Corpus épigraphique
p. 385-403
Texte intégral
1 Ce corpus ne constitue pas une nouvelle édition des inscriptions. Dans la plupart des cas, le texte des publications antérieures est reproduit, éventuellement en choisissant l’édition la plus pertinente.
2Le corpus épigraphique est agencé de la même façon que le catalogue de fontaines qui le précède. La répartition est géographique, par province, puis par classement alphabétique du nom antique. Aucune inscription ne concerne, pour l’instant, la Maurétanie tingitane. Le cas échéant, il est fait mention du numéro de la fontaine décrite dans le catalogue de monuments si le lien avec l’inscription est avéré.
3La recherche dans les corpus épigraphiques s’est faite à partir d’une série de mots-clés : lacus, fons, saliens, exceptorium, nymphaeum et septizonium. Sont incluses toutes les inscriptions soit découvertes en lien ou à proximité d’une fontaine du catalogue, soit évoquant très probablement une fontaine monumentale urbaine. Ainsi, quand le contexte de découverte est connu, par exemple par une mention dans le CIL ou par un voyageur, une inscription mentionnant une fons ou un lacus n’a pas été retenue si elle provenait d’un établissement thermal ou d’un aménagement de source en dehors d’une ville.
4Les conventions d’édition des inscriptions sont celles de l’Année épigraphique.
5Les abréviations des corpus sont celles en usage dans le Guide de l’épigraphiste ou, à défaut, dans l’Epigraphik-Datenbank Clauss/Slaby.
6Les références aux publications recensées par l’Année épigraphique sont précisées en sus uniquement lorsqu’elles ont été utilisées pour l’édition du texte ou le commentaire.
Maurétanie césarienne
Aïoun-Sbiba (Algérie)
71) AE, 2001, 2137 ; Salama – Christol 2001.
8D(is) S(alutaribus) M(auris). | [M(arcus)] Aur (elius) Victor, u (ir) e (gregius), | proc (urator) praeses prou (inciae) | Maur (etaniae) Caes[ariens (is)], | [fo]nte[m ---] |˹c˺ ial[---] | ceria+[---] | +[-]nius [---] | ------
9Découverte à Aïoun-Sbiba. Conservée au musée d’Oran. Autel de calcaire brisé en trois fragments. h. 62 cm ; l. 50 cm ; ép. 28 cm ; lettres 4,5 cm env.
10P. Salama et M. Christol choisissent la restitution fontem plutôt que pontem en raison du contexte local, puisqu’un vaste réservoir est connu sur le site d’Aïoun-Sbiba. De plus, S. Gsell avait repéré « un hémicycle qui pourrait avoir été un château d’eau », de même que le lieutenant Fort avait mis en évidence l’abondance des sources.
11Sous le règne de Caracalla a eu lieu le réaménagement des conduites, peut-être dans le but de réaliser au mieux la collecte des eaux et leur concentration : en témoigne une inscription qui rappelle l’action d’une aile de cavaliers, à l’initiative d’un personnage d’autorité qui portait le nom de P. Neratius [Phos] phorus (AE, 1957, 180).
12Il s’agirait donc de l’aménagement d’un nouveau monument des eaux, après Caracalla. Le texte indique la présence effective du gouverneur, alors que dans d’autres circonstances les réparations avaient seulement été réalisées par exécution d’un ordre donné à distance (voir les doutes exprimés par Lefebvre 2008, p. 2035). Il n’est pas assuré qu’il s’agisse d’une fontaine, les aménagements hydrauliques, notamment une source, étant nombreux à proximité.
13Datation : 263, d’après les dates de fonctions de procurateur de M. Aurelius Victor (PIR2 A 1634 ; PLRE, 1, Victor 11, p. 959-960 ; Thomasson 1996, nº 47, p. 220-221).
Caesarea – Cherchel (Algérie)
142) CIL, VIII, 21081 ; EphEp, 1009 ; CLE, 276 ; Schmitter 1882, p. 281 ; Aupert 1974, p. 71 et 93 ; Leveau – Paillet 1976, p. 125 et 129 ; Leveau 1984, p. 56 ; Wilson 1997, nº 38, p. 238-239 ; Letzner 1999, nº 245, p. 402 ; Hamdoune 2016, nº 42, p. 200-203.
15Vitea quot longis sunt | tecta excepta columnis, | ac docili libra teretem q|uot flexus in arcum est, | marmore quot Pareo ui (u) unt | spirantia signa, aequo[ris | e]t uario quot p[rofluit unda meatu, | ------
16Plaque de marbre, L. 23 cm.
17Après les propositions de P. Aupert et P. Leveau, le GRAA a choisi une traduction avec une succession de si introduisant la description qui devaient être suivis du nom du responsable ou de l’institution s’étant occupé de la construction.
18L’inscription a été trouvée dans la propriété Aptel située sur la cote 35 m, « au pied d’un grand bassin de maçonnerie donnant passage à cinq tuyaux de plomb ». Ni la taille des trous ni la dimension des bassins ne sont précisées. La description du monument avec le passage de tuyaux a fait supposer à P. Leveau qu’il pouvait s’agir aussi bien d’un château d’eau (castellum diuisorium), évoquant notamment le monument de Nîmes, que d’un nymphée, à cause de la mention des colonnes et des statues de marbre. L’auteur s’appuyait sur une description de Pline (Nat. 36, 24, 121). P. Aupert avait comparé cet édifice avec le nymphée de Tipasa, semi-circulaire, et celui du capitole de Cirta [ins. 6] qu’il restituait également par un demi-cercle.
19Un petit torse de Vénus retrouvé à proximité ainsi qu’un fragment de mosaïque représentant un cheval pourrait laisser penser qu’il s’agissait plutôt d’une fontaine ornant une domus.
20Datation : inconnue.
Lemellef – Kherbet Zembia (Algérie)
213) CIL, VIII, 8809 ; ILS, 5785 ; AE, 1908, 30 ; AE, 2012, 149 ; Cherbonneau 1860-1861, p. 225-229 et pl. IV ; Dupuis 1992, no 7, p. 268 ; Mansouri 2004.
22Felicissimis temporibus dd (ominis) nn (ostris) Imp (eratoris) Caes (aris) [[M(arci) Iuli Philippi]] Inuicti Pii Felicis [[et Imp (eratoris) Caes (aris) M(arci) Iuli Philippi Inuicti Pii]] | Felicis Augg (ustorum) [[et Marciae Otaciliae Seuerae Aug (ustae)]] aqua fontis quae multo tempore deperierat et ciues inopia | aquae laborabant instantia M(arci) Aurelii Athonis Marcelli u (iri) e (gregii) proc (uratoris) Augg (ustorum) rarissimi praesidis n (ostri) patroni muni|cipii innouato opere aquae ductus abundans in fonte est perducta.
23Découverte près de la ruine Kherbet Zembia (AAA, 16.347), conservée au fort Mokrani, à Bordj bou Arreridj. S. Gsell considère que Lemellef est à Bordj Ghedir (AAA, 26.3). Entablement composé de sept blocs jointifs. h. 85 cm ; L. 10,22 m ; lettres 12-17 cm.
24A. Cherbonneau rapporte les propos d’un rapport du capitaine Payen qui a exploré les ruines aux environs de Kherbet Zembia, au N. du Djebel Ayad, qui dominent le cours de l’oued Ksob. Payen a fait un relevé d’un tronçon d’aqueduc subsistant.
25La réparation d’un aqueduc a permis de faire de nouveau parvenir les eaux de la source jusqu’à la ville, qui comprenait plusieurs fontaines, dont on ne peut déterminer les dimensions, certainement de petites fontaines de rues. M. Aurelius Athon Marcellus a demandé que soient effectués ces travaux : instantia signifie « sur la demande pressante », mais la cité était libre de ne pas ouvrir le chantier (Lepelley 1979, p. 60). On ne dispose pas d’informations sur le financement. Selon X. Dupuis, la façon dont le texte est rédigé exclut un acte d’évergétisme, privé ou impérial, mais indique que les travaux ont du être financés par la cité. Le personnage est patron du municipe, procurateur de Maurétanie césarienne.
26Datation : 247-249, d’après la fonction de procurateur de M. Aurelius Athon Marcellus sous le règne de Philippe l’Arabe et Philippe II (PIR2 A 1460 ; Thomasson 1996, nº 44b, p. 219).
Numidie
Provenance inconnue (musée de Guelma, Algérie)
274) CIL, VIII, 5335 ; ILS, 5730 ; ILAlg, I, 256. Wilson 1997, nº 40, p. 239 ; Casagrande 2008, nº E6, p. 268- 269 ; Cugusi – Sblendorio Cugusi 2012, nº 22, p. 101 ; Hamdoune 2016, nº 13, p. 100-101.
28Beatissimis temporibus dd (ominorum) nn (ostrorum) Valentiniani et Valentis, perpetuorum Augg (ustorum), procons[ulatu] / [u (iri) c (larissimi) Iuli Festi Hymetii, legatio]ne u (iri) c (larissimi) Fabi Fabiani, piscinam, quae antea tenuis aque pigra fluenta capiebat, nunc ve[ro --- | ---]rum intonantium motibus redundantem, Q(uintus) Basilius Flaccianus fl (amen) p (er) p (etuus) augur et cur (rator) [--- |---] et excepto[rio --- ex]tructo adq (ue) perfecto, cum [Bas]ilio Maximo Auf[id]iano [filio suo dedicauit].
29Deux pierres, dont la première a disparu (ILAlg). Une troisième devait compléter l’inscription. h. 30 cm ; L. deuxième fragment 1,36 m ; lettres 6 cm.
30M. Casagrande propose que piscinam désigne la piscina limaria en lien avec l’aqueduc et l’exceptorium une citerne, peut-être un château d’eau. C. Lepelley parle d’un réservoir (Lepelley 1981, p. 92) et le GRAA d’une piscine de thermes ou du bassin d’une fontaine publique.
31Datation : 366-368 d’après les dates du proconsulat de Iulius Festus Hymetius (PLRE, 1, Hymetius, p. 447) et de la légation de Fabius Fabianus (PLRE, 1, Fabianus 3, p. 322), voire seulement 366-367 en considérant la curatelle de Quintus Basilius Flaccianus qui a lieu entre 364 et 367 (Lepelley 1979, nº 80, p. 177).
Calama – Guelma (Algérie)
325) CIL, VIII, 5377 = 5483 = 5484 = 17525 ; ILAlg, I, 298 ; Wilson 1997, no 42, p. 240-241 ; Casagrande 2008, nº E8, p. 270.
33Fontaine : 10
34Architrave-frise avec plusieurs décrochements. Trois fragments conservés. h. 51,5 cm ; lettres 15-16 cm.
35Q(uintus) Caeciliu[s --- || ---] HS XXX mil (ia) n (ummum) pro[misisset --- || ---]s sua [pec (unia)] dari iussit.
