En guise d’introduction Le jésuite Franz Ehrle (1845-1934), un savant souabe de renommée mondiale au service de l’église et de la papauté, de la science et de la culture
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Texte intégral
1 « De haute stature, digne et séduisant, l’œil clair et plein d’esprit, une allure empreinte de fraicheur, le geste vif et déterminé, la forme et l’expression d’une tête de savant, tel est notre citoyen d’honneur, le P. Franz Ehrle, cardinal. Si l’on ne savait que le cardinal Ehrle a 80 ans, on le prendrait pour un vigoureux septuagénaire. » Ainsi s’exprimait Seeger, le maire de la ville d’Isny, pour décrire le cardinal Ehrle dans l’édition du journal « Stadt- und Landbote (Isny) » datée du 16 juin 1925 lorsqu’il lui fit parvenir à Rome le document le nommant citoyen d’honneur de sa ville natale.
2La photo prise à l’occasion de la collation du doctorat honoris causa attribué par l’université d’Oxford en 1899 donne de Franz Ehrle une image frappante. Les circonstances exactes dans lesquelles elle a été prise, restent inconnues, mais c’est en tout cas celle qui a été retenue pour figurer sur l’affiche et le programme du colloque « Franz Kardinal Ehrle (1845-1934) : Jesuit, Historiker und Präfekt der Vatikanischen Bibliothek / Le cardinal Franz Ehrle (1845-1934), jésuite, historien et préfet de la Bibliothèque vaticane » organisé par Jacques Verger et moi-même les 19 et 20 février 2015 en coopération avec le Römisches Institut der Görres-Gesellschaft et l’École française de Rome. Son Ém. le cardinal Walter Kasper et M. Winfried Kretschmann, ministre-président du Land de Bade – Wurttemberg, avaient accordé leur haut patronage à ce colloque. Les séances ont eu lieu le 19 février 2015 au Römisches Institut der Görres-Gesellschaft puis le 20 février à l’École française de Rome. Le colloque a été ouvert par les allocutions du cardinal Walter Kasper, de Mgr le professeur Stefan Heid, directeur de Römisches Institut der Görres-Gesellschaft, de Mme Catherine Virlouvet, directrice de l’École française de Rome, et de M. Rainer Magenreuter, maire de la ville d’Isny en Allgäu, lieu de naissance de Franz Ehrle.
3C’était la première fois qu’un colloque était consacré à Franz Ehrle, « un savant de renommée mondiale » comme l’appelait Ludwig von Pastor, historien des papes, titulaire d’une chaire à l’université d’Innsbruck et diplomate autrichien auprès du Saint-Siège, à l’occasion de sa promotion comme cardinal en 19221. Franz Ehrle, né le 17 octobre 1845 à Isny, fils d’un médecin du même nom (1812-1878) originaire de la ville proche de Wangen, n’est pas suivi les traces de son père ni celles de son oncle Carl Ehrle (1843-1917), inventeur et fabricant d’instruments de médecine ; il est devenu jésuite et prêtre2. Pendant sa jeunesse, il aimait marcher avec des échasses et jouer au ballon, ainsi perché, avec d’autres garçons. Faut-il déjà y voir une indication de son goût pour la discipline physique et professionnelle, de son habileté et de sa perspicacité dans l’existence, tous traits qui le caractériseront jusque dans son grand âge ?
4Depuis Isny en Souabe (situé aujourd’hui dans l’extrême sud-est du Land de Bade-Wurtemberg, tout près de la frontière de la Bavière), la route de sa formation scolaire et religieuse dans l’ordre des jésuites a conduit Franz Ehrle de Feldkirch en Vorarlberg et de Gorheim (aujourd’hui un quartier de Sigmaringen), où il a commencé son noviciat en 1861, par Friedrichsburg près de Münster en Westphalie et par Maria Laach dans l’Eifel jusqu’en Angleterre, où les jésuites avaient, au temps de Kulturkampf, une maison d’études théologiques. Celle-ci se trouvait précisément à Ditton Hall, près de Liverpool3. Le 24 septembre 1876 il a été ordonné prêtre par l’évêque de Shrewsbury James Brown4. Après un temps d’activité pastorale, il a travaillé pour la revue jésuite de culture Stimmen aus Maria Laach (devenue à partir de 1914 Stimmen der Zeit) revue publiée à l’époque depuis le château de Tervueren (près de Bruxelles)5.
5Un tournant de sa vie a été marqué par l’ouverture aux chercheurs des Archives du Vatican décidée par le pape Léon XIII (1878- 1903) en 1880-81, ce qui provoqua une véritable « fièvre de l’or » parmi les savants européens6. Les instituts de recherche nationaux poussèrent à Rome comme des champignons, entre autres l’École française de Rome (créée dès 1875) puis les Instituts historiques autrichien (1881) et prussien (1888). La direction de l’ordre réserva pour Ehrle une mission au service de la science dans la Ville éternelle. Son projet fut d’abord celui d’une histoire de la scolastique dont il serait l’auteur, en plusieurs volumes.
6À Rome, le chemin d’Ehrle croisa celui du savant dominicain Heinrich Denifle (1844-1905) qui devint pour lui un partenaire permanent de coopération scientifique en même temps qu’un ami. Le dominicain s’est implanté aux Archives du Vatican, pour le jésuite en revanche, c’est la Bibliothèque vaticane qui devait devenir le centre de son existence. Nos deux savants ont fondé la revue scientifique Archiv für Literatur- und Kirchengeschichte des Mittelalters dont sont parus en tout sept riches volumes de 1885 à 1900. Toutes les contributions en ont été rédigées par nos deux religieux à eux seuls : éditions de textes, rapports sur l’état des sources et de la recherche, études scientifiques approfondies.
7 La vie et l’œuvre de Heinrich Denifle ont déjà été au centre du colloque organisé en 2012 par Jacques Verger et moi-même à Paris, à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (Institut de France) et au siège de la fondation Simone et Cino Del Duca. Les actes de ce colloque sont parus en 2015 dans la collection de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres7. Les deux colloques de Paris et de Rome, sur Denifle et Ehrle, renvoient au même contexte thématique et sont liés l’un à l’autre de manière réciproque.
