Machiavel, Guicciardini et François Ier
Florence et le roi de France à la lumière des écrits de quelques hommes politiques et historiens florentins…
p. 155-176
Résumé
L’intervention n’aura pas de visée monographique et, plus que de s’intéresser à la cohérence de la pensée machiavélienne ou guichardinienne, elle tentera d’examiner si l’on peut déceler dans leurs écrits l’illustration d’un traitement « florentin » de la question posée, en mettant l’accent sur la confusion juridico-politique induite dans la politique de Florence par l’accès au pontificat de deux papes Médicis, Léon X et Clément VII. Ce sera l’occasion d’expliquer les raisons pour lesquelles les deux républicains florentins laissent au souverain français une place qui n’est pas dénuée d’ambiguïté dans leurs fragments d’histoires contemporaine des guerres d’Italie et dans leurs réflexions politiques en faisant la part des deux types de sources à notre disposition (immédiates – correspondances et textes d’occasion – et postérieures – écriture de l’histoire et réflexion politique a poster-iori).
Texte intégral
Considérations préliminaires
1Proposer une contribution sur le François Ier de Machiavel et Guicciardini pourrait sembler quelque peu hétérogène dans une suite de contributions sur les relations entre le roi de France et tel ou tel territoire de l’espace politique italien. J’espère qu’il n’en est pas ainsi et que l’on acceptera de penser que mon propos n’est évidemment pas ici d’ordre monographique. Il s’agit pour moi d’aborder la question des relations entre Florence et le roi de France à partir d’un corpus de textes circonscrit dans la mesure où à chaque page qu’écrivent ces historiens et hommes politiques florentins célèbres ils sont encore, et parfois d’abord, des citoyens florentins avant d’être des « auteurs » se pensant comme tels. En outre, Machiavel et Guicciardini, dont il sera principalement question ici, ne sont que deux arbres d’une forêt d’acteurs et de penseurs de la politique et de l’histoire du temps présent (par exemple, pour n’en citer que deux autres qui seront évoqués plus loin, Francesco Vettori et Donato Giannotti). Ces acteurs/auteurs ne pensent pas tous la même chose mais ils portent tous une attention particulière au sort de leur patrie que tous savent fragile et menacée d’écroulement dans un état de guerre permanent. Parler de Machiavel, Guicciardini et François Ier pourrait ainsi être utile notamment pour, d’une part, poser la question générale des alliances diplomatiques comme composante d’un rapport de force militaire asymétrique (entre une petite république et un grande monarchie nationale) et pour, d’autre part, poser l’autre question – plus particulière – de l’évolution de la traditionnelle alliance française qui fut toujours essentielle pour Florence, au moins jusqu’aux années 1530. Ce second point est d’autant plus crucial qu’il s’agit d’un moment historique où se succèdent (hormis le bref intermède d’Adrien VI) deux papes florentins et Médicis (Léon X et Clément VII) : les vingt premières années du règne de François Ier coïncide avec ces deux pontificats qui placent évidemment Florence dans une situation très particulière étant donné que les intérêts supérieurs de l’État pontifical et ceux de l’État florentin, qui ne sont pas nécessairement les mêmes, sont dès lors étroitement liés : peu de temps avant le début du règne de François Ier en 1514, une lettre adressée à Laurent de Médicis le Jeune par Francesco Pandolfini, ambassadeur florentin en France, évoque ainsi la « totale dipendenza che hanno le cose della città e di Vostra Signoria dalla santità del Papa »1.
