Le rôle de l’école de médecine de Salerne dans la formation du personnel angevin à la fin du Moyen Âge
Note de l’auteur
La première partie de cette étude (Les sources écrites) a été redigée par Amalia Galdi, la seconde (Épigraphes, manuscripts et culture savante) par Alfredo M. Santoro. Traduction en français par Clarisse Thévenin et Alfredo M. Santoro..
Texte intégral
Les sources écrites
1Les premiers témoignages d'un développement particulier de la médecine à Salerne datent de la seconde moitié du Xe siècle, lorsque la renommée des médecins locaux avait cependant déjà franchi les frontières de la péninsule Italienne1. Toutefois, les sources ne nous apprennent rien sur les origines de la médecine salernitaine et n’apportent pas d’information sur les circonstances par lesquelles les connaissances médicales avaient trouvé en la ville de Salerne – siège d’un duché, puis d’une principauté lombarde – un lieu favorable d’introduction et d’élaboration au haut Moyen Âge. Il est certain cependant que les pratiques et les théories médicales salernitaines ont trouvé leur origine dans les connaissances de tradition romano-byzantine ayant circulé en Méditerranée. Celles-ci, destinées à se mêler plus tard à celles du monde arabe, réalisèrent ainsi une combinaison tellement fructueuse qu’elle permit à la future Scuola de se présenter comme une expérience originale et multiculturelle dans le panorama européen du bas Moyen Âge 2.
2En outre, il est probable que jusqu'au XIIe siècle au moins, la médecine salernitaine n'a pas été une structure organisée – une École au sens strict – et que son enseignement a été dispensé en différents endroits3, qui plus tard seulement ont exprimé une nouvelle ou plus complète « forma di coordinamento, di organizzazione in qualche modo collegiale della pratica e della didattica, con un curriculum di studio basato su un gruppo standard di libri di testo »4, grâce à une évolution qui trouva son aboutissement dans les lois de Frédéric II, et surtout dans les Constitutions promulguées à Melfi en 12315. Les dispositions de Frédéric II relatives à la procédure d'octroi des licences en médecine prévoyant un examen préliminaire public devant les Magistri de Salerne, ainsi que la formalisation d’un cursus studiorum, sont connues. Celles-ci, sur la base des connaissances actuelles, sanctionnaient pour la première fois sur le plan législatif le rôle éminent de la médecine de Salerne dans le Royaume de Sicile. La législation de Frédéric II constitue cependant l'aboutissement d'un processus qu’il n’est pas toujours possible de retracer dans toutes ses phases et qui, en ce qui concerne ses bases théoriques, a trouvé une période fondamentale de développement au XIe siècle, grâce aux traductions des textes grecs et arabes, tandis qu’un travail original de synthèse, de réélaboration et d’innovation des connaissances d'origine surtout européennes et françaises – avec lesquelles Salerne est entrée en contact6 – eut lieu au cours du XIIe siècle.
3Après l’extraordinaire période de la médecine salernitaine au cours des XIIe-XIIIe siècles, où Salerne a joué un rôle politique et économique important dans le sud de l'Italie – période des Normands puis des Souabes – a commencé le lent déclin de sa dimension cosmopolite et de son rôle dans la communauté scientifique internationale, avec comme conséquence une régionalisation progressive due à plusieurs facteurs internes et externes à la ville et au Regno, de nature à la fois politique, sociale et culturelle. Ce processus s’avéra irréversible, alors que l’École de médecine était soutenue par la législation de Frédéric et de ses enfants Conrad et Manfred, mais aussi par celle de leurs successeurs angevins et surtout par Charles Ier, qui, entre autres choses, aurait accordé des exonérations fiscales aux étudiants résidant à Salerne et aux enseignants, norme renouvelée en 1413 par Ladislas de Duras, le souverain qui a concédé au « Studium général de la médecine » le premier statut régulier. Si l’octroi du premier salaire annuel à un professeur de médecine – qui devint la norme avec le roi Robert – remonte à Charles II, c’est sous la reine Jeanne II qu’on décida l'exemption de la licence royale à ceux qui avaient obtenu une certification à Salerne pour la pratique de la médecine7.
4La régionalisation progressive de l’École est liée aussi à une croissance de la compétition avec l'enseignement de la médecine à Naples. À sa fondation par Frédéric II en 1224, le Studium napolitain comportait toutes les facultés, y compris celle de médecine8, mais il est probable que dès cette époque, seul l'enseignement de la médecine dispensé par l'École de Salerne soit resté en vigueur9. On remarque à ce sujet, une spécialisation disciplinaire salernitaine issue de la tradition théorique et pratique des siècles précédents. Cependant, à la lecture de la documentation publique angevine, il semble que déjà au début du XIVe siècle certains médecins du Regno ne recevaient plus leur formation à Salerne : en dehors de la présence d’étrangers au Regno, comme le célèbre Francesco di Piedimonte venu du Studium de Bologne, d'autres cas permettent de supposer une affirmation progressive de l’enseignement médical napolitain10, qui voit son aboutissement avec la création d'un Collegium de médecins, attesté au plus tard en 1423. Une structure corporative similaire se créé à Salerne, mais la reconnaissance juridique d'un Collegium doctorum ayant le droit de conférer des diplômes de médecine et de philosophie sans l'approbation royale ne semble pas antérieure à 144211.
5Toutefois, à l’époque angevine, les médecins de Salerne avaient encore une grande réputation dans le Royaume et certains d'entre eux avaient une relation directe avec la monarchie et ses plus proches collaborateurs, avec lesquels ils effectuaient parfois leurs activités professionnelles en contrepartie de privilèges et de dons, et – comme cela est attesté dans de nombreux cas – du titre de « familier ». Malgré la perte désastreuse de la plupart des documents publics angevins, les sources restantes et la tradition historique et érudite nous ont livré les traces de nombreux médecins d'origine salernitaine, ou vraisemblablement formés à Salerne, ayant bénéficié d'un prestige particulier dans le Regnum. Ces arguments sont en partie connus, bien qu’il manque encore, en l’état actuel, des recherches systématiques ayant mis au jour les cadres de la médecine à Salerne pendant la période angevine – et cette lacune est particulièrement nette si l’on se place dans une perspective prosopographique – alors que se développe en revanche une herméneutique de plus en plus raffinée des textes médicaux et de leur tradition12. Par ailleurs, il n’existe absolument pas de recherche consacrée à l’évaluation du rôle des médecins – de Salerne ou non – dans la société méridionale des XIIIe–XVe siècles, visant à savoir si et dans quelle mesure ils avaient pris part à la vie politique et institutionnelle de l’époque, et quel était en général leur poids spécifique dans les lieux au sein desquels ils pratiquaient leur profession. On peut se demander également si, par exemple, les médecins ont occupé des charges administratives dans la fonction publique du Royaume, de quelle nature étaient ces charges et de quelle façon elles étaient liées à leur spécialisation professionnelle, bien que vraisemblablement leur prestige dérivait de cette spécialisation, et de là leur rapport de confiance avec la monarchie.
