Chapitre 5 – Le lieu et la nation : le port et la place de Pise dans le commerce florentin
p. 223-300
Texte intégral
1F. Melis faisait de Florence, sans flotte propre avant les années 1420, non pas une puissance navale, mais une puissance maritime, c’est-à-dire une ville contrôlant les relations et voies de navigation sans posséder une flotte ou un port1. Pour autant, Florence peut affronter un « problème portuaire2 » quand le débouché maritime lui échappe. Selon quelles modalités et quel tempo cette question cruciale est-elle réglée ?
2La question est également de pouvoir accorder deux historiographies qui ne communiquent pas toujours. Récemment, le problème de l’ouverture de Florence vers la mer a été repris quasiment en même temps par deux historiens issus des universités des deux villes : d’une part, S. Tognetti3 pour les « Florentins » et, d’autre part, G. Ciccaglioni4 pour les « Pisans ». L’enjeu est ici double : analyser l’importance du port de Pise dans l’économie du XIVe siècle, mais aussi examiner le rôle qu’il a eu pour les Florentins.
3Nous présenterons les infrastructures portuaires en Toscane, avant d’examiner les rythmes de l’accès des Florentins au débouché portuaire pisan.
5.1. Les infrastructures portuaires toscanes
4Il s’agit ici d’examiner quels avantages le complexe portuaire pisan présente pour les Florentins au sein de l’économie toscane, si diverse au XIVe siècle. Rappelons qu’après la perte de plus des deux tiers de sa flotte lors de la bataille de la Meloria en 12845, Pise reste le port le plus fréquenté de Toscane6. Tous les ans, plus de 1 000 navires y accostent, d’origines très diversifiées : des vaisseaux flamands, portugais, génois, savonais, catalans, vénitiens, corses, sardes, français, maghrébins et levantins, etc. Pise est pourtant passée du rang de puissance méditerranéenne capable d’imposer des traités à l’Empire byzantin à celui de centre maritimo-commercial régional en mer tyrrhénienne7.
5.1.1. Pourquoi le complexe portuaire pisan est-il mieux équipé et privilégié ?
5Pise n’a pas un port unique, mais abrite un véritable complexe portuaire. Un portulan pisan du XIIe siècle cite ainsi un grand nombre d’escales dans les environs : Porto-Ercole, Talamone, Capalbio, Piombino, Falesia, Porto Baratti, Portoferraio, Vada, Livourne, Porto Pisano et Luni8. Plus généralement, il existe toute une série d’infrastructures portuaires qui forment un système portuaire toscan, dont les différents points sont connectés par cabotage. Au confluent de l’Arno et de l’Auser et à peu de distance de la mer, le système est centré sur Porto Pisano et sur le port fluvial de la ville de Pise, complétés par une série d’escales maritimes, fluviales ou lacustres du Serchio au Bruna9.
6Durant la seconde moitié du XIVe siècle, il faut davantage parler de relation triangulaire, entre Pise, la place commerciale de destination des marchandises, Porto Pisano, le véritable port, et Livourne, endroit privilégié pour le contrôle du trafic portuaire, mais encore peu peuplé à cette époque10.
5.1.1.1. Porto Pisano, cœur de la puissance portuaire pisane, périclite au XIVe siècle
7Vraisemblablement connu dès 417, Porto Pisano11 semble avoir connu une certaine éclipse12 avant une reprise au Xe siècle qui permet au port de retrouver une pleine activité au siècle suivant, lorsque la thalassocratie pisane se développe en Méditerranée13.
8D’importantes infrastructures portuaires sont construites dès le XIIe siècle, dont une bonne partie reste en place durant le XIVe siècle et expliquent le rayonnement du port14. La tour de la Meloria (1156-1157), deux tours du port – l’une vers Livourne (1158-1162), l’autre vers la tour de la Frasca (1158-1164) –, celle de Magnale à Livourne et la construction d’une fontaine à destination des marins complètent le dispositif sécuritaire. Le secteur de Magnale est réorganisé au milieu du XIIe siècle, ce qui accompagne le déplacement vers l’extérieur de la lagune par rapport à l’époque romaine, en raison de l’ensablement progressif du littoral. En août 1165, les autorités font construire une grande casa destinée aux marins et mettent en place la chaîne entre les deux tours de Magnale, afin d’interdire l’entrée du port, tandis qu’un fondaco avec une tour et une porte en fer est construit en 1177, à proximité de l’église de San Nicolò15. Pour faciliter le transport des marchandises, un canal (carisium) de Stagna vers San Piero a Grado et la Vettola sur l’Arno est commencé en 116016. Il pourrait avoir été complété par un fossé entre Stagno et Fasciao17.
9La célèbre description du Compasso da navegare, au milieu du XIIIe siècle, détaille l’organisation du port18 : devant ce dernier se trouvait la tour del Fanale ou della Lanterna, avec ses lampes à huile et ses sergents pour assurer la sécurité de la navigation. Mais les destructions du XIIIe siècle ont été importantes : les troupes du roi de Naples, Charles Ier d’Anjou, dévastent les habitations hors des murs, le palais et le portique où l’on décharge les marchandises (1267), tandis que la guerre contre Gênes (1290) entraîne la destruction de la tour du Fanale et d’autres tours, ainsi que l’obstruction du canal d’entrée dans Porto Pisano. La commune remet l’ensemble en état en 1297, en faisant notamment reconstruire une tour, les quartiers du port tournés vers la terre ferme et la chaîne permettant d’interdire l’accès aux bassins. La tour de Formica et surtout le fondaco du port sont reconstruits à la fin du XIIIe siècle19. Les sergents commandés par un châtelain protègent le port depuis les tours de la Lanterna, de Magnale et dans le Palazetto ou Cassero, dans la tour Vermiglia et dans la Turrassa20. D’autres travaux sont attestés en 1304, pour refaire les ponts du port, reconstruire la tour de la Lanterna, agrandir l’embouchure entre le Palazzetto et la tour Vermiglia, refaire les pontons d’accostage et remettre en place la chaîne de fer21.
10Parallèlement, malgré les travaux réguliers pour draguer les canaux et le port (1355, 1372, 1392), l’ensablement est tel que le fondaco du XIIe siècle est abandonné et entouré de paluds et d’édifices en ruines en 135322. Durant le XIVe siècle, Pise perd le monopole commercial en Toscane au détriment de Florence, passe du rang de puissance méditerranéenne à puissance en mer tyrrhénienne. Les marins pisans restreignent donc leur espace de projection maritime, tandis que le port est investi par les autres puissances, en particulier par les Florentins23. Porto Pisano reste cependant le pôle maritime principal de la Toscane décrit comme la bocca di Toscana par Goro Dati au début du XVe siècle24.
5.1.1.2. La montée en puissance de Livourne au XIVe siècle
11Livourne est située au sud du grand « Arc de Stagno », contigu à Porto Pisano, et à une douzaine de kilomètres de Pise. Il s’agit d’un véritable centre portuaire, comprenant môles, tours, magasins, relié à Pise par une voie d’eau, le Sinus Pisanus25.
12Livourne, qui reste à cette époque de la taille d’un petit village, se spécialise dans le traitement des instructions de la commune pour contrôler le trafic portuaire26. Le premier quart du XIVe siècle est celui de la croissance de son trafic, taxé par une gabelle du même montant qu’à Porto Pisano (1322) et protégé dans les années 1340 par une galée communale pour la défense des côtes27. Durant la seconde moitié du XIVe siècle, l’ensablement de Porto Pisano accompagne la montée en puissance du trafic à Livourne. La présence de magistrats propres signe ce changement de statut28, que renforce la décision de confier à un officier unique la récolte des gabelles (1382), des taxes d’ancrage – qui triplent en septembre 137229 – et des droits d’emmagasinage dans le fondaco communal30.
13Si Livourne est également un port fermé par une chaîne, l’entrée dans le premier bassin de faible profondeur ne peut se faire qu’après avoir déchargé les navires. C’est pourquoi un autre officier est chargé de gérer le trafic : élu par le Consul de la Mer de Pise, il doit favoriser le déchargement rapide des navires en répartissant entre les patrons des barques les navires à alléger avant de pouvoir rentrer au port. Le deuxième bassin, plus vaste et situé entre les deux tours de Magnale, peut accueillir des embarcations de plus fort tonnage. Le dernier bassin est situé entre Livourne et les récifs de la Meloria, pour permettre aux navires en réparation de faire escale31.
5.1.1.3. Le port fluvial de Pise
14La ville de Pise accueille également des darses pour la construction des galères, pour la marine marchande et pour toutes les activités parallèles accompagnant les activités portuaires32, puisqu’en raison des vents et de l’ensablement, les navires ne peuvent jamais atteindre directement Pise : depuis Porto Pisano, il faut soit passer par le canal depuis l’Arc de Stagno, soit plus souvent transborder les marchandises sur des embarcations plus légères qui rejoignent la ville par cabotage puis en remontant le fleuve33.
15Rappelons que le primat de l’Arno dans la vie économique pisane n’est pas une donnée « naturelle », puisque la topographie a varié depuis l’époque romaine : le développement originel suit le cours de l’Auser, sans que les deux rives de l’Arno ne soient initialement occupées. Un port étrusque et romain existait à San Piero a Grado à 1 ou 2 km de la ligne d’estran actuelle, abandonné en raison de l’alluvionnement. Ce n’est que vers l’an mil et le Moyen Âge central que la ville se recentre sur l’Arno34. La construction des enceintes de 1155-1161 est accompagnée de la délimitation du centre urbain par l’Auser au nord, par l’Arno au sud de la ville – qui commence à s’étendre sur l’autre rive, dans le quartier de Kinzica – et par le centre cathédral excentré à l’ouest en direction de la mer, fortement liée à l’histoire de l’évangélisation de la ville.
16La construction du port fluvial commence vers 1160, avec l’édification d’une grande maison, sûrement reliée à la darsana à l’ouest35 : le premier marché de produits d’importation se développe autour de la place entre San Donato et San Nicolò. Les installations douanières sont, quant à elles, situées plus en amont : la Domus Degatie, proche de San Vito, permet de contrôler les navires et de prélever les droits, mais est aussi un lieu de construction de navires communaux (1157), et l’on peut trouver une miriade d’emboli au sein de la ville, ces quais de déchargements proches des quais et des palais en bord de fleuve sur la rive droite36. Ainsi, l’Arno peut-il être qualifié de « fleuve de Pise » (fiume di Pisa) par une source arabe du XIIe siècle37.
17Quant à l’arsenal (Tersana) proprement dit, il n’apparaît pas avant 1200, à l’ouest de San Vito : étendu sur 40 000 mètres carrés38, il peut accueillir jusqu’à 80 galères en même temps39 et connaît un fort dynamisme jusqu’à la première moitié du XIVe siècle, puisque la ville est capable de construire très rapidement des dizaines de galères (100 galères contre les Génois en 1243-1247). Mais la perte des deux tiers de la flotte pisane après la bataille de la Meloria (1284) et la perte de la Sardaigne (1324-1326) signent la contraction du commerce maritime pisan et réduisent drastiquement les recettes communales. Cela survient au pire moment, puisque l’accroissement de la menace florentine oblige à réorienter l’effort militaire vers l’intérieur. La Tersana est finalement transformée en dépôt d’armes et en forteresse sous Jacopo d’Appiano (1394)40.
18Dès le milieu du XIIIe siècle, une série de points d’accostage de plus faible ampleur complètent les infrastructures portuaires majeures précédemment décrites, notamment sur la rive droite, près du « Ponte Vecchio » de l’époque : le marché des denrées alimentaires près de la chapelle San Jacopo, la piazza del Grano en face de San Clemente, le marché des poissons près de San Martino. Au total, le Breve Pisani Comunis (1287) mentionne onze escales construites par l’autorité communale sur la rive droite, dont quatre sont réparées, mais aussi les gipti devant être entretenus par les propriétaires de palais sur les rives de l’Arno41.
5.1.2. L’Arno et ses escales
5.1.2.1. Un système cohérent
19Si l’on élargit le cadre en intégrant l’amont, l’Arno forme un système, puisqu’il permet de relier Porto Pisano à Pise et surtout de naviguer jusqu’à Signa42, voire jusqu’à Florence pour le bois flottant43. Rappelons que si Pise communique avec Florence via l’Arno, l’affluent du Serchio, l’Auser, qui coulait au nord de l’enceinte de Pise, ainsi que le lac de Bientina permettent d’assurer une liaison fluviale entre Pise et Lucques, et que la communication avec Pistoia et le Valdinievole est possible via l’Usciana.
20Le trafic sur l’Arno s’accroît au XIIIe-XIVe siècle dès lors que Florence se développe : on mentionne dès 1218 des navaioli qui vadunt per Arnum ad Florentiam44. Le cours de l’Arno était plus sinueux qu’actuellement au XIVe siècle, ce qui implique une distance accrue et des temps de parcours plus longs : dans des conditions optimales, il fallait deux jours pour rejoindre Pise depuis Florence (avec des charges peu lourdes et l’aide de navires à voiles) et trois jours dans le sens inverse, même si le débit du fleuve varie selon les saisons. Des trajets fluviaux étaient garantis tous les jours45 et étaient moins chers que les transports terrestres, qui dépendent de la qualité de routes46.
21Les autorités pisanes contrôlent plusieurs sites de franchissement et y prélèvent des droits de douane, en particulier le ripaticum, la taxe pour les marchandises circulant sur le fleuve, qui augmente le coût du transport pour les Florentins. Ainsi l’archevêque prélève-t-il des taxes à Ricavo (près de Castel Del Bosco, 1209), aux confins du territoire oriental de Pise. Mais on trouve aussi des mentions de prélèvements par l’archevêque de droits au niveau du plebus de Lavaiano (disparu, localisable entre Castel Del Bosco et La Rotta) à la confluence de l’Arno et du torrent Chieschine, portion stratégique de l’Arno, où est localisé depuis le XIe siècle le port fluvial de Portassi (à la confluence entre l’Arno, le rio Bonello et la Chiecina). L’archevêque contrôle aussi les rives du lac de Bientina (1179), aux confins de Pise et de Lucques, qui relie ainsi le territoire de Lucques avec le Valdarno, via le Cilecchio, canal navigable et émissaire du lac de Sesto47. Pise dispose également de ports fluviaux à Cascina, Castelfranco di Sotto48 et Navacchio49 dès le XIIe siècle.
22Les informations manquent pour le Valdarno moyen et inférieur50, même si les rives de l’Arno et de l’Usciana autour de Fucecchio concentraient des escales fluviales. La portion entre Fucecchio et les frontières des diocèses lucquois et pisan comporte quatre ports fluviaux, que contrôle en partie le monastère vallombrosan de San Salvatore di Fucecchio (entre Fucecchio et Montecalvoli) : Portum Arni aux pieds de Fucecchio (1024), un Portum aux frontières de Vinciole (1040), le Portum Acti (1053) à la confluence de l’Arno, du rio Bonello et du torrent Chiecina, et enfin un Portum sancti Viti près du château de Mitricciano (1107)51. Dans les quatre cas, il s’agit de ports fluviaux servant à mettre sur le marché les productions domaniales des aristocrates locaux ou des monastères et à pallier le manque de ponts sur l’Arno.
23Ensuite, les plus grands navires pouvaient atteindre Empoli et Capraia, mais ensuite, les rapides du fleuve empêchaient que toutes les embarcations n’atteignent le port de Signa, bien documenté, et stratégique pour Florence à bien des égards, puisqu’outre la Cité du Lys, il permet aussi de rejoindre San Piero a Ponti et Campi et ainsi atteindre Prato, Pistoia et rejoindre la route terrestre vers Bologne52. Connu dès le XIIe siècle, son importance croît au XIIIe siècle avec la présence de la Badia di Settimo, qui contrôle une grande partie des installations, composées de trois ports fluviaux : le Porto di Sotto, au confluent entre l’Arno et l’Ombrone, qui rejoint Pistoia ; le Porto Maggiore près du pont sur le fleuve géré par la Badia di Settimo et qui devient le port principal ; le Porto di Mezzo, installation humide et illégale53. En effet, dans l’ensemble, les navires devaient payer des droits de douane à San Miniato, Pontedera, Fucecchio, Santa Maria a Monte, Montopoli et à Bientina, ce qui augmentait les frais54. Pour les éviter, une vingtaine de Florentins et de Pisans se sont associés en 1338 pour créer le Porto di Mezzo de Signa, qui échappe aux douanes habituelles, à Empoli ou ailleurs. Or, comme ce groupe impose son monopole en faisant payer de 3 à 5 s. par embarcation et allonge le temps de parcours, la Mercanzia mène une enquête en 1340 pour faire cesser cette activité55, d’autant que les installations sont très humides et allongent les trajets. Des travaux sont encore effectués en 1346 pour accroître les capacités du port fluvial de Signa56.
24Par ailleurs, les ports urbains de Florence ont été abandonnés au XIVe siècle57. Les communications avec la région de Lucques, via le Serchio sont également importantes58, dans la mesure où l’un de ses affluents, l’Auser, coulait au nord des murailles de Pise. Rappelons enfin que ces mentions de ports fluviaux ne permettent pas d’attester de leur importance respective59.
5.1.2.2. Les ports mineurs sur le littoral pisan
25D’autres centres portuaires se trouvent sur le territoire pisan : Porto Pisano est ainsi complété par Vada, Piombino, Castiglione della Pescaia et par une série d’escales mineures, y compris sur les voies d’eau intérieures.
26Vada, l’ancien port étrusque de Volterra, redevient une étape portuaire importante au XIIe siècle60. C’est pourquoi une enceinte est construite (1163-1179) ainsi qu’un phare (1278) qui n’est pas achevé au début du XIVe siècle61. La commune de Volterra cherche également à fixer la population en accordant des exemptions fiscales pendant 10 (1287) puis 20 ans (1302)62.
27Le promontoire de Piombino63, fortifié au XIe siècle, est une étape vers les mines de fer et de granit de l’île d’Elbe, mais aussi vers la Sardaigne exportatrice de sel, d’argent, de grains, de laines et de peaux, ainsi qu’un centre de collecte des produits et impôts dus à Pise. Bien protégé des vents, il dispose de bonnes capacités d’accueil et reste proche de Florence, d’autant que les routes sont de bonne qualité (les directions Volterra – Monteverdi – Sassetta – Suvereto ou Colle Val d’Elsa – Causa – Prata – Massa Maritima). Pise contrôle la zone dès le XIIe siècle et y installe dès 1160 une galée pour sécuriser les trajets maritimes, mesure maintenue durant tout le XIVe siècle64 et contrôle avec attention les fortifications. Dès la fin du XIIe siècle, Pise cherche à dynamiser ce port : il a un rôle de premier plan dans la défense de la Sardaigne durant la guerre contre les Catalans (1322-1324)65, et les autorités communales décident de le renforcer en y implantant plus de 400 poteaux d’accostage (1378)66. Sa fortune augmente après l’installation de Gherardo d’Appiano comme seigneur (1399-1406), avec une légère atténuation les deux dernières années, du fait des opérations pisanes pour bloquer l’activité florentine. Ces derniers l’utilisent pour importer les produits en provenance de l’île d’Elbe (fer et vin), de Corse et parfois de zones plus méridionales. Ils bénéficient de conditions similaires à celles concédées à Pise sous Pietro Gambacorta, au point qu’un correspondant de Piombino puisse écrire en mars 1405 : « Les Florentins sont tous francs [fiscalement], comme ils avaient l’habitude de l’être à Pise au bon temps67. »
28Peu d’informations sont disponibles sur Falesia, port d’origine étrusque, mais qui semble pouvoir accueillir de nombreuses embarcations : ainsi, en 1283, 49 galées pisanes peuvent s’y réfugier lors d’un conflit avec Gênes. Le port est doté d’une chaîne et Pise prévoit la construction de fortifications en 1287, notamment d’une tour de base carrée, sans qu’on sache toutefois si elle a été achevée68.
29L’antique Populonia, sur la côte nord du promontoire et parfois rebaptisée Porto Baratti durant la période médiévale est de nouveau attestée aux XIIIe-XIVe siècle, mais uniquement pour la distribution de céréales69.
30Castiglione della Pescaia joue pour sa part un rôle militaire important en raison de sa position sur la frontière méridionale de Pise. Mais comme Populonia, il sert surtout à commercialiser les produits locaux, le vin, les grains et les poissons70.
31D’autres ports mineurs pourraient également être mentionnés. Avenza, port fluvial près de Marina di Carrara, est utilisé par les Florentins pour le transport du marbre de Carrare, et pour quelques opérations vers la plaine padane ou Portovenere71 ; Lerici sert de base de départ pour le marbre et pour l’acier lombard, avec une capacité d’accueil pour des navires plus importants72 ; quant à Portovenere, bien protégé, il est peu investi puisqu’il faut contourner le golfe.
5.1.3. Les alternatives toscanes : Motrone et Talamone
32La centralité pisane est concurrencée par Motrone di Versilia sur le territoire lucquois et par Talamone dans la Maremme siennoise73, qui sont des concurrents sérieux au débouché pisan quand les Florentins décident de se passer des traités bilatéraux ou de financer la construction d’infrastructures portuaires à même de pallier l’interdiction de se rendre à Pise.
33Acquis par Sienne en 1313, Talamone74 est une alternative sérieuse qui peut être utilisée pour traverser le territoire florentin, d’autant plus que les autorités siennoises améliorent les routes75. Le détour par Talamone peut être compensé de diverses manières. La puissance économique des Florentins leur permet de faire patienter certains navires avant l’arrivée de leurs marchandises, de faire transiter des navires génois à Pise76, ou encore de faire jouer la concurrence pour faire baisser les prix de transport77. Sur les 500 opérations de la compagnie Datini, le surcoût du passage par Talamone au lieu de Pise n’est que de 5 à 10 % pour le transport maritime, de 10 à 20 % pour le transport terrestre, et très peu pour l’assurance. Mais comme les coûts fiscaux sont très avantageux (surcoût de 5 % alors qu’ils peuvent compter jusqu’aux 4/5e des coûts pour certaines marchandises), cela revient presque, selon Melis, à abaisser le prix78. Pour autant, les transports sont plus lents et moins sûrs.
34Les Florentins ont également recours à Motrone di Versilia pour les opérations les plus pressantes79. Il s’agit d’un port fluvial mal protégé et de capacité limitée, malgré la qualité des routes et la proximité de Lucques. L’importance de Motrone croît après 1400, sous le règne de Paolo Guinigi, seigneur favorable aux Florentins, mais, après 1403, Talamone et Piombino prennent le relais. Motrone sert pour quelques opérations florentines spécialisées : pour les communications avec la Provence et le Languedoc, avec Savone ou pour utiliser les navires personnels du seigneur de Lucques80.
35D’autres solutions plus éloignées, comme Savone et Gênes, peuvent servir de relais, mais les routes sont difficilement praticables entre la Toscane et la Ligurie, seuls des messagers les parcourent à cheval à cette époque81. Enfin, quand Porto Pisano n’est pas accessible, Venise est utilisée, avec de faibles augmentations de coûts malgré l’allongement de la durée du transport, compensé par la qualité des navires vénitiens et les tarifs avantageux82. A. Astorri montre d’ailleurs combien la Mercanzia florentine a une attitude pragmatique visant à laisser libre l’accès à l’Adriatique (via Bologne et la Romagne), en particulier lorsque les relations avec Pise sont tendues83.
5.2. Les étapes de la conjoncture économique entre Florence et Pise
5.2.1. Des relations houleuses, surdéterminées par la question gibeline (1310-1329)
36Avec la descente de l’empereur Henri VII en Toscane et la seigneurie d’Uguccione della Faggiola, les relations économiques avec Florence sont globalement tendues.
37Malgré les succès militaires, l’économie pisane pâtit d’être l’avant-poste du gibelinisme en Toscane, notamment en raison des très fortes impositions84 – qui ne sont plus gérées par les marchands – pour entretenir les armées : par exemple, Pise donne 200 000 florins à Henri VII en 1312. Surtout, l’élite populaire de Pise doit choisir entre, d’une part, l’opposition frontale avec Florence – qui n’hésite pas à recourir à l’alternative portuaire de Talamone en avril 131285 – pour honorer le patrimoine idéologique gibelin et, d’autre part, la pacification avec Florence et Robert Ier d’Anjou, qui permet l’accès aux marchés lucratifs du Mezzogiorno angevin86.
38C’est pourquoi plusieurs traités de paix sont signés. Celui du 27 février 1314 prévoyait d’abord d’exempter les ressortissants des cités guelfes du paiement de toute taxe sur le transit de marchandises à Pise, afin de remédier à la crise économique87, mais il n’est pas appliqué par Uguccione della Faggiola. En 1317, la deuxième occasion est la bonne, même si les négociations sont difficiles, notamment au sujet des droits de douane des marchandises florentines à Pise : cette dernière finit par céder, après le stratagème des Florentins se prévalant faussement de l’aide avignonnaise88.
39En janvier 1318, Pise s’entend alors avec Florence pour remettre de l’ordre à la périphérie de son contado dans la vallée de l’Arno : des villages imposaient des taxes indues sur le trafic de marchandises, ce qui lésait les Florentins, qui demandent une copie des tarifs douaniers pisans afin de se prémunir des abus locaux, mais ils reçoivent une réponse méfiante, car la cité littorale craint une utilisation du document dans un conflit ultérieur89.
40Pise contrôle par ailleurs difficilement son littoral infesté de pirates, en raison de la faiblesse de sa flotte après la défaite de la Meloria (1284)90. Au printemps 1318, alors que Pise se rapproche de Lucques dominée par Castruccio Castracani, ce dernier projette à la fois de construire un port à San Mauricio qui soit sur le territoire lucquois (Motrone était alors dominée par Pise) et demande une baisse des gabelles pour les Lucquois à Pise91.
41Mais la pacification des rapports économiques entre Pise et Florence dure peu de temps. En effet, le rapprochement pisan avec le seigneur de Lucques accroît les tensions avec Florence puisque le 18 novembre 1321, elle interdit à ses artisans d’introduire à Pise ou de faire carder des draps français, lombards ou extérieurs à la Toscane92 ; une mesure complétée le 9 décembre 1321 par l’interdiction du cardage de laine pisane, française ou lombarde à Florence93.
42Ces tensions dégénèrent en un grave conflit douanier en 1322 (voir chap. 6, § 2.4.), sur fond de disette touchant Pise en 1322-132394. La commune augmente de 50 % ses droits de douane sur les draps (avril 1322) et crée une nouvelle taxe sur les marchandises en transit (juin 1322). Florence riposte alors en boycottant Porto Pisano et en amassant des troupes sur son territoire. Puis, le 23 juillet 1322, elle envoie des ambassadeurs à Pise pour protester : ces derniers demandent l’annulation des augmentations et des nouvelles taxes alors que Pise affirme avoir pris des décisions fondées en droit. Les discussions sont confiées à un groupe d’experts, qui propose plusieurs solutions : soit déposer l’argent et les marchandises auprès de deux compagnies pisanes, soit les déposer auprès de quatre des compagnies pisanes les plus solvables et ayant des filiales à Florence. Comme l’officier et les 8 citoyens chargés de défendre les franchises florentines à Pise interdisent le 16 septembre 1322 tout trafic des Florentins à Pise, cette dernière se déclare favorable au retour du système de licences d’exportation de céréales (mais concédées à la commune de Florence et non aux particuliers)95. Au final, après l’ordre de la Mercanzia intimant aux compagnies présentes à Pise de ne pas utiliser les navires pisans le 13 octobre 132296, l’urgence de la guerre en Sardaigne conduit Pise à céder en décembre : les franchises de taxe des Florentins sont confirmées et les taxes d’avril et de juin 1322 sont annulées ; Florence, de son côté, appliquera les mêmes franchises pour les Pisans à Florence et cesse de boycotter les navires pisans ; tout conflit ultérieur sera confié à une commission mixte de quatre membres97.
