Docteurs et professeurs de droit civil parmi les grands officiers de la Provence angevine (1246-1343)
Note de l’auteur
Je remercie Riccardo Rao pour sa relecture attentive et ses nombreuses suggestions.
Texte intégral
1Sous les trois premiers angevins, le personnel gradué en droit ne cesse d’accroître son importance parmi les grands officiers et le personnel des cours locales, pour occuper sous le roi Robert, au conseil du sénéchal des années 1330 et 1340, la quasi totalité des sièges1. La Provence fournit elle-même un contingent notable et précoce, ce qui atteste l’existence d’un réseau de formation local, dans la zone rhodanienne d’abord, puis sans doute dans les hauts pays, ouvrant la voie à des études plus longues orientées vers l’Italie du Nord. Paraît ensuite une génération venue semble-t-il des écoles orléanaise et toulousaine, surtout illustrée par des clercs, avant que n’intervienne aussi un personnel formé au studium de Naples. Hormis le sénéchalat, tous les grands offices sont concernés, ceux des comptes comme ceux des juridictions. Dans ce tableau, le professeur de droit civil occupe une place singulière. La plupart du temps, on est réduit à ignorer son lieu de formation et d’enseignement, si tant est que ces docteurs aient tous enseigné2. Leur maîtrise du corpus juridique, depuis les lois jusqu’aux droits féodaux et propres, leur intérêt pour la coutume, leur permettent non seulement d’affronter un environnement politique régi par la pluralité des droits, où ceux-ci ne sont qu’en faible part issus de la monarchie, mais aussi de jouir d’une réputation de prudence facilitant l’apaisement des querelles, dans le cadre de la consultation. Leur culture urbaine – gouverner c’est délibérer – et dans bien des cas sans doute podestarile – gouverner c’est arbitrer –, tout comme leur maîtrise de la parole, leur assurent de prêter un concours efficient à la négociation, à l’échange diplomatique, et d’élaborer le cadre juridique de la paix du prince, surtout face aux villes et communes3. Ils proviennent souvent de la noblesse, et chez eux le droit des fiefs est bien plus qu’une spéculation : c’est un instrument de domination, inséparable d’un usage stratégique de la force. Le droit n’est pas pour eux l’alternative à une culture de la guerre, il s’inscrit dans son prolongement. Le professeur civiliste est comme un symbole vivant de ce processus d’institutionnalisation par le droit qui affecte les terres angevines et, par ses affinités intellectuelles, personnelles et ses parti-pris idéologiques, des nécessaires réseaux humains qui l’innervent.
2À l’aube de l’ère angevine, la Provence est déjà depuis longtemps une terre où abondent les professions et compétences juridiques. La génération des pionniers s’est manifestée tant par sa dispersion, au regard des attestations relevées, que par sa cohérence intellectuelle. Ces premiers juristes actifs en Provence, dès la deuxième moitié du XIIe siècle, ont déjà donné lieu à nombre de travaux. Pareil milieu de légistes se repère en premier lieu dans les cités de Provence occidentale, l’immense majorité des occurrences étant centrée sur la région d’Arles et Avignon4. Ces causidici, jurisperiti, magistri, jurisconsulti (terme plus rare et n’apparaissant qu’au début du XIIIe siècle), voire simples scribes et notaires, se rencontrent parmi les chevaliers urbains et les chanoines. Cette terminologie mouvante semble désigner un profil en voie de professionnalisation, gravitant entre activités d’avocat, de notaire cultivé, de conseiller et juge, de gradué enseignant. Par leur formation ou leurs échanges, ce monde est d’abord lié aux écoles rhodaniennes, puis à celles de Bologne dès les premières décennies du XIIIe siècle. Il constitue sans doute un véritable courant intellectuel, marqué jusqu’au milieu du siècle par les enseignements du glossateur Martino Gosia († c. 1166) et se caractérisant par l’attention accordée à l’équité, la reconnaissance du rôle joué par la coutume et l’intérêt marqué pour le droit canon. Enfin, il est intimement lié aux institutions urbaines en plein essor, qu’il s’agisse de chapitres cathédraux ou de gouvernements communaux5.
3Mais les premières mentions de professeurs de droit civil ne sont pas antérieures au milieu du XIIIe siècle, de même que celles de doctor legum, beaucoup plus clairsemées cependant. De premiers jurisperiti les précèdent dès les années 1220 dans les activités et fonctions qu’ils occupent à la génération suivante. Comme profil type de carrière à cette époque, les quelques occurrences d’un certain Valentin sont éclairantes. Avant lui, cet anthroponyme est relativement isolé en Provence, plus encore son titre de legista6. Serait-il d’origine péninsulaire ? On connaît une alliance de sa famille avec celle d’Henri de Suse, mais elle est trop tardive pour être significative7. Attesté d’abord comme notaire en 1206, Valentin paraît en mai 1217 puis février 1218 dans l’entourage du jeune comte de Provence et Forcalquier Raymond Bérenger V et de sa mère Gersende8. Associant l’écritoire, le prétoire et la robe, il porte les titres de judex et notarius curie comitis en janvier 1219 puis en 1222, d’advocatus en 1225 et de causidicus en 1229-12309. Il semble avoir joué auprès du comte le rôle de conseiller juridique dès 1217, à propos d’un hommage, et à nouveau en 1230, au sujet d’un arbitrage entre évêque et commune de Marseille. Valentin est encore attesté à Aix en décembre 1228 et près de Fos en août 1230, puis on perd sa trace10. Son fils homonyme exerce lui-même comme advocatus entre 1225 et 124411. Ce second Valentin est officier de Raymond Bérenger, et probablement aussi conseiller, arborant les titres de causidicus dès 1220, de judex et jurisperitus en 123312. C’est également un proche du comte13. Il n’est plus signalé après l’avènement de Charles Ier d'Anjou. Cependant, les Valentini sont régulièrement attestés dans la capitale comtale où ils ont fait souche, et se trouvent particulièrement bien implantés dans le chapitre cathédral d’Aix14.
4À l’époque des Valentin, la formation initiale de ce type de maître, quand elle n’est pas effectuée dans la péninsule Italienne, commence à reposer vraisemblablement sur la présence d’un petit réseau d’écoles, y compris dans des localités moyennes, mais dont on ne sait rien. D’autres semblent exercer un rayonnement non négligeable localement15. Destinées à former des praticiens, elles ont pu préparer les plus doués et motivés à de plus longues études. Ainsi du studium de Manosque, implanté sous la protection des Hospitaliers et lié par son financement aux institutions municipales, qui est attesté à la fin des années 1240 puis de nouveau dans la décennie 1290. En 1299-1300, on s’efforce d’y installer deux chaires, l’une en droit civil, l’autre en droit canon. Joseph Shatzmiller y a vu deux expériences éphémères, interprétant la lacune documentaire comme un signe d’échec et une réitération. Nous inclinons à y voir plutôt deux jalons documentaires isolés d’une école locale active, protégée par des moines soldats parmi les seigneurs les plus avancés dans l’usage du droit16. Cette école est administrée par des rectores et financée par l’impôt municipal (collecta). On notera la mention dès 1249 d’un maître pour l’enseignement des Décrétales, un certain archiprêtre de Tarano, que Joseph Shatzmiller n’avait pas identifié comme tel17. En 1299, paraît un autre maître, provençal celui-là, un certain Raymond de Toulon. Dès le règne de Raymond Bérenger V, à l’enseignement des rudiments du dictamen s’ajoute celui des droits. Autant de tentatives locales, dont Manosque n’est probablement qu’un exemple, pour répondre à une demande en essor, en cette période de structuration des juridictions, de déploiement des administrations, tant dans les villes en pleine expérience consulaire qu’à l’échelle castrale.
5Au moment où les Angevins s’implantent en Provence, il existe ainsi un milieu de juristes, dont la formation et la culture ne doivent quoi que ce soit au premier développement de l’État princier. Ces professionnels le précèdent puis l’accompagnent, tout comme le notariat qui en est la matrice. Notaires, juges et conseils n’émanent pas des processus d’institutionnalisation monarchique ou de ceux de l’Église locale. Ce milieu s’est déployé dans le cadre urbain et municipal, et dans celui de la seigneurie ecclésiastique la plus urbaine et monétarisée : les chapitres cathédraux, les Hospitaliers, et sans doute aussi les Templiers. Tous répondent aux besoins d’un seuil institutionnel, mais en praticiens. Ils traitent des questions liées au droit des obligations, aux aliénations, à la famille. On ne recourt pas à ces juristes d’emblée pour penser le merum imperium, mais pour déterminer les obligations de la créance et du cadre contractuel. De même en matière juridique, de même dans le domaine notarial. En dépit d’une terminologie qui induirait à penser le contraire, il n’existe pas alors en Provence de chancellerie, ni auprès du comte, ni auprès des Église cathédrales18. Dans tous ces domaines, ces pouvoirs s’adressent au notariat, dont l’institution précède et sert État naissant et Églises en voie de structuration.
6Du reste, en Provence, le professeur de droit civil ne parut pas tout d’abord dans la suite du comte angevin. C’est auprès de la comtesse Béatrice de Savoie, veuve de Raymond Bérenger V et belle-mère de Charles d'Anjou, qu’opère le premier que mentionnent les sources. Peut-être sert-il la comtesse douairière pour des raisons de légitimisme politique. Dans sa suite, on rencontre aussi des jurisperiti, un terme qui cache alors sans doute un grade universitaire, tels Guillaume Bardina, attesté le 27 janvier 1246 auprès de la jeune comtesse Béatrice de Provence. Il dicte un acte lors de la prestation d’un hommage, jouant le rôle de chancelier de l’héritière des comtés provençaux sur le point d’épouser Charles de France19. En 1248, il apparaît comme notaire20. Il sert désormais sa mère homonyme, Béatrice de Savoie, qui gouverne le comté de Forcalquier de 1248 au début de l’année 1257, comme juge de la comtesse dès septembre et octobre 124821.
7À ses côtés, Robert de Laveno, disparu avant juillet 1278, est le premier professeur de droit civil attesté en Provence au service du pouvoir comtal22. Son titre se manifeste sous les formes professor legum, professor juris et juris civilis professor. Bien qu’il ait été souvent considéré comme Piémontais ou Lombard, Robert nous semble originaire de la région de Sisteron, où l’on trouve l’hydronyme de La Vena, rapporté à une montagne de Valernes, dont il est seigneur23. Sa titulature de seigneur de cette localité lui est constamment associée et c’est elle qu’il porte sur son sceau24. Pourtant, ses premières attestations, remontant en 1241 et 1245, le montrent actif comme juge à Cuneo, à l’époque de l’alliance de la commune avec Frédéric II25. Puis il paraît en 1253 en Provence comme judex comitisse26. Ses services sont particulièrement appréciés par Béatrice de Savoie, à preuve les libéralités dont il bénéficie. Il est gratifié par elle de concessions ou confirmations de fiefs, avec parfois les hautes juridictions. Lors de l’hommage qu’il lui prête le 11 mai 1255, il reconnaît ainsi tenir les castra de Valernes, Dromon et Thèze27. C’est vraisemblablement vers les années 1240 au plus tard qu’il contracte un mariage avec Sophia, la fille du défunt marquis de Ceva Guglielmo († 1219). Leur fils Philippe est attesté dès 1255 comme majeur28. On connaît deux premières interventions déterminantes de Robert au service de la comtesse douairière. En octobre 1253, le voici chargé d’une enquête sur les péages illégaux et le pulveragium, ce qui met en cause le statut des voies publiques et les regalia, et questionne la notion de nouveauté illicite au regard de la coutume29. En 1255, c’est comme arbitre à propos du consulat de Reillanne en conflit avec les coseigneurs, qu’il opère30. À la faveur de ces collaborations, s’esquisse certaine de ses spécialités, essentielle par ses implications politiques. Il semble particulièrement qualifié pour tenter de résoudre les problèmes de pluralité de la potestas et habile à construire une hiérarchie de compétences. Dès 1263, il s’est aussi imposé comme un spécialiste du merum imperium et des regalia31. Ce sont ces atouts qu’il met en œuvre dans la suite de sa carrière à une tout autre échelle.
