Chapitre XII. Un ultimatum aux réformistes ? Vers la publication d’Auctorem fidei
p. 285-299
Texte intégral
1Une réaction officielle de l’Église au synode de Pistoie s’imposait et se faisait attendre. Une traduction française des actes du synode, de Gabriel Dupac de Bellegarde, avait été publiée à Paris en 1789 chez Le Clère. Une version allemande parut en journal, d’avril 1789 à décembre 1791 à Mayence, où l’archevêque-prince électeur envisageait de convoquer un synode. A la cour d’Espagne, on demandait si l’absence de condamnation était une preuve de recevabilité, et une réimpression était en préparation. Bref, il devenait urgent d’agir. Pie VI, disait déjà Angelo Paoletti1, voulut en 1794 adresser un message à l’égard des Français, et stopper le projet de réimpression en espagnol.
LE TRAVAIL THÉOLOGIQUE DES CONGRÉGATIONS
2Nous avons déjà exposé la conduite tenue par la Curie dans le jugement des actes du synode2. Pie VI pensa un moment utiliser les armes mêmes des réformateurs en convoquant un concile italien3. Mais la chose était irréalisable du fait des tensions avec les différentes cours. D’où l’idée du cardinal Antonelli de faire juger le synode par des hommes du même niveau que ses acteurs, à savoir des évêques et des théologiens4. Ricci, en 1789, avait envoyé les actes à des cardinaux et des évêques pour attirer leur attention et leur sympathie. Gioanetti, archevêque de Bologne, lui reprocha son imprudence ; Garampi et Riminaldi ne répondirent pas. Ricci, selon les idées juridictionalistes, pense que l’évêque de Rome ne peut pas se permettre de juger un évêque diocésain, et Pierre-Léopold écrit au pape le 29 mars 1789 qu’il s’étonne de l’ouverture d’un examen des textes. Pie VI répond le 18 avril que le pape est juge, et que le jugement ne sera pas rendu sans avoir entendu l’évêque Ricci5. Chose intéressante, Rome veilla à ce qu’aucune condamnation écrite du synode ne soit publiée avant le jugement officiel de l’Église. On retrouvera la même prudence dans certaines questions françaises. Le seul à s’exprimer fut Marchetti, dans le Supplemento del Giornale ecclesiastico, et ses articles furent utilisés par les membres des congrégations ! Une lettre de Garampi à Gerbert du 31 juillet 1790 montre aussi que la Curie craignait les réactions du grand-duc, qui protégeait toujours Ricci : on pouvait s’attendre à tout6. Dans le compte-rendu final de la première congrégation, remis au pape le 24 septembre 1790 par Mgr Di Pietro, on trouve des références aux auteurs « romains » anti-jansénistes qui nous sont maintenant familiers : Pey, Zaccaria, Bolgeni, Mamachi, Marchetti, Orsi, etc. Un grand nombre de propositions sont extraites des actes, avec la qualification théologique d’hérétiques et de schismatiques, concernant l’Église et ses pouvoirs, et touchant à la grâce et aux sacrements, comme renouvelant les erreurs condamnées de Baïus, Jansenius et Quesnel. Dès 1789-1790, la ligne antijanséniste est définie par la première congrégation : Tamburini et Ricci endossent à merveille la charge de guider cette ligue janséniste anti-catholique7. Concrètement, Pie VI se trouve dans l’hiver 1790-1791 à devoir lire, en pleine crise sur la Constitution civile du clergé, 2350 pages.
3Dans la seconde congrégation se trouvent des cardinaux du Saint-Office et quatre évêques. Gerdil incarne la théologie, Antonelli, la théologie et le droit. Garampi est là avec son érudition, et sa vieillesse. Albani est proche des ex-jésuites qu’il protège. Prenant conscience de l’accélération nécessaire du travail, on adopte une méthode d’analyse de propositions précises, plutôt qu’une relecture globale des actes. On saura par des indiscrétions que le doyen Albani souhaite une condamnation par thèses, alors qu’Antonelli veut une condamnation in globo. Dans les propositions, on fit plus attention aux questions purement dogmatiques sur la grâce et les sacrements, les thèmes ecclésiologiques étant jugés plus simples et ne nécessitant pas de nouvelles discussions8. Ne reste donc plus sur ce plan que l’examen de la doctrine du synode sur l’Église et sa hiérarchie, l’excommunication, le droit du mariage, les serments, le calendrier des fêtes, le territoire des paroisses, la convocation des synodes diocésains9, autant de points que l’on entend confier au pouvoir réformateur du prince. Ricci démissionne le 3 avril 1791, compromis par une lettre favorable à la Constitution civile du clergé10. Pietro Stella fait remarquer que la Révolution française libère le Saint-Siège de toute crainte d’un soutien des évêques réformateurs par Vienne et Florence : l’heure est désormais au soutien des monarchies absolues, les réformes sont pour plus tard11. Pour la congrégation, les dubbi sont préparés par Di Pietro. Nous avons ainsi un long voto sur l’Église et sa hiérarchie de la main du secrétaire, qui sera la base des propositions 2 à 11 et 15 de la bulle Auctorem fidei12. Comme professeur de Décret à la Sapienza, il ne risque pas de proposer une ecclésiologie originale : il est bien dans la ligne de l’école romaine, utilise les théologiens dominicains et ex-jésuites, (Mamachi et Zaccaria essentiellement, mais aussi Pey), présente une Église hiérarchique sans le moindre relent d’esprit de communion entre les fidèles (il emprunte, entre autres, aux Fatti dommatici de Bolgeni ; un rapprochement avec la spiritualité de l’Ecole Française et son exaltation du sacerdoce ministériel est également opportun). Une telle présentation de la communion aurait été trop proche des accents de Pistoie13. On