Franz Ehrle et l’histoire de la bibliothèque pontificale
p. 233-248
Résumé
Franz Ehrle n’a pu achever sa monumentale Historia bibliothecae romanorum pontificum, dont le premier tome avait paru en 1890. Mais le savant jésuite, auteur de nombreux essais et articles sur ce sujet, découvreur d’un catalogue de la magna libraria établi en 1407, à la veille du départ de Benoît XIII à Peñiscola, a démontré que les pontifes commencèrent à utiliser la bibliothèque comme un dispositif de politique culturelle justement durant la période avignonnaise, et surtout dans les années qui précédèrent la résolution du Grand Schisme. Au cours de cette période, de nombreuses autres grandes collections de livres furent constituées en Europe, à la faveur de l’humanisme. Cette étude retrace le contexte des recherches de Franz Ehrle et met en évidence ses apports originaux à l’histoire de la bibliothèque pontificale et, au-delà, au renouveau des recherches philologiques et doctrinales.
Franz Ehrle was unable to complete his monumental Historia bibliothecae romanorum pontificum, of which the first volume was published in 1890. The Jesuit scholar, author of numerous researches and articles on the theme did, however, discovers the catalogue of the magna libraria of the year 1407, created at the day before the departure of Benedict XIII to Peñiscola. This revealed that the popes were beginning to use the library as an institution of cultural politics, even at the time of Avignon and particularly in the years before the Great Western Schism. Further great and numerous collections of books were launched in this period which favoured European humanism. The present contribution examines the context of Franz Ehrle’s researches and introduces his publications concerning the history of the papal library, the renewal of philological studies and the studies concerning teaching.
Texte intégral
1 En novembre 1893, Franz Ehrle se trouve en mission à la Bibliothèque nationale de Madrid. C’est l’après-midi même du jour fixé pour son retour à Rome, tandis qu’il effectue ses dernières vérifications en salle des manuscrits, que le savant prélat découvre un catalogue de la bibliothèque pontificale d’Avignon de 1407, jusque-là inconnu. Ehrle, qui occupe alors déjà d’importantes responsabilités au sein de la Bibliothèque Vaticane (il est membre du conseil de direction et chargé des acquisitions), nous a lui-même livré le récit des circonstances qui l’avaient amené à demander à consulter ce jour-là un document coté « Biblioteca Vaticana » figurant dans le catalogue alphabétique des manuscrits dressé au début du XVIIIe siècle par Don Francesco Antonio Gonzalez. Le registre portait au dos l’indication : « Orden de los libros del sacro Palacio manoscritos », et Ehrle s’était aussitôt plongé dans sa lecture, décidant sur le champ de renvoyer son départ. En effet, la découverte qu’il contenait allait bouleverser les connaissances acquises jusque-là sur l’histoire de la collection des papes. F. Ehrle n’a pu achever sa monumentale Historia bibliothecae romanorum pontificum dont le premier tome paraît en 18901, mais tout au long des essais et des articles qu’il a publiés sur ce sujet entre 1884 et 19102, il a contribué de manière décisive à établir que la papauté commence à utiliser sa bibliothèque en tant que dispositif de politique culturelle justement au cours de la période avignonnaise, à la veille de la résolution du Grand Schisme, alors même que de nombreuses autres grandes collections de livres voient le jour en Europe. Avant de présenter les recherches et les découvertes de F. Ehrle, il nous faut évoquer leur contexte historique, à une époque où l’Église catholique vit de profondes mutations.
Contexte des recherches
2Entré très jeune dans l’ordre des jésuites, Franz Ehrle a été chargé par ses autorités d’enseigner la théologie et d’organiser les bibliothèques nécessaires à la formation de ses confrères3. Dès la fin des années 1870, le théologien s’intéresse à l’histoire intellectuelle et doctrinale, en particulier celles de son ordre et de l’ordre franciscain. Au sein de ce dernier, il cerne la naissance et le développement du mouvement des Spirituels, foyer de positions hétérodoxes. Il se concentre en particulier sur les pontifes confrontés successivement à ce mouvement : Boniface VIII qui a combattu les Spirituels, et Clément V, le premier pape établi en Avignon, qui a vu se développer ces groupes alors très actifs dans le Midi de la France.
Le néo-thomisme
3C’est à la suite de l’encyclique Æterni patris (1879), que Léon XIII remet à l’honneur l’étude de la philosophie médiévale. La pensée de Thomas d’Aquin, en particulier, est jugée en mesure d’offrir le cadre théorique et dialectique nécessaire à la formation des intellectuels chrétiens face au développement du rationalisme qui accompagne les grands progrès de la recherche scientifique4. Alors que la question sociale émerge avec force et que de nouvelles conceptions philosophiques se font jour au sein même de l’Église, la société médiévale représente un modèle d’unité de pensée et d’action. L’Église ne doit pas craindre de se confronter à la science, en méconnaissant par exemple les rapports que celle-ci entretient avec la philosophie ; il lui faut au contraire former des penseurs capables d’éclairer et d’aider les scientifiques. Aussi cherche-t-elle également à remonter aux sources de son histoire : l’ouverture des Archives vaticanes en 1880, la réorganisation de l’Académie romaine de saint Thomas, la fondation d’une école de paléographie et diplomatique et quelques années plus tard, la naissance du centre de philosophie scolastique au sein de l’université de Louvain, sont autant d’étapes de ce dessein.
