Un monastère isolé, des moines en mouvement : le cas de Patmos entre le XIe et le XIIIe siècle
p. 223-234
Texte intégral
Εἴτε ἐν μετοχίοις, εἴτε ἐν διακονίαις πλοιαρίων, εἴτε ἐν ἑτέραις χρείας τῆς μονῆς.
MM VI, p. 233
1Le monastère de Saint-Jean de Patmos fut fondé par saint Christodoulos, ancien higoumène du monastère de la Théotokos tou Stylou au Mont Latros, en 1088. Christodoulos avait déjà entrepris la tâche d’organiser une communauté monastique sur l’île de Kôs, mais il y avait renoncé, parce qu’il trouvait que l’endroit était trop peu calme et qu’il ne pourrait pas y atteindre l’hésychia à laquelle il aspirait1. Il demanda à l’empereur Alexis Ier Comnène de lui céder l’île presque inhabitée de Patmos. L’empereur accepta sa demande mais il obligea saint Christodoulos à rendre à cette occasion les biens qu’il avait acquis à Kôs par donations impériales. Il lui permit seulement de conserver les biens qu’il détenait sur l’île de Léros, ainsi que les ilôts voisins de Leipsoi et Narkioi2.
2Ceux qui ont visité Patmos ont pu constater que l’île est aride et que les champs propres à la cultivation sont peu nombreux. Les moines qui avaient accompagné saint Christodoulos s’en plaignirent vivement. La plupart d’entre eux s’excusèrent auprès du saint et le quittèrent. Pour ceux qui restèrent, la vie ne fut pas facile, obligés qu’ils étaient de se déplacer pour chercher les denrées dont ils avaient besoin. Ce n’est pas un hasard si les domaines (proasteia) de Téménion et Parthénion sur Léros étaient situés sur les parties les plus fertiles de l’île. D’autre part, Leipsoi est une île à peu près de la même superficie que Patmos dont le sol est fertile. Des moines s’installèrent sur les dépendances (métochia) afin de surveiller les travaux agricoles et surtout de protéger les intérêts du monastère contre les paysans qui leur disputaient la possession des pâturages3. En même temps, les Patmiotes pratiquaient l’élevage. Ils égorgaient le bétail et faisaient sécher la viande sur de petites îles à proximité de Patmos4. Pour toutes ces raisons il était nécessaire de disposer de moyens de transport pour assurer la communication entre la fondation-mère et les îles voisines. Des barques (λέμβοι) auraient éventuellement pu suffir dans ce but, mais saint Christodoulos s’assura que l’empereur concédât au nouvel établissement une exemption pour un bateau de 500 modioi qui transporterait à Patmos tout ce dont les moines avaient besoin (τὰ χρειώδη τούτοις ἐμπορεύεσθαι). En effet, des droits similaires avaient été accordés aux monastères athonites5. En cas de naufrage, le monastère pouvait remplacer son navire par un bateau du même tonnage qui bénéficierait de la même exemption6. Après la mort de l’higoumène Joseph Iasitès (1111) 7, les moines s’adressèrent à Alexis Ier et celui-ci leur accorda une concession annuelle de 300 modioi de blé ainsi qu’un solemnion8 de 24 nomismata komnenata pris sur les domaines impériaux de la Crète9. La concession s’accompagna de l’extension de l’exemption (exkousseia) à mille cinq cent modioi10. Le successeur d’Alexis Ier, Jean II, augmenta en 1119 la quantité de blé de 300 à 400 modioi11. En même temps, il confirma l’exemption octroyée par son père tout en ajoutant l’antinaulon – garantie payée d’ordinaire pour éviter toute réquisition d’un bateau par l’État –, à la liste des taxes dont le monastère était exempt12.