8Robert de Laveno passe en effet au service de Charles d'Anjou dès 1257, alors que la belle-mère de celui-ci doit s’effacer de la vie politique provençale32. Ce ralliement est comparable à celui de tout un personnel qualifié, tel Foulque de Puyricard, miles et baile de la même comtesse33. Auprès de son nouveau maître, Robert exerce tout d’abord des responsabilités locales, mais dans des zones de reprise en main politique, face aux gouvernements communaux et aux marges gibelines. Il est ainsi le premier viguier de Marseille en 1257-1258, puis il est juge de la viguerie de Nice et du comté de Vintimille en 1261-126434. C’est lui qui supervise le traité entre le sénéchal et les Vintimille acceptant de placer leurs possessions sous le dominium comtal le 23 février 125835. Il est aussi ponctuellement attesté comme témoin, et sans doute comme conseil en matière de droit féodal36. Puis sa carrière prend un tour nouveau, en revêtant une dimension diplomatique et militaire, sur les marges de la haute Provence. Son activité au service du prince se double de concessions de seigneuries et juridictions. Elle le porte d’abord en direction du Dauphiné. Il assiste à la conclusion des traités de juillet 1257 conclus entre Charles d'Anjou et le dauphin Guigue VII, à la rédaction desquels il a peut-être participé37. Et il reçoit en fief des castra stratégiques sur les marges dauphinoises, comme Serres, tout en conservant ses possessions de haute Provence38. Par la suite, c’est en Piémont et Lombardie qu’il assure des missions diplomatiques et politiques.
9Arborant les titres de conseiller et familier, Robert exerce désormais ses charges d’officier dans le cadre de la royauté angevine. Dans le Regno où il est signalé dès août 1265, il est justicier de la Terra di Lavoro e Molise en 126639. En mars 1267 au plus tard, il arbore le titre de conseiller royal40. Mais c’est bien le nord de la péninsule qui est son principal théâtre d’intervention. Durant la décennie 1264-1274, il est actif autant en Piémont et Lombardie que dans les territoires pontificaux et en Toscane41. La procuration confiée par le roi le 6 avril 1270 lui confère des prérogatives étendues, puis le 13 septembre 1272 il reçoit de nouveaux pouvoirs de négociation aux côtés des sénéchaux de Provence et de Lombardie42. Doté de concessions de seigneuries près de Mondovì et Ceva, qu’il perd en 1276 suite à la défaite angevine de Roccavione en novembre précédent, il est par là personnellement impliqué dans la conquête43. Il reçoit également des possessions dans le Royaume44. Son rôle dans la soumission des villes, depuis la commune de Marseille en 1257 jusqu’à celles du Piémont, est déterminant45. Il agit souvent aux côtés de l’archevêque d’Aix Visdomino Visdomini46. Robert de Laveno supervise la conclusion de nombreux traités : en 1264, avec les Della Torre, des seigneurs lombards ; en 1265, à Rome, avec les Este et le comte de Vérone ; en 1266, avec la commune et l’évêque d’Asti ; en 1267, avec les villes toscanes ; le 22 mai 1270, avec Alessandria dont il reçoit la reddition47, et plusieurs autres en 1270, 1273 et 1274. En 1271, il est vicaire en Lombardie et, en 1274, il assiste le sénéchal de Provence Philippe de Gonesse alors en opération dans le nord de la péninsule. De même, le comte lui confie de délicates missions matrimoniales. En 1272 puis en octobre 1275, il est chargé de l’accueil de Clémence de Habsbourg, promise à Charles Martel48. Cette activité politique, militaire et diplomatique est toujours adossée à ses intérêts seigneuriaux, comme l’illustre la région de Ceva49. Charles d'Anjou lui confie de nombreux fiefs dans ce marquisat, destinés à conforter l’emprise angevine sur l’aristocratie et les populations locales50, tandis qu’un titre de capitaine de la vallée du Tànaro est porté par Anselmo di Vasco51. C’est Robert qui reçoit la soumission des Del Caretto au roi, le 6 juin 1270 à Alba52. Le 4 juin 1270, il conclut une convention offensive avec les seigneurs de Gorzano53. Mais son emprise croissante suscite finalement des frictions avec les marquis de Ceva, et il doit traiter avec ces derniers et les seigneurs locaux54. Son implantation et ses modalités sont significatives. En cela, et comme l’a mis en évidence Riccardo Rao, est mobilisée sa double dimension de noble et vassal direct du roi, et de professeur civiliste habile à manier les constructions féodales et les obligations : le droit est un instrument de conquête.
10En Provence, où il termine sa carrière, Robert est attesté dans les années 1275-1278. Mais dès 1268, il était consulté par le viguier de Marseille Guillaume de Gonesse, à la requête du chapitre, pour tenter de définir le contenu du merum imperium exercé jadis par l’évêque de Marseille sur la ville haute, et passé à la cour en 125755. Le 10 juin 1275, il est présent aux côtés du sénéchal Guillaume de Gonesse, lors de la cession à la cour par l’abbé de Saint-Victor des droits des moines sur la ville vicomtale de Marseille56. On lui connaît deux ultimes consultations57. En 1276, il s’attache au droit à appliquer aux communautés juives, face aux actions des inquisiteurs menées au préjudice du roi58. Vers 1278, il intervient à propos du merum imperium exercé jusque-là par la collégiale Sainte-Marie de Barjols, et qui doit désormais passer à la cour59. Il disparaît peu après, mais son renom est encore considérable parmi les juristes entourant le roi au début du XIVe siècle60. Son fils Philippe († c. 1302), auquel on ne sait rattacher de grade universitaire, est lui aussi officier royal61. Il gravit toute la hiérarchie des honneurs en Provence. Il est baile de Digne en 1269-1272, puis vicaire de Charles d'Anjou à Rome en 1281 et 1283, podestat de Spolète et recteur du même duché en 1284-1285, et enfin sénéchal de Provence en 1285-1288, au moment de la crise dynastique consécutive à la captivité de Charles de Salerne62. C’est probablement lui qui est à l’origine des statuts royaux de 128663.
11Des interventions de Robert les mieux documentées, on peut sans doute déduire quelques-unes de ses méthodes. Lors de l’enquête de 1253, il relève la nouveauté de nombreux péages, infondés en droit, en raison et en coutume, en s’appuyant sur des preuves écrites, des actes publics, et testimoniales, des auditions et des expertises. Il pose ainsi le rôle déterminant de la coutume. La consultation sur le merum imperium signale un discours articulant ce dernier aux regalia, et déterminant une casuistique, qu’elle s’exerce à propos des droits de l’évêque de Marseille acquis par Charles d'Anjou en 1257, ou à propos du chapitre de Barjols en 127864. Il en formule ainsi une définition légale, déterminée par la peine imposée (afflictive ou d’exil), assortie à une distinction de cas applicables à l’effusio sanguinis et à l’intention du prévenu de donner la mort, et ajoute une détermination des regalia, en l’attachant aux voies publiques et aux lieux et personnes religieux. Il conviendrait en outre d’examiner en détail les autres compromis, conventions et pactes auxquels il a participé et où il a dû jouer un rôle essentiel, mais ce serait l’objet d’une étude en soi, s’appliquant à l’usage politique et militaire des obligations, de la réciprocité et des hiérarchies65.
12Sous le règne de Charles d'Anjou, la carrière et les implications de Robert de Laveno paraissent tout à fait similaires à celles de simples jurisperiti. Professeur et jurisperitus désignent alors un même groupe social, sinon une formation intellectuelle et un grade identiques, dont le point commun est la mise en œuvre des compétences juridiques au service d’une domination monarchique. Mais à compter de la fin du siècle, signe que ce titre revêt désormais un sens précis, le jurisperitus ne dépasse guère le statut d’officier local ou au mieux de conseiller66. Le collègue de Robert, Visdomino Visdomini († 1276), illustre à l’envi la première de ces périodes, et l’on connaît plus de choses à son sujet sur ses origines67. Il s’agit d’un noble originaire de Plaisance. Son lignage y est originellement associé au gouvernement épiscopal, comme le suggère le cognomen de Vicedominus. Il appartient aux élites communales, consulaires puis podestariles : un Visdomino est consul de justice en 1217-1227, un Oberto podestat en 1234. La parenté de notre Visdomino dispose de seigneuries dans le Val Trebbia et le Val d’Arda. La présence des Placentins en Provence est bien attestée depuis longtemps, à Nice, Marseille, Nîmes, avec en particulier les Anguissola, dans les secteurs de la boutique, de la banque et des affaires maritimes. Avant même la seigneurie qu’exerça Charles d'Anjou sur Plaisance en 1271-1281, nombre de ses élites s’associent aux ambitions angevines, comme banquiers du parti guelfe. Visdomino est apparenté au cardinal de Palestrina et cistercien Giacomo da Pecorara († 1244), présent comme légat en Provence en 1239 avec ses familiers, Tebaldo Visconti, chapelain du cardinal, et Zoen Tencarari, archiprêtre de Bologne, futur légat et évêque d’Avignon. Visdomino y est sans doute venu avec le cardinal Pecorara, mais pour y demeurer. Il s’implante en Provence avec ses trois fils et paraît dès 1241 dans la suite de Raymond Bérenger V. Il œuvre en tant que jurisperitus, et porte le titre de judex curie en 1241. Il sert lui aussi Charles d'Anjou, jouant un rôle déterminant dans les négociations avec les communes, tant sur le plan diplomatique (traité avec Gênes en 1252) que politique et militaire (conventions avec les communes d’Avignon, Marseille et Arles en 1251-1252). Mais contrairement à Robert de Laveno, et sans doute parce qu’il est dépourvu de toute attache féodale et lignagère en Provence, c’est en tant que clerc qu’il parachève son cursus et qu’il reçoit les grâces du comte et du pape. Devenu veuf, il mène une carrière ecclésiastique caractérisée par le cumul bénéficial. Chanoine de Clermont, camérier de Béziers, il est aussi chapelain de Grégoire IX. Il obtient en Provence plusieurs bénéfices, la prévôté de Barjols en 1241, celle de Grasse en 1251, tout en conservant ses revenus de Béziers et Narbonne. Il est nommé archevêque d’Aix en 1257 et cardinal de Palestrina en 1273. Entre Robert de Laveno et Visdomino Visdomini, c’est la compétence professionnelle plutôt qu’un grade universitaire qui détermine leur place auprès du prince et les faveurs qui s’ensuivent.