Philologie et histoire des idées
4Dès 1878, Franz Ehrle avait conçu le projet d’écrire une histoire de la scolastique5. Elle aurait dû consister en une série de monographies sur les principaux auteurs de ce mouvement, dans une collection, l’Archiv für Literatur- und Kirchengeschichte des Mittelalters. Cette entreprise éditoriale, commencée en 1885, voit associés le jésuite et le dominicain H. Denifle, théologien et historien des universités. Dans un premier article programmatique, publié en 1883, Ehrle présente le projet et la méthode. La scolastique du Moyen Âge, écrit-il, est souvent considérée avec dédain, car les recherches ne reposent pas sur une méthode critique suffisamment solide. Pour reconstituer les biographies des auteurs, en particulier, il convient de vérifier l’authenticité des sources. Cette démarche est résumée en introduction de la première monographie de la série, consacrée à Henri de Gand (1885)6. Ehrle y discute l’authenticité d’une bulle d’Innocent IV, l’un des principaux documents qui fondent traditionnellement la biographie du théologien. Il rappelle que la date prétendue de cette bulle, 1247, est fausse car l’auteur y est défini comme doctor solemnis, et que ce type de dénominations pour les scolastiques (subtilis, solemnis, angelicus, etc.) n’apparaît que dans des témoignages plus tardifs, du XIVe siècle.
5Dans la même perspective méthodologique, une étude parue quelques décennies plus tard, en 1920, va fournir à F. Ehrle l’occasion d’examiner la première apparition de la dénomination d’une école thomiste7. Cette dénomination, Thomatiste, il la retrouve dans des écrits polémiques du médecin et théologien catalan Arnaud de Villeneuve, composés à Marseille et datant de 1304. Ils sont transmis dans le ms. du Vatican Vat. Lat. 3824. C’est en effet dans l’un de ces écrits qu’Arnaud fait référence aux renseignements que lui a envoyés Jacques Blanc, un chanoine de Digne membre de la cour pontificale d’Avignon8. Le chanoine lui avait parlé des attaques que les Thomatiste, ces fidèles de saint Thomas, cette « armée bicolore » (référence à l’habit dominicain), portaient contre les théories du maître catalan (vos autem estimo Thomatistas vocare, écrit Arnaud, quoscunque sectantes opinionem Thome). F. Ehrle affirme que la dénomination Thomatiste est d’origine régionale et qu’elle n’a aucune connotation ironique. Quant à l’expression Thomista, elle n’apparaît selon lui que plus tard, vers 1334, dans les écrits du franciscain Pietro di Tornaparte de l’Aquila (dit Scotellus).
La mise en valeur de nouvelles sources : les inventaires de livres
6Les anciennes listes de livres et les catalogues de bibliothèques sont des sources riches d’enseignements. F. Ehrle a très souvent interrogé ces « sèches nomenclatures », conscient de leur importance pour dater les auteurs et établir leur réception9. Il a ainsi mis en valeur de nouvelles sources et ouvert des perspectives jusque là inexplorées par la critique historique10. Pour ne citer qu’un exemple, c’est un catalogue de la bibliothèque du couvent d’Assise que F. Ehrle a choisi de citer pour établir la tradition d’un autre important auteur apprécié par la tradition scolastique, Jean Scot. Ce catalogue en effet porte à sa connaissance la première attestation de l’appellation doctor subtilis11.
7L’intérêt de F. Ehrle pour les anciens inventaires de livres s’inscrit dans un mouvement général de renouveau des recherches philologiques en Europe. Dès 1820, l’Allemagne y joue un rôle pionnier, grâce à l’initiative des savants des Monumenta Germaniae Historica, dont le directeur, G.H. Pertz, crée une revue spécialisée consacrée aux sources historiques, l’Archiv der Gesellschaft für ältere deutsche Geschichtskunde. Cette revue sera complétée par le Serapeum, publié à Leipzig, qui paraît jusqu’en 1870, puis par la Centralblatt [puis Zentralblatt] für Bibliothekswesen, née en 1884 également à Leipzig et encore vivante aujourd’hui. À l’époque que nous étudions, de nombreux savants de tous les pays y participent12.
8L’un des collaborateurs les plus célèbres est l’autrichien Theodor Gottlieb, qui y publie en 1888 une étude sur les anciens inventaires italiens13. Deux ans plus tard, le même Gottlieb publie, à Leipzig, une monographie sur les bibliothèques médiévales14. Elle contient une étude historique, précédée d’un répertoire d’anciens inventaires de bibliothèques de toute l’Europe avec références aux sources et à la bibliographie. L’ouvrage inaugure avec bonheur un nouveau genre d’instrument de recherche : le recueil de sources secondaires. Entre-temps, en 1885, l’année même où Ehrle débute avec Denifle la publication de l’Archiv, un autre savant de l’équipe des Monumenta, Gustav Becker, publie à Bonn un petit volume éditant intégralement le texte de 136 inventaires de bibliothèque antérieurs au XIIe siècle, et mentionnant à la suite 207 autres anciens inventaires datant des siècles suivants. Les 136 documents qui forment le corps principal du volume, repris sur des éditions anciennes et sans contrôle direct sur les sources, sont loin de satisfaire une exigence philologique sérieuse15.
Transferts et ruptures
9Si l’histoire de la bibliothèque pontificale est marquée par les déplacements et les dispersions successives, F. Ehrle s’est attaché à reconnaître les éléments de continuité et à retracer les circonstances qui voient la collection des livres des pontifes devenir une véritable institution.
La collection des papes au début du Moyen Âge
10Les papes ont veillé à la sauvegarde de leurs livres et archives dès le XIe siècle. À cette époque, selon G.B. De Rossi16, ces documents étaient déposés dans la Turris chartularia, mais cette tour qui était située près du Settizonio, à l’est de l’arc de Titus, avait été détruite, avec tout ce qu’elle contenait, car, initialement confiée à la garde de la famille Frangipani, elle était ensuite passée sous la responsabilité d’une famille gibeline, les Annibaldi. Dans un important article publié en 1910, F. Ehrle démontre que cette thèse, fondée sur le témoignage du cardinal Deusdedit, n’autorisait en aucun cas à conclure que lors de sa destruction la tour contenait encore des livres et des documents. En effet, à cette époque, ceux-ci étaient déjà entrés au palais du Latran17.