2La chose se complique aussi si l’on prend en compte les trajectoires personnelles de Machiavel et Guicciardini. Certes Machiavel est écarté de toute responsabilité importante à partir d’octobre 1512, bien avant le début du moment historique qui nous intéresse, et il le restera quasiment jusqu’à sa mort en 1527 ; mais cela ne l’empêche pas d’échanger régulièrement avec ses amis qui sont aux affaires (et de leur donner son avis)2. Quant à Francesco Guicciardini, sa brillante carrière de fonctionnaire pontifical commence justement en 1516, quelques mois après la bataille de Marignan. D’abord gouverneur de Modène et Reggio, puis de Parme, aux frontières de l’État pontifical, Guicciardini deviendra par la suite gouverneur de la Romagne puis ministre du pape Clément VII, après la bataille de Pavie, en 1525, durant les mois de « prison » de François Ier. Il finira par être nommé Lieutenant-Général du pape lors de la calamiteuse Ligue de Cognac en 1526-1527. À partir de 1530 et jusqu’à la mort de Clément VII il occupe encore des charges importantes en Romagne, avant passer les dernières années de sa vie, retiré de la politique active, à écrire sa monumentale Storia d’Italia (rédaction sur laquelle il meurt en 1540)3.
3On pourra donc dire que se croisent dans la présente contribution trois composantes. En premier lieu, on doit considérer la trajectoire personnelle d’un Florentin (Guicciardini) fonctionnaire pontifical, aux prises avec la gestion (et la défense !) de trois villes (Modène, Reggio Emilia et Parme) qui étaient disputées entre trois entités politiques (le Duché de Ferrare, le Duché de Milan conquis par François Ier, et l’État pontifical).
4En deuxième lieu, il faut tenir compte du jeu complexe du souverain français, qui, tour à tour ou en même temps, s’appuie sur la conquête territoriale directe (Milan ou Gênes), sur les alliances matrimoniales avec la famille Médicis (les trois « mariages français » d’abord de Julien et de Laurent le jeune puis, presque vingt ans plus tard, de Catherine), sur les conspirations et l’appui accordé à telle ou telle faction (pensons aux fuorusciti républicains qui tiennent le haut du pavé à la Cour de France), sur une simple influence de nature hégémonique sans prétendre à une domination directe (pour toute l’Italie du nord), sur les enjeux financiers (l’argent des banquiers florentins finance souvent les campagnes françaises), enfin sur la constitution, plus tard, d’une sorte d’avant-poste militarisé au Piémont, le tout se déroulant, dans le cadre de l’évolution permanente de la rivalité des Valois et des Habsbourg. Il va de soi que selon que prévaut tel ou tel aspect de ce grand jeu compliqué, la place et la fonction de l’alliance possible avec Florence évolue.
5Enfin, comme troisième et dernier point, on remarquera qu’une complication ultérieure naît de ce que notre corpus de référence propose un mélange de sources polymorphes, soit immédiates (les correspondances ou les textes d’intervention) soit décalées dans le temps (le Sommario de Francesco Vettori, la Storia d’Italia de Guicciardini, le De republica de Giannotti). Les premières sont parties prenantes de la pratique directe des affaires publique ou de l’analyse politique « privée » entre amis, tandis que les secondes entendent mettre en évidence, a posteriori, une forme de rationalisation des événements et une mise en récit susceptible de leur donner une continuité, sinon une cohérence. Et il va évidemment de soi qu’on ne peut traiter de la même façon ces deux types de sources.
6Comme ultime considération préliminaire j’ajouterai un certain nombre de perceptions qui sont partagées par nombre des Florentins amenés à juger de ce qui advient durant le règne de François Ier. Nommons-en quatre. La première est la perception qu’il existe une confusion entre une perspective de nature dynastique (liée aux Médicis comme clan) et les questions propres à ce qui reste de la République florentine comme collectivité paritaire sinon égalitaire4. La deuxième perception concerne la confusion entre les intérêts de Florence et ceux de l’État pontifical. La troisième concerne l’héritage d’une alliance française de longue durée (depuis le règne de Louis XI) avec la compréhension croissante des illusions dont cette tradition est porteuse5. La quatrième, et dernière, naît de l’expérience douloureuse de la faiblesse militaire endémique de la République face à la force militaire des monarchies nationales, française ou espagnole.