comprend ici pourquoi Gerdil ne peut avancer dans ce sens à partir de cette période, la communion se rapprochant trop de l’idée fébronienne de l’autorité confiée par le Christ à toute l’Église. Qu’il suffise, dans le voto Di Pietro, de regarder la matière concernant le primat du souverain pontife : Di Pietro isole du synode trois thèses : « le pape n’a pas dans l’Église le primat de juridiction » ; « les évêques dans l’exercice de leurs droits épiscopaux sont exempts de la puissance et de la juridiction du pape » ; « la juridiction a été donnée par Dieu immédiatement à l’Église, et le pape est seulement chef ministériel de la même Église »14. On retrouve là purement et simplement les thèses de Fébronius et des juridictionalistes. Di Pietro répond sur le premier point que le primat de juridiction est dogme de foi : il a été défini par le canon 5 de Latran IV de 1215, et dans la session 22 du concile de Florence ; et depuis le concile de Trente, les enseignants et les clercs doivent prononcer la profession de foi de Pie IV15. Il n’est jamais fait référence à Super soliditate. Sur le second point, le secrétaire est plus ennuyé. Il expose que l’on ne débattra pas de l’origine de la juridiction épiscopale, mais que même si celle-ci vient de Dieu, elle est soumise au souverain pontife, c’est là aussi un dogme de foi16. Pour preuve ? Une citation de Gerson, de l’assemblée du clergé français de 1728, de Gerdil, et de Pie VI, fausse d’ailleurs dans sa référence17. Pour la troisième proposition, il s’agit d’une formule de Richer déjà condamnée comme hérétique par le concile provincial de Sens ; il suffit d’aller voir le Saggio d’istruzione teologico de Gerdil. Sont ensuite fustigées les idées calvinistes sur l’Église composée des seuls justes, sur les droits du prince à réformer les serments, sur les réguliers, les paroisses, etc. (ce qui exclut l’autorité donnée par le Christ à saint Pierre18), et enfin sur l’institution divine des curés, idée richériste là aussi déjà condamnée. Pour le jansénisme, il estime que le synode reprend des propositions des Réflexions morales de Quesnel condamnées dans l’Unigenitus : il faut donc dévoiler les idées perverses cachées dans les actes et rejeter à ce titre toutes les propositions de réforme qui pourraient paraître séduisantes. Au risque de reconstruire le synode, ce qui amena la réaction contre Di Pietro du dominicain Giorgio Maria Albertini19, qui criait gare au molinisme. Nous avons observé Garampi à plusieurs reprises à travers sa correspondance privée ; il était beaucoup plus prudent dans ses interventions en congrégation : le 13 avril 1791, il prend la parole sur les quatre articles de 1682 en souhaitant une retenue du Saint-Siège. Il ne faut pas les déclarer réprouvables pour ne pas se fâcher avec les Français (le cardinal préfère donc le silence, alors que l’on prépare Quod aliquantum), ni se taire par peur des archevêques qui préparent des synodes et montrent de la sympathie pour Pistoie. Il faut donc les présenter comme un énoncé qu’on ne peut oser professer20. Ces propos en disent long sur la crête étroite que les cardinaux entendent parcourir dans leur théologie cernée de diplomatie.
4Le 4 août 1791, les cardinaux étudièrent la doctrine du synode sur le sacrement de l’ordre21. Omettant de citer les conciles, on ne fait référence qu’à des décisions du pouvoir civil. Les dubbi évoquent alors les évêques anglais qui se soumirent au roi plutôt qu’à l’Eglise. Puis ils font remarquer que le synode va éteindre la présence du sacerdoce par son principe de n’ordonner que ceux qui ont gardé pur leur baptême, et qui seront examinés selon le catéchisme des ordinands de Gourlin, interdit par le Saint-Siège depuis 1783. Ricci veut donc un clergé trié selon ses critères, et séparé de Rome ! Le 18 août, on discute sur le mariage. Devait être jugée une proposition sur les fiançailles comme acte purement civil, relevant des lois civiles22. Le 15 septembre, il est encore question du mariage. Comment ne pas penser que les cardinaux ont sous les yeux l’évolution de la législation en France, avec l’introduction du droit au divorce ? Le synode affirme que l’Église ne peut déclarer le sacrement que selon les règles d’empêchements qu’il revient au souverain temporel de poser, les princes ayant abandonné ce pouvoir à l’Église depuis quelques siècles23. Le 19 janvier et le 9 février 1792, la congrégation étudie les serments : ce sera l’objet d’une étude détaillée plus loin. On passe, dans la même réunion du 9 février, sur les changements de la carte des paroisses, pour s’arrêter sur la réforme des religieux24. Les ordres monastiques et mendiants sont accusés d’apporter la dissipation, le relâchement et le désordre. L’état régulier, dit le synode, est incompatible avec le soin des âmes et incapable de s’intégrer dans la hiérarchie ecclésiastique. Di Pietro commente avec humour : « la chose commence assez mal... » !25 Car les évêques ne doivent ordonner aucun religieux, et ne leur confier aucune mission. La diversité des ordres crée des tensions, ajoute-t-on. Et les religieux vivent au fond en dehors de la société. Ils forment un état dans le royaume, ils sont donc dangereux pour le corps social tout entier. On conseille au prince de ne garder qu’un monastère bénédictin par cité, à l’écart, selon les coutumes de Port-Royal, avec un ou deux prêtres seulement, des offices courts ; sans vœux perpétuels, et sous le gouvernement de l’évêque. Sur le concile national, Di Pietro opine que ce n’est pas la peine de réfléchir.