8Les étapes de la carrière du jésuite Franz Ehrle témoignent d’un cursus impressionnant : en 1890, il devient membre du Conseil d’administration de la Bibliothèque vaticane, de 1895 à 1914, il en est préfet, sa promotion au cardinalat en 1922 est suivie, en 1929, de sa nomination comme bibliothécaire et archiviste de l’Église romaine succédant au bénédictin Francis Aidan Gasquet. Son titre cardinalice fut l’église S. Cesareo in Palatio ou de Appia (la via Appia démarrant à proximité de cette église qui sera plus tard, en 1967, le titre cardinalice du cardinal Karol Woityla, futur pape Jean-Paul II).
9Franz Ehrle a développé une relation étroite avec Rome où il a habité, dans un premier temps, dans le Borgo (Borgo Santo Spirito, n° 12), très densément peuplé, qui s’étendait du Château Saint-Ange à la place Saint-Pierre et au palais pontifical. Il a confessé plus tard que « … le Burgum S. Petri est devenu mon pays » (de 1880 à 1895)8. C’est à partir de là qu’il a découvert « la Rome des papes » et « la Rome des Romains », de manière de plus en plus scientifique. Ce dont témoignent, entre autres, ses éditions des plans de Rome de l’époque moderne accompagnées d’introductions et de notes explicatives. Le premier volume de la collection « Le piante maggiori di Roma dei secoli xvi-xviii » qu’il a fondée est paru en 1911 et a fait connaître le plus ancien plan conservé qui date du pontificat de Jules III (1550-1555), celui de Leonardo Bufalini de 1551. Aujourd’hui encore, ces publications sont très utiles pour les recherches sur l’histoire de la ville de Rome. Mentionnons également, dans le même contexte, les travaux d’Ehrle sur l’histoire du palais pontifical du Vatican, très importants pour l’histoire des résidences pontificales9.
10 Surtout avec l’âge, il souffrait des grandes chaleurs de l’été qui pouvaient dépasser les 40 degrés. Il n’a cependant quitté la ville du Tibre que pendant les années de la Première Guerre mondiale pour y revenir ensuite et enseigner la paléographie à l’Institut biblique pontifical et, en tant que professeur d’histoire de la scolastique, la philosophie médiévale à l’université grégorienne10. Les moustiques qui pouvaient transmettre le paludisme, le harcelaient : « les impitoyables, minuscules « moschettini » [sont] une triste compagnie qui trouble le sommeil »11. « Des grillages américains apposées aux fenêtres » en guise de moustiquaires lui ont permis d’y remédier quelque peu tout en laissant entrer « l’air frais de nuit » dans le logement du préfet qu’il habitait au-dessus de la Bibliothèque (près du Salone Sistino) sur la colline du Vatican12. En tant que cardinal, il a ensuite habité – jusqu’à 1933 – dans le collège de l’Amérique latine (Via Giuseppe Gioacchino Belli n° 3) situé à l’époque dans le quartier des Prati, près du château Saint-Ange et du Tibre13. Il a passé les derniers mois de sa vie à la maison de généralat de l’ordre des jésuites, dans le Borgo Santo Spirito.
11Conrad Gröber (1872-1948), devenu archevêque de Fribourg en 1932, a fait la connaissance d’Ehrle au cours de ses années romaines d’étude et il a fait l’éloge de « sa modestie et de son amabilité »14. Il écrit dans son journal, après une visite guidée de la Bibliothèque vaticane sous la conduite du jésuite : « Ehrle a montré de nouveau son savoir admirable englobant toutes les époques en présentant ses trésors [de la Bibliothèque vaticane] »15. Le préfet a fait visiter la Bibliothèque vaticane non seulement aux étudiants et aux futurs docteurs en théologie, mais aussi aux grands de ce monde (et à leur entourage) qu’ils aient été de passage dans la Ville éternelle ou y aient résidé. Citons par exemple le Grand Duc de Russie Constantin Constantinovitch Romanov (1858-1915), sa sœur, la Grande Duchesse Vera Constantinovna Romanova (1854-1912), le Grand Duc Carl August de Saxe-Weimar-Eisenach (1844-1894) et son épouse Pauline (1852-1904) ou la duchesse Mathilde de Bavière (1843-1925) épouse du Comte Louis de Trani, prince de la famille des Bourbon de Naples-Sicile, et sœur de l’impératrice Élisabeth d’Autriche (1837-1898), rendue célèbre sous le nom de Sissi par la télévision et le cinéma16. Le préfet de la Bibliothèque ne se dérobait pas à ses obligations de représentation, mais il écrivait quand même dans une lettre du 26 décembre 1895 à sa sœur Anna : « Toutes ces visites me coûtent malheureusement en général une demi-journée. »17
12Franz Ehrle a aussi dû se consacrer à des expositions, par exemple à la section vaticane de l’exposition universelle à Saint Louis aux États-Unis organisée en 1904, en même temps que les Jeux olympiques, en mémoire de la vente de la colonie française de Louisiane par Napoléon Bonaparte aux États-Unis en 1803. Le préfet de la Bibliothèque fit acquérir « en urgence 57 mètres de placards vitrés » pour y loger « 104 mètres de reproductions photographiques ou phototypiques des plus belles pièces du Vatican et de la Bibliothèque », il dut « se procurer pour cela l’argent nécessaire – 10 000 Lires – auprès des services de l’exposition universelle » et choisit « 24 des pièces les plus belles dans la fabrique des mosaïques pour une valeur de 120 000 Lires »18. Il se montra soulagé dans une lettre à sa sœur Anna car il était parvenu à tout régler et les objets étaient partis, « bien assurés », d’Italie à bord du bateau « Roi-Albert » à destination de New York en traversant l’Atlantique19.
13Comment peut-on caractériser Franz Ehrle et son action au service de l’Église et de la papauté, de la science et de la culture ? Quelques remarques peuvent être utiles pour introduire à la thématique des actes du présent colloque.