7Pour la clarté de mon propos, après ces considérations préliminaires (dont les textes que j’évoquerai par la suite offrent d’ailleurs de multiples illustrations), je distinguerai quatre moments différents : le moment-Marignan et le début du règne (centré autour de la question de la neutralité et de la crainte de la force du nouveau roi) ; la campagne de 1521-22 (comme illustration de la dépendance de la politique florentine par rapport à celle des papes – Léon X, puis Adrien VI) dans laquelle le roi de France est un rival et un ennemi ; la guerre de 1526-27 (avec la construction d’une logique italienne dans laquelle le roi de France est un allié nécessaire dans la perspective d’une ultime tentative pour rechercher un équilibre anti-impérial) ; la fin des années 1530, enfin (comme moment de l’analyse par les Florentins de ce qui fut pour eux un tournant de leur histoire et de celle de la péninsule).
L’expérience de la force et la question de la neutralité (1515-1516) : François Ier n’est pas un roi italien
8Machiavel, dans ses lettres de 1512 à la fin de 1514, s’attarde souvent sur l’analyse des rapports de forces européens6. Plus que les intentions du souverain français, comme personne, il fonde son raisonnement sur la compréhension de la force structurelle du Royaume et les potentialités de sa politique italienne : ainsi, même au moment où la fortune des armes ne sourit pas à Louis XII, en 1513-14, le Secrétaire florentin reste persuadé que les Français reviendront vite dans le Milanais, qu’ils l’emporteront sur les Suisses et que l’intérêt du pape Léon X est de s’allier avec les Français en écartant la tentation de la neutralité : même en cas de défaite française, il sera en effet allié avec « un principe che, o per accordo o per guerra, può in mille modi resurgere »7. Machiavel semble avoir été alors l’une de rares personnes à déconseiller au pape la neutralité8. Il n’est pas interdit de penser que Machiavel ait ainsi influencé son correspondant et ami Francesco Vettori, ambassadeur de Florence à Rome durant cette période, et renforcé le choix clair de ce dernier en faveur du parti pro-français en 1515. Pourtant, on remarquera que, plus tard, dans les Discours, Machiavel évoque à plusieurs reprises Marignan mais jamais pour faire l’éloge de François Ier : Marignan y est un modèle d’analyse des rapports de forces internationaux9 ou encore un exemple de l’importance de l’infanterie dans les combats10, voire un cas d’école de l’impossibilité de prévoir les mouvements de l’adversaire sur le champ de bataille11, ou de la nécessité de ne pas croire qu’on peut tenir aisément les cols (i passi). Il n’y a donc pas d’évolution spécifique de la pensée machiavélienne liée à l’accession au trône du nouveau roi.
9Pour Guicciardini, nous avons en revanche ses réactions après Marignan dans trois types d’écrits distincts : une série de lettres à son frère Luigi ; un discours inachevé adressé au pape et au roi au moment de leur rencontre à Bologne peu après la victoire française12 et, enfin, un « discours sur la descente de François Ier », de datation discutable et discutée, mais dont la rédaction pourrait remonter, selon moi, à la période qui va de l’été 1515 au début de l’année 151613. Guicciardini, à partir de l’été 1515, s’attarde beaucoup dans ses lettres comme dans son « discours », sur le danger que peut présenter pour Florence après Marignan l’éventuel échec d’un accord entre le roi et le pape, sur le fait qu’une victoire pourrait ouvrir au roi la voie à une nouvelle chevauchée vers le Royaume de Naples dont Florence au passage subirait le contrecoup. Pourtant huit mois plus tôt, de façon beaucoup moins lucide, ce même Guicciardini espérait que le nouveau roi renoncerait à une nouvelle aventure italienne : dans sa lettre du 22 janvier 1515 de Florence, adressée à son frère Luigi, il annonce la mort de Louis XII et le sacre de François Ier qui est vu comme une bonne nouvelle pour Florence car il éloigne d’autant la perspective d’une nouvelle campagne française en Italie14. Dans cette analyse hypothétique, Guicciardini adopte un ton très différent de celui des lettres de Machiavel dans ces mêmes circonstances : il raisonne en Toscan soucieux de la paix et jouant sur les temps, alors que Machiavel intervient au nom d’une lucidité politique soucieuse des rapports de force15. Quoi qu’il en soit, un peu plus tard, au mois d’août, Guicciardini revient à une analyse proche de celle de Machiavel en notant dans une lettre du 25 août que, sauf miracle, le roi est maître du Milanais et que le pape a commis deux erreurs majeures en se déclarant contre lui et, qui plus est, en le faisant trop tard16. Et le 5-6 septembre il est encore plus net en déclarant :
credo che el re imputi al papa quasi tucta questa cosa de’ Svizzeri ché, se si perde ci giuocha lo stato di costoro e delli amici, el dominio che ha la cictà e le substantie di tucto lo universale in publico et in privato ; se si vince, non so già quello che ci vinceremo. Dio ci aiuti17.