5Pour le premier et le 15 mars 1792, Di Pietro propose comme Dubbi de traiter pour de bon les questions ecclésiologiques, regroupées à travers les actes du synode selon cinq propositions : le primat du Souverain Pontife, les membres de l’Église, le sujet capable d’établir la discipline ecclésiastique sur les objets extérieurs, la force coactive de l’Église, et la doctrine concernant les curés26. Or, à propos du primat pontifical, le secrétaire fait remarquer que l’on pourrait adoucir la sentence d’hérésie pour le synode, en raison de la prestation de la profession de foi de Pie IV par ses membres, et du fait de la reconnaissance des quatre articles gallicans. Nous trouvons une référence aux événements de France27 : partant d’une phrase de Ricci faisant écho à l’autorité divine des curés, Di Pietro conseille de se référer à un écrit de Barruel, Question décisive sur les pouvoirs ou la jurisdiction des nouveaux pasteurs, paru en 179128. N’oublions pas qu’à cette date, il se peut encore que les cardinaux aient travaillé sur les affaires de France après la congrégation sur le synode. Barruel est connu à Rome pour ses écrits, et on y fait référence ici : un indice de plus des liens théologiques que les cardinaux ne manquent pas d’établir entre les deux dossiers. Pour finir, la congrégation du 29 mars 1792, la dernière, doit juger de l’utilisation des Réflexions morales de Quesnel par le synode. La réaction de Gerdil est sans appel :
« Celle-ci (l’adoption de Quesnel) est une très scandaleuse rébellion contre l’autorité du Saint-Siège et de la même Église universelle. Une telle adoption semble pourtant équivaloir à un appel formel de la constitution Unigenitus, et peut soumettre, quand elle n’est pas retirée, à ces mêmes censures qui ont été fulminées en réplique contre les appelants de la même constitution dans plusieurs brefs apostoliques »29.
6Ricci et ses curés sont donc considérés comme des appelants, ce qui les fait entrer dans une catégorie bien déterminée.
7Du 13 mai 1792 au 12 mai 1793, c’est au tour de la troisième congrégation restreinte de travailler. Les objectifs sont de convoquer Ricci à Rome et de rédiger la bulle de condamnation. Ricci, par ses positions sur la France, ne laisse pas espérer de soumission. Le nouveau grand duc Ferdinand III assure Rome de son désir de la respecter et de nommer de bons évêques. Le nouvel évêque de Pistoie a suspendu dans le diocèse les décisions de son prédécesseur. La Toscane souhaite en fait une simple mise à l’index des actes du synode. Mais Rome tint à faire plus, à marquer le coup. Pour la méthode de condamnation, le in globo de l’Unigenitus avait soulevé au début du siècle bien des problèmes et bien des excuses pour la rejeter (méthode par laquelle on dresse une liste de propositions, que l’on condamne en bloc à la fin de la bulle). Pie VI et les trois cardinaux adoptent en conséquence la méthode des propositions précises, qui correspond mieux aux exigences du temps30. Les interventions du théologien du cardinal Antonelli, Tommaso Maria Soldati31, amenèrent les cardinaux à être plus retenus et prudents dans leur visée antijanséniste, interprétant les textes avec plus de largesse. Vis-à-vis du juridictionalisme, on eut pour objectif de ne jamais mettre en cause par des citations le défunt grand duc, ni de susciter la réticence des princes. Mais sur la structure interne de l’Église, on pouvait plus librement réagir, d’autant que l’ecclésiologie constitutionnelle se trouvait ainsi visée. Or, sur la vente des biens ecclésiastiques comme sur les quatre articles, la bulle n’ira pas plus loin que la tradition romaine, là encore pour ne pas mécontenter les souverains. Dans un parere de novembre 179232, Antonelli a pourtant demandé une censure sur le synode qui adoptait les quatre articles après avoir remis en cause le droit de l’Église sur bien des domaines, ce qui les plaçait dans une perspective d’interprétation pernicieuse. Parcourant un volume du Saint-Office sur la question, il conclut que, d’une part, le pape a la matière pour fulminer une censure officielle et, d’autre part, même si la doctrine des quatre articles est laissée sans sentence, il faut réagir sur son adoption par une petite assemblée locale qui pose là un acte d’offense téméraire vis-à-vis du Saint-Siège. Sur le premier point, Antonelli écrit :
« Je ne veux pas décider sur la première, compte-tenu des actuelles circonstances de la France qui pourraient présenter une opportunité à procéder à cette censure, que méritent les susdites propositions, et qui a été suspendue par le Siège Apostolique à la seule vue de la puissance des rois très chrétiens et de l’attachement des Parlements et du clergé français à leurs prétendues libertés »33.
8Et le cardinal de proposer une formule de condamnation de la témérité du synode, qui exalte la soumission de l’épiscopat français au Saint-Siège, même après la proclamation de 1682. Il ira plus loin en 1800, lorsqu’il voudra faire abjurer les quatre articles au clergé français en profitant de la remise en ordre34 !
