Chapitre 4 – Les mots de Cicéron : excerptae et flores
p. 89-102
Texte intégral
1Cicéron tient une place en demi-teinte dans les florilèges médiévaux, « recueils de fleurs » recensant les extraits remarquables des auctoritates1. D’une part, les florilèges strictement classiques sont rares au cours du Moyen Âge, les compilateurs ayant plus volontiers rassemblé les sentences des autorités chrétiennes2. D’autre part, contrairement à des auteurs antiques jugés plus utiles, tels Sénèque et Caton3, Cicéron ne fait l’objet d’aucune recension exclusive.
4.1. Une lecture morale des textes
2Bien que des textes du IXe siècle soient aujourd’hui connus, une majorité de florilèges a été composée aux XIIe et XIIIe siècles, dans un but d’enseignement. Ces textes offrent au lecteur un aide-mémoire par le condensé de ce qui doit être connu d’auteurs jugés importants mais que la mémoire ne peut retenir dans son ensemble. Leur organisation interne est variable : souvent alphabétique ou thématique, elle répond parfois d’une logique moins évidente pour le lecteur, en reproduisant l’ordre dans lequel le compilateur a dépouillé ses sources4. Le voisinage des pages au sein desquelles Cicéron est mentionné est donc rarement une donnée signifiante pour comprendre l’intérêt qui lui est porté. Ce dernier est d’autant moins interrogeable que le compilateur, généralement anonyme, intervient peu au sein de sa composition : son travail se limite à l’ordonnancement des différentes citations5. On sait toutefois que la majorité des florilèges, bien qu’ayant eu une diffusion à l’échelle européenne, est d’origine française et liée aux milieux monastiques, capitulaires ou, plus tardivement, universitaires6. Cela a une incidence sur les extraits de Cicéron privilégiés au sein des recueils.
3C’est souvent en tant qu’auteur moral que Cicéron figure parmi les sources des florilèges, généralement en appui de Sénèque7. La plupart des compilations retiennent ses traités, au détriment des discours8 et des poèmes9. Ainsi, au sein des florilèges du XIIe siècle les plus copiés durant les décennies suivantes, les citations extraites du De officiis, du De amicitia et du De senectute sont surreprésentées, accompagnées d’une sélection de phrases tirées de quelques autres traités10.
4Le rôle assigné à chaque autorité est tout spécialement visible au sein des florilèges alphabétiques puisque, pour chaque notion, le compilateur fait la liste des auteurs classiques à mobiliser et des citations qu’il juge les plus pertinentes. Appartenant à ce type de recueils, le Manipulus florum de Thomas d’Irlande, compilé à Paris en 1306, a été particulièrement populaire11. Cicéron est très présent parmi les auteurs païens qu’il mentionne mais reste bien moins cité que Sénèque. Il est invoqué pour près de la moitié des notions, parfois de façon inattendue. Ainsi, le chapitre sur la castitas le mentionne, à travers un extrait dont l’origine reste inconnue. En général, Cicéron n’apparaît qu’à la fin des développements, loin derrière les auteurs chrétiens et les classiques estimés plus spécialisés sur la question traitée. Seule la notice consacrée à la magnanimitas en fait sa source principale12. On se serait plus volontiers attendu à une telle importance au sujet de l’amicitia ou de l’eloquentia. Or pour ces deux notions, bien que Cicéron soit cité, son autorité est fondue parmi un grand nombre d’auteurs, jugés tout aussi, sinon plus, pertinents que lui.
5Ce déplacement inattendu des thématiques cicéroniennes de prédilection est imputable aux sources mobilisées par les auteurs des florilèges. Nombre d’entre eux empruntent leurs citations antiques à des compilateurs antérieurs ou à des textes chrétiens. Ainsi, Thomas d’Irlande, en faisant référence à Cicéron au sujet de la magnanimitas cite en réalité le Moralium dogma philosophorum et Thomas d’Aquin. À l’inverse, il semble puiser directement dans le texte cicéronien les références à l’amicitia et à l’adiutorium (De amicitia) ou encore à l’eloquentia et aux advocati (De inventione). Le fait que Cicéron soit cité pour la moitié des notions dans ce florilège le présente en auteur généraliste, dont l’auctoritas et les extraits sont malléables. Les références possiblement directes délimitent un champ restreint, relatif au comportement social et au discours. Il s’agit là d’une ambivalence de l’autorité de Cicéron : un caractère universaliste en matière morale, allié à une forte spécialisation rhétorique. La liste des œuvres citées évolue peu et les extraits choisis sont stabilisés. Dans le Compendiloquium de Jean de Galles (c. 1280), par exemple, le De officiis et le De senectute sont pourvoyeurs de la plupart des extraits de Cicéron, devant les Tusculanae disputationes et le De amicitia13.