36La fontaine a peut-être été financée par un fonds testamentaire.
37Datation : inconnue.
Cirta – Constantine (Algérie)
386) CIL, VIII, 6981-6982 ; ILS, 4921 ; ILAlg, II-1, 483 ; Clarac 1841 ; Fröhner 1869, nº 29, p. 59-61 ; Vars 1893, p. 240 ; Gsell 1912, p. 117 ; Héron de Villefosse 1921, p. 16, pl. XIV, nº 2 ; Settis 1973, p. 732 ; Aupert 1974, p. 71 et 94 ; Ducroux – Duval 1975, nº 79, p. 25 ; Wilson 1997, nº 59, p. 248 et p. 153 ; Wilson 2001c ; Lassère 2007, p. 895 ; Lamare 2018.
39Synopsis. | Iouis Victor argenteus | in Kapitolio habens in capite co|ronam argenteam, querqueam | folior (um) XXX, in qua glandes n (umero) XV fe|rens, in manu dextra orbem argen|teum et uictoria (m) palmam ferentem | [spinar (um ?)] XX et coronam folior (um) XXXX | sinistra hastam arg (enteam) tenens || [---] sub inscr[ip]|tione [no]minis Longani. | Item in nymphaeo, in corona summa | (in) circumitu litterae n (umero) XXXX auro inlumi|natae, hederae distinguentes incoctiles | n (umero) X, scyphi dependentes auro inluminati n (umero) VI, | cantharum auro inluminatum statuae | aereae n (umero) VI et Cupido, marmoreae n (umero) VI, | Silani aerei n (umero) VI, | manualia n (umero) VI.
40Découverte sur la casbah de Constantine. Le premier fragment est conservé au Musée d’Alger et le second au Louvre (AGER, Ma 2048). Stèle de calcaire gris brisée en deux fragments. h. premier fragment 41 cm ; second 36 cm ; l. 56 cm ; ép. max. 10 cm ; lettres 6 cm (l. 1), 3 cm (l. 2), 2,5 cm (l. 10-12 et 16-18), 2 cm (l. 13-15).
41Dans un article détaillé, j’ai proposé de restituer une fontaine de plan centré, possiblement ronde, semblable à la fontaine de l’agora d’Argos, où les statues de marbre et de bronze, certainement des Nymphes, devaient se placer en cercles concentriques dans les entrecolonnements. En haut, une inscription courait sur la frise circulaire et des vases pendaient accrochés aux colonnes. Au centre prenait place une statue de Cupidon, surmontant peut-être un bassin d’où l’eau s’écoulait pour rejoindre des robinets. Là, l’eau pouvait être récupérée grâce à des aiguières.
42Datation : IIe-IIIe s., d’après le contexte de construction des temples du capitole et la paléographie.
Cuicul – Djemila (Algérie)
437) AE, 1920, 15 ; ILAlg, II-3, 7859 ; Février 1968, p. 70-71 ; Romanelli 1970, p. 193 ; Lepelley 1981, p. 404.
44Fontaine : 15
45[Cl]ementissimis temporibus dddd (ominorum) nnnn (ostrorum) Diocletiani et Maximiani Augg (ustorum) et | [Co]nstanti ⟦et Ma[x]i[mia]ni⟧ nobb (ilissimorum) Caess (arum), Valerius Concordius, u (ir) p (erfectissimus), p (raeses) p (rouinciae) N(umidiae), aquam ex fontibu[s | uetus]tate conlabsis ad nouam faciem restituit, curante opus omne M(arco) Rutilio Felice Feli[c|ia]no, eq (uite) R(omano), pontifice, curatore rei p (ublicae).
46Frise-corniche. h. 34 cm ; L. actuelle 1,99 m ; lettres 3,5-4 cm (lignes 1-3), 3 cm (ligne 4). Ponctuation par hederae.
47Le légat Valerius Concordius a fait exécuter les travaux de restauration de l’adduction d’eau, dont la supervision a été assurée par M. Rutilius Felix Felicianus, alors curateur de Cuicul. La fontaine a probablement été construite à cette occasion.
48Datation : 295, d’après la mention de Valerius Concordius, gouverneur de Numidie (PLRE, 1, Concordius, 4, p. 219 ; Kolbe 1962, p. 43-46).
498) ILAlg, II, 3, 7784.
50Imp (eratori) Caes (ari) T(ito) Aelio Hadriano Antonino | [A]ug (usto) Pio, p (atri) p (atriae), trib (unicia) pot (estate), co (n) s (uli) III, d (ecreto) d (ecurionum), p (ecunia) p (ublica).
51Entablement mouluré en haut. Conservé à la source romaine au S. des ruines (ILAlg). Lettres 7 cm env. La fontaine a été financée par la caisse publique.
52Datation : 140-144, d’après la troisième nomination en tant que consul d’Antonin le Pieux. L’absence d’indication pour le nombre de puissance tribunicienne empêche de préciser cette datation.
Lambaesis – Lambèse (Algérie)
539) CIL, VIII, 2658 ; AE, 1973, 645 ; Janon 1973, nº 3, p. 224-225 ; Horster 2001, nº XXXV 2, 13, p. 428-429 ; Belfaïda 2009, nº 20, p. 131.
54Fontaine : 16
55[I]mp (erator) Caes (ar), [diui Seue]ri [ne]po[s], diui Mag[ni Antonini filius, M(arcus) Aurelius Alexander Pius Feli]x, Augustus, pont[ifex maxi]mus, tribuniciae potestatis V, co (n) s (ul) II, pate[r patriae --- | --- aquam Lu[---]nsem Mellariensem [--- in ciuitatem ab originibus ?] suis, induxit [---] aquae ductus et nymphaei opu[s --- | --- uillae Mi[---]topensem, columb[os milites leg (ionis) III Aug (ustae) ? numini maiestatique] eius dicati[ssimi --- me]nsib (us) VIII, per m (il-lia) p (assuum) XXV feceru[nt].
56Musée de Lambèse, jardin épigraphique. h. 73 cm ; L. 3,10 m pour quatre fragments ; L. restituée 8 à 10 m ; lettres 11,5 cm (l. 1), 10,5 cm (l. 2 et 3).
57Columbos est compris par T. Mommsen (CIL) comme piscinae. S. Settis (1973, p. 714) renvoie à la forme colymbus (κόλυμβος) qui peut désigner un bassin ou une citerne (Colymbus, s.v. dans TLL, col. 1745, l. 57-74, avec mention de l’inscription).
58Datation : 226, d’après la titulature impériale de Sévère Alexandre.
5910) CIL, VIII, 2657 = 18105 ; ILS, 5626 ; AE, 1973, 645 ; Janon 1973, nº 4, p. 225 ; Dupuis 1992, nº 6, p. 268 ; Duval – Lamare 2012.
60Fontaine : 16
61[Pro salute Impp (eratorum) Caess (arum) --- M(arcus)] Aur (elius) Cominius Cassia[nus leg (atus) Augg (ustorum duorum ?) pr (o) pr (aetore) c (larissimus) u (ir)] septizonium marmorib (us), musaeo et omni cultu uetustate dilabsum restituit.
62Musée de Lambèse, jardin épigraphique. h. 52 cm ; L. pour quatre fragments conservés 6 m ; lettres 12 cm. M. Janon a montré que nymphaeum et septizonium étaient un seul et même monument, construit en 226 et restauré au 246-247. Ces réparations faites vingt ans après la construction ont été commémorées par une inscription gravée sur une partie du monument qui existait déjà, sous l’inscription dédicatoire, beaucoup plus importante.
63Datation : 246-248, d’après les dates de fonction du légat M. Aurelius Cominius Cassianus (PIR2 1265 ; Thomasson 1996, nº 66, p. 186-188).
6411) CIL, VIII, 2659 ; AE, 1973, 645 ; Janon 1973, nº 1, p. 224 ; Belfaïda 2009, nº 15, p. 130.
65Fontaine : 16
66⟦ « M(arcus) Aurel{l}ius Seuerus Alexander Pius | (aquas) Alexandrianas »⟧ Lambaesita (nis dedit).
67Musée de Lambèse, jardin épigraphique. h. 75 cm ; L. 2 m ; lettres 13 cm ; lettres regravées 11 cm.
68Suivant le CIL, M. Janon suppose que l’inscription d’origine ne devait pas avoir de rapport avec le texte regravé. L’inscription commémore les travaux de captage de l’aquae Melliarenses et Lu[---]nses [ins. 9] sous Sévère Alexandre.
69Datation : 222-235, d’après la mention de Sévère Alexandre.
7012) CIL, VIII, 2660 ; ILS, 5787 ; AE, 1973, 645 ; Janon 1973, nº 5, p. 226 ; Belfaïda 2009, nº 18, p. 130-131. Fontaine : 16
71Impp (eratores duo) Caess (ares), C(aius) Aur (elius) Valerius Diocletianus, P(ius), | F(elix), Inuictus, Aug (ustus), et M(arcus) Aurelius Valerius Ma|ximinianus, P(ius), F(elix), Inuictus, Aug (ustus), aquae ductum | Titulensem ab originem usque ad ciuita|tem longa uetustate corruptum, | per Aurelium Maximianum, u (irum) p (erfectissimum), p (raesidem) p (rouinciae) N(umidiae), ad melio|rem statum additis limis, restituerunt, curantibus Ae|milio Lucino, Augure, cur (atore) rei p (ublicae) et Iulio Aurelio, (centurione). Musée de Lambèse, jardin épigraphique. h. 54 cm ; L. 1,15 m ; lettres 5 cm.
72À propos de la traduction, T. Mommsen (CIL) comprenait pour additis limis des matériaux de remblai disposés en biais (aggeribus obliquis) donc à des digues en pente (de limus, oblique). C. Lepelley (1981, p. 419, n. 10) n’est pas certain de cette interprétation et pense à un colmatage d’argile (de limus, le limon, la boue).
73L’aqueduc a été remis en état sous l’égide du gouverneur Aurelius Maximianus et les responsables des travaux furent le curateur et augure Aemilius Lucinus et un centurion nommé Iulius Aurelius. L’intervention de cet officier indique que les soldats de la IIIe légion participèrent aux travaux. Il s’agissait d’un service rendu par l’armée (Lepelley 1981, p. 419). Je développe Impp. Caess. au nominatif.
74Datation : 290-293, d’après les fonctions de gouverneur d’Aurelius Maximianus (PLRE, 1, Maximianus, 4, p. 572-573 ; Kolbe 1962, p. 40-43).
7513) CIL, VIII, 2661 ; ILS, 5788 ; AE, 1973, 645 ; Dupuis 1992, nº 24, p. 271 ; Wilson 1997, nº 99, p. 266-267 ; Belfaïda 2009, nº 19, p. 131.