9Di Pietro rédigea un projet de bulle intitulé Quo primum tempore, reprenant le titre d’une bulle de Pie V sur les réformes liturgiques35. Deux parties générales sur les torts du synode introduisent une liste de propositions condamnées36. Le projet, à une date non déterminée entre 1793 et l’été 1794, fut remplacé par la version définitive, Auctorem fidei, qui ne comportait plus qu’un court préambule et une liste de propositions. Il est de tradition confirmée que la bulle est en grande partie l’œuvre de Gerdil37. Les propositions retenues se portèrent davantage sur des thèmes ecclésiologiques. Le texte final ne parle plus d’un complot visant à détruire l’Église, mais seulement de fraudes et d’ambiguïtés38. La bulle est en tout cas publiée comme document dogmatique, normatif pour la foi de l’Église. Pour le plus grand soulagement des Romains, Ricci déclina pour raison de santé l’idée d’un voyage à Rome, et le grand duc ne souhaita pas un tel déplacement. Ainsi pouvait-on en finir directement en publiant la bulle. Signé par le pape le jour de la Saint-Augustin, le 28 août, le texte fut rendu public le 31 août, accompagné d’une version italienne39. Nous allons en faire une lecture méthodique, car sa structuration nous indique les points jugés essentiels par Pie VI, pour la vie de l’Église, en 1794.
LE TEXTE FINAL
10L’introduction de la bulle retient notre attention : Pie VI présente clairement que l’Église se trouve en butte à la contradiction et qu’elle doit contempler la passion du Christ pour ne pas manquer de courage. Sa seconde source d’assurance est que l’apôtre Pierre « n’abandonnera jamais la direction de l’Église »40. Le pape prend la parole dans la conscience d’un contexte particulier, et dans l’exercice d’une autorité qui lui vient du Christ. Il évoque ensuite la personne de Scipion de Ricci, évêque venu jurer fidélité dans les mains du pape, et qui se laissa circonvenir « par les artifices d’un amas de docteurs d’une sagesse perverse », introduisant dans l’administration de son diocèse « de funestes nouveautés »41. Il s’agissait en fait du rassemblement, dans le synode diocésain, d’un corps de doctrines déjà condamnées, ce qui remet en cause le respect pour les décrets apostoliques. La bulle analyse ensuite la méthode habituelle des novateurs : ils utilisent un vocabulaire équivoque, permettant d’entretenir ainsi des contradictions, de toujours être prêt à la défense, et d’induire le peuple en erreur. On sent derrière ces propos le poids de deux siècles de controverses jansénistes. D’où la pratique romaine de noter les propositions insidieuses une par une, pour clarifier les points de doctrine et amener chacun à se déterminer en vérité. Rome veut donc ôter à l’avenir la possibilité de jouer encore contre ses positions : sous-entendu, Auctorem fidei veut clore le débat ouvert par l’Unigenitus Pie VI précise :
« Nous préférons et désirons que ceux qui enseignent de mauvaises doctrines soient guéris dans le sein même de l’Église par les soins des Pasteurs, plutôt que de les en retrancher en désespérant de leur salut, si aucune nécessité ne nous contraint à prendre ce moyen extrême »42.
11Voici encore un propos à mettre en parallèle avec les affaires de la Révolution : le pape n’y a pas été jusqu’à retrancher des hommes de l’Église par l’excommunication. Il cherche encore à influer par les pasteurs. Les Testimonianze sont à l’arrière plan. Exposant que, devant le refus de Ricci de venir à Rome, la Curie devait à présent parler, le pape cite une lettre de saint Célestin aux évêques de Gaule, pour dire que « c’est l’Église entière qui se trouve attaquée par la nouveauté quelle qu’elle soit »43. Voilà qui est bien expressif.
« A Dieu ne plaise que la voix de Pierre se taise jamais dans ce Siège où ce Bienheureux Apôtre vivant et présidant toujours fait connaître la vérité de la foi à ceux qui la cherchent. Un trop long silence qui semblerait une connivence, n’est pas sûr dans de pareilles conjonctures ; il est aussi répréhensible alors que la prédication d’une doctrine irréligieuse... il faut... fortifier par notre autorité ceux dont la foi est éprouvée »44.
12De tels propos sont véritablement susceptibles d’une double lecture. Pie VI veut-il parler sur le synode pour qu’on ne lui impute pas un silence, comme ce lui fut reproché, il y a peu, pour les affaires de France ?
13Suit alors la liste des 85 propositions condamnées, avec pour chacune la censure précise. Si nous parcourons cette liste, nous pouvons relever qu’elle s’ouvre par une proposition de principe sur la conservation de la clarté de la foi dans l’Église (contre le cheval de bataille des jansénistes sur l’obscurcissement des vérités dans le temps), puis elle passe aussitôt à la question du ministère. Les propositions II et III affirment que l’autorité des pasteurs, et en particulier du pape, ne vient pas de l’Église. Le Christ a communiqué son autorité aux pasteurs directement, sans un passage par l’Église comme telle. Le pape n’est pas « chef ministériel », mais successeur de Pierre et Vicaire du Christ. Les propositions IV et V s’opposent à une limitation de la puissance de l’Église au domaine du dogme et de la morale : elle peut imposer ses lois et les faire respecter même pour les « choses extérieures ». Tout ces sujets sont définis par la bulle avec la notation « d’hérésie ». Vient alors le tour des évêques : les propositions VI, VII et VIII limitent l’autorité de l’évêque au sens où il doit rester soumis à une puissance supérieure, le pape, les conciles généraux ou provinciaux, dans ce qui règle la vie de son diocèse. Il peut être empêché par une puissance supérieure dans sa mission. Ces trois articles sont assortis de la note « induisant au schisme et au renversement du régime hiérarchique ». Faut-il entrevoir l’Église constitutionnelle derrière ce propos ? Vient ensuite le tour des prêtres : les propositions IX, X et XI portent sur les pouvoirs des curés en synode diocésain, pour réformer les abus, recevoir les décrets de l’Église, agir comme juges de la foi. Le synode sur ce point « blesse l’autorité épiscopale », « renverse le régime hiérarchique », « affaiblit la force des définitions ou des jugements dogmatiques », etc. Là encore, des parallèles avec la Constitution civile du clergé peuvent être trouvés. Notons qu’il n’est pas fait mention des condamnations de Richer. Trois articles viennent faire la transition avec les sentences portant sur la doctrine janséniste : ils visent à contrer le synode quant à ses jugements sur la politique romaine depuis deux siècles. Il faut respecter les décrets romains, la paix clémentine ne fut pas une acceptation de la distinction du droit et du fait ; l’Église n’est pas uniquement constituée des fidèles « parfaits adorateurs en esprit et en vérité ».