13Mais l’office ou le conseil au service du prince n’est que l’une des fonctions exercées par ces artisans de l’ordonnancement. Les consultations juridiques qui nous sont parvenues montrent aussi qu’un personnel de gradués échappe aux mailles de l’office et sans doute à la documentation qui nous est parvenue. Basianus n’est ainsi jamais attesté comme officier royal68. Professeur de droit civil originaire de Lodi, il monnaie sa qualification à l’occasion de deux affaires. En 1253, il est consulté à propos de l’exercice du merum imperium par les Baux sur le castrum de Puyricard, par concession de l’archevêque affirment-ils, et au détriment des droits des coseigneurs. En 1257, à Tarascon, il arbitre et prononce une constitution de coseigneurie, un pariage, entre Charles d'Anjou et l’évêque de Digne. De même, Girardus de Verdello et Berengarius Cavallerius, qui sont qualifiés quant à eux de legum doctores69. Ils sont consultés par le sénéchal Jean de Burlats à propos du Gapençais et de sa succession par les femmes en 128270. Ni l’un, ni les autres ne servent de manière formelle le prince dans le cadre d’une fonction gagée, sinon comme conseils ponctuels. Il est probable que ces exemples isolés cachent une circulation et une activité des professeurs de droit civil de bien plus grande ampleur que celle qu’ont transmise les sources comtales. Institution juridique et État naissant ne sauraient se confondre, même si l’une sert l’autre indéniablement.
14Le grade universitaire de professeur de droit civil met du temps à coloniser l’office royal. Entre 1265 et 1309, sous les deux premiers rois angevins, ces docteurs ne sont guère nombreux parmi les grands officiers, si l’on exclut désormais ceux qui ne sont gratifiés que du titre de jurisperitus. Certes, on pourrait leur adjoindre les clercs de Provence, mais rares sont ceux qui servent alors l’État angevin dans l’office, sinon les chanceliers Pierre de Ferrières, archevêque d’Arles (1303-1308), et Jacques Duèze, évêque de Fréjus (1300-1310), l’un formé à Toulouse, l’autre à Orléans, et tous deux gradués dans les deux droits71.
15Chez les laïcs, le sénéchalat, charge militaire avant tout, n’est pas concerné. En fait de civiliste, on n’y compte guère que Giovanni d’Acquabianca (1320-1329), docteur dans les deux droits, pour toute la période ici étudiée. Auprès de la Camera rationum, hormis Jacques Duèze en 1298 qui opère comme rational et qui est aussi professeur dans l’un et l’autre droit, il faut attendre 1308 avec le maître rational Jean Cabassole († 1342), également juge mage en 1302-1307. Du reste, on sait bien que le maître rational est, plus qu’un homme de comptes, un juge de ceux-ci. Même parmi les juges mages dominent des jurisperiti, peut-être en fait des professeurs ainsi notés par les scribes, à moins que ce titre ne désigne des professeurs en cours de formation ou bien ayant abrégé celle-ci72. Sparano di Bari, est le premier à arborer le professorat, qui exerce comme juge mage en 1277-1279, et c’est un régnicole. C’est à la décennie suivante, que l’on rencontre un professeur provençal, Bertrand de Roquevaire, juge mage en 1288-1290.
16Leur savoir consiste à mobiliser un matériau institutionnel au service d’un État en formation, quelle que soit son origine. En premier lieu, les règles de la procédure, avec la garantie de l’exercice de la justicia, qui paraît cependant seconde dans les sources qui nous sont parvenues. Puis le droit familial, avec le régime matrimonial, les règles de succession, qui recèlent une évidente dimension politique et diplomatique. Cela concerne aussi la hiérarchie féodale, à travers les règles de succession et le régime coseigneurial conçu comme indivision. Enfin, vient le droit des biens, avec la mise en place des obligations, des règles de réciprocité, d’aliénation et de garantie. Tous ces aspects recèlent une dimension administrative éminente, par exemple avec la pratique de la reconnaissance, intéressant tant le domaine du contrôle des comptes, que la comptabilité stricto sensu et le régime de la dette.
17Entre les années 1260 et la fin du siècle se dégagent deux profils caractéristiques de cette génération. En premier lieu, le technocrate napolitain, une sorte de produit d’importation. La Provence ne constitue qu’un moment de leur carrière. Ainsi de Sparano di Bari, nommé Esparron de Bar par Cortez, ce qui le naturalise Provençal, qui procède en fait d’une famille de milites des Pouilles73. Il est parent du protonotaire Roberto di Bari († c. 1268), et particulièrement lié aux milieux qui ont servi les derniers Staufen, ces gardiens des savoir-faire institutionnels et administratifs du Regno74. Sparano épouse la fille de Giozzolino Della Marra. Formé au studium de Naples où il est attesté en 1271, il est professeur de droit civil et enseignant en ce même lieu en 1277, puis conseiller royal en 1281. Il semble débuter en Provence son cursus de grand officier, comme juge mage en 1279. Puis il regagne le Royaume, où il officie comme maître rational de la Grande Cour en 1283. Il est le premier à exercer l’office de logothète sous les Angevins en 1289-1291. Sparano accomplit des missions politiques et diplomatiques. En 1283, il assure une délégation à Rome auprès de Martin IV, à l’issue du parlement de San Martino. En tant que maître rational et logothète, en 1289, il est membre du conseil de régence de Charles Martel, prince de Salerne et vicaire général, et de Robert d’Artois comme lieutenant75. Il reçoit de nombreuses concessions royales, en particulier Altamura dans les Pouilles, une ancienne fondation de Frédéric II. Il est inhumé à San Nicola de Bari, où sa tombe est édifiée à partir de 129676.
18Voici ensuite l’intellectuel notable, l’universitaire issu de la noblesse préoccupé de diversifier ses revenus, qui trouve auprès du prince de quoi valoriser ses compétences et redonner du lustre à son lignage, de la notabilité. Ce profil de professeur provençal s’identifie sur deux générations, qu’illustrent les carrières de Bertrand de Roquevaire à la fin du XIIIe siècle et de Pierre de Marcoux dans la première moitié du suivant. Il s’agit d’un milieu de milites, d’une chevalerie castrale urbanisée, résidant respectivement à Aix et à Digne. Leur formation et leurs grades universitaires sont obtenus à l’issue d’un itinéraire malaisé à préciser. Pour Bertrand de Roquevaire, peut-être proviennent-ils des écoles italiennes. Pour Pierre de Marcoux, peut-être de l’Université d’Avignon, fondée en 1303. Dans tous les cas, les deux doivent vraisemblablement leur culture initiale à la présence d’une structure scolaire locale, ces petites écoles formant surtout des notaires, que l’on pressent à Sisteron et Draguignan. Une carrière liminaire comme juge local, pour la cour ou bien pour des seigneurs détenant le merum imperium et une cour d’appel, tels les Clunisiens de Valensole ou les Hospitaliers de Manosque, peaufine la renommée de leur compétence et de leur fiabilité. Puis viennent de plus hautes fonctions, auprès du prince désormais, juge mage pour Bertrand de Roquevaire, chevalier de l’hôtel de la reine Jeanne en Provence pour Pierre de Marcoux en 1348. Ils se soldent toujours par des investissements locaux, à la fois dans la rente seigneuriale, et dans les gouvernements municipaux, qui assoient le rayonnement de leurs petits lignages.
19Le premier, Bertrand de Roquevaire, alias d’Aix, est possessionné à Vauvenargues comme miles77. Son grade de professeur de droit civil est attesté en 128978. Il exerce ses talents comme juge de Digne, Seyne et Barcelonnette en 1274, puis du palais de Marseille en 1283. Il est juge mage en 1288-1290, et présent dans la suite royale dès le retour de Charles II en 1288 à Marseille. Il épouse Béatrice de Moriez, d’un lignage de haute Provence, qui teste en 1323. En 1299, il consolide son implantation dans cette zone en recevant de Charles II le merum imperium sur plusieurs castra de la baillie de Castellane79. En 1295, il est juge de la Grande Cour de Naples, et vice grand justicier, et reçoit une mission à Rome. Il est attesté à Aix comme témoin jusqu’en 1303, et indiqué comme décédé avant mars 1305. On lui connaît comme fils François et Dominique, tandis que ses filles sont placées au couvent royal aixois Notre-Dame de Nazareth, la fondation de Charles II.
20Le second, Pierre de Marcoux, est pour sa part originaire de Digne et miles lui aussi80. Il est coseigneur de la Bastide d’Oise et s’implante dans la région de Valensole en 1346. Il conduit une longue et laborieuse carrière d’officier local, comme juge royal de 1315 à 1348, successivement dans le Val di Stura, à Barcelonnette, Nice, dans le Val de Lantosque, à Avignon, Apt, Forcalquier et Tarascon. Il est aussi juge du doyenné clunisien de Valensole à plusieurs reprises entre 1336 et 1347. On le retrouve comme conseiller de la reine Jeanne et membre de sa chancellerie en 1348. Il s’illustre dans la ferme des droits royaux, dans l’achat de parts de coseigneurie et, dans le gouvernement de Digne, comme cominal en 1345.
21Désormais, les professeurs de droit civil constituent un vivier partout présent au XIVe siècle et ouvrant la voie vers les grands offices. Quelques uns ont été formés au studium de Naples et proviennent de la péninsule81. Les indigènes débutent plutôt par une carrière d’officiers locaux et recourent aux structures d’enseignement locales et à une émigration pour études dont l’histoire reste encore à écrire. Le grade permet à des lignages castraux ou urbains de petite ou moyenne envergure de briller au service du prince. Certains ne dépassent cependant pas le stade de l’office local, tel Gautier de Ulmeto, un miles d’Hyères, juge de Brignoles82, ou encore Raymond Clementis, un miles de Brignoles. Ce dernier porte les titres de bachelier puis professeur de droit en 1372. Il est juge de diverses circonscriptions à partir de 1358, puis juge du palais de Marseille en 1363-1364, et enfin viguier capitaine d’Arles puis Aix en 1372 et 137483. Mais la plupart obtiennent de hautes fonctions, principalement à Aix à la Chambre des comptes ou comme juge mage. C’est le cas du maître rational Jean de Revest84, mais aussi d’Honorat de Berre, syndic de Nice en 1359, puis juge d’Aix en 1362. Il est dit licencié en droit en 1362, et docteur et professeur de droit civil en 1369. Président rational, il exerce comme rational et maître rational entre 1362 et 136485. Jacques Bermundi est juge entre 1311 et 1316. Ce miles de Manosque est également capitaine de Gênes. Il est procureur et avocat fiscal en 1322-1324, puis lieutenant du juge mage en 1324 et enfin juge mage en 1330, puis viguier d’Arles en 135686. Une troisième catégorie profite enfin du développement des institutions pontificales en Avignon. Ainsi de Guiran de Viens († 1348), miles de ce castrum, conseiller royal en 1336, qui exerce comme juge local entre 1328 et 1340. En 1340-1345, il mène une carrière au service du maréchal de la curie romaine et comme vice-recteur en 1341-134587. De même, le miles Pierre Thome, un juge des appellations du Comtat signalé en 1319 et 1326, puis juge de la cour du maréchal de la Curie en 1333. Il est aussi juge de Grasse pour le roi angevin88. Cette population de professeurs demeure certes réduite, mais le grade est devenu plus commun et, avec les jurisperiti, la place des juristes récurrente dans l’appareil d’État.