6La spécialisation des florilèges institue, dans quelques cas, une segmentation des corpus. La sélection opérée oriente alors le lecteur dans sa perception de l’auctoritas de Cicéron. Très présent dans les Flores de vitiis et virtutibus14, ce dernier est sans surprise une référence pour les compilations rhétoriques, regroupant les plus belles lettres et les meilleurs discours. Répondant d’un usage spécifique, ce type de florilège est néanmoins peu courant en regard des compilations morales ou philosophiques15.
7Un seul florilège traite explicitement la question du gouvernement par le recours à Cicéron. Le manuscrit Latin 3724A de la Bibliothèque nationale de France se conclut par une courte anthologie dont un des folios est consacré à l’État16. Sénèque y emporte de loin les faveurs du compilateur pour les thématiques politiques. Seuls deux extraits du Pro Sestio17 émergent parmi ceux d’Apulée, de Salluste et de Sidoine Apollinaire qui complètent le folio. Le compilateur utilise abondamment le De amicitia dans la section suivante, mais n’en retient que les préceptes moraux. Ainsi, c’est avant tout en tant qu’autorité éthique que Cicéron est perçu aux XIIIe et XIVe siècles. Or la sélection d’œuvres, d’extraits et de thématiques présente dans les florilèges médiévaux a une incidence directe sur les citations présentes dans les encyclopédies et les traités postérieurs.
4.2. L’élaboration d’un digest cicéronien
8Parmi une vaste production de traités didactiques, le XIIIe siècle voit fleurir les entreprises encyclopédiques, transmettant la conception d’un savoir ordonné et universel18. Cette dernière relaie les développements rationalistes qui ont marqué la philosophie de la connaissance au siècle précédent. La méthode des encyclopédistes diffère peu de celle des compilateurs : elle est tributaire des recueils d’autorités latines, païennes et chrétiennes, où elle puise les exemples enrichissant ses démonstrations19. Progressivement, des traditions de citation s’établissent, lesquelles engagent les textes de Cicéron dans une interprétation et découpent de façon pérenne les moments forts de son œuvre.
4.2.1. Paraphrases…
9Trois types de citations cicéroniennes coexistent dans la littérature didactique communale des XIIIe et XIVe siècles : la définition, l’opinion et l’adage. Chacun relève d’une conception spécifique de l’autorité classique.
101) Les définitions présentes dans le De inventione et dans le premier livre de la Rhetorica ad Herennium servent d’appui aux exposés médiévaux détaillant les modalités de l’éloquence20. Cicéron étant l’auctoritas par excellence de la discipline rhétorique, le sens qu’il donne aux mots techniques de cette dernière fait figure de norme. Ses définitions sont un invariant des dictamina, tout autant qu’elles leur sont spécifiques : ce vocabulaire, très spécialisé, n’est qu’exceptionnellement repris hors des traités consacrés à l’art du discours.
11Il en va tout autrement pour un corpus de définitions extrait du deuxième livre du De inventione. Cette partie de l’œuvre explique comment les arguments se fondent sur l’honnête et/ou sur l’utile. Cicéron y propose des développements moraux propres à encadrer un discours et, à ce titre, décrit différentes vertus :
Le goût consiste à s’occuper d’une chose de façon soutenue et passionnée, en y prenant un vif plaisir.21
La vertu est un comportement en accord avec la mesure et la raison naturelles.22
La modération est un contrôle ferme et sage exercé par la raison sur la passion et les autres impulsions mauvaises de l’âme.23
La sagesse consiste à savoir ce qui est bien, ce qui est mal et ce qui n’est ni l’un ni l’autre. Elle comprend la mémoire, l’intelligence, la prévoyance.24
La gloire est une réputation élogieuse largement répandue.25
12Ces définitions font figure de lieu commun de la littérature didactique, circulant parfois sans le nom de Cicéron. On les retrouve, par exemple, dans la Summa de vitiis et virtutibus de Guido Faba (c. 1240), où elles forment anonymement la trame des definitiones seu descriptiones omnium virtutum26. Plusieurs d’entre elles avaient été reprises par Augustin et par Jérôme, leur donnant une audience et une pérennité considérables. La référence aux vertus cicéroniennes connaît une transmission indépendante de son contexte textuel d’origine, la détachant des thématiques rhétoriques.
13La diffusion de ces définitions, amplifiée par des relais théologiques, efface peu à peu le nom de Cicéron derrière l’autorité des Pères de l’Église. Elle trahit un remploi de la classification cicéronienne des vertus morales en quatre groupes, guidés par la prudentia, la iustitia, la fortitudo et la temperentia27, mais, séparée de son contexte textuel, elle n’est attachée à son auteur qu’en fonction de sa pertinence disciplinaire. Parce que Cicéron apporte une caution rhétorique, les dictatores lui accordent souvent la paternité des extraits que nous venons de citer ; à l’inverse, sa caution morale n’est que secondaire face à des relais chrétiens. Cette perte d’identité de la citation est plus rare dans le cas des opinions qui, elles, n’ont de valeur qu’en fonction de la personne les ayant édictées.