6Nous proposons ici les premiers résultats d'une recherche en cours, en attente de procéder à une étude plus systématique de la documentation, laquelle démontre une implication significative des médecins dans la vie politique de l’époque. Il faut souligner cependant que parmi les informations auxquelles il est fait ici référence parfois sur la base d’études érudites antérieures à la seconde Guerre Mondiale, il reste difficile de les vérifier pour la période chronologique non encore couverte par la reconstitution en cours des Registres de la chancellerie angevine de Naples.
7Une bonne partie de ceux qui sont désignés comme medici, phisici ou magistri en médecine bénéficient entre-temps d’un status ecclésiastique, du moins pour la période souabe et pour la totalité de la première époque angevine, et certains d’entre eux sont également impliqués dans les affaires diplomatiques importantes de la monarchie. Parmi les cas les plus représentatifs de la période souabe citons Giovanni Castellomata, chanoine de la cathédrale de Salerne, magisteret médecin, qui jouissait d’un grand prestige à la curie papale. Si Innocent IV, en 1254, est intervenu pour faciliter sa nomination en tant qu’évêque de Policastro en raison des mérites acquis par Castellomata aux yeux du Saint-Siège, c’est parce qu’à travers lui, le pape pouvait promouvoir à Salerne une affaire importante qui n’est malheureusement pas spécifiée par la source13. En pleine période angevine, en revanche, se distingue un membre de la famille Guindaccio/Guindazzo, à laquelle appartiennent aussi plusieurs autres médecins, et sur laquelle nous reviendrons plus tard, comme maître Simon, prêtre et docteur de Charles Ier, archidiacre de l'église de San Giovanni Maggiore de Naples14. Un autre magister salernitain a été plus tard Matteo Platamone, qui sous Charles II a également été archidiacre de la cathédrale de Capaccio et recteur de l'église de San Salvatore de Fundaco de Salerne ; il fut par la suite lettore reggente dans le Studium de Naples, et remplit la fonction d’examinateur de ceux qui voulaient obtenir la licence pour pratiquer la médecine dans le Royaume15.
8Comme on pouvait s'y attendre, vu le rôle de l'École dans le Regno, de nombreux Salernitains sont devenus médecins personnels des rois angevins. La liste est longue16, et elle comprend des individus, parfois accompagnés du qualificatif de milites, familiares ou magistri, pour lesquels il est également possible de connaître le salaire ou les donations dont ils ont été bénéficiaires : ils sont surtout cités jusqu'à la période du règne de Robert Ier d'Anjou (1309-1343), pour coïncider clairement avec la période du plus grand prestige de la Scuola de Salerne et de ses représentants, destinés comme on l’a vu, à progressivement faire face à la concurrence des médecins de formation napolitaine.
9La considération dont ils jouissaient, qu’il s’agisse de médecins de cour ou de maîtres renommés, les a amenés à bénéficier d'exonérations fiscales. C’est le cas, par exemple, des doctores in medicinali scientia Pietro Caposcrofa, exempté du paiement des impôts en 1276 grâce à la faveur spéciale de Charles Ier17, ou de Pietro Capograsso qui en est exonéré en 1291 par la bienveillance du prince Charles18. Ils bénéficiaient parfois d'autres avantages particuliers, comme en 1284, lorsque Charles Ier subventionna les études à Salerne des deux fils de Raymond, magister et regie curie medicus et familiaris19.
10La même considération, à la fois au niveau local et auprès de la couronne, a permis à certains médecins d’assumer des missions diplomatiques importantes et délicates. À cet égard, le cas de Giovanni de Ruggiero est exemplaire. Il est le premier médecin salernitain pour lequel est attesté un salaire annuel accordé aux magistri de l'École de Salerne et une rente pour son âge avancé20 : clerc et archidiacre de Reggio, il fait partie des « élus de Salerne » choisis pour se rendre auprès du pape et le prier de nommer sur le trône de Naples Robert d'Anjou21. En outre, magistrum clericum, consiliarium, familiarem nostrum de Charles II en 1300, c’est Ruggiero Dompnomusco qui fut délégué comme ambassadeur du roi en 1299 auprès du comted’Atrebatensis22. Il est encore de l’autre côté des Alpes pour des affaires importantes de la curie en 1300, mais aussi à Gênes pro expressis et arduis serviciis, le 9 décembre de cette année, lorsqu’il est nommé également chapelain du pape 23, une qualité qui le distingue quand on enregistre son obit à Salerne en 130324.
11Mais c’est évidemment dans leur ville que les médecins de Salerne bénéficiaient d’une estime particulière, par laquelle ils figuraient au nombre des citoyens dits boni homines. La nomination de l'un d'entre eux en tant que juge de la ville est probablement liée au prestige découlant de leur profession, davantage qu’au statut social de leur famille d’origine. Parmi les cas les plus représentatifs, signalons celui de Matteo Dompnomusco qui, dans les années 1260 et 1270, fut maître et professeur de physique à Salerne mais aussi juge de la ville25, ainsi que prêteur, probablement occasionnel, de la Couronne26. Jacopo Ursone Pandolfo, fils du juge Matteo, et Matteo Cavaselice, professeur de physique et juge en 129227, sont également tous deux médecins et juges. En outre, certains médecins se spécialisent dans d'autres secteurs professionnels, comme Mazzeo ou Matteo Solimena, physicien, mais aussi docteur en droit en 138128, ou Matteo Fundicario, qui le 31 mai 1313 est nommé médecin par Robert, et apparaît le 13 juillet suivant dans la documentation en tant que médecin personnel du roi et de sa famille, « fiable et familier ». Son père Filippo avait été professeur de médecine et également médecin du roi : issu donc d'une famille de médecins, profession exercée également par son frère Giovanni, le Fundicario fut aussi nommé notaire des actes de la cour royale de Salerne – charge qui reflétait, sinon une formation juridique spécifique, du moins la réputation qu’il avait dans la ville29 – mais, une fois obtenue la chaire de médecin à Salerne, il renonça au notariat en priant le roi Robert d’accorder la charge à son oncle, demande acceptée le 23 octobre 131530.