3Vers la fin du XIIe siècle, le nombre de moines patmiotes avait considerablement augmenté – sans doute pas moins de 150 moines – de sorte que la provision annuelle du blé fourni par les autorités de la Crète ne suffisait plus à leur subsistance. En même temps, ceux-ci devaient souvent faire face à la rapacité des fonctionnaires du fisc qui mettaient des obstacles à l’exporation du blé. Pour en finir, l’higoumène Arsénios jugea qu’il serait plus commode pour le monastère d’avoir son propre domaine en Crète. Il demanda donc en 1196 à l’empereur Alexis III le domaine appelé Nèsi qui constitua le noyau du métochion de Stylos, dans la partie occidentale de la Crète13. Cette donation fut une étape très importante dans le processus de formation de la propriété foncière de Patmos. En effet, au cours du XIIe siècle, l’approvisionnement de Patmos s’appuyait en grande partie sur les importations de blé de Crète, aussi bien sous forme de concessions des épiskepseis que sous forme d’achat permis par le solemnion dont bénéficiait le monastère. Patmos devait dorénavant assurer une communication suivie entre la Crète et le monastère-mère, et il fallait absolument disposer de vaisseaux dans ce but. En 1197, un an après la donation du domain Nèsi, Arsénios réussit à obtenir la confirmation de l’exemption dont bénéficiaient les trois embarcations, et cela malgré la volonté de l’État de limiter, voire de supprimer, cette forme d’exemption car elle portait préjudice aux finances publiques. Non seulement l’empereur confirma-t-il l’exemption pour les trois embarcations de Patmos, mais il ajouta un quatrième bateau du même tonnage, c’est-à-dire de 500 modii14.
4En 1216 le monastère prit possession, par un prostagma impérial, des domaines appartenant au couvent constantinopolitain de la Théotokos Panachrantos à Palatia, dans le delta du Méandre15. La région était en effet parmi les plus fertiles de l’Asie Mineure16. Il est étrange que le monastère de Patmos n’ait pas acquis de biens sur le continent micrasiatique avant 1204, étant donné la proximité des côtes d’Asie Mineure. La raison résidait sans doute dans le fait que l’occupation du sol par les grands monastères et les fondations pieuses constantinopolitaines ne permettait pas à d’autres établissements d’y acquérir des biens fonciers. Après la chute de Constantinople face aux Latins, un conflit éclata entre dynastes locaux et institutions ecclésiastiques pour la possession des terres restées vacantes17. Le monastère de Patmos essaya d’en tirer profit.
5L’expansion de la propriété foncière de Patmos sur le continent micrasiatique au cours de la première moitié du XIIIe siècle ainsi que sur l’île de Kôs à partir du milieu du même siècle18 a multiplié les besoins de la communauté de voyager par mer. Le monastère avait déjà obtenu en 1214 une exemption pour deux platidia19. Elle était valable sur toutes les échelles de la côte ouest de l’Asie Mineure notemment pour Anaia, Phygéla, Linopéramata, Smyrne, Palatia, Hiéron et Mélanoudion20. Linopéramata a été identifié au port principal de la presqu’île d’Érythrai, qui commandait le passage entre le continent micrasiatique et Chios21. Phygéla, port de l’ancienne Éphèse22, et Anaia se trouvaient plus au sud, en face de Samos, alors que Palatia et Hiéron étaient situés dans la région de l’ancienne Milet. Anaia était l’échelle principale de l’Asie Mineure à l’époque des Lascarides. Elle servait, avec les autres ports mentionnés dans la prostaxis de Théodore Ier, de base de la flotte impériale23. Tous ces ports desservaient surtout le commerce local. Toutefois, des transanctions avec des étrangers se faisaient également24. Anaia était un marché de quelque importance où convergaient des marchandises d’origines diverses. Une source latine nous apprend que les seigneurs terciers d’Eubée organisaient des raids contre les littoraux de l’Asie Mineure. Au cours d’un tel raid, ils attaquèrent Anaia et firent un riche butin en marchandises de luxe et en esclaves25 – n’oublions pas que la région d’Anaia était un nid de pirates. L’exemption accordée aux deux platidia suggère des relations suivies entre le monastère et la côte micrasiatique.