142) Au sein de ses traités moraux, Cicéron émet régulièrement des jugements. Ceux-ci expriment une opinion, devenue vérité au gré de sa transmission médiévale. Ces extraits, majoritairement tirés du De officiis et du De amicitia, relèvent de deux thèmes principaux : l’injustice et l’amitié. Les citations les plus fréquentes abordent la probité dans une dimension à la fois éthique et politique :
Celui qui ne résiste pas à l’injustice, ne s’oppose pas, alors qu’il le peut, est en faute tout autant que s’il abandonnait ses parents ou ses amis ou sa patrie.
De tout ce qui porte le nom d’injustice, aucune n’est plus criminelle que l’injustice de ceux qui, au moment même où ils trompent le plus, le font de telle sorte qu’ils paraissent être gens de bien.28
C’est aussi pourquoi les guerres doivent être entreprises pour ce motif : que l’on puisse vivre en paix, sans injustice.29
15Ces sentences s’insèrent au sein d’argumentations médiévales fondées sur l’accumulation de références. Les textes d’Albertano da Brescia illustrent ce schéma démonstratif : alors qu’il traite des mauvaises actions dans son Ars loquendi et tacendi, Albertano annonce brièvement une règle morale (« neuvièmement, cherche à éviter toute parole ou action injuste ou injurieuse »30) avant de l’appuyer par une suite de citations d’auctoritates. Les phrases de Cicéron sont insérées au milieu de fragments des Écritures, de Cassiodore et de Sénèque. Les extraits s’enchaînent, parfois se répètent, égrenant les noms et les mots des Anciens comme autant de cautions. Le jugement proposé est auto-argumenté par le respect conféré à celui réputé l’avoir émis31.
16Pourtant, le sens original de la sentence est souvent dévoyé. Le cas le plus fréquent est celui d’une christianisation des citations, moyennant quelques transpositions lexicales. On peut par exemple comparer une citation du Somnium Scipionis à une de ses reprises communales :
Cicéron, Somnium Scipionis : Mais, pour que tu sois, Africain, encore plus empressé à te faire le tuteur de l’État, retiens bien ceci : tous ceux qui ont contribué au salut, à la prospérité, à l’accroissement de leur patrie, peuvent compter qu’ils trouveront dans le ciel une place bien définie qui leur est assignée, pour qu’ils y jouissent, dans le bonheur, d’une vie éternelle.32
Giovanni Conversini, Consolatio ad Donatum : Mais pourtant j’espérai que notre Pétrarque se fût envolé non vers je ne sais quels champs élyséens et plaisants des pieux (qu’il se figurait avec une folle liberté) mais au royaume éternel du plus haut roi, où, selon Cicéron, « les bienheureux jouissent d’une vie éternelle », où « le Christ est à la droite de Dieu le Père » selon ce qu’écrit l’Apôtre et (nous devons fermement le retenir) je ne doute pas que les mots de Daniel s’accomplissent : « Ceux qui furent doctes brilleront comme la splendeur du ciel, et ceux qui auront enseigné la justice à la multitude brilleront comme les étoiles, pour l’éternité ».33
17La teneur politique et civique du texte original ne transparaît pas dans les extraits qu’exploite le compilateur. Alors que Scipion découvre que l’immortalité de l’âme est promise aux hommes de gouvernement ayant favorisé le Bien, ses mots sont sélectionnés dans les traités chrétiens pour offrir la résurrection aux justes. Un crédit sans faille est offert à l’auteur classique mais ses sentences sont tributaires d’une signification attribuée a posteriori. Pour autant la répartition du crédit entre énoncé et autorité se fait nettement en faveur de cette dernière.
183) Le schéma inverse régit un petit corpus de citations cicéroniennes apparenté à une collection de préceptes. Ces quelques phrases, généralement courtes, ressemblent à des adages. Rappelant parfois des évidences, elles sont rapportées sans le nom de Cicéron dans les œuvres des XIIIe et XIVe siècles. Leur énoncé vaut par lui-même, à la fois parce qu’il n’a besoin d’aucune démonstration et parce que sa récurrence l’apparente à un refrain attendu. Ainsi, il est presque inévitable, au sujet de l’amitié, de croiser des préceptes tels que « L’amitié ne peut être qu’une entente totale et absolue, accompagnée d’un sentiment d’affection »34 ou « Voici la loi qu’il faut poser en amitié : ne rien demander de honteux et ne pas répondre à pareille demande »35. Particulièrement communs, ces extraits apparaissent au sein d’œuvres très diverses, des textes didactiques aux chroniques :
Il faut veiller à pratiquer une générosité qui profite à nos amis mais ne nuise à personne.
Rien n’est généreux qui ne soit en même temps juste.36
Le propre d’une âme bien réglée est de se réjouir devant le bien et de s’affliger devant son contraire.37
19Dans quelques cas, l’anonymat de ces citations remonte à l’Antiquité. Certaines sont partagées par plusieurs auteurs. Par exemple, le quatrième livre de la Rhetorica ad Herennium présente un grand nombre de figures de style, illustrées de proverbes ou de jeux de mots, tels que « Il faut choisir qui l’on veut chérir » ou « Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger »38. Chacune de ces courtes phrases est présente chez Cicéron, mais aussi chez Platon ou Sénèque.