22Au terme de ces divers portraits et générations intellectuelles, la question se pose de l’apport institutionnel de ce personnel de praticiens du droit. Pareil rôle n’a pas débouché sur le legs d’écrits théoriques et de traités, à de très rares exceptions, comme chez Pierre de Ferrières. Il semble cependant que, des premières générations du moins, émanent deux lignes de force intellectuelles guidant et nourrissant leur action. D’abord, la mise en œuvre du principe d’équité, l’aequitas non scripta s’entend, qui suppose la délibération et la vertu de prudence, avec cette nuance au regard de l’équité des canonistes qu’elle fait moins de cas des Écritures comme inspiratrices, mais croit à l’équilibre rationnel. Ensuite, le sentiment de leur utilité sociale, encouragé par la reconnaissance collective et ses attributs matériels, gratifications, honoraires, concessions de droits seigneuriaux, accrues des capacités d’investissements de ces avisés professeurs, notamment dans la terre, la ferme des droits royaux ou urbains et la coseigneurie, puis la boutique. L’osmose entre éthique nobiliaire, stratégies lignagères, usages de la violence, idéal hiérarchique et culture juridique est profonde. Le droit continue la noblesse par d’autres moyens. C’est que ces beaux esprits, qui sont de culture noble et chevaleresque pour la plupart, concourent à l’établissement d’un ordre politique et social où la ville et sa monnaie, le prince et sa justice, le vassal et ses devoirs, rencontrent avec bonheur leur raison de vivre et d’enseigner : le magistère de la parole, créateur de ces fictions dont Paul Valéry a dit l’infini secours qu’elles apportent à l’humanité89, fussent-elles emprise et domination, et dont l’État n’est pas la moindre.
Notes de bas de page
1 Archives départementales des Bouches-du-Rhône [désormais ADBdR], B 145, fol. 38 ; B 526 et G. Giordanengo (éd.), Vocabulaire romanisant et réalité féodale en Provence, dans Provence historique, 25, 1975, p. 267-273 ; le conseil du sénéchal Filippo di Sangineto compte en mars 1331 et le 16 juillet 1341, pour les professeurs de droit civil : les deux maîtres rationaux, Jean Cabassole et Bonifacio di Fara, le juge des appels du Regno Jean de Revest, le juge mage Giovanni di Giovinazzo, Francesco di Barba († 1348), de Pise, juge des premiers appels, qui lui succède en 1336 après avoir été son lieutenant dès 1332, les conseillers Geoffroy Berengarii, d’Aix, ancien lieutenant du juge mage (J.-L. Bonnaud, Un État en Provence. Les officiers locaux du comte de Provence au XIVe siècle (1309-1382), Rennes, 2007, no 210), Jacques Jusberti (sa famille est peut-être aussi aixoise, Ibid., no 468-469), et François de Grossis, d’une famille de jurisconsultes actifs depuis le siècle précédent (Ibid., no 564-565) ; pour les jurisperiti : les deux avocats et procureurs royaux Guillaume Henrici, de Cadenet (Vaucluse), futur juge mage et maître rational († 1366), et Pier delle Vigne (de Vineis), de Capoue, devenu secrétaire du roi puis juge des premières appellations en 1343 et juge de la Vicairie la même année (R. Caggese, Roberto d’Angiò e i suoi tempi, 2, Florence, 1930, p. 419, n. 3 ; É.-G. Léonard, La jeunesse de Jeanne Ire, reine de Naples et comtesse de Provence, 1, Monaco-Paris, 1932, p. 229), les conseillers Jacques Ardoini, fils probable d’un avocat et procureur royal homonyme, et André de Crota, d’Aix († 1350), qui sera maître rational en 1345 (Ibid., no 398). En juillet 1341, on retrouve aux mêmes postes Bonifacio di Fara, Pier delle Vigne, Guillaume Henrici, Jacques Jusberti et Jacques Ardoini, mais Jean de Revest est devenu entre-temps maître rational et Francesco di Barba juge mage, tandis que trois nouveaux conseillers paraissent : les professeurs de droit civil Matteo Della Porta de Salerno, juge des premiers appels (Th. Pécout, Une quatrième enquête générale en Provence ? L’enquête du sénéchal Foulque d’Agoult en 1364-1365, dans Rives méditerranéennes, 37, 2010, p. 87-97), Guillaume d’Esparron, d’Aix, et le jurisperitus aixois Bulgarus ou Bulgarinus de Tiboldis (J.-L. Bonnaud, Un État en Provence… cit., no 1051 et 1081).
2 Sur la question de la terminologie, qui n’est pas notre propos ici et qui a déjà amplement été débattue, notons que doctor comme professor associent les notions de formation spécialisée reçue, d’activité ou de capacité d’enseignement, puis de grade en prenant acte, avec les honneurs qui lui sont associés. O. Weijers, Terminologie des universités au XIIIe siècle, Rome, 1987, p. 152-155 ; R. Feenstra, « Legum doctor », « legum professor » et « magister » comme termes pour désigner des juristes au Moyen Âge, dans O. Weijers (dir.), Terminologie de la vie intellectuelle au Moyen Âge. Actes du colloque Leyde/La Haye, 1985, Turnhout, 1988, p. 72-77. Quant au doctorat et à la ritualisation de sa collation, ils fondent une appartenance et un statut, et se posent comme un signe de promotion sociale, en particulier sans doute pour des lignages nobles de moyenne ou petite envergure, tels ceux que nous évoquons dans la présente étude : P. Marangon, Sermo pro scolari conventuando del professore di diritto Niccolo Matarelli (Padova, c. 1290-1295), dans Quaderni per la storia dell’Università di Padova, 18, 1984, p. 151-161 ; A. Destemberg, Retour sur une invention médiévale : le doctorat, l’université et la société à la fin du Moyen Âge, dans Fr. Cros, Ed. Bombaron, M.-L. Vitali (dir.), Doctorat et monde professionnel, Paris, 2014, p. 13-24.
3 N. Coulet, Les juristes dans les villes de la Provence médiévale, dans Les sociétés urbaines en France méridionale et en péninsule ibérique au Moyen Âge, Paris, 1991, p. 311-327. Nous sommes là au cœur d’une culture associant chevalerie et savoir juridique, partagée par le milieu des podestats, actifs aussi en Provence au XIIIe siècle : J.-C. Maire Vigueur, L'ufficiale forestiero, dans Ceti, modelli, comportamenti nella società medievale (secc. XIII-metà XIV), Atti del XVII Convegno internazionale di studi, Pistoia, 1999, Pistoia, 2001, p. 75-97 ; Id., Gli iudices nelle città comunali : identità culturali ed esperienze politiche, dans P. Toubert, A. Paravicini Bagliani (dir.), Federico II e le città italiane, Palerme, 1994, p. 161-176 ; E. Artifoni, Note sur les équipes de podestats et sur la circulation de modèles culturels dans l’Italie du XIIIe siècle, dans Des sociétés en mouvement. Migrations et mobilité au Moyen Âge, Actes du XLe Congrès de la SHMESP, Nice, 2009, Paris, 2010, p. 315-324 ; S. Balossino, I podestà sulle sponde del Rodano. Arles e Avignone nei secoli XII e XIII, Rome, 2015.
4 Nous tirons nos remarques générales de : J.-P. Poly, Les légistes provençaux et la diffusion du droit romain dans le Midi, dans Mélanges Roger Aubenas. Recueil de mémoires et travaux publiés par la Société d'histoire du droit et des institutions des anciens pays de droit écrit, fasc. 9, 1974, p. 613-635 ; Id., Les maîtres de Saint-Ruf : pratique et enseignement du droit dans la France méridionale au XIIe siècle, dans Annales de la faculté de droit de l'université de Bordeaux, 2, 1978, p. 183-203 ; Id., Coheredes legum romanorum. La renaissance du droit romain dans le Midi de la France, dans H. Ankum, H. Wagner, A. d’Ors, F. Soetermeer, P. Nève, J.-P. Poly et alii (dir.), Historia del Derecho privado. Trabajos en homenaje a Ferran Valls I Taberner, Barcelone, 1989, X, p. 2909-2946 ; G. Giordanengo, A. Gouron, Sur un moine bénédictin en avance ou en retard sur son temps, dans Revue historique de droit français et étranger, 35, 2007, p. 315-322 ; A. Gouron, Dilectus Henricus, archevêque d’Aix et juriste, dans Provence historique, 34, 1984, p. 97-101 ; Id., Le cardinal Raymond des Arènes : Cardinalis ?, dans Revue de droit canonique, 28, 1978, p. 180-192 ; Id., Sur les traces de Rogerius en Provence, dans G. Aubin (dir.), Études offertes à Pierre Jaubert. Liber amicorum, Bordeaux, 1992, p. 313-326 ; Id., L’auteur et la patrie de la Summa Trecensis, dans Jus commune. Veröffentlichengen des Max-Planck Instituts für Europäische Rechtsgeschichte, 12, Francfort-sur-le-Main, 1984, p. 1-38 ; Id., Rogerius, Quaestiones de juris subtilitatibus et pratique arlésienne : à propos d’une sentence archiépiscopale (1141, 5 novembre), dans Mémoire de la Société pour l’histoire du droit et des institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands, 34, 1977 (Dijon, 1979), p. 35-49.
5 J.-P. Poly, Les légistes provençaux… cit. ; N. Leroy, Une ville et son droit. Avignon du début du XIIe siècle à 1251, Paris, 2008, p. 289-326 ; S. Balossino, Notaire et institutions communales dans la basse vallée du Rhône (XIIe-moitié du XIIIe siècle), dans L. Faggion, A. Mailloux, L. Verdon (dir.), Le notaire entre métier et espace public en Europe (VIIIe-XVIIIe siècle), Aix-en-Provence, 2008, p. 183-197.
6 En mai 1217, Valentin assiste avec un certain Hugues de Forcalquier, archidiacre, sans doute de la collégiale de Forcalquier, à un hommage au comte, au titre de légistes : asserito per omnia legistarum consilio, Valentini et Hugonis de Forcalcario (Benoît (éd.), Recueil des actes des comtes de Provence (1196-1245), Monaco-Paris, 1925 [désormais RACP], no 24) ; en février et mai 1218, il arbore ce même titre (RACP, no 26, 31). F. Cortez, Les grands officiers royaux de Provence au Moyen Âge. Listes chronologiques du haut personnel administratif, judiciaire et financier, Aix-en-Provence, 1921 (Publications de la Société d’Études Provençales, 5), p. 16 ; le titre de legista est signalé dès les années 1160 (J.-P. Poly, Les légistes provençaux… cit.).
