il s’agit des montants de 1376 ou de 1369-1370. Pourtant, les enregistrements des recettes de la nation conservés pour le début de l’année 1382 semblent montrer que les versements mensuels ne baissent pas274. Par conséquent, soit le trafic florentin a repris et compense la baisse des taxes prélevées, soit le tarif de 1379-1381 continue de s’appliquer pour la période postérieure et la question n’est pas mentionnée dans le statut de la nation en 1381, car cela est implicite pour ses rédacteurs275. Nous examinerons dans le chapitre suivant les conséquences de ces deux hypothèses.
123Au final, il convient de relativiser les avantages économiques obtenus par les Florentins, de les replacer dans un espace plus large, de prendre en compte les autres frais et de tenir compte du « recyclage » des sommes pour financer la nation. Suivant l’avis de R. De Roover pour qui « le protectionnisme n’était certainement pas encore né. Bien que l’on entende beaucoup parler du fardeau écrasant des péages au Moyen Âge, les redevances dans les Flandres et au Brabant étaient loin d’être excessives276 », M. Tangheroni rappelait que la taxe florentine sur les échanges était plus élevée (0,833 %) et ironisait sur le protectionnisme peu efficace que représenteraient les franchises des Florentins à Pise :
Du reste si l’on se demande dans quelle mesure les gabelles pisanes eurent une incidence, la réponse ne peut qu’être : une mesure minime. […] Il est évident qu’il faudrait imaginer une bonne dose d’ingéniosité de la part des Raspante pour leur attribuer le projet de vaincre la concurrence des draps florentins sur les draps pisans grâce à un protectionnisme douanier si limité277.
124Il est en outre capital de combiner les autres critères économiques, sachant par exemple que les industries de la laine à Florence et Pise ne sont pas toujours en concurrence frontale puisqu’elles répondent à deux types différents de demandes278. O. Banti met ainsi en perspective ces différents critères pour expliquer le déclin de l’économie pisane dans les années 1390 et l’impossibilité d’une dénonciation du traité de 1369, sans toutefois mentionner le montant prohibitif des amendes encourues, équivalant à deux ans de recettes de la commune pisane en cas de dénonciation unilatérale279.
Notes de bas de page
1 Volpe 1902.
2 Ciccaglioni 2010 ; Tangheroni 2002, p. 31-49 ; Tangheroni 1978b ; Cristiani 1962, p. 306 sqq.
3 Quertier 2013a, p. 248-249 ; Banti 1971, p. 83-89.
4 Silva 1908.
5 Silva 1908, p. 655 : « Appare chiaramente che essa mira a favorire l’introduzione in Pisa delle merci fiorentine, quindi lo sviluppo delle industrie di Firenze. »
6 Banti 1971, p. 88.
7 Pour une mise en perspective de ce courant et des théories d’A. Greif (notamment Greif 2006b ; Greif 1998), voir Chavance 2012 ; Boldizzoni 2011 ; Boyer 2009 ; Apellaniz 2009, p. 145-150.
8 Ogilvie 2011, p. 391-413.
9 Malamina 1983.
10 Tangheroni 1988.
11 Epstein 2000, p. 98 : « Economically, Florence after the Black Death benefited from its industrial, commercial and banking dominance and from lower transaction costs which reduced the “natural” protection afforded by tariff barriers to weaker regional competitors. »
12 Santini 1900, doc. 4 p. 5-6 (traité de 1171), doc. 62 p. 177-179 (traité de 1214) ; Arias 1901, p. 49-52 et doc. 5 p. 386-395 (traité de 1256), p. 97-103 et doc. 6 p. 395-398 (traité de 1270), p. 124-130 et doc. 21 p. 435-436 (traité de 1293), doc. 29 p. 454-455 (accord de 1295) ; Dal Borgo 1765, p. 322-348 (traité de 1317), p. 361-389 (traité de 1329) ; Cianelli 1813, qui contient la Pace di Firenze con Lucca e Pisa (1342), p. 338-348 ; Baldasseroni 1904 ; Catellacci 1888, édition du texte p. 148-165 ; Silva 1908, qui contient le texte du traité du 1er juillet 1369, selon la copie de l’Archivio di Stato de Pise, p. 668-702. La copie florentine est disponible dans les archives de la Mercanzia : ASFi, Mercanzia, 18, n. f.
13 Sapori 1932, p. 57-101 ; Tangheroni 2002, p. 33.
14 Volpe 1902, p. 316.
15 Silva 1910, p. 347.
16 Sur le contexte de la guerre entre Pise et Florence et du traité consécutif, voir Volpe 1970, p. 211-218 ; voir également Davidsohn 1977-1978, t. 1, p. 768-769 et t. 6, p. 497-499.