6On notera le changement du type de l’embarcation des ploiaria en platidia. Le platidion était une embarcation au fond plat destiné sans doute à transporter une cargaison légère26. Il était sans doute mieux adapté qu’un ploiarion pour accoster aux côtes alluvionnées du delta du Méandre et aux autres échelles de l’Asie Mineure. Cela ne signifie pas toutefois que le platidion ne pouvait pas couvrir des distances plus longues. En 1093, les moines patmiotes voyageaient en Crète à bord d’un πλατίδιον μικρὸν alors qu’ils avaient loué à un individu un πλατίδιον δικάταρτον, c’est-à-dire à deux mâts27. Ce renseignement donne la mesure de l’activité des Patmiotes tant comme armateurs que comme marins. L’horismos de Jean III Vatatzès par lequel celui-ci renouvela l’exemption pour les deux platidia interdisait aux fonctionnaires du fisc d’imposer les hommes du monastère (ἄνθρωποι τῆς μονῆς) voyageant au bord des deux platidia28. L’allusion aux hommes du monastère se réfère sans doute à des laïcs qui travaillaient pour le monastère (en l’occurrence pilotaient les vaisseaux du monastère et effectuaient des transactions pour le compte de la communauté patmiote) et bénéficiaient de la confiance de l’higoumène29. Elle nous laisse également entrevoir un autre aspect de l’activité économique patmiote : celui d’employeur de main d’œuvre.
7Après la reconquête de Constantinople, Michel VIII poursuivit la même politique favorable envers le monastère en accordant l’exemption à deux sandalia30, en plus de deux platidia31. Le terme sandalion dérive de la forme de l’embarcation qui ressemblait à une sandale. Le sandalion était de forme assez simple, construit souvent d’une seule pièce de bois (monoxylon)32 et était destiné avant tout à la pêche. Dans les sources les sandalia sont nettement distingués des bateaux33. Toutefois, ils n’étaient pas exempts de taxes tandis que leurs propriétaires devaient la corvée34.
8Le texte de l’horismos de Michel VIII suggère que les sandalia patmiotes ne se limitaient pas à la pêche, mais voyageaient plus loin. Cette situation est illustrée dans le testament de Germanos, higoumène de Patmos pendant une grande partie de la deuxième moitié du XIIIe siècle35. Le texte date sans doute de 127236. Dans celui-ci, Germanos résume les objectifs qu’il s’était fixés pendant sa longue carrière d’higoumène. Le premier était d’assurer chaque année que les embarcations du monastère (ploiaria) naviguent vers les marchés de céréales afin de se procurer par des achats (emporikôs) les denrées nécessaires à la subsistance des moines. Le deuxième objectif, aussi important que le premier, était de maintenir de bons rapports avec les pirates, avec lesquels le monastère devait trouver un modus vivendi. Le terme employé par Germanos pour décrire l’attitude adoptée par le monastère face aux pirates est θεραπεύειν, c’est-à-dire servir. En effet, il y a de nombreux indices sur le fait que les moines mettaient un point d’honneur à maintenir de bons rapports avec les pirates en leur offrant des facilités diverses. Celles-ci consistaient surtout à leur fournir les matériaux nécessaires à la réparation et au calfatage de leurs embarcations.37 La politique d’accomodation avec les pirates n’était pas nouvelle. Ne disposant pas de moyens pour faire face à la menace constante de la piraterie, les higoumènes du XIIe siècle avaient adopté une politique de conciliation avec les pirates. Cette attitude leur avait attiré le mécontentement du patriarcat, sans pour autant qu’ils changent de conduite38. Germanos a poursuivi la même politique. Elle visait non seulement à la protection du monastère, mais aussi à assurer une sorte de sauf-conduit pour les embarcations patmiotes. Il rapporte avoir vu pas moins de quinze naufrages pendant son higouménat. Cela signifie que le monastère avait une véritable flottille qui ne se limitait pas aux deux platidia et aux deux sandalia auxquels se réfèrent les actes impériaux. Dans un passage du testament chargé d’émotion, Germanos pardonne à tous les moines, qu’ils aient été enterrés au cimetière du monastère ou loin de celui-ci, en accomplissant des missions qui leur avaient été confiées par la communauté (ἐν διακονίαις πλοιαρίων… εἴτε ἐν μετοχίοις, εἴτε ἐν ἑτέραις χρείαις τῆς μονῆς)39. Cette phrase laconique comprend divers aspects des déplacements des Patmiotes : besoin d’approvisionnement, surveillance des métochia, missions auprès de l’empereur et du patriarche et, éventuellement, transports maritimes.