7 Voir ci-dessous n. 14.
8 RACP, no 42 (4 avril 1206, il rédige un acte de vente à Aix) ; no 26 (février 1218).
9 Il est régulièrement présent dans la suite comtale (RACP, no 33, en janvier 1219 à Marseille ; no 60, le 11 septembre 1222, comme judex à Grasse ; no 74, le 12 février 1224 à Aix ; no 85, le 3 janvier 1225 à Jouques ; no 125, le 26 janvier 1229 à Aix).
10 RACP, no 123, à Aix au château comtal ; no 139, à Fos auprès de l’église Sainte-Marie de Bouc, sur une sentence à propos de la commune de Marseille. B. Guérard (éd.), Cartulaire de l'abbaye de Saint-Victor, Paris, 1857 [désormais CSV], no 947.
11 CSV, nos 947-949, les 22 mars 1225, 14 juillet 1229 et 16 juin 1244, lors d’un arbitrage entre seigneurs ecclésiastiques.
12 Il est signalé dès décembre 1228, avec son père (RACP, no 123). Il est juge à Arles, le 31 juillet 1240 (RACP, no 319). Il dispose d’une maison à Aix en 1244 (CSV, no 948). F. Cortez, Les grands officiers… cit., p. 16.
13 RACP, no 128, le 17 août 1229 à Aix ; no 139, le 2 août 1230 à Fos avec son père ; no 368, le 23 octobre 1243 à Aix ; no 329, le 21 janvier 1241 à Arles ; no 361bis, le 9 mars 1243 à Marseille (il est dit jurisperitus d’Aix) ; no 380, le 8 octobre 1244 à Aix.
14 C’est très vraisemblablement la parenté des juristes Valentin qui paraît dans le chapitre cathédral Saint-Sauveur d’Aix dans la deuxième moitié du siècle. Raymond Valentini est chanoine entre 1260 et 1275, syndic des anniversaires en 1263, précenteur en 1276, archidiacre en 1282-1294. Il porte le titre de clerc et familier du roi en 1291 et teste le 27 août 1306. Les Valentini se sont liés à la famille d’Henri de Suse : le chanoine Henri, fils du miles aixois Guillaume Valentini, est le neveu du cardinal d’Ostie. N. Coulet, Aix-en-Provence. Espace et relations d’une capitale, Thèse d’État, Université d’Aix-en-Provence, 1979 (dactylographiée), 4, Annexe 2, p. 33 ; A. Chiama, Th. Pécout, Les obituaires du chapitre cathédral Saint-Sauveur et de l’église Sainte-Marie de la Seds d’Aix-en-Provence, Paris, 2010, no 778 et 785. On note aussi un notaire accrédité par Charles d'Anjou, Raymond Valentinus, qui instrumente le 23 février 1296 (ADBdR, B 389).
15 Sur la formation en droit, les premiers réseaux d’écoles, je renvoie à la bibliographie signalée dans : Th. Pécout, Une technocratie au service d’une théocratie. Culture et formation intellectuelle des évêques de Provence (milieu du XIIIe siècle-milieu du XIVe siècle), dans M.-M. Cevins, J.-M. Matz (dir.), Formation intellectuelle et culture du clergé dans les territoires angevins (milieu du XIIIe-fin du XVe siècle), Actes du colloque d'Angers, 2002, Rome, 2005 (Collection de l’École française de Rome, 349), p. 95-116.
16 Sans nul doute, on peut appliquer aux Hospitaliers les remarques et la chronologie établie pour les Templiers et leur relation au droit : D. Carraz, L’ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône (1124-1312). Ordres militaires, croisades et sociétés méridionales, Lyon, 2005, p. 370-383.
17 Les outils informatiques rendent la tâche aujourd’hui bien plus aisée : Tarano, com. Ponte dell’Olio, au diocèse de Piacenza. On notera qu’un chanoine d’Apt puis de Fréjus, Bernardo Cupalate, originaire de Piacenza et membre de la familia de Visdomino Visdomini, archevêque d’Aix puis cardinal, disposait aussi d’un bénéfice à Tarano avant 1279. Le 13 avril 1279, Nicolas III qui souhaitait accorder une grâce spéciale à Bernard alias Cupalate le neveu de feu le cardinal de Préneste Visdomino, demanda à l’archevêque d’Aix Grimiero Visdomini de le pourvoir d’un canonicat et d’une prébende à Fréjus, s’il satisfaisait aux conditions nécessaires pour ce bénéfice, et tout en conservant les autres (canonicat et prébende à Sant’Antonino de Piacenza et dans la paroisse – plebs – de Tarano, les églises de Saint-Pierre de Sannes et de Plaidieu – auj. com. Vaugines – au diocèse d’Aix, sans charge d’âmes) ; mais il dut résigner ses canonicat et prébende d’Apt : J. Gay, S. Vitte-Clémencet (éd.), Registres et lettres des papes du XIIIe siècle. Les registres de Nicolas III (1277-1280), Paris, 1898-1938, no 479.
18 Th. Pécout, Au cœur de l’Archivium regium : scribes d’archives en Provence angevine, milieu du XIIIe-fin du XIVe siècle, dans X. Hermand, J.-Fr. Nieus, E. Renard (éd.), Le scribe d'archive dans l'Occident médiéval : formations, carrières, réseaux. Actes du colloque de Namur, 2012, sous presse.
19 ADBdR, B 340, hommage de Barral de Baux à Aix.
20 ADBdR, B 342.
21 ADBdR, B 342. Le 16 octobre 1248, il reçoit pour la comtesse Béatrice de Savoie les droits du consulat de Reillanne. Sur le gouvernement de Béatrice dans le comté de Forcalquier : Th. Pécout (dir.), Ph. Bernardi, J.-L. Bonnaud, M. Cassioli, A. Mailloux, J. Stephan, É. Sauze, V. Theis (éd.), L’enquête générale de Leopardo da Foligno dans le comté de Forcalquier (juin - septembre 1332), Paris, 2017, p. 20-24.
22 P. Peyrache, Une famille provençale au XIIIe siècle, les Laveno, DES d’Histoire, Faculté des Lettres d’Aix-en-Provence, 1962 (dactylographié). Le fils de feu Robert, Philippe de Laveno, se voit investi de ses possessions par le roi le 11 juillet 1278 (ADBdR, B 1075, fol. 179v).
23 Valernes, Alpes-de-Haute-Provence, cant. Seyne-les-Alpes. Th. Pécout (dir.), Ph. Bernardi, J.-L. Bonnaud, M. Cassioli, A. Mailloux, et alii (éd.), L’enquête générale de Leopardo da Foligno… cit., p. 428 n. 255. Les anthroponymes Robert et Philippe (son fils) sont fort rares alors en Provence : on notera cependant que leurs occurrences concernent la haute Provence alpine, et que Philippe est bien attesté chez les Savoie et leurs affidés (Éd. Baratier, Enquêtes sur les droits et revenus de Charles Ier d'Anjou en Provence (1252 et 1278), Paris, 1969, no 71, 450, 492, 501, 503, 528, 595, 810, 843). En cela, nous revenons à la clairvoyante identification jadis proposée par Raoul Busquet, L’histoire d’une consultation du XIIIe siècle sur le merum imperium et l’origine des cas royaux en Provence, dans Id., Études sur l’ancienne Provence, Paris, 1930, p. 51 n. 3.
24 On conserve deux exemplaires de son sceau, dont l’un est particulièrement dégradé dans sa partie basse (ADBdR, B 368, acte de soumission d’Alessandria à Charles d'Anjou le 22 mai 1270) : sceau rouge sur lacs de soie rouge. Le second est en meilleur état (ADBdR, B 374) : sceau rond de cire verte sur lacs de soie verte, figurant le professeur à gauche, vêtu d’une robe à coule, siégeant sur sa cathèdre au dossier orné de rinceaux, posant sa main gauche sur un livre ouvert porté par un pupitre, et dressant la main droite : il s’agit d’une représentation d’une leçon ordinaire, prérogative du docteur ; la légende porte S[IGILLUM] ROBB[ERT]I DE LAVEN[O] […] [DOMINUS [V]ALERN[E]. La lacune comportait vraisemblablement le titre de juris ou legum professoris : L. Blancard, Iconographie des sceaux et bulles conservés dans la partie antérieure à 1790 dans les Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille-Paris 1860, p. 62-63 et pl. 26, qui avait lu Salerne. Le type iconographique rappelle les sceaux des civilistes Guido di Reggio (sceau rond, 1251, Paris, Archives nationales [désormais AN], sc D 8043) et Jean de Blanot, seigneur d’Uxelles et professeur à Bologne († c. 1280), au service du duc Hugues de Bourgogne (sceau en navette, avec les armoiries du professeur, AN, sc D 8054). Il est attesté dès les années 1170 à Reims puis dans les écoles parisiennes, avant de se diffuser largement (Y. Metman, Le sceau de maître Gilles, dans Club français de la médaille, 51-52, 1976, p. 136-140 ; J.-L. Chassel, Doctus cum libro : l’image des maîtres et universitaires dans les sceaux médiévaux. Étude à la mémoire de Jacques Phytilis, dans Revue française d'héraldique et de sigillographie, 80-82, 2010-2012, p. 73-91 ; W. J. Courtenay, Magisterial authority, philosophical identity ans the growth of Marian devotion : the seals of Parisian masters, 1190-1308, dans Speculum, 91-1, 2016, p. 63-114). Je remercie chaleureusement Jean-Luc Chassel pour ses précieuses pistes de lecture.
25 T. Mangione (éd.), Atti del comune di Cuneo (1230-1380), Cuneo, 2006, no 3, p. 12-13 : 7 décembre 1241 et 6 juillet 1246. Nous devons cette information à Riccardo Rao. L’activité de Robert à cette époque suggère des liens avec le discours juridique et l’idéologie de l’entourage impérial, en particulier au regard des regalia. Sans doute est-ce l’époque de son mariage avec Sophia de Ceva (voir infra n. 28).
26 Il s’inscrit dans un milieu de serviteurs, conseillers et officiers de Béatrice de Savoie : le baile Foulque de Puyricard, le juge Geoffroi de Tarascon, l’évêque de Sisteron Humbert Fallavel, Robaud de Venelles, le prévôt de Forcalquier, Pierre Brici, juge du consulat d’Apt, Raymond Auberti, juge de Manosque et Reillanne, les juges Thibaud Blegerii et Aymeric, Girard, juge de Pertuis, Bertrand Gancelmus baile de Forcalquier et le notaire Guillaume Gossolinus. Sur l’une de ses premières attestations, du 23 mai 1253 : N. Coulet, Un fragment de registre de la cour du juge mage de Provence à la fin du XIIIe siècle, dans J.-P. Boyer, A. Mailloux, L. Verdon (dir.), La justice temporelle dans les territoires angevins aux XIIIe et XIVe siècles. Théories et pratiques. Actes du colloque d’Aix-en-Provence, 2002, Rome, 2005 (Collection de l’École française de Rome, 354), p. 187-203, ici p. 194.