43En mars 1323, à la faveur du rétablissement de relations plus apaisées entre les deux villes, les marchands florentins souhaitent utiliser davantage les navires pisans, afin de pouvoir commercer en Provence sans passer par Gênes. Mais une taxe sur les marchandises déposées dans les magasins ou le fondaco communal suscite quelques tensions, vite apaisées par Pise déclarant ne pas tirer profit de cette taxe intégralement affectée à une meilleure organisation du fondaco, ce qui la rendait conforme aux accords signés auparavant (voir chap. 6)98.
44Entre 1324 et 1326, la couronne d’Aragon conquiert la Sardaigne au détriment des marchands pisans qui avaient développé des affaires fructueuses dans cette prospère colonie économique99.
45Les compagnies pisanes les plus puissantes réagissent alors à cette dure perte en réorganisant leurs activités vers d’autres secteurs économiques, comme le transport maritime, et en réorientant leurs échanges vers d’autres zones géographiques comme le royaume de Naples, la Sicile, la Ligurie et Florence. La célèbre déclaration d’Andrea Gambacorta et de Betto Sciorta en janvier 1325 (« conviene che noi ci mectiamo a fare gran cose ai fiorentini100 ») vient le prouver, même si elle a indûment servi à déceler la formation d’une faction Bergolini menée par les Gambacorta, qui auraient précocement eu un programme économique philo-florentin101. Au contraire, A. Poloni a démontré que les deux personnages s’expriment uniquement au nom de leur compagnie, qui transporte des marchandises entre Pise et la Provence pour des marchands étrangers, surtout florentins : comme ces derniers se tournaient alors vers les navires génois, ils demandent l’application de tarifs douaniers favorables aux Florentins afin que la compagnie puisse être « compétitive » et que les caisses communales en bénéficient indirectement102. De la même manière, la société de Jacopo dell’Agnello et de Puccio del Mosca réorganise ses activités en 1332 pour assurer le transport de marchandises entre Aigues-Mortes et la Sicile sur son navire le San Tommaso d’Aquino, en particulier avec des marchands florentins, puisque la compagnie signe un contrat pour transporter 500 à 700 salme de froment entre la Sicile et Aigues-Mortes pour le compte de Nerio Bertani de Florence et de deux autres marchands florentins103. Ainsi, les familles des Gambacorta et des dell’Agnello commercent donc toutes les deux avec Florence, alors qu’elles suivront un chemin politique opposé dans leur attitude vis-à-vis de la Cité du Lys dès les années 1340-1350.
46Ces réorientations semblent néanmoins avoir eu un impact limité, car les signes d’une grave crise économique des marchands pisans se font sentir : ces derniers cherchent à investir dans la terre pour se « réfugier » dans un domaine concentré dans le contado104. La crise est par ailleurs accentuée par la volonté florentine d’asphyxier son ennemi en promouvant le boycott de Porto Pisano auprès de sa population et de ses alliés. Ainsi, lorsque la menace de Castruccio Castracani est trop forte pour Florence, elle sanctionne toute personne entretenant des rapports commerciaux avec Pise, mais aussi avec Lucques, Pistoia et Savone (26 août 1326)105. Ce mouvement se renforce lors de la domination de Pise par Louis de Bavière – qui s’efforce de sécuriser la circulation des marchands sur le territoire pisan et fixe à 8 d. par lire la taxe sur les marchandises estimées106 – et par Castruccio Castracani en 1328-1329 : en septembre 1328, Florence boycotte Porto Pisano et invite Sienne, Volterra et les autres cités guelfes à faire de même, puis édicte des représailles contre Pise107, ce qui provoque l’embarras de marchands génois ayant fait débarquer à Porto Pisano depuis Volterra 131 salme de laine anglaise en juillet 1328, juste avant l’officialisation du boycott108. Cependant, le trafic portuaire ne semble pas totalement interrompu en janvier 1329. De plus, plusieurs indices montrent que la commune de Pise soutient l’expansion de son secteur lainier dans les années 1320, qui rencontre un certain succès pour exporter des textiles de qualité moyenne en Sicile et dans le sud de l’Italie, au moment où les Flamands et les producteurs du nord de l’Europe sont moins présents en Méditerranée109.
5.2.2. Malgré un expansionnisme concurrent, le rééquilibrage des relations économiques (1329-1354)
47Après la perte de la Sardaigne en 1324-1326, les dépenses occasionnées par la présence impériale en 1327-1329, et la grave crise subie par les marchands pisans, les années 1330 sont considérées par les Pisans comme un âge d’apaisement relatif. Mais la normalisation du trafic à Porto Pisano lui permet de jouer à plein son rôle de « bocca di Toscana ». Dans les années 1340, le regain d’activité des compagnies pisanes et la crise de l’économie florentine ouvrent de nouvelles possibilités d’expansions commerciales pour les Pisans, ce qui fait évoluer les rapports économiques entre les deux cités110. En somme, durant cette période, un meilleur équilibre existe entre Pise et Florence, qui collaborent davantage sur le plan commercial (un avocat des Florentins est mis en place en 1333, puis un consulat en 1345)111, alors qu’elles sont opposées sur le plan militaire pour conquérir Lucques jusqu’en 1342.
48Un traité, dont les clauses commerciales rétablissent une certaine franchise sur les taxes et sur les droits de douane des Florentins à Pise est tout d’abord signé au mois d’août 1329112. Les relations semblent plus cordiales comme le prouvent, d’une part, le paiement de certains équipements militaires pisans par Florence (janvier 1330)113 et, d’autre part, le paiement ou le remboursement de 1 000 florins d’or par le marchand pisan Nerio Moscerifo114. Cela n’empêche pas les tensions ponctuelles. Ainsi, les officiers chargés de vérifier que les accords sur les franchises de taxes pour les Florentins à Porto Pisano se plaignent en 1336 de la violation des conditions, ce qui provoque l’envoi d’une ambassade à Pise, dont fait partie Giovanni Villani115.
49Certaines mesures sur les textiles sont difficiles à interpréter. En effet, Pise, confortée par la signature d’un traité de paix et de commerce avec Gênes116, décrète en juillet 1335 l’interdiction à partir du 1er juillet 1336 de la vente et de l’utilisation de draps qui ne sont pas de fabrication locale ou qui proviennent du nord de l’Europe (ultramontes), ce qui englobait donc aussi les textiles florentins117. Interprétée comme étant une mesure protectionniste et anti-florentine par P. Silva118, la décision de 1335 a sans doute un sens plus général selon A. Poloni, puisqu’elle vise les textiles de qualité moyenne produits dans l’Italie du nord et du centre avec qui Pise entre en concurrence. Elle ne fait cependant pas référence à une crise du secteur et se combine avec le soutien communal à l’installation de nouvelles boutiques et de nouveaux producteurs, dès lors que les nouveaux venus s’acquitteraient de cinq lires pour adhérer à l’Art pisan de la laine, une somme relativement faible comparée aux 25-60 lires réclamées pour les peaussiers119. En revanche, le 28 décembre 1340, le choix d’interdire la vente et la possession de draps qui ne seraient pas de Pise, excluant les textiles d’outremonts mais incluant spécifiquement ceux de Florence, peut être lu comme une mesure protectionniste à l’encontre de la production florentine, d’autant plus qu’elle se double d’un contrôle tatillon des balles et trousseaux à l’entrée et à la sortie de la ville120.
50Pourtant les bonnes relations semblent primer, car plusieurs accords commerciaux pour l’exportation de céréales vers Florence sont signés entre 1339 et 1347121, pour une ville qui a un besoin vital d’importer des céréales122, et recourt fréquemment à des intermédiaires florentins ou étrangers, dont des Pisans123. Comme le commerce des céréales à Pise est monopolisé par le système de la canova – qui consiste en un échange de céréales, accompagné de la gestion des réserves, de la distribution et de l’obligation d’expédier les céréales du contado vers la ville124 –, ces accords permettent de déroger au monopole communal de l’approvisionnement annonaire, sous certaines conditions. Ces échanges d’une marchandise si stratégique semblent même avoir eu lieu quelques années avant les actes repérés par M. Tangheroni et G. Pinto, par exemple dans une délibération sur la vente de céréales à l’Abbondanza florentine par le marchand pisan Neri di Simone da San Casciano a lieu le 27 avril 1335125.
51De la sorte, le 18 septembre 1339 – année de disette126 –, les Florentins Tommaso Dietaiuti et Francesco di Lapo, puis de nouveau Tommaso Dietaiuti et Tommaso di Duccino signent avec le Pisan ser Bene di ser Leopardo da Calci un accord valable entre janvier 1340 et janvier 1341 afin d’acheter des céréales que les deux communes doivent se partager en moitiés égales127. L’Abbondanza florentine aura alors le droit de taxer ses marchands se servant des infrastructures portuaires pisanes pour acheter des céréales128. L’achat direct de céréales à Pise et dans son contado reste interdit pour les Florentins, qui peuvent toutefois acquérir directement sur les navires jusqu’à 500 setiers (staia) de grains. De plus, aidée par une participation financière florentine de 5 000 florins, Pise s’engage à entretenir deux galères en mer et deux galères près de Porto Pisano et de Livourne pour protéger le trafic, avec un partage des éventuels bénéfices et des amendes, en cas de navigation des galères à l’extérieur du triangle Civitavecchia-Corse-Portovenere129. La sécurisation de ces trafics est loin d’être inutile, car, même si Pise et Gênes entretiennent de bons rapports à cette époque, cette dernière tente de forcer le débarquement de navires pisans chargés de céréales dont elle manque cruellement. Les ambassadeurs pisans Puccio Benetti et Jacopo dell’Agnello se chargent alors d’apaiser les craintes florentines130.
52Ces dernières se réalisent à la fin de l’année 1340, car une commission de la Mercanzia doit se rendre à Pise le 28 décembre pour espérer le rétablissement des droits des Florentins, en particulier dans le commerce textile131, avant que les rapports commerciaux entre les deux villes ne soient totalement suspendus à la faveur de la guerre pour la possession de Lucques en 1341 : le 18 octobre, une commission de la Mercanzia se réunit et 35 compagnies participent au financement de la rénovation de la route et des infrastructures portuaires de Talamone qui doit compenser la fermeture de Porto Pisano132.
53Ensuite, la paix bilatérale d’octobre 1342133 accorde des conditions financières favorables aux Florentins afin de compenser leur échec : ils reçoivent un tribut annuel de 8 000 florins pour 15 ans et doivent bénéficier de 5 ans de franchises totales sur les marchandises en transit à Porto Pisano134. Ce traité permet également le libre commerce des Florentins à Pise contre le paiement d’une taxe de 2 d. par lire de marchandises (0,83 %), leur libre circulation sur le territoire et l’utilisation facilitée de Porto Pisano, mais leur interdit l’exportation de produits alimentaires issus des territoires pisans (Pise, contado et Sardaigne) ; il prévoit également l’installation d’un syndic des Florentins à Pise.
54Ces conditions sont révisées par le traité signé à San Miniato en novembre 1343135 : désormais les Pisans doivent livrer 100 000 florins aux Florentins, livrables par étapes étalées sur 14 ans ; leurs marchandises en transit à Porto Pisano devront toujours payer 2 d. par lire (0,83 %) de taxes au-delà d’une franchise de 200 000 florins annuels de marchandises, selon l’estimation qui en sera faite136. Plus généralement, les conditions du traité de 1329 sont reprises, notamment pour les limitations d’achats de produits alimentaires, les conditions d’installation des Florentins à Pise pour commercer ou exercer un métier ou un Art, ou encore pour l’installation d’un syndic florentin. Les négociations et la signature d’un nouveau traité permettent aux Florentins d’élire deux nouveaux syndics, Andrea di Lapo delle Botte et Uguccione di Boninsegna di Gherardo, chargés d’acheter des céréales à Pise dès le 5 novembre 1343137. Le lien entre les deux opérations est d’ailleurs clairement affirmé le 27 juin 1347 dans les Provvisioni : Florence utilise le tribut annuel versé par Pise pour l’achat des céréales dans la cité littorale138, même si cet argent est plus souvent utilisé pour payer ce que Florence doit à Venise jusqu’en 1351139.
55Le 2 août 1344, les Sages (Savi) pisans acceptent la requête des ambassadeurs florentins de sécuriser les voies de communication entre Pise et Florence et de traiter amicalement les habitants de San Miniato140. Dans un contexte de plus grande disponibilité de céréales (notamment en stocks de grains siciliens invendus) à Pise alors qu’une disette se profile à Florence, cette dernière obtient alors le droit ponctuel d’acheter les céréales stockées141. C’est pourquoi deux ambassadeurs florentins, Forese da Rabatta (avocat des Florentins en 1336 et célèbre juriste)142 et Antonio degli Albizzi, proposent la création d’une nouvelle société de grani et bladi per utroque comuni emendi et habendi143. La commission réunie ad hoc accepte la signature d’une convention annuelle dans les mêmes conditions que celle de 1339, même si Pise se réserve le transport des produits, une plus grande liberté pour acquérir des céréales sur le littoral, et maintient les gabelles de 2 d. par lire (0,83 %) introduits dans le traité bilatéral de novembre 1343144. Il semble que des marchands pisans aient utilisé ce système en 1345145, mais le début d’une grave disette incite la commune de Pise à saisir une partie du blé en transit vers Florence146.
56Après la création du consulat des Florentins à Pise (mai-juin 1345) et alors qu’une grave disette sévit à Florence en 1346-1347147, les Florentins proposent en juillet 1346 de renouveler ce système (partage par moitié des achats, droit pour Florence de transporter les céréales par voie terrestre et fluviale, sans douane, aide des autorités pisanes pour les marchands florentins chargés de ces opérations) pour six mois148. Florence dépense alors 500 florins pour aménager un port fluvial et des magasins à grains à Lastra a Signa, qui doivent remplacer ceux de Lotto di Paganuccio en mauvais état ; ce port est localisé à Mezzana (aussi appelé Porto di Mezzo à Signa), 2 milles en amont de Lastra a Signa149. La commune florentine possède également des magasins à Porto Pisano et Livourne, où les responsables des entrepôts ont également le droit d’acheter du blé, qu’ils réexpédient vers Pise, où un autre officier florentin le réceptionne et l’entrepose, avant de le renvoyer à Signa, où il sera à nouveau redistribué depuis un troisième entrepôt150. Durant ces années, des sociétés mixtes de marchands florentins et pisans pour l’acquisition de céréales se forment également151, avec notamment la participation des compagnies des Bardi, des Acciaioli et des Peruzzi152.
57Sans savoir si l’opération est uniquement liée au renouvellement de l’accord de juillet précédent, le 12 septembre 1346, neuf compagnies pisanes (dont les Gambacorta et les dell’Agnello) prêtent 30 000 florins à la commune florentine, ce qui masque vraisemblablement une dette contractée envers ces compagnies pour la livraison de céréales153. Les documents ultérieurs concernant le remboursement des sommes dues par les Florentins viennent par ailleurs conforter les deux hypothèses de G. Pinto : les prêts servent à acheter et transporter des grains pour Florence, et un autre prêt effectué par Buonaccorso Bonizzi le 2 mars 1346 est mentionné ; 33 500 florins sont donc prêtés au final en 1346154.
58Ces bonnes relations se prolongent donc et se traduisent par des achats de céréales en grande quantité en janvier 1347, que Florence a des difficultés à payer et à faire transporter depuis ses magasins de Porto Pisano, de Pise et de Livourne155. De même, au mois d’août 1347, un nouvel accord annuel est signé entre Cambino Signorini156, pour le compte des Florentins, et Enrico Bononcontri, pour celui des Pisans157. Le recours à des intermédiaires pisans est également attesté en 1348158.
59Certains marchands ont vraisemblablement pu obtenir 30 % d’intérêts sur cette fructueuse opération en juin 1347, comme Niccolò del Voglia qui reçoit, en tant que procurateur du marchand pisan Buonaccorso Bonizzi, 3 900 florins en restitution d’un prêt antérieur de 3 000 florins à l’office de l’Abbondanza florentine pour du blé et du froment qu’il a vendu et transporté à Florence159. Pour autant, ce remboursement semble avoir occasionné des difficultés jusqu’en 1349. Le 25 avril 1349, la commune demande au camerlingue de l’Abbondanza de lui rembourser au moins deux tiers de la somme, qui peut provenir à la fois des revenus de l’institution que de la revente de biens confisqués160. Ensuite, le 31 juillet 1349, deux syndics sont nommés pour récupérer les sommes dues par Pise et Livourne, au titre du dernier traité bilatéral (100 000 florins versés par tranches de 7 000 florins durant 14 ans), et doivent à nouveau se servir de ces sommes pour rembourser Niccolò del Voglia161. Un document sous seing privé (apodixa) a vraisemblablement dû être rédigé pour faire la synthèse des sommes restant à payer, car, le 12 août 1349, il est de nouveau ordonné au camerlingue de payer les sommes (non précisées) mentionnées dans le document162.
60De la même manière, le 16 août 1352, Benedetto Bonizzi, fils et héritier de Buonaccorso Bonizzi, réclame le paiement des 614 florins restants que Florence n’avait pas encore remboursé pour le change et le prêt de 3 500 florins ayant servi à acheter des céréales pour le compte de Florence le 2 mars 1346. Une réduction de 214 florins étant prise en compte, les conseils de Florence ordonnent que les 400 florins lui soient remboursés avec tous les revenus disponibles163. Les actes mentionnent donc clairement que Buonaccorso Bonizzi est impliqué dans les deux ventes de grains à Florence en 1346 : d’abord pour 3 500 florins en mars 1346, puis pour 3 900 florins en septembre 1346, où il est représenté par Niccolò del Voglia, qui continue de recevoir des remboursements jusqu’en 1349. Il est donc probable que Bonnaccorso Bonizzi et Niccolò del Voglia soient membres d’une même compagnie ayant vendu 7 400 florins de céréales à Florence en 1346164.
61Si Florence éprouve des difficultés à rembourser les prêts de 1346-1347 jusqu’en 1352, bien compréhensibles en raison de la profonde crise occasionnée par la peste noire, des faillites des compagnies marchandes et de la réorganisation de la dette publique, le mécanisme de vente de céréales par des marchands pisans qui avancent les fonds et transportent les marchandises jusqu’à Florence qui, elle, se sert comme caution des 7 000 florins de tribut annuel que Pise (et Lucques qu’elle domine) doit lui verser tous les ans à la saint Jean-Baptiste, est maintenu. En somme, l’argent versé par la commune pisane est réutilisé pour enrichir quelques marchands capables de fournir des céréales, obtenues par Florence contre le paiement des seuls intérêts. S’ils semblaient atteindre la proportion considérable de 30 % en 1347, la leçon des difficultés de remboursement semble avoir été retenue, puisque ce taux est abaissé à 15 % en 1353.
62En effet, le 24 avril 1353, les officiers de l’Abbondanza – à peine réactivé165 – obtiennent le droit d’émettre 7 000 florins de prêt à un taux maximal de 15 %, somme qui sera récupérée sur le tribut annuel de 7 000 florins versé chaque année par Pise et par Lucques166. Cette somme a été fournie en céréales par les marchands pisans Francesco da Pisa et Galeazzo da Uzzano, qui réclament le 10 mai 1353 la restitution de la somme et le droit de ne pas payer de taxes sur l’importation des céréales en vertu de ce contrat167, conformément aux clauses du traité bilatéral de 1343 puisqu’ils transportent des marchandises pisanes (voir chap. 6). Ainsi, la commune florentine est deux fois « perdante » puisqu’elle doit payer un intérêt de 15 % et parce qu’elle se prive de rentrées fiscales : en théorie, le traité de 1343 accorde aussi l’exemption de droits de douane et de taxes pour les marchandises de Pise vendues à Florence, mais dans ce cas précis, on pourrait arguer que les deux marchands pisans transportent des marchandises florentines. Or, cela aurait été le cas uniquement si les officiers de l’Abbondanza avaient directement acheté les céréales à Pise, ce qui n’est pas le cas lorsque les Pisans avancent la somme et transportent les marchandises. De la sorte, l’utilisation du prêt est financièrement très défavorable pour Florence, ce genre de mécanisme expliquant en partie pourquoi l’Abbondanza est déficitaire de 30 000 florins cette année-là168, même s’il est beaucoup plus simple sur le plan pratique. Pour défavorable qu’elle soit, le droit d’emprunter gagé sur des recettes à venir qui nécessitait une autorisation spéciale en 1335 est devenu statutaire en 1353169 (même s’il ne s’institutionnalise vraiment qu’après la peste noire)170. Cette opération est même renouvelée le 4 mars 1354, alors qu’une nouvelle disette sévit à Pise171, sans qu’on sache quels marchands pisans ont répondu à l’appel172.
63Des conventions et des autorisations de passage des convois en sel à destination de Florence existent par ailleurs. Par exemple, à l’occasion de la signature du traité bilatéral de novembre 1343, Florence s’engage à rembourser aux marchands pisans Cellino del Colle et Cecco Alliata 780 florins avant le 24 juin 1344, pour le paiement de 5 000 staia de sel et de leurs sacs de transport173. Mais la revente à Pise du sel provençal provoque parfois de fortes hausses des prix, comme en 1350 lorsque les effets de la peste noire ont dû aussi jouer, ce qui déclenche les protestations des ambassadeurs et des douaniers du sel de Florence174. En février 1354, les gouverneurs de la gabelle sur le sel florentin demandent à nouveau à pouvoir acheter du sel à Pise175.
64Jusqu’en 1354, le rééquilibrage progressif des échanges économiques se poursuit entre Pise, dont les compagnies connaissent un nouveau dynamisme et qui s’appuie après 1342 sur la conquête de Lucques pour compenser la perte de la Sardaigne, et Florence, dont l’économie est en difficulté. En somme, après des années 1330 plus apaisées, mais non exemptes de tensions, les années 1342-1354 sont très fructueuses d’un point de vue pisan et préparent l’expansion durant la période suivante176.
5.2.3. De la guerre économique à la guerre frontale (1356-1369)
5.2.3.1. Un traumatisme : l’exclusion des Florentins de Pise (1356)
65Le doublement de la taxe prélevée à Porto Pisano, y compris pour les Florentins, théoriquement exemptés de taxes par le traité de 1343, provoque un traumatisme durable dans le milieu des marchands florentins, contraints de quitter Pise en 1356. Savoir qui, des Anziani de Pise, de l’empereur Charles IV ou du vicaire impérial a pris la décision, est complexe à établir, car la narration est déformée par la propagande florentine177.
66Rappelons tout d’abord dans quel contexte cette décision radicale est prise. La période est marquée, dans les milieux florentins, par de nombreuses plaintes de la Mercanzia aux Prieurs concernant la multitude d’obstacles, l’insécurité des routes, l’abondance des taxes et des péages, qui entravent le commerce de la ville sur le littoral178. L’affaire débute en avril 1355 par l’annonce de Markward von Randeck, lieutenant et vicaire impérial en Toscane, de l’intention de l’empereur de faire payer une taxe aux Florentins, parce qu’il juge injuste que ces derniers ne contribuent pas aux dépenses pour sécuriser le port sous sa tutelle, alors qu’ils sont les plus nombreux : les Pisans s’y opposent alors que les Florentins ne réagissent pas. Mais il est possible que les Florentins aient vu d’un bon œil cette initiative dans les premiers temps, car elle visait à renforcer la sûreté de l’accès à Porto Pisano179.
67Puis, quasiment un an plus tard, le 5 mai 1356, Markward von Randeck publie un décret obligeant les Florentins à payer une taxe de 2 d. par lire de valeur sur les marchandises transitant par le port, afin de participer à l’affrètement des galères chargées de sécuriser les mers contre les pirates180. Cette fois-ci, les Pisans s’alignent sur la volonté impériale, mais les Florentins protestent énergiquement. Après l’envoi d’une ambassade à Pise (juin 1356), à laquelle participent notamment Filippo Bastari et Donato Velluti181, le Conseil du Popolo de Florence décide de nommer une commission de dix officiers, les Dieci del mare (6 et 8 juillet 1356)182. Ils ont instruction d’envoyer une ambassade à Sienne pour négocier l’accès au port de Talamone, qui servirait d’alternative de secours183.
68Cependant, une lettre de Charles IV aux Pisans mentionne clairement une initiative prise par ces derniers (30 juillet 1356). Charles IV y charge Markward de contraindre les Florentins à consentir à l’impôt et de les convaincre de l’avantage qu’ils pourraient en tirer – accroître la sécurité de l’accès à Porto Pisano. La lettre précise qu’en cas d’échec de tels impôts ne seraient pas appliqués, afin de ne pas provoquer de scandale entre les Florentins et l’empereur184. La lettre est donc suffisamment ambiguë pour que les Pisans et les Florentins y trouvent la source de leurs justifications postérieures… Quoi qu’il en soit, cette mission échoue et les Florentins s’opposent fermement à la nouvelle taxe, puisque le traité de 1343 – encore valable durant 6 mois environ – leur garantissait 200 000 florins d’exemption annuelle de droits de douane185. De plus, le vicaire impérial est un allié du parti des Raspante, que N. Caturegli identifie aux lanaioli et oppose aux Florentins. Attribuer à l’empereur ou à son vicaire la responsabilité de l’établissement de la taxe serait pour cet auteur un double habillage : à la fois, invoquer l’autorité supérieure du vicaire impérial plutôt que de s’opposer ouvertement aux Florentins, et trouver un prétexte pour ne pas apparaître comme étant ceux qui ne respectent pas les traités186. Si ces justifications méritent une prise en compte, rappelons l’impossibilité de lier strictement une faction à un groupe socio-économique, et donc d’attribuer ces manœuvres aux seuls lanaioli pisans187.
69R. Pauler confronte ensuite ces éléments aux versions de Matteo Villani et de Donato Velluti188. Le premier attribue aux seuls Pisans la mesure douanière : les Anziani de Pise ayant toutefois répondu aux ambassadeurs florentins qu’ils agissaient sur instruction de l’empereur – ce qui est juste selon le texte de l’annonce d’avril 1355 –, la commune de Florence envoie une ambassade en Bohême pour obtenir la confirmation de l’empereur. Charles IV aurait alors répondu qu’il souhaitait voir les Pisans conserver à la fois la libre circulation des marchandises et la paix avec Florence. Le dernier point est invérifiable, car il n’est pas mentionné dans les actes189, mais le maintien de la paix entre les deux cités est présent lorsque l’empereur enjoint à Marckward de convaincre les Florentins d’accepter cette taxe190. Concernant enfin la volonté impériale de conserver la libre circulation des marchandises à Pise, c’est une invention de Matteo Velluti dans la mesure où, dès avril 1355, la décision d’augmenter les droits de douane est de intentione imperatoris191. Par ailleurs, l’augmentation de taxes n’empêche pas la liberté de circulation, il s’agit davantage d’un problème de formation des prix, même s’il faut reconnaître la portée politique de toute modification des tarifs douaniers. L’empereur aurait également, toujours selon Matteo Villani, écrit une lettre aux Pisans qui n’auraient pas tenu compte de ses desideratas192. Les motivations des Pisans seraient d’augmenter les recettes fiscales et de souder la population contre l’ennemi commun, Florence. Matteo Villani semble reprendre les termes de la lettre impériale du 30 juillet 1356 en passant sous silence les arguments favorables aux Florentins…
70Pour Donato Velluti, mieux informé que Matteo Villani, car membre des ambassades florentines à Pise (juin 1356) et à Sienne (juillet-août 1356)193, les Anziani de Pise sont les véritables responsables. Mais ils se sont ensuite défaussés sur le vicaire impérial194, car ils sont « mauvais et remplis de malice » – stéréotype habituel des Florentins sur les Pisans195 – et « se souci[ent] peu de [leur] départ, car ils […] [tiennent] [les Florentins] pour peu de choses196 ».
71S’il semble donc que la volonté impériale puisse être assurée dès 1355, pour R. Pauler, la commune de Pise et le vicaire impérial avaient intérêt à voir augmenter les revenus fiscaux, puisque ce dernier est nommé lieutenant général de l’empereur pour toute l’Italie le 25 juillet 1356, juste avant la confirmation de la création de ce nouveau droit de douane. Comme son ancrage toscan et italien est centré sur Pise, Marckward a donc besoin de tirer davantage de revenus de la ville pour exercer sa nouvelle charge et par conséquent, nul besoin de convoquer l’hostilité de la faction des Raspante pour expliquer cette hausse197.