20Qu’elles prennent la forme de définitions, de sentences ou d’adages, les citations de Cicéron ont deux traits communs dans la littérature communale des XIIIe et XIVe siècles : d’une part, elles sont attachées à une conception désincarnée de l’autorité et, d’autre part, elles sont piochées au sein d’un corpus étroit. Ce dernier est presque tout entier contenu dans les deux rhétoriques (De inventione, Rhetorica ad Herennium) et les deux œuvres morales les plus diffusées à cette période (De officiis, De amicitia). Lorsque le De senectute est cité, c’est l’autorité de Caton qui est mise en avant, Cicéron n’apparaissant que comme scripteur des pensées de ce dernier.
21Les premiers développements de l’humanisme entraînent une sélection nouvelle des citations, à partir d’un corpus élargi. Les débuts de cette évolution sont perceptibles dans le Compendium moralium notabilium du juge padouan Geremia da Montagnone, achevé vers 1300. Par son thème éthique, ce florilège s’inscrit dans la tradition39. Néanmoins, Geremia cite des textes jusqu’alors méconnus et des extraits peu exploités. Il mobilise tant les textes rhétoriques de Cicéron que ses œuvres morales, ses discours et ses traités philosophiques, citant même le Timaeus à plusieurs reprises.
22Ses successeurs humanistes, bien loin d’idéaliser la tradition médiévale, mettent en avant l’érudition guidant leur originalité. La deuxième moitié du XIVe siècle est ainsi marquée par la progressive destruction des canons cicéroniens, les phrases les plus belles se devant désormais d’être les plus inédites. L’humanisme naissant est, par ailleurs, à l’origine d’un second phénomène : celui de la validation des citations. Par la comparaison des textes antiques alors redécouverts et comparés, les lecteurs lettrés constatent que certains extraits ont été attribués à tort par la tradition.
4.2.2. … et apocryphes
23Parmi les premiers collectionneurs de textes classiques, plusieurs ambitionnent une étude philologique des manuscrits récemment mis au jour. Certaines œuvres sont redécouvertes quand d’autres se lisent désormais au sein de rédactions dissonantes. La mise en parallèle des différentes versions permet d’envisager la recherche du texte le moins interpolé. Elle invite, également, à remarquer les chaînes de citations entre les auteurs et d’y déceler d’éventuelles erreurs. C’est ce que propose Geremia da Montagnone dans son Compendium moralium notabilium :
Non sans un grand travail de réflexion, j’ai correctement agencé les célèbres extraits moraux en recherchant l’emplacement exact de chacun dans son livre d’origine ; cela afin que chaque lettré étudiât par lui-même tout extrait dans le livre original et non ailleurs. Dans chaque chapitre, j’ai suivi l’ordre selon lequel les auteurs d’une œuvre de science et de savoir se sont précédés et succédés dans le temps : cela fait apparaître que chacun, pour écrire ses propres œuvres, disserte à partir des affirmations d’autres auteurs et que chacun se fie à ses propres découvertes pour attribuer à un auteur les mérites qui lui reviennent.40
24En préambule à son florilège, Geremia établit la liste chronologique des auteurs qu’il compte mentionner. Il y distingue les poètes classiques (poeta) des poètes médiévaux (versilogus). Cicéron y est présenté comme orator, placé dans le temps entre Horace et Ovide. Geremia réattribue la paternité de plusieurs sentences à des penseurs grecs mais son travail remet peu en cause les citations placées jusqu’alors sous le nom de Cicéron.
25Parmi les citations qui lui sont attribuées à tort, figure un précepte caractérisant l’amitié : « Être amis, c’est, en matière d’honnêteté, avoir les mêmes désirs et les mêmes répugnances »41. Celle-ci est en réalité empruntée à Salluste42 mais l’attribution erronée est validée par des siècles de tradition. En effet, la citation devient très tôt populaire, bien qu’anonyme, à la suite de sa mention par Jérôme et par un pseudo-Augustin43. Elle est relayée, toujours sans y associer de nom, par d’importantes figures médiévales, dont Aelred de Rievaulx44. Au XIVe siècle, c’est encore sans mention qu’elle est citée par Benvenuto da Imola dans son commentaire à la Commedia, par Pétrarque dans ses Familiares ou encore par Cola di Rienzo dans une lettre adressée à Clément VI45. Toutefois, dès le XIIIe siècle, plusieurs auteurs lui attribuent une autorité : Salluste pour certains46, Cicéron pour d’autres. Parmi ces derniers, on retrouve Bonaventure, Thomas d’Aquin ou Remigio de’ Girolami47. Cette association erronée est significative. Il est plausible que l’extrait, très connu sans être pour autant lié à un auteur, ait été perçu comme cicéronien à cause de sa thématique amicale. Bonaventure et Thomas sont des lecteurs appliqués des textes éthiques de Cicéron. Pour leurs démonstrations, l’un et l’autre font régulièrement référence De inventione, au De officiis48 et au Somnium Scipionis49. Tous deux connaissent ses développements sur l’amitié, principalement à partir de florilèges moraux, mais aucun ne semble avoir lu le De amicitia. Il est donc cohérent qu’ils l’estiment source de la citation50.
