Chapitre VIII. Une correspondance témoin entre un chanoine « ultramontain » de Paris et un cardinal romain
p. 191-208
Texte intégral
1Parvenu à ce point, il convient de faire remarquer que la faiblesse essentielle de l’analyse d’Albert Mathiez est sa méconnaissance de la théologie romaine : il ne peut comprendre les réactions pontificales dans la mesure où il n’en connaît pas les fondements, pas plus qu’il ne mesure la situation particulière dans laquelle se trouve alors le pape. Pour introduire cette partie, l’analyse d’une correspondance du cardinal Giuseppe Garampi met en lumière comment un théologien romain réagit à vif aux événements de Paris. Nous présenterons alors le point où sont parvenus les courants juridictionalistes, gallicans et jansénistes, à la fin du xviiie siècle, pour saisir quels combats entendent mener les théologiens liés à la Curie romaine. Après avoir suivi le travail des cardinaux et de la Curie pour aboutir à la condamnation des actes du synode de Pistoie, nous pourrons reprendre un certain nombre de thèmes théologiques mis en jeu dans le conflit entre Rome et Paris.
2Tandis que les événements de la Révolution se déroulent, l’abbé de Salamon n’est pas le seul ecclésiastique parisien à écrire régulièrement à Rome. Le fonds Garampi de l’Archivio Segreto présente la riche correspondance de ce cardinal1, qui dévoile l’existence d’un réseau de relations entre Rome et des ecclésiastiques fortement engagés dans les querelles théologico-politiques d’alors. Ce réseau, Garampi l’a constitué lors des débats avec Fébronius, pour obtenir sa rétractation : il concerne un certain abbé François-Joseph Beck2, conseiller particulier de Clément-Wenceslas de Saxe, prince-électeur archevêque de Trèves, de 1773 à 1782, disgracié alors et retiré dans le chapitre cathédral de Strasbourg. Artisan d’une rétractation de Fébronius, il utilisa les services théologiques3 du français Jean Pey4, chanoine de Notre-Dame de Paris depuis 1771. Rappelons, pour suivre la chronologie, que Giuseppe Garampi est nonce à Varsovie de 1772 à 1776, puis à Vienne de 1776 à 1785, après quoi il reçoit la barrette cardinalice et rentre à Rome. L’abbé Pey est l’auteur d’un traité remarqué sur L’autorité des deux puissances5, qui avait en son temps suscité la colère des rédacteurs des Nouvelles ecclésiastiques6. Cet ouvrage, publié une première fois en 1780-1781, vient d’être édité en italien en 1788-17897, dans une version revue et corrigée par l’auteur, grâce à une traduction de Mgr Cesare Brancadoro8, un protégé du cardinal Garampi, qui part peu de temps après comme supérieur des missions de Hollande, pour rétablir la nonciature de Bruxelles (supprimée par Joseph II). Brancadoro est déjà un écrivain et un rédacteur remarqué dans la défense de la primauté romaine : avec l’aide des ex-jésuites Itturiaga et Bolgeni, il traduit et publie ainsi du père I. J. Berruyer en 1788 L’infaillibilita del papa provata col esame de’ quarto articoli della dichiarazione del clero di Francia radunato nel 1682.
3Pour le traité de Jean Pey, le titre italien contient l’annonce de notes : en fait il n’y en a qu’une9, expliquant que l’auteur français n’a pas pu dire tout ce qu’il pense, car il doit respecter le roi et les principes de son pays. Et Mgr Brancadoro de montrer comment les quatre articles de 1682 sont récents, par rapport à la tradition antique du primat romain ; qu’ils émanent d’une assemblée ecclésiastique nationale, convoquée par un roi, et non d’un concile œcuménique réuni au nom de Dieu ; que les références au concile de Constance sont sujettes à caution ; que ces articles ne sont pas le véritable reflet de la pensée de l’Église gallicane (avec des citations à l’appui) ; que l’Église universelle n’entérina jamais les quatre propositions ; que Gerson se rétracta dans sa vieillesse, et qu’enfin la Defensio declarationis de Bossuet est un faux10 ! Or cette note vient s’ajouter à un traité on ne peut plus favorable à l’autorité romaine, clairement respectueux de la distinction entre la puissance civile et la puissance spirituelle. L’introduction du traducteur fait mention des dangereuses nouveautés à la mode, empruntant au richérisme et au fébronianisme11, et signale qu’il ne faut pas devancer les jugements de l’Église sur les positions gallicanes. Cette œuvre attire donc notre attention sur la situation intellectuelle régnant alors à Rome. Remarquons encore que Garampi compte parmi ses conseillers le théologien Michelangelo Monsagrati12, qui le conseille dans les travaux sur Pistoie en jugeant largement les propositions comme hérétiques et dangereuses pour l’autorité de l’Église. Sachant que Lorenzo Caleppi, qui dirige sur la demande du pape l’accueil des prêtres émigrés français dans les Etats pontificaux à partir de 1791, est un ancien auditeur de nonciature de Garampi à Vienne13, on mesure l’étendue du réseau de ce cardinal et son influence auprès du pape, et dans le réseau diplomatique du Saint-Siège.
4Présentement, revenons à cette correspondance échangée entre Pey et Garampi14. Pey informe le cardinal de ses travaux théologiques : il corrige encore les deux puissances, il travaille à une apologie de la foi chrétienne15. Il raconte les événements : la révolte dans Paris et la prise de la Bastille, qui provoque sa peur et son départ pour la principauté de Liège dans l’hiver 1789-1790, jusqu’en avril, où il est de retour à Paris. Louant l’intervention du Saint-Siège en faveur de l’empereur dans la révolte du Brabant16, il se réjouit curieusement de ce que les « Etats-Généraux » (il retarde dans les titres, car c’est d’Assemblée Nationale qu’il devrait parler) aient eu recours au pape pour la vente des biens ecclésiastiques,
« parce que ce sera une bonne leçon pour faire comprendre à plusieurs Eveques de france le tort qu’ils se sont fait à eux mêmes en relachant les liens qui les attachent à leur chef, et en s’attribuant tous les jours et le droit de faire des bréviaires, des missels, des rituels, et peut être bientot le droit de canoniser les saints à volonté, pour n’a voir d’autres juges en ces matières que nos seigneurs du parlemens. C’est là un des pièges où les jansénistes les ont fait tomber ».17
5L’esprit indépendant des évêques gallicans exaspère le chanoine, qui de ce fait n’a pas une grande confiance dans les évêques députés. Garampi répond à l’occasion au chanoine18 qu’il montre ses lettres au pape et que celui-ci se réjouit du travail de l’opinion dans un tel sens. Il attend toujours les nouvelles de Paris avec intérêt. Le résumé des projets de la Constitution civile du clergé par Pey est suggestif :
« Ici les ennemis de la religion font tout les jours des progrès effrayans dans l’assemblée j’avais prévu dès le commencement que leur intention était de rompre tout communication avec le saint siège après avoir ordonné la vente des biens du clergé ils ne se cachent plus sur leur vues ultérieures le rapport du comité ecclésiastique fais à l’assemblée nationale et imprimé par l’ordre de l’assemblée propose une réforme pareille à celle de Luther pour le gouvernement ecclésiastique, qui ne soit plus qu’un gouvernement presbytérien il est défendu de recourir à l’évêque de Rome pour obtenir l’institution canonique des évêques élus, ni en aucun autre cas on ne pourra exiger d’autres déclarations des évêques et des curés élus que la profession de la religion catholique apostolique et romaine les évêques élus pourront cependant écrire à l’évêque de Rome comme au chef visible de l’église universelle et en témoignage de l’unité de foi et de la communion qu’il est dans la résolution d’entretenir avec lui. Votre Eminence reconnaitra facilement à ces traits le cachet des partisans de la petite église d’Utrecht, de cette race de Canaan qui ne veulent pas être séparés de l’église, dont ils ne sont plus les enfants qu’afin d’avoir la liberté de déchirer le sein de leur mère »19.