14Franz Ehrle a été, sans aucun doute, un historien éminent dont le Moyen Âge a été le champ de recherche favori, le Moyen Âge central et le bas Moyen Âge, de préférence au haut Moyen Âge20. Il a consacré une attention particulière à la recherche fondamentale ; un de ses grands mérites scientifiques réside dans les éditions de sources. Ne citons ici qu’un exemple, sa dernière grande publication terminée à un âge déjà très avancé, en 1932, en s’aidant d’une loupe et alors qu’il avait depuis de nombreuses années renoncé à ce genre de travail, à savoir l’édition et le commentaire des statuts de la faculté de théologie de l’université de Bologne (1364)21. Pour mener à bonne fin ces amples études de sources, il a fréquenté de nombreuses bibliothèques en Allemagne, en Angleterre, en France, en Italie et en Espagne.
15Ses intérêts thématiques ont concerné tant l’histoire de la papauté et de l’Église que celle des idées, particulièrement de la scolastique, et celle des bibliothèques, particulièrement de la bibliothèque pontificale au long des siècles, surtout au bas Moyen Âge22. Sa publication la plus importante en la matière a paru en latin et a établi de nouveaux critères pour les recherches ultérieures : c’est l’Historia bibliothecae Romanorum Pontificum tum Bonifatianae tum Avenionsis, volume 1, paru à Rome en 1890. Un second volume devrait suivre, mais il ne verra pas le jour, ce qui est regrettable. La charge de préfet de la Bibliothèque vaticane a été très probablement trop prenante. Une petit joyau dû à la plume d’Ehrle est certainement son étude intitulée « Les titres honorifique des maîtres de la scolastiques médiévale » issue d’une conférence prononcée à la Bayerische Akademie der Wissenschaften de Munich23. Son œuvre comprend aussi des contributions éclairantes sur des penseurs marquants du Moyen Âge tels que Albert le Grand, Thomas d’Aquin, Bonaventure ou Henri de Gand24.
16Au cours des années de la Première Guerre mondiale, Franz Ehrle, libéré de la charge de préfet de la Bibliothèque vaticane, s’est occupé d’histoire contemporaine et a même abordé des thèmes brûlants et de grande actualité politique, comme la « question romaine » et les relations du Saint-Siège et de l’État italien25. Son idée maîtresse (très probablement en accord avec le pape Benoît XV), était, en référence aux États de l’Église supprimés en 1870, d’aboutir au moins à la constitution, en pleine souveraineté, d’un territoire étatique propre autour de l’église Saint-Pierre et du Palais pontifical sur la colline du Vatican. Idée très proche de la solution qui sera finalement retenue dans les accords du Latran conclus entre le Saint-Siège et l’Italie en 192926.
17En tant que savant, Ehrle réunissait en sa personne les qualités de l’historien et du bibliothécaire, une union fructueuse qui ne se rencontre que rarement27. On comprend pourquoi Franz Ehrle et Léopold Delisle, lui aussi historien et administrateur général de la Bibliothèque nationale de Paris, toujours bienveillant et serviable, « le Nestor des grands bibliothécaires » selon Ehrle, semblent s’être portés une estime mutuelle et avoir eu des échanges réguliers28. Comme Franz Ehrle l’écrira plus tard, Léopold Delisle et son bras droit Henri Omont l’avaient reçu « avec une courtoisie vraiment française et une véritable bienveillance »29. À divers égards, l’organisation de la Bibliothèque nationale de Paris était pour le jésuite comme un modèle qu’il a suivi jusque dans le détail, comme le montrent les tourillons des étagères, les pupitres de lecture et les encriers de la Bibliothèque vaticane30.
18Pour le jésuite Ehrle, un autre bibliothécaire important fut Achille Ratti, théologien spécialisé dans la dogmatique mais avec des intérêts historiques, qui dirigeait la bibliothèque Ambrosiana de Milan. Franz Ehrle a réussi à le faire charger de la fonction de vice-préfet de la Bibliothèque du Vatican en 1911 et il a manifestement souhaité l’avoir comme successeur. Tous les deux aimaient la nature : toutefois le Lombard a largement dépassé comme alpiniste le Souabe avec ses grandes escalades dans les Alpes jusqu’au Mont-Rose, au Matterhorn et au Mont-Blanc. Les deux hommes ont rapidement noué d’étroites relations de confiance. Ces relations ont continué lorsque Achille Ratti est devenu, après ses années à la tête de la Bibliothèque du Vatican, nonce en Pologne puis archevêque de Milan et a été enfin élu pape en 1922 sous le nom de Pie XI († 1939)31. Franz Ehrle a contribué de manière importante à l’évolution de la Vaticana en en faisant une bibliothèque moderne de recherche et « un lieu de rencontre du monde international des savants »32. Il a fait établir et mettre à la disposition des chercheurs des catalogues et des inventaires de manuscrits, il a fait créer une grande bibliothèque de consultation, ériger des magasins sécurisés contre le feu et augmenter les horaires d’ouverture de manière considérable33. Pour remplir sa mission, il a pu s’appuyer sur une équipe de collaborateurs expérimentés et engagés, en partie nouvellement recrutés et, de plus, il a pu compter sur la bienveillance et le soutien du pape Léon XIII et du cardinal secrétaire d’État Mariano Rampolla del Tindaro († 1913) originaire de Sicile34. Il a acquis des fonds de bibliothèques considérables, des manuscrits et des imprimés, entre autres en 1902 la précieuse bibliothèque de la famille Barberini (avec la bible de Gutenberg en 42 lignes)35, il a lancé de nouvelles collections, dont la plus importante est celle de « Studi e Testi », toujours vivante et riche aujourd’hui de plusieurs centaines de volumes.
19L’amour et la conservation des livres allaient de pair pour Franz Ehrle, qui n’hésitait pas, en tant que bibliothécaire, à user « de la blouse de travail, du pinceau, du pot de colle et des ciseaux »36. Comme on dirait aujourd’hui, il a eu le mérite de saisir la notion de patrimoine commun de l’humanité. Il a pris diverses initiatives pour contribuer à la protection et à la restauration des livres ou des manuscrits et s’est soucié personnellement des détails techniques. C’est grâce à lui qu’un atelier de restauration a été établi au sein de la Bibliothèque vaticane (pour les manuscrits de papyrus, parchemin ou papier), ce qui a mis cette bibliothèque à la tête de la modernisation des bibliothèques en Europe. C’est également grâce à lui qu’une conférence internationale a vu le jour à Saint-Gall en Suisse les 30 septembre et 1er octobre 1898, sous la présidence de l’historien de l’Antiquité Theodor Mommsen37. Pour servir à la recherche et à la protection des manuscrits, Ehrle a fondé, en 1899, la collection « Codices e vaticanis selecti phototypice expressi » (c’est-à-dire avec des reproductions photographiques, comme l’indique son intitulé)38. Grâce à ses efforts, la Bibliothèque vaticane a été « la première…, à accueillir la photographie en noir et blanc dans toute son ampleur », comme le soulignèrent les Annales de l’Académie bavaroise des sciences39.