26Quelques autres citations apocryphes sont présentes au sein des œuvres liées au monde communal. D’une part, sont placées sous la plume de Cicéron des citations que lui-même a rapportées. Jacques de Voragine lui attribue, par exemple, dans sa Chronica civitatis Ianuensis, une phrase de Térence : « La complaisance procure des amis et la vérité des haines »51. Cet extrait de l’Andria est cité par Cicéron dans le De amicitia52. L’intrication des citations a facilité la confusion, mais il faut remarquer, une fois encore, le thème amical de l’extrait : dans le doute d’une attribution, on la confère aisément à l’autorité la plus évidente. D’autre part, sont attribuées à Cicéron de nombreuses phrases de Sénèque53. La proximité des démonstrations entre les deux philosophes tient à leur exposition des théories stoïciennes. La similarité éthique empêche une claire distinction de leurs sentences chez les compilateurs médiévaux, et ce d’autant plus que le lexique de Cicéron est mal individualisé.
4.3. Cicéron dans les glossaires : un vocabulaire peu spécifique
27L’évolution lexicale qu’a connue la langue latine depuis l’Antiquité incite les auteurs médiévaux à composer des glossaires. Au VIIe siècle, apparaissent des ouvrages compilant les mots les plus rares et précisant leur sens54. La réalisation de ces outils se poursuit tout au long des siècles, par enrichissements progressifs. Aux XIIIe et XIVe siècles, trois lexiques sont particulièrement répandus en Italie : les Derivationes d’Uguccione da Pisa (c. 1200), le Catholicon de Giovanni Balbi (1286), qui reprend largement l’œuvre du canoniste pisan, et les Distinctiones du siennois Bindo Guerri (milieu du XIVe siècle), composées à partir des sources bibliques. Les préoccupations lexicographiques sont partagées par un grand nombre d’auteurs, tout particulièrement parmi les juristes et les théologiens, qui entendent expliciter leurs vocabulaires techniques. Ces lexiques, organisés alphabétiquement, combinent leurs définitions avec des citations extraites d’œuvres célèbres, dans un but d’illustration. Quels mots y sont associés à Cicéron ?
28Plusieurs recherches ont été menées sur la présence des classiques au sein des glossaires médiévaux, dont deux s’avèrent particulièrement précieuses ici. D’une part, James Mountford a publié une liste des citations latines classiques proposées par le Liber glossarum, composé au VIIIe siècle et source principale des dictionnaires postérieurs55 ; d’autre part, Enzo Cecchini a réalisé une synthèse consacrée à l’utilisation de Cicéron par Uguccione da Pisa dans ses Derivationes56. On peut scinder les termes dégagés par ces études en trois catégories.
291) Le premier groupe est celui des mots composant en majorité ces glossaires : des termes rares, peu usités dans la littérature latine. Il est probable que le compilateur trouve ces expressions directement dans le texte cicéronien et les relève en cours de lecture. Cicéron se voit associé soit à des mots désignant des réalités peu courantes, tels que acredula (un type de grenouille) ou mastruca (un vêtement de peau utilisé par les Sardes), soit à des verbes ou à des adjectifs déclinés ou conjugués sous une forme grammaticale devenue rare au Moyen Âge, comme tectior (mieux caché).
302) Un second groupe de termes est, à l’inverse, extrêmement courant en latin et aurait pu être relevé dans une multitude d’œuvres. Cicéron est associé à hospes (hôte), miser (malheureux) ou encore obeo (aller vers). Il est possible, dans ces cas, que l’auteur du glossaire se soit remémoré des expressions comportant le terme, dont certaines proviennent de textes cicéroniens. Cela est confirmé par les œuvres desquelles les citations sont extraites, appartenant aux textes les plus diffusés de Cicéron – alors que les termes les moins usités proviennent plus volontiers de discours peu connus avant le XVe siècle.
313) Enfin, une phrase entière de Cicéron apparaît dans le Liber glossarum et bénéficie d’une transposition dans un latin plus courant : Quousque tandem abutere, Catilina, patientia nostra ?57 D’après l’explication qui suit la phrase, on comprend que le terme abutere est obscur pour un lecteur médiéval58. Plutôt que de présenter le verbe isolément, l’auteur du glossaire a choisi de faire de la citation une entrée de son dictionnaire, ce qui indique que l’expression devait être particulièrement bien connue des lecteurs. Hormis cette association à Catilina, aucune spécificité du vocabulaire cicéronien n’est retenue au cours du Moyen Âge. Un passage du Liber glossarum reprend bien une formule de Cicéron à propos de la res publica, extraite du premier livre du De republica59. Mais l’auteur du glossaire laisse cette définition anonyme : cette partie de l’œuvre ayant été perdue à la fin de la période antique, les auteurs médiévaux ne l’associent pas directement à Cicéron.