6L’équation habituelle des apologistes du xviiie siècle est clairement utilisée par le chanoine : les réformes sont luthériennes, prebytérianistes et jansénistes, avec renvoi à l’église d’Utrecht, déjà définie comme hérétique et schismatique par Rome. Pey expose ensuite qu’il a rédigé, sur la demande d’un archevêque, une brochure contre les propos de Sieyès sur la réforme ecclésiastique, et qu’il prépare un discours pour un député de l’Assemblée. Les mêmes thèmes reviennent le 8 juin :
«...Mais ce qui me fait trembler c’est le projet de discipline qu’a présenté le comité ecclésiastique à l’assemblée nationale qui l’a accepté, mais non encore discuté ni décrété, projet qui intercepterai toute communication de jurisdiction entre l’église gallicane et la saint siège, qui transférerai au métropolitain la confirmation des évêques élus réservée au pape, qui redonne l’élection des évêques au peuple, l’élection des curés aux paroissiens, qui règle donne aux évêques des assesseurs qui formeront son presbytère, ou les affaires ecclésiastiques se décideront à la pluralité des suffrages, et cette pluralité dans les archevêchés jusqu’au dernier ressort. Si ce projet passe ce sera peut être le cas de donner son sang pour conserver la foi. les évêques, la plupart des ecclésiastiques et biens des laïcs ont présenté contre le-projet, déclarans l’assemblée incompétente on a avancé bien des bêtises, bien des hérésies, bien des faussetés historiques, pour on a attaqué de solides raisons contre. un curé s’est distingué par un discours qu’il a prononcé et qui a été généralement applaudi par les catholiques, j’en ferai passer un exemplaire à votre éminence Je lui dirais sous le secret que c’est moi qui le lui avais composé mais c’est un parti pris, on n’écoute rien, on listre, on cris on dis des injures Cependant on m’a dit aujourd’hui que dans le club des jacobins qu’on appelle le club des enragés, on s’est apperçus qu’on allais trop loin, qu’il serait impossible de faire adopter le projet sans recourir à l’autorité ecclésiastique, Les uns sont d’avis qu’on s’adresse au pape, les autres qu’on assemble un comité national, mais on répugne encore plus à ce dernier parti parce qu’on redoute infiniment plus une assemblée nationale du clergé de France Voilà où nous en sommes Si l’on s’adresse au pape, j’aurais l’honneur de vous dire mon idée, eu égard à la position où nous sommes »20.
7On peut affirmer que le discours à l’Assemblée est celui de l’abbé Jean-Claude Goulard21, prononcé à la barre le 31 mai 1790. Ce discours est l’un des plus « romains » du moment, basant tout refus des réformes sur la puissance apostolique seule compétente, et demandant l’envoi du dossier par le roi à Rome22. Pey est donc clair sur la portée théologique des futurs décrets, et Garampi lui répond sur le même ton :
8« Nous voici précisément à ces époques sanglantes de l’Angleterre et de l’Allemagne, lorsqu’on y¨ décidait par voix, la quelle des religions était admissible »23.
9La lettre du 15 août de Jean Pey nous paraît capitale, nous la re produisons intégralement :
« Monseigneur,
Depuis la dernière lettre que j’ai eu l’honneur d’écrire à votre [ ] et la réponse dont elle l’a honoré, nos affaires vont toujours de mal en pis. Le numéraire disparait a vue d’œil, la subordination des troupes réglées est presque entièrement perdue. L’augmentation des impots que la situation des finances rend necessaire à la place de la diminution qu’on attendait, va exiter un murmure général, et Dieu veuille qu’on en reste là ; et si avec tous cela, les bruits de guerrre qui nous font craindre pour nos frontières se réalisent, que deviendrons nous ? Mais ce qui allarme encore davantage les vrais fidèles sont les decrets du comité ecclésiastique et qui étant évidemment schismatiques ne manqueraient pas de faire des martyrs, et sépareraient la France du Saint Siège. Nous sommes encore menacés d’un decret permettant le divorce qu’on a déjà proposé, et dont la discussion a été remise à quelques jours d’ici nous sommes encore menacés de l’abolition du célibat ecclésiastique et de la proscription de l’habit clérical, auxquels depuis quelques tems, par des brochures repandues de tous cotés pour déterminer l’opinion publique, ainsi qu’on l’avait pratiqué pour faire passer les autres décrets. Il eut été a désirer que les évêques de l’assemblée eussent fait une institution commune pour éclairer les fidèles, et même bien des ecclésiastiques, sur l’incompétence de l’assemblée, et sur les vérités dogmatiques qui servent de base à la discipline de l’église. On eut d’abord posé en principe cette vérité de foi, que le Royaume de J.C. est la fin dernière à laquelle doivent se rapporter toutes les institutions politiques, à laquelle doivent être subordonnées toutes les lois humaines. Per quem omnia propter quem omnia et in ipso condita sunt universa. De la du pouvoir descendu à l’ordre hiérarchique instituté par J.C. à la subordination des Prêtres à l’égard des évêques, et des évêques ainsi que de tous les fidèles à l’égard du chef de l’église universelle, une subordination qui est de droit divin, et absolument nécessaire au maintient de l’unité. Puis deux principes fondamentaux sur la discipline 1o que c’est à l’église à elle à sanctionner les reglemens de discipline, à les interpréter, à les modifier à les abolir, et à donner la mission canonique que les ministres de la religion ne peuvent recevoir que de leur supérieur ecclésiastique ayant juridiction sur eux. Passant ensuite à la discussion des décrets en particulier, on eut montré l’absurdité de la plupart qui révoltent la saine raison, telle que l’admission des protestans des juifs, des impis, pour le choix des évêques et des curés.