17 Volpe 1970, p. 216 : « Esso è il primo passo risoluto di Firenze verso il mare, al quale ormai tende con desiderio crescente. »
18 Santini 1900, doc. 4 p. 5-6.
19 Tangheroni 2004 et Rossi Sabatini 1953.
20 Davidsohn 1977-1987, t. 6, p. 498-499.
21 Davidsohn 1977-1978, t. 2, p. 620 et t. 6, p. 829.
22 Arias 1901, p. 49-52 (sur le traité de 1256), doc. 5, p. 387.
23 Davidsohn 1977-1978, t. 2, p. 601. 1 florin équivaut à 20 s. pisans.
24 Arias 1901, p. 388.
25 Francesco Balducci Pegolotti 1970, p. 197, correspondant au fol. 201 du manuscrit.
26 Ciano 1964, p. 69, correspondant au fol. 13 du manuscrit.
27 La Roncière 1982, p. 28 : l’interprétation est débattue, voir notamment la n. 35.
28 Bonaini 1854-1870, t. 1, p. 508, Brevi Pisani Comunis (1286-1287), IV, 26, de faciendo mensurari pannos ad cannam pisanam.
29 Bonaini 1854-1870, t. 1, p. 380, Brevi Pisani Comunis (1286-1287), III, 18, de falsis cannis, pesis et mensuris.
30 Bonaini 1854-1870, t. 2, p. 104, Brevi Pisani Comunis (1313-1318), I, 75, de faciendo mensurari pannos ad cannam Comunis et ponderari mercationes ad pondus.
31 Bonaini 1854-1870, t. 1, p. 255, Brevi Pisani Comunis (1313-1318), I, 252, de habendo quarras ad mensurandum bladam rectas et coltas [et] equales cum mensuris pisani Comunis. Selon Francesco Balducci Pegolotti 1970, p. 209 : « ogni pondo di grano che è 24 staia di Pisa. »
32 Luzzati 1962-1963.
33 Bonaini 1854-1870, t. 1, p. 256, Brevi Pisani Comunis (1313-1318), I, 254, de oleo vendendo ad mensuram pisani Comunis.
34 Bonaini 1854-1870, t. 2, p. 383, Brevi Pisani Comunis (1313-1318), III, 96, de tenendo in qualibet terra pisani districtus mensuras olei sigillatas sigillo pisani Comunis.
35 Bonaini 1854-1870, t. 2, p. 289, Brevi Pisani Comunis (1313-1318), III, 8, de non reducendo vinum ad civitatem, nisi cum carratis et barilibus sigillatis.
36 Arias 1901, p. 397.
37 Arias 1901, p. 435.
38 Davidsohn 1977-1978, t. 4, p. 761-1085.
39 Dal Borgo 1765, p. 328.
40 Dal Borgo 1765, p. 361-389, ici p. 373 : libere et secure commorari.
41 Baldasseroni 1904, p. 18, de mercantiis deferendis.
42 Silva 1908, rub. 1, p. 669.
43 Castiglione 2002 ; Castiglione 2004 ; Castiglione 2009.
44 Casini 1979a, n. 4 p. 376-377, qui fait la chronologie de leur apparition.
45 Casini 1979a, p. 375-379.
46 Casini 1979a, p. 383-389, voir notamment n. 31-40. Les portes auxquelles on prélève une taxe sont : la Porte del Leone, aussi appelée Porte del Ponte d’après un pont sur l’Ozeri, située aux environs ouest de la Primaziale ; la porte del Parlascio, proche de l’actuelle Porta a Lucca ; la Porte Calcesana, qui commande la route qui va à Calci ; la Porte delle Piagge, dite aussi Porte della Spina ou de San Barbana, située le long de la route qui conduit aux Piagge à l’est de la ville sur les rives de l’Arno ; la Porte de Grassolungo, dit aussi Porte de San Marco in Grassolungo, dans le quartier de Kinzica dans la chapelle de San Marco.
47 Casini 1979a, p. 381-383.
48 ASPi, Comune A, 197, fol. 175, 7 décembre 1372 et Silva 1912, p. 302 sqq. Les navires à 3 ponts doivent payer 9 florins, ceux de 2 ponts 6 florins, ceux avec un seul pont et portant des tonneaux 3 florins, 1,50 florin pour tout type de bateau portant des tonneaux, 1,50 florin pour les galées ou navires, 0,75 florin pour les embarcations inférieures à la galée, 15 s. pour tout type de barque, 6 s. pour les petites barques ou les leuto. Les Pisans sont exempts de paiement pour les barques.
49 Casini 1979a, n. 9 p. 378.
50 Casini 1979a, n. 10 p. 378 : 5 s. de deniers pisans pour chaque voyage.
51 Casini 1979a, p. 380-381 et n. 23.
52 Sur l’importance du serment à l’époque médiévale, voir Prodi 1992.
53 Santini 1900, doc. 4 p. 5.
54 Davidsohn 1977-1978, t. 1, p. 768 ; Santini 1900, doc. 4 p. 6.
55 Arias 1901, p. 387.
56 Arias 1901, p. 397.
57 Arias 1901, p. 128 et appendice XXI, p. 435 ; Silva 1908, p. 634.
58 Cristiani 1997, p. 359-361, édition du texte p. 363-366 ; original : ASFi, Quaderni pergamenacei del Diplomatico, Archivio Generale, 27 février 1313 (st. florentin ; 1314 st. commun).