12D’autres magistri salernitains, ou autrement liés de quelque façon à Salerne, réussirent également à occuper des rôles importants dans l’administration angevine : ceux-ci – même s’ils ne furent pas les seuls à être chargés de la fonction publique31 – témoignent de la contribution des membres de l'École de Salerne au gouvernement du Royaume, sinon en terme de formation de ses fonctionnaires, du moins en ce qu'elle participa sensiblement à la création de ces conditions de réputation et de crédit qui déterminèrent les choix de la monarchie. Parmi eux se trouve Bernillo Guindazzo32, appartenant à une famille d'origine napolitaine inscrite aux sièges de Capuana et Nido, et partiellement présente à Salerne, où elle est inscrite au siège du Campo33. L'historiographie savante ne précise pas si ses origines étaient de Salerne ou de Naples, mais elle le signale en tant que maître rational de la Magna Curia en 137534, titre avec lequel il est mentionné – ainsi que celui de docteur en médecine – dans l'inscription apposée sur sa tombe dans la chapelle familiale en la cathédrale de Naples, ville dans laquelle il est mort en 138235.
13Dans les mêmes années, la même historiographie enregistre un Guindazzo Bernardo, que De Renzi soupçonna en son temps être le Bernillo qui avait été le médecin de Philippe (II) prince de Tarente († 1375) et auparavant de son frère Robert († 1364), lui aussi prince de Tarente. Petit-fils de Simon Guindazzo iuniore, mentionné dans un document de 1343, il était encore en 1345-1346 étudiant en médecine et chanoine de la cathédrale de Bari36. On ne peut cependant pas exclure que ces deux personnes soient différentes37, peut-être deux frères : à ces informations, il faut toutefois ajouter que dans la documentation angevine il est aussi qualifié de professeur de médecine, et maîtrerational, presidens in officio audiencie rationum le 26 juillet 135838. Une famille notable donc que celle des Guindazzo, dont de nombreux membres étaient médecins, mais dont certains ont revêtu d'autres fonctions importantes : Bartolomeo a enseigné le droit civil en 1307-1308, Guillaume a été archevêque de Naples en 1388, et plus tard Francesco Antonio occupa différentes charges dans la direction bureaucratique et administrative du Royaume à l’époque des Aragonais 39.
14Une autre famille qui donna de nombreux médecins – desquels certains ont tenu des postes élevés dans l’administration du Regno – est celle de Solimena, à laquelle appartenait Antonio, miles et professeur de médecine, nommé en 1382 maître rational de la Magna Curia40, et Thomas de Solimena, médecin de Ladislas de Duras (1386-1414)41, et père de Guillaume. En 1392, pendant le règne de Ladislas, ce dernier était maître rational de la Magna Curia, ainsi que trésorier des fonds issus des droits du sceau fiscal royal42. Le titre de receptor et expensor pecuniae proventum juris sigilli nostri de Guillaume s’accompagne de ceux de président de la Camera della Sommaria, de lieutenant du Grand Camérier et de conseiller et familier du roi dans un privilège du même Ladislas daté de 1413, reproduit dans son intégralité par De Renzi, qui rappelle également les titres de miles et docteur en physique : c’est à sa demande en effet que le roi a accordé une exonération totale d'impôts aux professeurs et aux étudiants de médecine et de chirurgie à Salerne43. Son étroite relation avec Naples et la Couronne ne l'empêchait pas par conséquent d'entretenir des rapports identiques avec Salerne : avant sa mort en 1414, il a fait dont à la chapelle Sainte-Catherine qu'il a fondée44, devant laquelle il a été enterré, d’une relique de sainte Catherine (un doigt), reçue de Marguerite de Duras ; c’est une démonstration de son lien profond avec les « Durazzeschi »45. Plus tard, la chapelle devint cause de litige entre les héritiers de Guillaume Solimena et les prêtres de la cathédrale de Salerne, car les volontés de Guillaume n’avaient pas été respectées – lesquelles prévoyaient qu’en ce lieu prêtres et chanoines de la cathédrale devaient réciter des messes en son souvenir – et l'utilisation initiale de la chapelle fut modifiée illégalement en y donnant des leçons de médecine, de droit, de grammaire et de logique 46.
15Le dernier exemple de médecin salernitain qui a eu une carrière dans l’administration angevine est Salvatore Calenda qui, dans un diplôme de Jeanne II daté de 1415, est attesté comme noble, médecin particulier de Jeanne, familier, fidèle et professeur en médecine, expensor pecuniae iuris utriusque sigilli nostri. Il fut également prieur du collège médical de Naples, après l’avoir été du collège de Salerne, sur nomination de Jeanne II qui, à cette occasion, le désigne comme miles 47.
16En conclusion de cette première partie, les données et les réflexions ici proposées semblent suffisantes pour prendre une mesure du potentiel de cette recherche, qui aura évidemment besoin d'approfondissements ultérieurs. La documentation ne nous permet pas d'établir avec certitude dans quelle mesure les rôles joués dans l'administration du Royaume par les médecins de formation salernitaine sont en rapport avec le prestige issu de leur profession, de leurs antécédents familiaux ou de leurs compétences spécifiques, théoriques ou pratiques. Cependant, de façon similaire à ce qui a été observé par Monti à propos des enseignants du Studium de Naples – bien qu'il se réfère aux professeurs de science juridique, presque tous devenus officiers de la cour –, il est probable que, pour certains d'entre eux le rôle académique fut un moyen et non un but, une étape pour acquérir des mérites permettant des avantages financiers ou de carrière. Dans tous les cas, la formation médicale et le prestige, qui dans certains cas en était issu, constituèrent sans aucun doute un présupposé significatif – avec d’autres – pour certaines carrières importantes. Un cadre dynamique et complexe donc que celui qui se réfère à la documentation écrite, destiné à être enrichi ultérieurement en croisant ces résultats avec les sources matérielles.
A.G.
Épigraphes, manuscrits et culture savante
17Aux fins d’une recherche prosopographique sur les officiers angevins, il est déterminant de considérer le potentiel informatif contenu dans les manuscrits, les inscriptions et dans les publications des érudits d’époque moderne. En fait, si l’on considère la destruction des actes écrits de la chancellerie angevine en 1943, les informations nominales, généalogiques, chronologiques et héraldiques contenues dans ces types d’études et ces sources représentent une contribution fondamentale, en particulier pour la période qui suit la domination du roi Charles II d'Anjou, laquelle n'a été concernée que de manière marginale par la reconstruction des Registri della cancelleria angioina commencée au milieu du siècle dernier48. Nous essayerons donc d’en décrire le potentiel et les limites liées à l'analyse croisée de différents types de documents.
18En Campanie, et en particulier dans les villes de Naples et de Salerne, la présence d'officiers et de notables est parfois attestée par des épigraphes présentes sur sarcophages ou sur divers autres supports en pierre, parfois encore dans des cathédrales et des églises de fondation royale et seigneuriale, bien qu’en position secondaire. De fait, les importants travaux et les nombreuses restaurations affectant les églises de toute l'Italie méridionale, surtout après les nombreux tremblements de terre d’époque moderne et les bombardements durant la seconde Guerre Mondiale, ont conduit à la perte ou à la destruction de certaines épigraphes. Le matériel ainsi perdu réduit la possibilité de contrôles autoptiques pour une étude épigraphique spécifique, laquelle est pleinement reconnue comme source primaire, mais on doit bien remarquer que la production érudite – qui a pu in primis récupérer et insecundis étudier certaines informations contenues dans les épigraphes ainsi que dans des documents écrits désormais perdus – présente de nombreuses indications fondamentales, bien que comportant parfois quelques ambiguïtés, incertitudes ou approximations.