L’itinérance à l’origine de la dispersion
11Selon F. Ehrle, l’itinérance de la curie (Naples, Rome, Pérouse etc.) est la première cause de dispersion, dès l’époque de Boniface VIII, d’un patrimoine livresque déjà considérable18. L’inventaire de 1295, s’il dénombre 443 articles, est commencé à une époque de grande agitation. Les livres mis à l’abri au Sacro Convento d’Assise, qui était pourtant, selon Ehrle, le lieu plus sûr du duché de Spolète, sont pillés : les représentants du pape qui y seront dépêchés en 1327, constatant les manques, se déclarent décidés à porter plainte contre la ville. Car l’intégrité de la collection, même enfermée dans la sacristie du couvent, n’est pas assurée ; aussi certains livres sont-ils passés dans la bibliothèque des franciscains. Certains items de l’inventaire bonifacien correspondent bien à des manuscrits du Sacro Convento ; l’observation, formulée par Ehrle, a été confirmée par A. Pelzer. Un passage de l’inventaire de 1327 fait état du souhait exprimé par le prieur du couvent de restituer à l’Église un volume De gestis romanorum qui pour lui, faisait partie du patrimoine de la papauté19.
12Le transfert des livres vers Peñiscola, en 1410, marque une rupture importante dans l’histoire de la collection20. Le signalement par L. Delisle, en 1868, de l’inventaire de la bibliothèque maior du château catalan (ms. BNF latin 5156 A), qui met en relation l’histoire de la bibliothèque de Pedro de Luna avec celle du collège de Foix, est le point de départ d’une véritable concurrence des recherches sur la bibliothèque pontificale21. Ehrle y joue un rôle de protagoniste, réalisant une série d’importantes découvertes22. Il démontre en particulier que, loin d’avoir entraîné la dispersion de toute la collection, le départ vers Peñiscola n’a concerné qu’une partie des manuscrits et pas seulement les plus beaux, comme le croyait Delisle. En effet plusieurs volumes sont demeurés en Avignon : F. Ehrle en découvre 400 en 1884 au palais Borghese, qui étaient restés dans la cité des papes jusqu’en 1594. Cette collection sera acquise par la Vaticane en 1892. En 1885, Ehrle signale le manuscrit Barberini lat. 3180, qui contient plusieurs listes de livres du pape, dont sa collection de voyage et plusieurs autres relevés de prêts et d’achats, se référant à des ouvrages commandés en Catalogne et envoyés en Avignon.
13Enfin, en 1893, Ehrle publie le testament du cardinal de Foix d’après un document conservé en Catalogne, dans la collection Sanchez Muñoz, dont la localisation était encore inconnue de Delisle en 186823. D’après ce document, ce sont bien tous les livres du cardinal, exceptés quelques-uns, qui furent donnés au collège toulousain. Ehrle démontre ainsi que M. Faucon, l’autre historien de la bibliothèque pontificale, s’était trompé lorsqu’il avait affirmé que tous les livres conservés à Peñiscola avaient disparu24. Enfin, en 1908, lorsque la collection Sanchez Muñoz est acquise par l’Institut d’études catalanes25, Ehrle, informé de la découverte de nouveaux inventaires de la bibliothèque du château, pourra affirmer qu’après Paris et Rome, c’est en Catalogne qu’il faudra rechercher à l’avenir d’autres documents sur l’histoire de la bibliothèque pontificale.
Centralité du pontificat de Boniface VIII
14Si la collection inventoriée en 1295 (443 items) ne renferme que les livres de Boniface VIII, F. Ehrle a mis en évidence l’importance de cet ensemble pour la constitution de la future bibliothèque pontificale. Actif défenseur de l’orthodoxie religieuse, promoteur d’une image triomphante de l’Église, le pape Caetani a veillé à conserver et à augmenter son patrimoine, et notamment ses livres. Au côté des manuscrits liturgiques et des recueils de sermons, nécessaires au ministère, et des registres administratifs, produits par des copistes de sa chancellerie26, le pape reçoit de nombreux exemplaires de dédicace. Ces livres, souvent luxueux, confirment son mécénat27 : citons un recueil de Galvano de Levanto (avec peinture initiale représentant l’auteur en train d’offrir son livre, ms. BNF lat. 3181) et un exemplaire du Diversiloquium de Bonaiuto da Casentino (ms. Vat. Lat. 2854). D’autres signalements de manuscrits survenus dans ces dernières années illustrent la même situation : c’est le cas de l’exemplaire du De mysteriis cymbalorum d’Arnaud de Villeneuve (ms. Rome, Bibl. Corsiniana 85, également avec peinture initiale)28. Enfin la collection du pape contient des ouvrages de médecine et de sciences, qui témoignent de ses intérêts culturels et de ceux des intellectuels qui l’entourent.
15Selon F. Ehrle, la problématique centrale en ce début de XIVe siècle est bien celle du statut de la collection pontificale. En comparant la bibliothèque d’Avignon avec d’autres importantes collections de l’époque, et notamment celle du collège de Sorbonne, il s’est ainsi demandé s’il s’agissait d’une collection privée ou publique. Or la bibliothèque du pontife est bien une collection privée, qui est pourtant ouverte aux savants de son entourage. F. Ehrle rappelle que Pétrarque y a consulté des livres et rapporte aussi l’anecdote, jadis signalée par Delisle, de Nicolas de Clamanges proposant au bibliothécaire du pape de lui fournir une copie du manuscrit de Pline le Jeune, tant désiré par le pape, d’après l’exemplaire possédé par Gontier Col. Cet épisode est significatif aussi parce qu’il met en lumière la figure du bibliothécaire, qui joue un rôle important dans le fonctionnement de la collection pontificale en cette phase. Ce personnage était très vraisemblablement le catalan Martin Alpartil, fidèle de Benoît XIII.