59 Sur l’ensemble du traité de 1317, voir Silva 1908, p. 634-639 ; éd. dans Dal Borgo 1765, p. 322-348.
60 Dal Borgo 1765, p. 328 ; Silva 1908, p. 637 ; Quertier 2016a, n. 63-65 ; Quertier 2005, p. 138-140.
61 Dal Borgo 1765, p. 328-329 ; Silva 1908, p. 636-637.
62 ASFi, Mercanzia, 11299, fol. 65v, 6 mars 1320 ; Astorri 1998, n. 29 p. 162.
63 Les lettres de cette période font régulièrement mention des contestations et des ennuis encourus (molestare) par les Florentins ou les Pisans, voir par exemple ASFi, Mercanzia, 11299, fol. 15rv, 12 décembre 1319 ; fol. 65r, 6 mars 1320 ; fol. 95v, 16-17 mai 1320 ; fol. 103r, 14 mai 1320.
64 Tangheroni 2002, p. 83, qui cite ASPi, Diplomatico Primaziale, 18 mai 1325 (st. florentin).
65 Rossi Sabatini 1938, n. 1 p. 83.
66 ASPi, Comune A, 49, fol. 51v, fol. 84 ; Cristiani 1962, p. 311.
67 Cristiani 1962, p. 310-311.
68 La signification de cet épisode a été discutée par de nombreux historiens : Astorri 1998, p. 163-164 ; Tangheroni 2002, p. 83 ; Cristiani 1962, p. 309-312 ; Rossi Sabatini 1938, p. 118-122 ; Grunzweig 1932-1934, ici 1933, p. 10-14 et p. 154-184 ; Ciasca 1927, p. 521-523 ; Volpe 1902, p. 314-316 ; Davidsohn 1977-1978, t. 4, p. 923-924.
69 Barbadoro 1929, p. 528-529 ; Grunzweig 1932-1934, ici 1933, p. 12.
70 ASFi, Mercanzia, 14142 (15 juin 1321-13 octobre 1321). Confirmation de la datation et description codicologique dans Figliuolo – Giuliani 2020, p. 5-8. Les experts (visores et taxores) sont Bonavia Lucchese, puis dès le 3 août, Manno Ghiberti, remplacé le 6 octobre 1321 par Lolo Iannozzi. Le notaire indiqué dans le préambule est ser Piero di ser Jacopo Albertini da Pontorno. D’après A. Grunzweig, il fut précédé par ser Lotto di Guido da Quinto du 1er décembre 1320 au 28 février 1321, et par ser Piero di Ciacche da Campi qui devait servir du 28 février au 31 août 1321, mais nous voyons ici qu’il est remplacé par ser Piero di ser Jacopo Albertini da Pontorno.
71 ASPi, Comune A, 49, fol. 27v, avril 1322 ; Volpe 1902, p. 314-316.
72 ASPi, Comune A, 49, fol. 53, juin 1322 ; Davidsohn 1977-1978, t. 4, p. 923.
73 ASPi, Comune A, 49, fol. 53 ; Rossi Sabatini 1938, p. 119 sqq.
74 Comme l’attestent par exemple les chroniques florentines : Matteo Villani 1995, t. 2, p. 361, X, 165 ; Marchionne di Coppo Stefani 1903-1955, rub. 347, p. 130.
75 Tangheroni 2002, p. 83 ; Cristiani 1962, p. 322.
76 Rossi Sabatini 1938, p. 120-121.
77 ASPi, Comune A, 49, fol. 52v.
78 ASPi, Comune A, 49, fol. 54v.
79 ASPi, Comune A, 49, fol. 56v ; Rossi Sabatini 1938, p. 121, ne cite pas les compagnies en question.
80 ASPi, Comune A, 49, fol. 61v.
81 Rossi Sabatini 1938, p. 121.
82 Sur la position florentine en septembre 1322, voir Davidsohn 1977-1978, t. 4, p. 923-924 ; Ciasca 1927, p. 521-523 ; Astorri 1998, p. 163-164.
83 Grunzweig 1932-1934, ici 1933, p. 154-184, qui édite les délibérations contenues dans ASFi, Mercanzia, 136.
84 Grunzweig 1932-1934, ici 1933, doc. 172 p. 167-168 et n. 2 p. 168.
85 ASFi, Mercanzia, 136, n. f., 3 septembre 1322 : les 8 sages (sapientes) font partie des principales compagnies marchandes florentines, puisqu’il s’agit de Metto Biliotti, Tegghia Tolosini, Boninsegna di Angiolino dei Machiavelli, Tano Baroncelli, Giovanni Cocchi, Giovanni Villani, Francesco di Branca degli Scali, Giovanni Buonaccorsi. Tegghia Tolosini remplace Giovanni Bonnacorsi et Boninsegna Angiolini remplace Metto Biliotti, élus ambassadeurs à Sienne avant le 16 septembre 1322, voir Grunzweig 1932-1934, ici 1933, doc. 173 p. 168-169 et doc. 177, p. 170.