20La demande de conseil que le gouvernement italien lui adressa après l’incendie dévastateur de la Bibliothèque nationale de Turin le 26 janvier 1904 qui causa des pertes immenses tant d’imprimés que de manuscrits, montre clairement à quel point sa compétence était recherchée40, d’autant que cela s’est passé à une époque de vives tensions entre le Saint-Siège et l’État italien, provoquées en premier lieu par la « question romaine » encore irrésolue. Ehrle ne refusa pas de répondre à cette demande et apporta son aide du mieux qu’il pouvait. Il a accédé à d’autres demandes ministérielles dans les années suivantes.
21Il a aussi cherché à améliorer la situation des archives et des bibliothèques ecclésiastiques en Italie, plus précisément la protection, la conservation et l’utilisation de la documentation et de la littérature spécialisée. C’est ce qui ressort de la « Forma di regolamento per la custodia e l’uso degli Archivi e delle Biblioteche ecclesiastiche », qu’il rédigea pour la secrétairerie d’État en 1902, laquelle fut diffusée par celle-ci sans mention du nom du préfet de la Vaticane et confirmée par le secrétaire d’État Pietro Gasparri en 1923, dans une lettre circulaire adressée aux évêques italiens41.
22 Un point fondamental concernant Franz Ehrle est qu’il a conçu son action scientifique, historique et de bibliothécaire comme un service, un ministerium, pour le bien de l’Église et de la société, en liaison avec son ordre, la Societas Jesu, et sa propre vocation sacerdotale42. En ce sens, cela voulait dire, pour lui, personnellement, s’effacer derrière sa fonction et, pour la Bibliothèque vaticane, permettre à tout savant d’y effectuer des recherches indépendamment de son appartenance nationale, confessionnelle ou religieuse. En cela, il était porteur d’avenir. Il faisait preuve de disponibilité envers chacun, même les jeunes savants, qu’il aidait du geste et de la parole, éventuellement même par des contributions financières pour permettre l’impression des résultats de leurs recherches43. Il n’est pas surprenant qu’il ait été fort estimé par des historiens et théologiens protestants comme Hans Lietzmann, le successeur d’Adolf von Harnack à l’Université de Berlin, et Johannes Haller de l’Université de Tübingen44. Karl Christ, le directeur du département des manuscrits de la Preußische Staatsbibliothek de Berlin, qualifiait « la Vaticana comme une des bibliothèques les mieux organisées et les plus libérales du monde » et il attribuait cela « aux vingt ans d’action » d’Ehrle45.
23L’article que le jésuite souabe a rédigé pour l’édition de jubilé du « Kölnische Volkszeitung » du 1er avril 1910, pour les 50 ans de son existence du journal, porte le titre « Les archives du Vatican et la Bibliothèque du Vatican et leur importance pour la science ». Les mots choisis par Ehrle au cœur de ce texte sont d’une importance capitale et toujours d’actualité, ils dépassent de loin la sphère des archives et des bibliothèques ecclésiastiques et méritent d’être cités ici : « Tout chercheur sérieux et sincère est bienvenu. Chaque livre, chaque document peut raconter ses secrets. La vraie religion, l’Église ne craignent pas la lumière, ni la vérité ; elles détestent seulement le mensonge. Il se peut qu’un individu, une famille, une collectivité refusent de rendre publics les sombres replis de son passé. L’Église ne peut pas le faire. Tout camouflage, toute dissimulation de sa part éveilleraient des doutes sur son principe de vie le plus intérieur, susciteraient la conviction que celui-ci ne supporte pas la lumière mais vivote seulement dans l’obscurité. »46 Six ans plus tard, il écrira de la même manière : « Tout ce qui, provenant des sources, nous est désagréable doit trouver sa place et une appréciation adéquate dans le cadre d’une recherche sérieuse et sincère. Notre Église et notre foi supportent parfaitement la vérité. »47
24La considération dont Franz Ehrle (lui-même en grande partie un autodidacte, mais caractérisé par un immense zèle, une grande persévérance, une excellente mémoire et une inlassable curiosité scientifique) jouissait de manière universelle au sein de la communauté scientifique, s’est bien manifestée lorsqu’il a reçu, le 4 novembre 1924, ses Mélanges en cinq volumes (plus un album) offerts pour marquer son entrée dans sa 80e année lors d’une grande cérémonie48. De nombreuses lettres de félicitations arrivèrent à Rome. Plus de 80 scientifiques de nombreux pays d’Europe et au-delà ont contribué à cette publication monumentale, en six langues (allemand, anglais, français, italien, latin, espagnol). Pour donner une idée de la diversité des auteurs et de leur réputation dans le monde savant, citons seulement le médiéviste Charles Homer Haskins et le philologue Edward Kennard Rand de l’Université Harvard aux Etats-Unis, le spécialiste des sciences religieuses Masaharu Anesaki de l’Université de Tokio, l’helléniste Thomas William Allen d’Oxford et l’archéologue Thomas Ashby, directeur de la Bristish School de Rome, l’historien de l’art Ernst Steinmann, directeur de la Bibliotheca Hertziana de Rome, et l’historien Paul Fridolin Kehr, directeur général des archives de Prusse et président des Monumenta Germaniae Historica, l’historien de l’Église Guillaume Mollat de Strasbourg et, last but not least, Giovanni Mercati, préfet de la Bibliothèque vaticane49.