9On remarquera que les privilèges impériaux en faveur de Patmos concernaient des embarcations de tonnage plutôt restreint. Tous les documents emploient les termes ploiaria, platidia et sandalia. Une comparaison avec les actes accordant l’exemption aux bateaux athonites montre que les privilèges accordés à ces derniers concernaient des bateaux d’un plus grand tonnage. Certes, le typikon de Jean Ier Tzimiskès et de Constantin IX Monomaque pour le Mont Athos donnaient aux monastères l’autorisation d’avoir des ploiaria de petit tonnage (200 à 300 modii) pour leurs besoins. Pourtant une exception était faite pour les bateaux de grands monastères, comme Lavra et Iviron, qui bénéficiaient de privilèges impériaux ou pour ceux, comme Vatopédi, à propos desquels il y avait eu une décision favorable du prôtos40. Alexis Ier avait accordé à Lavra une exemption pour quatre bateaux, d’une capacité totale de 6 000 modii, c’est-à-dire de 1 500 modii chacun41, alors qu’Alexis III Ange, malgré sa volonté (en théorie au moins) de mettre un frein à la concession d’exemptions aux bateaux de monastères, se montra assez généreux face à Chilandar en lui accordant une exemption pour un ploion de 1 000 modii42. En revanche, les Patmiotes ne semblent pas avoir essayé d’obtenir une exemption pour des bateaux de plus grand tonnage. Dans le testament de Germanos, il est trois fois question des ploiaria, mais jamais de ploia. De même, la Vie de Léontios, higoumène du monastère entre 1157 et 1174, c’est-à-dire un siècle avant Germanos, mentionne seulement des ploiaria et des barques (lemboi). Ce n’est certainement pas un hasard s’il n’est nulle part mention de ploia, à une exception près. Le biographe de Léontios raconte que lors d’un raid pirate à Patmos le bateau (ploion) du monastère accosté au bord de la mer fut brûlé43. Il s’agissait sans doute du bateau sur lequel les moines pouvaient s’embarquer en cas d’urgence afin de s’éloigner de Patmos. On peut associer ce témoignage à celui d’un document comprenant les directives d’un higoumène s’apprêtant à partir à Constantinople. Ce document étant mutilé, on ne peut pas le dater avec précision. Il est toutefois certain qu’il est du XIIe siècle44. L’higoumène ordonne aux moines d’expédier l’exelastikon (bateau à rames), dès que celui-ci serait de retour à Patmos, à Constantinople, et plus précisément aux Détroits, pour vendre le fromage et ramener l’higoumène qui aurait entretemps fini ses affaires45. Faut-il penser que les ploiaria du monastère étaient loués à des tiers ou expédiés en Crète et pour cette raison l’higoumène devait avoir recours à l’exelastikon ? Il s’agissait apparemment d’un bateau reservé à des missions particulières et il s’identifie sans doute au navire mentionné dans la Vie de Léontios.