86 Matteo Villani 1995, t. 2, p. 361, X, 165.
87 Grunzweig 1932-1934, ici 1933, doc. 174 p. 169. La liste est donnée par Astorri 1998, n. 34 p. 164. Elle correspond aux 41 marchands réunis le 2 septembre dans l’église Santa Cecilia pour écouter la loi écrite par la Seigneurie et aux 26 marchands qui reçoivent cette même information de la part du messager de la Mercanzia qui se déplace jusqu’à leurs entrepôts. Il est précisé le 16 septembre (Grunzweig 1932-1934, ici 1933, doc. 178 p. 170) que la liste correspond « à tous les marchands florentins ayant à faire à Pise » : il s’agit donc bien de la liste, non exhaustive des marchands florentins dont les compagnies sont présentes à Pise, et non pas seulement des marchands les plus influents au sein de la Mercanzia.
88 ASFi, Mercanzia, 136, n. f., 2 septembre 1322.
89 Grunzweig 1932-1934, ici 1933, doc. 173 p. 168 : la mesure s’appliquera progressivement dans ces lieux, en fonction de leur éloignement : à partir du 20 septembre pour la Provence ; du 1er novembre pour la Sicile, Barberie, Majorque, Espagne, Flandre et Angleterre ; du 1er janvier pour Chypre, Rhodes, Majorque (sic : répétition) et du Levant.
90 Grunzweig 1932-1934, ici 1933, doc. 176, p. 169-170 ; voté par 8 voix contre une.
91 ASFi, Mercanzia, 136, n. f., 16 septembre 1322. Pour l’ensemble des mesures de rétorsion prise par les Florentins, voir Astorri 1998, p. 163-164 ; Davidsohn 1977-1978, t. 4, p. 923 ; Ciasca 1927, p. 521-522.
92 Grunzweig 1932-1934, ici 1933, doc. 178, p. 170.
93 ASFi, Mercanzia, n. f., 12 octobre 1322 ; Astorri 1998, p. 164 ; Grunzweig 1932-1934, ici 1933, doc. 180, p. 171-172.
94 ASFi, Mercanzia, n. f., 12 octobre 1322, fol. 15rv, 16, 18 (signalé dans Figliuolo – Giuliani 2020, n. 57 p. 37).
95 Grunzweig 1932-1934, ici 1933, doc. 180, p. 171. § 2.
96 Grunzweig 1932-1934, ici 1933, § 2.
97 Grunzweig 1932-1934, ici 1933, doc. 180, p. 172, § 5.
98 Reprise des évènements de 1322, en particulier ceux contenus dans le registre 136 de la Mercanzia dans Figliuolo – Giuliani 2020, p. 36-38.
99 ASFi, Mercanzia, 14141 (16 novembre 1322-16 janvier 1323). Datation et description codicologique dans Figliuolo – Giuliani 2020, p. 8-12. Le notaire spécialement délégué à cette tâche est ser Giovanni di ser Dionigi da Calenzano (dont le fonds ASFi, Notarile antecosimiamo conserve deux registres de protocoles pour les années 1313-1319) et l’expert devant estimer les biens est Dino di Monte, du popolo de San Ambrogio de Florence.
100 ASFi, Provvisioni registri, 23, fol. 56r, 4 février 1327 ; approbation fol. 59v, 5 février 1327.
101 Davidsohn 1977-1978, t. 4, p. 924 ; Ciasca 1927, p. 523.
102 ASPi, Comune A, 49, fol. 27v, 24 décembre 1322 et fol. 28, 28 décembre 1322 ; Rossi Sabatini 1938, p. 122.
103 Arias 1901, p. 394-395.
104 Silva 1908, rub. 16 p. 696.
105 Sur l’ensemble du traité, voir Silva 1908, p. 639-645 ; éd. dans Dal Borgo 1765, p. 361-389.
106 Volpe 1902, p. 329 sqq.
107 Silva 1908, p. 641-644.
108 Dal Borgo 1765, p. 373 ; Silva 1908, p. 641.
109 Dal Borgo 1765, p. 374-375. L’ensemble de la mesure est réciproque pour les Pisans.
110 Piergiovanni 2006 ; Piergiovanni 2007 ; Piergiovanni 1996b ; Piergiovanni 2001.
111 Selon Francesco Balducci Pegolotti 1970, p. 146 : un marc d’argent fait 8 onces et 10 d. Or, un marc équivaut à ½ livre, donc 10 000 marcs font 20 000 livres d’argent : comme la livre florentine pèse 339,54 grammes, cela équivaut à 6 790,8 kg d’argent.
112 Dal Borgo 1765, p. 377-379 ; Silva 1908, p. 642.
113 Dal Borgo 1765, p. 377. Il n’y a pas de réciprocité pour les Pisans à Florence.
114 Dal Borgo 1765, p. 378.
115 Melis 1975.
116 Dal Borgo 1765, p. 382 ; Silva 1908, p. 644.
117 ASFi, Provvisioni registri, 5, fol. 182, 184v et 185v, 6 décembre 1295 et ASFi, Consulte e pratiche, 2, fol. 506 reproduit dans Arias 1901, appendice doc. 29, p. 454-455.