14La bulle entre alors dans le domaine de la théologie dogmatique. L’état d’innocence d’Adam, son immortalité, le rôle de la loi et de la grâce divine, le double amour de cupidité ou de charité, la crainte servile, sont tour à tour évoqués. L’autorité de saint Augustin est régulièrement invoquée, ce qui est de bonne guerre... C’est toujours une conception équilibrée d’un homme libre et responsable, mais instruit par la grâce efficace, qui se trouve exposée.
15A partir de la proposition XXVI, on passe au domaine de la théologie sacramentaire. Il est notoirement reproché au synode de ne pas avoir parlé de la doctrine tridentine de la transsubstantiation (XXIX) ; on entre ensuite dans les détails : il est injurieux à la tradition « depuis plusieurs siècles » de ne vouloir qu’un autel par église, et sans reliques ni fleurs dessus (XXXI et XXXII) ; de même, il est irrespectueux de vouloir utiliser la langue vulgaire pour la liturgie, si cela sous-entend que l’ordre actuel repose sur un oubli des principes de la tradition (la question est au fond laissée sans réponse et n’est jugée que sur un principe de raisonnement). Douze propositions (XXIV-XLV) vont ensuite traiter du sacrement de pénitence et des indulgences. Les références, pour les sacrements, proviennent essentiellement du concile de Trente : on est dans la logique du jansénisme conçu comme une émanation du protestantisme. Quatre propositions traitent ensuite des censures canoniques (XLVI-L). Vient le tour du sacrement de l’ordre (LI-LVIII). Il est question des conditions requises pour recevoir l’ordination, des honoraires de messe, de la défense des ordres mineurs contre l’idée de les faire remplir par de pieux fidèles, des bénéfices. Le dogme n’est donc pas en cause, mais plutôt des arrangements sur le mode d’exercice du ministère. Trois propositions portent sur les fiançailles et le mariage, touchant à la puissance civile dans son droit d’établir ou d’abolir des empêchements à la réception du sacrement. On retrouve alors la note d’hérésie, et celle de « subversive de la liberté et de la puissance de l’Église »45. Ce rôle de la puissance civile était en cause du côté du joséphisme, du côté des réformateurs jansénistes italiens, mais aussi de ce qui se déroulait alors en France : la Curie tient donc à s’exprimer théologiquement.
16La vie pastorale de l’Église est enfin abordée : sur la légitimité du culte rendu au Sacré-Cœur, les prières en langue vulgaire, la lecture de la Bible, l’usage pastoral des Réflexions morales de Quesnel, le culte des images dans les églises, les changements dans le calendrier liturgique, les serments (LXXV), les conférences ecclésiastiques. Cinq propositions prennent ensuite la défense des réguliers (LXXX-LXXXIV) : l’état régulier n’est pas incompatible avec le soin des âmes, il ne produit pas par la multiplicité des ordres la perturbation et la confusion ; les monastères ne sont pas de petites monarchies nuisibles à l’État. Neuf règles de réforme prévues par le synode sont rejetées : il y était question de limiter les vœux religieux, de se référer à l’exemple de Port-Royal, de limiter les moines recevant les ordres... Encore une fois, de telles dispositions rappellent la politique de la Constituante.
17Symboliquement, l’ultime sentence porte sur la convocation des conciles nationaux :
« LXXXV. La proposition énonçant qu’une connaissance quelconque de l’Histoire Ecclésiastique suffit pour obliger chacun à confesser que la convocation d’un Concile National est un des moyens canoniques par lequel se terminent dans l’Église les controverses des Nations respectives à l’égard de la Religion ;
Entendue en ce sens que les controverses qui regardent la foi et les mœurs, et qui s’élèvent dans n’importe quelle Église, puissent se terminer par un jugement irrévocable dans un Concile National, comme si l’infaillibilité dans les questions de la foi et de mœurs appartenait à un Concile National, est schismatique et hérétique »46.
18Rome s’exprime ici sur une question agitée au moment du débat à la Constituante sur la Constitution civile du clergé. Nous savons que l’Église constitutionnelle tentera de se réorganiser par des conciles nationaux, en 1797 et en 1801. Or, le pape se prononce ici sur le domaine de la foi et des mœurs, étant entendu que la discipline ecclésiastique est liée à ces deux termes, selon les mots de Quod aliquantum. Un tel concile n’est pas habilité à se prononcer infailliblement en dernière instance, Rome est au-dessus. En notant par « schismatique et hérétique » ce point, la bulle s’inscrivait dans la logique ecclésiologique suivie par la Curie depuis plusieurs années. La liste des propositions se trouvait close comme elle avait commencé, par le domaine de l’organisation de la vie ecclésiale. Une reprise de l’ordonnancement de la liste nous fait apparaître un plan particulier : il intéresse successivement l’Église, la théologie dogmatique, la sacramentaire, la pastorale. Aux différents réformismes est opposé, sans audace, une Église située dans la tradition de saint Augustin et du concile de Trente. Puisque Trente a répondu à Luther, qui utilisait « le docteur de la grâce », on est dans une même veine.