19Les auteurs de ces précieux témoignages manuscrits et érudits, nonobstant l’importance de leur action, proposent des argumentations contradictoires déjà évidentes dans les différents objectifs de leurs discours : les sujets couvrent des domaines très hétérogènes (familles nobles, obituaires, descriptions de vestiges, épigraphes et monuments présents dans les églises et les chapelles). À partir du texte de De Renzi, explicitement dédié à l’histoire de l’École de médicine de Salerne, l’on a mis en évidence un ensemble d’officiers médecins duquel on a essayé de tirer plusieurs informations prosopographiques49. Afin d’exposer le critère de recherche adopté, il faut souligner que les indications présentées dans de nombreux ouvrages ont ensuite été comparées aux informations contenues dans des manuscrits inédits, tels que les manuscrits salernitains rédigés par Staibano, et le manuscrit Pinto, déjà mentionné. Ce manuscrit, conservé à la Biblioteca Provinciale de Salerne et datant de la seconde moitié du XVIIIe siècle50, a été récemment restauré et une étude sur les chartes qui le composent a été menée en même temps. Bien que partiel, cet examen a commencé à fournir des informations sur les familles nobles salernitaines. Le manuscrit Pinto propose une reconstitution des groupes familiaux nobles de Salerne, depuis le XIe siècle dans certains cas, apportant des indications généalogiques et héraldiques souvent inconnues par ailleurs. Pour chaque famille, la première charte décrit et représente l’emblème héraldique dans la partie haute du feuillet.
20Nous proposons de retenir le cas de Bernillo Guindazzo, mentionné par De Renzi en tant que médecin de Salerne, car il permet de relever quelques difficultés touchant les inscriptions en elles-mêmes, et surtout certaines données de la biographie du médecin, notamment la date de son décès et le lieu d’inhumation de sa dépouille51. Des informations concernant Bernillo se trouvent dans le Dizionario biografico degli Italiani, dans le portrait de Francesco Antonio Guindazzo :
Alla sua famiglia appartennero, con buona probabilità, alcuni personaggi citati nella documentazione relativa all'Università di Napoli : Simone Guindaccio da Salerno, professore di medicina dal 1278 al 1306 ; Bartolomeo Guindaccio, che insegnò diritto civile nel 1307-1308 ricevendo un compenso di 15 once ; Bernardo Guindaccio, nipote di maestro Simone e canonico di S. Nicola di Bari, che godette di una borsa di studio di 8 once d'oro all'anno, concessagli dal re per studiare diritto civile ; il miles Bernillo Guindazzo da Salerno, dottore in medicina e maestro razionale della Gran Corte nel 1375 ; morto nel 1383, fu sepolto nella cappella di famiglia presso la cattedrale di Salerno52.
21Le manuscrit confirme l’origine napolitaine de la famille qui s’enracine par la suite à Salerne53, indiquant que les Guindazzo ont été inscrits au siège de Nido à Naples, tandis que la branche salernitaine était insérée au siège du Campo à Salerne. En réalité, toutes les sources napolitaines mentionnent l’inclusion au siège de Capuana à Naples : un premier problème de cohérence des informations apparaît donc immédiatement, et reste à approfondir. Parmi les ancêtres de Bernillo, le manuscrit Pinto signale trois individus dénommés Simone, phisici (médecins) en 1245, 1343 et en 134654, et un autre médecin, Bernard, en 1382 – informations qui pourtant ne correspondent pas à celles présentées par le Dizionario biografico degli Italiani55. Le texte du manuscrit Pinto fournit des informations sur la famille à partir du XIIIe siècle et souligne immédiatement qu’il s’agit d’une famille de médecins. À la fin de la charte 79, il est rappelé : « Nell’avello dentro l’arcivescovato di Napoli, dietro la porta piccola, è l’Iscrizzione : Hic iacet corpus Dni Bernilli Guindatio de Salerno, Medicinalis Scientiae Doctoris, Magnae Curiae Regni Magistri Rationalis qui obijt ann. D. 1370 »56. Les informations mises en évidence par la transcription de l’épigraphe sont donc le nom du médecin, sa provenance, son rôle d’officier et la date du décès.
22Parmi les publications d’époque moderne, De Renzi, en 1857, transcrit l’inscription ainsi : Hic jacet corpus domini Bernilli Guindacii de Salerno, medicinalis scientiae doctoris, Magnae Curiae Regni Magistri Rationalis qui obiit anno Domini MCCCLXXXIII57,en rappelant que la source qu’il avait consultée était l’ouvrage de D’Engenio Caracciolo, lequel mentionnait l’épigraphe dans Napoli Sacra, son excellent travail de recherche paru en 1624 : « Nel sepolcro (cappella dei Guindazzi), nella cattedrale di Napoli, dietro la porta picciola, si legge : Hic iacet corpus domini Bernilli Guindacii de Salerno, medicinalis scientiae doctoris Magnae Curiae Regni Magistri Rationalis qui obijt Anno Domini 1382. Die..mens.. »58.
23En 1678, l’érudit Toppi a également enregistré l'épigraphe, mais dans ce cas les ambiguïtés sont vraiment singulières. Il relate que Bernillo a été magister rationalis en 1375, et qu’il meurt en 1383, d’après la lecture de l’épigraphe59 ; l'ambiguïté réside dans le fait d'annoncer la date de 1383 dans le commentaire, alors qu’il distingue la date de 1382 quand il s’agit de reproduire intégralement le texte de l’inscription. En outre, Toppi signale – et il est le seul dans ce cas avec le Dizionario biografico degli Italiani – que l'inscription est située dans la cathédrale de Salerne, dans laquelle il n’y a jamais eu, jusqu’à preuve du contraire, de chapelle Guindazzi. Il n'y a cependant pas d’indication concernant une inscription dans l'autre manuscrit salernitain inédit, écrit durant la seconde moitié du XIXe siècle par Staibano, intitulé SalernoEpigraphica. Toppi connaissait le travail de D'Engenio Caracciolo, et on pense pouvoir affirmer qu'il n'a sans doute jamais observé l'épigraphe personnellement60.
24En 1691, dans son travail sur les familles nobles, Aldimari apporte de nombreuses informations sur la famille « Guindazza », donnant une grande importance à Bernillo. Aldimari ne transcrit pas le texte de l'inscription, mais en citant sa source, D'Engenio Caracciolo, il nous donne la date du décès : 138261.