118 Astorri 1998, p. 165 sqq.
119 Cianelli 1813.
120 Pour les précédents, voir Arias 1901, p. 387 et p. 397.
121 Cianelli 1813, p. 341.
122 Cianelli 1813, p. 342 : entre 60 000 et 150 000 florins.
123 Cianelli 1813, p. 341.
124 Pour l’édition du traité, voir Baldasseroni 1904 ; Silva 1908, p. 645-651.
125 Baldasseroni 1904, p. 18-25 ; Silva 1908, p. 646-647.
126 Baldasseroni 1904, p. 18-19.
127 Baldasseroni 1904, p. 19.
128 Il s’agit selon B. Casini (Casini 1979a, n. 35 p. 383-384) de la porte de Grassolongo ou de San Marco in Grassolongo, située dans la paroisse de San Marco dans le quartier de Kinzica, donc sur l’autre rive de l’Arno. Cette porte contrôle l’ensemble des flux pour les marchandises transitant vers Florence, la Toscane intérieure, mais aussi au-delà vers Venise, la Romagne et les Marches. Les marchandises passant par les voies fluviales dérivant de l’Arno payaient la taxe à la Porta a Piagge. Les marchandises sont contrôlées par 2 soprastanti, 2 notaires et 3 messagers (nunzi).
129 Baldasseroni 1904, p. 19 ; Silva 1908, p. 647.
130 Cristiani 1962, p. 312-313.
131 Baldasseroni 1904, p. 20.
132 Baldasseroni 1904, p. 19-20.
133 Baldasseroni 1904, p. 21. La porte de la douane est située sur la rive droite de l’Arno, aux alentours de San Vito et de l’arsenal pisan : c’est la première porte qu’on franchit à l’ouest de Pise.
134 Pour l’ensemble de cette précision, voir Baldasseroni 1904, p. 20-21.
135 Baldasseroni 1904, p. 21. Une autre cédule, payante (6 deniers maximum) cette fois-ci en 1329 et en 1343, doit être remise pour les marchandises déposées dans le fondaco pisan : Dal Borgo 1765, de mercantiis deferendis, 8e item, p. 382. Le même texte est reproduit en 1343, voir Baldasseroni 1904, p. 32.
136 ASPi, Comune A, 241-253, 1385-1403.
137 ASFi, Mercanzia, 14141 et 14142.
138 ASFi, Mercanzia, 14145 ; ce registre, ainsi que les deux précédents, sont édités dans Figliuolo – Giuliani 2020.
139 Baldasseroni 1904, p. 21.
140 Ibid.
141 Baldasseroni 1904, p. 22-25, notamment p. 23.
142 Baldasseroni 1904, p. 25.
143 Baldasseroni 1904, p. 26.
144 Ghignoli 1998, p. 342, III, 36, de cibis coctis.
145 Catellacci 1888.
146 Silva 1908, p. 651-667 pour son commentaire et p. 668-701 pour l’édition de la copie florentine. P. Silva précise que sa recherche de la copie florentine fut infructueuse. Elle est en réalité disponible dans les archives de la Mercanzia, dans la sous-série Ordinamenti, dont la fonction était de conserver une copie de tous les actes de la Seigneurie florentine ayant une incidence sur la juridiction de la Mercanzia : ASFi, Mercanzia, 18, 9e document, 17 folios.
147 Silva 1908, p. 651-653, et notamment n. 2 p. 653 pour ce dernier épisode, qui fait référence à ASFi, Diplomatico, 1er juillet 1369 et 2 juillet 1370 [st. pisan].
148 Silva 1908, p. 657-657, et rub. 1, p. 669-675 : avec uniquement l’ajout du verbe adquirere parmi les opérations d’échange listées.
149 Silva 1908, p. 670.
150 Silva 1908, p. 674.
151 Silva 1908, p. 653-654 et p. 671.
152 Silva 1908, p. 655-656.
153 Silva 1908, p. 674.
154 Quertier 2005, p. 140-142.
155 Silva 1908, p. 657, et rub. 2, p. 675-676. La mesure est réciproque pour les Pisans.
156 Silva 1908, p. 675.
157 Silva 1908, p. 658, rub. 3 p. 676-684. La rubrique est réciproque pour les Pisans, contrairement aux mesures de 1329.
158 Silva 1908, p. 676-678.
159 Silva 1908, p. 678.
160 Silva 1908, p. 673.
161 Silva 1908, p. 672-673.
162 Silva 1908, p. 654-655.
163 Poloni 2014.
164 Baldasseroni 1904, p. 25-26.
165 Ghignoli 1998, p. 263, I, 163, de non permictendo aliquem non aprobatum sensalie officium exercere.
166 Ghignoli 1998, p. 257, I, 157, de manutenendo artes.
167 Ghignoli 1998, p. 351, III, 37, de pissicariis et plateis.
168 Ghignoli 1998, p. 260, I, 159, de bancheriis.
169 Menzinger 2005 ; Del Bo 2014.
170 Bonaini 1854-1870, t. 3, p. 872, Breve Artis Fabrorum (1305), rub. 25, de fabro forensi veniente ad civitatem pisanam. Le précédent Breve dell’Ordine del Mare était encore plus répressif (Bonaini 1854-1870, t. 3, p. 533).
171 Bonaini 1854-1870, t. 3, p. 1013, Breve Tabernariorum (1305), rub. 42, de non vendendo aliquas bestias magnas (vel parvas) alicui forensi.