76Fontaine : 16
77Aquam Titulensem quam ante annos | plurimos Lambaesitana ciuitas in|teruerso ductu ui torrentis amiserat, | perforato monte instituto etiam a | solo nouo ductu, Seuerinius Apronianus, u (ir) p (erfectissimus), p (raeses) p (rouinciae) N(umidiae), | pat (ronus) col (oniae), restituit, cur (ante) Aelio Rufo, u (iro) e (gregio), fl (amine) p (er) p (etuo), cur (atore) r (ei) p (ublicae).
78Musée de Lambèse, jardin épigraphique. h. 53 cm ; L. 1,20 m ; lettres 5 cm.
79Selon X. Dupuis (1989, p. 187-188), la restauration de l’aqueduc s’est certainement faite aux frais de la cité. Le curateur Aelius Rufus est connu par d’autres inscriptions, ainsi que des membres de sa famille.
80Concernant les dégâts dont il est fait état, M. Janon (1973, p. 248) note qu’il s’agirait vraisemblablement d’un pont-aqueduc traversant un oued qui aurait été détruit lors d’une crue, et relève des destructions de ce type au niveau de l’oued Bertouli.
81Datation : 276-282, d’après les fonctions de gouverneur de Numidie de Severinius Apronianus (PLRE, 1, Apronianus, 8, p. 87 ; Kolbe 1962, p. 14-17 ; Lepelley 1981, nº 1, p. 424, et p. 418, n. 9 ; Thomasson 1996, nº 72, p. 191-192).
8214) CIL, VIII, 2662 = 18106 ; ILS, 3895 ; AE, 1973, 645 ; CLE, 252 ; Janon 1973, nº 2, p. 224 ; Belfaïda 2009, nº 16, p. 130 ; Hamdoune 2016, nº 22, p. 130- 132.
83Fontaine : 16
84Numini aquae | [[ « Alexandrianae »]] : | hanc aram Nymphis extruxi, | nomine Laetus, | cum gererem fasces patriae | rumore secundo : | plus tamen est mihi gratus | honos, quod | fascibus annus | is nostri{s} datus est quo sanc|to nomine diues | Lambaesem largo perfu|dit flumine Nympha.
85Musée de Lambèse, jardin épigraphique. Base (autel) découverte près du nymphée-septizonium. h. 1,06 m ; l. 87 cm ; lettres 5,5 cm (l. 1), 5 cm (l. 2), 4 cm (l. 3-12).
86M. Janon précise qu’il n’y a aucune raison de penser que le texte regravé diffère du texte initial. Selon les commentaires du GRAA, il s’agit ici non d’une dédicace officielle mais d’un acte privé par lequel Laetus commémore la coïncidence entre l’exercice du duumvirat et l’inauguration du nymphée, rappelant habilement le lien entre sa magistrature et l’abondance des eaux.
87Datation : 226, contemporaine de l’achèvement du nymphée (cf. ins. 9).
Macomades – Ksour el-Ahmar (Algérie)
8815) CIL, VIII, 4766 = 18700 ; Lepelley 1981, p. 427 ; Wilson 1997, no 88, p. 261 ; Belfaïda 2009, nº 22, p. 132.
89h. 36 cm ; l. conservée 48 cm ; lettres 4,5 cm.
90Dddd (ominis) nnn[n (ostris) Diocletiano et Maximiano Augg (ustis)], | et Constantio [et Maximiano nobb (ilissimis) Caess (aribus)], | aquae ductum fa[-- - ] | lacum uiribus rei p (ublicae) [---]|tum Val (erius) Ant[oninus, u (ir) p (erfectissimus), p (raeses) p (rouinciae) N(umidiae), --- per in]|stantiam stip[---
91Il s’agit de travaux concernant un aqueduc, ou une conduite d’eau. Une fontaine (lacus) est également mentionnée mais on ne sait s’il s’agit d’une construction ou d’une restauration. La mention des efforts de la ville laisse penser à un engagement des habitants, d’une force de travail (uires) plutôt qu’à un effort financier, comme dans l’inscription de Tiddis (AE, 1946, 61 ; AE, 1952, p. 66, n. 206 ; AE, 1946, p. 63, n. 227 ; ILAlg, II, 3596). Le gouverneur a peut-être agi sur demande.
92Datation : 305, d’après les fonctions de gouverneur de Numidie C. Valerius Antoninus (PLRE, 1, Antoninus, 12, p. 76 ; Kolbe 1962, p. 55-58).
Thamugadi – Timgad (Algérie)
9316) CIL, VIII, 2406 (quatrième fragment) ; AE, 1979, 670 ; Ballu [1903] dans Groslambert 1997, p. 63 ; Boeswillwald – Cagnat – Ballu 1905, p. 318 ; Duncan-Jones 1968, nº 11, p. 157 ; Duncan-Jones 1974, nº 52, p. 92 ; Bassignano 1974, nº 9, p. 290 et 295 ; Jacques 1975 ; Gascou 1979 ; Jacques 1984 ; Jacques 1987 ; Wesch-Klein 1990, nº 8, p. 330-331 ; Dupuis 1992, nº 34, p. 273 ; Wilson 1997, nº 183, p. 303-304 ; Briand-Ponsart 2003 ; Schmölder-Veit 2009, p. 145 ; Mansouri 2012, p. 713-714.
94Fontaine : 20
95P(ublius) Iulius P(ublii) filius Papiria (tribu) | Liberalis, sacerdotalis p (rouinciae) A(fricae), f (lamen) p (erpetuus), | q (uin) q (uennalis), IIuir, praef (ectus) i (ure) d (icundo), q (uaestor), et in col (onia) Thys|dritana f (lamen) p (erpetuus), lacum, quem super legi|[timam flamoni summam promiserat ex HS] | XXXII (millibus) CCCXLVIII fecit idemq (ue) dedic (auit), d (ecreto) d (ecurionum).
96Cinq fragments retrouvés uniquement, conservés in situ. Chaque fragment d’architrave-frise : h. 66-67 cm ; L. 2-2,35 m ; ép. 25 cm ; lettres 14 cm.
97P. Iulius Liberalis, qui fit les frais d’une fontaine (lacum) à Timgad, est connu par d’autres inscriptions, de Timgad même (CIL, VIII, 2343 ; ILS, 6840), de Verecunda (CIL, VIII, 4252) et de Cuicul (AE, 1914, 41). Originaire de Thamugadi (AE, 1914, 41), il y a rempli les fonctions municipales : questeur, praefectus iure dicundo, duumvir, duumvir quinquennal. Plus tard, flamine perpétuel dans la colonie de Thysdrus, puis sacerdotalis prouinciae Africae. Revenu à Timgad, nommé flamine perpétuel, il s’est acquitté de la pollicitation relative à cette fonction.
98La précision de la somme payée est rare : elle indique vraisemblablement un problème dans l’exécution de la promesse faite lors de l’exercice du flaminat à Timgad, en plus du versement de la somme légitime. Il est probable également que la somme reflète le véritable coût du monument, calculé une fois celui-ci achevé, contrairement à la plupart des prix ronds indiqués pour les donations qui résultaient de contrats à prix fixe (Duncan-Jones 1974, p. 76-77).
99F. Jacques propose de fixer le terminus post quem aux années 240 et de considérer la fin du règne de Gallien comme terminus ante quem approximatif pour les dédicaces à P. Iulius Liberalis (Jacques 1987, p. 195-196). X. Dupuis suggère également de ne pas dater l’inscription après les années 270-280 dans la mesure où sont mentionnées la filiation et la tribu. Il ne faut pas oublier de prendre en compte la mention super legitimam summam qui suppose sans doute un retard dans l’exécution de la promesse, comme cela est souvent le cas lors des actes d’ampliatio, fréquent dans de nombreuses cités africaines (Jacques 1975, p. 175-176), notamment à Timgad (CIL, VIII, 2341, 17837 et 17838).
100Datation : v. 240-280, d’après le titre de colonie de Thysdrus, l’indication de la filiation et de la tribu de Liberalis et la mention d’une ampliatio.
Thibilis – Announa (Algérie)
10117) AE, 1969-1970, 691 ; ILAlg, II-2, 4724 ; Marrou 1968, p. 343-348 ; Lepelley 1981, no 82, p. 313 ; Cugusi – Sblendorio Cugusi 2012, nº 23, p. 101-103 ; Hamdoune 2016, nº 25, p. 138-142.
102[F]elix Urania mecum par|tire laborem | et Nym˹ph˺ is aude recidiuos pan|dere fontis | latex ubi sentibus horrens | merserat ante | incas(s) um funditus supe|rante ruina | currit iter liquidem de | more prisco fluore | ecce gradatim nosces | quo curante si qu (a) eras. | d (edicatum ?) d (ie) IIII Kal (endas) Iunias.
103Dalle carrée qui devait être encastrée « dans le monument ». Coté 60 cm ; ép. 15 cm.
104Petit texte rédigé en hexamètres (ou pseudo-hexamètres). Les références chrétiennes, une palme et un chrisme à la dernière ligne, se juxtaposent à une phraséologie empruntée à la tradition païenne, avec notamment de nombreuses références virgiliennes.
105Le nom du dédicant est révélé dans l’acrostiche : Felice. Selon un usage courant, le premier mot est celui de l’acrostiche. Vrania est interprété par le GRAA comme un ablatif : c’est donc la muse de la poésie qui s’adresse au dédicant, Felix, le restaurateur de la source. Il ne s’agit pas ici de divinités païennes mais de « nymphes très littéraires » (Petitmengin 1967, p. 202-203 et n. 4).
106Il s’agit plutôt ici d’une source que d’une fontaine architecturée.
107Datation : Ve s. selon H.-I. Marrou qui s’appuie sur la paléographie et indique qu’il est difficile de remonter plus haut comme de descendre jusqu’à l’époque byzantine. La date est connue : 29 mai.
Afrique Proconsulaire
Abbir Maius – Henchir el-Khandaq (Tunisie)
10818) AE, 1993, 1738 ; Beschaouch 1991 ; Wilson 1997, no 1, p. 224 ; Casagrande 2008, nº E13, p. 273-275.
109Cn (aeo) Apertio L(uci) fil (io) Gaetulico, duouirali | uiro Cerealicio splendidissimae | col (oniae) Karthaginis bonitatis et inno|centiae singularis humanissimo | in singulos ciues et in patriam libera|lissimo qui praeter id quod ad opus | aquaeductus publici contulit amplius | aquam aliam repertam sua pecunia ex|tructo proprio opere priori aquae coniunxit | pontem etiam in flumine ad transmittendam | publicam aquam opere quadrato pec[u]nia maxi|ma extruxit et praeter haec omnia lacum quo|que ad usum utriusque aquae et ornamentum | ciuitatis de suo fecit et marmoribus et opere | musaeo exornauit cui ab tot liberalitates | et munificentias ordo ad referendam meritis | euis gratiam statuam de sportulis suis faci|endam decreuit quam in foro loco quem | ipse elegit cum basi constituit. L(ocus) d (atus) d (ecreto) d (ecurionum).