10On retrouve ce passage d’un espoir fugace à la peur toujours plus grande d’un effet catastrophique pour Florence de la nouvelle descente des Français en Italie dans le discours d’occasion : c’est même ce passage qui y est structurant dans un texte ouvert par un rappel des malheurs de l’Italie :
La condizione e sorte di Italia vuole che né le guerre cominciate di là da’ monti, né lo essersi mutati principi, basti alla quiete italiana ; anzi ogni cosa che pare che dia disturbo a chi volessi assaltarla riesce, in spazio di tempo, piú fresco e piú potente a travagliarla (p. 18)18.
11Plus loin, Guicciardini affirme de même : « Vuole la mala fortuna di Italia così, e che doppo uno incendio e travaglio ne nasca subito sempre uno altro maggiore e piú pericoloso » (p. 19). Il continue sur les espoirs vains nourris un court moment juste après l’avènement de François Ier (avec l’anaphore de « sperossi » – p. 18 – espoirs qui ne sont pas repris lors de l’écriture du passage correspondant de la Storia d’Italia). De François Ier il est alors dit qu’il est « piú giovane e però piú animoso e piú feroce » et « in maggiore credito e benivolenzia co’ signori e gentiluomini del regno che non era el re passato » (p. 19) – toutes choses qui ne sont pas reprises non plus dans la Storia d’Italia19. On retrouve en revanche deux points constamment présents dans les réflexions sur les entreprises de François Ier en Italie : d’une part, ces dernières sont menées avec de tels moyens qu’il serait absurde de les négliger et, de l’autre, on est en droit de nourrir des interrogations légitimes sur le sens qu’il convient de leur donner. En d’autres termes, il est certain que l’action du roi sera bouleversante mais il n’est pas évident de savoir sous quelles formes et, surtout, avec quels effets. Guicciardini évalue ainsi dans un de ces discours en partie double qui lui sont familiers les qualités et les défauts des adversaires en présence, leurs forces et leurs faiblesses pour en conclure qu’en définitive, ce sont les Français qui sont dans la meilleure situation et qu’il convient donc de se demander ce qu’ils pourraient bien faire de leur victoire éventuelle. Et là, le raisonnement en trois points du Florentin est dénué d’ambiguïté : d’abord, il est clair que c’est Naples qui sera l’objectif du roi une fois Milan reprise20 ; ensuite, il se pourrait même qu’il s’en prenne au pape21 ; enfin, même s’il laisse le pape tranquille le roi pourrait bien s’en prendre à Florence22. Pourtant « l’effet » (lo effetto) des événements sera moins lourd de conséquences : après une possible (probable ?) rupture dans la rédaction de ce court texte, Guicciardini présente rapidement l’accord entre le pape et le roi et conclut (p. 22) :
Avuta questa vittoria, el re, nonostante che el papa avessi fatto lega colli inimici sua, dati danari grossamente a’ svizzeri e mandato loro certi sua condottieri con qualche gente d’arme, e tenuto pratiche colli spagnuoli di unirsi tutti insieme colle gente della Chiesa e nostre, co’ svizzeri, nondimeno fece demonstrazione di desiderare grandemente l’accordo con Sua Santitá ; quale finalmente si concluse con capituli e condizione grande per el papa e per li sua, e sanza carico o spesa alcuna della cittá.