25Les trois dates différentes de la mort de Bernillo (1380, 1383 et 1382) méritent une réflexion attentive en confrontant les diverses versions sans avoir, hélas, la possibilité d'une lecture directe de l'épigraphe, désormais perdue62. Abimée, elle semble avoir été déplacée au cours du XVIIe siècle, par conséquent le seul à l’avoir vue effectivement à sa place devrait être D'Engenio Caracciolo. Il est utile néanmoins d’insister sur la question chronologique. Un éclaircissement s’impose sur les différentes dates proposées par l’historiographie, en avançant immédiatement que la plus vraisemblable est 1382, qui correspond à la plus ancienne lecture que l’on connaît, de D'Engenio Caracciolo, et qui sera par la suite reproduite par Toppi. Mais c’est justement ce dernier qui a créé une confusion, laquelle sera reproduite plus tard, sans vérification. La date de 1370 donnée par le manuscrit Pinto paraît peu crédible, car il semble que Bernillo soit magister rationalis cinq ans plus tard en 1375. L'auteur du manuscrit est le seul à ne pas citer la source de l'information, qui dans tous les autres cas est explicitement D'Engenio Caracciolo ; mais l'auteur du manuscrit Pinto commet une erreur que confirme également pour sa part la consultation du travail de D'Engenio Caracciolo. En effet, dans Napoli Sacra, ce dernier signale la transcription de l'épigraphe de Bernillo, mais il transcrit également l'épigraphe de son épouse : Hic iacet corpus mag. mulieris Dominae Ioannae de Amendolea filiae quondam Domini Ioczulini de Amendolea terrae ipsius Dominae, uxoris Domini Bernilli Guindacij militis de Salerno medicinalis scientiae professori et Magnae Curiae Regni Magistri Rationalis, quae obijt Anno Domini 1370. die 8. Iunij 8. Indictionis63. On peut imaginer que la mort de sa femme a peut-être conduit à la création d'un tombeau en 1370 pour plusieurs personnes, ou qui a été agrandi plus tard, ou encore auquel aurait été ajouté celui de Bernillo quelques années après. Toutefois, on apprend que Bernillo est également miles, donc l’inscription de sa femme donne encore plus d'informations que celle du magister rationalis lui-même. De plus, si l’épigraphe de sa femme date effectivement de 1370, il est bien évident que Bernillo a été officier magister rationalis au moins à partir de cette année-là.
26Si les divers auteurs avaient effectivement consulté le texte de D'Engenio Caracciolo, ils auraient retenu l’année 1382. Tout laisse à penser que tous les auteurs citent le texte de D'Engenio parce qu'il représente l’attestation la plus ancienne, mais ce sont les erreurs de Toppi qui ont influencé les auteurs postérieurs, en particulier celui de la notice présentée dans le Dizionario biografico degli Italiani ; en fait, il ne mentionne pas Toppi dans sa bibliographie, mais il l’a certainement consulté puisqu’il est le seul à reproduire toutes les imprécisions de son livre de 1678.
27À compter de 1621, il y a des descriptions et des transcriptions des épigraphes, mais aucune référence n’est faite aux tombes monumentales, qui au XVIIe siècle ne devaient plus être visibles ou déjà perdues64. Les tentatives d’approfondissement ont mis en fait en évidence des informations sur le maître d’œuvre qui a réalisé certaines sculptures, y compris les épigraphes (hypothétiquement) et le(s) tombeau(x) de Bernillo et de sa femme. Entre 1742-1743, l'historien et peintre Bernardo de Dominici a écrit son volumineux travail, Vite dei pittori, scultori, ed architetti napolitani. Dans ce précieux ouvrage, au sein duquel sont racontées les vies et les carrières de dizaines d'artistes, l'auteur décrit la figure de Masuccio, réalisateur de tombes, sculptures et architectures. Citons un extrait du texte qui peut aider à résoudre certaines questions importantes : « Così fece il sepolcro del famoso dottor Bernillo Guindacio, […] e questa sepoltura vedesi vicino la porta picciola del vescovato suddetto, che fu lavorata da Masuccio nel 1370, in occasione della morte di Giovanna Amendola di lui consorte. Così fece la sepoltura, nella cappella Crispano, di Landulfo Crispano luogotenente della regia camera […], il quale avea conferito il rationalato al suddetto dottor Bernillo, per i molti suoi meriti […] »65. Peut-on se fier à ces stimulantes informations, alors que De Dominici est connu pour inventer ou étayer la vie de certaines personnes illustres ? On peut vérifier immédiatement certains éléments :
- La description de la tombe (ou des tombeaux) de Giovanna66, épouse de Bernillo, place les monuments dans la cathédrale de Naples, exactement comme l’ont dit d'autres auteurs ;
- Il y a la date exacte de la mort de la femme de Bernillo que nous savons être 1370 ;
- De Dominici note également le nom de Landulfo Crispano qui a effectivement été enterré dans la cathédrale de Naples67 (il y avait une tombe avec épigraphe et date : 23 août 1371, rapportée par D’Engenio) ;
- Il existe un élément de fantaisie représenté précisément par le sculpteur Masuccio qui a réalisé la tombe.
28Vinni Lucherini, dans son récent travail sur la cathédrale de Naples, a montré que De Dominici a tout simplement inventé le personnage du Napolitain Masuccio, dans le but d’ennoblir Naples et l'Italie du Sud. En réalité, De Dominici résume la vie de ce personnage en reprenant et en transformant le travail de Vasari du milieu du XVIe siècle68. De Dominici célèbre Masuccio qui a été appelé à travailler à Rome et a réalisé la transformation de la cathédrale de Naples sous le règne de Charles Ier, alors que nous ignorons qui est l'auteur des tombes et de la cathédrale. Cette invention a été faite pour affirmer que ce ne sont pas des artistes étrangers qui ont planifié et mené à bien le travail, mais des artistes indigènes69.
29En conclusion, les officiers qui deviennent médecins sont pour la plupart des régnicoles, habitants de la ville de Salerne. Ceux qui ne sont pas d’origine salernitaine viennent habiter la ville justement dans le but d’étudier la médecine, mais la recherche n’en est qu’à ses débuts.
A.M.S.
Notes de bas de page
1 Il s’agit d’un épisode survenu à la cour du roi de France dont le protagoniste est un médecin de Salerne, rapporté par Richer de Reims (Richeri Historiarum libri IIII, G. H. Pertz (éd.), dans Monumenta Germaniae Historica, Scriptores, III, Hannoverae,1839, II, p. 600-601), et de la visite de l'évêque Adalbéron (985-988) à Salerne pour se faire soigner, relatée par le chroniqueur anonyme des évêques de Verdun et de Hugues de Flavigny (P. O. Kristeller, Studi sulla Scuola medica salernitana, Naples, 1986, p. 19-21).