J’avais prié quelqu’un qui voit souvent les evêques de l’assemblée de les engager à donner une instruction a peu près dans ce gout, mais tous meurent de peur, et les enragés eux mêmes rient de leur frayeur qui perd tout. Ils auraient trouvé les matériaux dans l’autorité des deux puissances. le Roi heureusement a refusé, puis suspendu la sanction des décrets pour consulter sa sainteté. Il a même déclaré affirmativement qu’il perdrait plutot la vie que de se séparer du Saint Siège, et qu’il voulait vivre et mourir dans l’église catholique, apostolique et romaine ; J’espère que cette démarche nous sauvera car je ne doute point que le Saint Père assisté de sa grâce promise à S Pierre n’allie dans sa réponse les ménagements de la prudence avec la fermeté du zèle et le ton de l’apostolat. Mais ne serait il pas à souhaiter qu’il fis préceder son jugement définitif, de l’exposition de la doctrine catholique relative aux décrets ? Le bref préliminaire me paraissait un point capital, et peut être décisif pour le sort de l’église gallicane, et dont l’occasion ne sera jamais si favorable. Car 1o cette exposition réunirais infailliblement tous les évêques dans une unanimité absolue sur tous les points de l’enseignement, concernant les décrets, ce qui est d’autant plus important, quoique je ne voudrais pas répondre qu’il n’y eut des nuances différentes, mêmes très facheuses, ne fut ce que par la manières de mêler les vérités dogmatiques avec nos sotes opinions gallicanes. Plusieurs évêques n’étant pas état de faire leurs mande-mens, cela dépendrait des faiseurs qui ne sont pas toujours bien surs., s’ils ne manquerais des jansénistes qui viendraient offrir leurs services, et qui intrigueraient pour les faire accepter. 2o L’autorité du S Père ferais beaucoup plus d’impression, comme de raison, sur l’esprit des fidèles, que celle des évêques 3o Les évêques intimidés reprendraient courage la plupart parleraient au moins par des mandements d’adhésion. Ceux qui voudraient donner des instructions aux particuliers auraient la route tracée dans le bref de Sa Sainteté et cette réunion du corps épiscopal au S Siège mettrait en considération même les plus hardis sectaires. 4o Un autre avantage qu’en retirerait la religion serait de faire sentir aux évêques le besoin qu’ils ont de l’autorité d’un chef qui serve d’appui à l’épiscopat, de les attacher davantage au S Siège, et de leur faire chérir une jurisdiction, dont tous ne sentent pas également les avantages. Ce point est essentiel pour la France, où cède insensiblement les liens de l’unité. Voila, monseigneur, mes reflexions pour le moment. Votre éminence pourra les apprécier, et en faire l’usage quelle trouvera à propos »24.
10Lettre capitale, car on y trouve les éléments de la conduite à venir de Rome : un bref doctrinal sera expédié en premier pour refaire l’unité de l’épiscopat et offrir aux évêques une doctrine sûre et saine. Cela pour barrer la route aux jansénistes qui complotent à l’Assemblée ; et pour clarifier les notions de juridiction, d’attachement à Rome, d’unité autour du siège apostolique. Nous voyons ici Pey rédiger son « Exposition des principes », et il a la finesse de fournir des arguments aux craintes romaines en montrant l’hostilité de l’Assemblée vis-à-vis de la religion : divorce, célibat ecclésiastique, habit ecclésiastique ; autant de points qui mettent en jeu les diverses conceptions du rapport entre le pouvoir temporel et l’Église, et qui sont susceptibles d’inquiéter la Curie romaine. Les principes de Pey sont bien ceux d’une hiérarchie descendante, d’une primauté du spirituel impliquant une incompétence absolue des députés. Rome était donc informée par un Français des enjeux théologiques des débats. Garampi ne s’y trompe pas, lorsqu’il répond au chanoine le 6 novembre, soit entre les congrégations du 24 septembre et du 16 décembre :
« Oui ! je conviens que les jansénistes sont la pierre du scandale, qui va devenir général. Ces esprits remuants, inquiet hantés et souples se glissent par tout et produisent par tout des ruines. Voici donc de qui vous occuper, pour percer ces brouillards dont ils tachent d’envelopper les vérités les plus évidentes, et de pervertir tous les esprits et les cœurs. Mais je connais votre zèle pour me persuader que vôs lumières ne resteront pas cachées dans un moment, qui fait tout craindre pour la religion »25.
11La question est de savoir si de telles lettres, montrées au Saint-Père, étaient connues des autres cardinaux. Si elles ne figurent pas dans les dossiers des congrégations particulières, elles ne sont pas étrangères à l’esprit de Quod aliquantum et de Charitas. Pey revient sur les méfaits du jansénisme à propos de la querelle des nonciatures, puisqu’il a connaissance de la punctuatio d’Ems de 1790 :
« Tous les ennemis de la religion se reunissent contre Rome cela n’est pas surprenant Les jansénistes sont l’ame de tous ceci ; ce sont eux qui ont dresse le plan du conseil ecclesiastique Cela est evidement connu ici à la verite on les a trop menage et en France et à Rome. L’hérésie ne se convertit pas : et quand on l’empeche de nuire elle finis par opprimer et par tous ecraser. Je ne sais moi meme ce que je deviendrai mais le feu est par tout, où se refugier ? J’ai un secret pressentiment qu’il faudra nous préparer au martyr »26
12Le jansénisme, voici l’ennemi désigné à un cardinal romain qui travaille à condamner le synode de Pistoie, et qui est tenu pour être l’auteur de la Responsio aux archevêques rhénans27. L’hérésie ne se convertit pas, il faut se préparer au martyre car on n’a pas su endiguer un mal pernicieux. Le chanoine ne se doutait alors pas qu’un de ses neveux allait mourir en septembre 1792. Il informe également le cardinal qu’il répand une brochure sur la dévotion à la Sainte Vierge à l’occasion des malheurs du temps. Mais Pey nous renseigne utilement sur ce qu’il juge ambigu dans les attitudes des évêques de France : il parle le 16 novembre du « dire » de l’évêque de Clermont que l’on vient d’imprimer, qui contient selon lui des erreurs doctrinales, « comme que la puissance civile peut faire revivre les anciens canons, et que le concours des deux puissances est nécessaire pour en faire de nouveaux »28. Plus encore, Pey met en garde contre les écrits de Boisgelin, alors en pleine rédaction de l’Exposition des principes. Il juge l’académicien impropre à donner un texte doctrinal susceptible de réunir le clergé et d’obtenir l’approbation de Rome. Il écrit :
« Plusieurs de nos Eveques ont la rage de fourrer par tout leurs opinions gallicanes et leurs libertés. J’en suis désolé ; on me regarde en général ici comme ultramontain quoique je ne dise certainement au sujet du souverain pontife que ce que tout catholique doit croire »29.
13Il porte le coup de grâce le 20 novembre :
« D’un autre coté j’ai lu l’exposition des principes sur la constitution du clergé imprimée, et déjà signée de trente évêques, et qu’on va rendre incessament publique. Elle ne vaut rien du tout et renferme même des propositions schismatiques. Il y en a une entre’autre qui est formellement hérétique : elle dis en substance que la liberté de l’enseignement (consentie à l’Église) renferme l’intégrité de la constitution ecclésiastique. J’en ai averti ce matin l’Évêque dont on demandais la signature, et qui a voulu avoir auparavant mon avis la dessus et je lui a écrit très fermement pour engager les Évêques à ne pas donner plus de publicité à leur chiffon ; Je supplie votre Eminence de me permettre de ne pas signer ma lettre »30.