27 Hommage à la comtesse le 11 mai 1255 pour Valernes, Dromon et Thèze (ADBdR, B 351 et P. Peyrache, Une famille provençale…cit., p. 89).
28 ADBdR, B 351. Cette alliance matrimoniale piémontaise remonte donc à la fin du règne de Raymond Bérenger V (1216-1245), à l’époque où Robert sert peut-être déjà son épouse Béatrice de Savoie, restée très proche de ses frères et de leurs intérêts. On notera que le règne d’Amédée IV de Savoie (1233-1253) marque de notables avancées de la maison en Piémont : marié en secondes noces à Cécile de Baux en 1244, il donne ses filles Béatrice († 1258) à Manfredo di Saluzzo en 1233 et Marguerite († 1254) à Bonifacio di Monferrato en 1235, il acquiert le marquisat d’Ivrea en 1248, et confie le comté de Piémont savoyard en apanage à son frère Thomas († 1259). Si les Ceva s’allient à la commune d’Asti contre Thomas dans les années 1250-1260, l’alliance de fidèles de Béatrice de Savoie avec les Ceva, tel Robert de Laveno, est plausible dans les années 1240. F. Cognasso, Tommaso I ed Amedeo IV, 2, Turin, 1940, p. 147-386.
29 ADBdR, B 8, fol. 161-161v ; M.-Z. Isnard (éd.), Livre des privilèges de Manosque. Cartulaire municipal latin-provençal (1169-1315), Digne-Paris, 1894, p. 48-54 ; Éd. Baratier (éd.), Enquêtes sur les droits et revenus de Charles Ier d'Anjou… cit., p. 39-40, 63 n. 4.
30 ADBdR, B 351. R. Collier, Le consulat de Reillanne au début du XIIIe siècle, dans Provence historique, 8, 1958, p. 210-220. Le 8 mai 1255, la comtesse s’impose comme juge des différends lors d’une convention entre les coseigneurs et l’universitas ; le 27 octobre suivant, elle délègue l’évêque de Sisteron, Humbert Fallavel, son juge Robert de Laveno et le jurisperitus Guillaume Garnerii pour procéder à l’arbitrage ; le 14 novembre, l’assemblée générale de la communauté réunie dans l’église Saint-Pierre devant Robert de Laveno, prête serment à la princesse de respecter ses ordonnances (le dossier est réuni sous forme de copies modernes dans Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, EDEP 160/1, no 3, 4 et 5).
31 ADBdR, B 362, le 19 juin 1263 (vidimus du 3 juin 1303) : suite à une amende prononcée par la cour royale de Forcalquier contre un certain Bertrand Ruffini, excommunié, pour tumultum dans l’église de Pierrerue, son seigneur Raymbaud de Villemus la contesta, se réclamant détenteur de toutes les juridictions ; le juge de Forcalquier Matteo de Pavia demanda une consultation sur les regalia à l’évêque de Sisteron Alain de Luzarches et à Robert de Laveno. G. Giordanengo, Le droit féodal dans les pays de droit écrit, Paris, 1988, p. 151 ; Fl. Mazel, La noblesse provençale face à la justice souveraine (1245-1320). L’âge du pragmatisme, dans J.-P. Boyer, A. Mailloux, L. Verdon (dir.), La justice temporelle dans les territoires angevins… cit., p. 343-370, et ici p. 360.
32 Au sujet de l’action de Robert de Laveno en Provence à compter de 1257, puis en Piémont jusqu’en 1264 : R. Sternfeld, Karl von Anjou als Graf der Provence (1245-1265), Berlin, 1888, p. 118, 132, 140 n. 4, 143-144, 167 et p. 257 pour la mention d’une de ses pensions dans la baillie de Sisteron en 1263-1264. Peu de temps après la soumission de Marseille en juin 1257, Robert de Laveno assiste comme viguier de cette ville et jurisperitus à l’accord conclu entre Charles d'Anjou, l’évêque et le consulat de Sisteron le 30 août 1257 (ADBdR, B 143, fol. 76-78v ; Archives municipales [désormais AM] de Sisteron, AA 22 et AA 153, Livre vert, fol. 1-2v ; ADBdR, B 2, fol. 50v-51v ; B 1406, fol. 2-5v ; Éd. de Laplane, Histoire de Sisteron, tirée de ses archives, 2, Digne, 1845, p. 456-463). On le retrouve à cette même fonction les 19 janvier et 23 février 1258, lors de la cession du comté de Vintimille à l’Angevin (E. Caïs de Pierlas, Statuts et privilèges accordés au comté de Vintimille et Val de Lantosque par les comtes de Provence, Gênes, 1890, p. 115-117).
33 Sur Foulque de Puyricard et sa carrière entre Provence et Regno : Th. Pécout (dir.), Ph. Bernardi, J.-L. Bonnaud, M. Cassioli, A. Mailloux, et alii (éd.), L’enquête générale de Leopardo da Foligno… cit., p. 22, 23, 82. Th. Pécout, Celle par qui tout advint : Béatrice de Provence, comtesse de Provence, de Forcalquier et d’Anjou, reine de Sicile (1245-1267), dans M.-M. de Cevins, G. Kiss, J.-M. Matz (dir.), Les princesses angevines. Femmes, identité et patrimoine dynastiques (Anjou, Hongrie, Italie méridionale, Provence, XIIIe-XVe siècle), dans MEFRM, 129-2, 2017, n. 98.
34 E. Caïs de Pierlas, G. Saige (éd.), Chartrier de l’abbaye de Saint-Pons hors les murs de Nice, Monaco, 1903, no 75 p. 80 (21 mai 1261 compromis à propos d’un partage des eaux), no 80, p. 84-85 (appel de l’abbé au juge mage de trois sentences du juge de Nice, 12 mai 1264). Il s’oppose ainsi à l’abbé de Saint-Pons Guillaume de Berre au sujet de ses prérogatives en matière de justice temporelle.
35 ADBdR, B 2, fol. 64v-65v, et B 1378 (11 folios). E. Caïs de Pierlas, Statuts et privilèges… cit., p. 115-117 ; L.-H. Labande, Documents historiques relatifs aux seigneuries de Menton, Roquebrune et La Turbie, des origines au seizième siècle, Monaco, 1909, p. LX, n. 2 ; J.-P. Boyer, La Vésubie. Hommes et communautés du haut pays niçois médiéval (XIIIe-XVe siècles), Nice, 1990, p. 12, n. 24.
36 ADBdR, 1 G 1, fol. 1-2v, le 23 août 1253, en l’église Saint-André d’Aix, aux côtés du professeur de droit civil Basianus, lors d’une controverse entre Bertrand de Baux et les coseigneurs de Puyricard qui affirmaient détenir en ce lieu le merum imperium par concession de l’archevêque d’Aix Philippe. ADBdR, 3 G 19, fol. 337-338, le 2 décembre 1259 auprès de l’archevêque d’Arles en l’église Saint-Pierre du monastère Saint-Césaire, à propos d’une investiture de franc-fief en faveur des Baux.
37 Traité du 17 juillet 1257 : ADBdR, B 354 et B 356, et nombreuses copies en B 143, fol. 41-41v et 114-114v ; B 2, fol. 15v-17, 28-29 et 66 ; B 176, fol. 93 ; B 149, fol. 9-11 et 15v-17 (ind. U. Chevalier, Regeste dauphinois. Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés et manuscrits relatifs à l’histoire du Dauphiné, des origines chrétiennes à l’an 1349, Valence, 1913-1926, no 9357 ; J.-P. Papon (éd.), Histoire générale de la Provence, 2, Paris, 1778, no 81, p. xc-xcvi ; C. Minieri Riccio, Genealogia di Carlo I. d’Angiò, prima generazione, Naples, 1857, no 9, p. 131-132 ; A. de Boüard (éd.), Actes et lettres de Charles Ier, roi de Sicile, concernant la France (1257-1284), Paris, 1926, no 1). Traité du 18 juillet 1257 : ADBdR, B 354 ; B 143, fol. 114-114v ; B 2, fol. 14-15v, 65v-66 ; B 176, fol. 92v-93 ; B 149, fol. 14-15v (ind. U. Chevalier, Regeste dauphinois… cit., no 9359 ; F. N. Nicollet (éd.), dans Annales des Alpes. Recueil périodique des archives des Hautes-Alpes, 6, 1903, p. 13-14, à partir d’une copie des Archives municipales de Sisteron).
38 Suite à un accord avec Galburge de Mévouillon et Mison conclu avant 1272 avec l’appui de la cour, Robert de Laveno a pu conserver le castrum de Serres (ADBdR, B 372 et L. Barthélemy, Inventaire chronologique et analytique des chartes de la maison de Baux, Marseille, 1882, no 567, les 31 mai et 4 juin 1272), ainsi que son fils Philippe (R. Filangieri et alii (éd.), I registri della cancellaria angioina ricostruiti, Naples, 1950 et sqq. [désormais RCA], 10, no 660 p. 167 ; RCA, 8, no 720 p. 244). En 1266, le roi et la reine Béatrice lui confirment les castra de Vaumeilh et Thèze, avec cens et albergues, au titre des nombreux services rendus à la cour dans la péninsule Italienne (ADBdR, B 1075, fol. 180). L’évêque de Gap, Othon de Grasse (1251-1281), allié et vassal du roi de Sicile, sous-inféode à Robert le castrum de Sigoyer, que Philippe reçoit au nom de son père Robert (Ibid., fol. 179, non daté, c. 1271-1278).
39 RCA, 1, no 41, p. 15-16 ; S. Morelli, Per conservare la pace. I Giustizieri del Regno di Sicilia da Carlo I a Carlo II d'Angiò, Naples, 2012.