10Il reste que pour assurer la communication avec leurs métochia ainsi que leurs voyages annuels à la capitale, les moines préféraient les ploiaria. Pour cela il y avait plusieurs raisons. En cas de naufrage, il était moins coûteux de construire un ploiarion qu’un ploion. Si on tient compte du fait que les naufrages étaient assez fréquents – Germanos, comme on a dit, n'en aurait pas compté pas moins de quinze – et le fait que les marins tombaient souvent victimes d’agressions de pirates, on peut apprécier davantage la flexibilité offerte par les ploiaria par comparaison aux plus grands bateaux. D’autre part, rien n’empêchait les moines de transporter à bord de leurs embarcations des marchandises pour le compte de tiers. Cette préférence pour les petites embarcations pourrait aussi être le résultat de la nature des marchandises transportées par les Patmiotes. De ce point de vue est particulièrement éclairante une notice au dos d’un chrysobulle d'Alexis III émanant d’un employé du sékréton du mégalos logariastès. Ce fonctionnaire a noté que l’exemption accordée par l’empereur n’était pas valable dans le cas où les ploiaria de Patmos transportaient des marchandises appartenant à la catégorie des kékôlyména46. En effet, alors que le chrysobulle d’Alexis III accordait au ploiarion de Patmos l’exemption complète, sans aucune allusion aux kékôlyména, un acte du sékréton de la mer rédigé à propos du processus de mesure de cette embarcation excluait les kékôlyména de la liste des marchandises47. Il semble que l’administration a pris soin de combler une lacune dont le bénéfiaciaire de l’exemption pouvait faire usage au détriment du fisc. Par le terme kékôlyména étaient désignés les articles dont la circulation était sujette à des restrictions. La soie et les soieries occupaient une place préponderante parmi ceux-ci48. Certes, au XIIe siècle, le commerce de ces articles n’était plus contrôlé par l’État, comme c’était le cas au Xe siècle49. Toutefois il semble que, du point de vue fiscal, ils continuaient à constituer un groupe à part. Il est peu probable que les Patmiotes aient produit de la soie et des soieries. Il semble en revanche que le monastère ne dédaignait pas de transporter cette marchandise précieuse pour le compte de tiers. Au XIIe siècle l'île d'Andros, au sud de l'Eubée, était un lieu de production de soie et de soieries50. D'autre part, les côtes de l'Attique et de l'île voisine de Kéa étaient connues pour la pêche de la pourpre. Des pêcheurs d'Evripos, de Carystos et d'Attique s'y croisaient51. On peut raisonnablement supposer que le développement de métiers relatifs à la soie a nécessité la présence d'une flotille qui aurait assuré le transport de la production. On sait que les Patmiotes avaient un lien particulier avec l’Eubée depuis les premières années de la fondation du monastère. Saint Christodoulos était mort à Evripos (1093) où il s’était réfugié avec ses fidèles pour se sauver des incursions52. Pendant son séjour, il avait loué les embarcations du monastère à des individus. À cette date le monastère en possédait quatre, dont deux étaient affrétées par deux individus, alors que la troisième, une petite embarcation (platidion mikron) avait voyagé de Patmos en Crète pour une affaire du monastère53. On ne peut rien dire au sujet de la quatrième embarcation, car le texte du testament du saint est illisible à cet endroit. Cette activité continua après la mort du fondateur54. Lorsque le saint mourut à Evripos le 16 mars 1093, aucun bateau n’était disponible pour transporter son corps à Patmos. Les moines revinrent un an après en Eubée, sans doute pour régler leurs comptes avec les deux affréteurs et conclure des nouveaux contrats. Ils profitèrent de cette occasion pour rappatrier le corps de leur higoumène à Patmos55. La situation géographique d’Evripos tout près du continent et son accès facile aux marchés égéens rendaient de cette ville un centre privilegié du commerce maritime. Le tonnage moyen de la flottille patmiote faisait de la soie une marchandise idéale, puis que celle-ci est particulièrement légère et n’est pas volumineuse.