19La finale de la bulle élargit la condamnation et les réserves du pape aux autres doctrines contenues dans les actes du synode, qui dénotent « surtout un esprit hostile envers les Pontifes Romains et le Siège Apostolique »47. En premier lieu, la bulle précise deux points de théologie trinitaire, sur la distinction des personnes et l’appellation de Verbe ou de Fils pour la seconde personne. Puis trois paragraphes viennent manifester la colère du pape de voir le synode se réclamer des quatre articles de 1682 en les incluant dans son décret De fide. La déclaration de l’Assemblée du clergé de France a été cassée, réprouvée et déclarée nulle par Innocent XI et Alexandre VIII, même si l’Inquisition romaine ne s’est finalement pas prononcée ; aussi Pie VI tient pour téméraire et scandaleuse leur utilisation. Ainsi, les quatre articles avaient droit à une sentence non-dogmatique, mais mise en relief par ce paragraphe final, suivant justement un point de stricte dogmatique. Plutôt que d’inclure une proposition dans la liste, le texte utilisait ici un artifice faisant de cette question un point d’orgue à la bulle toute entière. On ne peut s’empêcher de repenser aux sentences du cardinal Garampi (alors mort depuis deux ans, ne l’oublions pas) sur la responsabilité des quatre articles dans les malheurs du moment, à Pistoie comme à Paris.
20Au total, cette constitution, classée ordinairement comme la dernière condamnation du jansénisme, est à retenir plus essentiellement en tant que prise de position romaine dans le domaine de l’ecclésiologie, contre tous les réformismes du xviiie siècle. En assortissant les propositions sur le pape et les évêques des notes d’hérésie et de schisme, Auctorem fidei poursuit l’œuvre de Super soliditate et martèle les positions pontificales. La constitution est susceptible d’une lecture à plusieurs niveaux : réponse à un synode au premier degré, mais aussi réponse au joséphisme, ou à la Constitution civile du clergé. Il y a bien une unité de fond des réponses pontificales entre 1786 et 1794. Auctorem fidei en est même le chant du cygne : Pie VI va désormais devoir se taire, mais peu importe ; le siècle a désormais reçu sa conclusion.
21Seul le roi d’Espagne donnera l’exequatur en 1800 : aucun autre pays ne reçut la bulle officiellement48. Rome s’attendait à une réaction janséniste : elle fut faible, tombant historiquement, après la chute de Robespierre et en pleine guerre, dans un mauvais moment ! La constitution va surtout être connue par les éditeurs qui la firent circuler jusque dans les années napoléoniennes, mais elle fut très vite oubliée, toujours du fait des circonstances. Politiquement et religieusement, elle ne pouvait intéresser les gens durablement, sinon le clergé le plus ultramontain du début du siècle suivant.
22Les Nouvelles ecclésiastiques du 28 janvier 1796 se moquent d’une censure cardinalice qui avait duré trois ans et demi : « Cette bulle ne manque donc point d’ordre ni de clarté »49. Mais les propositions condamnées sont entendues dans la bulle dans un sens qu’elles n’avaient pas. Donc la sentence tombe dans le vide, une fois de plus, pour les jansénistes. La correspondance échangée entre Grégoire et Ricci nous renseigne également sur les réactions du milieu jansénisant50. Grégoire sait ainsi qu’en Italie l’évêque de Nole réclame contre la condamnation, et qu’à Bruxelles, Le Plat est en train de préparer une réfutation de la bulle51.
23Les évêques des États pontificaux et du royaume de Naples répondirent favorablement à l’envoi de la bulle. On ne connaît les réponses que de neuf évêques français : les cardinaux La Rochefoucauld et Rohan, les évêques de Glandèves, Grasse, La Rochelle, Luçon, Perpignan, Senez, Tarbes52. On chercha à obtenir des rétractations des acteurs du synode, au moment où l’on cherchait aussi à exalter des rétractations de constitutionnels français. Mais peu se produisirent ; on préféra sur place enterrer les choses, avant que les invasions et les changements de régime ne modifient la situation. La première traduction française sera ainsi l’œuvre du futur cardinal Clément Villecourt en 1850 !
Notes de bas de page
1 Angelo Paoletti, 1756-1834, secrétaire de Scipione de’ Ricci, Storia del sinodo diocesano di Pistoja tenuto da M. vescovo Ricci nell’anno 1786, p. 119. Ce projet de livre est dans les manuscrits de la Bibliothèque Nationale de Florence, Nuovi Acquisti 189.
2 Voir p. 58 et p. 77. Rappelons pour la bibliographie : L. Pasztor, « La curia romana e il giansenismo, la preparazione della bolla « Auctorem fidei ». in Actes du colloque sur le jansénisme. Academia belgica. Rome, 2-3 nov 1973, Louvain, 1979, p. 89-104 ; P. Stella, « Il sinodo e l’Auctorem fidei dalla Rivoluzione a oggi », in Atti e Decreti del sinodo diocesano di Pistoia dell’anno 1786, Florence, 1986, vol. 2, p. 149-183 ; P. Stella, Il giansenismo in Italia, II/1 : Roma, Rome, 1995. Pour un jugement plus global sur les condamnations du Saint-Siège : B. Neveu, « Juge suprême et docteur infaillible », in Erudition et religion aux xviie et xviiie siècles, Paris, 1994, p. 385-450.