40 RCA, 1, no 208, p. 77-78 ; no 228, p. 81.
41 Sur l’activité de Robert de Laveno en Piémont et Lombardie : G. M. Monti, La dominazione angioina in Piemonte, Turin, 1930, p. 16 n. 7, p. 19, 27-29, 331-33, 37-38, 40, 43 et 47 ; P. Grillo, Un dominio multiforme. I comuni dell’Italia nord-occidentale soggetti a Carlo I d’Angiò, dans R. Comba (dir.), Gli Angiò nell’Italia nord-occidentale (1259-1382), Milan, 2006, p. 31-101 ; R. Rao, Les marquis de Ceva et la politique féodale angevine au Piémont (1260-1382), dans Provence historique, 64, 2014, p. 85-112. Pour la Toscane : RCA, 9, no 91 p. 131-132, 1er mars 1272. Robert de Laveno reste aussi auprès de Charles d'Anjou entre 1268 et 1276. RCA, 1, no 26, p. 33 pour l’une de ses premières missions, le 13 décembre 1266 (évêque et commune d’Asti). RCA, 2, no 742 p. 189-190 (à Rome, 28 septembre 1268), p. 194 (à Bari, 20 décembre 1268), RCA, 4, no 770 p. 115 (à Melfi avec le roi), no 797 p. 119 (à Naples), no 1170 p. 194 (5 avril 1270, sur la collecte de la taille des juifs de Provence) ; RCA, 5, no 15 p. 193 et no 7 p. 189, RCA, 2, p. 190-204, no 738 p. 188, nos 745-747 p. 190-192 (1er janvier-13 juin 1269, à Foggia), RCA, 5, no 5-6 p. 188-189 et no 13 p. 191-192 et RCA, 2, p. 204 (8 mai puis juillet-août 1269, au siège de Lucera), RCA, 5, no 21 p. 195-196 et no 19 p. 194-195, no 14 p. 192-193 (3 et 13 juillet, 23 septembre 1269, au siège de Lucera), no 1, 4 et 5 p. 187-189, no 18 et 29 p. 194 et 197-198 (25-30 septembre 1269, à Melfi), no 3 p. 187-188 et no 22 et 25 p. 196-197 (à Naples, 15 octobre, 21-25 décembre 1269), RCA, 4, no 228 p. 52 et no 232 p. 53 (3 et 6 avril 1270), RCA, 7, no 134 p. 232 (6 novembre 1271, à Melfi), RCA, 8, no 94-95 p. 107-108 (9 mai 1272, à Rome), RCA, 10 no 323, p. 83 (1272-1273), no 76 p. 228-230 (3 janvier 1273), no 800 p. 205-206 (5 août 1273), no 633 p. 161 (8 août 1273), RCA, 11, no 335 p. 158 (11 mars 1274), no 216-217 p. 312 (20 juillet 1274), no 54 p. 266 (19 mars 1275), no 63 p. 268 (1275), no 89 p. 273 (9 août 1275), no 300 p. 334-335, no 396 p. 359-360 (21 août 1276).
42 ADBdR, B 368 (copie du 4 juin 1270) ; A. de Boüard, Actes et lettres de Charles Ier roi de Sicile… cit., no 529 et RCA, 9, no 6, p. 106-107 (aussi bien dans la péninsule que dans les diocèses de Gap et Embrun).
43 R. Rao, Ceva, i suoi marchesi e gli Angiò, dans Bollettino della Società per gli studi storici, archeologici ed artistici della provincia di Cuneo, 146-1, 2012 (Ceva e il suo marchesato. Nascita e primi sviluppi di una signoria territoriale), p. 57-70 ; R. Rao, Les marquis de Ceva et la politique féodale angevine… cit.
44 RCA, 4, no 88 p. 14, no 163 p. 28 (en 1266, seigneur de Durazzano, en Terra di Lavoro, auj. prov. Benevento). Le 21 avril 1269, le roi lui inféode la cité et castrum de Sant’Àgata dei Goti et les castra de Tocco Càudio, Pietra di Tocco (Principato e Terra Beneventana ; auj. prov. Benevento) et Carazzano (Terra di Lavoro), à l’est de Caserta. Cette inféodation ne fait cependant pas suite à un anoblissement, comme il est dit quelquefois. RCA, 2, no 758, p. 196-197 ; S. Pollastri, L’aristocratie comtale sous les Angevins (1265-1435), dans MEFRM, 125-1, 2013, n. 15.
45 R. Rao, La domination angevine en Italie du Nord (XIIIe-XIVe s.), dans Mémoire des Princes Angevins, 8, 2011, p. 15-33. Robert de Laveno porte en 1270-1271 le titre de « procurator ad tractandum et faciendum amicitiam firmam cum prelatis et marchionibus et comitibus et potestatibus et civitatibus et aliis nobilibus et singularibus personis in Ytalia et in terra Ebredunensi et Vapincensi », lors de son activité à Alba et Plaisance (P. Castignoli, L’alleanza tra Piacenza e Carlo d’Angiò, Bollettino storico piacentino, 69, 1974, p. 1-38 et ici p. 25).
46 Ainsi en 1272 à Plaisance : RCA, 8, no 113 et 569, p. 25 et 203, en février 1272 ; au sujet d’Asti, les 3 février et 3 octobre 1272 : RCA, 9, no 77 et 10, p. 127 et 108.
47 ADBdR, B 368, Robert agit en tant que procureur du roi.
48 RCA, 7, no 49 p. 100 (1271-1272, aux côtés de Jacques Gantelmi et Jean de Maffleto) ; RCA, 11, no 229, p. 316 (4 octobre 1275).
49 R. Rao, Ceva, i suoi marchesi e gli Angiò… cit., p. 57-70 ; R. Rao, Les marquis de Ceva et la politique féodale angevine… cit.
50 Le 28 mars 1270, Robert et son fils Philippe ont reçu en fief des marquis de Savona, sous la haute seigneurie de Charles d'Anjou, Garresio et Ulmeta en Piémont (RCA, 4, no 781, p. 116-117 ; Garessio, prov. Cuneo). En juillet 1270, Robert de Laveno est dit seigneur de Garessio (ADBdR, B 368). Le 8 septembre 1270, il reçoit Ormea, Massimino, la moitié de Garessio, Mursecco, Provinca, Ceresola, Bagnasco, le tiers de Bardineto, consolidant sa position dans la vallée du Tànaro (ADBdR, B 369). R. Rao, Les marquis de Ceva et la politique féodale angevine… cit.
51 R. Rao, Les marquis de Ceva et la politique féodale angevine… cit.
52 ADBdR, B 368. R. Rao, Les marquis de Ceva et la politique féodale angevine… cit.
53 ADBdR, B 368.
54 ADBdR, B 372, le 30 septembre 1270 (confirmation le 16 décembre 1270 à Valernes, dans la domus de Robert, par sa femme Sophia et son fils Philippe) ; AN, J 850, le 16 décembre 1270. R. Rao, Les marquis de Ceva et la politique féodale angevine… cit.
55 ADBdR, B 207, fol. 4v-5, Nota super mero imperio (non daté, mais alors que Guillaume de Gonesse était viguier de Marseille). R. Busquet, L’histoire d’une consultation du XIIIe siècle… cit. ; G. Giordanengo, Le droit féodal dans les pays de droit écrit… cit., p. 150-151.
56 ADBdR, B 374 et 1 H 157 no 772, acte confirmé par l’abbé Guillaume, le prieur claustral Hugues et son chapitre le 22 novembre 1275, ainsi que par le roi le même mois (RCA, 11, no 455, p. 378). Il s’agit des droits que l’abbaye avait obtenus suite au règlement de l’affaire du vicomte Roncelin au début du siècle. L’abbé est représenté par le prieur d’Agoult, le moine Aonnus. Auprès du sénéchal, figurent Robert de Laveno, Jean de Maffleto, Jacques Gantelmi, conseillers et familiers du roi, Raymond Scriptor, Guillaume d’Aix procureur du roi en Provence ; l’acte est conforté par les cardinaux Visdomino Visdomini de Palestrina et Bertrand de Saint-Martin de Sabine, et corroboré par de nombreux autres fidèles de Charles d'Anjou dont l’évêque de Sisteron Alain de Luzarches.
57 Une troisième est probable, quoique les juristes consultés ne soient pas nommés. Elle porte sur les regalia et a été demandée par le sénéchal, le 25 mars 1275 (habito cum sapientibus nostre curie consilio) : A. de Boüard, Actes et lettres de Charles Ier roi de Sicile… cit., no 942.
58 Ibid., no 946 (25 mars 1276) ; RCA, 11, no 346, p. 343-344.
59 ADBdR, B 375 (12 janvier 1278), B 4, fol. 16v-17 (copie postérieure) ; F. Cortez, Les grands officiers… cit., p. 126-129 ; R. Busquet, L’histoire d’une consultation du XIIIe siècle… cit. ; Éd. Baratier (éd.), Enquêtes sur les droits et revenus de Charles Ier d'Anjou… cit., p. 49 n. 1 ; G. Giordanengo, Le droit féodal dans les pays de droit écrit… cit., p. 151. Sur le contexte de l’affaire : Th. Pécout, Les collégiales dans l’espace du diocèse. Provinces ecclésiastiques d’Aix, Arles et d’Embrun, XIIe-XIVe s., dans Cl. Andrault-Schmitt, Ph. Depreux (dir.), Chapitres séculiers et production artistique au XIIe siècle, vie canoniale, art et musique à Saint-Yrieix, Actes du colloque de Limoges-Saint-Yrieix-Poitiers, 2009, Limoges, 2014, p. 67-95.
60 ADBdR, B 1375, fol. 13v-14, invoquant la consultation de 1278 (copie c. 1350) : G. Giordanengo, Vocabulaire romanisant… cit. ; G. Giordanengo, Le droit féodal dans les pays de droit écrit… cit., p. 151 n. 162.
61 Philippe est attesté en 1255 (ADBdR, B 351) puis 1272, comme fils de Robert et de Sophia, la fille de feu Guglielmo, marquis de Ceva (ADBdR, B 372).
62 Philippe de Laveno acquiert les castra d’Esparron-la-Bâtie et de Mison, avant 1292 (ADBdR, B 394), et de Montrond à cette même date. Le 19 juillet 1292, le sénéchal lui inféode Orpierre, l’Étoile, Lagrand, Sainte-Colmbe et Serres (ind. U. Chevalier, Regeste dauphinois… cit., no 11084). Il est baile de Digne (RCA, 2, no 451 p. 119, le 28 juin 1269 ; ADBdR, B 367, 24 septembre 1269 ; et RCA, 8, no 613 p. 217, le 1er avril 1272 ; le 14 avril 1271, il figure seulement comme seigneur de Valernes, ADBdR, B 370) et reçoit des rentes du roi (A. de Boüard, Actes et lettres de Charles Ier roi de Sicile… cit., no 135, 426, 465-466 et 578). Il paraît lors d’affaires concernant l’évêque de Gap (Gallia christiana novissima, J.-H. Albanès, L. Fillet, U. Chevalier (éd.), Montbelliard, 1899, [désormais GCNN], 1, Instr., no 27 et ind. U. Chevalier, Regeste dauphinois… cit., no 11010, en novembre et décembre 1271). Il sert aussi le dauphin comme baile du Gapençais entre 1276 et 1279 (ind. U. Chevalier, Regeste dauphinois… cit., no 11530, 11866, 11952, 11998, 12018, 12026). Justicier de la Terra di Lavoro et Comté de Molise en 1280 (RCA, 50, no 969 p. 406, no 972 p. 408-409, no 994 p. 419, no 1006-1007 p. 426-428, no 1050 p. 454-455), vicaire de Charles d'Anjou à Rome en avril 1281 puis entre juillet 1282 et janvier 1283, il est sénéchal de Provence en 1285-1288. F. Cortez, Les grands officiers royaux … cit., p. 43-45 ; A. de Boüard, Le régime politique et les institutions de Rome au Moyen Âge (1252-1347), Paris, 1920, p. 245-246 ; M.-T. Caciorgna, L'influenza angioina in Italia : gli ufficiali nominati a Roma e nel Lazio, dans MEFRM, 107-1, 1995, p. 173-206. Robert de Laveno a-t-il d’autres enfants ? Un Pierre de Lavenis est cité en 1272, mais on ne sait le rattacher aux Laveno (RCA, 5, no 254 p. 261) ; les milites Bérenger et Huguet de Laveno, des frères, paraissent aux côtés de Robert en 1271-1272 au sujet d’une donation royale d’un casal et d’un fief dans le justicérat de Sicile (RCA, 8, no 495 p. 189) ; Huguet est à nouveau mentionné avec un Laurent de Laveno, tous deux écuyers, en 1272, à propos de pension versées par le justicier en Sicile (RCA, 9, no 410, p. 280-281. On repère aussi un familier de Robert, un certain Jean ou Giovanni de Sugio, pour lequel il obtient le consentement royal à son mariage avec Giburge, fille de Félix de Petra Pulcina (RCA, 9, no 417 p. 186, en 1272).