De la collection à l’institution
16Les découvertes de F. Ehrle ont ouvert de nombreuses perspectives. Le savant historien s’attache à reconstituer la bibliothèque et, au-delà du contenu, il éclaire les aspects concrets de l’occupation des espaces et des usages. Ses éditions des anciens inventaires pointent les éléments de continuité entre un état de la bibliothèque et l’autre. Mais on doit avant tout à F. Ehrle d’avoir esquissé une nouvelle périodisation.
Périodisation
17En 1884 G. B. De Rossi avait reconnu trois grandes périodes dans l’histoire de la bibliothèque pontificale : la première couvrait les pontificats antérieurs à celui de Boniface VIII, la deuxième allait de Boniface VIII à Martin V et la dernière correspondait à la bibliothèque pontificale dans son état « définitif »29. Dans l’opus publié en 1890, F. Ehrle articule deux temps au sein de la deuxième période, à savoir celui du pontificat de Boniface VIII, d’une importance cruciale pour lui comme on l’a souligné plus haut, et l’époque avignonnaise, depuis le pontificat de Jean XXII (1316-1334), jusqu’aux premières années du XVe siècle.
18Le savant jésuite approfondit ces observations dans une étude publiée en 1909, et consacrée au catalogue de 1407 découvert par lui à Madrid quelques années auparavant30. Il indique désormais quatre grandes phases. La première va jusqu’au pontificat d’Innocent III (1198-1216), la seconde est l’époque de Boniface VIII dont la bibliothèque, cataloguée en 1295, sera définitivement dispersée à Assise vers 1345 ; suit la bibliothèque d’Avignon, de Clément V à Benoît XIII, et enfin la bibliothèque actuelle. Au nombre des apports ayant conflué dans la collection avignonnaise, qui sera dispersée et dont une partie seulement, nous l’avons vu plus haut, passera à Peñiscola avec Benoît XIII, pour ensuite aboutir, en débris, au collège de Foix, figurent bien quelques manuscrits jadis conservés à Assise. Hormis ceux-ci, la collection avignonnaise a bien été créée ex novo, grâce aux acquisitions et aux commandes principalement réalisées par Jean XXII, ce pape dont Pétrarque écrivait qu’il avait « soif de livres ». Jean XXII se montre soucieux de l’intégrité de la bibliothèque (c’est lui qui ordonne l’inventaire d’Assise, en 1327, afin de ne pas voir dilapider ce qui avait pu échapper aux pillages) et fait entrer dans la collection au moins 150 manuscrits. Il dépêche des émissaires dans le Midi pour rechercher des ouvrages dans des monastères, par exemple dans l’abbaye cistercienne de Candeil. Il reçoit, tout comme ses prédécesseurs, des livres en cadeau : le médecin Nicolas Dominici, le dominicain Bernard Gui ou le théologien Jean de Naples, auteur d’un traité d’actualité sur la question de la pauvreté, lui dédient leurs œuvres. Cette politique active aboutit à rassembler près de 2000 volumes, qui seront décrits en 1369 dans un inventaire, alors qu’Urbain V est de retour à Rome31.
Edition et critique des sources
19Il a été observé que les éditions d’inventaires de F. Ehrle, et notamment celles parues dans le premier tome de l’Archiv (1885) sont sommaires. Le savant n’a pas toujours transcrit tous les items, en a traduit plusieurs en allemand, en particulier ceux qui se réfèrent aux livres liturgiques, d’un moindre intérêt pour lui. On lui doit toutefois d’avoir identifié de nombreux auteurs anciens et ouvrages anonymes. Ne citons qu’un exemple, le n° 89 de l’inventaire de 1311, qui se réfère à une Summa de ecclesiastica sive de summi pontificis potestate, œuvre que F. Ehrle restitue à Gilles de Rome. Ehrle effectue, le cas échéant, des renvois d’un article à l’autre, tant au sein du même inventaire qu’entre les différents documents, établissant ainsi une concordance sommaire. Il relève la présence du même incipit dans des items différents. Ses notes renvoient, dans bien des cas, à des manuscrits conservés contenant ces textes, en particulier du Vatican ou de la BNF. Ces propositions d’identification demeurent très prudentes, car F. Ehrle ne connaît que peu de manuscrits survivants. C’est le cas de l’exemplaire de Bonaiuto da Casentino déjà cité plus haut, ou du n° 223 de l’inventaire de Jean XXII (Cronica Albini) qui, lui, correspond au Vat. Lat. Ottoboni 1057. Aussi ses attributions reposent-elles largement sur les recherches de L. Delisle pour ce qui est des manuscrits passés dans la Bibliothèque nationale de Paris32.
20Au-delà, les renvois critiques de F. Ehrle sont précieux, car ils permettent de repérer des textes rares et de les situer dans leur contexte. C’est le cas du n° 55 de l’inventaire de Pérouse, 1311 [= Bo 387, Be 70], qui décrit un livre contenant un traité sur la foi catholique d’un ancien évêque de Marseille devenu frère mineur, Benoît d’Alignan, texte que Ehrle retrouve aussi dans un ms. de la BNF, lat. 4224 (f. 449-476). Pour le n° 65 du même inventaire, un dossier d’arguments polémiques contre les mendiants [= Be 418], Ehrle fait référence au ms. BNF latin 3120, qui est un recueil de la fin du XIIIe siècle contenant des textes relatifs à la controverse entre les mendiants et les séculiers, répertorié par Quétif et Échard33. Pour le n° 192 (un texte intitulé Alleluia librorum), renvoi est fait au ms. Douai 390, qui contient un texte de Pierre de Poitiers, au titre permettant de rectifier le libellé de l’inventaire pontifical, Alleluia, en Allegoriae. Notons encore le n° 68, contenant le traité du dominicain Martin de Atheca contre Arnaud de Villeneuve, et pour lequel Ehrle renvoie au célèbre recueil Vat. Lat. 3824, élaboré dans l’entourage du médecin catalan. Nous avons déjà rappelé qu’il s’est beaucoup intéressé à ce personnage tout au long de sa carrière, dans le cadre de ses recherches sur les Spirituels. Enfin F. Ehrle cite aussi d’autres inventaires anciens où figurent les mêmes textes mentionnés dans les inventaires de la bibliothèque pontificale. C’est le cas du n° 586 de l’inventaire de 1311 (Architrenius), œuvre pour laquelle le savant fait référence à l’inventaire du collège de Sorbonne de 133834.