3 Selon une lettre d’Antonelli à Pie VI. P. Stella, Il giansenismo in Italia, II/1 : Roma, Rome, 1995, p. lix.
4 Ibid., p. 3-5, Lettre d’Antonelli à Pie VI de décembre 1788. Antonelli émet l’idée que la seconde congrégation de cardinaux et d’évêques comprenne des prélats d’autres pays italiens que les Etats pontificaux, pour que le jugement ne paraisse pas purement romain. Il propose un nombre de douze censeurs, car c’est selon la tradition le nombre de juges pour le procès d’un évêque.
5 Ibid., p. lxx-lxxi.
6 Briefe und Akten..., p. 179.
7 P. Stella, op. cit., p. lxxv.
8 « Non si crede però necessario di passarle sotto l’occhio della nuova congregazione ; poiché le personne che dovranno comporla saranno appieno illuminate e in ogni caso potranno ne’libri stampati richiamarsele alla memoria », Fogli in qua si dà notizia del metodo... », ibid., p. 24. Les livres en effet ne manquaient pas, comme nous l’avons vu dans la partie sur l’école romaine.
9 Ibid., p. 77.
10 Réponse de M. l’évêque de Pistoie et Prato aux questions qui lui ont été proposées relativement à l’état actuel de l’Église de France, Paris, Leclere, 1791, 24 p. Ricci écrit p. 12 : « Je pense que par mission légitime on ne doit entendre que l’ordination ».
11 P. Stella, op. cit., p. lxxxv.
12 Reproduit intégralement, ibid., p. 78-146.
13 « Non vi si discorre della Chiesa come communione dei credenti in Cristo, animati dal soffio amoroso dello Spirito. espressioni di questo tipo, che nel sinodo di Pistoia erano un riflesso remoto del berullismo di Quesnel o di altri, vengono guardate con sospetto, come fossero la copertura insidiosa dello spririto di ribellione contro l’autorità dei legittimi pastori ». Ibid., p. lxxxvii.
14 « Tre queste sono, come si è accennato. La prima. Il papa non ha nella Chiesa primato di giurisdizione. La seconda. I vescovi nell’esercizio dei loro diritti vescovili sono esenti dalla podestà e giurisdizione del papa. La terza. La giurisdizione è stata data da Dio immediatamente alla Chiesa, ed il papa è solamente capo ministeriale della Chiesa medesima ». Ibid., p. 79.
15 « Sanctam Catholicam et Apostolicam Romanam Ecclesiam omnium ecclesiarum matrem et magistram agnosco, romanoque pontifici B. Petri apostolorum principis successori ac Iesu Cristo vicario, veram obedientiam spondeo ac iuro ». Ibid., p. 86.
16 « Non accade esaminare la questione, se la podestà dei vescovi sia immediatamente da Dio o dal papa. questa è questione adiafora. Ognuno tiene, salva fidei unitate, quella sentenza che più gli piace. Non è però cosi per l’esercizio della giurisdizione vescovile. Poiché è dogma di fede che la podestà dei vescovi, ancorché si conceda provenire immediatamente da Dio, è però soggetta all’autorità del romano pontefice ; ai cui decreti e leggi debbono ubbedire ». Ibid., p. 87.
17 Ibid., p. 88.
18 Ibid., p. 102.
19 Ibid., p. lxxxix. Le Programma : se la dottrina del sinodo di Pistoia sopra i Due Amori sia infetta di bainismo ? d’Albertini est reproduit par P. Stella. Ibid., p. 204-231.
20 Voir la citation des propos de Garampi en Ibid., p. xcv-xcvi.
21 Ibid., p. 341-357.
22 Ibid., p. 359.
23 Ibid., p. 361.
24 Ibid., p. 421-428.
25 « La cosa incomincia assai male ». Ibid., p. 422.
26 Ibid., p. 429.
27 Ibid., p. 438.
28 Paris, Crapart, 1791, qui en fait reprend un article du Journal ecclésiastique, Question décisive, ou dissertation sur la différence de l’ordination et de la jurisdiction, août 1791, p. 285-490.
29 « Ella è una scandalossima ribellione contro l’autorità della Santa Sede e della stessa Chiesa universale. Una tale adozione sembra pertanto equivalare a un appello formale dalla costituzione Unigenitus, e poter soggiacere, quando non venga ritrattata, a quelle stesse censure che sono state in più brevi apostolici replicatamente fulminate contro gli appellanti della stessa costituzione ». P. Stella, op. cit., p. 442.
30 Ibid., p. ci.
31 1735-1807. Voir biographie et bibliographie en ibid., p. ciii.
32 Ibid., p. 489-493.
33 « Non voglio decidere sulla prima, quantunque le attuali circostanze della Francia potrebbon somministrare un’opportunità a procedere a quella censura, che meritano le sudette proposizioni e ch’è stata sospesa dalla Sede Apostolica a sola contemplazione della potenza de’ re cristianissimi e dell’ attaccamento de’ parla-menti e del clero francese alle pretese loro libertà ». Ibid., p. 491.
34 ACDF, SO, St. St., O5-e. En AAEESS, Francia 15, un dossier donnant des sources romaines sur les quatre articles de 1682, et se concluant par le texte d’Auctorem fidei, témoigne des travaux qui eurent lieu alors sur cette question.