25À la cérémonie solennelle (d’un éclat exceptionnel pour un savant) qui eut lieu dans le Braccio Nuovo des Musées du Vatican, plus précisément du Museo Vaticano di Scultura, assistèrent le pape Pie XI, des cardinaux (avec le doyen Vincenzo Vannutelli) et des évêques, le corps diplomatique, de nombreux hauts dignitaires des départements de la Curie et des ordres, des représentants des académies et des universités, des amis et des compagnons de route. La conférence commémorative fut prononcée par le bénédictin Dom Ursmer Berlière, directeur de l’Institut historique belge50. Il commença par s’interroger, de manière toute rhétorique : « … On peut se demander si une cérémonie aussi grandiose que celle à laquelle nous assistons, a jamais couronné une vie consacrée au culte de la science, à l’amour de la vérité, au service de l’Église et de la Papauté. »51 Puis le bénédictin de l’abbaye de Maredsous retraça, plein d’admiration, l’itinéraire d’Ehrle dans l’Église et dans son ordre, la genèse de son œuvre scientifique et son action efficace à la tête de la Bibliothèque vaticane. Il attribua à Franz Ehrle le grand mérite d’avoir fait de la Vaticana « un centre intellectuel et un atelier de production scientifique, qui rivalise avec les plus célèbres Académies du monde »52.
26Puis le pape Pie XI remit les Mélanges, cinq volumes en maroquin rouge, à son prédécesseur comme préfet de la Bibliothèque vaticane, avec les mots : « Tibi tui tua de tuis » (« les tiens t’offrent ce qui te revient à partir de ce que tu leur as donné ») qu’il expliqua par l’estime portée à Ehrle. La cause immédiate des Mélanges et de leur remise solennelle n’était autre qu’Ehrle lui-même, son action pour la Bibliothèque et les Archives, pour le pontificat romain, pour la science et la foi : « la sua vita operosa, la sua attività qui spesa e quanto ha fatto per la Biblioteca, per l’Archivio, per il Pontificato Romano, per la Scienza, per la Fede. »53 L’évêque de Rome commenta les mots « de tuis » : « perchè nella mole di questi cinque volumi appare chiara e sensibile la luce riflessa dagli scritti di Lei, l’eco viva e palpitante delle sue benefiche suggestioni, l’influsso del suo lavoro. »54 À la fin de la cérémonie, le pape Pie XI donna sa bénédiction apostolique à tous les présents.
27Les cinq volumes des Mélanges étaient structurés selon les thèmes principaux des recherches de Franz Ehrle : l’histoire de la théologie et de la philosophie, l’histoire de la ville de Rome, l’histoire ecclésiastique et profane du Moyen Âge, la paléographie et la diplomatique.
28Des universités ont honoré Franz Ehrle en lui décernant le doctorat honoris causa : ainsi celles d’Oxford et de Cambridge, de Louvain et de Cologne, de Münster et de Bonn, de Tübingen et de Munich. De plus, il a été nommé membre ou correspondant par des académies en Allemagne et à l’étranger. Citons entre autres les académies de Berlin, de Göttingen, de Munich, de Vienne, de Barcelone et, à Paris, l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
29Cosmopolitisme et enracinement régional dans son Allgäu souabe natal, où Franz Ehrle est revenu chaque année, jusqu’à sa nomination cardinalice en 1922, pendant plusieurs semaines pour visiter ses parents à Isny, Leutkirch et Ravensbourg55, étaient chez lui indissociables. Toute sa vie, il est resté enraciné dans son pays et a manifesté son intérêt pour l’histoire et la culture de celui-ci. On le voit par exemple lors de la parution de plusieurs volumes de la « Geschichte des Allgäus » de Franz Ludwig Baumann (vol. 1-4, Kempten, de 1883 à 1938) et il lisait régulièrement le journal hebdomadaire de Stuttgart « Katholisches Sonntagsblatt » pour lequel il a écrit à l’occasion des articles56. Un compatriote souabe originaire de Rottweil, Franz Xaver Wernz, est devenu en 1904, pendant les années romaines d’Ehrle, recteur de l’Université grégorienne et, deux ans plus tard, général des jésuites, charge qu’il exerça jusqu’au sa mort en 1914. Ehrle lui consacra un article dans les « Stimmen der Zeit »57.
30En acceptant en 1930 la charge de protecteur du Campo Santo Teutonico près de la basilique Saint-Pierre, plus précisément de l’archiconfraternité de la douloureuse Mère de Dieu et du collège des prêtres, il renforça les liens avec Allemagne58. Cinq ans plus tôt, la Görres Gesellschaft lui avait conféré la présidence d’honneur.
31Franz Ehrle, caractérisé par l’humour et la bonté, un caractère pondéré et une courtoisie exquise, parlait, à côté de l’allemand, couramment latin, anglais, français et italien, il savait se montrer à la fois aimable et habile sur la scène scientifique. Presque jusqu’à la fin de sa vie, où il a souffert d’asthme et d’une cataracte liée à l’âge, il a participé à la vie scientifique. Devenu quasiment aveugle, il est mort le 31 mars 1934, le samedi avant Pâques, très tôt, à 1 h 07 du matin. Le requiem fut célébré dans l’église romaine de S. Ignazio le 5 avril 1934. Il a trouvé le dernier repos au cimetière romain du Campo Verano, dans la chapelle funéraire des jésuites près de la basilique S. Lorenzo fuori le mura.
32Les contributions qui suivent ont été rédigées par des spécialistes d’histoire, de théologie et de philosophie ; elles sont toutes issues des conférences prononcées dans le cadre du colloque interdisciplinaire de Rome en 2015. Ces contributions rappellent la vie et l’œuvre de Franz Ehrle, avec beaucoup d’éléments nouveaux et inédits, et éclairent le rôle et le rayonnement de celui-ci dans les réseaux savants, dans le monde des universités et de la recherche de son temps, tout cela apprécié de manière critique. Ainsi son importance et ses mérites dans l’Église et la société, dans la science et la culture se dessinent-ils clairement par-delà les limites strictes des XIXe et XXe siècles.