32La perception du lexique cicéronien change au fur et à mesure que l’humanisme appuie des idéaux cicéronianistes. Avant 1400, Coluccio Salutati compose ainsi des Verba super Ciceronis Synonyma sous forme de gloses interlinéaires ajoutées à un manuscrit de sa possession60. Gasparino Barzizza aurait à son tour composé un recueil lexical sur ce modèle quelques années plus tard61.
Notes de bas de page
1 Rochais 1964, p. 438.
2 Munk Olsen 1982, p. 156. Sur les florilèges classiques, voir : Falmagne 1997, p. 93-108.
3 Munk Olsen 2000 ; Carron 2009.
4 Munk Olsen 1982, p. 152‑153.
5 Hamesse 1982, p. 181.
6 Leur ancrage scolaire n’est pas lié à leur destination mais à leur mode de composition. En effet, rédiger une compilation requiert l’accès à une imposante bibliothèque que seuls les lieux d’enseignement peuvent produire. Cf. Poirel – Stirnemann 2006, p. 173.
7 Schulze-Busacker 2012, p. 48‑50.
8 Le Florilegium Angelicum est un rare contre-exemple : en dehors des Tusculanae disputationes, ce florilège ne puise ses citations de Cicéron qu’au sein de discours peu répandus au milieu du XIIe siècle. Le choix des extraits semble répondre aux usages et au destinataire de la compilation, laquelle aurait été dédiée à l’art de la composition des lettres et offerte à un pape. Cf. Rouse – Rouse 1976, p. 74‑75 ; Poirel – Stirnemann 2006, p. 174.
9 Les florilèges poétiques sont très courants durant les derniers siècles du Moyen Âge mais ne retiennent que rarement Cicéron en tant que versificateur. Cf. Cossu 2019.
10 Le Florilegium duacense, par exemple, composé en appendice à un répertoire de textes théologiques, ne mentionne que le De amicitia et les Tusculanae disputationes. Cf. Munk Olsen 1979, p. 84‑89. Le Florilegium gallicum, très riche, cite à l’inverse presque vingt œuvres de Cicéron mais accorde une place privilégiée aux De officiis, De amicitia et De senectute, qui sont les seuls textes bénéficiant de longs résumés. Il mentionne également plusieurs traités rhétoriques ainsi que des discours (Pro Caelio et Philippicae), mais les extraits qui leur sont empruntés traitent avant tout de thèmes éthiques, propres à s’insérer dans des développements moraux (Cic., Inv., II.114 ; Cic., Cael., 8 ; Cic., Phil., I.33). Les sections contenant les discours de Cicéron ne sont pas présentes dans tous les manuscrits copiant le florilège, une part de la tradition textuelle les ayant laissées de côté. L’édition partielle du florilège réalisée par Johannes Hamacher ne les reproduit pas, mais elles peuvent être consultées dans le manuscrit Paris, BNF, Lat. 7647, f. 162r-163r. Cf. Florilegium gallicum, éd. J. Hamacher, 1975. On retrouve une composition similaire dans le Florilegium morale oxoniense. Cf. Delhaye – Talbot 1955, p. 22, 121. Sur l’utilisation du De amicitia dans les florilèges médiévaux, voir : Verde del Pozo 2019.
11 Nighman 2017b. Cf. Rouse – Rouse 1979, p. x.
12 Le compilateur fait plusieurs références au premier livre du De officiis.
13 Swanson 1989, p. 197.
14 Voir le manuscrit Paris, BNF, Lat. 3723, f. 184r-217v, dans lequel Cicéron et Sénèque s’insèrent parmi les Pères de l’Église.
15 Munk Olsen 1982, p. 140.
16 Paris, BNF, Lat. 3724A, f. 69v-73v.
17 Cic., Sest., 98-99.
18 Le Goff 1994, p. 25.
19 Munier 2010, p. 56.
20 Exordiorum duo sunt genera : principium […] et insinuatio […]. Principium est cum statim auditoris animum nobis idoneum reddimus ad audiendum. Id sumitur ut attentos, ut dociles, ut benivolos auditores habere possimus : Rhet. Her., I.6. Cette citation est, par exemple, utilisée par Boncompagno da Signa dans ses Notule auree (c. 1197) et par Guido Faba dans sa Summa dictaminis (1229), mais aussi par Dante dans sa Lettre XII à un ami florentin. La définition de l’invention (Cic., Inv., I.9) est, quant à elle, reprise par Bene da Firenze dans son Candelabrum (1238) et par Bono da Lucca dans le Cedrus Libani (c. 1270).
21 Studium autem quod est adsidua et vehementer aliquam ad rem adplicata magna cum voluptate occupatio : Ibid., II.31. On retrouve cette citation chez Bonaventure de Bagnoregio, tant dans les Collationes in Hexaemeron (1273) que dans le Commentarius in librum sapientiae (c. 1270) qui lui est attribué, ainsi que chez Pétrarque, dans la Collatio laureationis (1341).