2 Sur cette question, voir surtout G. Vitolo, L’Italia delle altre città. Un’immagine del Mezzogiorno medievale, Naples, 2014, p. 189-209. Pour d'autres réflexions et la bibliographie, A. Galdi, La « Scuola » medica salernitana, gli Ebrei e la Cronica Elini, dans Seferyuhasin. Review for the History of the Jews in South Italy / Rivista per la storia degli ebrei nell’Italia meridionale, n. s., 2, 2014, p. 107-139.
3 P. O. Kristeller, Studi sulla Scuola medica…, cit., p. 52-58.
4 E. D’Angelo, Scuola medica salernitana, dans Federiciana, II, Rome, 2005, p. 651.
5 Die Konstitutionen Friedrichs II. Für das KönigreichSizilien, W. Stürner (dir.), Hanovre, 1996 (MGH. Constitutiones et acta publicaimperatorum et regum, II, Supplementum), III, 45 (p. 412-413), III, 47 (p. 414-415), III, 46 (p. 413-414) : ce dernier article, concernant le cursus studiorum, est le résultat d'un décret ultérieur de Frédéric II, inséré dans la même collection, datant d’avril 1240, selon Stürner (p. 413).
6 Sur l'École de Salerne et son évolution au cours des XIe et XIIe siècles, on renvoie aux références bibliographiques dans A. Galdi, La « Scuola » medica salernitana…, cit., p. 111-113.
7 Sur ces sujets, entre autres, voir surtout P. O. Kristeller, Studi sulla Scuola medica…, cit., p., 69-73, 75-77.
8 G. M. Monti, Per la storia dell’Università di Napoli. Ricerche e documenti vari, Naples, 1924, p. 4.
9 A. De Stefano, La cultura alla corte di Federico II imperatore, Palerme, 1938, p. 298.
10 Un grand nombre de documents sont cités par G. M. Monti, Da Carlo I a Roberto d’Angiò. Ricerche e documenti, dans Archivio storico per la Provincie Napoletane, 20, 1934, p. 137-157.
11 A. Galdi, La « Scuola » medica salernitana…, cit., p. 127-128.
12 À cet égard, voir en particulier La Scuola Medica Salernitana. Gli autori e i testi, D. Jacquart, A. Paravicini Bagliani (dir.), Florence, 2007.
13 Codice Diplomatico Salernitano del secolo XIII, I. 1201-1281, Salerno durante la dominazione Sveva e quella del primo angioino, C. Carucci (dir.), Subiaco, 1931, n° 150, p. 274-275.
14 R. Filangieri et alii (éd.), I registri della cancellaria angioina ricostruiti, V, Naples, 1953, n. 184, p. 248 ; VII, Naples,1955, n. 12, p. 69. Il fut professeur au Studium de Naples, alors qu'il était archidiacre de l'église de Capoue et recteur de la collégiale napolitaine de San Giovanni Maggiore (S. De Renzi, Storia documentata della Scuola Medica di Salerno, Napoli, 18572, p. 510-511) ; décédé au début du XIVe siècle, il a été enterré en l'église de San Giovanni Maggiore à Naples.
15 S. De Renzi, Storia documentata…, cit., p. 513-514. Il pourrait également être le prêtre salernitain, chanoine de la chapelle du palais royal de Palerme, mentionné dans un document publié en novembre 1299 dans le Codice Diplomatico Salernitano del secolo XIII…, cit., n° 389, p. 436-437. Un Matteo Platamone iuniore, issu d'une famille d'origine amalfitaine, fut l'auteur d'un poème sur les bains de Pozzuoli (De Renzi, Storia documentata…, cit., p. 531).
16 On fournit ici une liste non exhaustive : Raimondo Dattilo, médecin du futur Charles II quand il était prince de Salerne (S. de Renzi, Storia documentata…, cit., p. 511) ; Giacomo Vulture, médecin de Charles Ier, mais déjà actif sous Manfred (Ibid., p. 512), maestro Gervasio, également médecin de Charles Ier (Ibid., p. 507) ; Pietro Marrone, médecin et familier de Charles Ier, il se fait renouveler par le roi la franchise des taxes sur les études (Ibid., p. 509) ; Filippo Fundicario, médecin d’abord du duc de Calabre, puis de Charles II (Ibid., p. 516) ; Pandolfo Protojudice, médecin de Robert et docteur en physique (Ibid., p. 524) ; Cesario Coppola, miles et physicus salarié par Robert en 1325 et médecin aussi de Charles duc de Calabre (Ibid., p. 530) ; Paolo Comite, miles et physicus de Robert d’Anjou (Ibid., p. 534) ; Nicola Setaro, physicus du roi Robert (Ibid.) ; Riccardo Cavaselice miles et médecin de Jeanne Ière en 1367 (Ibid., p. 537) ; Patrizio de Rugio, médecin du roi 1392-1393 (Ibid., p. 566).
17 Codice Diplomatico Salernitano del secolo XIII…, cit., n° 326, p. 462 ; le prince Charles, par ailleurs, le fait partir de Salerne en 1271 pour aller prendre soin de son oncle Alphonse, comte de Poitiers et de Toulouse, à Messine (Ibid., n° 245, p. 391).
18 Ibid., n° 82, p. 109-110. Voir S. De Renzi, Storia documentata..., cit., p. 511.
19 C. Carucci, Salerno dal 1282 al 1300, Subiaco, 1946, n° 15, p. 29 (17 décembre 1284). La subvention est reconduite le 10 novembre 1285, lorsque Raymond demande, après la mort de Charles, qu’elle puisse continuer même si les enfants avaient déménagé pour étudier à Naples, une opportunité qui est acceptée : Ibid., n° 17, p. 31-32 (en date du 10 novembre 1285).
20 S. De Renzi, Storia documentata…, cit., p. 559, et documents n° 301-302, p. CXXII-CXXIII.
21 Ibid., p. 517 ; la mission a été accomplie quand il était maire de Salerne selon le soi-disant manuscrit Pinto (Salerne, Biblioteca Provinciale, ms. 19 [désormais Ms. Pinto], avec le titre Famiglie nobili delli tre Seggi di Salerno, fol. 137). Voir aussi C. Carucci, Salerno…, cit., n° 251, p. 287 (26 février 1296). Sur la famille de Ruggiero pendant les règnes de Charles Ier et Charles II, voir A. Galdi, Conflittualità, potere regio e dinamiche sociali nella Salerno angioina. Momenti di una ricerca in progress, dans Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge, 123-1, 2011, p. 247.
22 S. De Renzi, Storia documentata…, cit., p. 519. La même nouvelle est rapportée dans leMs. Pinto, qui le définit physicien et clerc puis archidiacre et il rappelle également une ambassade en la ville de Lucques, ainsi qu’un voyage à Rome, en 1304, avec le trésorier auprès du pape pour porter 8 000 écus au nom du roi pour le tribut annuel du Royaume (fol. 62v-63).