33Pour clore ces remarques introductives, les organisateurs du colloque et éditeurs scientifiques du volume tiennent à témoigner de leur reconnaissance par de multiples remerciements. Cette reconnaissance va d’une part aux auteurs pour leurs contributions reprenant les conférences prononcées au Römisches Institut der Görres-Gesellschaft et à l’École française de Rome, d’autre part aux mécènes pour leurs subventions financières au colloque et à la publication des actes. Nous remercions tout particulièrement l’Association des diocèses d’Allemagne, l’archidiocèse de Fribourg, le diocèse de Graz-Seckau, l’évêché de Ratisbonne et le diocèse de Rottenburg-Stuttgart, plus les provinces des Jésuites d’Allemagne, d’Autriche et de Suisse, l’ambassade d’Allemagne auprès du Saint-Siège, ainsi que la fondation Oberschwaben et la ville d’Isny en Allgäu, et enfin l’université Paris XIII – Sorbonne Paris Cité et le laboratoire Pléiade / CRESC (Centre de Recherche sur les Espaces, les Sociétés et les Cultures).
34Nous exprimons aussi notre gratitude à la Directrice et au Conseil scientifique de l’École française de Rome qui ont accepté de publier les actes de ce colloque dans la prestigieuse « Collection de l’École française de Rome ». M. Franco Bruni a assuré le traitement technique du manuscit. Pour la traduction et la correction des résumés anglais, les éditeurs ont bénéficié de l’aide de David G. Schultenover s.j. (Marquette University, Milwaukee, USA) et de l’abbé Cuthbert Brogan, OSB, de St. Michael Abbey à Farnborough près de Londres. Le Dr. Herbert Meßner de Graz a également participé à la correction des épreuves. Que tous soient cordialement remerciés.
35 Qui accède de nos jours par la porte de Sant’Anna – à un jet de pierre à droite des colonnades de la place Saint Pierre – à la Cité du Vatican, en passant à côté de la tour massive du pape Nicolas V (1447-1455) et en gagnant la cour de Belvédère conçue par l’architecte Donato Bramante à la Renaissance, d’où on aperçoit la partie médiévale du palais des papes imbriquée dans l’ensemble (avec l’Appartamento Borgia et les Stanze de Raphaël) ainsi que l’impressionnante coupole de la basilique Saint-Pierre dominant le tout, arrive finalement à l’extrémité droite de la cour à l’aile érigée par le pape franciscain Sixte V (1585-1590), avec l’entrée principale de la Vaticana, et entre ainsi dans le monde riche de traditions et fascinant de la bibliothèque. Là, l’usager peut consulter les trésors des imprimés et des manuscrits accumulés au cours des siècles, dans les salles de lecture, sous le regard à la fois grave et bienveillant de Franz Ehrle, de ses prédécesseurs et de ses successeurs cardinaux bibliothécaires de l’Église romaine dont les portraits ornent les murs ; il peut voir, le cas échéant, dans le Salone Sisto richement pourvu de fresques, les manuscrits, livres et objets qui y sont volontiers exposés. Jouissant de ce lieu magnifique du patrimoine universel, vrai lieu de mémoire, il peut suivre les traces du jésuite Franz Ehrle et s’insérer en pensée dans la vaste cohorte des savants illustres du monde entier, qui ont fait ici des recherches, ont échangé leurs idées et préparé des ouvrages fondamentaux pour la science et la culture. Il pourra aussi entrevoir, grâce au présent volume, tout ce que la Bibliothèque vaticane doit au préfet et cardinal Franz Ehrle de Souabe, à son engagement inlassable et sa clairvoyance – et aussi ce que lui doivent l’Église et la papauté, l’ordre des jésuites et la communauté scientifique à travers le monde.
Notes de bas de page
1 L. von Pastor, Tagebücher – Briefe – Erinnerungen, W. Wühr (éd.), Heidelberg, 1950, p. 758. À cet historien a été consacré un colloque international intitulé « Ludwig von Pastor (1854-1928) : professeur, historien des papes, directeur de l’Institut historique autrichien de Rome et diplomate » qui s’est tenu les 22 et 23 février 2018 au Römisches Institut der Görres-Gesellschaft et à l’École française de Rome. L’édition des actes sera préparée par les organisateurs du colloque, Andreas Sohn et Jacques Verger : nous y renvoyons par avance.
2 Sur Franz Ehrle (entre autres) : F. Pelster, Franz Kardinal Ehrle als Bibliothekar der Vaticana, dans Sankt Wiborada. Bibliophiles Jahrbuch für katholisches Geistesleben 1, 1933, p. 134-149 ; M. Grabmann, Franz Ehrle, dans Jahrbuch der Bayerischen Akademie der Wissenschaften 67, 1933/34, p. 27-40 ; Id., Kardinal Franz Ehrle S. J., dans Historisches Jahrbuch 127, 1934, p. 217-225 ; H. Finke, Kardinal Franz Ehrle S. J. in memoriam, dans Historisches Jahrbuch 54, 1934, p. 289-293 ; É. Jordan, S. E. le cardinal Ehrle, dans Revue historique 174, 1934, p. 178-179 ; nécrologie d’A. Pelzer dans Revue d’histoire ecclésiastique 30, 1934, p. 981-982 ; R. M. Huber, Francis Cardinal Ehrle, S.J., 1845- 1934 : In memoriam, dans The Catholic Historical Review 20, 1934, p. 175-184 ; P. Mazon, Éloge funèbre de Son Ém. le cardinal Ehrle, correspondant étranger de l’Académie, dans Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres 78, 1934, p. 82-85 ; K. Christ, Kardinal Franz Ehrle, dans Zentralblatt für Bibliothekswesen 52, 1935, p. 1-47 ; E. Carusi, Il cardinale Francesco Ehrle, dans Archivio della R. Deputazione romana di storia patria 58, 1935, p. 208-210 ; A. Hagen, Gestalten aus dem schwäbischen Katholizismus, vol. 2, Stuttgart 1950, p. 381-411 ; A. Pelzer, (art.) Ehrle, François, dans Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, vol. 15, Paris, 1963, col. 65-69 ; H. Binder, Franz Ehrle SJ. Mittelalterhistoriker, Präfekt der Bibliotheca Vaticana, Kurienkardinal 1845-1934, dans G. Taddey et R. Brüning (éd.), Lebensbilder aus Baden-Württemberg, vol. 22, Stuttgart, 2007, p. 281-306 ; K. Schatz, Geschichte der deutschen Jesuiten (1814- 1983), vol. I-V, Münster, 2013, ici vol. II, p. 3-4, 106-107, 166, vol. III, p. 31-32, vol. V, p. 152.