72En ultime analyse, les Anziani de Pise s’abritent derrière l’autorité impériale de Marckward pour légitimer leur initiative, tandis que ce dernier appuie cette action afin d’avoir les moyens de son ambition italienne que lui confère son nouveau titre. Convoquer telle ou telle faction n’est d’aucun secours dans la mesure où les armateurs ou les lanaioli ne sont pas uniformément liés à un parti, mais en revanche, l’accroissement des ressources de la commune pisane en difficulté aurait certainement renforcé le crédit politique des Raspante198.
73Or, l’imposition d’un nouveau droit de douane sur les marchandises florentines transitant par le port de Pise provoque une réaction lourde de conséquence : le départ des Florentins. En effet, selon N. Caturegli, les Raspante au pouvoir à Pise ne peuvent pas se permettre de rompre unilatéralement le traité de 1343, signé pour 14 ans, alors qu’il reste six mois avant son expiration199. Il est pourtant vécu de cette manière par les Florentins et perçu comme un acte de représailles. D’après Matteo Villani, les Pisans songeaient même à augmenter la taxe une fois que le principe aurait été accepté, du fait de l’importance de Porto Pisano pour les Florentins. Ces derniers sont échaudés par le précédent de 1322, lorsque les lanaioli pisans avaient obtenu l’exemption d’une taxe sur les armateurs, causant du tort aux Florentins qui décidèrent alors de rompre leurs relations avec Pise (voir chap. 6). Mais contrairement à ce qui s’est précédemment passé, Pise ne cède pas cette fois-ci200.
74La première décision des Dieci del mare est d’ordonner à tous les Florentins de quitter Pise, puis de négocier un traité avec Sienne afin de pouvoir accéder à Talamone. Les négociations ont lieu dès juillet 1356, après l’échec de l’ambassade à Pise le mois précédent. Les marchands florentins acceptent alors de supporter les dépenses supplémentaires permettant d’accéder à un autre port201. Le 8 août 1356, le principe d’un traité est admis202. Selon L. Banchi, les instructions données à l’ambassadeur florentin constituent un véritable traité commercial entre Florence et Sienne à propos de Talamone203, valable pour dix ans contre le paiement annuel de 7 000 florins204. L’accord prévoit l’aménagement du port, des voies de communication et des hébergements, le montant des taxes, mais aussi l’interdiction de circulation de marchandises entre Pise et Sienne, qui semble avoir autorisé le pillage des convois pisans205. La date de signature du traité confirme par ailleurs que les Florentins n’ont pas attendu l’issue de l’ambassade en Bohême pour prendre leur décision : en effet, une lettre partie de Bohême le 30 juillet serait arrivée au plus tôt le 21 août en Toscane206.
75Quant à la décision des Dieci del mare d’ordonner à tous les Florentins de quitter Pise, elle a eu pour effet d’assécher le trafic à Porto Pisano et à Livourne, selon les chroniqueurs florentins. Donato Velluti exagère probablement en se réjouissant du fait que les Pisans « [aient] déjà perdu plus d’un million de florins et [que] leur ville a ressemblé et ressemble à un désert depuis que nous n’y commerçons plus207 ». Selon Matteo Villani, Pietro Gambacorta aurait déclaré lors d’un de ses séjours à Venise : « Florentins, Florentins, si vous persistez dans votre propos, Pise deviendra bientôt un bois208. » Le même chroniqueur confirme ce départ, imité par les autres nations marchandes :
les Pisans, plus avisés et roués que les autres Toscans, se trouvèrent cette fois victimes de leur propre rouerie parce que, dès que les Florentins débarquèrent à Talamone et s’établirent à Sienne, les marchands originaires de tous les autres territoires abandonnèrent le port et la ville de Pise, vidèrent la ville de toute marchandise, les maisons de leurs affaires, les ateliers de leurs outils, les auberges des marchands et des voyageurs, les chemins des transporteurs et le port des bateaux, de sorte qu’ils s’aperçurent rapidement que leur ville était devenue une citadelle isolée et, cela provoquait une grande protestation dans la ville contre leurs dirigeants209.
76En particulier, les Génois, les Provençaux et les Catalans ont quitté la ville210. Il est de plus avéré que Porto Pisano est fermé aux Florentins de 1356 à 1369211 et que Pise est quasiment absente des délibérations de la Mercanzia dans les années 1360 que nous avons pu dépouiller, mais il est difficile de savoir si cela se vérifie pour les autres nations.
5.2.3.2. La guerre économique (1356-1362)
77C’est d’ailleurs à cause du départ de leurs marchands que les Florentins acceptent le principe de la guerre, selon Donato Velluti212. De leur côté, les chroniques pisanes font aussi allusion à une guerre économique précédant la guerre directe (1362-1364). Un chroniqueur anonyme écrit ainsi : « Après une longue guerre qui avait commencé en secret pendant plus de cinq ans et [continué] ensuite à visage découvert pendant trois ans213. » Florence cherche en effet à étouffer l’économie pisane en la boycottant, en réaction aux attaques de Pise contre les navires florentins en mer tyrrhénienne.
78Pise semble être la première à déclencher les hostilités maritimes. N. Caturegli rappelle que la justification sécuritaire des Pisans – relever le droit de douane pour financer la construction de galères contre les pirates – tient difficilement. En effet, aucune menace n’est mentionnée en 1356, au contraire des dommages subis en 1352, de 1358 à 1361214 puis en 1391215.
79À peine connues les négociations entre Sienne et Florence, les Pisans envoient des troupes et bloquent l’accès à Talamone, ce qui provoque un dépeuplement assez marqué de la région216. Le 6 novembre 1356, Sienne est alors contrainte de demander aux Florentins l’aide promise217. Matteo Villani évoque une ligue conclue entre les Pisans et Simone Boccanegra, le doge de Gênes : pour un an, la ville ligure s’engage à ne pas laisser naviguer les navires des Florentins vers Talamone et à les obliger à débarquer à Porto Pisano218. Le doge fait armer huit galées pour empêcher les navires florentins en provenance de Provence d’atteindre Talamone219 et tente à plusieurs reprises de faire brûler le port siennois220. Civitavecchia est aussi bloquée par les Pisans, qui cherchent à légitimer leur entreprise en réactivant le diplôme impérial de 1162, que leur octroyait la domination du littoral entre Civitavecchia et La Spezia221.
80Les Florentins sont, quant à eux, engagés dans une guerre économique dont le but est d’asphyxier et de faire céder Pise. Ainsi, le blocage de Talamone a des effets limités : le trafic des Florentins diminue sans disparaître222, ce qui oblige les Pisans à réduire le nombre de navires et le montant de leurs dépenses militaires223. Selon Matteo Villani, ils se rendirent compte « qu’aucune autre guerre ne pouvait leur faire autant de mal et les affaiblir que celle que l’on commençait à pratiquer224 ». D’autant que, le 18 mars 1358, 60 000 florins sont investis pour construire la première flotte florentine : dix galères armées et remplies de marchandises partent de Provence pour patrouiller autour de Porto Pisano et ainsi protéger les navires florentins cherchant à atteindre Talamone, puis quatre galères partent de Talamone pour exercer la police des mers autour de Naples225. Les galères florentines eurent une certaine efficacité, puisque les marchands de laine Giovanni dell’Agnello et son frère Piero226 – membres de la faction anti-florentine – se font dérober 72 sacs de laine par des galères armées de Florence en 1358227.
81Les marchands florentins ont, de plus, interdiction de fréquenter Pise depuis 1356, mais ce boycott est complété par des accords diplomatiques enjoignant aux alliés de Florence (Sienne, Pistoia, Colle Val d’Elsa, San Miniato et Volterra) de faire de même228. Les Prieurs veillent à l’application de ces clauses, par exemple lorsque Florence écrit à San Miniato pour se plaindre qu’elles ne soient pas complètement respectées229. Les Florentins ont également interdit sur leur territoire tout transport de marchandises en provenance ou à destination de Pise230, une mesure étendue en 1357 lorsqu’ils bloquent le commerce pisan avec la Romagne, en interdisant l’accès à la voie commerciale reliant Orbetello et Corneto à Pérouse et à la Romagne. Les Pisans doivent donc faire transiter leurs marchandises dans les territoires pontificaux231. La raison de cette intransigeance florentine est à rechercher dans la crainte d’un renforcement du gouvernement de Pise hostile aux Florentins depuis 1359, ce qui renforcerait par la même occasion les Visconti232. Florence entend démontrer que Pise ne lui est pas indispensable, afin de la pousser au compromis233.
82Ces pressions ont dû fonctionner, car, face à l’intransigeance florentine, les Pisans ont demandé aux Florentins de revenir à Porto Pisano à plusieurs reprises234. Ainsi, le borsaio pisan Bartolomeo da San Casciano rend vainement visite à Donato Velluti pour lui exposer que « s’il y avait un moyen pour obtenir leur retour à Pise, on le ferait, [Pise] étant disposé à faire ce qui plairait à la commune [de Florence]235 ». Donato Velluti en évoque d’autres, et Matteo Villani s’exprime dans les mêmes termes.
83En effet, après les tensions de 1355-57 à propos du Valdinievole et l’arrêt du blocus maritime des Pisans, les Florentins cherchent dès 1358 à sécuriser leur commerce, qui risque de pâtir de la réactivation des conflits antérieurs non réglés sous forme de représailles236. En février 1359, Pise et Florence réussissent à s’accorder partiellement237, car, si les Raspante sont théoriquement opposés aux Florentins, ils cherchent à obtenir leur retour cette année-là : en effet, l’augmentation du trafic portuaire augmenterait l’activité économique de l’ensemble de la ville et solidifierait donc leur pouvoir. Parallèlement, les Bergolini (partisans de Pietro Gambacorta) font pression sur Florence pour qu’elle refuse238. En 1359, le schéma politique traditionnel est donc inversé à Pise. Non seulement la lecture simpliste du jeu politique en termes de factions, dont chacune serait liée à un groupe social déterminé et à une position à l’égard des Florentins ne tient pas dans la démonstration de N. Caturegli, mais, de plus, les dirigeants ont une action pragmatique visant avant tout à raffermir leur pouvoir. Quoi qu’il en soit, les Florentins refusent toujours de payer la taxe douanière et exigent le retour au régime de franchises établi en 1317, puis retiré en 1322, avant d’être remis à l’ordre du jour dans le traité de 1329 pour perdurer jusqu’en 1356239. Les Raspante sont, d’après Matteo Villani, disposés à rétablir ces franchises240, mais les Florentins refusent toujours de revenir à Pise, échaudés par la dénonciation unilatérale du traité de 1343. Pour les Florentins, le transport des marchandises jusqu’à Talamone est en effet long et difficile sur des routes peu sûres, ce qui explique certainement la conjuration de lanaioli florentins en 1361241 et la décision prise par Florence de condamner à 1 000 florins d’amende toute personne dénigrant Talamone242. La question portuaire reste donc figée. Par ailleurs, n’oublions pas que Florence a la possibilité d’exporter ses produits vers Venise via Bologne243, ce qui explique pourquoi Pise et Florence s’opposent également en Romagne, mais aussi pourquoi Florence cherche à obtenir la neutralité de Milan vers 1360244. Finalement, un accord est trouvé entre les deux cités à San Miniato, le 17 juillet 1360245. Pour autant, les Pisans ne respectent pas ses termes, alors que les Florentins sont disposés à restituer leurs prises ou à indemniser les marchands floués246.
84Il faut donc nuancer l’observation de Matteo Villani présentant la guerre comme se déroulant d’un seul tenant entre 1355 et 1364, puisque la guerre économique commence vers 1355-1356 et s’achève en 1359-60, suite à la volonté de temporisation des deux parties. Les années 1361-1362 sont néanmoins marquées par les opérations militaires des Pisans afin d’étendre leur influence à l’est de leur contado, que Florence lui dispute. Cette dernière ne peut laisser son ancien ennemi gibelin prendre l’ascendant, surtout après le souvenir des guerres qui ont vu Pise mettre la main sur Lucques en 1342. Cela étant dit, selon Matteo Villani, le déclenchement de la guerre doit permettre aux Pisans de souder la population et de négocier le retour des Florentins à Porto Pisano247.
85Notons enfin que cette politique de déstabilisation semble avoir également produit des effets sur la population, dont une partie fait le choix de migrer vers le territoire florentin. Par exemple, les Provvisioni florentins enregistrent le 23 octobre 1357 la demande d’un groupe d’artisans guelfes issus de Lucques, alors sous domination pisane, souhaitant être autorisés à immigrer248. Ils justifient leur démarche en se présentant comme des fugitifs, en raison des taxes intolérables, des injustices et des outrages que leur font subir les Pisans249. Le contado lucquois était en effet dans une situation catastrophique à cette période, alors que les revenus de la commune baissent250, à cause de l’émigration de ses forces productives251.
86Tous ces évènements s’insèrent dans le contexte de la sérieuse dépression économique que subit Florence dans les années 1350-1360. La reprise de la guerre entre les royaumes de France et d’Angleterre et la croissance des industries anglaise et hollandaise diminuent la demande en textiles florentins. Leurs ateliers et entreprises sont alors contraints de réduire les coûts de production sur leurs employés locaux, ce qui provoque de fortes tensions et la grève des teinturiers contre les lanaioli252. De 1358 à 1364, la production annuelle de draps de laine est en effet stable à un niveau relativement limité, autour de 20 000 draps (avec une baisse à 16 000 draps en 1363 en raison de la peste et de la guerre avec Pise)253. Les affaires florentines sont donc au plus bas, la population a du mal à trouver un emploi et la disette guette en raison de mauvaises récoltes. La commune, devant agir contre la famine et recruter des condottieri, alourdit sa fiscalité en recourant à des prêts forcés et en taxant le clergé, causant de fortes résistances qui dépassent parfois le cadre fiscal pour contester les élites au pouvoir254.
5.2.3.3. Les aspects maritimes de la guerre (1362-1364)
87La guerre de 1362-64 est également maritime dans la mesure où elle se déroule aussi en mer et comprend la dispute stratégique du complexe portuaire pisan.
88Les belligérants cherchent une solution au conflit douanier et leurs prétentions se focalisent sur la question portuaire, à l’origine du déclenchement de la guerre. Malgré l’entremise du pape au printemps 1362, les demandes des Pisans pour conserver Pietrabuona, faire revenir les Florentins à Porto Pisano et pour obtenir le libre passage des marchandises pisanes vers Florence sont rejetées255. Les Florentins, dont les marchands avaient d’abord appuyé l’embargo sur Pise afin de forcer l’ennemi à faire des concessions, avant de se ranger dans le camp des partisans de la paix devant la dépression subie par le secteur lainier256, sont en effet sensibles aux pressions des Bergolini présents à Florence emmenés par les Gambacorta257, qui cherchent, eux, à saper toute consolidation de la faction pisane adverse. Pour la rendre inacceptable, Florence exige que les dommages subis lors de l’expulsion soient indemnisés (29 décembre 1362)258.
89Pise n’a pas armé de navires, mais bénéficie du civisme de quelques armateurs, à qui elle concède le droit d’attaquer ses ennemis au printemps259. Le blocus des Pisans a eu plus d’effets sur l’économie florentine en 1362 qu’en 1356-59, puisque la laine florentine subit une petite dépression lors de la guerre. Cela déclenche une grande anxiété parmi les classes laborieuses florentines, en raison de l’importance économique stratégique du secteur260. La réaction des Florentins ne se laisse pas attendre, puisqu’en 1362, les Grimaldi avec qui ils sont alliés réussissent à prendre l’île de Giglio, à dévaster Porto Pisano261 – dont les chaînes sont transportées et exhibées comme des trophées sur la place publique262 – et Livourne263, sans que la flotte pisane ne puisse réagir.
90Surtout, les Pisans ne sont plus soutenus par Gênes. Alors qu’en 1342 la ville ligure avait intérêt à les appuyer dans leur conquête de Lucques, afin d’empêcher que Florence ne le fasse et ne dispose d’un débouché maritime à Motrone264, et alors qu’en 1357 le renfort des galères génoises avait permis de ralentir le commerce florentin, en 1364, au contraire, l’alliance de Pise avec les Visconti devient plus explicite : pour Gênes, tout soutien de Pise de quelque manière que ce soit renforcerait dangereusement Milan qui la menace à ses portes265. Inversement, cette dernière aide Pise pour empêcher Florence de mettre la main sur le port principal de la Toscane266. En mai 1364, la zone littorale pisane, notamment Porto Pisano et Livourne, est de nouveau saccagée et incendiée par les troupes florentines, avant que ces derniers ne repartent dans le Val d’Era.
5.2.3.4. Une transition difficile : deux traités pour deux gouvernements pisans successifs (1364-1369)
91Cette période est marquée par le règlement en deux temps de l’accès des Florentins à Porto Pisano. Il passe d’abord par le traité de 1364 – n’abordant pas la question portuaire – signé par la seigneurie anti-florentine de Giovanni dell’Agnello sur Pise, qui se voit imposer une indemnité de 100 000 florins267, puis par celui de 1369, qui accorde des conditions commerciales très favorables aux Florentins à Pise, grâce à l’entremise de Pietro Gambacorta.
92Même si la paix est signée le 30 août 1364268, Giovanni dell’Agnello n’obtient pas le retour des Florentins à Porto Pisano. N. Caturegli269 souligne l’étrangeté de cette absence dans le traité270, alors que les Pisans la souhaitent ardemment à cette époque. La question du retour est en effet exclue des instructions données aux ambassadeurs271, même si des chroniques mentionnent l’importante concession faite aux Florentins : ne payer que la moitié des droits de douane272. Pour N. Caturegli, il s’agirait d’une rumeur.
93La question est pourtant abordée. En novembre, le gouvernement pisan envoie deux invitations formelles pour proposer aux Florentins de revenir, mais les Prieurs répliquent qu’ils ne peuvent pas le faire sans violer la parole donnée lors de la signature de l’accord avec Sienne leur permettant d’accéder à Talamone273. Cette excuse diplomatique est acceptable pour les deux parties, mais avec l’arrivée à échéance de l’accord, les Florentins montrent qu’ils ne sont pas disposés à revenir. Le traité de 1364 entre Pise et Florence peut menacer la nouvelle position de Talamone, puisque l’accord entre la Cité du Lys et cette dernière signé pour 10 ans en 1356 arrive bientôt à échéance. Des ambassadeurs siennois sont ainsi envoyés pour le prolonger en août 1366, malgré les manœuvres des ambassadeurs pisans pour empêcher sa signature274. Les conditions de ce renouvellement restent obscures : selon L. Banchi, les Florentins ou les distrettuali condamnés par Florence ne peuvent venir habiter Sienne sans fournir de garant idoine275, ce qui durcit leurs conditions d’accueil. Afin d’éviter le départ massif des Florentins, les autorités siennoises leur concèdent la même exemption de droits de douane qu’à Porto Pisano276. Ces clauses ont certainement dû avoir une durée d’application limitée, puisque le gouvernement siennois devient gibelin et hostile à Florence en 1368, ce qui explique aussi pourquoi les Florentins finiront par accepter de revenir à Pise.
94Avec ce refus cinglant, les Florentins rappellent toute l’ampleur du dommage subi en 1356 : Pise n’est plus digne de confiance et doit « payer » pour sa « faute ». Pourtant, le voyage vers Talamone est toujours aussi dangereux et des causes plus importantes doivent jouer. En effet, les Gambacorta manœuvraient à Florence pour empêcher le renforcement de la faction Raspante au pouvoir à Pise. Bien plus, Florence craint que Giovanni dell’Agnello ne soit un agent de Bernarbò Visconti en Toscane, avec raison, car ce dernier lui verse 30 000 florins d’or en 1364 en échange d’un traité de fidélité qui sera signé en 1370277. Par conséquent, faire revenir les marchands florentins à Porto Pisano aurait signifié renforcer indirectement l’ennemi mortel de Florence278.
95En outre, la saisie de toutes les monnaies pisanes en circulation sur le territoire florentin (4 décembre 1367)279 révèle de manière flagrante la guerre économique entre les deux cités. Les tensions perdurent après la signature de la paix, jusqu’à ce que les Florentins obtiennent un traité commercial.
96Lors des évènements militaires de 1369, les questions portuaires ont également leur importance, puisqu’en avril les Pisans et quelques Lucquois essaient vainement de prendre Motrone280. En mai 1370, la vaine expédition de Giovanni dell’Agnello pour reconquérir le pouvoir cible à nouveau la zone portuaire : le 22 mai, il prend Livourne, mais doit l’abandonner pour se replier en Maremme, sa base arrière, d’où il dévaste le Valdarno et le Valdiserchio281, avant de se retirer vers Sarzana et Avenza (juin 1370)282.
97Or, parallèlement, l’économie florentine se redynamise durant cette période de transition. En effet, en 1364, elle est encore peu animée283, mais dès l’année suivante la production de draps de laine double (44 900 draps en 1365), voire triple certaines années (60 000 draps produits en 1368), avec en parallèle des augmentations de quotas de production pour certains ateliers et la forte augmentation de nouveaux inscrits dans l’art de la laine (passage d’une moyenne de 17 nouveaux inscrits par an en 1358-1364, contre 42 pour la période 1365-1369)284. De bonnes conditions d’accès à un débouché portuaire afin de pouvoir importer les matières premières et exporter les produits finis sont donc vitales. Dans ces conditions, les Florentins délaissent Talamone pour Pise, qui bénéficie désormais indirectement du dynamisme retrouvé de l’économie florentine.
5.2.4. L’équilibre entre Florence et Pise, ville ouverte (1370-1385)
5.2.4.1. Les Pisans bénéficient de la présence florentine (1370-1378)
98Les informations manquent pour le début des années 1370, même si la production annuelle de draps de laine florentins retombe à 30 000 draps par an en 1373285. L’embellie économique florentine a sûrement dû être de courte durée, car dès le 22 octobre 1375, la copie d’un accord entre la Mercanzia florentine et les Sept Arts pisans sur le paiement du salaire du syndic et du loyer de la loggia précise que les recettes de la taxe sur les échanges des marchandises florentine sont insuffisantes et baissent depuis juillet 1374286. Il s’agit d’un indice indirect d’une baisse du trafic à Pise, dès la fin juin ou au début juillet 1374, soit un an avant le début de la guerre des Huit Saints, en juillet 1375. Le recoupement entre le nom de l’Officier étranger de la Mercanzia et la date indiquée prouve qu’il ne s’agit pas d’une erreur de datation du scribe. Durant ces mois, les tensions entre Florence et la Papauté se font plus nombreuses287, suite à la présence d’ambassadeurs milanais complotant pour brouiller les Florentins avec le pape288. À l’été 1374, les suspicions de collusion entre les opposants à la Seigneurie florentine emmenés par les Albizzi et les agents du pape – comme Gérard du Puy, le vicaire général du pape à Pérouse289 –, et la rumeur de clercs tentant de susciter des sentiments anti-papaux à Pise pour renverser le pouvoir en place290, sont à lire dans cette optique.
99Lors de la guerre des Huit Saints, Pise n’hésite pas à prendre parti pour les Florentins, quitte à encourir un risque d’excommunication en ne respectant pas l’ordre du pape d’expulser ces derniers en 1376. Cet évènement majeur prouve l’importance des liens entre l’économie et la politique extérieure pisane : non seulement cette expulsion théoriquement universelle des Florentins est considérée comme un coup d’arrêt pour leur dynamisme commercial en Europe – dont le contrecoup est le regain des compagnies pisanes de niveau international291 –, mais elle montre également combien le maintien des marchands florentins en ville et à Porto Pisano est vital pour la seigneurie des Gambacorta.
100Les justifications sont explicites. D’abord lorsque, le 1er juillet 1376, le conseil pisan des Sages (Savi) demande le report de l’annonce d’excommunication des Florentins en soulignant que « cette publication pourrait être dommageable et source de grand désarroi pour la commune de Pise292 ». Ensuite, le 6 août, quand l’ambassadeur du pape réclame cette expulsion293 et des vivres pour ses milices, le conseil des Sages (Savi) passe sous silence le dernier point, mais répond qu’il serait très préjudiciable d’expulser les Florentins, en raison du traité de paix signé, dont la remise en question causerait de nombreux dommages, dépenses et labeurs294, puisqu’il prévoit une amende de 100 000 ou 200 000 florins selon les cas et aurait des conséquences indirectes très importantes.
101Il semble que le trafic continue d’être atone en 1379, puisque la dette de la nation florentine pour payer ses officiers et le loyer de son fondaco e loggia aux Pisans n’est pas éteinte cette année-là. La Mercanzia décide alors de doubler pour deux ans (du 15 juin 1379 au 15 juin 1381) ses tarifs de douane295, indice d’une baisse du trafic très importante. Dans la même perspective, ajoutons que la production annuelle de draps de laines florentins baisse d’un tiers entre 1373 et 1381-1382 (de 30 000 à 19 296 draps)296, même si leur prix unitaire augmente durant cette période et qu’ils ne sont pas les seules marchandises transitant par Pise.
5.2.4.2. Un retournement de conjoncture aux conséquences durables (1378-1385)
102Les Pisans tirent-ils pour autant bénéfice de cette sanctuarisation de la position économique florentine ? D’après O. Banti, Pietro Gambacorta fait un calcul à court terme pour obtenir le soutien financier de Florence afin d’acheter le départ de l’empereur Charles IV297 : Florence prête 50 000 florins à Pise le 31 mai 1369298 et, en échange, réussit à imposer le traité du 16 juin 1369299. Selon lui, le nouveau seigneur fait aussi un calcul à moyen terme, en estimant que des conditions favorables entraîneraient un retour des Florentins à Porto Pisano, ce qui serait bénéfique pour toute l’économie pisane. Là encore, les interprétations sont contradictoires, car M. Tangheroni situe vers 1380-1390 la fin de l’expansion commerciale pisane, et affirme que Jacopo d’Appiano mène après 1392 une politique anti-florentine, en raison de la perte d’influence ou du départ précoce des Florentins300 – une dernière observation à nuancer quelque peu, comme nous allons le voir plus loin. O. Banti301 avance, quant à lui, des arguments convaincants : le traité est bénéfique pendant quinze ans, puisque les banques pisanes acquièrent un avantage comparatif face aux Florentins suite à la Guerre des Huit Saints (1375-1378), mais après 1385, la conjoncture pisane se retourne face au dynamisme retrouvé des compagnies florentines – alors que l’industrie lainière entre en crise302 – et les premières tensions303. Surtout, les épidémies de 1362 et 1372 causent la mort de 80 % des moins de 15-20 ans, provoquant un phénomène de classes creuses. Les Pisans qui auraient dû avoir entre 20 et 45 ans dans les années 1385-1395 ne sont pas disponibles sur le marché du travail durant la période de concurrence florentine maximale. S’il convient de rester prudent, nous verrons qu’un certain nombre de nos observations confirment ces hypothèses.
5.2.5. La montée des tensions (1385-1396)
5.2.5.1. Les tensions économiques et sociales provoquent-elles la chute de Pietro Gambacorta (1385-1392) ?
103Les relations entre Florentins et Pisans se durcissent dans la seconde moitié des années 1380 : les premiers sont jalousés et finalement mis à part en raison de leurs privilèges économiques acquis en 1369. Selon P. Silva, le sentiment anti-florentin ressurgit vers 1387, après avoir été maintenu sous le boisseau depuis 1372304.
104Ces tensions sont matérialisées par la multiplication d’incidents et d’attaques contre les intérêts florentins. Par exemple, en décembre 1388, le vol par un Pisan de 90 bœufs est ressenti comme une attaque insupportable, puisqu’il s’agit du troupeau communal de Florence305.
105Plusieurs émeutes ont également lieu contre Pietro Gambacorta, accusé de favoriser les Florentins et de se couper de sa population. Les Pisans sont habilement travaillés par la propagande de leurs adversaires, les Raspante, qui s’érigent en défenseur des artisans pisans concurrencés par les Florentins. Des lettres des chancelleries lucquoises et florentines font ainsi allusion à des tensions et à une conjuration (subversione status illius civitatis) contre Pietro Gambacorta en mars 1384, qui est peu documentée306.