172 Bonaini 1854-1870, t. 3, p. 1013, Breve Tabernariorum (1305), rub. 41, de forensibus, qui non possint artem exercere, nisi primo sacramentum fecerint.
173 Bonaini 1854-1870, t. 3, p. 1013, Breve Tabernariorum (1305), rub. 43, de forensibus, qui non possint artem exercere [nisi solvant] libras X.
174 Bonaini 1854-1870, t. 3, p. 1012, Breve Tabernariorum (1305), rub. 39, de securitate forensium.
175 Bonaini 1854-1870, t. 3, p. 948, Breve Coriariorum Aque Frigide (1303), rub. 61, de non permittendo insalare coria foretaneorum.
176 Bonaini 1854-1870, t. 3, p. 1036, Breve dell’Arte dei Calzolai (1334), rub. 21, di non fare arte lo forestieri se non paga libre X.
177 Bonaini 1854-1870, t. 3, p. 1077, Brevi Artis Pellippariorum (1304, avec les ajouts jusqu’en 1347), rub. 42, de eo quod debet solvere pellipparius qui venerit ad civitatem pisanam pro faciendo dictam artem.
178 Bonaini 1854-1870, t. 3, p. 978-988, Breve Pellariorum de Ponte novo (1303), rub. 33, di non dare consiglio nè aiuto ad alcuno foretano.
179 Ghignoli 1998, p. 266-267, I, 166, de canapariis et calafatis.
180 Tangheroni 2002, p. 84-85.
181 Silva 1908, p. 683.
182 Silva 1908, p. 674-675.
183 Silva 1908, p. 659 et fin de la rub. 4, p. 683-684. La rubrique est réciproque pour les Pisans.
184 Silva 1908.
185 Silva 1908, p. 656.
186 Un cantaro équivaut à 158 livres de Pise, qui équivalent chacune à 322,563 grammes ; le cantaro équivaut donc à 50,96 kg environ. Mais il existe plusieurs types de cantaro.
187 Un maximum de 6 draps par balles à Ancône en 1382-1390, d’après Hoshino 1980, p. 174. 8 balles à Naples : « Panni lombardeschi si vendono a balla [in Napoli] e ciascuna balla dee avere pezze 8 di panni e ciascuna pezza di panno dee tenere di lunghezza canne 12 », d’après Edler 1934, p. 39 et Francesco Balducci Pegolotti 1970, p. 180. Une dizaine de draps languedociens et donc un peu plus légers dans une lettre de legaggio de la compagnie Datini en 1398 : ASPo, Datini, 782, lettre de Montpellier à Gênes de la Compagnie Zanobi et Giovanni, 15 juin 1398 ; Caldéran-Giachetti 1962. Entre 11 et 17 draps en 1396-1400 d’après les comptes de l’entreprise lainière de Francesco di Marco Datini a Prato : Melis 1962, doc. 341 p. 481-482. Je remercie chaleureusement J. Hayez pour son aide précieuse à ce propos.
188 Casini 1979a.
189 Munro 2007, p. 112-115 ; Hoshino 1980, Tab. 1 et 2 p. 50-56.
190 Respectivement de 45 lires, 30 lires et 4 lires et 10 s. la centaine de livre-poids.
191 Casini 1979a : « lana sucida dei Tanese, d’Algieri, Buggea, Mezzagrana, Piaggia, Ancolle, Buona, Tunisi, Suzi et Affica et tucti li paesi di Barbaria et Garbo » ; mais aussi « lana rocta et miccino sucido dele dicte contrade » ; 6 lires la centaine de livre-poids.
192 Casini 1979a : « lana lavata non angnellina delle Marce, Lindisea et di Squaldo, Siliciestri et Vincestri et di tucti altri paesi d’Inghirterra » ; 42 lires la centaine de livre-poids.
193 Casini 1979a, p. 400-401.
194 Casini 1979a : « Chuoia di bue et di vaccha di Barbaria e Garbo di Cicilia et ogni altra parte » ; 4 lires.
195 Casini 1979a : « Chuoia di gammello di Barbaria et Garbo » ; 12 lires.
196 Casini 1979a : « Pelle di volpe di Cicilia » ; 7 lires.
197 Casini 1979a : « Pelle di lupo di Barbaria et Gharbo » ; 5 lires.
198 Cronica di Pisa… 1729, col. 1063 et col. 1083-1084 ; Cronica domestica (1367-1370) de Donato Velluti (1313-1370), citée par Banti 1971, p. 86. Pour une mise en perspective, voir Quertier 2013a, p. 249.
199 Banti 1971, p. 313 et Silva 1908, p. 655. Remise en cause par Poloni 2014, p. 236-239, reprenant les travaux de Melis 1989c, Hoshino 1980
200 Baldasseroni 1904, p. 20-24, de mercantis deferendis.
201 Dal Borgo 1765, p. 328-329, de mercantis deferendis.
202 Dal Borgo 1765, p. 373-382, de mercantis deferendis, dont seul le premier item (p. 373-375) concerne les franchises de douanes.