14Pey avoue ici sa position trop connue à Paris « d’ultramontain » : il est étiqueté, mais cela le rend d’autant plus libre vis-à-vis des évêques à propos desquels il ne mâche pas ses mots et se porte en dénonciateur. Trouver la proposition jugée hérétique dans le texte de Boisgelin n’est pas évident : elle peut renvoyer à la phrase « la religion reste toute entière, quand elle conserve la liberté de l’enseignement, et les lois humaines ne peuvent pas arracher de ses inaccessibles fondements, la loi sainte établie dans la conscience des fidèles »31. Ce passage de l’Exposition réclame au pouvoir une liberté pour les catholiques équivalente à celle des protestants : la puissance civile peut ne pas protéger la loi ecclésiastique, mais elle ne peut la proscrire au titre de la liberté individuelle et du respect des consciences. Ces deux arguments sont certainement trop larges pour le chanoine : la puissance civile doit suivre les ordres de la puissance spirituelle et en défendre les lois, au nom de la vérité révélée que garde l’Église, et il ne saurait être question de baser la place de la religion sur une liberté de conscience ! Au fond, il ne peut admettre le savant équilibre de Boisgelin entre les deux pouvoirs. Dans son propre traité sur les deux puissances, il défend une indépendance complète de l’Église, non seulement sur les questions de Foi, mais également de discipline. Il avoue s’opposer alors à Fébronius32.
15Cette distance de Pey par rapport à Boisgelin révèle donc à Rome combien il faut rester prudent sur la conduite des évêques français. Or, relevons d’une part que les voti des cardinaux de septembre 1790 sont confiants à l’égard des prélats et, d’autre part, que la correspondance diplomatique ne porte pas trace de mise en garde ouverte de la part de la Curie : la position du chanoine et de Salamon, lui aussi défiant, n’est donc pas suivie directement, mais elle peut pour partie expliquer la prudence du pape qui déclare toujours durant cette période attendre une manifestation claire de la position de l’ensemble de l’épiscopat français.
16La correspondance va se poursuivre au long de 1791, informant Rome des prestations de serment, de l’état de clandestinité déjà adopté par des membres du clergé, des attitudes de la population hostile aux assermentés (les points de vue du chanoine sont bien orientés...), des déboires des premiers évêques « intrus ». Le courrier permet de suivre le retard de la publication du bref Quod aliquantum, le caractère résolu de Pie VI dans sa position33 ; il revient sur les attaques contre Boisgelin à l’occasion de la lettre du clergé français en réponse aux brefs du pape34, du 7 avril 1791, et s’en prend au comité des évêques formé à Paris par l’archevêque d’Aix, qu’il accuse d’être en relation avec Loménie de Brienne35. Le 16 novembre, il fait état d’une brochure intitulée le voile levé qui accuse la franc-maçonnerie d’être à l’origine des convulsions qui agitent l’Europe36.
17Mais nous devons aller à l’essentiel de ce corps de correspondance : le 28 décembre, le cardinal Garampi, dans une réponse au chanoine, dévoile le fond de sa pensée sur les libertés gallicanes et le jansénisme. Les archives nous livrent deux documents : une lettre en français du 28 décembre, et un brouillon de lettre, du 29 décembre, de la même substance, mais avec un ajout important, puisqu’il fait état du synode de Pistoie. Nous donnons les passages en cause :
« Je reviens aux affaires de la Religion, dont uniquement je m’occupe dans ma convalescence actuelle. Je vous avoue, que malgré l’horrible désolation d’abomination du christianisme en France, j’ai la plus vive confiance en Dieu que : infirmitas non est ad mortem37. L’histoire de l’Église m’apprend, que lorsque Dieu a voulu transferer son règne d’une nation à l’autre, les premiers à succomber et apostasier on été la plus part des Evêques et du clergé, mais chez vous je vois tout clair un miracle surprenant de la grâce de Dieu dans la réunion, dans le courage et dans la fermeté de presque la totalité des Evêques, et de la plus grande partie du Clergé.
Mais pour affermir de plus en plus le bon parti, il faut que ceux qui ont le talent de la doctrine viennent à soutenir les fidèles chancelants dans les vrais principes. J’ai vu depuis le commencement moi aussi combien les trop aveuglement attachés aux soi-disant libertés gallicanes ont affaibli l’objet principal dont il est maintenant question.
Suivant ce que je connais de l’histoire il me semble l’entrevoir, que ce transport qu’on a eu pendant près de deux siècles à pousser ces contre l’autorité du chef de l’Église, c’est ce qui a enfin renversé l’autel chez vous, et qui a mis l’encensoir dans les mains laïques (en marge : « a l’exemple de la france l’autorité de l’Église s’est affaibli presque dans toutes les autres régions ») Vos évêques superstitieusement jaloux de leurs libertés mal imaginées ont ralenti peu à peu les nœuds par lesquels ils devaient se tenir fortement attachés au centre de l’unité. Ils se sont opposés aux demandes les plus mesurées des papes, et quoique in abstracto, ils avouaient la Primatie de juridiction, ils en ont trop souvent esquivé ou empêché ou enfin affaiblis l’exécution in concreto ; et invoquant le bras séculier, ils se sont enfin trouvés entre les fers d’une puissance incompétente.
<...> Je vous dirai ingénuement, et toujours sous votre correction, ce que j’ai pensé toujours à l’égard de vos soi-disant libertés. Je crois qu’on a fait illusion et au clergé et à la nation avec ce môt spécieux de liberté ce qui a ingéré une idée comme si votre nation, ou ait été la plus éclairée de toute l’Église, ou qu’elle eût des droits et des privilèges, qui devaient la distinguer de toute autre Nation.
Mais quel droit de plus peut lui compéter au dessus de tous les autres eglises catholiques, qui et de quelconque même la plus petite ? L’Église universelle a introduit suivant l’exigeance des tems des nouvelles formes ou méthodes de discipline, elle ne s’est jamais refusée ou de laiser l’ancienne, ou d’acconsentir tout tacitement ou expressement à des adoucissements dans toutes et telles Églises, ou les circonstances particulières des lieux et des ames pouvaient exiger une condescendance particulière. C’est donc a ces circonstances que toute Église de toute autre Nation que la petite, pouvait enfin produire ce titre imaginaire de liberté, pour etre tranquille dans ses formes et ses usages, lorsque des raisons fortes et prudentes l’exigent, et que le pape, ou l’eglise universelle jugent à propos de ne point les troubler.
Voila à mon avis que toute Église particulière peut avoir ce juste titre de réclamer dans les occupations dependamment toujours du consentement tacite ou exprès de l’Église universelle. Mais ceux, qui se sont echauffés sur vos soi-disant libertés en ont changé cette originaire et simple idée, en élevant un mur d’opposition contre les etablissements disciplinaires des papes ou des conciles prétendant toujours de faire comme un corps à part de toute l’eglise, et que toute disposition (les plus salutaires ou neuvaines pouvaient se refuser franchement par vous autres) de l’Église Universelle devait etre presque sans effet sans un expres consentement »38.