106Mais c’est surtout après l’automne 1387 que le sentiment anti-florentin croît parmi la population pisane. Un évènement d’octobre 1387 pourrait faire penser au réveil de la faction des Raspante, liée à Milan contre les Gambacorta. En effet, suite à la prise de Vérone par le comte de Virtù, Pietro Gambacorta et la population fêtent la victoire307. Dans la Cronaca di Pisa de Ranieri Sardo, l’épisode semble être une manifestation joyeuse et sincère en l’honneur de la victoire milanaise, mais la fin du passage est ambiguë : pour quelle raison la célébration d’une messe par les autorités pisanes contribuerait-elle au calme de la commune et du Popolo, à la fois institution politique et réalité sociologique populaire ? Les hommes d’armes sont-ils présents devant le cortège pour assurer le decorum des autorités pisanes ou pour les protéger contre le popolo ? Certes la politique extérieure de Gambacorta durant ces années est un exercice d’équilibriste entre Florence et Milan. Mais donner une messe solennelle pour célébrer la victoire d’un ennemi de Florence, sachant que ses ressortissants sont très nombreux à Pise, peut apparaître comme une provocation. Notre hypothèse est qu’une partie de la population pisane, favorable aux Milanais et proche des Raspante, se réjouit de la victoire sur Vérone et allume des feux de joie. Pietro Gambacorta peut avoir, dans un second temps, convoqué une messe solennelle pour « récupérer » politiquement l’évènement et pour manifester la neutralité de la commune. La tournure prise par les évènements deux mois plus tard semble aller dans ce sens.
107Vers le 20 décembre 1387, un tumulte vise en effet la seigneurie de Pietro Gambacorta, mais prend un sérieux tour anti-florentin308. L’évènement est lié à stratégie viscontéenne d’aide à l’opposition des Raspante et à son chef Jacopo d’Appiano. La séquence débute par l’entrée dans les territoires pisan et florentin de la compagnie d’aventure de Bernardo de La Salle, qui provoque des tensions anti-florentines à l’automne-hiver 1387309. De fausses rumeurs d’accords entre les compagnies de mercenaires et Florence sont mentionnées dans les chroniques siennoises310, pisanes311 et florentines312, signe de la diffusion de cette crainte.
108La correspondance diplomatique confirme cette vigoureuse hostilité de la population pisane à l’encontre des Florentins313. Il ne s’agit pas d’une posture, puisque cela se traduit par de graves actions : les ambassadeurs florentins présents à Pise sont malmenés et insultés par la population, signe de l’hostilité contre l’option diplomatique fiorentinizzante de Gambacorta. La lettre des Prieurs florentins, transcrite par P. Silva, décrit trois évènements qui ont lieu à Pontedera, à Cascina et à Peccioli. Dans le premier incident, un Florentin se divertissant dans une taverne de Pontedera et muni d’un sauf-conduit voit sa commune d’origine insultée, son argent volé et sa vie menacée. Dans le deuxième cas, un rachat de 50 têtes de bétail provoque des tensions et des insultes contre les Florentins, qui déplorent l’absence d’application de la loi pisane. Enfin, la délégation florentine est empêchée d’accéder à un château des environs de Peccioli, puis menacée de mort avant d’avoir à lutter contre une tentative d’incendie. Ce ne sont que des exemples, mais ils servent d’arguments aux Prieurs florentins pour montrer combien ils sont en butte à une hostilité croissante de la part de la population pisane. Le plus grave reste que le gouvernement pisan est informé, mais ne fait rien pour y remédier, ce qui remet en cause les règles de la diplomatie, les sauf-conduits et le respect des ambassadeurs314.
109Pietro Gambacorta, de son côté, transmet au consul de la nation un message où il conseille aux Florentins résidant à Pise de ne pas sortir de chez eux, et d’éviter de répondre aux insultes, car il est lui-même mis en difficulté lorsqu’il soutient que les mercenaires n’ont pas été appelés par Florence315. Il n’est pas anodin que le message soit transmis par le consul des Florentins : c’est d’une part physiquement très facile, puisque le fondaco de leur nation est hébergé dans le palais de Pietro Gambacorta (voir chap. 3)316 et si, d’autre part, l’insistance sur la citoyenneté florentine du consul semble indiquer que le chroniqueur confond avec le notaire-syndic317, la nation dispose également de la médiation du consul, un Pisan très proche de Gambacorta, Lodovico d’Andrea Bonconti318. Consul ou syndic, ils jouent parfaitement leur rôle de médiateur entre la nation florentine et le pouvoir pisan.
110Dès décembre 1387, deux camps s’affrontent donc à Pise d’après les chroniques et la correspondance diplomatique : d’une part, le seigneur de la ville et Florence se soutiennent mutuellement319 et, d’autre part, une part grandissante de la population devient hostile aux Florentins. Il faut cependant nuancer cette hostilité pisane, car elle émane des chroniques florentines présentant les Pisans comme des « renards orgueilleux » peu fiables et experts en « maliziosa industria320 », mais aussi parce que la population hostile aux Florentins est certainement celle qui était liée à la faction des Raspante.
111Si Florence doit se défendre d’avoir provoqué les dégâts causés par Bernardo de la Salle, qu’elle subit aussi321, elle continue de soutenir la faction des Bergolini : certains chefs exilés (fuorusciti) des Raspante, Andronico et Marcovaldo della Rocca, sont expulsés de Florence en février 1388322, un mois après les insultes subies par les ambassadeurs florentins. Pietro Gambacorta se défend en les présentant comme des jeunes inconscients, mais Florence réplique connaître parfaitement leur chef, Vanni d’Appiano, fils du chef de la faction anti-florentine323, même si, parallèlement, elle a renouvelé sa proposition de mettre toute la puissance florentine au service du maintien de sa seigneurie (janvier)324.
112Les rumeurs lancées par les partisans des Appiano transforment les Florentins en boucs émissaires responsables de tous les malheurs subis par les Pisans : ainsi, l’invasion du contado par les troupes de John of Beltoft (8 mai 1388)325, source de tension diplomatique326, est-elle attribuée aux Florentins327, ce qui est vraisemblable selon P. Silva328. La chronique pisane imputant aux Florentins la responsabilité du passage des mercenaires montre pourquoi les Raspante sont confinés de force : soit ils sont suspects d’entente avec Milan et sont potentiellement sources de troubles contre Pietro Gambacorta, soit on les accuse d’avoir diffusé cette information et donc de menacer l’ordre public329. La première option semble être la bonne, car une chronique anonyme mentionne la présence d’exilés pisans dans cette compagnie330 et évoque les risques de voir Pietro Gambacorta tomber si jamais les soldats entrent en ville.
113Plusieurs troubles anti-florentins ont ensuite lieu en août et octobre 1388331. Plus que des tensions intra-urbaines, il s’agit davantage de conjurations de fuorusciti dans le contado. L’évènement d’août 1388 se révèle être un complot de rebelles dirigés par ser Niccolò da San Miniato, ennemi des Florentins que ces derniers cherchent à faire punir par les autorités de Lucques, où il s’est réfugié332. Une lettre florentine du 10 octobre 1388, qui autorise Pietro Gambacorta à faire arrêter les coupables sur le territoire florentin est interprétée par P. Silva comme un indice d’une autre conjuration, mais on pourrait aussi faire l’hypothèse que les Florentins et les Pisans sont toujours à la recherche de ser Niccolò da San Miniato.
114D’autres incidents graves surviennent par la suite. En effet, l’Arno est une artère stratégique pour l’économie florentine. La montée des tensions avec Milan, qui cherche à étouffer son économie, explique les préoccupations croissantes du gouvernement florentin. Or, une série d’attaques menées par les Pisans et les troupes milanaises ont lieu contre les navires florentins remontant le fleuve en 1391. Elles peuvent être comparées aux guasti effectués dans le contado afin d’affaiblir les assises économiques de l’adversaire et font suite à la tentative – infructueuse, car les marins vont commercer en Corse au lieu de remplir leur mission sécuritaire – de la Mercanzia de Florence de recruter dès juin 1390 des corsaires afin de défendre leur commerce entre l’embouchure de l’Arno et l’île d’Elbe333.
115Sans qu’on puisse déterminer s’il s’agit de la même, l’attaque d’une galère florentine remontant l’Arno en mars 1391 montre la croissance des hostilités334. L’affaire est d’importance, car elle démontre la soumission de Pietro Gambacorta aux Florentins. Ces derniers ont armé un navire basé à Porto Pisano pour défendre les navires marchands florentins et assurer la protection du port335, y compris au nom des Pisans336. Le fait que Gambacorta autorise ces actions est un signe de perte de souveraineté qui déplaît fortement à la population pisane337, mécontente de voir son ancien ennemi s’arroger le pouvoir d’agir en ville. C’est pourquoi la galère a dû traverser une pluie de flèches lancées par les Pisans, blessant et tuant au passage plusieurs Florentins338. Or, ces risques sont quotidiens pour les marchands florentins : ainsi, le 23 mars 1391, un brigand pisan a-t-il dépouillé trois barques chargées de froment à destination de Florence339. C’est pourquoi la Mercanzia florentine décide de renforcer son contrôle sur la route reliant Florence à Pise afin de mieux sécuriser les échanges (5 juin 1391)340.
116Les Florentins sont pris entre deux feux, celui de la population pisane et celui des troupes des Visconti. La crainte pour la sécurité des Florentins renvoie à la peur des Milanais, ce que confirme l’épisode de juin 1391. À cette date, une galère viscontéenne navigue librement sur l’Arno et attaque les navires pisans, puisqu’un navire des Bonconti proche de Pietro Gambacorta est attaqué341. Dans la mesure où Andrea Bonconti était consul de la nation florentine dans ces années 1370-1380342, ce n’est sans doute pas un hasard si ce navire est attaqué et s’il est mentionné : le navire est assailli, car la famille est identifiée au camp pro-florentin de Pise, ce dont les Florentins se plaignent. En novembre 1391, une autre galère viscontéenne attaque un navire florentin à Porto Pisano343.
117Les tensions montent d’un cran à l’automne 1391, sous la pression des troupes viscontéennes commandées par Jacopo dal Verme344 campant sur le territoire pisan. En septembre 1391, ce dernier a instruction de bloquer le ravitaillement de Pise vers Florence345. Puis, après plusieurs mouvements de troupes autour de Cascina, il impose un embargo de quinze jours en direction de Florence346. Pise doit alors affronter les plaintes de Florence, qui prétexte de cet embargo pour justifier sa décision d’aller combattre les troupes des Visconti sur le sol de son partenaire (septembre 1391)347.
118Mais en octobre 1391, Milan arme deux galères génoises qui doivent piller les navires à destination de Florence transitant sur l’Arno et ne disposant pas de sauf-conduit génois. Elles s’avèrent très dangereuses, car elles attaquent 5 barques pisanes autour de Livourne et saisissent plus de 10 000 florins de marchandises sur une galée florentine en provenance d’Aigues-Mortes348.
119L’affaire rebondit en novembre 1391 quand les biens et la galère sont repris349. Alors qu’une partie de la cargaison est déchargée vers Avenza, sur le territoire de Carrare, Andrea Gargiolla, un corsaire florentin qui écume les mers siciliennes, surgit avec trois galées et réussit à saisir le navire à Porto Pisano avec la marchandise florentine restante. Sur ces entrefaites, l’autre galée revient de Livourne, mais elle n’est pas attaquée afin d’éviter de provoquer un incident diplomatique avec Gênes. Par la suite, le navire d’Andrea Gargiolla a bien rempli son rôle de police des mers en capturant plusieurs autres navires (legni). L’escadre sous son commandement dispose en effet de 120 arbalétriers florentins et engage la bataille avec les deux navires milanais à Livourne, car ces derniers ont empêché le déchargement d’une cargaison florentine de grains : le capitaine et 40 marins milanais sont tués350. Ces évènements sont également exposés dans la chronique contemporaine de Domenico di Leonardo Boninsegni351 et repris au début du XVIe siècle dans celle de Scipione Ammirato352. On sait par ailleurs grâce aux Provvisioni florentines qu’Andrea Gargiolla est un banni florentin qui, grâce à ces actions, a réussi à regagner la confiance de sa patrie et obtenu l’annulation de sa condamnation par les Dieci di balià, avant d’être payé comme corsaire353.
120La protection des convois de ravitaillement florentins sur l’Arno n’est pas une mince opération, car les Florentins font monter les enchères et donc le coût de la sécurité des transports en utilisant 200 lances de 500 fantassins commandés par l’Anglais John of Beltoft (Giovanni Beltotto dans les sources italiennes) pour protéger un convoi de 500 têtes de bétail florentines. Jacopo d’Appiano, chancelier de Pise à la tête du parti anti-florentin monte une embuscade avec près de 2 000 soldats, causant la fuite du condottiere et la capture du comte Ugo di Monforte. Le 16 décembre 1391, il fait fuir les Florentins et saisit plus de 300 some de marchandises et de grains, avec plus de 200 mules qui servaient à les transporter, soit des dommages estimés à plus de 15 000 florins354. La commune florentine écrit alors à Pietro Gambacorta pour protester (18 décembre)355, parce que la population pisane s’est bruyamment réjouie du succès de Jacopo d’Appiano356.
121La sécurité des transports sur l’Arno n’est toujours pas réglée au début de l’année 1392, puisque les lettres du 16 janvier et du 16 mars attestent du besoin d’escorter les convois florentins pour empêcher les vols effectués par les brigands pisans ou à la solde des Visconti, ce que la seigneurie de Pietro Gambacorta est incapable d’empêcher. Les communications maritimes et la sécurité du trafic commercial florentin sont donc fortement compromises357.
122On peut par ailleurs faire le rapprochement entre ces 15 000 florins pris sur les Florentins et les 12 500 florins exigés par ces derniers pour la libération de Vanni d’Appiano au début 1392358. Ce dernier a été fait prisonnier par les troupes florentines en septembre 1391, alors qu’il combattait dans l’armée de Jacopo dal Verme359. Il a été retenu prisonnier plus longtemps que prévu360, sous la pression de Giovanni de Lanfranchi361. Les sommes sont très proches, ce qui interroge : il semble que la commune florentine ait demandé à Jacopo d’Appiano le même montant que celui qu’il avait dérobé à ses propres marchands, faisant probablement de cet épisode une cause de représailles. Par ailleurs, les Florentins se font voler plus de 12 000 florins en octobre 1392, lors de la révolte anti-florentine à Pise orchestrée par Jacopo d’Appiano. Les sommes sont donc considérables, mais montrent que les conflits sont aussi faits de rituels et de normes : on se venge, mais en causant des dégâts mesurés pour rappeler l’origine de la faute. L’autre possibilité serait que ces sommes soient une déformation littéraire du chroniqueur.
123En outre, comme nous l’avons évoqué dans le cas des célébrations pour fêter le vol des Florentins par Jacopo d’Appiano en décembre 1391, ces attaques reçoivent l’assentiment des Pisans362. Les chroniques pisanes en font d’ailleurs la cause des tensions entre les Gambacorta s’arc-boutant sur le statu quo de 1369 favorable aux Florentins – car ces derniers les aident à résister aux Visconti – et une part grandissante de la population, hostile aux Florentins. La cause principale est bien l’exemption de taxes et de droits de douane, notamment d’après la chronique pisane anonyme363. La conséquence est toute trouvée : par ces franchises, les Pisans perdent leur indépendance et « commenc[ent] à s’humilier et à tenir les Florentins pour leurs pères et leurs seigneurs dans les paroles comme dans les actes364 ».
124Les Florentins sont donc bien installés, en position dominante dans l’économie pisane et intégrés aux cercles du pouvoir. Mais ils sont aussi mis à l’écart et entretiennent peu de relations avec les milieux marchands pisans, ce que confirme l’étude de la correspondance de la compagnie Datini365. Ils sont stigmatisés comme boucs émissaires rendus responsables des difficultés, réelles, de la population pisane, qui ne peut plus tirer bénéfice de la présence encombrante de cet allié devenu concurrent à la fin des années 1380. Les Florentins sont donc en position de force, mais leurs activités commerciales sont menacées par l’encerclement progressif de l’État florentin par les possessions de Gian Galeazzo Visconti366, dont Pise est l’un des objectifs de conquête. Ils auraient donc toutes les raisons de vouloir traiter plus durement les marchands pisans qui se présenteraient devant un tribunal comme celui de la Mercanzia.
5.2.5.2. Les interprétations de la révolte d’octobre 1392 : anti-florentine ou gibeline ?
125Dans l’interprétation de P. Silva des évènements de 1391-1392, c’est l’attitude de la population envers les Florentins qui crée les conditions d’un soulèvement populaire contre les Gambacorta : l’action de ces derniers et la propagande de la faction adverse ont fini par identifier la seigneurie pisane aux Florentins. Pour lui, les conditions d’une révolte sont réunies, car Jacopo d’Appiano – grand propriétaire foncier, avec des intérêts dans l’industrie du cuir367, soutenu par les Sette Arti368 – exerce un ascendant grandissant sur le parti des Raspante et n’est plus entravé par la détention de son fils à Florence. Le parti anti-florentin est si fort que leurs marchands subissent des attaques quotidiennes, ce qui les oblige à faire passer leurs marchandises pour génoises lors de leur arrivée à Porto Pisano369. L’hostilité de la population à l’encontre des Florentins durant la période antérieure à la révolte est abondamment documentée, comme nous l’avons exposé précédemment.
126Le coup d’État du 21 octobre 1392 a également une forte tonalité anti-florentine, dans la mesure où il débute par l’assassinat de Giovanni Lanfranchi et de son fils Tomeo370, famille ennemie des d’Appiano et résolument florentinisante, puisqu’elle occupe le poste de consul de la nation des marchands florentins à Pise en 1390371. Si plusieurs chroniques expliquent la révolte par la haine et la vendetta entre deux familles ennemies, attaquer le seigneur pisan garant des intérêts florentins revient à vouloir frapper en même temps ces derniers.
127Bien plus, la population372 se soulève contre les Florentins, dont les maisons sont pillées373. Cette volonté de pillage n’est pas neuve, puisque la tentative de coup d’État éventée en juin 1392 prévoyait de les voler374. Octobre 1392 représente donc le passage à l’acte : selon une chronique anonyme, après avoir été assassiné, Pietro Gambacorta « fut porté à l’église sans aucune bougie, fut enterré là, et son palais [casa] fut dévalisée [rubata]375 ». Attaquer le palais du seigneur reste classique, mais c’est également faire d’une pierre deux coups pour les insurgés, puisqu’il abrite trois fondaci de marchands florentins et celui de la nation florentine376. L’association entre Gambacorta et les Florentins est d’ailleurs claire dans les cris de ralliement des insurgés : « À mort les Gambacorta et les Florentins377 ! »
128Il est ensuite logique de constater que les habitations et les biens des Florentins soient ciblés. La chronique florentine de ser Naddo da Montecatini (fin des années 1320-1398)378 rappelle ainsi que « dans le tumulte, beaucoup de Florentins furent dérobés379 », ce que confirme aussi, du côté pisan, celle de Ranieri Sardo (1320/1324-août/décembre 1399)380. La peur semble tétaniser les Florentins, qui restent cloîtrés dans leurs boutiques : dans la version de Ranieri Sardo, toutes les boutiques sont concernées381, mais dans celle de ser Naddo da Montecatini, ce sont surtout celles des Florentins382.
129La chronique de Ranieri Sardo est encore plus instructive : « Les juifs et les autres usuriers furent volés, Niccolò dell’Ammanato de Florence et d’autres Florentins furent volés, et de 6 à 8 prisonniers furent tués383. » L’association dans une même phrase des Florentins avec les juifs et les usuriers, régulièrement attaqués lors des soulèvements populaires, n’est certainement pas un hasard : que le vol des juifs et des usuriers ait réellement eu lieu ou qu’il relève du stéréotype littéraire importe peu, car, dans l’esprit des chroniqueurs pisans, les Florentins sont associés à des pratiques économiques non-productives, à des pratiques d’accumulation sans réinvestissement utile pour le Bien Commun. Cette énumération a l’avantage de rappeler que les Florentins ne furent pas les seuls touchés, ce que confirment les formulations de Giovanni Sercambi (1348-1424)384 et de Sozomeno da Pistoia (1387-1458). Ce dernier évalue à plus de 12 000 florins les dégâts subis par les seuls Florentins385, qui deviennent ensuite le total des dégâts subis par l’ensemble des victimes dans la chronique florentine anonyme386. Le chiffre est considérable puisqu’il équivaut à près de 10 % des revenus annuels de la commune de Pise. Il faut vraisemblablement y ajouter des morts comme le rappelle la correspondance de la Mercanzia :
Nous avons reçu votre lettre dans laquelle vous écrivez que messer Jacopo d’Appiano vous a fait quérir en compagnie de nos marchands, et dans laquelle vous et nos marchands vous plaignez des meurtres et des affaires survenus dans les derniers jours […] ; qu’il soit fait ainsi par nos Seigneurs et par la commune de Florence dans le territoire de Florence auprès de ceux qui sont morts et qui ont subi des dommages comme vous l’écrivez387 [nous soulignons].
130Quant à la mention du pillage de la maison de Niccolò dell’Ammanato de Florence, elle confirme que toute la communauté florentine a été affectée, et non pas seulement les fondaci du palais Gambacorta. Dans ce panorama, il semble que Francesco di Marco Datini ait été moins touché par cette émeute, grâce à la prévoyance de son facteur Manno d’Albizzo degli Agli, qui réussit à transférer une partie des marchandises chez le marchand pisan Michele di Manduccio388.
131Il est quasiment certain que ce Niccolò dell’Ammanato soit Niccolò dell’Ammanato Tecchini, soit le beau-frère de Francesco di Marco Datini, à savoir le mari de la sœur (Francesca) de sa femme (Margherita). Cette hypothèse est très vraisemblable, d’une part parce que M. Berti rapproche les deux personnages389 et cite une lettre390 dans laquelle le scribe se plaint de cet évènement, mais espère que Jacopo d’Appiano agira pour réparer les dommages. D’autre part, elle est aussi renforcée par une lettre explicite évoquant l’émeute provoquant le renversement du seigneur :
et, étant devant une vitre de fenêtre fissuré (fesso di finestre), j’ai vu qu’on me volait, qu’on emportait mes biens et je n’ai osé rien dire […]. Et il me paraît meilleur de surmonter cela sous peu ici, non pas parce qu’il y en aurait besoin pour les affaires présentes alors qu’il y a deux fois plus de monde ici, mais parce que messire Jacopo donne bon espoir de nous restituer chaque florin391.
132Niccolò dell’Ammanato de Florence est par ailleurs un personnage connu392. La famille dell’Ammanato ne compte que trois représentants dans la base de données de J. F. Padgett, qui la classe parmi les familles « non lignagères », c’est-à-dire celles dont le nom est communément utilisé, mais dont l’individu n’est pas intégré dans une chaîne de parenté renvoyant au grand-père, et qui ne sont pas admis au Priorat avant 1494393. Il a été élu Gonfalonier de Compagnie en 1378 et son domicile fiscal est situé dans le Gonfalon du Lion Rouge, dans la zone de Santa Maria Novella394. Il revendique une résidence dans ce quartier depuis plus de 300 ans, selon une lettre qui invite à réviser nos jugements pour en faire une famille bien plus ancienne et intégrée qu’on ne le croit395. Il est immatriculé dans l’Art de la Calimala en 1372 et en 1404396 et échange des draps à l’étranger.
133Il est certes connu pour être le beau-frère de Francesco di Marco Datini : la correspondance de ce dernier conserve ainsi 491 lettres écrites en son nom propre, une au nom de sa compagnie et 388 au nom de ses compagnies avec d’autres associés397. Mais « ses rapports avec Datini suivent une courbe progressivement descendante à mesure que Francesco s’élève et que Niccolò décline » : sa mise en faillite en 1398 donna l’occasion à Datini de lui fournir 300 florins sans grande chaleur ; il finit sa vie comme courtier398 et sa compagnie fut également volée à Pise en septembre 1399399. M. E. Soldani évoque de possibles liens de parenté avec la branche perpignanaise des Tecchini400. Il semble également qu’un parent, Andrea di Sandro d’Ammannato degl’Ammannati possédait trois pièces de terres à Montecastello (au sud-est de Pontedera), vendues en 1377401.
134Cependant, une interprétation plus politique de la révolte et du coup d’État peut être faite, puisque des éléments prouvent que l’idéologie gibeline et le recours au Popolo sont mobilisés.
135En effet, l’interprétation du tumulte du 21 au 25 octobre 1392402 comme coup d’État d’une faction politique appuyée par un soulèvement populaire contre les Florentins, qui lui donne une teinte révolutionnaire, est renforcée par le message politique des révoltés. Dans l’interprétation classique, les Bergolini au pouvoir sont soutenus par les marchands-banquiers et armateurs pisans qui trouvent leur intérêt à l’augmentation du transit des marchandises florentines à Porto Pisano, tandis que les Raspante sont soutenus par les artisans de la laine qui souffrent de la concurrence florentine, et seraient donc plus « populaires403 ». C’est pourquoi les chroniques rapportent le ralliement des insurgés au cri de « vive le peuple404 ! », bien que l’opposition binaire entre un parti des riches marchands-armateurs contre les pauvres artisans de la laine soit sérieusement à nuancer ou à abandonner405.
136L’interprétation politique donnée par les chroniqueurs est plus intéressante. Dans la chronique florentine anonyme qu’on attribuait auparavant à Minerbetti, les vols des maisons florentines sont commis par « certains citoyens de Pise, mais aussi par les étrangers (forestieri) », et non pas par toute la population pisane, dont une bonne partie laisse de mauvais gré Jacopo d’Appiano accéder au pouvoir par crainte des mercenaires étrangers406. La même chronique précise que les insurgés se rallient indistinctement au peuple, à Jacopo d’Appiano et à la faction gibeline : le sceau du Popolo pisan représente d'ailleurs un aigle (voir fig. 6 ci-dessous) – impérial et donc gibelin – couronné subjuguant un lion guelfe. Mais cette allusion au parti gibelin doit être, dans l’esprit du chroniqueur, un télescopage avec un évènement postérieur et ayant eu une plus grande publicité : la prière publique du vainqueur, Jacopo d’Appiano, dans le Duomo de la ville en compagnie des Sept Arts pisans, durant laquelle il « loua Dieu et le pria d’agir en son honneur, pour la paix et le repos de [la] cité de Pise, de ses amis et du bon état du parti gibelin407 » (26 octobre). Une autre manifestation du rattachement au parti gibelin est donnée par la description de la scène par Giovanni Sercambi, accompagnée d’une miniature et d’un poème moralisant (voir fig. 5 ci-dessous)408. En effet, les peintures réalisées par le nouveau seigneur sur la porte San Marco – située sur les rives de l’Arno, à l’est de la ville – représentent un aigle se dirigeant vers Florence avec le bec en feu, en rappel de l’aigle impérial symbole des gibelins409 et du Popolo à Pise, avec une inscription explicite adressée aux Florentins : « Ô qu’ils y laissent des plumes410 ! » Quoi qu’il en soit, cette interprétation politique cadre parfaitement avec la coloration gibeline des partisans de Jacopo d’Appiano, issus de familles marquées par ce courant, souvent des grands-propriétaires nobles du contado411 qui possédaient d’importants troupeaux et qui devaient par conséquent avoir des intérêts importants dans l’industrie du cuir concurrencée par Florence412.