203 Silva 1908, p. 669-675.
204 Francesco Balducci Pegolotti 1970, p. 212.
205 Qui fait 33,33 de la mesure de sel florentine.
206 Sapori 1932, p. 196-197.
207 Epstein 2002, carte 1 p. 125.
208 Dal Borgo 1765, p. 329.
209 Sapori 1932, p. 23-53.
210 Sapori 1932, p. 57-101.
211 Sapori 1932, p. 80-96 qui présente 6 recate différentes.
212 Sapori 1932, p. 71-72.
213 Tognetti 2009, Tab. 1 p. 15-17.
214 Pallini-Martin 2018, p. 112.
215 De Roover 1963, Tab. 27, p. 146.
216 De Roover 1963, Tab. 28, p. 147.
217 Melis 1962, p. 328-330.
218 Sapori 1982 [1940], p. 665-669 et p. 672-680. Mais les données manquent entre 1324 et 1331 et la perte est de 16,5 % entre 1332 et 1335.
219 Sapori 1952, p. XXIX-XXXII ; De Roover 1958, p. 34-43.
220 Davidsohn 1977-1978, vol. 6, p. 404-407 [trad. De Davisohn 1896-1927, vol. 4, pt. 2, p. 200-208] ; Luzzato 1931, p. 45-46 ; Sapori 1926, n. 2 p. 228.
221 Melis 1962, Tab. p. 322, voir également l’ensemble de la synthèse p. 321-331, et les calculs particuliers pour Avignon (p. 161-165), Pise (p. 184-185), la Catalogne (p. 329-331).
222 Les profits personnels de Francesco di Marco différent, car ils dépendent de l’ampleur de son investissement dans chaque filiale.
223 Melis 1962, p. 184-185 : le taux de profit annuel est en moyenne de 21,42 % pour 9 ans et 5 mois. En extrapolant les taux annuels avec les données disponibles, cela donnerait l’évolution suivante : 30,49 % (1392-1394), puis 51,53 % (1394-1395), puis 29,50 % (1395-1396), avec un minimal à 1,73 % (1396-1397), suivie par une faible reprise avec 9,66 % (1397-1399) et enfin 16,65 % (1399-1400).
224 De Roover 1963 donne les montants des profits, leur répartition entre les filiales et entre associés de la compagnie des Medici : p. 47 (profits de la compagnie : 1397-1420), p. 55 (profits de la compagnie : 1420-1435), p. 69-70 (profits de la compagnie : 1435-1450), p. 218 (profits de la filiale de Rome : 1439-1450), p. 235 (profits de la Tavola de Florence : 1440-1450), p. 244 (profits de la filiale de Venise : 1406-1415), p. 249 (profits de la filiale de Venise : 1435-1440), p. 256 (profits de la filiale de Naples et de Gaète : 1400-1420), p. 266 (profits de la filiale de Milan : 1459), p. 278 (profits de la filiale de Pise : 1486), p. 283 (profits de la filiale de Genève : 1424-1432), p. 286 (profits de la filiale de Genève : 1435-1450), p. 298 (profits de la filiale de Lyon : 1466), p. 299 (profits de la filiale de Lyon : 1466-1472), p. 314 (profits de la filiale d’Avignon : 1461-1471), p. 322 (profits de la filiale de Bruges : 1438-1443), p. 323 (profits de la filiale de Londres et de Bruges : 1447-1450), p. 350 (profits de la filiale de Londres et Bruges : 1479).
225 De Roover 1963, p. 41 et p. 47.
226 De Roover 1963, p. 49-50.
227 De Roover 1963, p. 41 et p. 47.
228 De Roover 1963, p. 49-50.
229 Tognetti 2009, Tab. 1 p. 15-17 et p. 20. Mais son activité dans les assurances est moins rentable.
230 Tognetti 1999, Tab. 41 p. 150 et p. 149-150.
231 Tognetti 2003, p. 124-131, en particulier Tab. 16 et 17 p. 129-130.
232 De Roover 1963, Tab. 8 p. 47.
233 Tognetti 1999, p. 167-169.
234 De Roover 1963, Tab. 8 p. 47.
235 Pallini-Martin 2018, p. 65.
236 Pallini-Martin 2018, p. 91 : de quelques sous à un écu.
237 Les activités les plus rentables sont, par ordre décroissant : 1) le commerce de soieries et de laines ; 2) celui des cuirs, de l’argent et des épices ; 3) les opérations en commission réalisées pour le compte d’autres marchands.
238 Pallini-Martin 2018, p. 130 et p. 78.
239 Pallini-Martin 2018, p. 93 (soit 826 pièces de tissu de soie) et p. 99 (qui comprennent notamment 1422 ciambelloti et 1182 pièces de camelots).
240 Tognetti 2013, Tab. 4 p. 40.
241 Respectivement Pallini-Martin 2018, p. 92 (506 écus 3 s. 8 d., qui équivalent à 1,43 % du prix de vente des soieries) et p. 90 (1 390 écus 8 s. 5 d.).
242 Pallini-Martin 2018, p. 91 et p. 95-96.
243 Respectivement Pallini-Martin 2018, p. 92-93, p. 110 (146 écus pour 4 000 écus investis), p. 112 (pour Lanfredino Lanfredini) et p. 91.