12On remarquera que les derniers mots du discours sont pour relever que l’accord ne coûta rien « à la cité », à Florence, ce qui était proprement inespéré dans une telle conjoncture.
13Machiavel et Guicciardini recommandent donc tous les deux la paix et un accord entre le pape et le nouveau roi de France mais ils le font au nom de raisonnements partiellement différents quoique complémentaires23. Machiavel raisonne à partir d’une analyse de moyenne durée portant sur la force de la France et l’analyse des rapports de force européens et des intérêts de Léon X, quel que soit le souverain français24. Au contraire, Guicciardini privilégie l’examen d’une conjoncture immédiate si l’on en croit sa lettre du 28 settembre 1515 dans laquelle il remarque que si le pape refuse les termes de l’accord, il sera à la merci du roi de France25. Tous deux savent d’ailleurs parfaitement ce qu’il en a coûté à Florence d’adopter une neutralité défaillante en 1512 après la bataille de Ravenne et ils ne veulent pas que l’expérience se répète26.
14Le discours inachevé adressé au roi et au pape par Guicciardini représente en revanche un cas d’espèce particulier car il intègre au pied de la lettre les axes majeurs des discours officiels du roi et du pape avec l’éloge notamment de la croisade à mettre sur pied et la référence à la « récupération de ses biens et de sa dot » par le roi, ce qui est une façon de reconnaître la légitimité de l’invasion française du Milanais27. La chose vaut d’autant plus d’être relevée qu’il n’y a aucune allusion dans ce texte à l’autre grande justification des expéditions françaises, à savoir le fait que les Français « libéreraient » les territoires italiens qu’ils conquièrent de la « tyrannie », selon un topos qui remonte à Louis XI et à Commynes. On peut considérer du coup que cette reconnaissance des droits du souverain français sur le Milanais n’est donc pas seulement une concession à la nature de ce discours pensé sans doute pour être adressé aux deux souverains : d’ailleurs, elle se retrouve dans d’autres documents moins suspects de compromission avec les conceptions supposées des destinataires (notamment dans certaines lettres de Machiavel). Cette attention aux légitimations juridiques des conquêtes est aussi une composante permanente des pages de la Storia d’Italia28, suivant une probable tentative de ce juriste de formation qu’est Guicciardini29 pour compenser la territorialisation militaire porteuse d’une déjudiciarisation des relations entre les États30. Ce discours pourrait bien relever aussi d’une tentative de se faire une place à l’abboccamento bolonais des deux souverains, rencontre à laquelle le jeune Florentin n’avait probablement pas été invité.
15Il n’est pas sans intérêt de remarquer en outre que ni Machiavel ni Guicciardini ne font allusion aux divergences de vues qui semblent, selon le Sommario de Vettori (rédigé probablement en 1528-29), avoir existé entre Laurent le Jeune et le pape sur l’éventualité d’une guerre contre la France, le premier n’y étant pas très favorable. Ils n’évoquent pas davantage l’opération de retardement conduite par Vettori pour freiner le passage du Pô par les troupes florentines commandées par Laurent – une manœuvre qui fut considérée comme un chef d’œuvre tactico-diplomatique puisqu’elle fit beaucoup pour convaincre le roi de l’intérêt d’une paix avec le pape et Florence31.
16En définitive, pour des raisons symétriques, les deux Florentins proposent en 1515 la même conclusion que celle qu’ils donneront en 1526 : il faut absolument s’allier avec François Ier. Toutefois, il serait tout à fait erroné de rapporter mécaniquement la chose à un quelconque tropisme francophile des Florentins. En 1515, ils préconisent la chose au nom de la force du jeune roi alors qu’en 1526 ils le font au nom de la force de son principal adversaire, Charles Quint. Dans un cas, il s’agit de s’appuyer sur la puissance d’un roi dont on considère qu’il n’a pas vocation à contrôler l’ensemble de la péninsule ; dans l’autre, il s’agit de favoriser une alliance des plus faibles sur le terrain pour interdire à Charles Quint d’étendre sa domination sur toute l’Italie. Quoi qu’il en soit, dans les deux cas, il n’y a jamais de relation de confiance posée avec la monarchie française et avec son jeune roi, contrairement à ce qui avait pu être le cas au début des guerres d’Italie.