21Dans le volume publié en 1890, le catalogue de Pérouse (1311), dernière étape de la collection « bonifacienne », est le véritable pivot de l’étude de la bibliothèque durant la première moitié du XIVe siècle. Ce catalogue a aussi retenu l’attention de Ehrle parce qu’il indique la provenance de certains volumes, voire leur passage dans d’autres collections, tous éléments importants pour l’histoire de la bibliothèque. Le n° 99, par exemple, est un dossier concernant une visite papale au monastère de S. Vincenzo al Volturno, les n° 211 et 461 portent l’ex-libris de l’église romaine de S. Maria Nova, identifiée par Ehrle avec l’actuelle S. Francesca Romana. Quant au n° 298, un exemplaire des Decretales epistole Damasi pape, il provient de S. Frediano de Lucques, une église où le trésor pontifical avait été temporairement déposé puis saccagé, en 1312. Et encore, le n° 83 provient de l’abbaye du Mont-Cassin, et le n° 301 (un manuscrit d’Orose) porte l’ex-libris d’un trésorier du pape, Grégoire de Genazano, membre de la chancellerie pontificale au temps de Boniface VIII.
22Enfin, l’une des notes de provenance les plus intéressantes relevées par Ehrle est le sigle And, qui figure à côté de plusieurs articles de l’inventaire de 1311 (cf. n° 597 et suivants). Le savant avait proposé de l’interpréter comme une abréviation d’Antiquum mais à défaut d’arguments sûrs, une fois encore, il était demeuré prudent. Il revient aux éditeurs bénédictins du Registre de Clément V d’avoir proposé la juste lecture du sigle, qui est And. A. Pelzer fournira quant à lui l’interprétation la plus convaincante, proposant la résolution Andegavensis. La mention permet de rattacher ces livres au butin gagné en 1266 par Charles d’Anjou lors de la bataille de Bénévent, arrivé cette même année dans la collection papale grâce au dominicain Guillaume de Moerbeke35.
Espaces et usages
23Le volume publié par F. Ehrle en 1890 accorde déjà une large place à la question de la localisation de la bibliothèque dans le palais pontifical d’Avignon (elle était située au premier étage, dans la tour des Anges). C’est pourtant le catalogue de Madrid qui va lui permettre de réaliser les avancées les plus considérables. Ehrle l’étudie dans l’article de 1909 déjà cité, paru dans des mélanges en l’honneur de J. W. Clark, l’auteur du classique traité d’histoire de la bibliothéconomie, The Care of Books, édité à Cambridge en 1901. Le document de Madrid date de 1407 et détaille 1582 articles. Il décrit la principale collection de livres du pontife, c’est-à-dire la libraria magna (ou maior). Son importance est cruciale à une époque où la plupart des grandes bibliothèques religieuses possèdent déjà, voire se dotent, de collections de ce type, réservées aux meilleurs volumes et classées significativement selon les canons du savoir en vogue. Le catalogue est l’œuvre d’un savant bibliothécaire, dont le nom n’est pas spécifié mais qui pourrait être identifié avec le catalan Martin Alpartil, que nous avons déjà mentionné.
24L’introduction36 présente de manière détaillée l’aménagement et le mobilier de la pièce où se trouvait la bibliothèque, puis décrit la mise en page du registre d’inventaire et sa structure : numérotation des articles, leur disposition en colonnes, traitement des miscellanées. Sont ensuite indiqués les grandes répartitions disciplinaires puis les principaux types d’œuvres attestés, avec une attention particulière aux typologies de commentaires bibliques et au droit. Ce dernier revêt une grande importance pour affirmer l’autorité de l’Église. Après cette partie de bibliothéconomie « générale », le catalogue indique la disposition concrète des volumes dans les meubles de la bibliothèque. À titre de comparaison, Ehrle fait référence à l’introduction semblable, et pourtant moins riche en détails, qui figure dans un autre catalogue à peu près de la même époque, celui du prieuré de Dover, fait en 1389 par le prieur John Whethamstede37.
25Trois points principaux se dégagent de l’analyse de F. Ehrle. Tout d’abord le document de Madrid est situé très précisément au sein de l’histoire des collections de la bibliothèque pontificale : compte tenu des nouvelles acquisitions survenues entre-temps, la bibliothèque ici décrite est bien la même qui était déjà détaillée dans l’inventaire établi en 1375 sous Grégoire XI38 mais son classement traditionnel, panachant différents critères (par auteur, par matière, par localisation ou provenance, ajoutant à la suite des listes particulières de livres), est ici entièrement repensé. Cette nova ordinatio (c’est d’ailleurs l’expression qui revient en ouverture du document) représente l’état le plus complet de la libraria magna avignonnaise avant la rupture engendrée par le départ de Benoît XIII en Catalogne. Ehrle signale, au f. 66v, une note qui permet de distinguer les volumes qui seront déplacés à Peñiscola de ceux décrits à la suite (Huc usque portati de Avinione) et rappelle que ces volumes apparaissent détaillés dans le même ordre au sein du catalogue de Peñiscola (ms. BNF latin 5156A, signalé par L. Delisle).