110Il s’agit d’une dédicace publique à Cn. Apertius Gaetulicus qui a parcouru un cursus municipal à Carthage, mais dont la patrie, à laquelle il a fait de nombreux dons, est Abbir Maius. Il a offert un aqueduc et une fontaine pour distribuer l’eau d’une nouvelle source. En remerciement, la cité lui a élevé une statue. Le personnage est aussi connu par CIL, VIII, 24050, une inscription honorifique d’Henchir el-Khandaq à son frère.
111Datation : Avant 214-217, c’est-à-dire avant l’élévation au statut de municipe sous Caracalla (Beschaouch 1991, p. 141-143 ; Gascou 2003, p. 231-232).
Avedda – Medd (a) ? – Henchir Bedd (Tunisie)
11219) CIL, VIII, 14372 ; ILS, 5076 ; ILTun, 1207 ; Cagnat – Reinach 1886, p. 109 ; Tissot – Reinach 1888, p. 299 ; Pflaum 1970, p. 93-94 ; Maurin – Peyras 1971, p. 29 et 63 ; Aupert 1974, p. 95 ; Peyras 1991, p. 159-160 ; Wilson 1997, nº 24, p. 233-234 ; Casagrande 2008, nº E10, p. 271-272 ; Duval – Lamare 2012, p. 260 sq. Base. h. 1,10 m ; l. 56 cm ; lettres 8 cm. Le monument n’est connu que par cette inscription, aucun vestige n’ayant été retrouvé.
113Ti (berio) Aprario Felici Q(uinti) fil (io), | Papiria, Parato, aedili|cio, fl (amini) perp (etuo), bono uiro a|matori et alumno municip (ii) | sui ob incomparabilem | missilium in honorem | aedilitatis editionem mag|- namq (ue) etiam operis sep|tizodi nudae liberalitatis | exstructionem populus | aere conlato posuit l (ocus) d (atus) d (ecreto) d (ecurionum).
114Le septizodium (cf. ins. 10 et 21) a été financé par une évergésie libre de Ti. Aprarius Felix Paratus. La mention commune avec l’évergésie ob honorem effectuée à l’occasion de l’accès à l’édilité pourrait laisser penser que le financement du monument est le résultat d’une ampliatio.
115Datation : postérieur à l’élévation de la cité au rang de municipe, mentionné dans l’inscription, qui a eu lieu sous Septime Sévère et Caracalla. Terminus post quem : 211. J. Peyras date l’inscription de l’époque sévérienne.
Karthago – Carthage (Tunisie)
11620) CIL, VIII, 12498 ; EphEp, VII, 166 ; Belfaïda 2000, nº 23, p. 1599 ; Casagrande 2008, nº E31, p. 284-285. Datiua | u (otum) s (oluit) [la]cu|m suis | [---i]mp|[ensis].
117Musée de Carthage, manquante (en 2011).
118M. Casagrande propose la restitution impensis, après relecture de la pierre (par A. Ibba). L’interprétation lui semble probable. La forme cum suis pourrait également être lue seule et dans ce cas l’inscription ne se réfèrerait pas à un aménagement hydraulique. La femme commémorerait ainsi la construction du lacus à ses propres frais. Il suppose d’autre part que le nom unique, Dativa, au lieu des tria nomina, indiquerait qu’il s’agissait d’une chrétienne et donc une datation assez tardive. Dativa/Datiba est un prénom fréquent en Afrique aux IVe-Ve s. (PCBE, 1, Dativa, 1 et 2, p. 267).
119Datation : tardive (IVe-Ve s.) ?
Cincari – Henchir Toungar (Tunisie)
12021) AE, 1962, 299 ; Picard 1962 ; Casagrande 2008, nº E40, p. 289 ; Duval – Lamare 2012 (AE, 2012, 1864).
121Fontaine : 24
122- --] septido|nium m[---
123Dimensions supposées : h. 1 m ; L. 1,70 m.
124Il s’agit d’un fragment d’entablement, comprenant frise et architrave ; la partie droite du bloc est en saillie et se trouvait donc au-dessus d’une colonne détachée en avant d’une paroi. La pierre est cassée à son extrémité droite où il reste la moitié d’une lettre, peut-être un M, l’inclinaison des hastes et l’absence de barre horizontale ne permettant de voir ni un N, ni un A.
125On lit en capitales allongées, très régulières et bien gravées le mot septidonium qui diffère de la forme dominante septizodium (cf. ins. 19 d’Avedda) ou septizonium (cf. ins. 10 de Lambèse).
126Datation : IIIe s. d’après la paléographie et l’étude du monument (mosaïques, chapiteaux et statuaire).
Giufi – Bir Mcherga
12722) CIL, VIII, 23991 ; ILS, 5776 ; AE, 1894, 93 ; ILTun, 750 ; Cagnat 1891, nº 2, p. 194-195 ; Cagnat 1893, nº 4, p. 204-205 ; Cagnat 1894b, p. 170-171 ; Wilson 1997, nº 80, p. 257-258 ; Casagrande 2008, nº E14, p. 275.
128Mercurio Aug (usto) sac (rum). | Pro salute Imp (eratoris) Caes (aris) M(arci) Aurel{l}i Seueri Ale|xandri, Pii, Felicis, Aug (usti), p (ontificis) m (aximi), p (atris) p (atriae), trib (unicia) pot (estate) XII, | proco (n) s (ulis), et Iuliae Mam (a) eae, Aug (ustae), matris Aug (usti), | et senat (us) et pat (riae) tot (ius) q (ue) domus diuinae eorum, | Q(uintus) Ceruius, L(uci) f (ilius), Lucretius Maximus, et C(aius) Geminius, | C(ai) f (ilius), Victoricus, aediles, s (ua) p (ecunia) f (ecerunt), et ob dedicationem | epulum decurionibus et missilia populo | dederunt, et fistula plumbea cum epitonio | aereo ad labrum lapideum aqua u[t] saliret | aeque, sua pecunia curauerunt, | l (ocus) d (atus) d (ecreto) d (ecurionum). Base repérée à l’Henchir Khemissa, à côté des ruines de Bir Mcherga.
129La mention d’un epitonium (cf. Varro Rust. 3, 5, 16 ; Sen. Epist. 86, 6 ; Dig. 19, 1, 17, 8 ; Vitr. 9, 8, 11 et 10, 8, 3), littéralement « col de cygne », désigne un tuyau courbe d’où s’écoule l’eau, généralement traduit par « robinet ». L’indication d’un bassin de pierre laisse penser ici à une fontaine, dont nous ne connaissons cependant pas les dimensions. Le fait que l’inscription commémore ce cadeau et que le robinet soit en bronze peut suggérer que le monument était sinon imposant, au moins décoré ou doté d’une importance particulière. L’installation du tuyau a dû se faire sur un monument existant, si l’on considère la mention ad labrum lapideum. Les deux édiles mentionnés ne sont connus que par cette inscription. Ils ont financé l’ouvrage à leurs propres frais.
130Datation : 233, d’après la titulature impériale de Sévère Alexandre.
Henchir el-Left (Tunisie)
13123) AE, 1949, 49 ; AE, 2001, 2067 ; Settis 1973, p. 732 ; Wilson 1997, nº 84, p. 259-260 ; Belfaïda 2000, nº 8, p. 1597 ; Grira 2001 ; Casagrande 2008, nº E25, p. 281-282 ; Belfaïda 2009, no 5, p. 126.
132[Pro ? salute ? ddd (ominorum) nnn (ostrorum) Constant]ini maximi Aug (usti) et Constantini et Constanti nobb (ilissimorum) Caess (arum) / [--- inso] litum fastidi (o) opus erectum est deductum (que) longo tractu (a) nimfio / [haec ab illo et ---]lio Florentio v (iro) p (erfectissimo) proc (uratore) pat (ronis) devotissimis dedicata sunt.
133Linteau décoré de feuilles d’acanthe. h. 23 cm ; L. 1,10 m ; ép. 40 cm ; lettres 4 cm (l. 1), 3 cm (l. 2-3). M. Casagrande pense que l’inscription se réfère à un aqueduc, même si le type de travaux n’est pas clair : le nymphée devait exister avec ces aménagements qui consistaient peut-être en une restauration ou une reconstruction totale du dernier tronçon de l’aqueduc, à moins qu’il ne s’agisse d’un nouvel aménagement ou d’une dérivation d’un conduit existant, avec la construction d’un nymphée. A. Belfaïda suggère de reconnaître dans la conduite une adduction privée : en réalité, les recherches de terrain entreprises par M. Grira lui ont permis d’identifier les vestiges d’une conduite sur une longue distance, env. 5 km à vol d’oiseau, dont l’origine se trouvait à Aïn Jeljel et qui se dirigeait vers Henchir el-Contra (AAT, II, 36.119). Il pourrait s’agir de celle mentionnée dans l’inscription. Il n’y pas de vestiges de nymphée à l’origine de la conduite mais S. Settis se demandait s’il ne s’agissait pas d’un sanctuaire aux nymphes, étant donné l’emplacement à l’origine de l’aqueduc. De plus, la question soulevée par M. Grira est celle du statut d’Henchir el-Contra qu’on ne peut pas identifier avec certitude à une cité malgré l’étendue des ruines (plus de 22 ha).
134Le statut juridique du site pose également problème. Il a été suggéré que le chantier de construction n’était pas municipal (Lepelley 1979, p. 115) voire qu’il se situait sur un domaine impérial (Jouffroy 1986, p. 287, n. 4, p. 290). M. Grira propose de voir dans l’organisation de travaux l’association de colons d’un domaine impérial ayant agi à leurs frais, de leur plein gré ou sur ordre du procurateur.
135Datation : 326-333, période pendant laquelle Constantin Ier règne avec ses deux fils, Constantin II et Constance II, avant que Constant Ier ne soit élevé au rang de César, et d’après les fonctions de procurateur de [---]lius Florentius (PLRE, 1, Florentius 12, p. 366).
136Il a été suggéré un rapprochement avec un autre Florentius (PLRE, 1, Florentius 8, p. 364), mentionné dans une inscription de Ksar Mdoudja (CIL, VIII, 23653 = 23673 ; ILS, 5732a ; CLE, 1912 ; ILCV, 785 ; ILTun, 565 ; EChrAfr, III, 180 ; AE, 1899, 122). La notice récente de cette dernière inscription rédigée par le GRAA propose une datation de la fin du Ve voire du VIe s., excluant ainsi qu’il puisse s’agir du même personnage (Hamdoune 2016, nº 7, p. 77-79).
Lepcis Magna – Al Khums (Libye)
13724) AE, 1951, 86 ; AE, 1952, 177b ; AE, 1990, 1030 ; IRT, 534 ; Caputo 1950, p. 167-169 ; Guey 1951 ; Syme 1959, p. 316 ; Traversari 1960, p. 137-139 ; Di Vita 1989-1990 ; Wilson 1997, nº 118, p. 274-275 ; Le Bohec 2008, nº 13a, p. 240-241.