Intermède : La campagne de 1521-22 : perspective locale et intérêts pontificaux
17Au début des années 1520, dans les lettres de Guicciardini, ce n’est pas la perspective globale ou la position strictement florentine mais la considération des intérêts du pape qui prend le dessus. Il s’agit alors avant tout de défendre les frontières de l’État pontifical. François Ier est d’ailleurs largement absent dans les réflexions des Florentins et son absence du champ de bataille est sans doute une des raisons de la chose. Machiavel n’en parle quant à lui pas du tout : cette campagne n’a en effet pour lui rien d’exemplaire et illustre simplement une logique de défense des frontières et de subordination de la politique florentine à la politique pontificale autour des quatre villes disputées de Parme, Modène, Reggio et Plaisance32. Guicciardini, qui est pourtant commissaire aux armées avec des pouvoirs importants durant cette campagne, semble se focaliser de façon un peu « localiste » sur les opérations militaires dans le sud de la Lombardie et en particulier sur la défense de Parme, qui va être le seul fait d’arme de sa longue carrière33. On peut voir ainsi dans cette affaire non seulement l’expression de l’activité principale de Guicciardini comme gouverneur de 1516 à 1523, mais également le poids reconnu à des questions qui sont centrales dans les rapports triangulaires entre Rome, Ferrare et la France (ou Milan). Les villes de Modène et Reggio sont en effet depuis longtemps disputées entre le Duché de Ferrare, le pape et le Duché de Milan ; pour Parme et Plaisance la rivalité oppose Milan à Rome. Si l’on en croit l’analyse de Vettori dans son Sommario (rédigé en 1528-29), le problème se noue d’ailleurs avec la question générale de Ferrare, tout aussi cruciale pour la France du fait de sa vieille alliance avec les Este :
Francesco, parendoli avere fermo Inghilterra, desiderava fermare il Papa, el quale, sendoli morto il fratello et il nipote, non aveva da cercare stati per li suoi, ma desiderava bene d’acquistarne per la Chiesa e riavere Parma e Piacenzia e, quando Francesco non li volessi rendere queste, almanco li aiutassi pigliare Ferrara. Il che parendo a Francesco dificile per la qualità del sito e del Duca, che aveva danari assai et intendeva della guerra, e non volendo ancora offendere uno principe, che gli era suto sempre amico, senza iusta causa, teneva il Papa in parole34.
18Rien n’est joué au terme de cette séquence et – avec l’effet propre à une vision rétrospective dont il faut évidemment tenir compte – Guicciardini affirme plus tard dans sa Storia d’Italia que, malgré la défaite de François Ier, la puissance du roi n’était pas affaiblie et que les « racines du mal » n’avaient pas été arrachées35. On remarquera enfin que, durant cette campagne, Vettori tente encore de faire renouer le roi avec Florence : en 1522, au moment de l’équipée de Renzo da Ceri en Toscane et des menées du cardinal Soderini menant à une quasi rupture entre Florence et le roi, la situation est regrettée par Vettori dans une lettre envoyée à Lodovico Canossa36. Dans cette missive, rédigée pour recommander l’envoyé de Florence Francesco Altoviti37, Vettori regrette fort la rupture entre le pape et le roi et proclame le caractère indéfectible du lien entre Florence et la France, malgré la politique de Léon X qui vient de mourir38. Canossa enfonce le clou en concluant sa lettre à Vettori :
il me semble que les Républiques et les quelques Princes qui restent en Italie s’ils ne s’appuient pas sur l’autorité et la force de ce roi sont à la discrétion d’autrui et n’ont guère de remède à leur cas39.