26D’après le dessin réalisé par F. Ehrle à partir des indications du catalogue (le dessin original établi par le bibliothécaire ne se trouvant pas, ou plus, dans le document de Madrid) la pièce de la bibliothèque, rectangulaire, était dotée de librairies murales divisées en compartiments verticaux (domuncule), ces compartiments étant à leur tour divisés en tablettes horizontales. F. Ehrle souligne l’efficacité de ce mode de rangement, dont il repère ici l’une des plus anciennes attestations : la seule autre connue par lui se trouve à l’Escorial et date de 1582. Puisqu’il dédie son étude à J. W. Clark, Ehrle désigne ce mode de rangement par le terme anglais, « wall system ». Ce système garantit pour lui une meilleure exploitation de l’espace et du contenu des meubles que les deux autres systèmes attestés au Moyen Âge, à savoir le « stall system », où des meubles bas à étagères, avec les livres posés à plat, sont placés soit transversalement soit contre les parois, et surtout le « lectern system », le système le plus répandu, où les livres sont posés, toujours à plat, sur des pupitres. Nous pourrions ajouter que cet aménagement suggère un cadre fastueux et solennel, pour une collection à l’usage du pontife et de son savant entourage, loin de l’affluence mal contenue des salles de lecture des collèges ou des studia mendiants, avec leurs livres enchaînés.
27Le classement général de la magna libraria en quatre grandes disciplines (théologie, droit canon, droit civil et arts libéraux, plus un dernier ensemble réservé à la médecine), est traditionnel. F. Ehrle souligne que le document de Madrid offre un état raisonné de la bibliographie ecclésiastique antérieure au XVe siècle, dans un esprit qui réduit à la théologie l’ensemble des savoirs et qui soumet les arts libéraux à la philosophie aristotélicienne. Le savant y observe quelques particularités, et notamment le fait que les écrits des rhéteurs et des poètes sont placés à la fin de la section théologique, parmi les libri practici, au côté des sermonnaires. L’auteur du catalogue précise à ce propos que ces auteurs, tout comme ceux des œuvres d’histoire, doivent contribuer à orner le discours des prêcheurs :
Post quos immediate collocantur predicabiles, scilicet libri Sermonum et quia non numquam sermones ornantur per dicta oratorum et poetarum, ideo immediate post libros sermonum collocantur libri poetarum et oratorum.
28Ce choix illustre l’importance croissante accordée à la rhétorique dans la formation des hauts prélats ; il nous semble emblématique d’une Église renouvelée, dont le pontife, prince et savant, combat les adversaires et résout les divisions.
Annexe
ANNEXE
Préface de F. Ehrle à ses recherches sur la biographie d’Henri de Gand (Beiträge zu den Biographien berühmter Scholastiker, dans Archiv für Literatur-und Kirchengeschichte des Mittelalters, I, 1885, p. 365-401, ici p. 365.
Recherches et documents pour servir à la biographie d’illustres scolastiques
Ce qui contribue beaucoup au profond dédain avec lequel on traite souvent la scolastique du Moyen Âge, c’est l’insuffisance de la science biographique à l’endroit de savants même les plus célèbres de cette école. Aussi, le besoin d’introduire quelque réforme et quelque esprit de critique en cette matière se fait sentir depuis longtemps, car bien des erreurs et bien des assertions hasardées passent avec tant de persistance d’une histoire de la philosophie du Moyen Âge à l’autre qu’on ose à peine se risquer à élever encore quelque doute sur des faits si audacieusement affirmés. Je n’ai naturellement pas l’intention de me livrer à une critique outrée ; la seule chose que je souhaite, c’est que la biographie traditionnelle de nos grands scolastiques s’inspire des procédés actuels de la discussion et de la méthode historiques. À cet effet, en ce qui concerne les diverses données biographiques, il s’agit de remonter aux sources et, les sources trouvées, d’en contrôler l’authenticité ; par ce moyen seulement, le vrai pourra être démêlé du faux, le certain de l’incertain et l’on accordera à chaque assertion la part de créance qui lui revient. Qu’il me soit permis d’apporter ma pierre à cette œuvre de reconstruction devenue indispensable. Je commence par Henri de Gand (…).
(Je reproduis ici une traduction française de ce texte, par F. Raskop, Recherches critiques sur la biographie d’Henri de Gand, dit le « docteur solennel », Tournai, 1887).
Notes de bas de page
1 F. Ehrle, Historia bibliothecae Romanorum pontificum, tum Bonifatianae tum Avenionensis, t. I, Rome, 1890, avec les additions et corrections publiées en 1947 par A. Pelzer, Addenda et emendanda ad Francisci Ehrle Historiae Bibliothecae Romanorum Pontificum tum Bonifatianae tum Avenionensis, I, Città del Vaticano, 1947 (Bibliotheca Vaticana). L’article relatant la découverte du catalogue de 1407 est le suivant : F. Ehrle, Un catalogo fin qui sconosciuto della biblioteca papale d’Avignone (1407). Il codice S.3 (attuale 6399) della biblioteca nazionale di Madrid, dans Fasciculus Ioanni Willis Clark dicatus, Canterbury, 1909, p. 97-114.
2 On renvoie à ces articles dans les notes qui suivent. La liste exhaustive des publications de F. Ehrle jusqu’en 1924 est disponible aux p. 17-28 de l’album dédicatoire qui ouvre la Miscellanea Francesco Ehrle, Città del Vaticano, 1924 (Studi e testi, n° 37).
3 Pour la carrière et l’œuvre de F. Ehrle, cf. la Miscellanea Francesco Ehrle, cité n. 1. en particulier p. 12-29. Voir également F. Pelster, Il cardinale Francesco Ehrle. La vita di un dotto a servizio della Chiesa, dans La civiltà cattolica, 1934, 2, p. 449-461 et 3, p. 17-27.