138Proscaenium, || columnis [e]t marmoribus, || ex HS CC (milibus), a Marcio Vitale, itemque ex HS CCC (milibus), a Iunio Galba, in eam rem || [una cum ?] lac[u]na || pec (unia) publ (ica) exornatum dedicatum est, L(ucio) Hedio Rufo [Lo]lliano Auito, || proco (n) s (ule), C(aio) Vibio Gallione Clau||dio Seue[ro], leg (ato).
139Six blocs d’architrave en marbre conservés in situ. L. totale conservée 29,42 m, lettres 14-18 cm.
140La principale difficulté de l’inscription porte sur l’existence et le développement du quatrième fragment ainsi que la compréhension de la restitution. Le texte proposé par A. di Vita est [datis item | tetrastylis] lac[u]nar[um].
141J. Guey propose [legatis ; item tetrastylo nouo (?) in] lac[u]na comprenant lacunae comme ornamenta proscaenii. G. Caputo lit [una cum ?] lac[u]na dans le fragment 4 mais interprète lacuna comme cauea. L’interprétation ne semble pas convaincre A. Wilson qui lit dans lacunae bassins ou fontaines. Il se réfère au lacus [cat. 30], construit pecunia publica et dédié par Hedius Rufus et Vibius Gallio [ins. 27] à l’angle N.E. de la scène, qui a pu faire partie du même projet. Il note également que le r de lac[u]nar[um] est pointé par A. Di Vita et donc incertain. J. Guey avait déjà évoqué cette hypothèse mais la refusait en s’appuyant sur l’appellation lacus employée pour désigner la fontaine dans cette autre inscription. G. Traversari suggère de voir dans lacuna l’orchestra immergée du théâtre pour les jeux aquatiques, la colymbètra (κολυμβήθρα), mais il n’y a aucune preuve de la présence de ce dispositif à Lepcis Magna.
142Si le proscaenium a été décoré avec l’argent de deux évergètes, les éventuelles fontaines ont été financées pecunia publica. L’indication à l’ablatif des noms du proconsul et du légat seraient utilisés pour dater, comme pour l’inscription du lacus.
143Datation : 157, d’après les dates de fonction du proconsul d’Afrique Lollianus Avitus (Thomasson 1996, nº 76, p. 62-63 : discussion sur la datation, en 157- 158 ou 158-159 au plus tard) et du légat Vibius Gallio (Thomasson 1996, nº 32, p. 109).
14425) IRT, 398a ; Sandoz 2006.
145Fontaine : 27
146Sep (timius) Seuerus, M(arcus) Au[r (elius)] Anton (inus), P(ublius) Sep (timius) Geta.
147Dimensions du texte : h. 3 cm ; L. 40 cm ; lettres irrégulières 2,5 cm.
148Inscription sur une fistula en plomb découverte en haut de la voie à colonnade, à proximité du nymphée, au début du XXe s. Le négatif de l’inscription a été découvert dans le mortier sur le mur périmétral du bassin par C. Sandoz qui donne une photographie peu lisible (Sandoz 2006, p. 406, fig. 7).
149Le nom de l’empereur présent sur la conduite au nominatif peut s’expliquer par une visite de l’empereur ou une munificence impériale, propositions qui ne s’excluent pas dans le cas de Lepcis Magna (cf. chapitre 8).
150Datation : La présence des noms de Septime Sévère et de ses deux fils sur la même estampille (Bruun 1991, p. 228 et n. 56) permet de dater la conduite de 198-211 (et non 209-211 d’après les IRT en ligne). En effet, Géta fut désigné César en 198 alors que son frère Caracalla reçoit le titre d’Auguste, et Septime Sévère succombe à la maladie au début du mois de février 211. Cette estampille est l’une des rares inscriptions ayant échappé au martelage systématique et méticuleux du nom de Géta ordonné par Caracalla quelques mois après la mort de son frère. Ceci indique que la fistula était en place et recouverte par la couche de mortier, le martelage n’ayant pas été systématique sur les fistulae, en particulier si elles n’étaient pas à l’air libre (Mastino 1979, p. 63, n. 112 ; Bruun 1991, p. 232 et n. 77), au plus tard au début de l’année 212, Géta étant assassiné à la fin de l’année 211 (Bruun 1991, p. 232 et n. 75 ; Krüpe 2011, p. 195-198).
15126) IRT, 706.
152Fontaine : 27
153Q(uinto) Furio Cereali | socero Carmini Sa|turnini qui statuas XVI | [---] (sestertios) testa|[mento ? ---].
154Partie sup. d’une base rectangulaire en marbre découverte dans le Grand Nymphée. h. 60 cm ; l. 55 cm ; ép. 55 cm ; lettres 6 cm (l. 1-2), 4 cm (l. 3-4).
155Mention d’une offrande de seize statues par Q. Furius Cerealis, peut-être placées dans le Grand Nymphée.
156Datation : IIe-IIIe s., d’après la paléographie, en suivant le commentaire des IRT.
15727) IRT, 533 ; Caputo – Traversari 1976, p. 12 ; Caputo 1987, p. 60-61 ; Wilson 1997, nº 119, p. 275 ; Le Bohec 2008, nº 13b, p. 240-241.
158Fontaine : 30
159Lacus pec[unia] pub[li]ca ampliatus et m[armori]|bus et columnis itemque cu[p]idinibus [exorna]|tus dedicatus est L(ucio) H[edio Rufo Lolliano Auito] | proco (n) s (ule) C(aio) Vibio Ga[ll]io[ne Claudio Seuer]o leg (ato) pr (o) [pr (aetore)].
160Panneau de marbre avec tabula ansata. Découvert au théâtre, provenant de la fontaine située contre la face externe de la scène. h. 54 cm ; L. 1,92 cm ; ép. 2 cm ; lettres 7,5 cm (l. 1-2), 8 cm (l. 3), 6,5 cm (l. 4).
161Selon G. Caputo, la fontaine dont il est question ici pourrait être une de celles construites par Q. Servius Candidus en 120. L’hypothèse ne tient pas pour F. Tomasello au vu des dernières découvertes : la fontaine, construite avec des éléments de calcaire du premier front de scène du théâtre, aurait été remaniée lors de la restructuration de la façade en 157 (cf. IRT, 534 [ins. 24] et 372). A. Wilson (1998, p. 92) n’exclut pas un lien entre la première fontaine et l’aqueduc.
162Comme l’indique Y. Le Bohec, les deux noms sont mentionnés à l’ablatif, sans la préposition ab, et ont très certainement été utilisés comme moyen de datation.
163Datation : 157 (cf. ins. 24).
16428) IRT, 773c ; Wilson 1997, nº 122, p. 277-278.
165[---]t lacu[---]
166Fragment d’un panneau de marbre. h. 14 cm ; l. 11 cm ; ép. 2,5 cm ; lettres 4,5 cm.
167Inscription trouvée près du port sévérien, conservée au LMAM. Trois fragments d’un panneau de marbre, inscrit avec une bordure moulurée. Similaire et peut-être uniforme avec IRT, 793.
168Datation : IIe-IIIe s., d’après la paléographie.
Pheradi Maius – Grasse – Sidi Khalifa (Tunisie)
16929) AE, 1927, 26 ; AE, 1927, 53 ; ILTun, 246 ; L. Poinssot 1927, p. 53-55 ; Wesch-Klein 1990, p. 159-160 ; Kleinwächter 2001, nº 6, p. 198 ; Aounallah 2004, p. 10-12.
170Fontaine : 32
171Neptuno Aug (usto) sacrum. | Pro salute Imp (eratoris) Caesaris | Antonini Aug (usti) Pii, p (atris) p (atriae), liberorumq (ue) eius, | M(arcus) Barigbalius, Ghuddis f (ilius), Pheraditanus | maius, statuam cum ostiis, | ex HS V mil (ibus) n (ummum), sua pecunia fecit | idemq (ue) dedicauit.
172Base de statue, moulurée en haut (15 cm) et en bas (20 cm). h. 90 cm ; l. 75-85 cm ; ép. 53-58 cm. L’inscription est très abimée.
173Il s’agit d’une dédicace à Neptune pour le salut et la sauvegarde de l’empereur Antonin le Pieux et de ses enfants. Selon l’analyse de S. Aounallah, la base et la statue qui l’accompagnaient ont été payées par un notable local, citoyen romain fraîchement naturalisé comme le montre son nom Barigbalius qui est une latinisation du nom punique Barak baal, signifiant « (le dieu) Baal a béni ». Le nom de son père, Ghuddius, est lui aussi une latinisation de Gâd, « l’heureux ». Il faut identifier dans l’expression cum ostiis des portes – ostium, ii – (déjà proposé par C. Kleinwächter. Cf. Porte, s.v. dans DMAGR 2, p. 37-38), dont on peut identifier des traces sur l’édifice.
174Datation : 1/7 janvier 139 – 7 mars 161, entre l’attribution du titre de pater patriae à Antonin et sa mort. Le terminus post quem en 145 proposé par G. Wesch-Klein, c’est-à-dire après le mariage de Marc Aurèle et Faustine, est réfuté par C. Kleinwächter (2001, p. 198, n. 1247).
Sabratha (Libye)
17530) AE, 1925, 103 ; IRT, 117 ; Bartoccini 1964, p. 22-24 ; Wilson 1997, nº 148, p. 288 ; Belfaïda 2009, nº 1, p. 123-124.
176C(aio) Flauio, Q(uinti) fil (io), Pap (iria), Pudenti, flam (ini) Liberi Patris, IIuiro, flam (ini) perpetuo, cuius pater Fl (auius) Tullus post | multas liberalitates per quas patriam suam exornauit, aquam priuata pecunia induxit, item lacus n (umero) XII exstru|xit, eosdemque crustis et statuis marmoreis excoluit, praeterea HS CC mil (ia) num (mum) ad tutelam eiusdem | aquae rei publ (icae) promisit et intulit, quod ipse quoque Pudens super numerosam munificentiam quam in | ciues suos contulit, etiam muneris gladiatori spectaculum primus in patria sua per dies quinq (ue) | splendidissimum ediderit, ordo Sabrathensium, populo postulante, quadrigam ei de publico ponend (am) censuit, | Fl (auius) Pudens, honore contentus, sua pecunia posuit.
177Panneau de marbre trouvé dans les sous-sols du capitole. h. 70 cm ; L. 3,16 m ; lettres 4,5-6,5 cm.
178C. Flavius Pudens est également honoré dans les IRT, 118-125 (cf. ins. 31) par diverses curiae de la ville, notamment la Curia Faustina et la Curia Hadriana. Faustine épousa Antonin le Pieux en 112, et Hadrien devint empereur en 117. Ainsi, A. Wilson suggère que si IRT, 117 est contemporaine de IRT, 118-125, elle devrait alors être datée après 117. Mais puisque ces inscriptions honorent C. Flavius Pudens et que l’aqueduc a été construit par son père Q. Flavius Tullus, l’aqueduc a du être plus ancien. Sa date est donc incertaine. Voir aussi les IRT, 138, 139, 143, 144.