35 Le texte en fut édité une première fois : P. Stella, « Quo primum tempore : progetto di bolla pontificia per la condanna del Sinodo di Pistoia », in Rivista di Storia della Chiesa in Italia, XLV/1 (1991), p. 1-41. Le texte est repris en Il giansenismo in Italia, II/1 : Roma, p. 583-606.
36 Il y est question de l’injure du synode au Saint-Siège dans l’appel aux quatre articles de 1682. Ibid., p. 594-595.
37 Ibid., p. cx.
38 Sur les erreurs du texte final, voir ibid., p. cxi.
39 Autour de la bulle : Ph. Boutry, « Tradition et autorité dans la théologie catholique au tournant des xviiie et xixe siècles. La bulle Auctorem fidei (28 août 1794) », in Histoire et théologie, Actes de la journée d’études de l’Association française d’histoire religieuse contemporaine, Paris, 1994, p. 59-82 ; Ph. Boutry, « Autour d’un bicentenaire : la bulle Auctorem fidei (28 août 1794) et sa traduction française (1850) par le futur cardinal Clément Villecourt », in MEFRIM 106 (1994)-1, p. 203-261 ; F. Diaz De Cerio, « La publicacion en Espana de la bula Auctorem fidei », in Archivum Historiae Pontificae XX (1982), p. 219-252 ; B. Neveu : « Juge suprême et docteur infaillible : le pontificat romain de la bulle In eminenti (1643) à la bulle Auctorem fidei (1794) », in Erudition et religion aux xviie et xviiie siècles, Paris, 1994, p. 385-450.
40 Ph. Boutry, (Traduction Villecourt), op. cit., p. 219. « ut qui semel tradita sibi a Christo Ecclesiae gubernacula nunquam derelicturus erat... ». P. Stella, op. cit., p. 612.
41 Ph. Boutry, op. cit., p. 219. « perversae sapientiae magistrorum fraudibus circumventus eo coepit intendere... »
42 Ph. Boutry, op. cit., p. 223. « volumus et optamus homines prava docentes pastorali cura in Ecclesia sanari, quam desperata salute ex illa resecari, si necessitas nulla compellat ». P. Stella, op. cit., p. 615.
43 Ph. Boutry, op. cit., p. 223.
44 Ph. Boutry, op. cit., p. 223-224. « Absit, ut vox Petri in illa unquam Sede sua conticescat, in qua perpetuo vivens ille ac praesidens praestat quaerentibus fidei veritatem. Tuta non est in talibus longior conniventia, quia tantumdem pene criminis est connivere in talibus, quanti est tam irreligiosa praedicare ». P. Stella, op. cit., p. 616.
45 Ph. Boutry, op. cit., p. 247.
46 Ph. Boutry, op. cit., p. 257. « LXXXV. Propositio enuntians qualecumque cognitionem ecclesiasticae historiae sufficere, ut fateri quisque debeat convocationem concilii nationalis unam esse ex viis canonicis, qua finiantur in Ecclesia respectivarum nationum controversiae spectantes ad religionem.
Sic intellecta, ut controversiae ad fidem et mores spectantes in Ecclesia quacumque subortae, per nationale concilium irrefragabili iudicio finiri valeant ; quasi inerrantia in fidei et morum quaestionibus nationali concilio competeret. Schismatica, haeretica ». P. Stella, op. cit., p. 643.
47 Ph. Boutry, op. cit., p. 257.
48 La Curie avait pourtant préparé le terrain en 1794 : par exemple, le 24 mai, de Zelada écrit au nonce Caprara, à Vienne : « I giansenisti hanno piantato l’anarchia, l’incredulità, la licenza, donde ne sono derivate le stragi, le rapine, gli esili, le ribellioni e tutte le altre calamità che hanno distrutto il più florido impero d’Europa ». Cité par G. Pignatelli, Aspetti..., p. 107. Pour l’histoire de la réception en Espagne : F. Diaz De Cerio, « La publicacion en Espana de la bula Auctorem fidei », in Archivum Historiae Pontificae XX (1982), p. 219-252.c
49 Nouvelles ecclésiastiques, 28 janvier 1796, p. 5. La recension se poursuivra le 10 février 1796, p. 9-12.
50 M. Vaussard, Correspondance Scipione de’ Ricci – Henri Grégoire (1796-1807), Florence-Paris, 1963.
51 Ibid., p. 14. Lettre du 31 mai 1796. Le Plat va publier anonymement : Lettres d’un théologien-canoniste A.N.S.P. le pape Pie VI, au sujet de la Bulle Auctorem fidei, etc, du 28 août 1794, portant condamnation d’un grand nombre de propositions tirées du synode de Pistoie de l’an 1786.
52 P. Stella, op. cit., p. cxxii.
Pour les deux cardinaux, voir la prosopographie. Pour les évêques :
Glandèves : Henri Hachette-des-Portes, 1712-1798, mort à Bologne.
Grasse : François d’Estienne de Prunières de Saint-Jean, 1718-1799, mort à Marseille.
La Rochelle : Jean-Charles de Coucy, 1746-1824, non démissionaire, rentré sous la Restauration (arc. de Reims).
Luçon : Marie-Charles-Isidore de Mercy, 1736-1811, concordataire (ar. de Bourges).
Perpignan : Antoine-Félix de Leyris d’Esponchez, 1750-1801, mort à Udine.
Senez : Jean-Baptiste de Roux de Bonneval, 1747-1837, démissionaire, mort à Viterbe.
Tarbes : François de Gain de Montaignac, 1744-1812, démissionaire, non concordataire, mort à Londres.
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