4 Le renouveau de la scolastique à l’époque du pontificat de Léon XIII, est présenté en synthèse dans un article de l’Enciclopedia dei papi, Rome, 2000, p. 590-92, mais voir surtout P. Dezza, Il neotomismo, dans les Acta Pontificae academiae Romanae S. Thomae Aquinatis et religionis catholicae, IX, Rome, 1944, en particulier p. 7-24 ; Id., Alle origini del neotomismo, Milan, 1940 ; A. Masnovo, Il neotomismo in Italia. Origini e prime vicende, Milan, 1923 ; Id., Saggi sulla rinascita del tomismo nel secolo XIX, Città del Vaticano, 1974.
5 Cf. en particulier F. Ehrle, Das Studium der Handschriften der mittelalterlichen Scholastik, dans Zeitschrift für katholische Theologie, 7, 1883, p. 1-51 ; Id., Nuove proposte per lo studio dei manoscritti della scolastica, dans Gregorianum, 3, 1922, p. 198-218. Voir également le bilan établi par M. Grabmann, Über Wert und Methode des Studiums der scholastischen Handschriften. Gedanken zum 70. Geburtstag von P. Franz Ehrle S.I., dans Zeitschrift für katholische Theologie, 29, 1905, p. 699-740.
6 Texte reproduit en annexe.
7 F. Ehrle, Arnaldo di Villanova e i Thomatiste, dans Gregorianum, 1, 1920, p. 476-501.
8 Sur ce personnage, cf. Registrum Clementis pape V, Rome, 1885- 1892, n° 2108 ; G. Marini, Degli archiatri pontifici, Rome, 1784, I, p. 56 ; E. Wickersheimer, Dictionnaire biographique des médecins en France au Moyen Âge, I, Genève, 1936, p. 322 ; Chanoine H. Albanès, Gallia christiana novissima, II, Valence, 1899, p. 296-298.
9 Selon l’expression de J. De Ghellinck, En marge des catalogues des bibliothèques médiévales, dans Miscellanea F. Ehrle, t. V, cité n. 2, p. 331-363.
10 F. Pelster, Il cardinale Francesco Ehrle, cité n. 3.
11 Pour l’histoire de la bibliothèque du couvent d’Assise et le catalogue de 1381, cf. C. Cenci, Bibliotheca manuscripta ad sacrum conventum Assisiensem, Assise, 1981, 2 vol.. Pour l’observation de F. Ehrle à propos des dénominations des docteurs, se reporter à son étude : Beiträge zu den Biographien berühmter Scholastiker, dans Archiv für Literatur- und Kirchengeschichte des Mittelalters, I, 1885, p. 365-401.
12 Parmi les Français, à signaler la présence d’H. Omont. Cf. G. Fiesoli, Per un repertorio bibliografico di inventari antichi di manoscritti appartenenti a biblioteche medievali (Occidente latino, secoli VIII-XV), tesi di dottorato, Università degli studi di Firenze, tutori C. Leonardi e V. Siva (a.a. 2003) ; Id. et E. Somigli, Ricabim. Repertorio di inventari e cataloghi di biblioteche medievali. Italia, I. Toscana, Florence, 2009, en particulier l’introduction, p. xii-xiii.
13 Th. Gottlieb, Alte Bücherverzeichnisse aus Italien, dans Centralblatt [puis Zentralblatt] für Bibliothekswesen, t. 5, 1888, p. 481-496.
14 Th. Gottlieb, Über mittelalterliche Bibliotheken, Leipzig, 1890, réimpr. Graz, 1955.
15 G. Becker, Catalogi bibliothecarum antiqui. I. Catalogi seculo XIII vetustiores, II. Catalogus catalogorum posterioris aetatis, Bonn, 1885 (réimpr. Hildesheim, 2003).
16 G. B. De Rossi, La biblioteca della sede apostolica ed i cataloghi dei suoi manoscritti, dans Studi e documenti di storia del diritto, 5, 1884, p. 317-368 ; voir aussi G. B. De Rossi, Commentatio de origine, historia, indicibus scrinii et bibliothecae Sedis Apostolicae, dans H. Stevenson jr, Codices Palatini Latini Bibliothecae Vaticanae, I, Rome, 1886, p. i-cxxxii.
17 F. Ehrle, Die Frangipani und der Untergang des Archivs und der Bibliothek der Päpste am Anfang des 13. Jahrunderts, dans Mélanges offerts à Émile Chatelain, Paris, 1910, p. 448-485 ; F. Ehrle, Nachträge zur Geschichte der drei ältesten päpstlichen Bibliotheken, dans Kirchengeschichtliche Festgabe Anton De Waal zum goldenen Priester-Jubiläum (11. Oktober 1912) dargebacht, von F. X. Seppelt, Freiburg in Breisgau, 1913 (Römische Quartalschrift für christliche Altertumskunde und für Kirchengeschichte, Supplementheft, 20), p. 337-369.
18 F. Ehrle, Zur Geschichte des Schatzes, der Bibliothek und des Archivs der Päpste im Vierzehnten Jahrhundert, dans Archiv für Literatur- und Kirchengeschichte des Mittelalters, I, 1885, p. 24-41 ; F. Ehrle, Historia bibliothecae Romanorum pontificum, cité n. 1, cf. l’introduction et l’édition des documents, A. Pelzer, Addenda et emendanda, cité n. 1, p. 4-24. Pour une vision d’ensemble, cf. aussi désormais Storia della biblioteca apostolica Vaticana, I. Le origini della Biblioteca Vaticana tra Umanesimo e Rinascimento (1447-1534), éd. A. Manfredi, Città del Vaticano, 2010 ; voir surtout l’article d’A. Paravicini Bagliani, La biblioteca papale nel Duecento e nel Trecento, p. 74-108 ; consulter aussi M. A. Bilotta, I libri dei papi. La curia, il Laterano e la produzione manoscritta ad uso del papato nel medioevo (secoli VI-XIII), Città del Vaticano, 2011 (Studi e testi, 465).