3 Franz Ehrle a informé ses parents de son nouveau lieu de travail dans une lettre datant du 13 septembre 1874 : « Ditton-Hall, Ditton near Warrington, Lancashire, Angleterre (Ditton-Hall est le nom de notre maison, Ditton la localité à laquelle elle appartient, Warrington le bureau de poste le plus proche, Lancashire le comté, dans lequel nous habitons) » (K. O. Müller, Aus Familienbriefen des Kardinals Franz Ehrle, dans Theologische Quartalschrift 116, 1935, p. 1-52, ici p. 10). Sur Ditton Hall : Schatz, Geschichte (voir note 2), vol. II, p. 39-42.
4 A.- M. [le prêtre Alfons Müller, neveu d‘Ehrle], Erinnerungen an Kardinal Ehrle, dans Rottenburger Monatschrift für praktische Theologie 18, 1934-35, p. 161-168, voir p. 6, 22.
5 Sur la collaboration d’Ehrle à la revue jésuite de culture, voir la contribution d’Andreas R. Batlogg dans ce volume.
6 R. Elze, Das Deutsche Historische Institut in Rom 1888-1988, dans Id. et A. Esch (éd.), Das Deutsche Historische Institut in Rom 1888-1988, Tübingen, 1990 (Bibliothek des Deutschen Historischen Instituts in Rom, 70), p. 1-31, voir p. 1.
7 A. Sohn, J. Verger, M. Zink (éd.), Heinrich Denifle (1844-1905). Un savant dominicain entre Graz, Rome et Paris / Ein dominikanischer Gelehrter zwischen Graz, Rom und Paris, Paris, 2015 (Collection de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres).
8 F. Ehrle, Benedikt XV. und die Lösung der römischen Frage, dans Stimmen der Zeit 91, 1916, p. 505-535, voir p. 521.
9 Soulignons l’intérêt particulier du volume suivant publié à titre posthume : F. Ehrle, H. Egger (éd.), Der vaticanische Palast in seiner Entwicklung bis zur Mitte des XV. Jahrhunderts, Città del Vaticano, 1935 (Studi e documenti per la storia del Palazzo Apostolico Vaticano, 5).
10 Müller, Erinnerungen (voir note 4), p. 35, 41.
11 Ibid., p. 41.
12 Ibid., p. 35. – Quant à la situation du logement, je remercie Madame Christine Maria Grafinger (Bibliothèque vaticane) pour cette information fournie le 21 août 2017.
13 Müller, Erinnerungen (voir note 4), p. 49-50.
14 C. Gröber, Römisches Tagebuch, éd. par J. Werner, Freiburg, 2012, p. 293.
15 Ibid.
16 Müller, Erinnerungen (voir note 4), p. 33-35.
17 Ibid., p. 35.
18 Ibid., p. 37-38.
19 Ibid., p. 38.
20 Voir la liste des publications (1879-1932) sans les comptes rendus établie par Pelster, Franz Kardinal Ehrle (voir note 2), p. 145-149.
21 F. Ehrle, I più antichi statuti della Facoltà teologica dell’Università di Bologna. Contributo alla storia della scolastica medievale, Bologna, 1932 (Universitatis Bonoviensis Monumenta, 1).
22 Voir ici seulement F. Ehrle, Das Studium der Handschriften der mittelalterlichen Scholastik mit besonderer Berücksichtigung der Schule des heiligen Bonaventura, dans Zeitschrift für katholische Theologie 7, 1883, p. 1-51 ; F. Ehrle, Gesammelte Aufsätze zur englischen Scholastik, éd. par F. Pelster, Roma 1970 (Storia e letteratura. Raccolta di studi e testi, 50) ; P. Gangl, Franz Ehrle (1845- 1934) und die Erneuerung der Scholastik nach der Enzyklika„ Aeterni Patris“, Regensburg, 2006 (Quellen und Studien zur neueren Theologiegeschichte, 7).
23 F. Ehrle, Die Ehrentitel der scholastischen Lehrer des Mittelalters, München, 1919 (Sitzungsberichte der Bayerischen Akademie der Wissenschaften. Philosophisch-philologische und historische Klasse, Jahrgang 1919, 9. Abhandlung). Sur le rapport avec le développement de l’histoire de l’éducation et des universités, ainsi que sur les représentations iconographiques : A. Sohn, „ Wissen dieser Welt“ : Die Franziskaner als Träger und Mittler von Bildung und Kultur, Wissenschaft und Religion, dans C. Stiegemann, B. Schmies, H.-D. Heimann (éd.), Franziskus – Licht aus Assisi. Katalog zur Ausstellung im Erzbischöflichen Diözesanmuseum und im Franziskanerkloster Paderborn, München, 2011, p. 100-107 ; A. Sohn, Studium und Universität im Zeichen der Armut ? Zu den Franziskanern in der europäischen Bildungsgeschichte, in H.-D. Heimann, A. Hilsebein, B. Schmies, C. Stiegemann (éd.), Gelobte Armut. Armutskonzepte der franziskanischen Ordensfamilie vom Mittelalter bis in die Gegenwart, Paderborn, 2012, p. 155-182.
24 Cf. Pelster, Franz Kardinal Ehrle (voir note 2), p. 145-148.
25 Ehrle, Benedikt XV. (voir note 8), p. 505-535 ; Id., Die römische Frage. Übersicht, dans Stimmen der Zeit 92, 1916, p. 79-94 ; Id., Weitere Erörterungen zur römischen Frage, dans Stimmen der Zeit 92, 1917, p. 481-494. Voir aussi la contribution de Stefan Gatzhammer dans ce volume.