23 C. Carucci, Salerno…, cit., n° 397, p. 446, et n° 419, p. 464.
24 Necrologio del Liber Confratrum di S. Matteo di Salerno, C. A. Garufi (dir.), Rome, 1922 (Fonti per la storia d’Italia, 56), p. 43, 25, qui ajoute également Montis Regalis electus :dans le Ms. Pinto, en effet, il est écrit qu'il a été élu archevêque de Monreale, mais qu’il n’avait pu prendre possession de la charge pour cause de décès (fol. 63).
25 Codice Diplomatico Salernitano del secolo XIII…, cit., n° 328, p. 463 (4 mai 1276, une époque où Matteo résidait à la curie romaine), n° 82, p. 324-328 (15 août 1266) ; n° 238, p. 381-384 (octobre 1270). Son obit est inscrit en 1286dansle Necrologio del Liber Confratrum…, cit., p. 97 (16). Il n’est pas sûr qu’il s’agisse du même juge devant lequel le monastère de Cava fait une série de concessions de biens à Matteo del Bagno à Salerne (C. Carucci, Salerno..., cit., n° 2, p. 5-6, mars 1283), ou devant lequel on résout un problème de dot (Ibid., n° 5, p. 8-11, 14 octobre 1283). Voir aussi S. De Renzi, Storia documentata…, cit., p. 508-509, et G. Paesano, Memorie per servire alla storia della Chiesa Salernitana, II, Salerne, 1852, p. 56.
26 Ms. Pinto, fol. 62.
27 S. De Renzi, Storia documentata…, cit., p. 514.
28 Ibid., p. 565. Docteur en droit et physicus, il serait un autre membre de la famille, Antonio, comme on le lit dans le Ms. Pinto, fol. 164v. Sur Antonio, voir infra note 39.
29 Institués par Frédéric II, les notaires d’actes étaient des notaires-chanceliers qui pouvaient être nommés par les maîtres camerari : sur les notaires (publics ou d’actes) dans la législation de Frédéric II, il existe une vaste bibliographie : voir au moins M. Caravale, La legislazione del Regno di Sicilia sul notariato durante il Medio Evo, dans Per una storia del notariato meridionale, Rome, 1982, p. 97-176.
30 S. De Renzi, Storia documentata…, cit., p. 523.
31 Plusieurs exemples pour la période des Duras : en 1393 le noble Francesco de Fara de Rome, artium et medicinae doctor, est lieutenant du grand camérier (N. Barone, Notizie storiche tratte dai registri di Cancelleria di Carlo III di Durazzo, dans Archivio storico per le Provincie Napoletane, 12, 1887, p. 737) ; en 1403 le médecin Pietro Buzzurgo Reggio est consul de Messine et Trinacria (Ibid., 13, 1888, p. 25). Le cas d’un chirurgien royal est également intéressant, Mario de Concordelli da Amelia, qui possédait une barque de pêche en 1401 (Ibid., p. 13).
32 S. De Renzi, Storia documentata…, cit., p. 533-534.
33 Ms. Pinto, fol. 79.
34 S. De Renzi, Storia documentata…, cit., p. 533.
35 Sur la question, on renvoie aux pages qui suivent d’Alfredo Santoro.
36 S. De Renzi, Storia documentata…, cit., p. 534.
37 Telle est l’impression à la lecture du Ms. Pinto, qui fait de Bernard un médecin d’origine salernitaine certaine (fol. 79, et fol. 79-79v pour d'autres membres de la famille).
38 C. Carucci, Codice diplomatico salernitano del secolo XIV. Parte prima : documenti e frammenti, Salerne, s.d.,p. 206.
39 M. Moscone, Guindazzo, Francesco Antonio, dans Dizionario biografico degli Italiani, 61, Rome, 2004, p. 502-504. D'autres membres de la famille faisaient partie de l'expédition de Charles III (avril 1384) contre Louis Ier d'Anjou : Francischello, Carruzo e Corrado du siège de Capuana et Goriello du siège de Nido ; Francischello, en particulier, fut milites et sénéchal du Real Palazzo (M. Camera, Elucubrazioni storico-diplomatiche su Giovanna I regina di Napoli e Carlo III di Durazzo, Salerne, 1889, p. 307 et 331 pour Francesco Guintacius dit monacus et miles).
40 N. Barone, Notizie storiche…, cit., XII, 1887, p. 8. La même information se lit dans De Renzi, issue d'un document de 1381, un diplôme de Jeanne Ière dans lequel Antonio est exalté pour sa fidélité, doctrine et probité, et est désigné miles, professeur de sciences médicales, conseiller et fidèle tandis qu’il est nommé maître rational de la Magna Curia pour un salaire de 60 onces d'or annuelles (Storia documentata…, cit., p. 564-565 et doc. 330 (a. 1381), p. CXXV). Il est attribué à un Antonio Solimena maître rational en 1381, la rédaction du traité De pulsibus atque urinis (A. Mazza, Historiarum epitome de rebus Salernitanis, Neapoli, 1681, p. 95, 120) ; le même individu est cité la même année, par N. Toppi, Bibliotheca napoletana et apparato a gli huomini illustri in lettere di Napoli e del regno, delle famiglie, terre, città e religioni, che sono nello stesso regno dalle loro origini per tutto l'anno 1678, Napoli, 1678, p. 32 : toutefois, il n’est pas exclu que ce soit une erreur des deux savants du XVIIe siècle, si l’on considère le même titre de maître rational, et qu’il n’a existé qu’un seul Antonio au XIVe siècle.
41 S. De Renzi, Storia documentata…, cit., p. 565.
42 N. Barone, Notizie raccolte dai Registri di cancelleria del re Ladislao di Durazzo, dans Archivio storico per le Provincie Napoletane, XII, 3, 1887, p. 726.
43 S. de Renzi, Storia documentata…, cit., p. 566, p. CXXVI-CXXIX, n° 333-334, et p. CXXIX, n° 335; voir P. O. Kristeller, Studi sulla Scuola… cit., p. 77. Guillaume est connu comme médecin au temps de Ladislas (a. 1400) et en tant que lieutenant du grand chancelier aussi par N. Toppi, Bibliotheca napoletana…, cit., p. 180.
44 Sur le côté sud du portique de la cathédrale de Salerne, aujourd’hui Salles Saint-Thomas et Saint-Lazare : A. Braca, Il Duomo di Salerno. Architettura e culture artistiche del Medioevo e dell’Età moderna, Salerne, 2003, p. 205-209.
45 Ms. Pinto, fol. 164 ; A. Braca, Il Duomo di Salerno…, cit., p. 207-208.
46 L'acte documentant le litige (10 Septembre 1522) est publié dans B. Olivieri, Lo Studio e il Collegio medico di Salerno attraverso i protocolli notarili (1514-1785), Salerne, 1999, p. 36-37.