18Pour Rome, la bonne conduite des évêques français est un miracle inattendu et une preuve du soutien de Dieu. Il faut donc affermir ce parti et parler contre les libertés gallicanes, responsables de l’éloignement de la France par rapport à Rome. Le texte italien va plus loin : Garampi a-t-il pris peur devant sa franchise et son audace ? Selon une étude de Giuseppe Pignatelli39, ce second texte est de la main de GianVincenzo Bolgeni, théologien que nous présenterons bientôt, qui ferait donc partie des secrétaires directs de Garampi. Si cette attribution est exacte, on pourrait comprendre que le cardinal, de tradition diplomatique, ait modéré les termes d’un polémiste souvent outrancier dans ses propos...40.
A vouloir chercher l’origine des choses, l’histoire nous enseignera que les libertés de l’Église gallicane sont ces ajouts qui l’ont rendue esclave de la puissance séculière. Celle-ci, sous le prétexte de protéger cette liberté contre les soi-disant entreprises des papes, a peu-à-peu mis les mains sur l’encensoir, et a finalement renversé l’autel. Les évêques eux-mêmes, jaloux de cette liberté mal-conçue, ont attenté peu à peu au nœud qui devait fortement les lier au centre de l’unité. Ils se sont opposés aux avis que les papes voulaient leur donner dans leur affaires ; ils ont rendu inefficaces les efforts de la chaire romaine, et ont invoqué l’appui du bras séculier pour arrêter les mesures prises par le successeur de saint Pierre. Se soustrayant ainsi par jalousie dans les cas particuliers aux dispositions de l’autorité établie sur eux par Jésus-Christ, ils se sont trouvés enfermés dans les rets d’une puissance incompétente.
Le comble des maux, et du scandale, s’est accompli dans l’Assemblée de 1682 avec les quatre fameuses propositions du clergé (on en excepte toujours la proposition qui nie l’autorité indirecte du pape sur le temporel des souverains, car il y a équivoque : nous en disons tous de même). Ces susdites propositions, donc, non seulement ont fait une plaie mortelle dans les matières de discipline, mais ont ouvert une très large porte aux erreurs dans le dogme. Une fois niée l’infaillibilité du pape décidant ex cathedra, s’il ne lui est pas uni le consensus de l’église, alors il n’y a plus moyen de condamner péremptoirement, et d’éliminer efficacement une nouvelle hérésie du catholicisme. L’expérience notoire, continue, et universelle, prouve trop bien ce point. Tous les novateurs, tous les hérétiques du siècle passé, et du présent, mettent leurs erreurs, tant les plus monstrueuses, sous le couvert du bouclier des propositions de 1682. Et cela non seulement en France, mais en Italie, et dans le monde entier. Le pape peut condamner autant qu’il veut, et avec la plus grande solemnité, les erreurs, les déclarer hérésie, les anathématiser en usant des expressions les plus fortes : on ne pourra rien en conclure. A défaut d’un tel consensus de l’Église dispersée, on trouve toujours des appuis, et non des moindres, pour se garantir des foudres. Même un concile œcuménique ne suffit pas. Quelques évêques qui ne sont pas d’accord en concile, suffisent aux novateurs pour se défendre. Ainsi l’infaillibilité du pape étant ôtée, on peine infiniment, et l’on ne parvient en fait jamais à abattre l’erreur. Beaucoup de catholiques de cœur, trompés en esprit sur la non-infaillibilité du pape, ne savent pas regarder comme condamnées péremptoirement les erreurs de Baïus, Jansenius, Quesnel, et tant d’autres qui se sont produites dans les deux derniers siècles. Le pape essaye à présent de condamner les hérésies qui résultent du synode de Pistoie et de la Constitution prétendue civile du clergé de France : auprès de nombreux catholiques trompés crittelum imbelle sine ictu. On peut affirmer en toute vérité que cette maudite proposition de 1682 a été la ruine du catholicisme.
L’autre proposition, à savoir que l’autorité du pape doit être réglée par les canons, a provoqué également des maux très graves. La chose est vraie en général : mais il semble qu’on veuille absolument, et en tous les cas, restreindre le droit divin de la primauté. En fait, on a fait valoir cette proposition pour ne pas obéir au pape dans beaucoup de cas. Peu à peu, on a conduit le peuple chrétien à regarder le pape comme un despote dans l’Église, à ne pas lui obéir dans l’exercice de ses droits sous prétexte d’abus ; finalement on a nié la primauté de véritable autorité, et de juridiction.
Maintenant il est temps de prêcher la vérité super facta. On a trop cédé aux considérations humaines aux dépends de l’Église, peut-être irréparablement. Dieu permet les grandes tribulations, et les désordres universels, précisément quand il veut purifier son champ des épines et des herbes qui le défigurent et le rendent infécond. Alors il met ses ministres au pied du mur, et les flagelle âprement, pour qu’ils rompent les liens du respect humain et donnent librement de la voix et de la plume, pour la défense de la vérité tenue longtemps prisonnière. Bienheureux celui qui aura le courage d’entrer dans les desseins de Dieu, et de se prêter à son œuvre, au prix de son repos, de sa fortune, et peut-être aussi de sa vie. Je crois pour certain que ce soldat de Jésus-Christ s’assure ainsi le salut éternel de son âme ».
19« On peut affirmer en toute vérité que cette maudite proposition de 1682 a été la ruine du catholicisme ». Même si cette phrase n’est jamais parvenue à son destinataire, elle ne nous en dit que trop sur les sentiments profonds d’un cardinal, historien, parvenu au terme de sa vie dans des circonstances si troublées. On peut retirer de ces documents la conviction que le passé du gallicanisme et du jansénisme sont clairement liés dans les esprits. Jaloux de leur indépendance, les évêques de France ont « relâché » les liens de leur Église avec Rome, et se sont mis entre les mains du pouvoir absolu d’une monarchie et de ses Parlements. Toute Église peut aménager sa discipline, avec l’accord de Rome, selon les exigences locales, et la France n’a pas lieu de s’enorgueillir d’une situation plus particulière. Sous prétexte de liberté, on en est venu « à élever un mur d’opposition » entre les coutumes gallicanes et les dispositions romaines ou conciliaires. Le texte italien dit même que les évêques ont au fond préféré le bras séculier à la protection de la chaire romaine. Si l’on nie l’infaillibilité du pape ex cathedra, sans consentement de l’Église universelle, on ôte au pape la possibilité pratique d’éradiquer une hérésie de l’Église. Désormais, en France, mais aussi en Italie et dans le monde entier, tout hérétique nouveau se met sous le couvert de la déclaration 1682 pour empêcher toute décision définitive. Les jansénistes en jouent encore, et à présent le pape se trouve contraint de faire face à la Constitution civile du clergé et au synode de Pistoie. Cette affirmation, à cette date, peut d’ailleurs laisser supposer que Pie VI prévoyait un second texte contre la Constitution civile, ou bien il s’agit de la question de l’excommunication générale, encore en suspens, comme nous le verrons ultérieurement. Garampi est membre des deux congrégations particulières, pour les affaires de France et pour le synode de Pistoie, durant toute l’année 1791 ; nous verrons plus loin combien il est plus modéré contre les propositions de 1682 quand il parle de leur condamnation devant le pape, au sujet de Pistoie. Il ne veut alors pas mécontenter le clergé français, dans une situation ecclésiale et européenne si malheureuse41. Il mourra le 4 mai 1792 ; il n’est plus cité comme membre en janvier 1792.