26 Cf. Ehrle, Benedikt XV. (voir note 8), p. 520-523.
27 Voir F. Ehrle, Bibliothektechnisches aus der Vatikana, dans Zentralblatt für Bibliothekswesen 33, 1916, p. 197-227.
28 Ibid., p. 202.
29 Ibid., p. 202.
30 Ibid., p. 202-204 ; Christ, Kardinal Franz Ehrle (voir note 2), p. 8.
31 Sur Pie XI et son pontificat, retenir d’une abondante bibliographie : Achille Ratti. Pape Pie XI. Actes du colloque de Rome (15-18 mars 1989) organisé par l’École française de Rome en collaboration avec l’Université de Lille III – Greco n° 2 du CNRS, l’Università degli studi di Milano, l’Università degli studi di Roma – « La Sapienza », la Bibliotheca Ambrosiana, Rome 1996 (Collection de l’École française de Rome, 223), où on retiendra entre autres J. Ruysschaert, Pie XI, un bibliothécaire devenu pape et resté bibliothécaire, p. 245-253.
32 Christ, Kardinal Franz Ehrle (voir note 2), p. 10.
33 Ehrle, Bibliothektechnisches (voir note 27), p. 206-211 et, concernant les mesures contre les risques d’incendie, p. 222-225 ; de plus, Id., Die Überführung der gedruckten Bücher der Vaticana aus dem Appartamento Borgia in die neue Leoninische Bibliothek und ihre Neuordnung, dans Zentralblatt für Bibliothekswesen 8, 1891, p. 504-510 ; Christ, Kardinal Franz Ehrle (voir note 2), p. 6-18. Voir aussi la contribution de Christine Maria Grafinger dans ce volume.
34 Sur le cardinal secrétaire d’État Rampolla et Ehrle : Christ, Kardinal Franz Ehrle (voir note 2), p. 11-12.
35 Sur les nouvelles acquisitions : Ehrle, Bibliothektechnisches (voir note 27), p. 215-222. L’achat de la Borghesiana (bibliothèque Borghese) a été proposé par Ehrle en tant que membre du Conseil d’administration de la Bibliothèque vaticane en 1891 (ibid., 215-218).
36 Pelster, Franz Kardinal Ehrle (voir note 2), p. 142.
37 F. Ehrle, Über die Erhaltung und Ausbesserung alter Handschriften, in Zentralblatt für Bibliothekswesen 15, 1898, p. 17-33 ; Christ, Kardinal Franz Ehrle (voir note 2), p. 36-39.
38 Sur l’emploi de la photographie, voir Ehrle, Bibliothektechnisches (voir note 27), p. 225-227.
39 Grabmann, Franz Ehrle (voir note 2), p. 32.
40 Ehrle, Bibliothektechnisches (voir note 27), p. 223-224 ; Christ, Kardinal Franz Ehrle (voir note 2), p. 45.
41 Christ, Kardinal Franz Ehrle (voir note 2), p. 21-22 (« une maîtrise de l’administration de la bibliothèque in nuce…, dans sa brièveté, sa clarté et son objectivité un petit chef-œuvre de la pratique bibliothécaire », p. 22).
42 À l’occasion de son jubilé pour les 70 ans d’appartenance à l’ordre, le cardinal Ehrle a reconnu rétrospectivement le 31 septembre 1931 : « Tout ce que je suis, ce que je sais ou que j’ai, je le dois à la Société de Jésus… » (Müller, Erinnerungen (voir note 4), p. 168).
43 Grabmann, Kardinal Franz Ehrle (voir note 2), p. 224.
44 Voir Hans Lietzmann dans la nécrologie parue dans la„ Deutsche Allgemeine Zeitung“du 1er avril 1934 : « Comme préfet de la Bibliothèque vaticane, il a rendu des services impérissables à la science et il a été pour de nombreux savants de toutes les nations un protecteur consciencieux et compétent dans leurs études, leur apportant assistance et conseil dans les multiples difficultés, que les complications de la vie romaine opposent à la curiosité scientifique. Sa vie et son action n’ont pas été consacrées à ses propres désirs, il y a globalement renoncé pour servir les autres. » (cité d’après Grabmann, Kardinal Franz Ehrle (voir note 2), p. 219). De plus, Johannes Haller, Lebenserinnerungen. Gesehenes – Gehörtes – Gedachtes, Stuttgart, 1960, p. 123, 177-179.
45 Christ, Kardinal Franz Ehrle (voir note 2), p. 9.
46 Cité d’après Christ, Kardinal Franz Ehrle (voir note 2), p. 23.
47 Ehrle, Bibliothektechnisches (voir note 27), p. 226.
48 Miscellanea Francesco Ehrle : scritti di storia e paleografia. Pubbl. sotto gli auspici di S. S. Pio XI in occasione dell’ottantesimo natalizio dell’E.mo Cardinale Francesco Ehrle, vol. 1-5, Roma, 1924 (Studi e testi, 37-41), Album : Pubblicazioni dell’E.mo Ehrle (Studi e testi, 42).
49 Sur Franz Ehrle et Giovanni Mercati, voir la contribution de Paolo Vian dans ce volume.
50 Sur Ursmer Berlière, voir Bernard Lorent, Dom Ursmer Berlière (1861-1932). Un historien belge au service de la gloire de Dieu, de l’honneur de l‘Église et du bien de l’Ordre, dans A. Sohn (éd.), Benediktiner als Historiker, Bochum, 2016 (Ouvertures. Perspectives interculturelles en histoire, politique et religion, 5), p. 181-192.
51 La conférence de Dom Ursmer Berlière se trouve dans Album (voir note 48), p. 57-63, citation à la p. 57.
52 Album (voir note 48), p. 60.
53 L’allocution du pape se trouve dans Album (voir note 48), p. 67-70, citation à la p. 68.
54 Ibid., p. 69.
55 Müller, Erinnerungen (voir note 4), p. 166.
56 Voir la lettre d’Ehrle du 14 septembre 1889 adressée à sa sœur Anna, publiée par Müller, Aus Familienbriefen (voir note 3), p. 31 ; Hagen, Gestalten (voir note 2), p. 407.
57 F. Ehrle, Franz Xaver Wernz, der 25. General der Gesellschaft Jesu, dans Stimmen der Zeit 90, 1916, p. 340-354.
58 Sur cet aspect, voir la contribution de Stefan Heid dans ce volume. En 1930, le cardinal Ehrle est devenu également protecteur du collège des Écossais situé dans la Via delle Quattro Fontane.
Auteur
Professor Dr. Andreas Sohn, Universität Paris XIII-Sorbonne Paris Cité – Professeur à l’Université Paris XIII-Sorbonne Paris Cité.
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