19 Item frater Philippus custos fratrum minorum Assisii reassignavit nobis unum librum parvum de gestis Romanorum, que dixerunt ad romanam Ecclesiam pertinere et nos ea recepimus ab eisdem. Je renvoie ici à l’édition parue dans Archiv für Literatur- und Kirchengeschichte, I, 1885, pour le passage cité cf. p. 324.
20 M.-H. Jullien de Pommerol et J. Monfrin, La bibliothèque pontificale à Avignon et à Peniscola, Rome, Palais Farnèse, 1991 (Collection de l’École Française de Rome, 141), 2 vol.
21 L. Delisle, Le cabinet des manuscrits de la bibliothèque impériale [puis nationale], Paris, 1868-1888, I, p. 486-487.
22 Pour un résumé de l’état des recherches et des découvertes de cette période sur la bibliothèque pontificale au passage d’Avignon à Peñiscola, cf. J. Perarnau i Espelt, Cent vint anys d’aportacions al coneixement de la biblioteca papal de Peñiscola, dans Arxiu des Textos Catalans Antics, 6, 1987, p. 315-338.
23 F. Ehrle, Der Cardinal Peter de Foix der Ältere, die Acten seiner Legation in Aragonien und sein Testament, dans Archiv für Literatur- und Kirchengeschichte des Mittelalters, 7, 1893-1900, p. 421-514.
24 M. Faucon, La librairie des papes d’Avignon. Sa formation, sa composition, ses catalogues (1316-1420) d’après les registres de comptes et d’inventaires des Archives Vaticanes, 1886-1887 (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome, 43 et 50).
25 Pour un rappel des conditions de l’achat de la collection, cf. J. Monfrin, La bibliothèque Sanchez Muñoz et les inventaires de la bibliothèque pontificale de Peñiscola, dans Studi di Bibliografia e Storia in onore di Tammaro de Marinis, III [Vérone], 1964, en particulier p. 229 ; C. Wittlin, Les manuscrits dits « del papa Luna » dans deux inventaires de la bibliothèque de Gaspar Johan Sanchez Munoz à Teruel, dans Estudi romanics, 11, 1962 [Estudis de literatura catalana offerts a Jordi Rubio i Balaguer], p. 11-32.
26 A propos des scriptores de la chancellerie pontificale sous Boniface VIII, cf. B. Barbiche, Les scriptores de la chancellerie apostolique sous le pontificat de Boniface VIII (1295-1303), dans Bibliothèque de l’École des chartes, 128, 1970, p. 114-187.
27 J. Gardner, The Artistic Patronage of Boniface VIII. The Perugian Inventory of the Papal Treasure of 1311, dans Roma caput mundi. Apogeo e declino di Roma medievale (Roma, Bibliotheca Hertziana, 1999), dans Römisches Jahrbuch der Bibliotheca Hertziana, 34, 2001-2002, p. 69-87.
28 Sur ce manuscrit, cf. J. Perarnau i Espelt, Tres notes entorn de la biblioteca papal. I. L’exemplar del De mysterio cimbalorum d’Arnau de Vilanova ofert a Bonifaci VIII, dans Arxiu des textos catalans antics, 6, 1987, p. 299-303.
29 G. B. De Rossi, La biblioteca della sede apostolica, cité n. 16.
30 F. Ehrle, Un catalogo fin qui sconosciuto, cité n. 1.
31 Parmi les manuscrits offerts à Jean XXII, on peut désormais aussi signaler le ms. Vatican, Vat. Lat. 3740, inconnu d’Ehrle. Ce recueil, contenant des conseils sur la pauvreté remis à Jean XXII, était présent dans la bibliothèque d’Avignon en 1369 ; il apparaît également dans le catalogue de 1411 et n’a donc pas été emporté à Peñiscola par Benoît XIII. Cf. L. Duval-Arnould, Les conseils remis à Jean XXII, dans Miscellanea Bibliothecae Vaticanae III, Città del Vaticano 1989 (Studi e Testi, 333), p. 124-125.
32 Voir à titre d’exemple le manuscrit de Galvano de Levanto, actuel Paris, BNF Lat. 3181, n° 53 de l’inventaire de 1311.
33 Ms. BNF lat. 3120, ancien Colbert 3266, recueil datant d’entre 1281 et 1289, contenant entre autres des œuvres d’Henri de Gand et Jean de Saint-Benoît. Ce ms. provient des Carmes de Clermont ; cf. J. Quétif, J. Échard, Scriptores Ordinis Praedicatorum, I, Paris 1719, p. 404-407 (à propos de Jean de Saint-Benoît, l’un des auteurs figurant dans le recueil), et particulièrement p. 406, pour la référence au ms.
34 Publié par L. Delisle, Le cabinet des manuscrits de la bibliothèque impériale [puis nationale], Paris, 1868-1881, III, p. 9-71.
35 Pour un résumé de cette question, cf. A. Paravicini Bagliani, La biblioteca papale nel Duecento, cité n. 18.
36 M.-H. Jullien de Pommerol et J. Monfrin, La bibliothèque pontificale à Avignon et à Peñiscola, cité n. 20 ; l’introduction du catalogue de 1407, dont Ehrle n’avait édité qu’une partie, est aux p. 114-125. Auparavant, ce catalogue de 1407 avait été intégralement édité par P. Galindo Romeo, La biblioteca de Benedicto XIII, Saragosse, 1929.
37 Une édition de ce document est désormais disponible dans le Corpus of British Medieval Library Catalogues, t. V, Dover Priory, Londres, British Library, 1999, et l’introduction est publiée p. 15-16 (d’après le ms. Oxford, Bodleian Library, 920)
38 F. Ehrle, Historia bibliothecae Romanorum Pontificum, cité n. 1, p. 532.
Auteur
Dr. Donatella Nebbiai, Directeur de recherche, CNRS, Paris – Directeur de recherche au CNRS, Paris.
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