20Garampi conseille à Pey de rester à Paris et lui annonce même que le pape va lui verser une somme d’argent pour le remercier de son engagement42. Mais Pey ne pourra rester longtemps : il quitte Paris avec le cadet de ses neveux, Louis, au tout début de l’année 1792. Il avait deux neveux prêtres ; l’autre, François Pey, resté à Paris, sera parmi les martyrs de septembre, à l’Abbaye43 ; cela confirme le sentiment de Ségolène de Dainville-Barbiche sur le fait que les arrestations de l’été 1792 dans le clergé ne furent pas conduites au hasard44. Le neveu paya de sa vie les engagements de l’oncle. Celui-ci se réfugie à Louvain chez un ami professeur et se réjouit de pouvoir travailler à son volume sur les prophéties. La fin du « dossier Pey » se trouve ailleurs dans les archives : une dernière lettre45, datée du 23 juillet 1794, est envoyée de Cologne au nonce de Munich, demandant une recommandation auprès du prince palatin. Pey fait état de la mort de son neveu massacré à Paris, de la fuite de sa famille de Toulon vers les États du pape, de son propre exil avec son neveu à travers la Hollande, puis à Cologne. Les deux hommes figurent dans la liste des prêtres émigrés de Ferrare arrivés avant la fin de 179446. On sait que Ferrare fut un haut lieu de travail théologique pour les émigrés français, l’archevêque (le cardinal Mattei) les ayant invités à tenir des conférences régulières. Le chanoine mourra à Venise en 1797, ayant sans doute fui les États Pontificaux devant l’arrivée des troupes françaises47. Il craignait manifestement beaucoup ses compatriotes...
21Cette correspondance fournit le noyau d’une thèse théologico-politique qu’il faut considérer dans sa cohérence si l’on veut interpréter avec justesse le regard posé par Rome sur la Révolution française. L’inspiration janséniste et gallicane de la Constitution civile du clergé, nous l’avons déjà vu, est objet d’études et de discussions depuis Durant de Maillane. Mais ici, nous sommes devant sa lecture romaine, au moment même des faits. Dès 1791, à Paris, on parle de complot franc-maçon ; il n’y aura pas besoin d’attendre les publications de Barruel sur ce sujet pour le rencontrer. Dès 1791 également, de façon plus importante et plus conséquente pour Rome, se pose la considération d’un « complot », ou d’un effet du gallicano-jansénisme français, lui-même perçu selon les agissements des juridictionalistes en Italie et dans l’Empire. Il nous faut à présent mieux présenter ces courants, et les débats alors en jeu. La compréhension de l’autorité du souverain pontife et la place de l’Église dans les États s’expriment alors dans une guerre de libelles et d’opuscules théologiques qui agite toute l’Italie.
Notes de bas de page
1 Cette correspondance peut toucher les informations et la théologie, comme nous allons le voir ici, mais aussi, et surtout, être d’ordre intellectuel, historique, culturel au sens large. Ainsi, Garampi se fait acheter des monnaies antiques, des livres, comme un exemplaire de l’Histoire de l’Eglise de Fleury en 1789 (Fondo Garampi, vol. 284, p. 14, lettre du 13 mai 1789 au libraire romain Paglianni).
2 Voir sa vie dans la note 95, p. 53.
3 Selon R. Aubert, « Von Hontheim », in DHGE XXIV (1993), p. 1068.
4 Né le 2 mars 1720 à Sollies (diocèse de Toulon), official de la cathédrale de Toulon, monté à Paris où Mgr de Beaumont le nomma chanoine. Nous suivrons sa vie durant la Révolution ; il mourra à Venise le 15 septembre 1797. J. Carreyre, « Pey Jean », in DTC XII (1935), p. 1355-1356.
5 J. Pey, De l’autorité des deux puissances..., Strasbourg et Liège, Lemarié, 1780-81, 3 vol. Seconde édition en 1788.
6 Nouvelles ecclésiastiques du 5-12 juillet 1783, p. 194-200, du 11-18 juin 1784, p. 93-100. Le 9 juillet 1788, p. 111-112, le journal revient sur Pey, qui est donné comme originaire de Toulon, où il avait subi la disgrâce de Mgr de Lascaris pour refus d’un arrêté du Parlement d’Aix, d’où sa venue à Paris grâce à l’accueil bienveillant de Mgr de Beaumont. Les Nouvelles ecclésiastiques du 5 décembre 1783, p. 194, écrivaient à propos du traité De l’autorité des deux puissances : « Un des livres les plus fanatiques, les plus ultramontains, les plus farcis d’erreurs et de mauvais raisonnements qui aient peut être jamais paru ». Le journal du 1er juin 1784, p. 93, reprochait au chanoine de mettre la puissance des souverains à la merci de celle des évêques.
7 J. Pey, L’autorità delle due podestà, Traduzione dal francese da mons Cesare Brancadoro... con sue note e con aggiunte inedite dell’autore francese..., Foligno, G. Tomassini, 1788-89, 6 vol.