11On a suggeré qu’après 1204 les affaires maritimes du monastère ont connu une récession. L’absence des ploiaria des documents impériaux émis en faveur du couvent et leur remplacement par les sandalia ainsi que le silence sur le tonnage desdits vaisseaux serait un indice des modifications survenues dans le domaine de l’économie et de l’administration56. Il semble plutôt que le monastère adopta de nouvelles pratiques au sujet de ses affaires maritimes. Étant donné que ses entreprises n’étaient plus orientées vers le marché constantinopolitain, mais plutôt vers les ports de la côte ouest de l’Asie Mineure, il était plus pratique de construire ce type d’embarcations.
12En dehors des motifs économiques, les Patmiotes se voyaient souvent obligés d’abandonner, pour des périodes plus ou moins brèves, leur couvent pour des raisons de securité. Saint Christodoulos avait dû quitter le monastère peu de temps après son installation à Patmos57. Le chrysobulle de Théodore Ier Laskaris en faveur de Patmos (1221) nous apprend que les Patmiotes se réfugiaient souvent sur la côte d’Asie Mineure pour se protéger contre les raids pirates58. Lorsqu’un demi-siècle plus tard l’higoumène Germanos revendiqua avec succès des métochia sur l’île de Kôs, il avança l’argument que les Patmiotes avaient besoin d’un point de refuge pour le cas où le monastère serait entouré par les pirates venus de la mer ou de la terre59 .
13Le monastère de Patmos offre un bel exemple pour étudier la mobilité des moines à Byzance. Les contraintes de la géographie se trouvaient à l’origine de cette mobilité. Alors que saint Christodoulos aspirait à se retrouver seul dans l’hésychia de Patmos, son idéal ne fut pas atteint. Des raisons de sécurité ainsi que le besoin de se procurer les denrées nécessaires poussèrent les moines dès le début de voyager vers le continent ou les autres îles. Assez vite, ils constatèrent qu’ils pouvaient profiter de ce « désavantage » pour transporter des marchandises ou louer leurs embarcations à des hommes d’affaires. En même temps le besoin de surveiller leurs biens situés loin du monastère les fit voyager beaucoup et effectuer de longs séjours loin du monastère. L’obéissance les a donc souvent poussés à contrevenir au principe de la stabilitas loci. Bel exemple d’adaptation monastique aux besoins de la vie quotidienne.
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Notes de bas de page
1 MM VI, p. 62-64 ; Eggrapha Patmou I, no 4.
2 MM VI, p. 65 ; Eggrapha Patmou I, no 6.16-20.
3 MM VI, p. 146.
4 Tsougarakis 1993, § 39, § 41.7-8, § 42.15.
5 Actes du Prôtaton, no 8.64-63.
6 Eggrapha Patmou I, no 7.
7 Vranoussè 1964-1965, p. 345-353.
8 Sur le solemnion, voir Oikonomidès 1996, p. 183-184.
9 Eggrapha Patmou I, no 8.14-18.
10 Eggrapha Patmou II, no 56.1-2.
11 Selon le testament de l’higoumène Théoktistos, Alexis Ier avait accordé au prédécesseur de Théoktistos, Joseph Iasitès, 300 modii de blé. Jean II et Manuel Ier ont ajouté chacun 200 modii de sorte que, au milieu du XIIe siècle, le monastère recevait annuellement 700 modii de blé de Crète (MM VI, p. 107).
12 Eggrapha Patmou I, no 8.24-31. Il est peu probable qu’Alexis Ier ait délibéramment omis l’antinaulon. Il s’agissait plutôt d’une nouvelle taxe et les moines ont pris soin que cette taxe soit incluse dans le nouveau chrysobulle. En ce qui concerne la nature de l’antinaulon, on a proposé d’y voir une taxe qui contrebalançait l’obligation de transporter des passagers (par exemple des exilés) pour le compte de l’État (Oikonomides 2002, p. 1051).
13 Eggrapha Patmou I, no 21 ; Kallivrétakès 2003, p. 91-105.
14 Eggrapha Patmou I, no 11.1-10. Sur l’exemption des quatre embarcations patmiotes, voir Nystazopoulou-Pélékidou 1989, p. 95-100.