47 S. De Renzi, Storia documentata…, cit., p. 567, et n° 337, p. CXXX, pour la transcription du privilège par lequel il est désigné prieur.
48 Sur la destruction et la reconstitution de la documentation angevine, on renvoie au texte de S. Palmieri, L’Archivio della Regia Zecca. Formazione, perdite documentarie e ricostruzione, dans L’État angevin. Pouvoir, culture et société entre XIIIe et XIVe siècle, Actes du colloque international de Rome-Naples, 1995, Rome, 1998 (Collection de l’École française de Rome, 245) p. 417-445. Pour les registres de la Chancellerie, R. Filangieri et alii (éd.), I registri della cancellaria angioina ricostruiti, Naples, 1950- [désormais RCA].
49 Compte tenu des limites imparties à cette étude, l’approfondissement sur certains membres des familles Solimena, Di Penna, Dompnomusco sera ici laissé de côté.
50 Du Ms. Pinto existent trois copies, le ms. 18, le ms. 19 et le ms. 19bis de la Biblioteca Provinciale di Salerno. Le ms. 18 devrait être le plus ancien, du milieu du XVIIIe siècle. Le ms. 19 a été restauré récemment et il est consultable facilement sur place sur ordinateur depuis la récente numérisation du fonds. Pour cette étude on a donc utilisé les informations contenues dans le ms. 19. Le ms. 19bis est une copie très partielle et plus récente. Pour plus d’informations sur le manuscrit et ses copies, G. Capriolo, Il “Repertorio” delle famiglie nobili salernitane nella tradizione manoscritta : spunti codicologici e ipotesi di attribuzione, dans Specchi di nobiltà. Il manoscritto Pinto della Biblioteca Provinciale di Salerno, Salerno, 2013, p. 19-49.
51 Les Guindazzo étaient des curiales napolitains (titre attribué aux rogatoires des actes privés et publics). Les milites appartenaient à la partie de la population constituée par les vassalli (plus tard autonomes face à la seigneurie féodale), qui étaient responsables des châteaux et de toutes les obligations les concernant. A. Gallo, I curiali napoletani, dans Archivio storico per le Province Napoletane, 45, 1920, p. 201-226, en particulier p. 214. Voir aussi F. Strazzullo, Documenti sull’attività napoletana dello scultore milanese Pietro de Martino (1453-1473), dans Archivio storico per le Province Napoletane, 81, 1963, p. 332.
52 M. Moscone, Guindazzo, Francesco Antonio, dans Dizionario biografico degli Italiani, 61, 2004, p. 502-504.
53 Ms. Pinto, fol. 79.
54 S. De Renzi, Storia documentata…, cit., p. 510-511. Sur Bernard et Simone, voir aussi G. M. Monti, Nuovi studi angioini, Trani 1937, p. 442 et 449-450.
55 Le Dizionario biografico degli Italiani, outre Bernillo, rappelle un seul Simone médecin. Il est très important de remarquer qu’il y a beaucoup de différences parmi les informations généalogiques des nombreuses familles nobles du Royaume de Sicile ; elles sont mises en évidence quand on croise les textes érudits et les manuscrits.
56 Ms. Pinto, fol. 79.
57 S. De Renzi, Storia documentata…, cit., p. 533-534.
58 D’Engenio Caracciolo, Napoli Sacra. Oue oltre le vere origini, e fundationi di tutte le chiese, monasterij, spedali, & altri luoghi sacri della città di Napoli, e suoi borghi, Napoli, 1624, p. 20.
59 N. Toppi, Biblioteca napoletana et apparato a gli huomini illustri in lettere di Napoli…, cit., Napoli, 1678, p. 47-48.
60 Certaines épigraphes d’époque moderne de la famille Guindazzo sont mentionnées dans C. De Lellis, Parte seconda, O’ vero suplimento a Napoli Sacra di D. Cesare D’Engenio Caracciolo, Napoli, 1654, p. 25-272, 289 ; L. Petito, Guida del Duomo di Napoli, Napoli, 1982, p. 34 ; L. Loreto, Guida per la sola chiesa metropolitana cattedrale di Napoli, Napoli, 1849, p. 19-20, et F. Strazzullo, Restauri del Duomo di Napoli fra ‘400 e ‘800, Napoli, 1991, p. 28 qui, par exemple, mentionnent une pierre tombale de 1633.
61 B. Aldimari, Memorie historiche di diverse famiglie nobili, così napolitane come forastiere, così vive come spente, con le loro arme ; e con un trattato dell'arme in generale, Napoli, 1691, p. 95.
62 On a connaissance de plusieurs informations sur les restaurations, les modifications et les déplacements à l’intérieur de la cathédrale de Naples à la suite des tremblements de terre et des éruptions du Vésuve : en 1349, quand s’effondrent la façade et le campanile à peine édifié ; en 1456 lorsqu’apparaissent de gros dégâts et que des murs de l’église sont abimés, et encore au début du XVIe siècle. Voir F. Strazzullo, Restauri…, cit., p. 7-31. Il est fort possible qu’à ce moment-là l’épigraphe ait été abimée, et que D’Engenio Caracciolo n’ait pas réussi à lire le jour et le mois de la mort de Bernillo, mais il est toutefois important de souligner que la chapelle Guindazzi est mentionnée dans deux visites pastorales précédant la première transcription par D’Engenio Caracciolo : en 1575 (effectuée par Carafa) et en 1584 (réalisée par Di Capua) : V. Lucherini, La cattedrale di Napoli. Storia, architettura, storiografia di un monumento medievale, Rome, 2009, p. 260 et 265.
63 D’Engenio Caracciolo, Napoli Sacra…, cit., p. 20.
64 F. Strazzullo, Restauri…, cit., p. 7-31.
65 B. De Dominici, Vite dei pittori, scultori ed architetti napoletani, Naples, 1840, t. I, p. 141.
66 Le tombeau de Giovanna est déjà mentionné dans D’Engenio Caracciolo, Napoli Sacra…, cit., p. 20.
67 Ibid., p. 20 ; N. Toppi, Biblioteca Napoletana et apparato a gli huomini illustri in lettere di Napoli…, cit., p. 186 ; S. Volpicella, Storia dei monumenti del Reame delle due Sicilie, Napoli, 1847, t. II, parte I, p. 21 ; G. A. Galante, Guida sacra della città di Napoli, Napoli, 1872, p. 13.
68 L’ouvrage de G. Vasari est Le vite de' più eccellenti pittori, scultori, e architettori, Firenze, 1550.
69 V. Lucherini, La cattedrale di Napoli…, cit., p. 293-295. Sur Masuccio, voir également G. A. Galante, Guida sacra…, cit., p. 13.
Auteurs
Università degli studi di Salerno, Dipartimento di scienze del patrimonio culturale, amgaldi@unisa.it
Università degli studi di Salerno, Dipartimento di scienze del patrimonio culturale, masantor@unisa.it
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