179A. Laronde a suggéré un lien avec P. Flavius Pudens Pomponianus, proconsul de Crète et Cyrénaïque, actif sous Sévère Alexandre et son fils homonyme (signo Vocontius), patron de Timgad dans la deuxième moitié du IIIe s. (Laronde 1985).
180Datation : Après 117 ? (époque antonine ?). Paléographie IIe-IIIe s.
18131) AE, 1950, 152a ; IRT, 118 ; Bartoccini 1964, p. 22-24.
182[C(aio) Fl (auio), Q(uinti) fil (io), ] | Pap (iria tribu), Puden|ti, flam (ini) | perp (etuo), curi|a Au[g]usta, | ob m[er]ita.
183Partie inf. d’une base rectangulaire de calcaire découverte sur le forum, conservée in situ. h. 55 cm ; l. 52 cm ; ép. 57 cm ; lettres 4,5 cm.
184Six autres cippes du même type ont été retrouvés dans l’enceinte du forum ou près des édifices environnants, toutes dédiées au même C. Flavius Pudens, par les curiae de Sabratha. Ce sont, outre l’Augusta, la Caelestis (IRT, 119), la Faustina (IRT, 120), la Hadriana (IRT, 121), la Jovis (IRT, 122), la Mercuri (IRT, 123), la Neptuni (IRT, 124) et une dernière (IRT, 125) dont le nom est illisible. On a huit curies sur dix, qui devaient être celles de Sabratha.
185Pudens a également fait poser une inscription sur marbre, retrouvée aux abords du temple de Jupiter, dans laquelle il rappelait les évergésies de son père Q. Flavius Tullus [ins. 30] : c’est grâce à cette inscription que l’on fait le lien avec la construction des fontaines, car seule IRT, 122 est placée sur une des fontaines [cat. 34]. Deux fragments, de types de marbre et de caractères divers, trouvés sur le forum, semblent être des variantes de cette inscription (IRT, 138-139). Trois autres fragments se rapportent à ces libéralités (IRT, 143-145 : cf. ins. 32). Une fois encore est confirmée l’hypothèse que Pudens avait fait répéter plusieurs fois l’inscription se référant à sa libéralité et à celle de son père, les répartissant sur une partie des douze fontaines que ce dernier avait fait construire. On ne peut tirer d’informations pour la datation ni des caractéristiques de construction, ni de l’épigraphie. Un élément est à relever : C. Flavius Pudens était déjà flamen Liberi patris (IRT, 126) quand il fut élu duumvir de la colonie. Le temple de la divinité était à l’origine recouvert de stuc pour lutter contre l’action corrosive du vent de la mer. Par ses matériaux et son emplacement, c’est sans doute un des édifices les plus anciens du lieu. On peut le dater vers 90-95, année du meurtre de Domitien, ou juste après, vers la fin des Flaviens, desquels dérive le nom du personnage. Parmi les curies qui ont dédicacé les cippes, une prit le nom de Faustine majeure, qui épousa Antonin en 112, l’autre d’Hadrien, qui succéda à Trajan en 117. On peut ainsi dater non seulement la construction de l’aqueduc mais aussi la dédicace de tous les cippes au nom de C. Flavius Pudens.
186Datation : Terminus post quem 117.
18732) IRT, 145 ; Wilson 1997, nº 152, p. 289-290.
188- --]roa [--- | ---] XII lac[us ---
189Fragment d’un panneau de marbre. Le lieu de découverte est inconnu. Conservé au musée de Sabratha. h. 8 cm ; l. 13 cm ; ép. 3 cm ; lettres 3,5 cm.
190Il s’agit peut-être d’une référence au cadeau de Q. Flavius Tullus (cf. ins. 30).
191Datation : IIe-IIIe s., d’après la paléographie.
19233) IRT, 72 ; Wilson 1997, nº 153, p. 290.
193- -- i]mp (erator) II c[o(n) s (ul) --- | ---]s XII qu[--- | ---] lacun[---
194Fragment de panneau de marbre, trouvé dans le temple d’Antonin. Conservé au musée de Sabratha. h. 26,5 cm ; l. 25 cm ; lettres 5,5-7,5 cm.
195A. Wilson n’exclut pas que la dernière lettre puisse être un M, pour lacum.
196Datation : inconnue (référence au don de Q. Flavius Tullus ? Cf. ins. 30).
Sicilibba – Henchir el-Aluin (Tunisie)
19734) CIL, VIII, 14756.
198- --]IICIIAIAM promisit praeter statuam diu[i ---] | [---]is[---]AII salientibus et ponderibus IIRI[---
199Découvert à Henchir el-Aluin, « au bordj ». h. 55 cm ; L. conservée 2 m ; lettres 15 cm.
200Il pourrait s’agir de constructions effectuées à la suite d’une promesse.
201Datation : inconnue.
Simitthus – Chemtou (Tunisie)
20235) CIL, VIII, 25631 ; AE, 1894, 79 ; Toutain 1893a ; Toutain 1893b, p. 428 ; Saumagne 1932-1933.
203Fontaine : 38
204- --] schola[--- | --- Au]g⟦g⟧ (usti) Anto[nini ⟦et Getae⟧ | - -- a] fund[amentis ---
205Fragment d’un panneau de marbre découvert au pied de la fontaine du forum.
206J. Toutain avait, le premier, identifié le nymphée à une schola, une salle de réunion généralement destinée à diverses associations, en raison de la mention du terme dans un fragment épigraphique découvert à proximité immédiate du monument. Par la suite, C. Saumagne a proposé de reconnaître une fontaine, identification aujourd’hui entièrement admise.
207Deux questions se posent. La première est de savoir si le fragment, bien que découvert à proximité, est réellement en lien avec la fontaine ou s’il s’agit d’un hasard des découvertes. Il suffit d’indiquer que nous sommes sur le forum de la ville et qu’une stèle pouvait rappeler la munificence d’un riche notable qui aurait financé une schola pour une association ou une corporation de la cité. La seconde est relative à la terminologie antique : s’il semble clair que la désignation par schola de banquettes prenant place dans des exèdres semi-circulaires (Vitr. 5, 10, 4), ou ces exèdres elles-mêmes, ne dépasse pas le début de notre ère, les recherches récentes montrent qu’aux IIe et IIIe s., la schola se concevait comme un espace simple, plus souvent fermé mais parfois ouvert, de dimensions variables, destiné à favoriser la sociabilité et assurant parfois des fonctions de représentation (Goffaux 2011, p. 66-67). Les fontaines ont souvent été assimilées à des lieux de rencontre, favorables au rassemblement : la fontaine de Chemtou, située en bordure du forum, pourrait-elle avoir joué ce rôle à tel point qu’on l’aurait nommée schola ? Nous pouvons seulement noter que la datation de l’inscription coïncide avec la période de construction de la fontaine proposée par les archéologues, lors du remaniement du centre urbain sous les Sévères.
208Datation : 198-211, entre la désignation de Caracalla comme Auguste, titre fréquemment donné à Géta dès cette date en Afrique, et la mort de ce dernier.
Sua – Chaouach (Tunisie)
20936) CIL, VIII, 1314 = 14817 ; Cagnat 1882, p. 76 ; Fortuner 1975, nº 40, p. 154-155 ; Lepelley 1981, p. 164- 165 ; Blonce 2008, 2, nº 157, p. 481-482.
210Fontaine : 39
211ar]cum triumphale[m f (ecerunt) d (ecurionum) d (ecreto) p (ermissu) p (roconsulis)
212Inscription conservée in situ sur l’arc de triomphe qui enjambe le captage. Lettres 20 cm env.
213La restitution est proposée par le CIL. Le texte qui subsiste ne permet pas de dater de façon précise le monument. Cependant l’expression arcum triumphalis est employée pour la première fois sous Caracalla sur un arc de Cirta offert par Natalis (CIL, VIII, 7095 = 19435 ; ILAlg, 2, 675).
214Datation : Terminus post quem 211 (?).
21537) CIL, VIII, 25849 ; IIulian, 139 ; LSA, 1891 ; Tissot – Reinach 1888, p. 294-295 ; Bouyac 1894 ; Peyras 1991, p. 130-138.
216Fontaine : 39
217Imp (eratori) Caes (ari) Fl (auio) Claudio | Iuliano Maximo, | Pio, Felici, Inuicto, Aug (usto), | pontifici maximo, | tribunici (a) e pot (estatis), p (atri) p (atriae), | proco (n) suli, | res p (ublica) municipi (i) | Suensis deuota | num (ini) maiestatiq (ue) | eius, d (ecreto) d (ecurionum), p (ecunia) p (ublica).
218Les deux bases (cf. ins. 38) ont été retrouvées au pied de l’arc de triomphe, dans le bassin de captage.
219L’inscription porte l’ethnique de la ville ancienne. Elle nous apprend également qu’à cette date au moins Sua était municipe (Cagnat 1893, nº 65, p. 226-227). La statue a été financée par la caisse publique.
220Datation : postérieure à 360, année où l’empereur Julien prend le titre d’Auguste, et antérieur à la fin de son règne en 363.
22138) CIL, VIII, 25850 ; ILS, 6776 ; AE, 1893, 30.
222Fontaine : 39
223C(aio) Iulio Maeandro | Socero, | L(uci) Popili Primi, | Afri et ciues | Romani Suenses, | ob meritum, | d (onum) d (ederunt).
224Le L. Popilius Primus évoqué par ce texte est un personnage déjà connu par deux inscriptions de cette ville (CIL, VIII, 14808 et 14809). C’est lui qui a voué, en compagnie d’un Faustinus qui porte le même gentilice, deux autels.
225Datation : Inconnue.
Sufes – Sbiba (Tunisie)
22639) Inédite. Inv. INP 58-92 30.
227Fontaine : 40
228Fig. 175
229⟦---]N(?) EM[---⟧ | ---]e ñ (umero ?) sua liberali[---
230Conservée à proximité de la fontaine, avec d’autres fragments architecturaux. h. 33,5 cm ; L. max. 67 cm ; lettres 12 cm.
231La pierre est trop courte pour que l’on distingue une courbure, dans le cas d’une frise. Il pourrait très bien s’agir d’une base qui aurait été entièrement retaillée. La barre sur le N semble assurée, c’est pourquoi je restitue n (umero) plutôt que n (ummum) qui serait également attendu ici mais avec l’annonce d’une somme (cf. CIL, VIII, 858 ; ILS, 5073, inscription de Giufi). La mention sua liberali[tate ?], assez répandue, indiquerait un financement par pure libéralité et non en l’honneur d’une magistrature.