22 Virtus est animi habitus naturae modo atque rationi consentaneus : Ibid., II.159. Cet extrait, qui était déjà présent dans le Florilegium gallicum, est régulièrement utilisé par Thomas d’Aquin, dans son commentaire In quattuor libros Sententiarum (1256), ses Quaestiones disputatae de veritate (1259) et de virtutibus (1272).
23 Temperantia est rationis in libidinem atque in alios non rectos impetus animi firma et moderata dominatio : Ibid., II.164. Cette phrase est généralement citée en parallèle de la précédente.
24 Prudentia est rerum bonarum et malarum neutrarumque scientia. Partes eius : memoria, intellegentia, providentia : Ibid., II.160. Ce passage est utilisé par Bonaventure et Thomas d’Aquin pour commenter Pierre Lombard. Le dominicain le reprend aussi pour ses Quaestiones disputatae de veritate et pour commenter le De memoria et reminiscentia d’Aristote vers 1268. Peu avant, on retrouve cette citation dans le Tresor de Brunetto Latini.
25 Gloria est frequens de aliquo fama cum laude : Ibid., II.166. Vincent de Beauvais utilisait déjà cette définition dans son De morali principis institutione au milieu du XIIIe siècle, qui est par la suite reprise par Thomas d’Aquin dans les Quaestiones disputatae de malo (1272) et par Guido da Pisa pour ses Expositiones et glose super Comediam Dantis (c. 1340).
26 Guido Faba, Summa de vitiis et virtutibus, p. 90.
27 Cette répartition est un invariant des écrits chrétiens jusqu’au XIIIe siècle, avant d’être progressivement remise en cause par la lecture de l’Éthique à Nicomaque. L’identification de quatre vertus cardinales s’oppose à la représentation aristotélicienne de l’éthique promue par l’université mais reste courante dans les écrits pastoraux, cette répartition des vertus en quartet renvoyant à une symbolique biblique forte. Cf. Bejczy 2011, p. 154-158, 291-292.
28 Qui autem non defendit nec obsitit, si potest, iniuriae, tam est in vitio quam si parentes aut amicos aut patriam deserat et Totius autem iniustitiae nulla capitalior quam eorum qui tum cum maxime fallunt, id agunt ut viri boni esse videantur : Cic., Off., I.23 et I.41. Ces deux phrases sont généralement citées en parallèle. Mobilisées dans plusieurs œuvres d’Albertano da Brescia, elles sont une constante des florilèges et encyclopédies, latins comme vernaculaires, puisqu’on les trouve dans le Florilegium gallicum, le Tresor de Brunetto Latini ou encore l’anonyme Fiore di filosofi.
29 Quare suscipienda quidem bella sunt ob eam causam ut sine iniuria in pace vivatur : Ibid., I.35. La phrase est notamment diffusée par le Florilegium gallicum. On la retrouve dans le De otio religioso de Pétrarque comme une métaphore de la vie terrestre, préambule à l’immortalité de l’âme dont il ne faut pas fuir les difficultés.
30 Nono requiras ne quid iniuriosum vel contumeliosum dicas vel facias : Albertano da Brescia, Liber de doctrina dicendi et tacendi, p. 16.
31 Pour le traitement du thème amical, par exemple, le De amicitia fait référence, évoqué par des vérités pensées universelles telles que Nulla est igitur excusatio peccati, si amici causa peccaveris ou Nullam in amicitiis pestem esse maiorem quam adulationem, blanditiam, adsentationem. Cf Cic., Lael., 37 et 91. La première phrase apparaît tôt dans les œuvres vernaculaires (par exemple en toscan dans le Fiore di retorica de Guidotto da Bologna, vers 1270, ou en picard dans le Tresor). La seconde est fréquemment citée sous une forme simplifiée, à mi-chemin entre la forme cicéronienne et sa reformulation par Ambroise. Cf. Ambr., Off., III.135.
32 Sed quo sis, Africane, alacrior ad tutandam rem publicam, sic habeto : omnibus qui patriam conservaverint, adiuverint, auxerint, certum esse in caelo definitum locum ubi beati aevo sempiterno fruantur. Cf. Cic., Rep., VI.13.
33 Verumtamen Petrarcam nostrum non ad nescio quos Elisios campos et amena piorum (quos stulta fingebat sibi licencia) sed ad summi regis sempiternum regnum evolasse speraverim, « ubi », ut Tullius ait, « beati evo sempiterno fruuntur » ; ubi eciam « Christus est in dextera Dei Patris », ut Apostolus scribit et (nobis firmiter est tenendum) de quo eciam illud Danielis impleri non dubito : « Qui autem », inquit, « docti fuerunt fulgebunt quasi splendor firmamenti, et qui ad iusticiam erudiunt multos quasi stelle in perpetuas eternitates : Kohl – Day 1974, p. 22. Il s’agit d’une lettre adressée en 1374 par Conversini à son ancien maître Donato Albanzani pour le consoler de la mort de Pétrarque.