244 Traités de 1329 dans Dal Borgo 1765, p. 361-389 ; traité de 1343 dans Baldasseroni 1904 ; traité de 1369 dans Silva 1908, p. 668-702.
245 Silva 1908, p. 655.
246 Dal Borgo 1765, p. 375.
247 Dal Borgo 1765, p. 377.
248 Valérian 2004 ; Constable 2003.
249 Silva 1908, p. 642 ; Schaube 1888, p. 114.
250 Dal Borgo 1765, p. 376.
251 Dans ce contexte, il s’agit davantage du colorant présent dans la légumineuse Flemmingia rhodocarpa que le colorant rouge clair inclus dans le bois-brésil ou d’origine indienne (Caesalpinia echinata), qui est toutefois également attesté dans les statuts pisans du XIVe siècle (Bonaini 1854-1870, t. 3, p. 1114, Breve del porto di Cagliari [1318-1321], rub. 56). D’après l’article « verzi » du Tesoro della Lingua Italiana delle Origini, en ligne : http://tlio.ovi.cnr.it/TLIO/, dernière consultation le 14 octobre 2013.
252 Dal Borgo 1765, p. 376-377.
253 Baldasseroni 1904, p. 26-27, de mercationibus mictendis in fundacum pisani portus.
254 Fontani 1980-81 ; Antoni 1971 ; Agapito 1967-68 ; Princi 1964-65 ; Luzzatto 1938.
255 Tangheroni 1984.
256 Dal Borgo 1765, p. 377.
257 ASFi, Mercanzia, 149, fol. 15r-16v, 15 juin 1345.
258 ASFi, Mercanzia, 153, n. f., 20 novembre 1346.
259 ASFi, Mercanzia, 153, n. f., 14 mars 1347.
260 ASFi, Mercanzia, 184, n. f., 25 septembre 1369.
261 ASFi, Mercanzia, 185, n. f., 29 juillet 1370.
262 ASFi, Mercanzia, 194, fol. 2rv, 22 octobre 1375.
263 ASFi, Mercanzia, 197, n. f., 16 juin 1379.
264 ASFi, Mercanzia, 184, n. f., 25 septembre 1369, voir le texte en Annexe 3, doc. 2.
265 Ogilvie 2011, p. 100-107.
266 ASFi, Mercanzia, 184, n. f., 25 septembre 1369, voir Annexe 3, doc. 2.
267 ASPi, Comune A, 197, fol. 127v-128 ; Silva 1912, appendice doc. 5, p. 302-304.
268 ASFi, Mercanzia, 194, fol. 2r.
269 Silva 1908, § 4, p. 684-686, ici p. 686.
270 ASFi, Mercanzia, 194, fol. 2rv, 22 octobre 1375 : non sufficit obstante contrarietate temporis et maxime a sedecim mensibus citra lapsi (sic) in quo mercantiarum usus non fuit more solito frequentatus.
271 ASFi, Mercanzia, 194, fol. 2rv, 22 octobre 1375, voir Annexe 3, doc. 4 pour l’intégralité du passage.
272 ASFi, Mercanzia, 197, n. f., 16 juin 1379, voir Annexe 3, doc 5.
273 ASFi, Mercanzia, 14145 (1374-1381), Libro d’entrata e uscita per le gabelle delle mercanzia fiorentini in Pisa, fol. 2-13v, éd. dans Figliuolo – Giuliani 2020, p. 249-264.
274 ASFi, Mercanzia, 14145, fol 13v ; éd. dans Figliuolo – Giuliani 2020, p. 264.
275 ASFi, Mercanzia, 201, n. f., 27 juin 1381.
276 De Roover 1963, p. 145 : 2 % du prix de vente dans ce cas.
277 Tangheroni 2002, p. 33 : « Del resto se ci si domanda in quale misura incidessero le gabelle pisane la risposta non può che essere : in misura minima. [...] È evidente che occorre immaginare nei Raspanti una buona dose di ingenuità per attribuire loro il progetto di vincere la concorrenza dei panni fiorentini a quelli pisani mediante un così limitato protezionismo doganale. »
278 Tangheroni 2002, p. 34.
279 Banti 1971, p. 89.
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De la « Cité de Dieu » au « Palais du Pape »
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Pouvoirs, territoire et peuplement dans la vallée du Turano au Moyen Âge
Étienne Hubert
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La Circulation des biens à Venise
Stratégies patrimoniales et marché immobilier (1600-1750)
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La Curie romaine de Pie IX à Pie X
Le gouvernement central de l’Église et la fin des États pontificaux
François Jankowiak
2007
Rhétorique du pouvoir médiéval
Les Lettres de Pierre de la Vigne et la formation du langage politique européen (XIIIe-XVe siècles)
Benoît Grévin
2008
Les régimes de santé au Moyen Âge
Naissance et diffusion d’une écriture médicale en Italie et en France (XIIIe- XVe siècle)
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Rome, ville technique (1870-1925)
Une modernisation conflictuelle de l’espace urbain
Denis Bocquet
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