232Datation : IIe-IIIe s. d’après la paléographie (?). La fontaine n’est pas datée plus précisément.
Sufetula – Sbeitla (Tunisie)
23340) CIL, VIII, 234 = 11329 ; AE, 1958, 158 ; ILPSbeitla, 84 ; Cèbe 1957 ; Lepelley 1981, p. 310 ; Wilson 1997, no 163, p. 295 ; Belfaïda 2000, nº 10, p. 1598 ; Casagrande 2008, nº E26, p. 282.
234Fontaine : 41
235[Dd (ominis duobus) nn (ostris) | Valenti|niano] | et Va|[lente | augg (ustis)] | [---] | [---]ota || [fontem] | [---] | lius | Festus | u (ir) c (larissimus) | [---] | ciuibus | [suis d (ono) d (edit)].
236Fragments d’architrave-frise. Chaque fragment, L. 35 cm en moyenne ; lettres 9 cm (architrave), 17 cm (frise).
237Cinq des huit pierres inscrites sont connues. J.-P. Cèbe propose une disposition des pierres en fonction de la seconde ligne du texte : on y voit le nom à compléter d’un personnage et la mention de sa qualité de sénateur, l’indication de sa position officielle au moment de la construction, les bénéficiaires de la donation (ciuibus), une épithète qui détermine ciuibus et une formule courante de dédicace telle que D(ono) D(edit). Les recherches sur le nom du donateur l’amènent à une seule possibilité : Iulius Festus Hymetius, qui occupa en 366-368 la charge de proconsul d’Afrique (cf. ins. 4, Calama). Cependant, la Byzacène ne dépend plus à ce moment de la Proconsulaire et dispose, dès les premières années du IVe s., de son gouverneur propre. Ainsi, hormis des suppositions sans preuves (Hymetius originaire de Sufetula), cette hypothèse n’est pas valide. J.-P. Cèbe suppose que nous avons donc affaire à un riche notable de la ville, inconnu jusque là. L’auteur restitue simplement suis après ciuibus. À la l. 1, le fragment ET VA pourrait être le reste d’une mention des empereurs au pouvoir lors de la construction. La place et l’importance des caractères rendent cette supposition vraisemblable. Ainsi, nous aurions affaire à Valentinien et Valens qui règnent tous les deux de 364 à 367. La restitution du texte est proposée à partir du fragment ET VA, de la disposition et de la place qu’offre les blocs, ajoutant la mention de [FONTEM], objet du don.
238Datation : 364-367, d’après la mention des empereurs Valentinien et Valens.
239Des restes d’inscriptions sur les fragments de frise réutilisés permettent de dater la construction du monument antérieur, celui dont les pierres ont été remployées. Je ne détaille pas l’argumentaire présenté par J.-P. Cèbe : notons seulement qu’à partir d’un fragment découvert lors de la fouille, il propose la datation de 272 pour ce dit monument, donnant ainsi un terminus post quem pour la construction de la fontaine.
Thuburbo Maius – Henchir Kasbat (Tunisie)
24041) ILAfr, 267 ; Merlin 1912a ; L. Poinssot 1917, nº 20, p. 115 ; Wilson 1997, nº 195, p. 309 ; Casagrande 2008, nº E36, p. 287.
241Fontaine : 45
242[Pr]o [salute] Im[pp (eratorum)] Caes[sarum L(uci) Septimi Seuer]i et Antonini Augg (ustorum) ⟦ « Parthic (orum) max (imorum) »⟧ [--- | --- colon]ia [I]ul[i]a [Aurel]ia Commoda Thuburbo.
243Frise. Fragment 1 : h. 30 cm ; L. 1,65 m ; ép. 30 cm ; lettres 8 cm (l. 1), 7 cm (l. 2). Le second fragment est remployé dans le temple transformé en église à proximité. Le premier fragment a été découvert plus tard, dans le même secteur.
244L’inscription se situait en-dessous d’une petite moulure. Sur la tranche sup. on voit au milieu un trou de louve et à chaque extrémité une cavité ménagée pour un scellement au plomb en queue de carpe. La pierre est légèrement courbe, le texte gravé sur la face concave. Elle pouvait prendre place en partie sup. du massif de la fontaine ou être portée par des colonnes, dont des fragments de chapiteaux ont été retrouvés à proximité immédiate.
245Le monument avait été érigé par la [colonia Iulia Aurel]ia Commoda Thuburbo [Maius...] en l’honneur de Septime Sévère et de Caracalla, après que celui-ci eut pris le titre d’Auguste en 198, ainsi que de Géta, dont le nom, plus tard martelé, a été remplacé en 212 par la formule Parthic (orum) max (imorum).
246Datation : 198-211.
Thubursicum Bure – Teboursouk (Tunisie)
24742) CIL, VIII, 1425 ; Peyssonnel – Desfontaines 1838, 1, p. 133.
248Fontaine : 46
249Neptuno Aug (usto) sac (rum). | Pro salute Imp (eratorum) Caesarum L(uci) S[ep]timi S[eueri].
250Datation : 193-211 (règne de Septime Sévère).
25143) CIL, VIII, 1428 = 1444 ; ILAfr, 504 ; Temple 1835, 2, nº 34-35, p. 311 ; Berbrugger 1857b, nº 31-34, p. 379 ; Guérin 1862, 2, nº 322, p. 114-115 et nº 326- 327, p. 116 ; L. Poinssot 1921, nº 2, p. CCLI-CCLII. Fontaine : 46
252- ----- ? Pro salute Imp (eratoris) Caes (aris) L(uci) Septimi Seueri, Pii, Pertinacis, A]ug (usti), Ara[bici, Adiabenici, pont (ificis) max (imi), trib (unicia)] pot (estate) IIII, Imp (erator) VIII, co (n) s (ul) II, p (atri) p (atriae), et M(arci) Aure[li Antonini Caes (ari)---
253A. Berbrugger puis V. Guérin ont repéré le fragment VG ARA à l’un des jambages de la porte faisant communiquer les deux compartiments du bassin. Les deux fragments de la partie centrale l’inscription, POT III et MP VIII, ont été repérés par les mêmes à proximité de maisons particulières.
254V. Guérin indique une h. de lettres de 21 cm. La fin de l’inscription ET M AVR avait déjà été vue par G. Temple. Le fragment COS II P P a été découvert par L. Poinssot qui fait le rapprochement avec les fragments précédents, en raison notamment des dimensions comparables des lettres (21 cm). Dimensions de ce dernier fragment : h. 36 cm ; L. 2 m.
255Datation : automne 196 – 9 décembre 196, d’après la titulature de Septime Sévère et la date à laquelle Caracalla abandonne son nom pour se rattacher à la dynastie des Antonins, probablement à l’automne 196, qui donne un terminus post quem. L. Poinssot réduisait cette période entre octobre et novembre 196, en raison de l’absence du titre de proconsul dans la titulature de Septime Sévère : cela indique que l’empereur était présent en Italie et donc l’inscription aurait été gravée lors de son bref passage à Rome, avant son départ pour la Gaule.
Thubursicum Numidarum – Khamissa (Algérie)
25644) AE, 1940, 17 ; ILAlg, I, 1313 ; Ballu 1916, p. 199 ; Casagrande 2008, nº E17, p. 276-277 ; Saastamoinen 2010, nº 510, p. 518.
257Q(uintus) Pescennius Auitus, pollicitus institu[it fontem ?]. | Q(uintus) Pescennius Saturninus, fil (ius) eius, perfecit et d[edicauit].
258Fragment d’un entablement. Au-dessous d’une corniche, deux bandeaux superposés portant l’inscription. h. 29 cm ; lettres 6 cm.
259A. Ballu indique que l’inscription décorait une fontaine, découverte à 4 m de la colonne d’angle du pronaos du temple, qui se composait d’un soubassement en forme de croix grecque précédé d’un bassin. Il pourrait peut-être s’agir d’une petite fontaine qui faisait partie du sanctuaire.
260La construction de la fontaine est le résultat d’un financement privé, par un riche citoyen de la ville. La mention d’une promesse pourrait faire référence à une construction ob honorem, à la suite de l’obtention d’une magistrature ou d’un sacerdoce. On ne sait pas si le commanditaire est décédé avant l’achèvement du monument, ce qui expliquerait que son fils se charge de superviser la fin des travaux et d’en faire la dédicace. La restitution fontem n’est pas assurée.
261Datation : A. Saastamoinen date l’inscription du premier tiers du IIIe s. sans justification.
Thugga – Dougga (Tunisie)
26245) CIL, VIII, 1490 = 26568 ; AE, 1904, 122 ; ILAfr, 533 ; Dougga, 43 ; Settis 1973, p. 731 ; Lepelley 1981, p. 221 ; Corbier 1997 ; Wilson 1997, p. 314 ; Casagrande 2008, nº 35, p. 266-267 ; Belfaïda 2009, nº 13, p. 129.
263Ddd (ominis) nnn (ostris) Valente, Gratiano et Valen[- tini]ano Auggg (ustis), proconsu[latu et i]nstantia Decimi Hilariani Hesperii, u (iri) c (larissimi), u (ice) s (acra) i (udicans), canali qui uetustate labsus [commun]alis aquae meatibus non seruiebat ad integram f[ormam ---] || nymfium etiam quod aquas red[ucta]s in usum ciuitatis effun[deret], porticibus circumiectis incohauit, perfecit, excoluit L(ucius) Napotius Felix [Antonianus ---], ex curatore rei p (ublicae), pro ho[n]ore flamonii perp (etui) gratiam pat[riae ---].
264Linteaux. Dimensions moyennes : h. 43 cm ; L. 1,90- 2,20 m ; ép. 34 cm ; lettres 6-11 cm.
265S. Aounallah et L. Maurin suggèrent que cette dédicace à Valens, Gratien et Valentinien II pouvait faire partie de l’entablement des portiques du nymphée dont il est question dans le texte. Concernant les travaux mentionnés, les auteurs évoquent l’aqueduc d’Aïn el Hammam [ins. 46] tout en précisant que l’hypothèse est peu probable. En effet, l’emplacement du nymphée situé à l’extrémité de cet aqueduc [cat. 48] n’était pas encore assuré à ce moment mais on sait aujourd’hui qu’il se trouve accolé au temple des Victoires de Caracalla. Or, la dispersion des lieux de découverte des blocs de l’inscription nous éloigne de cet endroit, sans pour autant permettre une quelconque hypothèse. S. Settis rapprochait l’inscription du nymphée semi-circulaire [cat. 47] sans plus d’arguments : la fontaine était tout simplement la seule alors connue dans la ville. Il note à ce propos qu’il s’agit « sans doute du témoignage le plus explicite de l’usage civil d’un nymphée ». On pourrait également penser à la fontaine hexagonale, puisqu’un des fragments de l’inscription a été découvert à proximité.