34 Est amicitia nihil aliud nisi omnium divinarum humanarumque rerum cum benevolentia et caritate consensio : Cic., Lael., 20.
35 Haec igitur lex in amicitia sanciatur, ut neque rogemus res turpes nec faciamus rogati : Ibid., 40.
36 Videndum est, ut ea liberalitate utamur quae prosit amicis, noceat nemini et Nihil est enim liberale quod non idem iustum : Cic., Off., I.43.
37 Proprium est animi bene constituti, et laetari bonis rebus et dolere contrariis : Cic., Lael., 47.
38 Deligere oportet quem velis diligere ; Esse oportet ut vivas, non vivere ut edas : Rhet. Her., IV.29 et 39.
39 Nighman 2017a.
40 Non sine magno labore meditationis convenienti dispositione apposui cum indagatione certi loci illius libri originalis ubi reperiatur electum morale notabile. Ita ut litteratus quisque ipsorum quodque notabile in originali libro nunquam aliquo modo studuerit. […] Observans in quocumque titulo auctorum ordinem prout scientie et doctrine operam dantes precesserunt et successerunt in tempore : ut ex hoc appareat quod quisque auctorum ab alio dictum in scriptis suorum operum disseruerit et ut quisque debitam laudem cuique auctori ex suis propriis inventis auctoribus indubitanter attribuat : Geremia da Montagnone, Compendium moralium notabilium, f. 88r.
41 Amicitia est idem velle et idem nolle in rebus honestis.
42 Nam idem velle atque idem nolle, ea demum firma amicitia est : Sall., Catil., XX.4. L’attribution à Cicéron est d’autant plus ironique que la phrase, dans le texte de Salluste, est prononcée par Catilina pour inciter ses complices à la conjuration.
43 Hier., Epist., CXXX.12, p. 182. La citation apparaît dans le De quattuor virtutibus caritatis de Quodvultdeus de Carthage, qui circule à tort sous le nom d’Augustin au Moyen Âge : Quodv., Virtut. carit., VI.13.
44 Aelred de Rievaulx, De spiritali amicitia, I.40, 48.
45 Benvenuto da Imola, Infernus, p. 104 ; Pétrarque, Familiares, XVIII.8.3 ; Papencordt 1844, p. 377 (lettre du 11 octobre 1347 adressée à Clément VI).
46 Albertano da Brescia, par exemple, attribue la citation à Salluste dans le De amore et dilectione Dei, en 1238. Dans les années 1260, Vincent de Beauvais et Brunetto Latini font de même au sein de leurs encyclopédies respectives. Il est difficile de déterminer s’il s’agit là d’un recours au texte de Salluste ou d’un emprunt à un florilège – avéré, toutefois, dans le cas de Brunetto. Cf. Bolaffi 1949, p. 242‑257 ; Lee 2010, p. 150‑151.
47 Bonaventure, Commentaria in quatuor libros sententiarum, I.XLVIII, a.2, q.2 ; Thomas d’Aquin, Summa theologiae, 2a-2ae, q.29, a.3 ; Remigio de’ Girolami, De bono comuni, p. 192 note 38. Cf. Minio Paluello 1956, p. 61‑63.
48 Di Maio 2008, p. 125‑131 ; Elders 2015, p. 89‑90.
49 Vansteenkiste 1959 ; Di Maio 2007, p. 319, 321, 333.
50 Il est possible qu’aucun des deux n’ait lu Salluste, puisque le cursus théologique n’impose aucune initiation à l’historiographie romaine par les œuvres latines. La familiarisation avec le De Catilinae coniuratione ou le Bellum Iugurthinum répond ainsi d’inclinations personnelles. Cf. Corvino 2006, p. 201.
51 Obsequium amicos, veritas vero odium parit : Jacques de Voragine, Chronica, p. 139. Cf. Ter., Andr., 68 ; N’Diaye 2005.
52 Cic., Lael., 89.
53 Par exemple, chez Albertano da Brescia. Ut Tullius dixit, « Durius enim tractandum est corpus, ne animo male pareat » : Albertano da Brescia, De amore et dilectione Dei, III.5. Cf. Sen., Epist., VIII.5. Tullius dixit : « Unum est inexpugnabile munimentum amor civium » : Albertano da Brescia, Liber consolationis et consilii, XXXV. Cf. Sen., Clem., I.19.6.
54 Weijers 1991, p. 41.
55 Mountford 1925.
56 Cecchini 2000.
57 Cic., Catil., I.1 ; Mountford 1925, p. 49.
58 Abutere est remplacé par male uteris dans la reformulation. Cf. Ibid.
59 Ibid., p. 120 ; Cic., Rep., I.39.
60 Ullman 1963, p. 224‑225.
61 Mercer 1979, p. 66-67; Padoue, Biblioteca Universitaria, 534, f. 1r-22v.
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