137Nuançons toutefois l’idée de Florentins victimes de la révolte d’octobre 1392, puisque d’après le chroniqueur Sozomeno da Pistoia, Giovanni Pazzini de Florence, est impliqué dans le meurtre de Pietro Gambacorta, il en est donc un des acteurs principaux415. C’est à notre connaissance le seul chroniqueur donnant le nom précis des meurtriers, sur lequel nous n’avons pas trouvé d’autres informations. On peut alors faire le parallèle avec la réinterprétation de la physionomie des factions pisanes par M. Tangheroni et A. Poloni : de même que les marchands-armateurs ne sont pas unanimement favorables aux Florentins, que les artisans de la laine ne sont pas tous leurs opposants, et qu’une famille n’est pas spécialisée durant des décennies dans une seule activité, l’intégralité des Florentins ne collabore pas avec tous les Pisans. Une bonne partie des Florentins soutient le gouvernement Gambacorta qui a sécurisé le commerce, mais une autre partie soutient les Visconti par intérêt politique et par proximité avec le gibelinisme416. Il est donc très probable que ce Giovanni Pazzini soit un exilé politique (fuorusciti) gibelin cherchant à déstabiliser Florence et à en changer la politique extérieure. Mais une autre hypothèse serait d’y voir une tentative de déstabilisation florentine pour convaincre Pise de rentrer dans son réseau d’alliance après avoir vu les dangers encourus : certaines chroniques évoquaient déjà la déstabilisation florentine dans la fin des années 1380417 et attribuaient à la cité du Lys la présence destructrice de condottieri sur son territoire, notamment lors du passage de la compagnie de Bernardo de la Salle en décembre 1388418. On pourrait également penser que les Pisans attaquent les Florentins pour effacer toute trace de leurs dettes et ainsi diminuer leur emprise économique par la destruction des registres en portant la trace. Il faut de même prendre garde à ne pas faire de Jacopo d’Appiano un agent passif de Gian Galeazzo Visconti, comme le répètent les chroniques florentines419.
5.2.5.3. S’accommoder avec son meilleur ennemi ? Indemnisation de l’émeute et question portuaire
138Ces vols et dégâts subis par les Florentins lors de l’émeute du 21 octobre 1392 furent l’objet de tractations diplomatiques entre les deux cités dans les années suivantes, qui confirment toute l’ampleur des dommages subis et montrent combien les enjeux politiques peuvent submerger les questions commerciales. La question de l’indemnisation des Florentins est notamment abordée lorsque, dans son jeu d’équilibriste à mi-chemin entre les Florentins et les Visconti, Jacopo d’Appiano cherche à donner quelques gages aux premiers.
139Lors des premiers contacts officiels420, la Mercanzia demande à son consul Giovanni Grassolini et à Jacopo d’Appiano d’inventorier et de restituer les marchandises volées421. Le nouveau gouvernement pisan laisse espérer une restitution de toutes les marchandises422 ou, du moins, d’une compensation pour les dégâts subis, évalués à 12 000 florins423. En contrepartie, les Pisans exigent que les Florentins cessent d’aider les fuorusciti partisans de Gambacorta424, ce que ces derniers n’acceptent qu’en apparence425.
140L’affaire est à nouveau évoquée lorsque Pise réussit à écraser les fuorusciti426. Le 26 avril 1393, elle envoie une ambassade pour normaliser les relations politiques et commerciales427 : pour les Florentins, régler ce problème est la condition sine qua non avant de revenir à Porto Pisano, tandis que les Pisans sont prêts à examiner avec bienveillance la question428 – même s’ils en contestent le montant – et se déclarent prêts à commercer avec des Florentins de bonne volonté429. Un livre de Ricordi de l’Officier étranger de la Mercanzia mentionne par ailleurs une mission qui a dû avoir lieu le 17 mai 1393, dans laquelle Nerozzo Alberti, Francesco Buonaccorsi, Soldano Soldani et Ardingo Uguccioni ont été élus comme « bons marchands » (boni mercatores) – probablement des experts – chargés de trouver une solution par lettres, sur proposition de Manetto Davanzati430.
141Mais l’affaire n’est pas davantage close en 1394, à une période où l’interdiction de vendre des draps étrangers sur le territoire pisan exempte les Florentins431, puisque les Provvisioni des Prieurs enregistrent le 26 mars une pétition des marchands et des artisans dérobés en octobre 1392 demandant, d’une part, que les voleurs et la commune de Pise participent à l’indemnisation et, d’autre part, qu’Ardingo di Gucciozzo de’ Ricci – membre d’une des familles florentines moins hostiles à Pise432 – soit nommé représentant (sindaco) de la commune de Florence jusqu’en mai 1394 pour obtenir la restitution ou le remboursement de l’argent et des marchandises dérobés, que les conseillers de la Mercanzia doivent par ailleurs lister433. Lors de l’ambassade du 19 juillet 1394, les orateurs florentins Tommaso Sacchetti et Jacopo Guasconi remercient Jacopo d’Appiano de leur avoir offert de protéger personnellement les marchands florentins résidant à Pise, alors que des Pisans avaient à nouveau menacé de les attaquer434.
142La discussion reprend ensuite du 8 au 11 août 1394 dans les Consigli dei Gonfalonieri e dei Dodici car, ne pouvant être dédommagée pour les pertes d’octobre 1392, Florence a décidé de suspendre les paiements dus aux marchands pisans qui lui ont fourni des biens, pour compenser partiellement les pertes435. Le sujet doit être assez sensible pour demander l’encadrement strict du syndic chargé de négocier le dédommagement, puisqu’une délibération de la Mercanzia oblige Ardingo di Gucciozzo de’ Ricci (lié à Giovanni Grassolini en 1396)436 de suivre les instructions des six conseillers pour le paiement (15 décembre 1394)437, sans que nous ayons pu retrouver trace plus précise du règlement, si jamais il a eu lieu.
143Il s’agit d’un moyen de pression alternatif au paiement discret de mercenaires pour qu’ils attaquent Pise, afin de la convaincre de la nécessité de rallier une ligue ou un accord avec les compagnies d’aventures sous hégémonie florentine : montrer la force de nuisance que ces compagnies représentent et demander le remboursement des marchands volés en octobre 1392 sont alternativement convoqués par Florence du printemps 1393 au printemps 1394438.
144Mais la question ne semble pas facilement réglée, puisque les instructions données à l’ambassadeur florentin Benedetto Peruzzi en novembre-décembre 1395 demandent encore le remboursement des dégâts subis en 1392439.
145La question portuaire est un autre sujet de frictions au début du règne de Jacopo d’Appiano, qui entend redynamiser l’économie de Pise.
146Dans le cadre de la réorganisation défensive du territoire pisan, une meilleure protection contre la piraterie est entreprise au printemps 1393. Les postes d’observation et de signalisation sont multipliés sur le littoral à Livourne, à Piombino – qui doit armer une galée et une galeotta pour assurer la police des mers autour du promontoire440 – et sur l’île d’Elbe où un contingent d’hommes doit toujours être mobilisable pour la défense441. En mai 1393, une galée de 40 rameurs est armée pour chasser les corsaires ennemis442. Pour éviter la piraterie et les représailles, plusieurs négociations sont menées avec les autorités génoises, avec le Préfet de Rome, avec le seigneur de Cintura (Corse) et, surtout, avec le roi de Tunis, à qui on réclame le respect du traité signé en 1391443.
147Une des décisions les plus importantes réside dans la levée d’un prêt forcé afin de financer la remise en état du port et de reconstruire les défenses de Porto Pisano444. Un prélèvement sur le trafic portuaire avait déjà été utilisé par Pietro Gambacorta, qui avait triplé le droit d’ancrage en novembre 1373445. Le dragage des darses et des canaux de Porto Pisano, menacé par l’alluvionnement, est en effet régulièrement effectué446. Les difficultés pour Pise sont doubles : ne disposant pas de recettes ordinaires suffisantes, augmenter les taxes sur le port risquerait d’en diminuer le trafic et donc, indirectement, les revenus fiscaux qu’elle en tire. Après consultations, une commission de marchands proches du seigneur (dont Giovanni Grassolini, qui est aussi consul des Florentins) décide de lancer le 27 août 1393 un prêt volontaire et sans intérêt (sine lucro)447. La souscription est lancée trois jours plus tard et permet de récolter 14 100 florins448. Les travaux sont lancés, mais ne sont pas encore achevés en novembre 1395, puisque le notaire gérant les dépenses, Francesco da Riglione, est maintenu à son poste à cette date449.
148La question du débouché portuaire joue un rôle important dans les négociations diplomatiques de 1396. En mars, Gian Galeazzo Visconti temporise en ouvrant des tractations en vue d’une paix générale, finalement signée en mai 1396. Mais Florence prend ses précautions et cherche à s’attirer les faveurs du gouvernement siennois. Puisque Sienne est passée dans le giron des Visconti depuis 1391, quitter unilatéralement Porto Pisano comme en 1356, afin d’utiliser Talamone comme alternative portuaire, n’est plus une option plausible. Florence propose cependant d’y transférer ses marchands, en faisant miroiter tous les avantages économiques que ce transfert entraînerait450. Le but de Florence est à la fois d’isoler Pise et d’éloigner la menace des Visconti.
149Malgré les tensions entre les deux villes, un nombre non négligeable de marchands florentins devait subsister à Pise. Au début du règne de Jacopo d’Appiano, l’atmosphère hostile n’empêche les opérations commerciales en commun, comme l’attestent les trois achats de céréales – produit éminemment stratégique et politique – réalisés à Pise par des Florentins : le premier est vendu par le Pisan messer Lorenzo Ciampolini (23 décembre 1393)451, le second implique un intermédiaire génois pour le compte de la commune florentine (29 mai 1394)452 et le dernier est vendu par les Pisans Lodovico Sciancato et Antonio Facca le 29 octobre 1395453.
150En juin-juillet 1396, lorsque l’affrontement direct entre Pise et Florence débute, la Cité du Lys cherche à éviter les attaques des mercenaires contre les Pisans, car ces derniers « ont dans leurs maisons tant de marchandises florentines qu’elles valent plus de 150 000 florins454 ». Comparée aux 12 000 florins de dégâts subis par les Florentins lors de l’émeute d’octobre 1392, la somme représente un montant gigantesque, équivalent à presque 10 % du budget annuel de Florence, et à une année et demie celui de Pise : si les ambassadeurs n’exagèrent pas, cet ordre de grandeur montre la toute-puissance de la communauté florentine, plus riche que la commune qui l’accueille.
151Mais, en juillet 1396, un navire arrive à Porto Pisano chargé de marchandises florentines si chères qu’elles provoquent l’ouverture de négociations et la signature d’une trêve de six mois455. L’épisode est passé sous silence dans les chroniques pisanes et lucquoises, mais pas dans celles de Sienne. Les chroniques florentines, comme celle de l’Anonyme florentin456 ou de Leonardo Bruni (1369-1444)457 n’en soufflent mot, seul Scipione Ammirato (1531-1601) raconte que Jacopo d’Appiano « restait sur ses gardes pour qu’on ne lui fasse pas la guerre, et pour cela ne permettait pas aux marchands florentins de retirer de Pise les marchandises qu’ils y avaient458 ».
152La correspondance de la Mercanzia n’a pas été conservée pour l’année 1396, mais les échanges diplomatiques documentent l’évènement. Deux lettres des Dieci di Balìa et des Prieurs de Florence à Sienne mentionnent l’autorisation de guider à Talamone leur navire rempli de marchandises entré par erreur à Porto Pisano459. D’autres lettres permettent de dater l’évènement du 11 ou du 12 juillet 1396460.
153La continuation de la chronique de Paolo di Tommaso Montauri, informé par une lettre provenant de Pise, donne plus de détails sur l’importance de la cargaison, bien qu’il parle de deux navires au lieu d’un seul attesté dans les correspondances diplomatiques :
à cette époque deux [sic] navires arrivèrent au port de Pise avec plusieurs marchands et leurs marchandises, qui appartenaient aux Florentins, pour une valeur de 300 000 florins ; ils furent soutenus par les Pisans. À cause de ces navires, les Florentins se résignèrent à faire partir la compagnie du territoire pisan, afin de pouvoir récupérer marchandises et marchands, car s’ils ne les retrouvaient pas, toutes les grandes compagnies de Florence feraient faillite461.
154La valeur de la cargaison est donc si considérable (300 000 florins) pour ce(s) navire(s) qu’elle menace l’équilibre de toutes les compagnies florentines, si intimement reliées entre elles par des liens de crédit et de confiance462. C’est pourquoi les ambassadeurs florentins dépêchés sur place, Andrea della Stuffa et Piero Benizzi, ont pour instruction secrète d’informer les facteurs des compagnies possédant ces biens pour qu’ils les envoient discrètement ailleurs463.
155Les autorités florentines décident alors de retenir la bride des compagnies de mercenaires sur Pise, même si celle de Bartolomeo da Prato est toujours employée (juillet-août 1396). La coopération de Jacopo d’Appiano avec Florence lui sert à gagner du temps et à obtenir une trêve avant l’arrivée des renforts milanais. La correspondance des Dieci di Balià nous informe à la fois de la promesse formelle de Jacopo d’Appiano de sauver les marchandises des Florentins (18 juillet)464 et de l’attitude bienveillante des Pisans envers les Florentins qui récupèrent leurs biens465. Pour autant, la méfiance persiste entre les deux villes, qui craignent le déclenchement des hostilités dès la fin du déchargement des marchandises (2 août)466, et s’arrangent pour faire traîner les négociations (entre le 23 juillet et le 14 août). L’accord mis en place exige le départ de Lucques et de Pise des compagnies d’aventure de Bartolomeo da Prato et de Giovanni da Barbiano dans les dix jours et établit une trêve de six mois entre les deux villes467. Une fois la trêve signée, les marchandises sont déchargées et transportées à la hâte sur l’Arno, en deux mois et au double du tarif habituel468. Les Florentins mettent donc le prix pour assurer un transport rapide. D’après les relations diplomatiques, Jacopo d’Appiano craint toujours le déclenchement de la guerre469, mais maintient son accord en empêchant le comte de Montescudaio d’attaquer les convois florentins (août-septembre 1396)470.
156Condensant l’évolution diplomatique et militaire sur cette question, la chronique de Montauri prouve combien les craintes de Jacopo d’Appiano étaient fondées, puisque la compagnie de mercenaires revient aussitôt dévaster le territoire pisan, allant jusqu’à incendier une des portes de Pise471. En effet, alors que Jacopo d’Appiano guerroie contre le comte de Montescudaio, Florence engage le condottiere gascon Bernardon de Serres (Bernardo della Serra, 19 septembre) et conclut une alliance défensive avec le roi de France. Florence cherche en réalité à signer une paix intercommunale incluant Pise, Lucques et le comte de Montescudaio, ce qui aurait permis d’interdire aux forces des Visconti d’accéder à la Toscane. Mais les divergences de vues entre le comte de Montescudaio et Pise rendent la négociation difficile, tandis que Florence exige des garanties pour le transport de ses marchandises entre Pise et Porto Pisano. La question portuaire est donc un élément essentiel pour les Florentins durant cette période, puisque la menace des Visconti menace d’étouffer leur économie spécialisée dans les exportations de textiles, dont le déclin menace la paix sociale (en réalité, la soie a tendance à remplacer la laine, mais emploie moins de monde)472. Florence propose alors à Jacopo d’Appiano de signer un accord dans lequel Pise choisirait entre trois conditions pour garantir sa bonne foi, éprouvée par tant d’années de tensions : 1) déposer une forte somme d’argent à Florence, 2) donner un nombre suffisant de Pisans pouvant se porter personnellement garants du versement de cette somme, 3) confier la garde des châteaux stratégiques causant des conflits aux frontières entre Pise et Florence. Mais Pise repousse la proposition florentine de paix intercommunale, tout en confirmant sa volonté de garantir les échanges avec les Florentins jusqu’à un plafond de 100 000 florins et de fournir une liste de 100 citoyens pisans pouvant le confirmer473. Ces tractations durent de septembre à la fin novembre, une période durant laquelle les compagnies d’aventures sont à nouveau payées en secret par les Florentins afin de déstabiliser Pise. Ces compagnies, unies aux forces des Gambacorta et aux troupes du comte de Montescudaio, attaquent le territoire pisan le 25 novembre, ce qui achève de pousser Pise dans le camp milanais : Jacopo d’Appiano sollicite formellement l’aide militaire de Gian Galeazzo Visconti474.
157Le problème portuaire est donc d’une importance telle pour les Florentins qu’ils sont prêts à tous les arrangements avec les Pisans afin de sauvegarder une cargaison de très grande valeur. Le cynisme de la « realpolitik » florentine les pousse toutefois à ne pas aller plus loin qu’une trêve pour verser dans l’affrontement militaire direct dès que possible, après avoir épuisé toutes les autres solutions. Si les Florentins commencent probablement à quitter les ports pisans après octobre 1392, l’importance des sommes en jeu durant ces années prouve a contrario que le débouché pisan reste vital pour l’économie florentine. Le contrôle diplomatique et commercial de cette plate-forme de redistribution n’étant plus assuré, les Florentins n’ont d’autre choix que d’envisager la guerre, sinon la conquête, afin d’empêcher les Visconti de mettre la main sur le poumon maritime de la Toscane.
158Par conséquent, dans cette période troublée, les relations entre Florence et Pise ne sont jamais suspendues et il est encore possible pour les Pisans d’obtenir gain de cause. La lex mercatoria est en effet reconnue dans la plupart des cités marchandes et connaît des similitudes avec le diritto comune. Les institutions de la Mercanzia et de la nation florentine à Pise semblent avoir passé avec succès l’épreuve du feu des premières réelles tensions entre les deux cités ennemies, qu’elles contribuent à atténuer, même si pour cela il a fallu renouveler le personnel et activer la possibilité d’authentifier les Florentins à Pise par des lettres officielles. Mais l’équilibre fragile est rompu en 1397, lors du déclenchement de la guerre entre les deux villes : dès lors, il est impossible de retrouver les noms des consuls, le nombre de procès augmente, et les envois de lettres du fondaco pisan de la compagnie Datini chutent brutalement.
5.2.6. De la guerre à la conquête de Pise (1397-1406)
5.2.6.1. L’affrontement direct (1397-1398)
159Selon l’opinion des contemporains, l’impression générale durant la guerre entre Pise et Florence (1397-1398) est celle d’une commune pisane subissant un blocus sur mer et sur terre. Pour autant, au début de cette séquence, le trafic portuaire persiste, même s’il est rendu plus difficile par la présence de navires corses, catalans, sarrasins, génois, ou directement armés par les Florentins, les Lucquois et le roi de France, qui alternent entre actes de piraterie et attaques directes475.
160Étant donné l’importance économique de l’ouverture de Florence vers la mer, les opérations militaires contre le complexe portuaire pisan occupent une place centrale. Des incursions florentines ont ainsi lieu en juin476 et à l’automne 1397. Florence maintient une pression maximale sur les installations portuaires pisanes pour empêcher le ravitaillement de la cité et gêner les communications entre les territoires toscans et lombards des Visconti : quatre galères génoises financées par le roi de France, les Florentins et les Lucquois sont armées contre les Pisans et renforcent le blocus, durement ressenti par les habitants477.
161Puis, en janvier 1398, les négociations pour une paix séparée entre Jacopo d’Appiano et les Florentins se font sur la base d’un accès libre de ces derniers au port : le seigneur pisan n’offre cependant pas les mêmes faveurs que son prédécesseur478. Florence poursuit un double but. Elle cherche d’abord à obtenir de Lucques la fermeture du port de Motrone, afin de contraindre ses marchands à retourner à Porto Pisano, et à signer une paix séparée entre Lucques et Pise. Mais elle demande aussi aux Pisans des garanties supérieures à celles obtenues dans le traité de 1369. À l’opposé, Jacopo d’Appiano profite du moment pour exiger l’annulation des rubriques du traité de 1369 plaçant l’économie pisane sous la dépendance des marchandises florentines, en échange de la fin de son alliance avec les Visconti479.
162Dès la fin du mois de janvier, la présence des délégations de Milan, de Pavie, de Sienne, de Pérouse et de Bologne, transforme les négociations en un « congrès » général. Cette configuration permet à Jacopo d’Appiano de placer ses intérêts au centre des négociations. Il espère obtenir une paix générale à condition que les Florentins abandonnent le traité de 1369 et, s’ils refusent, il envisage de faire peser sur eux la responsabilité de l’échec des négociations480.
163Mais si tous les protagonistes profitent de cette « conférence » diplomatique pour gagner du temps ou refaire leurs forces, c’est bien l’intransigeance florentine à vouloir conserver – et des Pisans à vouloir supprimer – le traité de 1369 qui empêche la signature d’un accord (janvier-février 1398)481. Jacopo d’Appiano confie une nouvelle fois aux commissaires lucquois être disposé à la paix, mais uniquement si les Florentins abandonnent les chapitres litigieux du traité de 1369482. Nous verrons en effet à quel point ce traité peut potentiellement asphyxier l’économie pisane dans les chap. 6 et 7. Signé dans une période d’entente parfaite entre Pise et Florence, Jacopo d’Appiano entend dénoncer les termes si défavorables du traité, mais il est contraint par l’amende de 200 000 florins prévue en cas de dénonciation unilatérale du traité et par l’intransigeance florentine.
164La trêve est finalement signée en mai 1398 entre Gian Galeazzo Visconti et Florence, dont l’une des premières exigences est la libre circulation de ses marchands. La copie florentine de la trêve détaille les conditions : elle est signée pour dix ans, période durant laquelle les deux parties devront s’abstenir de toute offense ou agression, afin de permettre la libre circulation des biens et des marchandises dans tous les territoires concernés (Venise, Florence, Bologne, Padoue, Ferrare, Mantoue et tous ceux dépendants de Gian Galeazzo Visconti, Pise et Sienne) comme c’était le cas avant la guerre483.
165La trêve ne change rien aux intentions des Florentins désirant retrouver les conditions avantageuses du traité de 1369. Florence réitère sa proposition de transférer ses marchands à Talamone (mi-juin 1398), ruse qui permet d’obliger les Siennois à envisager de quitter l’alliance avec Visconti s’ils veulent que les marchandises florentines soient à nouveau déchargées à Talamone484. Il s’agit aussi de faire pression sur Pise au moment où Porto Pisano est toujours assailli et bloqué485. Mais les marchands florentins sont opposés à ce transfert, car le port pisan est plus commode486.
166À la mort de Jacopo d’Appiano, le 1er septembre 1398, son fils Gherardo lui succède et tente de reprendre les négociations, qui se tiennent à Empoli, avec les Florentins487. Mais ces derniers restent inflexibles puisqu’ils donnent pour instruction à leurs ambassadeurs d’obliger les Pisans à accepter le détail des clauses sur les franchises établies en 1369, même si la gestion de ces négociations fait l’objet de critiques, parfois publiques, des milieux marchands488. Ils ajoutent l’obligation de donner une garantie financière de 100 000 florins – payée pour moitié en sel, et pour moitié en argent – afin de prouver que les Pisans assureront bien la sécurité des marchands et des marchandises florentines489. Les Florentins n’ont plus du tout confiance dans la parole donnée des Pisans, devenus trop proches du duc de Milan490. En réalité, les Florentins se jouent des Pisans : si certains citoyens influents laissent espérer la possibilité d’un accord sans laisser de dépôt de garantie, le gouvernement ajoute de nouvelles conditions dès que les Pisans sont prêts à céder, afin de faire monter les enchères : après le traitement privilégié de ses marchands, Florence demande que les marchands de San Miniato bénéficient des mêmes conditions, puis exige la cession du château de Collelungo et finalement l’abolition du consul des vetturali, dont dépendait le transport des marchandises entre Pise et Porto Pisano491.
167Deux lettres envoyées le 27 juillet 1395 par la Mercanzia au consul492 et au notaire-syndic493 de la nation éclairent l’insistance des Florentins sur ce dernier point. Elles rapportent que Vanni Bonconti de Pise s’est autoproclamé consul des vetturali florentins et règle lui-même les litiges, ce qui gêne les trafics494. Un membre des Bonconti entend donc résister à l’éviction du poste prestigieux et rémunérateur dont bénéficiait sa famille, qui a longuement occupé la charge de consul de la nation.
168Reste que les ambassadeurs florentins avaient interdiction de quitter les négociations et devaient tenir informé leurs supérieurs des avancées, car la Cité du Lys menait parallèlement un double jeu d’intoxication face à Sienne et Pise, afin d’obtenir un accès sûr et peu onéreux dans l’un des deux ports495. Alors que les négociations se déroulent d’octobre à décembre, le gouvernement pisan envoie Matteo del Vita en ambassade à Florence dès la fin octobre 1398, pour essayer d’atténuer les exigences florentines. Pour obtenir le retour des marchands florentins, Pise propose 1) de déposer à Florence une caution en sel valant 35 000 florins ; 2) l’exemption de gabelle pour 100 botti de vin corse exportées par an ; 3) une caution (sodamento) pour les 65 000 florins restants garantis par 100 citoyens pisans496. Mais les Florentins continuent de faire monter les enchères en exigeant : 1) l’obligation de prévenir les marchands florentins en cas de rupture de la trêve pour qu’ils puissent prendre leurs dispositions ; 2) l’abolition du consul des vetturali ; 3) la restitution du château de Collelungo497 ; 4) la conservation des franchises pour les artisans florentins travaillant à Pise. En somme, Gherardo d’Appiano abandonne l’objectif politique de la dénonciation du traité de 1369, mais n’obtient que l’abaissement du montant de la caution à fournir par les citoyens pisans. La situation économique était si critique que la nécessité d’une reprise du trafic maritime se faisait fortement ressentir, obligeant à accepter des conditions difficiles pour espérer faire revenir les Florentins498.
5.2.6.2. La question portuaire sous Gherardo d’Appiano et lors de la conquête (1399-1406)
169Lors de la cession de Pise aux Visconti (janvier-février 1399), les Milanais s’efforcent de soutenir l’économie pisane. L’achat de la ville s’accompagne en effet du remboursement des dettes de la commune contractées sous Gherardo d’Appiano. Une réduction de la dette est même négociée le 12 septembre 1399, de sorte que si la somme restante ne dépasse pas à l’avenir les 20 000 florins, elle doit servir à financer une galée pour défendre Porto Pisano499. À la même période, l’économie florentine reste atone, notamment parce que la peste de l’été 1399 renforce les problèmes soulevés par l’impossibilité d’accéder à Pise500.
170Paolo Guinigi, très proche de Visconti, établit sa seigneurie sur Lucques en 1400, ce qui change la donne pour les Florentins, car il leur redonne accès au port de Motrone501. Or, après la vente de Pise, les Florentins se sont tournés vers Gênes, avec lesquels communiquent Talamone et Motrone, désormais tous deux contrôlés par Gian Galeazzo Visconti, dont le but est de couper les exportations florentines vers Bologne afin d’asphyxier totalement leur économie502. C’est pourquoi Florence demande le 8 avril 1402 aux autorités vénitiennes à pouvoir accéder au port de Cesenatico, en Romagne, en précisant vouloir se prémunir contre les relèvements de droits de douane et ne pas vouloir payer 2 florins par salma comme ailleurs, préférant au contraire bénéficier d’un prix proportionnel au montant des marchandises503.
171Pise, contrairement à la volonté affichée lors de la signature du traité de paix, se ferme progressivement aux Florentins, qui se plaignent le 7 avril 1402 d’un décret les empêchant de commercer504. Les lettres de la correspondance Datini montrent qu’il s’agit moins d’une interdiction505 que du relèvement des taxes à 50 % pour les marchandises des Florentins ou pour ceux avec qui ils sont liés. Cela a pour effet de bloquer la route vers Pise506 et d’obliger les marchands à y liquider leurs affaires507.
172Les marchands vivent donc dans l’attente des décisions de Gian Galeazzo Visconti, qui envoie en juillet 1402 une galée à l’embouchure du Magra, le fleuve que contrôle Sarzana, afin de couper la route entre Gênes et Motrone, alors qu’il a mis la main sur Bologne le mois précédent. Par conséquent, les Florentins se sentent menacés de vols pour leur trafic destiné à Motrone, en raison de la présence de mercenaires à la solde des Milanais : toute la marchandise en provenance de Gênes est saisie en juillet 1402 et rendue à Pise, sauf pour les Florentins. Pour ces derniers, l’accès à la mer tyrrhénienne est complètement bloqué. Ils doivent se tourner vers l’Adriatique, via Rimini ou dans la direction de Rome, débouché lui aussi incertain508.