266D’autre part, l’impression est que les aménagements apportés furent avant tout urbains, le principal étant sans doute le nymphée, ce qui doit expliquer selon les éditeurs l’emploi du mot ciuitas, l. 2, qui distinguerait ici l’agglomération, la ville, et non la colonie. Dès lors, ils suggèrent que les travaux soient à rapprocher de la restauration d’une canalisation et de l’embellissement d’un nymphée qui permettait d’exploiter une source localisée dans la ville même ou à proximité, celle d’Aïn Mizeb, par exemple. Dans tous les cas, comme le notait S. Settis, l’insertion du nymphée s’est faite dans un agencement urbanistique précis qui comprenait la construction du portique tout autour du nymphée (circumiectis). Récemment, S. Aounallah (2010, p. 292) a suggéré qu’il pouvait s’agir du nymphée du sanctuaire des Victoires de Caracalla [cat. 48] en raison du rôle du proconsul dans la restauration, qui s’expliquerait par le lien que l’auteur a suggéré entre l’aqueduc et l’empereur (cf. ins. 46).
267C. Lepelley a fait remarquer que tous les éléments de cette inscription, la dénomination de l’évergète L. Napotius Felix Antonianus, avec le prénom et le double surnom, l’occasion de la libéralité – l’élection au flaminat perpétuel –, la nature et le cadre des travaux accomplis, le formulaire enfin, évoquent les temps anciens de la vie municipale et la volonté de les voir se poursuivre ou de les faire revivre. Ces brèves années de renouveau sont illustrées, notamment, en Zeugitane, par Hesperius qui fut proconsul de cette province. Outre Dougga, il a laissé son nom à divers travaux édilitaires à Abitina, Calama, Simitthus, Thuburbo Maius et dans la ville anonyme de Henchir Tout el-Kaya (Lepelley 1981, p. 57, 93, 164, 201, 256).
268Datation : 376-377, d’après le proconsulat de Decimius Hilarianus Hesperius (PLRE, 1, Hesperius 2, p. 427-428).
26946) CIL, VIII, 1480 = 26534 ; AE, 1966, 511 ; AE, 1991, 1665 ; AE, 2000, 1725-1726 ; ILTun, 1408 ; Dougga, 36.
270C. Poinssot 1966 ; Beschaouch 1988 ; Wilson 1997, nº 202, p. 312-313 ; Beschaouch 2000 ; Casagrande 2008, nº E3, p. 264-265 ; Belfaïda 2009, nº 11, p. 128 ; Aounallah 2010.
271Fontaine : 48
272[Pro salute Imp (eratoris) Caesaris M(arci) Aurelii Commodi Antonini Aug (usti)] Pii, Sarm[atici, Ge] rmanici Max[i]mi, Britannici, p (atris) p (atriae), uac. ciuitas Aurelia Thugga [a]quam con[duxit e fonte M]occolt[i]tano, a milliario septimo [sua] pecunia induxi[t], lacum fecit [---], M(arcus) Antonius Zeno proc[o(n) s (ul) Africae dedic (auit)].
273Frise architravée composée de seize ou dix-sept blocs de calcaire dont douze sont connus. Les linteaux sont tous incurvés, le texte est gravé sur la face concave. Dimensions moyennes : h. 43 cm ; L. totale estimée 19-21 m ; ép. 43 cm.
274La restitution du nom Moccolitano est due à A. Beschaouch qui la propose en raison de la présence d’un culte à une sainte musulmane, Lalla Mokhola, dont le nom, n’ayant aucune signification en arabe, ne pourrait s’expliquer que par une origine antique. Le même auteur a également montré que la formule « a milliario septimo » était très probablement une formule toute faite, connue dans les écrits de Frontin sur les aqueducs de Rome et sur une autre inscription africaine à Bisica (CIL, VIII, 12317 = 23888) qui n’aurait aucune signification topographique.
275Dans un article récent, S. Aounallah a proposé que l’aqueduc de la ciuitas de Thugga avait été construit grâce à une faveur de Marc Aurèle, l’épithète Aurelia/ Aurelium rappelant les bienfaits de cet empereur et non de son successeur. L’aqueduc aurait certes été inauguré entre 184 et 187, donc sous Commode, mais les travaux auraient débuté bien avant, sous le principat de Marc Aurèle. Cet aqueduc était alimenté par la source Moccolitane, sans doute située sur le territoire de la ciuitas Geuminatorum, si l’on en croit les vestiges de son tracé. Il avait été proposé par L. Maurin (Dougga, 36) qu’il s’agissait d’un accord entre deux ciuitates pérégrines. S. Aounallah, après avoir évoqué une confiscation de la source au profit de Thugga, qu’il estime peu probable sous Marc Aurèle, avance l’hypothèse d’une source située sur un domaine impérial : la ciuitas y aurait vu un privilège qui expliquerait l’adoption de l’épithète Aurelia et l’importance de l’événement justifierait la présence du proconsul lors de l’inauguration.
276Datation : 184-187. Le terminus post quem est donné par le titre de Britannicus adopté par Commode à partir de 184. M. Antonius Zeno n’est pas connu par ailleurs et l’inscription a permis de dater son proconsulat du règne de Commode. Cependant, son gouvernement a été situé aux alentours de cette période (PIR2 A 883 ; Thomasson 1996, nº 92, p. 72).
27747) AE, 1966, 512 ; Dougga, 37 ; C. Poinssot 1966 ; Casagrande 2008, nº E4, p. 266 ; Belfaïda 2009, nº 12, p. 128 ; Aounallah 2010.
278Fontaine : 48
279L(ucio) Terentio Romano, | patri carissimo, | cui cum populus Thugg (ensis), ob aquae | curam pro meritis eius, ex aere | conlato tunc statuam ponen|dam obtulisset, | C(aius) Terentius, Pap (iria), Iulianus | Sabinianus, fl (amen) perp (etuus), u (ir) e (gregius), | de suo posuit, loco a rep (ublica) d (ato).
280Base calcaire découverte en 1960 « à l’O. du Dar Lachhab, non loin d’une sorte d’exèdre monumentale », identifiée aujourd’hui au Nymphée du sanctuaire des Victoires de Caracalla. Elle devait se situer sur la place en avant du nymphée, où elle est visible aujourd’hui. h. 1,63 m ; l. max. 73,5 cm ; lettres 3-5,5 cm.
281L. Terentius Romanus, chargé de la curatelle des eaux, a sans doute dirigé la construction de la fontaine et du grand aqueduc qui alimentait Dougga, sous le règne de Marc Aurèle [ins. 46]. L’érection de la statue par souscription manifeste ainsi la reconnaissance du populus Thuggensis au responsable de ces travaux. Après les fonctions discrètes occupées par les Terentii à partir des Antonins, les prestigieuses charges municipales de C. Terentius Iulianus Sabinianus montrent que la famille avait atteint son apogée dans l’élite locale, sans doute grâce à la réputation qu’avait reçue son père. C’est aussi la dernière mention de la famille dans l’épigraphie de la cité.
282Datation : 205-211, d’après la mention du municipium Thuggensis, qui donne le terminus post quem, et la généalogie des Terentii qui incite C. Poinssot à placer C. Terentius Iulianus Sabinianus sous le règne de Septime Sévère.
Thysdrus – El Djem (Tunisie)
28348) CIL, VIII, 51 ; ILS, 5777 ; AE, 2008, 1611 ; Jacques 1982, nº 28, p. 83-84 ; Jacques 1983, nº 93, p. 192- 194 ; Slim 1990, p. 185-187 ; Dupuis 1992, nº 30, p. 272 ; Casagrande 2008, nº E23, p. 280-281 ; Belfaïda 2009, nº 4, p. 125.
284[--- aqua adducta curam agente An]|nio Ru[fin]o, c (larissimo) u (iro), qui Thysdrum | ex indulgentia principis cu|rat, et coloniae sufficiens et | per plateas lacubus inpertita, | domibus etiam certa condi|cione concessa, felicis saecu|li prouidentia et instinctu | Mercurii potentis, Thysdrita|nae col (oniae) praesidis et conserua|toris numinis, dedicata est.
285Panneau de marbre.
286La restitution du début est de T. Mommsen. Les travaux ont été effectués sous la curatelle d’Annius Rufinus. Il faut se demander si les lacus de l’inscription ne sont pas de petites fontaines de rue. L’élément le plus commenté de cette inscription est l’expression certa condicione qui rappelle que toutes les maisons n’étaient pas reliées au réseau d’eau courante mais devaient très certainement payer pour ce privilège. Mercure était le patron de la colonie de Thysdrus (cf. AE, 1947, 138).
287Datation : entre le milieu du IIIe s., c’est-à-dire pas avant le règne de Philippe en raison de la mention de la colonie de Thysdrus (cf. ins. 16 de Timgad) et probablement le IVe s., date à laquelle la formule qui Thysdrum ex indulgentia principis curat présentant le curateur comme le délégué de l’empereur n’a plus cours.
Tunis (Tunisie)
28849) AE, 1955, 55 ; IIulian, 137 ; Picard 1951-1952, nº 43, p. 215-216 ; Lepelley 1981, p. 15 ; Conti 2004, no 4, p. 1685 ; Casagrande 2008, nº E2, p. 263-264.
289Fauente clementia d (omini) n (ostri) Iuliani [P(ii) F(elicis) Aug (usti) uic (toris) ac triumf (atoris) ad reformandam (?)] | faciem ciuitatis lacum sord[idum ut denuo aquis compla]|rium (?) usibus abundaret in meliorem et [elegantiorem statum (?) proconsulatu] | Clodi Hermogeniani, c (larissimi) u (iri), Crepereiu[s Optatianus, legatus Karthaginis], | splendidae, insistente operi Aelio Basili[o ---].
290Plaque de marbre découverte 11 rue Koutab el-Ouazir dans la Médina de Tunis. h. 36,5 cm ; L. 84,5 cm ; ép. 5,6 cm ; lettres 5 cm.
291L’inscription se réfère à l’intervention sur un lacus que S. Conti suppose être une fontaine de Carthage ou de son territoire.
292Crepereius porte le même nom que L. Crepereius Madalianus, proconsul d’Afrique après 341 (PLRE, 1, Madalianus, p. 530). Bien que le nom soit assez répandu en Afrique, G. Picard pense qu’il s’agit de son fils, qui aurait exercé auprès de Clodius Hermoganianus la fonction de legatus Karthaginis splendidae. Hermogenianus paraît avoir entrepris une tâche de relèvement des cités africaines, dans le cadre de la politique d’aide aux municipalités recommandée par Julien. Aelius Basilius, connu uniquement par cette inscription, pourrait avoir été le curateur de Carthage.
293Datation : 361, d’après les dates de fonction de proconsul de Q. Clodius Hermogenianus Olybrius (PLRE, 1, Olybrius 3, p. 640-642) et de légat de Crepereius Optatianus (PLRE, 1, Optatianus 2, p. 648).
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