8 Né à Fermo, le 28 août 1755, mort à Fermo, le 10 septembre 1837. Né du comte Giuseppe et de Giulia Massi, dans une vieille famille patricienne du lieu. Destiné aux ordres, il obtient la licence in utroque iure à Fermo, puis devient après l’ordination coadjuteur de son oncle archiprêtre de la cathédrale. Il se fait remarquer pour ses qualités d’écrivain et d’orateur, est secrétaire d’une académie et bibliothécaire. Il publie des dissertations religieuses ou scientifiques qui montrent une vaste culture et un intérêt pour les sciences de Copernic, Descartes, Kepler, Newton, Galilée... Il se fait traducteur et apologiste à la mode de la religion catholique. Il participe à la polémique antijanséniste en traduisant des ouvrages français sur le primat du pape, luttant ainsi contre les idées de Febronius et de Richer. Il est remercié de cette activité par la nomination au poste de camérier d’honneur de Sa Sainteté, et accompagne ainsi Pie VI à Subiaco en mai 1789 (Il en laisse le récit). Le 20 octobre 1789 il est nommé archevêque de Nisibe, et le 5 novembre, assistant au trône pontifical ; ordonné le 25 juillet 1790 à Fermo, il est nommé supérieur des missions de Hollande et part pour Liège négocier avec Metternich en 1791 le rétablissement de la nonciature de Bruxelles, supprimée en 1787 par l’expulsion de A. F. Zondadari qui avait diffusé le bref Super Soliditate contre Eybel. L’Empire veut cette réconciliation après avoir vaincu la révolte catholique brabançonne contre Joseph II. On compte sur le clergé pour remettre de l’ordre, à l’approche de la Révolution française. L’accord ne se fait qu’en novembre 1792, après Jemmapes. Nommé nonce à Bruxelles en décembre, il doit se réfugier en Hollande où il est le premier représentant pontifical admis depuis la Réforme, ce qui lui permet de croiser le fer avec l’Église d’Utrecht. Rejoignant la Belgique en avril 1793 après la bataille de Neerwinden, il essaie vainement d’unir la population à l’Empire contre la France. Il tente quelques transactions, par des concessions déplaisant à Rome, mais tout cela est inutile après Fleurus. Il se retire encore en Hollande où il jouit d’une liberté complète pour diffuser la bulle Auctorem fidei et suivre de près les émigrés français. En février 1795 il se retire à Munster, perdant les archives de la nonciature, continuant à éclairer le clergé belge sur le serment civique. Pie VI le nomme en juin secrétaire de la Propagande ; il vient à Rome et devient en plus vicaire de Saint-Pierre. Arrêté puis libéré en 1798, il se retire à Padoue où il essaye en vain de reconstituer la Congrégation. A l’ouverture du conclave du Venise, il prononce l’éloge funèbre de Pie VI. Il retourne à Rome en juin 1800, nommé évêque d’Orvieto, puis créé cardinal par Pie VII le 23 février 1801 (au titre de Saint-Jérôme). Il visite son diocèse, puis passe à celui de Fermo en juillet 1803. Il publie ses œuvres en 9 volumes (1805-07). Il est prisonnier de Napoléon à Paris en 1810, refuse d’assister au remariage et est donc exilé à Reims avec Consalvi, puis rejoint Pie VII à Fontainebleau pour dénoncer fermement le concordat, ce qui lui vaut un exil à Orange en 1814. Il rentre dans son diocèse en juin 1815, prêchant le retour à la situation ancienne contre les réformes de Consalvi. Il soutient le zelante Severoli au conclave de 1823, puis, malade et aveugle, ne vient pas aux conclaves suivants. ASV, Fondo Garampi, 276, 129-181 ; Moroni VI, p. 92 ; DHGE X (1938), p. 390-391 (L. Jadin) ; HC VI, p. 311 ; DBI 13 (1971), p. 801-804 (G. Pignatelli).
9 Au tome IV, p. 372-378 (1789).
10 L’œuvre de Bossuet, publiée anonymement après sa mort, ne lui fut pas attribuée pendant longtemps, entre autres de la part des théologiens romains. La thèse de Aimé-Georges Martimort a levé les doutes : A. G. Martimort, Le gallicanisme de Bossuet, Paris, 1953.
11 Vol. I. p. 11.
12 Né à Bologne, chanoine régulier de San Salvatore, consulteur du Saint-Office, mort à Rome le 26 octobre 1798. Voir P. Stella, Il giansenismo in Italia, II/I Roma, p. liv et xcv.
13 U. Dell’Orto, La nunziatura a Vienna di Giuseppe Garampi, 1776-1785, Cité du Vatican, 1995, p. 48.
14 ASV, Fondo Garampi, vol. 284, f. 77 à 207.
15 Ibid., f. 91, lettre du 8 décembre 1789.
16 Ibid., f. 94, lettre du 17 février 1790.
17 Idem. Nous respectons l’orthographe et la ponctuation parfois aléatoires du chanoine, dans ces lettres manuscrites écrites en très petits caractères. L’orthographe des lettres en français de Garampi laisse aussi à désirer...
18 Ibid., f. 100, lettre non datée.
19 Ibid., f. 104, lettre du 19 mai 1790.
20 Ibid., f. 107, lettre du 8 juin 1790.
21 Jean-Claude Goulard, né le 11 décembre 1744, mort le 3 novembre 1825, député du Clergé du Forez, curé de Roanne. Il est de ceux qui rejoignent le Tiers, qui vote pour la motion de Dom Gerle, et contre la Constitution civile. Il sera curé concordataire de Notre-Dame de Saint-Louis, à Lyon, jugé « perturbateur ». Voir sa notice dans E. H. Lemay, Dictionnaire des Constituants, Paris, 1991, p. 416. Pour le texte de son discours : AP XVI(1883), p. 10-16.
22 Dans les autres discours du débat, il n’y a qu’un curé, l’abbé François-Martin Thiebault, de Metz, dont le discours est envoyé car il est alors absent de Paris. AP XV(1883), p. 752-763.
23 ASV, Fondo Garampi 284, f. 110, Garampi à Pey, lettre du 30 juin 1790.
24 Ibid., f. 111-112, lettre du 15 août 1790, reçue le 2 septembre à Rome.
25 Ibid., f. 113, Garampi à Pey, lettre du 6 novembre 1790, de Montefiascone (dont Garampi est évêque).
26 Ibid., f. 115-116, lettre du 15 octobre 1790.
27 P. Blet, « Garampi et la Constitution Civile du Clergé », in Miscellanea in onore di Monsignor Martino Giusti, Cité du Vatican, 1978, p. 158 (selon une étude de G. B. Montini).
28 ASV, Fondo Garampi 284, f. 118, lettre du 16 novembre 1790.
29 Idem.
30 Ibid., f. 118-119, du 20 novembre 1790.
31 Exposition des principes..., Guillon, op. cit., I, p. 227.
32 J. Pey, L’autorità delle due Podestà, Foligno, 1788, tome I, p. 56-61.
33 « Le saint Père est immuable dans ses résolutions, qu’il a déjà prises. Il le devient meme tous les jours d’avantage, car les motifs s’accumulent les uns sûr les autres pour l’y fortifier toujours plus ». ASV, Fondo Garampi 284, f. 125, lettre de Garampi à Pey du 18 mai 1791. Mais quelle sont ces résolutions ?
34 « Nous avons été tous choqués (et presque tout le clergé a partagé notre indignation) de la réponse des évêques de l’assemblée au second bref du pape. C’est l’ouvrage de l’archevêque d’Aix qui voulan jouer un role, ayant de l’intrigue et beaucoup de facilité à parler, subjuge les autres, les force pour ainsi dire en les harcelant à souscrire à ce qu’il sais, même ceux qui sont plus instruits que lui, mais qui trouvent plus commode qu’un autre se charge de la besogne. Et quelle besogne grand Dieu ! Lui qui n’a qu’un verni théologique, un style a prétention, obscur alambyque sans méthode sans logique, presque sans principe sur nos libertés. Que peut-il résulter d’un tel cerveau qu’un pot pourri. Voila pourtant notre meneur ». Ibid., f. 130, lettre du 11 novembre 1791. Pey fait ici référence à la lettre des évêques députés au pape, du 3 mai 1791 : voir N. S. Guillon, op. cit., vol. I, p. 346-400.