15 Eggrapha Patmou II, no 61.24-45. Le texte du prostagma est transmis dans l’apokatastasis d’Andronicos Mauropodos (Eggrapha Patmou II, no 61.8-16).
16 Angold 1974, p. 102-103.
17 Thonemann 2011, p. 271-273.
18 Eggrapha Patmou III, nos 5.15-18, 7.14-18.
19 Pour cette exemption ainsi que les privilèges accordés par les successeurs de Théodore Ier Laskaris, voir Nystazopoulou-Pélékidou 1989, p. 103-105.
20 Eggrapha Patmou I, no 23. Sur le terme πλατίδιον, voir Saint-Guillain 2004, p. 775.
21 Ahrweiler 1965, p. 52.
22 Foss 1979, p. 121.
23 Ahrweiler 1966, p. 321.
24 Angold 1974, 113-114.
25 Marin Sanudo Torsello, Istoria di Romania, p. 130.
26 Makris 2002, p. 93.
27 MM VI, p. 82.
28 Eggrapha Patmou I, no 24.
29 Il faut faire la distinction entre ἄνθρωπος de quelqu’un (un haut fonctionnaire, un homme de l’Église ou même de l’empereur) qui signifie une personne de confiance et le terme légal ἄνθρωπος λίζιος qui a le sens d’une dépendance de forme vassalique (Verpeaux 1965, p. 89-99).
30 Sur le terme σανδάλιον, voir Saint-Guillain 2004, p. 775.
31 Eggrapha Patmou I, no 33.4-5. Les moines ont demandé la confirmation de l’exemption par l’épouse de Michel Palélogue, Théodora (Eggrapha Patmou I, no 39).
32 MM IV, p. 344.
33 Actes d’Iviron I, no 25.44 (σανδάλια τέσσαρα καὶ τὸν μέγαν καράβην) ; Actes de Saint-Panteléèmôn, no 7.35-36 (où il est question de deux bateaux de 250 et de 150 modii, après l’ἄφεσις et des quatre sandalia. Le sens du terme ἄφεσις n’est pas clair).
34 MM IV, p. 344.
35 Sur ce personnage, voir aussi Eggrapha Patmou III, no 5.5-7,12-15 et 6.21.
36 Le testament mentionne seulement la première indiction. Au cours du règne de Michel VIII la première indiction coïncide avec l’an 1272-1273.
37 MM VI, p. 230.
38 Gerolymatou 2017a.
39 MM VI, p. 232-233.
40 Actes du Prôtaton, no 8.66-77.
41 Actes de Lavra I, no 55.15-17.
42 Actes de Chilandar I, no 5.26-27 ; Oikonomidès 2000, p. 29-33
43 Tsougarakis 1993, § 44.15-17.
44 Oikonomides 1986, p. 8-9.
45 MM VI p. 146 ; cf. Oikonomides 2004b, p. 8-9.
46 Εggrapha Patmou I, no 11.52-53
47 Εggrapha Patmou II, no 59.6-8.
48 Laiou 2004, p. 513-518.
49 Gerolymatou 2008, p. 193.
50 Jacoby 1991-1992, p. 460-462 et p. 481.
51 Michaelis Choniatae Epistulae, no 135.9-10.
52 MM VI, p. 84.
53 MM VI, p. 82.
54 Βίος τοῦ ὁσίου Χριστοδούλου, p. 130-131 ; MM VI, p. 81-85. Voir aussi infra.
55 Gerolymatou 2017b, p. 98-99.
56 Nystazopoulou-Pélékidou 1989, p. 103-107.
57 Voir supra.
58 Eggrapha Patmou I, no 13.17-20.
59 Eggrapha Patmou III, no 7.10-12 ; cf. ibid., no 8.23. Sur la phrase « pirates venus de la mer ou de la terre », voir ibid., p. 190.
Auteur
Fondation nationale de la recherche scientifique (Grèce), mgero@eie.gr
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