173Florence réplique en ordonnant à Buonaccorso Pitti, capitaine de Barga, de couper les routes entre Pise et Milan, après les vaines tentatives de Paolo Guinigi de ménager les Florentins en leur promettant de rendre les marchandises saisies sur son territoire. C’est pourquoi des mules portant de la laine anglaise acquise à Pise par Francesco Bonconti (pourtant affilié à une famille pro-florentine sous Pietro Gambacorta) au nom de Lippo di Muccerello de Bologne sont saisies au mois d’août 1402. Le gouvernement lucquois proteste et exige la restitution des marchandises que possèdent selon lui ses marchands. Florence accepte de le faire par crainte d’une rupture avec Lucques. Les lettres du 4 et 10 septembre et l’envoi de Jacopo Salviati comme ambassadeur à Lucques visent à sonder la position de Paolo Guinigi, en lui demandant de faire lever les entraves à la circulation des marchandises florentines509. Les instructions données à Jacopo Salviati sont révélatrices de l’état de détresse dans laquelle Florence se trouve :
[Paolo Guinigi] doit prendre en considération le fait que notre cité vit du commerce, et que les marchands sont ceux qui soutiennent tout le poids et la charge de l’ensemble de nos dépenses ; et que la commune ne peut rien faire sans eux ni eux sans le commerce, de sorte que ce qui est fait au profit et pour satisfaire les marchands n’est fait que pour le bienfait et le plaisir de toute notre population510.
174Malgré toutes ces difficultés, Florence tente secrètement de négocier une paix séparée avec Pise en avril 1403, qui lui permette d’accéder à son port. Les Dieci di Balìa chargent en effet leur émissaire, Bartolomeo Valori, de faire une offre d’achat de Pise aux Visconti dans le cadre d’une paix générale. Des négociations secrètes avec un agent (dont l’identité reste inconnue) des Visconti ont aussi lieu pour offrir 100 000 florins pour l’achat de la ville, ce qui échoue, obligeant Florence à demander l’intermédiation de Carlo Malatesta pour faciliter l’achat de la ville, devant le manque de fiabilité de la parole pisane511.
175Florence n’a en effet pas vraiment le choix et, après l’ordre formel donné par la commune pisane, elle souhaite sécuriser son accès à la mer par un traité avec Lucques512 et n’hésite pas à accentuer la pression sur Paolo Guinigi en coupant de nouveau la route vers la Garfagnana au niveau de Barga, et donc en direction de Milan. Mais, du fait du blocage des autres ports et de l’hostilité grandissante de Gênes, Florence est contrainte de relâcher la pression exercée sur Lucques, allant parfois jusqu’à envisager le maintien des Visconti à Pise, du moment que ses marchands peuvent accéder à Porto Pisano513. Le traité signé en mai 1403 entre Florence et Lucques514 prévoit de laisser accéder les Florentins à Motrone en échange du paiement de 2 000 florins par mois515. Malgré cette signature, les marchandises mettent du temps à être reçues à Motrone, car, selon Giovanni Morelli, Paolo Guinigi espère obtenir davantage en faisant pression sur les Florentins. La manœuvre échoue lorsque, le 11 juin 1403, Gherardo d’Appiano signe l’accord réservant aux Florentins l’accès à Piombino516. Paolo Guinigi réagit en faisant passer de 3 % à 15 % les taxes que payent les Florentins à Motrone, ce qui pousse Francesco di Marco Datini à ne plus faire transiter ses marchandises entre Motrone et Gênes517. L’accès à Piombino n’est cependant pas le plus aisé, puisque les convois florentins doivent être escortés518. À l’automne 1403, les milieux mercantiles sont toujours dans l’attente de pouvoir à nouveau utiliser Motrone519. Les marchands sont très gênés dans leurs trafics en raison des opérations militaires et des blocages des routes : d’un côté, Buonaccorso Pitti, le gouverneur de Barga, empêche le passage des marchandises sur les routes Pise-Lucques et Lucques-Milan520, de l’autre, Paolo Guinigi empêche le passage des marchandises de Pise à Florence521.
176L’intérêt politique de Florence est toutefois de ne plus dépendre d’une cité maritime qu’elle ne contrôle pas, d’où la tentative avortée de prendre Pise par la ruse en février 1404522. D’où également la guerre contre Sienne jusqu’à la signature de la paix du 6 avril 1404, qui permet à nouveau aux Florentins d’accéder à Talamone, malgré la tentative de Paolo Guinigi de réouvrir Motrone523. La situation reste fragile et le cercle dirigeant florentin est frappé d’une véritable obsession obsidionale selon Goro Dati524 : aucune confiance n’est accordée à la parole et à la stabilité de Pise525, cause des troubles en Toscane depuis un siècle526.
177Le 15 avril 1404, le transfert de la souveraineté de Pise au roi de France, représenté par le maréchal Boucicaut, change par ailleurs la donne et provoque une lutte féroce entre Gênes et Florence : l’épisode des 100 000 florins (200 000 florins pour d’autres)527 de marchandises florentines saisies en mai 1404 s’inscrit dans cette perspective528, de même que l’offre de Florence d’acheter la ville pour 200 000 florins en avril 1404529. R. Piattoli rappelle, à ce propos, l’opposition entre deux lignes de conduite concernant le choix d’un débouché portuaire : d’une part, celle qui entend faire de Piombino le port principal parce qu’il a été donné en tutelle à Florence dans le testament de Gherardo d’Appiano, une option qui mécontente toutefois Gênes et répond davantage à des motivations politiques que commerciales et, d’autre part, les marchands qui préfèrent Talamone, plus proche des centres de production et de consommation, et qui manœuvrent en faveur d’un rapprochement avec Sienne afin d’obtenir la réouverture du port530.
178Les relations de Florence avec Lucques se tendent, à cause de la cession temporaire de Ripafratta par Agnese Mantegazza, sans que Gabriele Maria Visconti n’en soit informé, afin de pouvoir payer Giovanni Colonna (août-septembre 1404)531. Paolo Guinigi a en effet acquis cette forteresse, qui lui sert d’appui dans ses blocages des marchandises pisanes transitant sur le territoire lucquois. Par ailleurs, une fois signée la trêve avec les Florentins, les rapports restent cordiaux avec Pise en 1404-1405, au point que des marchands florentins sont recommandés par leur commune pour leur permettre de venir à Pise régler leurs litiges et leurs dettes532, signe d’un redémarrage de l’activité des tribunaux commerciaux pisans.
179Mais les évènements s’accélèrent en 1405 autour de la question du port pisan. Ainsi, durant la fuite des Visconti de Pise à Sarzana après l’émeute du 20 juillet 1405, le complexe portuaire pisan est un des nerfs de la guerre. Agnese, Gabriele Maria et Boucicaut rejoignent en effet Livourne, où ce dernier décide de reconquérir la ville. Pour cela, ils garnissent de vivres la citadelle de Livourne tandis qu’une galée endommage Pise avant sa capture par les Pisans533. Cette résistance acharnée de Pise achève de convaincre Boucicaut de la nécessité de vendre la ville aux Florentins.
180Le 27 août 1405, lorsque Gabriele Maria Visconti cède finalement ses droits sur Pise, sa citadelle et d’autres forteresses – exceptée Livourne, qui reste terre génoise et donc sous tutelle française jusqu’en 1421 –, les questions portuaires occupent évidemment une place centrale. Les Florentins conservent la liberté de transiter et d’habiter à Livourne, doivent y maintenir une garnison et acquièrent le droit d’y affecter une partie des ressources pisanes. Ils doivent payer à Boucicaut 56 000 florins, en compensation des dépenses faites pour l’armement et le ravitaillement de la citadelle et lui restituer la galée génoise prisonnière534.
181Lors du siège de Pise par les Florentins (octobre 1405)535, le capitaine florentin, Obizzo da Montegarullo, installe deux campements militaires, l’un à l’ouest pour contrôler le littoral pisan et l’autre à l’est, vers l’Arno, sur lequel sont construits deux bastions afin de contrôler les trafics fluviaux, ce qui permet d’isoler Pise en empêchant son ravitaillement grâce au détournement des navires remplis de grain sicilien vers Piombino536.
182La geste de la conquête de Pise par les Florentins montre donc à quel point le contrôle du littoral et du complexe portuaire pisan est essentiel pour que le blocus soit assez efficace et pour asphyxier Pise. C’est également une condition sine qua non dans la prise de contrôle d’une ville indissociable de son port – héritage de siècles de domination maritime – mais devenue l’homme malade de la Toscane, dont les puissances toscanes et lombardes se disputent la dépouille.
Notes de bas de page
1 Melis 1984b, p. 121-123.
2 Piattoli 1930b.
3 Tognetti 2010b et Tognetti 2008a.
4 Ciccaglioni 2009 ; pour le XVe siècle, voir Ciccaglioni 2011.
5 Musarra 2018.
6 Melis 1989a, p. 46.
7 Tognetti 2008, p. 13-14.
8 Gautier Dalché 1995, p. 158 et p. 160-161.
9 Ceccarelli Lemut 2004.
10 Vaccari – Tangheroni 1993, p. 139-162, ici p. 144.
11 Zone attribuée au haut Moyen Âge à l’espace entre la mer à l’ouest, les collines de Livourne à l’est, située entre les fleuves Ugione, au nord, et Chioma, au sud.
12 Ceccarelli Lemut 2011, p. 118-119.
13 Tangheroni 2004.
14 Vaccari – Tangheroni 1993, p. 145.
15 Bernardo Maragone 1936, respectivement p. 16-18, 26 et 64.
16 Ceccarelli Lemut 2011, p. 121.
17 Bonaini 1854-1870, t. 3, p. 560-561, Breve dell’Ordine del Mare (1322, révision en 1336).
18 Angelotti 1984-1985, p. 13 et p. 16.
19 D’après le Breve curiae maris : Bonaini 1854-1870, t. 3, p. 368, 413, 416-417 et 431-432.
20 Ceccarelli Lemut 2011, p. 123.
21 Ceccarelli Lemut 2011, n. 48 p. 123-124.
22 Ceccarelli Lemut 2011, n. 54 p. 124.
23 Vaccari 2007a.
24 Goro Dati 1735, p. 81 et 100.
25 Vaccari – Tangheroni 1993, p. 144.
26 Vaccari – Tangheroni 1993, p. 145.
27 Ceccarelli Lemut 2011, n. 52 et 53 p. 124.
28 ASPi, Comune A, 74, fol. 140v ; Bonaini 1854-1870, t. 2, p. 273.
29 ASPi, Comune A, 197, fol. 126v-127v et fol. 127v-128v ; Vaccari – Tangheroni 1993, p. 162.
30 ASPi, Comune A, 197, fol. 127v-128v.
31 Vaccari – Tangheroni 1993, p. 146-147.
32 Tangheroni 2003 ; Garzella 2011 ; Vaccari – Tangheroni 1993, p. 145.
33 Salvestrini 2009, n. 49 et 50 p. 18.
34 Garzella 2011, p. 134.
35 Situé entre la via Santa Maria et l’église San Donato.
36 Salvestrini 2009, p. 19.
37 Renzi Rizzo 2003, p. 7-8.
38 Redi 2003.
39 Garzella 2011, n. 20 p. 137.
40 Garzella 2011, p. 138.
41 Garzella 2011, p. 139 ; Ghignoli 1998, p. 413-414 et p. 442-443.
42 Benelli 2005.
43 Salvestrini 2009.
44 ASPi, Diplomatico, Roncioni, 9 juillet 1218 ; Salvestrini 2009, n. 48 p. 11 ; Tognetti 2008b, p. 141-142.
45 Salvestrini 2009, p. 26-27.
46 Tangheroni 1996, p. 266.
47 Garzella 2011, p. 140-141, qui mentionne quelques prix.
48 Salvestrini 2009, p. 10.
49 Garzella 2011, p. 143.
50 Malvolti – Pinto 2008, en particulier Tognetti 2008b.
51 Garzella 2011, p. 142.
52 Salvestrini 2009, p. 23.
53 Salvestrini 2009, p. 22-23 ; La Roncière 2005, p. 44-45 ; Astorri 1998, p. 156-157.
54 La Roncière 2005, p. 47-50.
55 Astorri 1998, p. 156-157.
56 Pinto 1972, n. 52 p. 26-27.
57 Salvestrini 2009, p. 20-21.
58 Garzella 2011, p. 144-145.
59 Garzella 2011, p. 145.
60 Ceccarelli Lemut 2011, p. 126-127.
61 Ceccarelli Lemut 2011, n. 72 et 74 p. 127.
62 Ceccarelli Lemut 2011, n. 74 p. 127.
63 Ceccarelli Lemut 2011, p. 127-128.
64 Ceccarelli Lemut 2011, n. 82 et 83 p. 128 ; ASPi, Comune A, 62, fol. 23r, 1er septembre 1357 et 211, fol. 15, 28v et 31v, 19 février, 2 et 13 avril 1393.
65 ASPi, Comune A, 49-50 et 88-91.
66 ASPi, Comune A, 200, fol. 34v, 16 juillet 1378.
67 Melis 1984b, p. 131 : « Sonci tutti i Fiorentini franchi, come solevano essere a Pisa al buon tempo. »
68 Ceccarelli Lemut 2011, p. 130.
69 Ceccarelli Lemut 2011, p. 130-131.
70 Melis 1984b, p. 131.
71 Melis 1984b, p. 134.
72 Melis 1984b, p. 134.
73 Ceccarelli Lemut 2011, p. 117-118 ; Pelù 1974.
74 Sordini 2000.
75 Melis 1984b, p. 125.
76 Melis 1984b, p. 127.
77 Melis 1984b, p. 130
78 Melis 1984b, p. 129.
79 Del Punta 2011.
80 Melis 1984b, p. 132-133.
81 Melis 1984b, p. 135.
82 Melis 1984b, p. 137 ; Melis 1984c.
83 Astorri 1998, p. 175-186.
84 Poloni 2004, p. 231.
85 Astorri 1998, p. 161 ; Conseil de la Mercanzia, 4 avril 1312.
86 Ciccaglioni 2013, p. 21-23 ; Petralia 1988.
87 Cristiani 1997 ; Tangheroni 1995, p. 37 ; Cristiani 1962, p. 261-267.
88 Rossi Sabatini 1938, p. 83-84.
89 Rossi Sabatini 1938, p. 93-94 ; ASPi, Comune A, 48, fol. 68v et 130v.
90 Rossi Sabatini 1938, p. 104 et p. 107.
91 Rossi Sabatini 1938, p. 90-91.
92 ASFi, Provvisioni registri, 18, 18 novembre 1321 ; approbation fol. 29v, 20 novembre 1321.
93 ASFi, Provvisioni registri, 18, 9 décembre 1321 ; approbation fol. 37r, 10 décembre 1321.
94 Rossi Sabbatini 1938, p. 58.
95 Rossi Sabbatini 1938, p. 121.
96 ASFi, Mercanzia, 136, 13 octobre 1322, fol. 13rv ; Astorri 1998, p. 164.
97 Rossi Sabatini 1938, p. 118-122.
98 Rossi Sabatini 1938, p. 148-149.
99 Pour la conquête et le point de vue catalan, voir Soldani 2017.
100 ASPi, Comune A, 50, fol. 46v-47r, 22 janvier 1325 ; Poloni 2006, p. 172-174.
101 Tangheroni 2002, p. 31-47 remet totalement en cause Silva 1912, p. 1-35 et Volpe 1902, p. 304-320.
102 Poloni 2006, p. 175.
103 Poloni 2006, p. 176-177.
104 Poloni 2006, p. 178.
105 ASFi, Provvisioni registri, 25, fol. 12v, 26 août 1326 ; approbation fol. 14v, 31 août 1326.
106 Rossi Sabatini 1938, p. 169 ; Giovanni Villani 1990-1991, t. 2, XI, 34, p. 561-562.
107 Rossi Sabatini 1938, n. 2 et 3 p. 189.
108 ASFi, Provvisioni registri, 25, fol. 39v, 13 février 1329 (pétition présentée uniquement devant le Conseil des Cent et du Capitaine du Peuple).
109 Poloni 2014, p. 253-257.
110 Tangheroni 2002, chap. 2.
111 ASFi, Mercanzia, 141, fol. 20r, 20 mai 1333 ; 153, 2 octobre 1346 ; 154, 27 juin 1347.
112 Rossi Sabatini 1938, p. 193.
113 ASFi, Provvisioni registri, 25, fol. 94v, 29 janvier 1330 ; approbation fol. 101r, 30 janvier 1330.
114 ASFi, Provvisioni registri, 26, fol. 2r, 27 janvier 1330.
115 ASFi, Mercanzia, 142, fol. 21r-22r, 18 avril 1336 et fol. 24r-26r, 16 mai 1336 ; Astorri 1998, p. 166.
116 ASP, Comune A, 52, fol. 32v, 37v et 40v.
117 Rossi Sabatini 1938, p. 212, le texte du décret est transcrit dans la n. 1 (ASPi, Comune A, 52, fol. 44 sqq.).
118 Silva 1910, p. 143 sqq.
119 Poloni 2014, p. 254-255.
120 ASFi, Mercanzia, 145, fol. 54v-55r, 28 décembre 1340 ; Astorri 1998, p. 166.
121 Tangheroni 1978a.
122 La Roncière 2016, p. 529-569 et p. 603-625.
123 La Roncière 2016, n. 97 p. 583.
124 Rossi Sabatini 1938, p. 54-59.
125 ASFi, Provvisioni registri, 27, fol. 140v, 27 avril 1335.
126 Rossi Sabbatini 1938, p. 58.
127 ASFi, Capitoli, 32, fol. 39 ; ASFi, Provvisioni registri, 30, fol. 79v, 23 novembre 1339 et fol. 16r, 19 décembre 1340 ; Tangheroni 1978a, p. 215.
128 ASFi, Provvisioni registri, 30, fol. 75v, 22 novembre 1339 ; approbation fol. 81rv, 23 novembre 1339.
129 Tangheroni 1978a, p. 215.
130 ASPi, Comune A, 53, fol. 41r, 3 janvier 1340 ; Tangheroni 1978a, p. 216.
131 ASFi, Mercanzia, 145, fol. 54v-55r, 28 décembre 1340 ; Astorri 1998, p. 166.
132 ASFi, Mercanzia, 146, n. f., 18 août et 12 octobre 1341 ; Astorri 1998, p. 167.
133 ASFi, Capitoli, 25, fol. 33.
134 Rossi Sabatini 1938, p. 224.
135 ASFi, Capitoli, 33, fol. 11.
136 Ciccaglioni 2013, p. 134 ; Rossi Sabatini 1938, p. 224-225 ; ASPi, Comune A, 29, fol. 82.
137 ASFi, Provvisioni registri, 32, fol. 87v, 5 novembre 1343.
138 ASFi, Provvisioni registri, 34, fol. 161r, 27 juin 1347 ; approbation 34, fol. 164r, 28 juin 1347.
139 ASFi, Provvisioni registri, 34, fol. 174v, 27 juillet 1347 ; approbation 34, fol. 179r, 30 juillet 1347 ; 36, fol. 10v, 18 septembre 1348 ; approbation fol. 12r, 19 septembre 1348 ; 36, fol. 135r, 14 juillet 1349 ; approbation fol. 139r, 17 juillet 1349 ; 38, fol. 89r, 15 juillet 1350 ; approbation 38, fol. 96r, 17 juillet 1350 ; 38, fol. 253v, 18 juillet 1351 ; 38, fol. 257v, 19 juillet 1351.
140 ASPi, Comune A, 54, fol. 22r.
141 ASPi, Comune A, 54, fol. 25v.
142 ASFi, Mercanzia, 142, fol. 26v. Sur Forese da Rabatta, voir Ciapelli 1997.
143 ASPi, Comune A, 54, fol. 30r.
144 ASPi, Comune A, 54, fol. 34r ; Tangheroni 1978a, p. 217-218.
145 La Roncière 2016, n. 97 p. 593 ; ASFi, Giudici degli Appelli, 1822, n° nuovo I, fol. 172r.
146 La Roncière 2016, p. 610 ; Giovanni Villani 1990-1991, t. 3, XIII, 73, p. 466-472.
147 Pinto 1972.
148 ASFi, Libri Fabarum, 27, fol. 56v ; ASFi, Capitoli, 22, fol. 39rv ; Pinto 1972, p. 7 ; Rossi Sabatini 1938, p. 59.
149 Pinto 1972, n. 52 p. 26-27.
La Roncière 2016, n. 113 p. 585 ; ASFi, Provvisioni Duplicata, 6, fol. 83r. Certains officiers de l’Abbondanza florentine, comme Francesco Palmieri et Francesco Loni, sont accusés de détourner respectivement 100 et 200 staia de céréales alors qu’ils étaient en poste à Porto Pisano (Pinto 1972, n. 71 p. 33).
150 La Roncière 2016, p. 584-585 ; ASFi, Giudice degli Appelli, 1822, n° nuovo 1, fol. 170r et fol. 172r (juillet-octobre 1346) ; ASFi, Provvisioni Duplicati, 6, fol. 83 et 167v.
151 Tangheroni 2002, p. 146-147.
152 Rossi Sabbatini 1938, p. 55 ; ASPi, Comune A, 50, fol. 20v ; 52, fol. 34r ; 97, fol. 76r ; 98, fol. 66r (autorisation donnée à Bonaiuto Boninsegna de la société des Bardi de vendre à Pise le grain et l’orge pisan qu’il a en sa possession).
153 ASFi, Provvisioni registri, 34, fol. 83v-84r ; Pinto 1972, p. 11-12. Il s’agit des compagnies d’Andrea Gambacorta pour 4 000 florins, Lotto Gambacorta pour 4 000 florins, Jacopo dell’Agnello pour 5 000 florins, Nicolò del Voglia pour 3 000 florins, Neri Buttari pour 3 000 florins, Andrea Galletti pour 3 000 florins, Puccio et Colo del Mosca – originaires de San Gimignano, mais installés à Pise (Pinto 1972, p. 11 ; Cristiani 1962, p. 442, 457, 464 et 473) – pour 3 000 florins, Rosso Balducci pour 3 000 florins, et Neri da San Casciano pour 2 000 florins.
154 Mention dans ASFi, Provvisioni registri, 39, fol. 188v, 16 août 1352.
155 Pinto 1972, p. 16.
156 ASFi, Provvisioni registri, 36, fol. 145, 31 juillet 1349 ; approbation fol. 148r, 6 août 1349 : il est syndic pour récolter l’argent dû par les Florentins en 1349.
157 ASPi, Comune A, 33, fol. 7v ; Tangheroni 1978a, p. 219 ; Rossi Sabatini 1938, p. 59.
158 La Roncière 2016, n. 97 p. 583 ; ASFi, Provvisioni registri, 36, fol. 21r.
159 ASFi, Provvisioni registri, 34, fol. 161r, 27 juin 1347 ; Pinto 1972, n. 19 p. 12.
160 ASFi, Provvisioni registri, 36, fol. 82v, 24 avril 1349 ; approbation fol. 86r, 25 avril 1349.
161 ASFi, Provvisioni registri, 36, fol. 145r, 31 juillet 1349 ; approbation fol. 148r, 6 août 1349.
162 ASFi, Provvisioni registri, 36, fol. 150r, 12 août 1349 ; approbation fol. 152r, 13 août 1349.
163 ASFi, Provvisioni registri, 39, fol. 188v, 16 août 1352 ; approbation fol. 191r, 18 août 1352.
164 Par ailleurs, Pinto 1972, n. 19 p. 12 mentionne le remboursement de 4 187 florins à Buonaccorso Bonizzi, somme que Bartolo di Vieri et d’autres acheteurs payent pour le compte de l’Abbondanza florentine, mais sans donner de référence précise pour cette seconde action, que nous n’avons pu retrouver dans les Provvisioni registri.
165 La Roncière 2016, p. 576.
166 ASFi, Provvisioni registri, 40, fol. 97r, 24 avril 1353 ; approbation fol. 100v, 26 avril 1353.
167 ASFi, Provvisioni registri, 40, fol. 101r, 10 mai 1353 ; approbation fol. 106v, 11 mai 1353.
168 La Roncière 2016, p. 620.
169 La Roncière 2016, p. 577.
170 La Roncière 2016, p. 607.
171 Rossi Sabatini 1938, p. 58.
172 ASFi, Provvisioni registri, 40, fol. 220r, 4 mars 1354 ; approbation fol. 223r, 5 mars 1354.
173 Tangheroni 1978a, p. 217.
174 Rossi Sabbatini 1938, p. 59 ; ASPi, Comune A, 57, fol. 18v.
175 ASFi, Provvisioni registri, 40, fol. 212r, 12 février 1354 ; approbation fol. 218r, 13 février 1354.
176 Voir notamment Poloni 2017 et l’ensemble du dossier dont cet article est issu.
177 La décision pisane est transcrite dans Bonaini 1854-1870, t. 3, p. 612-615 (p. 615-626 pour l’armement des galères). Elle est analysée dans Silva 1912, p. 25-28 ; Silva 1910, p. 360 ; Silva 1908 ; Caturegli 1921, p. 18-25 ; Pauler 1995, p. 80-84.
178 Banchi 1870, p. 80, qui ne donne malheureusement pas de références précises pour étayer son propos.
179 Pauler 1995, p. 81.
180 Caturegli 1921, p. 18.
181 Donato Velluti 1914, p. 218-219 ; Gros-Collomp 2008, p. 87-90.
182 Il s’agit de Giorgio Baroni, Sandro di Simone del Quarata, Giovanni degli Alberti, Paolo Cenni de’ Covoni, Marco Strozzi, Paolo Altoviti, Amerigo Cavalcanti, Gerio de’ Pazzi, Matteo Soldi et Piero degli Albizzi.
183 ASFi, Instrumenta et iura comunis, 56.
184 Selon Silva 1908, p. 628, Charles IV, pour plaire aux Florentins à qui il a soutiré des milliers de florins (Ranieri Sardo 1845, p. 124), écrit une lettre aux Pisans à qui il impose de ne pas étendre la nouvelle gabelle aux marchandises florentines, à moins que ces derniers ne consentent à subir volontairement cette imposition. Un regeste de la lettre, mentionné par Caturegli 1921, n. 5 p. 18, est publié dans Guasti 1866-1893, t. 2, n. 222 p. 540 (correspondant à ASFi, Capitoli, 16, fol. 86rv, 30 juillet 1356) et dans Böhmer 1889, t. 8, p. 720 ; Winkelmann 1880-1885, t. 2, n° 2488, p. 516 ; voir également Pauler 1995, n. 17 p. 81.
185 Baldasseroni 1904, p. 18-25 ; Cronica di Pisa… 1729, col. 974-1088 ; Pauler 1995, p. 80.
186 Caturegli 1921, p. 19.
187 Pauler 1995, p. 81 ; Tangheroni 2002.
188 Pauler 1995, p. 82-83.
189 Winkelmann 1880-1885, t. 2, n° 816, p. 516 ; Guasti 1866-1893, t. 2, p. 540.
190 Caturegli 1921, n. 5 p. 11.
191 Pauler 1995, p. 80-81.
192 Matteo Villani 1995, t. 1, p. 767-768, VI, 47 ; Pauler 1995, p. 82.
193 En compagnie d’Andrea Bardi, de Paolo Covoni et de Francesco Falconetti.
194 Pauler 1995.
195 Selon Gros-Collomp 2008, p. 86-87, Pise est vue par Dante comme la « nouvelle Thèbes » (Inferno, XXXIII, 89), « honte des peuples du beau pays où résonne le si » (Inferno, XXXIII, 79). Ils sont régulièrement qualifiés de « renards si rusés qu’ils ne craignent pas qu’un piège les attrape » (Purgatorio, XIV, 53-54), autrement dit de mauvaise foi, sur qui on ne peut compter d’après Franco Sacchetti ([XCIV] « Canzone distesa di Franco Sacchetti per vittoria avuta contra i Pisani », dans Franco Sacchetti 1990, p. 114-119) ; pour Matteo Villani, ils sont experts en « maliziosa industria » (respectivement Matteo Villani 1995, t. 2, p. 311, IX, XX et t. 1, p. 736, VI, XIX).