35 « Il a formé un comité de 8 a 9 Evêques ; et il donne ce comité comme l’interprete et l’agent du clergé de france. Rien de plus faux : il est généralement très peu estimé, meme par le premier ordre : on se méfie de lui. On le crois en correspondance avc l’archeveque de Sens qui en profite peut etre pour empecher l’effet du bref de Sa Sainteté en alleguant les prétendus libertés ». Idem.
36 Ibid., f. 131, lettre du 16 novembre 1791.
37 Jn 11,4 : parole du Christ sur la maladie de Lazare, avant la mort et la résurrection de ce dernier.
38 Ibid., f. 137-139, lettre du 28 décembre 1791.
39 G. Pignatelli, Aspetti della propaganda cattolica a Roma, da Pio VI a Leone XII, Rome, 1974, p. 170.
40 Nous donnons une traduction personnelle, voici le texte original : « A voler cercare l’origine delle cose, la storia ci insegnerà, che le libertà della Chiesa Gallicana sono quelle aggiunte, che l’hanno renduta schiava della Podesta secolare. Questa col pretesto di proteggere quella libertà contro le intragrese (si dice) de’ papi, a poco a poco hà posto le mani sull’incensiere, ed ha finalmente rovesciato l’Altare. I Vescovi stessi, gelosi di questa mal imaginata libertà, hanno attentato a poco a poco il no-do, che dovea stringerli fortamente al centro dell’unità. Si sono opposti alle provvidenze, che nei loro affari volevano dare i Papi ; hanno renduti inefficaci gli sforzi della cattedra Romana, ed hanno invocato l’appoggio del braccio secolare per fermare le misure prese dal successor di S. Pietro. Cosi sottraendosi ne’ casi particolari per gelosia alle disposizioni dell’autorità stabilita sopra di loro da Gesu Cristo, si sono trovati chiusi fra i caggi di una Potestà incompetente.
Il colmo dei mali, e dello scandalo, si è compito nell’assemblea del 1682 colle quattro famosa proposizioni del Clero. Queste (ne eccettuo sempre la proposizione, che nega l’autorità indiretta del papa sul temporale dei Sovrani. Qui vi è un equivoco : tolto questo, diciamo tutti lo stesso) Dunque le sudette proposizioni non solamente hanno fatto un apiaga mortale nelle materie di disciplina ; ma hanno aperta una larghissima porta agli errori nel dogma. Negata l’infaillibilita del Papa decidente ex cathedra, se non vi si unisce il consenso della Chiesa, gia non vi è piu modo di condamnar perentoriamente, e di eliminare efficacamente una nuova érésià dal Cattolicesimo. La sperianza notoria, continua, e universale, prova troppo bene questo punto. Tutti i Novatori, tutti gli Eretici del passato secolo, e del presente, mettono i loro errori, anche più mostruosi, al coperto sotto lo scudo delle proposizioni del 1682. E cio non in Francia solamente, ma in Italia, e per tutto il mondo. Puo il Papa condannare quanto vuole, e colle maggiori solennità / gli erori ; dichiarrarli eresia, anatematizarla nelle piu forte espressioni : non si conchiudera mai niente. Tal consenso della Chiesa dispersa si trovano sempre degli appoggi, e non disgrazzabili, per garantirsi dal fulmine. Neppure un Concilio ecumenico basta. Pochi Vescovi, che dissentano o in Concilio, o in guori, bastano ai Novatori per difendersi. Cosi si pena infinitamente, ed anzi non riesce mai di abbattere affatto l’errore, tolta l’infallibilità del Papa solo. Un mondo di Cattolici di cuore, ingannati nello spirito sulla non infallibilità del Papa, non sanno riguardare come condannati perentoriamente gli errori di Bajo, Giansenio, Quesnello, e tanti altri insorte nei due ultimi secoli. Provi adesso il Papa a condannare le eresie, che resultano dal Sinodo di Pistoja, e dalla Costituzione pretesa civila del clero di Francia : presso un mondo d’ingannati cattolici crittelum imbelle sine ictu. Si puo affermare con tutta verità, che quella proposizione maledetta del 1682 é stata la rovina del cattolicismo.
Mali gravissimi pure ha cagionati l’altra proposizione dell’autorità del Papa, che deve essere regolata dai Canoni. La cosa è vera in genere : ma pare che si voglia assolutamente, e in ogni caso, restringere il divino diritto della Primazia. In fatti si è fatta valere questa proposizione per non ubbidire al Papa in molti casi. A poco a poco si è avvezzato il popolo Cristiano a rimirare il Papa come un Despota nella Chie-sa ; a non ubbidirlo nell’esercizio de’suoi diritti soto pretesto di abuso ; e finalmente si è negata la Primazia di vera autorità, e giurisdizione.
Ora è tempo di predicare la verità super facta. Si è dato troppo ai riguardi umani con danno, forse irreparabile, della Chiesa. Dio permetta le grandi tribulazioni, e gli sconcerti universali, appunto quando vuole purificare il suo campo dalle spine, e dagli sterzi, che lo deturpano e lo rendono infecondo. Allora mette alle strette i suoi Ministri, e li flagella aspramente, perche rompano lacci di rispetti umani, e sciolgano liberamente la voci, e le penne a difesa della verità tenuta lungamente prigioniera. Beato chi avrà il corraggio di entrare nei disegni di Dio, e di prestarvi l’opera sua, a costa della sua quiete, della fortuna, e forse anco della vita. Io credo per certo, che questo soldato di Gesu Cristo assicuri con cio l’eterna salute dell’anima sua ». ASV, Fondo Garampi 284, f. 141, en date du 29 décembre 1791.
41 P. Stella, op. cit., p. xcv.
42 ASV, Fondo Garampi 284, f. 132, brouillon de lettre de Garampi à Pie VI, du 20 décembre 1791.
43 Bhx François Pey, né le 25 janvier 1759 à Sollies (Var). Il étudie à Aix, à Paris, et à Trèves, sans doute sur les recommandations de son oncle. Il est second vicaire à Saint-Landry. Il meurt le 2 septembre 1792 à la prison de l’Abbaye. J. Grente, Les martyrs de septembre 1792 à Paris, Paris, 1926, p. 149 ; 1792, Les massacres de septembre, Paris, 1992, p. 171.
44 S. de Dainville-Barbiche, Le clergé paroissial de Paris de 1789 à janvier 1791. Répertoire biographique, Paris, 1992.
45 ASV, Segr. Stato, Epoca Napol., Baviera, 2, liasse H.
46 R. Picheloup, Les ecclésiastiques français émigrés ou déportés dans l’Etat pontifical, 1792-1800, Toulouse, 1972, p. 277.
47 R. Picheloup, op. cit., p. 146 : « lorsque cette armée est entrée dans les légations de Bologne et de Ferrare, un vent de panique a soufflé sur les émigrés réfugiés dans ces contrées. Certains quittent la région envahie soit pour se replier à l’intérieur des Etats Pontificaux, soit pour partir dans la Vénétie ». Autre preuve de ces déplacements en ASV, Segr. Stato, Emigrati Riv. Francese, 19, f. 574. Un courrier du 23 juillet 1796 indique que les prêtres émigrés ont fuit de Ferrare vers Venise ou Trieste.
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