63 G. Giordanengo, « Arma legesque colo ». L’État et le droit en Provence (1246-1343), dans L’État angevin. Pouvoir, culture et société entre XIIIe et XIVe siècle. Actes du colloque international de Rome-Naples, 1995, Rome, 1998 (Collection de l’École française de Rome, 245), p. 35-80.
64 F. Cortez, Les grands officiers… cit., p. 126-129 ; R. Busquet, L’histoire d’une consultation…cit. ; Éd. Baratier (éd.), Enquêtes sur les droits et revenus de Charles Ier d'Anjou… cit., p. 49 n. 1.
65 Riccardo Rao a posé les jalons de cette réflexion à propos des conventions passées dans le marquisat de Ceva et avec les villes de Provence et de Piémont-Lombardie : R. Rao, Les marquis de Ceva et la politique féodale angevine… cit., et La domination angevine en Italie du Nord… cit. Le rôle et la connaissance de Robert de Laveno paraissent fondamentaux aussi au regard des applications du droit des fiefs : G. Giordanengo, « Arma legesque colo »… cit.
66 Voir par exemple la carrière du jurisperitus Jacques de Vastalla, noble originaire de Moustiers, signalé jusqu’en 1320 comme juge royal, mais aussi juge criminel dans le Comté Venaissin pontifical. Th. Pécout, Le personnel des enquêteurs en Provence angevine : hommes et réseaux, 1251-1365, dans Th. Pécout (dir.), Quand gouverner, c’est enquêter. Les pratiques politiques de l’enquête princière, Occident, XIIIe-XIVe siècles. Actes du colloque d’Aix-en-Provence et Marseille, 2009, Paris, 2010, p. 329-355.
67 Sur Visdomino Visdomini, archevêque d’Aix (1257-1273) puis cardinal de Palestrina († 1276), je renvoie à A. Chiama, Th. Pécout, Les obituaires du chapitre cathédral Saint-Sauveur… cit., no 551 (individu que nous avions appelé par erreur « Visconti »), en attendant la publication de mon mémoire Ultima ratio. Vers un État de raison. L’épiscopat, les chanoines et le pouvoir des années 1230 au début du XIVe siècle (provinces ecclésiastiques d’Arles, Aix et Embrun), Habilitation à diriger les recherches, Université de Paris I, 2011 (dactylographié). Sur son rôle en Piémont et Lombardie : E. Canobbio, Per una prosopografia dell’ufficialità subalpina. Personale ecclesiastico al servizio degli Angiò, dans R. Comba, Gli Angiò nell’Italia nord-occidentale… cit., p. 293-295.
68 G. Giordanengo, Le droit féodal dans les pays de droit écrit…cit., p. 148-150 ; Id., Consilia feudalia, dans M. Ascheri, I. Baumgärtner, J. Kirshner (dir.), Legal consulting in the civil law tradition, Berkeley, 1999, p. 163-173.
69 Verdello peut renvoyer à une localité proche de Bergamo, Lombardia, prov. Bergamo. Une famille Cavallerius est attestée à Cuneo (je remercie Riccardo Rao pour cette information).
70 G. Giordanengo, Le droit féodal… cit., p. 275-277.
71 Quant à Philippe, archevêque d’Aix (1251-1257), on sait qu’il s’agit d’un civiliste formé à Orléans, mais il n’arbore que le grade de maître et n’exerce de droit aucun office, même si de fait il participe au gouvernement de la Provence aux côtés du sénéchal. Pierre de Ferrières est doctor legum de Toulouse dès 1288, mais il obtient aussi le doctorat dans l’autre droit, et il y enseigne ; il est l’auteur d’un petit traité, De mero et mixto imperio, d’additions à la Glose d’Accurse, au Digeste et au Code : L. Cadier, Essai sur l’administration du royaume de Sicile, Paris, 1891, p. 251-252 ; Y. Dossat, L’Université de Toulouse, Raymond VII, les Capitouls et le roi, dans Les universités du Languedoc au XIIIe siècle, Toulouse, 1970 (Cahiers de Fanjeaux, 5), p. 75-76 ; S. Palmieri, La cancelleria del regno di Sicilia in età angioina, Naples, 2006, p. 167-168 et n. 299 ; G. Giordanengo, Lexikon des Mittelalters, 4, 1989, p. 397-398, et s. v. Ferrières, Pierre de, dans P. Arabeyre, J.-L. Halpérin, J. Krynen (dir.), Dictionnaire historique des juristes français, XIIe-XXe siècle, Paris, 2007, p. 327-328. Th. Pécout, Jacques Duèze, évêque de Fréjus (1300-1310), dans, Jacques Duèze-Jean XXII et le Midi, Toulouse, 2013 (Cahiers de Fanjeaux, 45), p. 41-68 ; S. Pollastri, Jacques Duèze à la cour des Angevins de Naples, dans Ibid., p. 83-100.
72 Sur ce personnel de grands officiers et les individus ici mentionnés : Th. Pécout, Jacques Duèze, évêque de Fréjus… cit. ; Id., La construction d'un office : le sénéchalat des comtés de Provence et Forcalquier entre 1246 et 1343, dans R. Rao (dir.), Les grands officiers dans les territoires angevins / I grandi ufficiali nei territori angioini, Rome, 2016 (Collection de l’École française de Rome, 518/1) ; Id., Les maîtres rationaux de Provence au XIVe siècle, dans A. Jamme (dir.), Le pouvoir de compter et décompter. Structure et contrôle des comptabilités des XIIIe-XVe siècles (Le contrôle des comptes, deuxième rencontre de l’ANR GEMMA, Avignon, 2012), à paraître ; J.-L. Bonnaud, Les juges mages du comté de Provence (XIIIe-XVe siècles), dans R. Rao (dir.), I grandi ufficiali nello spazio angioino… cit., et Les officiers comptables des comtés de Provence et Forcalquier et leurs comptes (XIVe-XVe siècle), dans Th. Pécout (dir.), De l’autel à l’écritoire. Aux origines des comptabilités princières en Occident (XIIe-XIVe siècle), Actes du colloque international d’Aix-en-Provence, 2013, Paris, 2016, p. 269-287.
73 F. Cortez, Les grands officiers… cit., p. 145.
74 C. Minieri Riccio, Cenni storici intorno i grandi uffizi del Regno di Sicilia durante il regno di Carlo I d'Angiò, Naples, 1872, p. 125-134 ; G. M. Monti, Sparano da Bari junior [1927], dans Id., Dal secolo sesto al decimoquinto. Nuovi studi storico-giuridici, Bari, 1929, p. 65-82 ; S. Palmieri, La cancelleria del regno di Sicilia in età angioina, Naples, 2006, p. 53-54, 42 n. 40, 67 n. 90, p. 70, 123 et 174 ; G. Lucatuorto, Le tombe di Roberto da Bari et di Sparano, dans Archivio Storico Pugliese, 51, 1998, p. 221-225.
75 Charles Martel († 1295), roi de Hongrie en 1290.
76 Son sarcophage se trouve au sud-est de l’église, avec son épouse Flandina Della Marra, et une épitaphe moderne mentionnant sa fonction de grand protonotaire et son service auprès de Charles d'Anjou et de Charles II : G. Lucatuorto, Le tombe di Roberto da Bari et di Sparano… cit.
77 F. Cortez, Les grands officiers… cit., p. 150-152 ; J. H. Albanès, Histoire de la ville de Roquevaire et de ses seigneurs au Moyen Âge, Marseille, 1881, p. 105-108 ; N. Coulet, Aix-en-Provence… cit., 4, Annexe 2, p. 26-28.
78 ADBdR, B 386, 10 octobre 1289.
79 Th. Pécout (dir.), F. Michaud, Cl. Roux, L. Verdon (éd.), L’enquête de Leopardo da Foligno en Provence centrale (novembre-décembre 1332 et juin-août 1333), Paris, 2011, p. 538 n. 10.
80 J.-L. Bonnaud, Un État en Provence… cit., no 680 ; Th. Pécout, La coseigneurie au seuil du XIVe siècle en Provence : un postulat revisité, dans Memini. Travaux et documents. Société des études médiévales du Québec, 13, 2009, p. 23-43 ; Id., Un établissement clunisien aux portes des Alpes : le prieuré de Valensole, XIIIe-XIVe s., dans A. Playoust (dir.), Saint-André de Rosans. Maisons monastiques médiévales, Provence-Dauphiné, Actes du colloque de Saint-André de Rosans, 2008, Gap, 2010, p. 150-182.
81 Voir supra n. 1, et n. 64 pour les maîtres rationaux, les juges mages et les officiers des comptes. Pour le XVe siècle : N. Coulet, Le personnel de la chambre des comptes de Provence sous la seconde maison d’Anjou (1381-1481), dans Ph. Contamine, O. Mattéoni (dir.), Les chambres des comptes, XIVe-XVe siècles. Actes du colloque des archives départementales de l’Allier, Moulins, 1995, Paris, 1996, p. 135-148.
82 J.-L. Bonnaud, Un État en Provence…cit., no 1102.
83 Ibid., no 363.
84 Th. Pécout, Diplômes, diplomates et diplomatie : le registre du maître rational Jean de Revest, procureur de la reine Jeanne in Romana Curia, 1343-1347, dans Z. Kordé, I. Petrovics (dir.), La diplomatie des États angevins aux XIIIe et XIVe siècles, Actes du colloque international de Szeged-Visegràd-Budapest, 2007, Rome-Szeged, 2010, p. 251-287.
85 J.-L. Bonnaud, Un État en Provence…cit., no 226.
86 Ibid., no 219.
87 Ibid., no 1135.
88 Ibid., no 1079. Il est sans doute apparenté aux Thome qui gravitent dans l’entourage d’Adhémar Amiel et de Jacques Duèze : V. Theis, La réforme comptable de la Chambre apostolique et ses acteurs au début du XIVe siècle, dans MEFRM, 118-2, 2006, p. 169-182.
89 P. Valéry, Petite lettre sur les mythes (1928), dans Œuvres, 1, J. Hytier (éd.), Paris, 1957, p. 966.
Auteur
Université Jean Monnet, Saint-Étienne, UMR LEM-CERCOR - thierry.pecout@univ-st-etienne.fr
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