196 Donato Velluti 1914, p. 219.
197 Pauler 1995, p. 83.
198 Pauler 1995, p. 84.
199 Caturegli 1921, n. 3 p. 19 ; Cronica di Pisa… 1729, col. 1034.
200 Caturegli 1921, p. 20.
201 Matteo Villani 1995, t. 1, p. 767-768, VI, 47 et 49 ; Caturegli 1921, p. 20 ; Banchi 1870, p. 81. Les évènements sont aussi évoqués dans Matteo Villani 1995, VI, 47, 48, 61 ; Neri di Donato… 1729, col. 154 ; Scipione Ammirato… 1847, t. 3, p. 55 sqq. ; Roncioni 1844-1845, p. 841 sqq. et Perrens 1883, t. 4, p. 453 sqq.
202 Banchi 1870, p. 80-81.
203 Sordini 2000 ; Banchi 1870, p. 82-84, doc. 11.
204 Matteo Villani 1848, t. 1, p. 516.
205 Matteo Villani 1995, t. 1, p. 784-785, VI, 61.
206 Pauler 1995, p. 83-84.
207 Donato Velluti 1914, p. 219-220 ; cité par Gros-Collomp 2008, n. 26.
208 Matteo Villani 1995, t. 2, p. 557, X, 83 ; cité par Gros-Collomp 2008, n. 31.
209 Matteo Villani 1995, t. 1, p. 785, VI, 61 : « I Pisano sopra li altri Toscani saputi e maliziosi, a•cquesta volta si trovarono presi nella loro malizia ; però che incontanente che’ Fiorentini presono porto a Talamone e ridotto a•sSiena, tutti gli altri mercanti d’ogni parte abbandonarono il porto e•lla città di Pisa, e votarono la città d’ogni mercatanzia, e•lle case delle abitazioni, e’l mestiere delle loro mercerie, e li alberghi de’ mercatanti e viandanti, e’ cammini de’ vetturali, e il porto delle navi, per modo che in brieve tempo s’avidono che•lla loro città era divenuta una terra solitaria castellana ; e nella città n’era contro a’ rettori loro grande repetio. »
210 Matteo Villani 1995, t. 2, p. 50-51, VII, 32.
211 Franceschi 1994, p. 102-103 ; Tognetti 2010b, p. 16.
212 Donato Velluti 1914, p. 221.
213 Cronica di Pisa 2003, rub. 120, p. 1045 : « dopo molta guerra, incominciata di nascosto più di cinque anni, e poi in palese tre anni. »
214 Caturegli 1921, p. 19.
215 ASFi, Provvisioni registri, 80, fol. 176v, 22 novembre 1391 ; approbation fol. 178r, 23 novembre 1391 ; Quertier 2016.
216 Banchi 1870, p. 87-90.
217 Banchi 1870, p. 85-86.
218 Matteo Villani 1995, p. 84-85, VII, 62.
219 Caturegli 1921, p. 21.
220 Banchi 1870, p. 85 et 87 ; Matteo Villani 1995, VII, 32, 43 et VIII, 37, 43.
221 Silva 1912, p. 26-27 ; Caturegli 1921, p. 25.
222 Banchi 1870, p. 87.
223 Caturegli 1921, p. 22.
224 Matteo Villani 1995, p. 184.
225 Matteo Villani 1995, VIII, 37, p. 182-184 ; Banchi 1870, p. 87.
226 Caturegli 1921, n. 3 p. 59. Il possède aussi une modeste casetta, qu’il fait agrandir en 1357 : ASPi, Comune A, 126, fol. 12r.
227 ASPi, Comune A, 128, fol. 104r ; Pecchiai 1906-1908, ici 16, 1907, p. 171.
228 ASFi, Signori, Carteggio – Missive, 13, fol. 14r.
229 Caturegli 1921, n. 4 p. 102 ; ASFi, Signori, Carteggio – Missive, fol. 15v.
230 Matteo Villani 1995, t. 2, p. 786, X, 83.
231 Caturegli 1921, n. 2 p. 21.
232 Caturegli 1921, p. 103.
233 Matteo Villani 1995, VI, 48 et VIII, 43.
234 Pauler 1995, p. 84.
235 Donato Velluti 1914, rub. 37, p. 221 : « se modo ci fosse del ritornare a Pisa, si facesse, essendo disposti a fare ciò che piacesse al Comune » ; Pauler 1995, n. 29 p. 84.
236 Silva 1912, p. 37 ; Caturegli 1921, n. 2 p. 25 ; ASPi, Comune A, 129, fol. 13v-14r ; 128, fol. 104r ; 129, fol. 6v ; 62, fol. 7r. ; 64, fol. 25r-26v.
237 Benvenuti 2003, p. 213.
238 Caturegli 1921, p. 10-11 et p. 24-28.
239 Silva 1910, p. 22, 25, 33.
240 Matteo Villani 1995, VIII, 37.
241 Neri di Donato 1729, col. 170.
242 Caturegli 1921, p. 27. Les marchands florentins devaient payer une taxe similaire à celle demandée par les Pisans : 3 d. par demi soma et 6 pour chaque soma, selon les termes du traité.
243 Pour la première moitié du XIVe siècle, Astorri 1998, p. 175-186.
244 Caturegli 1921, p. 52.
245 Caturegli 1921, n. 3 p. 25. Pour les négociations, voir ASFi, Signori, Carteggio – Missive, 12, fol. 126v et ASFi, Provvisioni registri, 45, fol. 179rv, 180r, 211rv et 223rv.
246 Caturegli 1921, n. 5 p. 25 ; ASFi, Signori, Carteggio – Missive, 12, fol. 126v.
247 Matteo Villani 1995, t. 2, p. 558, X, 83. Selon lui, les Pisans provoquèrent les Florentins : « come li Pisani feciono cosa da ‘ncitare li Fiorentini » (Matteo Villani 1995, t. 2, p. 566, X, 91).
248 ASFi, Provvisioni registri, 44, fol. 87v, 23 octobre 1357 ; Tognetti 2014a.
249 ASFi, Provvisioni registri, 50, fol. 88r ; Caturegli 1921, p. 159-161.
250 En 1342, ils se montent à 79 000 florins (Memorie e documenti per servire alla storia… 1813, t. 1, p. 336) alors que sous Giovanni dell’Agnello ils sont tombés à 20 000 florins : Caturegli 1921, p. 146.
251 La production locale de grains ne permettait pas l’autosuffisance de la commune, qui devait en acheter à Pise (ASLu, Anziani avanti la libertà, 21, fol. 2rv ; Caturegli 1921, p. 159) et interdire son exportation du contado (Caturegli 1921, n. 1 p. 160), comme le font de nombreuses communes à cette époque (voir Quertier 2016 et Quertier 2005). Le stock de céréales n’était pas toujours en cause, mais Lucques se trouvait surtout dans l’incapacité d’acheter ces grains à l’extérieur, et devait donc emprunter à Pise ou à des particuliers, avec de grandes difficultés pour les rembourser par la suite (Caturegli 1921, p. 160). Les habitants du contado étaient en outre désavantagés par rapport aux citoyens de Lucques – comme c’est le cas ailleurs : les prestanze faites durant la guerre de 1362-1364 comprenaient une rubrique spéciale pour les contadini, qui payaient davantage (Caturegli 1921, n. 5 p. 160) ; ils subissaient les dévastations de leurs champs à cause des opérations guerrières (comme ce fut le cas à Lignana : voir Caturegli 1921, n. 6 p. 160-161 et p. 22) et ne pouvaient pas payer le loyer de la terre (Caturegli 1921, n. 1 p. 161, qui mentionne une demande de diminution des loyers en 1341), au point que certains fuient – ce qui dépeuple encore plus le contado – ou cherchent à ne pas payer en se déclarant par exemple oblats de monastères (Caturegli 1921, n. 2 p. 161).
252 Brucker 1962, p. 194-196.
253 Franceschi 1993a, p. 9-11.
254 Brucker 1962, p. 194-196.
255 Scipione Ammirato 1647, t. 1, p. 484 ; Caturegli 1921, n. 2 p. 35.
256 Brucker 1962, p. 188-189.
257 Caturegli 1921, p. 30-31.
258 Caturegli 1921, n. 1 p. 36 ; ASFi, Consulte e pratiche, 3, fol. 150r.
259 Caturegli 1921, n. 9 p. 33-34 ; ASPi, Comune A, 35, fol. 434v et fol. 435rv.
260 Brucker 1962, n. 9 p. 150 ; ASFi, Provvisioni registri, 49, fol. 57r, novembre 1362 : Quod statuto mercantie in civitate Florentie est adeo pessimus et obscurus, quod mercatores et artifices civitatis eiusdem dampnis non modicis pregavantur.
261 Robins 2000 : les Pisans « castella e mende chiedano e passaggi / E la tornata al porto e più dannaggi » (dans Ildefonso da San Luigi 1770-1789, vol. 4, t. 6, p. 247).
262 ASFi, Provvisioni registri, 50, fol. 58v, 1er décembre 1362 ; approbation fol. 68r, 2 décembre 1362.
263 Matteo Villani 1995, XI, 28 et 30.
264 Silva 1912, p. 19 ; Volpe 1970, p. 149.
265 Caturegli 1921, p. 38-41.
266 Caturegli 1921, p. 46-50.
267 Brucker 1962, p. 188 ; Catellacci 1888.
268 Catellacci 1888, éd. du texte p. 148-165.
269 Caturegli 1921, n. 1 p. 82.
270 Catellacci 1888, p. 145 et p. 148.
271 ASFi, Provvisioni registri, 52, fol. 1rv et 2r.
272 Matteo Villani 1995, XI, 102 ; Sozomeni Pistoriensis presbyteri 1730 ; Cronica volgare di anonimo Fiorentino… 1915, col. 1041 ; Neri di Donato 1729, col. 187.
273 Caturegli 1921, p. 100 ; ASFi, Signori, Carteggio – Missive, 13, fol. 15rv et fol. 16v.
274 Caturegli 1921, p. 100 ; Banchi 1870, p. 90.
275 Banchi 1870, n. 1 p. 91 ; ASSi, Consiglio della Campana, 179, fol. 27r et 181, fol. 4r.
276 Banchi 1870, n. 2 p. 91, 21 août 1366.
277 Caturegli 1921, p. 117.
278 Caturegli 1921, p. 102.
279 ASFi, Provvisioni registri, 55, fol. 102v, 4 décembre 1367 ; approbation fol. 105v, 6 décembre 1367.
280 Caturegli 1921, n. 4 p. 206 ; Bongi 1892-1893, p. 175 ; ASLu, Capitano del popolo, 5, fol. 17rv et fol. 18rv.
281 ASPi, Reale Acquisto Roncioni, 338, fol. 155v, 156rv, 157rv et fol. 158rv.
282 Caturegli 1921, p. 204.
283 Brucker 1962, p. 193.
284 Franceschi 1993a, Tab. 1 p. 9 ; p. 11.
285 Franceschi 1993a, Tab. 2 p. 13.
286 ASFi, Mercanzia, 194, fol. 2rv, 22 octobre 1375 (voir Annexe 3) : et de pecunia que de et pro mercantiis et rebus Florentinorum in prefata civitate Pisis solvi et exigi consuevit pro solvendis salariis dictorum consulis et syndici et pro solvenda pensione dicte logie non sufficit obstante contrarietate temporis et maxime a sedecim mensibus citra lapsi (sic) in quo mercantiarum usus non fuit more solito frequentatus [nous soulignons].
287 Pour les tensions entre Florence et la Papauté entre 1371 et 1375, voir Brucker 1962, p. 244-296.
288 Mollat 1955.
289 Brucker 1962, p. 278-279.
290 Brucker 1962, n. 152 p. 294 ; ASFi, Signori, Carteggio – Missive, 16, fol. 1r, 22 juillet 1375.
291 Melis 1987a, p. 55-66.
292 Silva 1912, p. 189-190. ASPi, Comune A, 67, fol. 2 : et dicta publicatio possit esse damnosa et nimium scandalosa Comuni Pisani ; transcription dans Brogi 1994-1995, p. 191.
293 ASPi, Comune A, 67, fol. 13r.
294 ASPi, Comune A, 67, fol. 14r ; Silva 1912, appendice doc. 10 p. 315-316 : impossibile est de preiudiciale nimis esset comuni pisano expellere Florentinos de civitate pisana considerata pace quam comune pisanum habet cum eis, quam post multa dampna, expensas et labores hinc inde perpessas habuerunt.
295 ASFi, Mercanzia, 197, n. f., 16 juin 1379.
296 Franceschi 1993a, p. 16-28.
297 Banti 1971, p. 83-93.
298 ASPi, Comune A, 29, fol. 131-132.
299 ASFi, Diplomatico, Atti pubblici, 1er juillet 1369 et 2 juillet 1370. Les citoyens florentins donnent leur avis : ASFi, Consulte e pratiche, 10, fol. 104v, 105v, 116v et 125-126.
300 Tangheroni 2002, p. 86.
301 Banti 1971, p. 83-93.
302 Franceschi 1993a, Tab. 2 p. 13.
303 Les Pisans critiquent les exemptions de taxes dont les Florentins bénéficient au titre de ce traité : Cronica di Pisa... 1729, col. 1063 : « Vedete : buoni vicini e amici sono li Fiorentini, avendo tuttavia da Comune di Pisa ciò che sanno chiedere, e sìe da Messer Piero Gambacorta, e dal suo stato, che sono franchi delle gabelle » ; Cronica di Pisa... 1729, col. 1083-84 : « Or vedete buoni vicini, che sono li Fiorentini, avendo dal comune di Pisa ciò, ch’eglino vogliono. […] e sono delli tradimenti usano li Fiorentini mostrando esser fratelli con li Pisani […]. Non dovrebbeno far questo, avendo dalli Pisani cio che vogliono, le franchigie delle gabelle e ogni vantaggio. »
304 Silva 1912, p. 228-229 ; Quertier 2013a.
305 ASFi, Signori, Carteggio – Missive della prima cancelleria, 21, fol. 71r, lettre à Pise du 10 décembre 1388 ; Silva 1912, n. 4 p. 240.
306 Silva 1912, p. 217 ; ASLu, Carteggio Anziani dopo la Libertà, lettre du 2 mars 1384 ; ASFi, Consulte e pratiche, 23, fol. 21r.
307 Banti 1963, p. 241 : « Per la qual chosa in Pisa, per l’allegrezza et per la victoria del chonte, si feciono molti fuochi, lo giovedì a di 2[4] d’octobre, per tucta la terra overo città di Pisa, et poi, lo venerdi mattina, si tennono serrate tucte le botteghe e lli fondachi, et andarono al duomo li singniori anziani et misser Piero Ghanbachorta et quivi si disse una solenne messa ; et poi gli anziani et misser Piero tornorono, cho’gli armeggiatori innanzi, partendosi dal duomo, decta la messa, si tornorono a palagio. Sia chon pacie et riposo della nostra città di Pisa e del popolo ! »
308 Silva 1912, p. 229-232.
309 Silva 1912, p. 228-229 ; Benvenuti 2003, p. 229.
310 Neri di Donato 1729, col. 289 ; Banti 1963, p. 212-213.
311 Banti 1963, p. 247 : « E di chiaro si dicie et tiene sieno al soldo de’ Fiorentini et che lloro ce l’ànno facta. »
312 Cronica volgare di anonimo Fiorentino… 1915, chap. 36, p. 50.
313 ASFi, Signori, Carteggio – Missive, 20, fol. 284, 21 décembre 1387 : apud vos vulgo dici istas societates nostras esse [nous soulignons] ; Collino 1907b, n. 8 p. 154-155.
314 Silva 1912, doc. 15 p. 320-321, lettre du 1er janvier 1387 (st. florentin ; 1388 st. c.) des Florentins à Pise (transcription ASFi, Signori, Carteggio – Missive, 21, fol. 1r).
315 Silva 1912, p. 229 ; Cronica volgare di anonimo Fiorentino… 1915, chap. 36, p. 50 : « Di che messer Pier Gambacorti mandò per lo consolo de’ Fiorentini e per alcun altro Fiorentino, e disse loro che, per lo migliore, si stessono in casa, e, se pure andasser per la città e udissono dire alcuna parola che non piacesse loro, si stesson cheti e non rispondessono, però che’gli medesimo portava grande pericolo perché difendea i Fiorentini e diceva che la compagna non era a lor petitione venuta là dove era e stava. »
316 ASPi, Miscellanea Manoscritti, 69, livre de possession de Pietro Gambacorta et ses héritiers, 1386-1427, fol. 6r.
317 ASFi, Mercanzia, 210, fol. 58r, 14 juin 1386, renouvellement pour un an de sa charge.
318 ASFi, Mercanzia, 211, n. f., 5 février 1386 ; Silva 1912, p. 16.
319 ASFi, Signori, Carteggio – Missive, 20, fol. 218r, lettre du 2 décembre où Florence promet son aide ; ASFi, Signori, Carteggio – Missive, 20, fol. 239r, lettre du 14 décembre. Silva 1912, p. 229-230 et Banti 1971, p. 10-17.
320 Gros-Collomp 2008, p. 86-87.
321 ASFi, Signori, Carteggio – Missive, 20, fol. 284r, 21 décembre 1387 ; Collino 1907b, n. 8 p. 154-155.
322 Andronico et Marcovaldo della Rocca, Silva 1912, p. 233.
323 Banti 1971, p. 56 ; Collino 1907a, n. 1 p. 217. Sur Vanni d’Appiano, voir Collino 1907a, n. 2 p. 270-271 ; ASFi, Dieci di Balìa, Legazioni e commissioni, 1, fol. 98r, 1er juin 1388.
324 ASFi, Dieci di Balìa, Commissioni, 1, fol. 163r-164r ; Silva 1912, appendice doc n° 17, p. 322-323.
325 Silva 1912, p. 235-236 ; Ingeborg 1966.
326 Ambassade florentine à Pise le 1er juin et le 17 juin (Silva 1912, p. 236).
327 Auctore Anonymo… 1729, col. 1085.
328 Silva 1912, p. 236 n. 4, qui cite ASFi, Dieci di Balìa, Commissioni, 1, fol. 102, 105-106, 110.
329 Auctore Anonymo… 1729, col. 1085.
330 Cronica volgare di anonimo Fiorentino… 1915, anno 1388, chap. 5, p. 60.
331 Silva 1912, p. 239-240.
332 Collino 1907b, p. 43 ; ASFi, Signori, Carteggio e Missive, 21, fol. 41, 21 août 1388, lettre à Lucques.
333 Quertier 2016b, p. 63-79.
334 Silva 1912, p. 270-271 et doc n° 30, p. 334 (ASFi, Signori, Carteggio – Missive, 22, fol. 130v) ; Banti 1971, p. 11-12.
335 Silva 1912, appendice doc. 30, p. 334 : Sentimus quod cum galea nostra, que non minus pro securitate vestri portus, quam pro nostri comunis utilitate militat, ut scribi remiges facerent, per Arnum fluvium navigaret.
336 ASFi, Signori, Carteggio – Missive, 22, fol. 175v ; Silva 1912, appendice doc. 31 p. 335.
337 Banti 1971, p. 11-12.
338 Silva 1912, appendice doc. 30 p. 334.
339 ASFi, Signori, Carteggio – Missive, 22, fol. 132v ; Silva 1912, n. 2 p. 271.
340 ASFi, Mercanzia, 3, fol. 132r-133r.
341 ASPi, Comune A, 72, fol. 23v, 2 juin 1391 ; Silva 1912, n. 4 p. 272.
342 Poloni 1998-1999 ; ASFi, Mercanzia, 193, fol. 49v, mars 1374 ; 198, fol. 20r-21r, 12 novembre 1380 ; 211, n. f., 5 février 1386 ; 212, 20 mars 1387.
343 ASFi, Signori, Carteggio – Missive, 22, fol. 197 ; Silva 1912, n. 1 p. 274.
344 Savy 2013, p. 69-160.
345 Cronica volgare di anonimo Fiorentino... 1915, chap. 27, p. 141, l. 19-22.
346 Silva 1912, p. 273-274 ; Cronica volgare di anonimo Fiorentino... 1915, chap. 27, p. 142, l. 15-20 ; Domenico di Leonardo Buonninsegni 1581, p. 714.
347 Silva 1912, p. 273 ; ASFi, Signori, Carteggio – Missive, 22, fol. 158-159, deux lettres envoyées à Pise le 12 septembre 1391 ; ASFi, Consulte e pratiche, 28, fol. 181r-183v.
348 Cronica volgare di anonimo Fiorentino… 1915, chap. 21, p. 143.
349 Cronica volgare di anonimo Fiorentino… 1915, chap. 34, p. 145 et chap. 35, p. 145.
350 Cronica volgare di anonimo Fiorentino… 1915, chap. 35, p. 145.
351 Domenico di Leonardo Buonninsegni 1581, p. 714-718.
352 Istorie Fiorentine di Scipione Ammirato… 1826, t. 5, p. 430-432.
353 Il est récompensé par les conseils Florentins, c’est donc un corsaire officiel : ASFi, Provvisioni registri, 80, fol. 176v, 22 novembre 1391 ; approbation fol. 178r, 23 novembre 1391.
354 Cronica volgare di anonimo Fiorentino… 1915, chap. 37, p. 146.
355 ASFi, Signori, Carteggio – Missive, 22, fol. 175v ; Silva 1912, appendice doc. 31 p. 335.
356 Cronica volgare di anonimo Fiorentino… 1915, chap. 37, p. 146.
357 ASFi, Signori, Carteggio – Missive, 22, fol. 180, lettre du 16 janvier 1392 et 23, fol. 2r-3v, lettre du 16 mars 1392 ; Silva 1912, p. 277.
358 Banti 1963, p. 251.
359 Cronica volgare di anonimo Fiorentino… 1915, chap. 25, p. 139 ; Banti 1963, n. 1 p. 251.
360 Silva 1913b, p. 34.
361 Banti 1963, n. 2 p. 251.
362 Silva 1912, p. 275-276.
363 Cronica di Pisa... 1729, col. 1063 et col. 1083-84.
364 « I Pisani […] cominciaronsi a umiliarsi e tenere i Fiorentini per padri e signori in fatti e in parole », extrait de la Cronica domestica (1367-1370) de Donato Velluti (1313-1370), citée par Banti 1971, p. 86.
365 Hayez 2017.
366 Silva 1912, p. 263-264 ; Cognasso 1955.
367 Melis 1955, p. 24 et n. 707 p. 233 ; Banti 1971, p. 73-74.
368 Silva 1912, n. 2 p. 231 et Silva 1913a, p. 25-26. Les Sette arti sont les suivants : notaires, forgerons, taverniers, pellicciai, cuoiai, vinai e farsettai.
369 Silva 1912, p. 285 ; ASFi, Signori, Carteggio – Missive, 23, fol. 45v-46 et fol. 48.
370 Banti 1971, p. 60-63.
371 ASFi, Mercanzia, fol. 39r et 39v, deux lettres du 28 juillet 1390.
372 Banti 1971, n. 52 p. 65.
373 Silva 1912, p. 239 ; Ranieri Sardo 1845, p. 217.
374 Cronica volgare di anonimo Fiorentino… 1915, anno 1392, chap. 8, p. 160.
375 Cronica volgare di anonimo Fiorentino… 1915, anno 1392, chap. 19, p. 166, l. 11 : « Poi fu portato alla chiesa sanza lume ignuno, e quivi fu seppellito e la sua casa fu rubata. »
376 Quertier 2013a, n. 17 p. 246 ; ASPi, Miscellanea Manoscritti, 69, livre de possession de Pietro Gambacorta et de ses héritiers, 1386-1427, fol. 6r.
377 Cronica volgare di anonimo Fiorentino… 1915, anno 1392, chap. 19, p. 166, l. 6-8 : « Poi il detto ser Iacopo e la sua brigata corsono per tutta la città gridando : “Viva il popolo e ser Iacopo d’Appiano e Parte ghibellina, e moiano li Gambacorti e’ Fiorentini.” »
378 Citoyen de Florence en 1364, notaire actif entre 1356 et 1398, notaire de la Seigneurie en 1396, sa chronique couvre les années 1374-1398, avec des lacunes pour les années 1393-1396. Il adopte le point de vue des classes moyennes prospères et le ton se fait plus nettement pro-Florentin dans les années 1380 : Meek 2013 ; voir aussi Mazzoni 2012.
379 Croniche fiorentine di ser Naddo da Montecatini… 1784, p. 133 : « Nel detto rumore furono rubati molto mercatanti Fiorentini. »
380 Banti 1963, p. 257 : « Et fu rubato Niccholo dell’Ammanato da Firenze et altri Fiorentini, et morti da ssei inn otto provigionati forestieri. » La famille Sardo est une famille de juges et de marchands, dont une des deux branches – celle du chroniqueur – habite dans la paroisse de San Martino, dans le quartier de Kinzica. Il occupa de nombreux postes, notamment financiers, dans l’administration communale pisane, mais fut avant tout un marchand. Selon O. Banti, il est étranger à tout attachement partisan pour les Bergolini ou les Raspante (Banti 1963, p. LI-LVIII). La première partie de la chronique couvre l’origine du monde jusque 1354, tandis que la deuxième couvre les années 1354-1399 : Dell'Aprovitola 2013.
381 Banti 1963, p. 257 : « Chorrendo la terra tucta diciendo : “viva lo popolo !” istettono serrate tucte le botteghe. »
382 Croniche fiorentine di ser Naddo da Montecatini… 1784, p. 133 : « e tutti i Fiorentini, che là erano, stettero rinchiusi per paura, che a loro no fosse fatta villania. »
383 Banti 1963, p. 257 : « Et furono rubati i g[i]udei et altri usurai, et fu rubato Niccholo dell’Ammanato da Firenze et altri Fiorentini, et morti da ssei inn otto provigionati forestieri. »
384 Bongi 1892-1893, t. 1, p. 293 : « E per tucto questo non è Pisano che si muova ; e quine chi vedesse rubare, uccidere & ogni mal fare, sere’una pietà. » Giovanni Sercambi commence à écrire sa chronique après 1369. Il fut un membre actif de la faction des Guinigi, et donc plutôt hostile aux Pisans, ce qui transparaît beaucoup dans son style (Osheim 2013).
385 Sozomeni Pistoriensis presbyteri 1730, col. 1153 : Et statim constituit Vannem filium suum ducem equitum & peditum, qui currentes per Civitatem depraedati fuerunt multas mercantias Negotiatorum, & maxime Florentinorum, qui perdiderunt plusquam XII. millia florenorum. Il est le seul à donner autant de détails, ce qui suppose l’existence des échanges avec des personnes présentes sur place : Sozomeni Pistoriensis presbyteri 1908, p. XXV-XXXIII.
386 Cronica volgare di anonimo Fiorentino... 1915, anno 1392, chap. 20, p. 166 , l. 21-23: « E furono rubate alcune case e fondichi di Fiorentini da certi cittadini di Pisa e ancora da forestieri ; e fu la ruberia di valuta di fiorini 12 milia o piú. »
387 ASFi, Mercanzia, 11311, fol. 59v, 22 mai 1395 : « Ricevemo vostra lectera per la quale ci scrivete come messer Jacopo d’Appiano mando per voi e pe[r] nostri mercatanti e come voi e coloro si dolse dell’uccisioni e casi occorsi ne di passati […] che sia suto facto per gli nostri Signori e per lo comune di Firenze in sul terreno di Firenze a quegli che sono stati morti e dannificati come voi scrivete » [nous soulignons].
388 Piattoli 1927-1930, ici 1930, p. 90 ; Berti 2010, n. 86 p. 304.
389 Berti 2010, n. 85 p. 304 ; ASPo, Datini, lettre de Gênes vers Pise de Bruno di Francesco et d’Ambrogio del maestro Giovanni, 28 octobre 1392.
390 ASPo, Datini, 515.7 / 103710 du 23 octobre 1392.
391 ASPo, Datini, 1103.14/134159, carteggio privato, Pise-Prato, lettre Niccolò dell’Ammannato Tecchini a Francesco di Marco Datini, 6 décembre 1392 : « E standomi a uno fesso di finestre mi vedera rubare e portarne via le chose e non chio osassi dire nulla […] E mi pare il melglio a•ssopprastare in pocho qua, non perché bisogni pro faccienda che cci sia, però che cci siano doppi di giente, ma perché messer Jacopo ci da buona speranza di ristituire ongni Fiorentini. »
392 Le fondaco de Pise de la compagnie Datini est mentionné dans les lettres envoyées par Niccolò dell’Ammannato Tecchini à Francesco di Marco Datini, de 1381 à 1392 (7 lettres vers Avignon, 1 vers Florence, 2 vers Prato, 1 vers Pistoia) : ASPo, Datini, busta 1103, inserto 14, lettres 133344, 133345, 133346, 133347, 133348, 317186, 133349, 133839, 134158, 134159 et 133854. Voir notamment la lettre 134159 envoyée le 6 décembre 1392 et reçue le 13 décembre 1392, qui parle de disaventura et de vol. On trouve également de nombreuses lettres concernant sa compagnie avec Amidei Tano di Ghinozzo ; voir notamment en octobre 1392, 6 lettres : ASPo, Datini, 786/14, lettres 1001165, 1001166, 1001167, 313485 et 1001168. Le fond ASFi, Diplomatico, notamment sa subdivision Ceppi di Prato, fournit également quelques documents (voir Bensa 1925), ici document n° 262, 20 octobre 1400. Je remercie chaleureusement J. Hayez pour son aide précieuse.
393 Padgett 2010 ; pour la famille dell’Ammanato, voir appendice en ligne, 2e partie, p. 27, https://uchicago.app.box.com/s/bzvmi88hzvv56qwizu8wcuy7g4mo4ejm/file/69421433205, dernière consultation le 7 février 2022.
394 Selon la base de données des Online Tratte of Office Holders 1282-1532, D. Herlihy, R. Burr Litchfield, A. Molho et R. Barducci (dir.), en ligne : http://www.stg.brown.edu/projects/tratte/, dernière consultation le 19 juin 2013.
395 ASPo, Datini, 1090, 6000557, Filippo dell’Ammannato Tecchini a Francesco di Marco, 31 juillet 1406 ; Hayez 2012, p. 183.
396 Je remercie chaleureusement J. F. Padgett de m’avoir fourni cette information.
397 378 lettres envoyées au nom de sa compagnie avec Tani di Ghinozzo Amidei, 6 lettres au nom de celle avec Niccolò Cerchi, 3 lettres au nom de celle avec Francesco di Marco Datini.
398 Origo 1989, p. 180-182.
399 ASPo, Datini, 497.35, 505290, Florence-Pise, lettre de Niccolò dell’Ammannato Tecchini à Manno di Albizzo degli Agli, 24 septembre 1399. Je remercie chaleureusement J. Hayez de m’avoir transmis cette information.
400 Soldani 2009, p. 581-583.
401 Archivio dell’Opera del Duomo di Pisa, Diplomatico, n° 2439, 13 janvier 1377.
402 Banti 1963, p. 258-259.
403 Banti 1971, p. 79-83.
404 Banti 1963, p. 257 : « Chorrendo la terra tucta diciendo : “viva lo popolo !” » ; Cronica volgare di anonimo Fiorentino… 1915, anno 1392, chap. 19, p. 166, l. 6-8 : « Poi il detto ser Iacopo e la sua brigata corsono per tutta la città gridando : “Viva il popolo e ser Iacopo d’Appiano e Parte ghibellina, e moiano li Gambacorti e’ Fiorentini.” »
405 Banti 1971, p. 79-83 ; Tangheroni 2002, chap. 1 à 3 ; Poloni 2006.
406 Cronica volgare di anonimo Fiorentino… 1995, anno 1392, chap. 19, l. 12-15 : « [ser Iacopo d’Appiano] mandò fuori per lo contado di Pisa e di Lucca per tutti li suoi amici e molti fanti vi venero in pochi di, e fu tanto che in Pisa avea molti piú forestieri che cittadini ; e però erano li cittadini in grande paura » ; anno 1392, chap. 20, p. 166, l. 25-26 : « E furono rubate alcune case e fondichi di Fiorentini da certi cittadini di Pisa e ancora da forestieri […]. Questo feciono i cittadini mal volentieri, ma per paura di lui e de’ forestieri ch’eran con lui, lo consentirono con mal viso. »
407 Banti 1963, p. 260 : « Priegho Iddie sia a suo onore e llaude, et pacie et riposo della nostra città di Pisa e de’ suoi amici et buono stato di parte ghibellina. »
408 Bongi 1892-1893, t. 1, p. 294-295, rub. 359, « come messer Iacopo d’Appiano fe’ dipingere a Pisa l’aquila col fuoco in boccha, che si volgie verso Firenza chon una scripta sopra il capo, la qual dicie : O rimesse le penne : // Chi potre’ porre al sole mizura o peso, / O’l vento mizurare a staio a staio / O tramutare il mare con un chucchiaio, / O dir l’altezza che Dio sta sospeso, / O chuor malvagio sempre al male acceso, / O menti sanguinenti di becchaio, / O Beri, o Pinci, o Michele torniaio, / Dimoni in carne ongnor coll’ arco teso ! / La vostra iniquità si à preso vesta, / Del segno imperiale che l’ale stende, / Con fiamma viva im beccho inver Firenza, / E Scripto avete sopra la sua testa : / Ò rimesse le penne. E chi lo ‘ntende / È un surger Toscana im pistolensa. / Questa crudele sentenza / A Pisa viddi alla porta Sammarcho, / All’uscir da man ricta, apresso all’archo. »
409 Bongi 1892-1893, t. 1, p. 295 : « Del segno imperiale che l’ale stende / Con fiamma viva im beccho inver Firenza » [nous soulignons].
410 Bongi 1892-1893, t. 1, p. 294 : « O’ rimesse le penne ! »
411 Banti 1971, p. 71-75.
412 Banti 1971, p. 74-79.
413 Source : ASLu, Biblioteca Manoscritti, 107, fol. 134b ; Bongi 1892-1893, t. 1, p. 294.
414 Source : Museo Nazionale San Matteo di Pisa, Medagliere Supino, n° d’inventaire 8981 ; Herlihy 1990, Tab. 7.
415 Sozomeni Pistoriensis presbyteri 1908, col. 1153.
416 Mazzoni 2010.
417 Quertier 2013a, p. 248-249.
418 Banti 1963, p. 245-247.
419 Banti 1971, p. 10-24.
420 Par exemple, Florence envoie le 22 novembre 1392 un commissaire pour demander au gouvernement de Pise de confirmer la ligue qui existait entre elle et Pietro Gambacorta (Banti 1971, p. 67).
421 ASFi, Mercanzia, 11310, fol. 60v, lettre à Jacopo d’Appiano : circa restitutionem et reinventionem mercantiarum et rerum in tumulto subreptarum de quo gaudio magno letati summus ; fol. 61r, lettre à Giovanni di ser Tommaso Grassolini : A nostris mercatoribus huiusmodi prudentiam vestram pro favoribus et utilitatibus nostrorum mercatorum patrociniis et subsidiis insudasse et presentum circa reinventionem et eorum mercimoniarum et rerum ablatarum de quibus circumspectioni vostre dignas laudes congerimus et legalitatem vestram et solertiam vestram multipliciter commendarimus. Vos affectione qua possumus cordialiter exorantes ut de bono in melius ad eorum favores et comoda intendatis quod erit nobis honorificum et famosium et nobis ultra quod scribi valeat gratiosum.
422 Croniche fiorentine di ser Naddo da Montecatini… 1784, t. 18, p. 133 ; ASSi, Consistoro, 1832, fol. 30r ; Banti 1971, p. 148.
423 Sozomeni Pistoriensis presbyteri 1908, col. 1153.
424 Banti 1971, p. 151.
425 Ce qu’ils promettent assez vite (ASFi, Consulte e pratiche, 29, fol. 142rv) et professent la paix, mais semblent jouer double-jeu (Banti 1971, p. 152-153).
426 Après la prise de la rocca de Pietracassa aux exilés (fuorusciti) soutenant les Gambacorta en mai 1393 ; Banti 1971, p. 168 sqq.
427 ASPi, Comune A, 211, fol. 63r.
428 ASPi, Comune A, 211, fol. 48r, lettre du 16 mai 1393.
429 ASPi, Comune A, 211, fol. 38r, 1er mai 1393.
430 ASFi, Mercanzia, 14151, Libri di ricordi (1389-1394), 17 mai 1393 : Manetto Davançati campsor consuluit quod de facto roberarum de Pisis [nous soulignons].
431 Silva 1910, p. 365 et n. 1 p. 366.
432 Banti 1971, p. 177.
433 ASFi, Provvisioni registri, 83, fol. 2v, 26 mars 1394 ; approbation fol. 6v, 27 mars 1394.
434 ASFi, Consulte e Pratiche, 31, fol. 4-5v ; ASFi, Signori, Legazioni e Commissarie, 1, fol. 24-25v ; Banti 1971, p. 181.
435 ASFi, Consulte e pratiche, 31, fol. 11v-12r ; Banti 1971, p. 183.
436 Voir chap. 4, § 2.4. : en 1396, il est lié au Pisan Giovanni Grassolini, consul de la nation.
437 ASFi, Mercanzia, 226, fol. 62rv, 15 décembre 1394 : « [l’Ufficiale forestiero et les 6 conseillers de la Mercanzia] ordinarono che Ardingho di Guicciozo de Ricci, cambiatore, camarlingo deputato a ricevere et pagare i denari per lo facto della robera facta in Pisa a mercatanti fiorentini del mese d’octobre MCCCLXXXXII [1392] e ovvero alcuno suo compagno, cassiere, discepolo o factore non possa ne debba per vigore d’alcuna deliberatione, stantiamento o bullectino facto o che si facesse per gl’ufitiali che sopra chiarire ; e dicti Fiorentini derobati furono deputati o per parte // dessi uffiti pagare da quinvi inanzi ad alcuno de dicti tali chiariti o ad altri per loro alcuna quantita di danari o rata per dicta cagione, se non come o quando se deliberasse e deliberare per l’uffitio de dicti sei consiglieri o per loro successore » [nous soulignons].
438 Banti 1971, p. 168-185.
439 Banti 1971, n. 23 p. 197 ; ASFi, Consulte e pratiche, 31, fol. 94 et 129v ; ASFi, Signori, Legazioni e comissarie, elezioni, istruzioni e lettere, 1, fol. 59v (29 décembre 1395) et fol. 66v-67v (instructions à Benedetto Peruzzi ambassadeur à Pise, le 29 novembre 1395).
440 Banti 1971, n. 32 p. 158.
441 Banti 1971, p. 158.
442 ASPi, Comune A, 211, fol. 30, 32, 33v-34, 42, 62v, 43v, 44, 45, 47, 49v, 50, 61, 63, 63v, 69. Archivio Capitolare di Pisa, Divisione B, 5, fol. 200v-201r (registre manquant du registre 211 précédent) ; Banti 1971, n. 50 p. 141.
443 Banti 1971, p. 140-141.
444 Banti 1971, p. 136-141.
445 Silva 1912, p. 119 et appendice p. 302-304.
446 Banti 1971, p. 137. Par exemple, ASPi, Comune A, 74, fol. 51.
447 ASPi, Comune A, 177, fol. 27r. La commission qui vérifie l’utilisation de l’argent est composée de Lapo Lapi, Lorenzo Ciampolini, Simone Sardo, Giovanni [di ser Tommaso] Grassolini, Niccolò di Simone, Benedetto et Ranieri da Sansavino. Francesco da Riglione, marchand-banquier aidé de ser Piero di Fey d’Appiano, notaire de la gabelle majeure, récolte l’argent, tandis que deux operai sont chargés de vérifier les travaux (Colo Bucchio et Bartolomeo del Tignoso) en compagnie d’un réviseur du matériel édilitaire (Ranieri da Cascina).
448 Selon Banti 1971, p. 139, les sommes versées sont réparties de cette manière : Iacopo d’Appiano comme Gherardo di Bartolomeo di Compagno versent 500 florins, Lorenzo Ciampolini, Giorgio di Sancasciano et Piero del Voglia versent 400 florins, Piero Maggiolini verse 300 florins, alors que le reste des prêteurs versent entre 250 et 100 florins. Au total, sur 100 souscripteurs, 58 versent 100 florins, 13 versent 200 florins, et 2 versent 250 florins.
449 Banti 1971, p. 140.
450 Banti 1971, p. 201, n. 29 ; ASSi, Concistoro, 1837, fol. 48a, 20 mars 1396.
451 ASFi, Provvisioni registri, 82, fol. 257r, 23 décembre 1393 ; approbation fol. 272v, 30 décembre 1393 : messer Lorenzo Ciampolini de Pise est payé 565 florins d’or et 11 s. pour les grands services rendus à l’Uffizio dell’Abbondanza de Florence.
452 ASFi, Provvisioni registri, 83, fol. 59v, 29 mai 1394 : Giovanni da Goano [ou Godano ou Goiano] de Gênes, de passage à Florence, a acheté pour 4 500 florins d’or de Pise de céréales à Battista Luxardi da Genova. Un tiers lui fut payé en juin 1393, et la commune de Florence lui rembourse 3 200 florins.
453 ASFi, Provvisioni registri, 84, fol. 205v, 29 octobre 1395, approbation le 30 octobre, fol. 208v : les Prieurs ordonnent le paiement par le Camerlingue de la commune florentine de 2 300 florins d’or aux marchands pisans Lodovico Sciancato et Antonio Facca, et de 981 florins d’or au gênois messer Enrico Squarciafico.
454 Banti 1971, n. 37 p. 204 ; ASFi, Dieci di Balìa, Relazioni di ambasciatori, 1, fol. 19v : « I Pisani avevano in casa tanto della roba de’ Fiorentini che valea più di 150 000 fiorini. »
455 Banti 1971, p. 206-209.
456 Cronica volgare di anonimo Fiorentino… 1915, p. 205.
457 Leonardo Bruni Aretini 1914-1926, p. 270.
458 Scipione Ammirato 1647, t. 4, p. 41-42 : « Stava con sospetto che non gli fosse mosso guerra e per questo non permetteva a’ mercanti fiorentini di levar di Pisa le mercanzie che vi avevano. »
459 ASFi, Dieci di Balìa, Missive, Legazioni e commissarie, 2, fol. 32v ; ASSi, Consistoro, 1837, fol. 69a, 70a ; Banti 1971, n. 47 p. 207.
460 ASFi, Dieci di Balìa, Missive, Legazioni e commissarie, 2, fol. 32v.
461 Cronaca Senese… 1933, p. 750, l. 13-17 : « In questo tempo gionse due navi [sic] nel porto di Pisa con più marcatanti, e co’ le loro mercantie erano de Fiorentini e furno sostenute da’ Pisani per le dette cagioni, di valuta di 300 mila fiorini, e per cagione di dette navi e’ Fiorentini si recarno a fare levare la detta conpagnia di quelo di Pisa per potere riavere le dette mercantie e mercatanti, imperò se non fussero riaute si falivano tutte le magiori conpagnie di Fiorenza. »
462 Padgett – McLean 2011.
463 ASFi, Dieci di Balìa, Missive, Legazioni e commissarie, 2, fol. 32v.
464 ASSi, Concistoro, 1837, fol. 75a.
465 ASFi, Dieci di Balìa, Missive, Legazioni e commissarie, 2, fol. 41-42 ; Dieci di Balìa, Relazioni di ambasciatori, 1, fol. 2.
466 ASFi, Dieci di Balìa, Missive, Legazioni e commissarie, 2, fol. 42v-43, 2 août 1396.
467 Banti 1971, n. 53 p. 209.
468 Cronaca Senese… 1933, p. 750 : « e alora e’ Fiorentini r’ebero le due navi e dieronsi a sgonbrare con grande fretta e mandarole nel loro contado, e davano al dopio de le veture più che non si conveniva, e in due mesi l’ebero isgonbrate. »
469 ASFi, Dieci di Balìa, Relazioni di ambasciatori, 1, fol. 29v.
470 Banti 1971, p. 210 ; Cronaca Senese… 1933, p. 750.
471 Cronaca Senese… 1933, p. 750 : « E come ebero sgonbra la detta mercantia, subito ritornò la detta conpagnia […] per quello di Pisa e, rompendo tutti e’ patti e facendo gran danno, e’ gionsero a le porti di Pisa e in una missero fuoco. »
472 Tognetti 2004 ; Tognetti 2005.
473 ASFi, Dieci di Balìa, Relazioni di ambasciatori, 1, fol. 31v-32 ; ASFi, Dieci di Balìa, Missive, Legazioni e commissarie, 2, fol. 56 ; Banti 1971, p. 212.
474 Banti 1971, p. 213.
475 Banti 1971, n. 11 p. 294 ; ASSi, Concistoro, 1833, fol. 45 : un ambassadeur siennois informe notamment le 11 août 1397 qu’à Livourne se trouvent deux galées de pirates catalans, qui attendent l’arrivée depuis Sarzana de la galée de Visconti avec la paie des soldats pour la dérober. Les chefs pirates ont offert les mêmes services à Jacopo d’Appiano contre les Florentins, qui n’a pas accepté, ces pirates menacent alors de faire la même proposition aux Florentins contre les Pisans.
476 Banti 1971, n. 13 p. 226.
477 Banti 1971, n. 28 p. 232. ASSi, Concistoro, 1840, fol. 23 ; 1841, fol. 30, « non si puo andare per terra né per mare oltre Pisa », selon un ambassadeur siennois ; 1833, fol. 45, 11 août 1397 : « a me par d’essere assediato per terra e per mare, e Dio n’aiuti ch’io possa venire a salvamento ». Voir Bongi 1892-1893, t. 2, p. 4, 7 et 8 pour les conditions de Pise et les communications avec Pavie et Sienne ; ASLu, Carteggio degli Anziani, 1690 : le roi de France a donné ordre d’armer quatre galées à Gênes pour la défense des Florentins contre Pise.
478 Brucker 1981, p. 178, 180-181.
479 Banti 1971, p. 240-242, qui cite : ASSi, Concistoro, 1841, fol. 72a ; ASLu, Carteggio degli Anziani, n. 1909 et Regesti del R. Archivio di Stato in Lucca… 1903, p. 419 : dans la lettre 1906 en janvier-février 1398, la commission de Nicolò Onesti et Domenico Lupardi à Pise informe la commune de Lucques de la volonté de Jacopo d’Appiano d’enlever les franchises concédées aux Florentins par Pietro Gambacorta.
480 Banti 1971, p. 245.
481 Banti 1971, p. 247 ; Bongi 1892-1893, t. 2, p. 77 ; ASSi, Concistoro, 1841, fol. 72c ; ASLu, Carteggio degli Anziani, 1908, 1909, 1910, 1911b.
482 Banti 1971, n. 71 p. 248 ; ASLu, Carteggio degli Anziani, 1899, 1902, 1906, 1911, 1919.
483 ASFi, Capitoli, Regesti, XI, 44, fol. 197-199v, 11 mai 1398 ; Guasti 1866-1893, t. 2, 1893, p. 118-120.
484 Banti 1971, n. 3 p. 260 ; ASSi, Concistoro, 1843, fol. 22, 17 juillet 1398 et fol. 37, 25 août 1398.
485 Banti 1971, p. 232 et n. 2 p. 259 ; ASSi, Concistoro, 1841, fol. 39 ; 1833, fol. 45 ; 1837, fol. 21b, n. 470, 24a, n. 472 ; ASLu, Carteggio degli Anziani, 1841.
486 Banti 1971, n. 4 p. 261 ; ASSi, Concistoro, 1843, fol. 37.
487 Banti 1971, p. 267 et n. 19. La délégation est composée de Giovanni de’ Ricci, Leonardo Beccanugi et Piero Benizzi pour les Florentins, de Matteo di Vita et probablement de Piero Grasso et Francesco da Buti pour les Pisans ; ASFi, Signori, Legazioni e commissarie, Istruzioni e lettere, 1, fol. 121v, 6 octobre 1398 et fol. 124.
488 Brucker 1981, p. 182.
489 Banti 1971, n. 21 p. 268 ; ASFi, Signori, Legazioni e commissarie, Istruzioni e lettere, 1, fol. 124v, 11 octobre 1398 ; 125v, 13 octobre 1398 ; fol. 128, 30 octobre 1398.
490 Banti 1971, n. 22 p. 268 ; ASFi, Signori, Legazioni e commissarie, Istruzioni e lettere, 1, fol. 124r.
491 Banti 1971, n. 24 p. 269 ; ASFi, Signori, Legazioni e commissarie, Istruzioni e lettere, 1, fol. 124v.
492 ASFi, Mercanzia, 11311, fol. 64r, 27 juillet 1395.
493 ASFi, Mercanzia, 11311, fol. 64v, 27 juillet 1395.
494 ASFi, Mercanzia, 11311, fol. 64v, 27 juillet 1395, lettre à Giovanni [di ser Tommaso] Grassolini, consul des Florentins à Pise : « Spectabile amico karissimo. Cho con ramarichio ci non piccola displicentia, abbiamo udito che Vanni de Buonconti da Pisa si fa consolo de nostri vetturali e d’altri e cognosce di loro questioni e differentie con siche•nne vuole ex, la qual cosa abbiamo avuto in non piccola displicentia. Et perché questo viene in diminutione del nostro uffitio e delle franchigie deno et inmunitadi concedute che durano tra il nostro comune et il comune di Pisa, che disponghono che intorno alla electione e ufficio del consolo, vi preghiamo, la bennevolentia vostra induciamo et cons e preghiamo che vi piaccia non lasciare molestare i detti nostri vetturali dal dicto Vanni, ne esso congnoscere di loro questioni o differentie, la cognitione delle quali appartiene a noi solo, secondo le immunitadi et franchigie dette ; abbianne scritto et dicto al nostro sindico che se bisongna ne parli con messer Jacopo d’Appiano, benché a tutto pensiamo provederete voi, siché i nostri Fiorentini aranno loro dovere. »
495 Banti 1971, p. 269-271.
496 Banti 1971, n. 29, n. 31 et n. 32 p. 271.
497 Vraisemblablement San Pietro di Collelungo, dans le piviere de Barbinaia, au sud de San Miniato, et disputé de longue date entre les Florentins et les Pisans ; Repetti 1833, t. 1, p. 767, en ligne : http://193.205.4.99/repetti/tester.php?idx=1544, dernière consultation le 20 novembre 2019.
498 Banti 1971, p. 272.
499 Scaramella 1894, p. 437.
500 Brucker 1981, p. 183.
501 ASPo, Datini, 993/27, 604551, lettre de Gênes à Valence du 25 octobre 1400 : « Arete saputo Pagholo Ghuinigi fattosi chapitano gienerale di Lucha, chom’era mesere Jachopo di Pisa. Dubito non vegha a quelo segno che sara mala nuova pel nostro chomune » [nous soulignons].
502 Piattoli 1930b, p. 157-159.
503 ASFi, Signori, Carteggio, Missive, 25, fol. 71r, 8 avril 1402 envoyé aux autorités vénitiennes et à Malatesta Malatesti ; Piattoli 1930b, p. 161.
504 ASFi, Signori, Carteggio, Missive, 25, fol. 71r, 7 avril 1402 : Non sine mentium nostrarum commotione percepimus omnes mercantias florentinorum apud vos edicto publico taliter impeditas, quod aliquid nostrorum mercatorum nec Pisis recipi nec exinde valeat exportari ; Piattoli 1930b, p. 162.
505 Piattoli 1930b, p. 163-164.
506 Le 11 avril 1402, une lettre de Francesco di Marco Datini faite dans le fondaco de Florence mentionne : « Ora, chome da noi e da altri sarete stati avisati, e chome in questa vi si dicie, a Pisa si sono le cose ingharbuglate, e ànovi fatto ordine che niuna chosa vi si posa mettere per niuno Fiorentino nè per niuno loro choleghato, che non paghi 50 per cento di ghabelle, e ssia di quale navile si vuole ; e d’altra parte che niuna generazione di gente possa mettere chosa vengha di nostro terreno o di niuno coleghato non paghi similemente 50 per cento ; sichè, vedete, in tutto è levata via quella via di non potere avere niente per quella via ; […]. Resta ora la strada di Lucha, cioè da Genova a Mutrone e da Mutrone a Luccha e da Lucha qui » [nous soulignons], transcrit dans Piattoli 1930b, p. 162-163 sans donner la référence précise.
507 Piattoli 1930b, p. 163-164 ; ASPo, Datini, 692 et 1115.
508 Piattoli 1930b, p. 165-166.
509 Piattoli 1930b, p. 167-170.
510 ASFi, Signori, Istruzioni e relazioni, 1, fol. 50v-51r : « e che debba considerare la città nostra vive di mercatantia, e mercanti sono quelli che sostengono tutto ‘l peso et incarico d’ogni nostra spesa ; e che ‘l comune non puote fare senza loro e eglino senza la mercatantia, sichè quello si fa in beneficio e piacere de’ mercatanti non è se non bonificare e piacere tuto el nostro popolo » ; Piattoli 1930b, p. 170.
511 Brucker 1981, p. 226.
512 Piattoli 1930b, p. 171.
513 Scaramella 1894, p. 444-445 ; De Angelis 2010, p. 53.
514 ASLu, Archivio di famiglie e di persone, Guinigi, Capitoli, 40.
515 Piattoli 1930b, p. 172.
516 Piattoli 1930b, p. 173-174 ; éd. dans Guasti 1866-1893, t. 1, p. 535-537.
517 ASPo, Datini, 1116, lettre de Francesco di Marco Datini a Francesco di Giovanni d’Arezzo « in Luccha al’albergho de l’Agnolo », 22 juin 1403 ; Piattoli 1930b, p. 174.
518 Piattoli 1930b, p. 175, lettre du 10 septembre 1403 : « La roba da Piombino era chomincata a passare chon ghrande scorta di gente d’arme. »
519 Piattoli 1930b, p. 176.
520 Buonaccorso Pitti 1720, p. 72 ; Scaramella 1894, n. 1 p. 445.
521 Scaramella 1894, p. 446 ; lettre de novembre 1403 envoyée par Guido di Mutigliana, lieutenant pisan, et par Giovanni Colonna et Filippo di Sicilia à Paolo Guinini, dans la Reale Biblioteca di Lucca, ms. 112, Lettere a Paolo Guinigi, 1402.
522 Piattoli 1930b, p. 178.
523 Piattoli 1930b, p. 179.
524 De Angelis 2010, p. 54 ; Goro Dati 1904, p. 100-101.
525 De Angelis 2010, p. 55 ; ASFi, Signori, Legazioni e commissarie, 51, fol. 51rv : « Imperò che natura de’ Pisani è sempre variare il loro reggimento et ad ogni venuta d’imperatore fare mutatione, et non si puote avere alcuna fermezza de’ fatti loro. »
526 De Angelis 2010, p. 54-55.
527 Brucker 1981, p. 235.
528 Piattoli 1930b, p. 182-190 ; Cronica volgare di anonimo Fiorentino… 1915, anno 1403, chap. 27, p. 302-303.
529 Brucker 1981, p. 235.
530 Piattoli 1930b, p. 189.
531 Scaramella 1894, p. 452-454.
532 Scaramella 1894, n. 5 p. 454 ; ASFi, Signori, Carteggio – Missive Ia Cancelleria, 25 (1402-1406), fol. 59-89, lettres du 18 septembre, 1, 15 et 26 décembre 1404, 31 janvier, 14 et 28 février, 26 mars 1405.
533 Scaramella 1894, n. 4 p. 458, ce qui coûte près de 58 000 florins à Boucicaut.
534 Scaramella 1894, le texte pisan est intitulé Cessio civitatis Pisarum cum certis pactis, dans ASPi, Comune A, Protocolli in fogli volanti e quaderni, 29, cahier 18b, fol. 98. Pour la version milanaise : Emptio civitatis Pisarum, dans Osio 1864-1877, t. 1, p. 391, doc. 262, qui est toutefois mutilé : le document complet est dans ASPi, Comune A, Protocolli in fogli volanti e quaderni, 29, cahier 18b, fol. 93.
535 Benvenuti 2003, p. 235.
536 De Angelis 2010, n. 57 p. 61.
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