19Il n’est pas exclu par ailleurs que, pendant le pontificat d’Adrien VI, le cardinal Jules de Médicis ait tenté de maintenir des relations correctes avec le roi de France afin de ne pas renforcer le parti des anti-médicéens pro-français à Florence40 – cette ambiguïté durant au moins jusqu’à la conjuration de mai 1522.
Troisième moment (1525-1530) : faillites de la rationalité et désillusions
20Après la bataille de Pavie la question des relations avec le roi de France revient au cœur de la correspondance entre les deux Florentins. Les lettres échangées prennent alors une charge affective et passionnelle tout à fait exceptionnelle car Guicciardini et Machiavel comprennent vite que, après Pavie, toute la péninsule est menacée d’un assujettissement à l’Empire.
21Leur ami commun Francesco Vettori, malgré son admiration pour François Ier, prend alors, quant à lui, une autre position : dans un bref « Discorso se si fusse meglio fare una lega overo accordare con l’Imperatore »41 il déconseille tout acte hostile contre l’empereur (même si, de façon purement abstraite, il admet que la chose serait souhaitable puisqu’il est clair que Charles Quint aspire à dominer toute l’Italie et au-delà). La faiblesse militaire du pape et de la péninsule en général imposent de refuser une guerre ouverte contre l’empereur42. Même s’il convient de remarquer que cette position est exprimée tout de suite après Pavie au moment où le roi est encore en prison en Italie (et donc avant les échanges de lettres entre Guicciardini et Machiavel que nous allons évoquer), Vettori semble n’être jamais revenu à une position offensive claire contre les Impériaux, et ce malgré les éloges de François Ier que contient son Sommario.
22Il n’en reste pas moins que, dans cette conjoncture, le roi de France est le seul allié potentiel important que peuvent avoir les petits États italiens (dont Florence) et le pape Clément VII. À ce titre l’analyse de ce que le roi est susceptible de faire devient une des clés de tout raisonnement. Or justement ces années-là vont aussi être marquées par une évolution des relations ente Florence et la France mais aussi par l’émergence d’une sorte de faille dans la rationalité politico-militaire traditionnelle. De Pavie à Madrid et au sac de Rome, les « Italiens » apprennent à se débrouiller sans le roi Très Chrétien, d’autant plus qu’ils ont du mal à anticiper ce qu’il va faire. Toutefois, ils s’allient quand même avec lui mais sans pour autant souhaiter sa présence militaire directe en Italie : ils ne cessent d’insister en effet sur l’intérêt d’ouvrir un second front en France43.
23On assiste ainsi à la construction d’une position « italienne » qui se fonde sur un accord avec le roi mais sans dépendance absolue par rapport à ses armées, comme si l’alliance du pape et de Venise pouvait incarner une logique plus strictement « italienne » face à la France, à l’Angleterre et aux Habsbourg. Le réalisme des deux Florentins les conduit à prendre en compte la suspicion compréhensible que le roi peut nourrir à l’égard de Rome, au vu des attitudes des deux papes Médicis à son égard, ce qui renforce d’autant la position dite « italienne »44. L’autre point crucial est que, pour la première fois de façon aussi nette, les deux Florentins sont partisans d’une guerre ouverte et sans perte de temps dans la mesure où, selon eux, il n’existe aucune autre alternative à la servitude de la péninsule45. Cela vaut d’autant plus d’être soulignée que Machiavel est tout aussi convaincu que le roi ne peut plus être d’une grande utilité aux Italiens si l’on en croit sa lettre du 15 mars 1526 à Guicciardini46. D’où une conclusion aussi décidée que tragique selon laquelle « perciò e’ bisogna alli Italiani vedere di havere Francia con loro et, quando non la possino havere, pensare come e’ si voglino governare ». Et Machiavel d’ajouter :
Pertanto io giudico che non sia da aspettare la resolutione di Francia, perché lo Inperadore ha le sue teste delle sue genti, halle alle poste, può movere la guerra a posta sua, quando egli vuole ; a noi conviene fare una testa, o colorata o aperta, altri menti noi ci levereno una mattina tutti smarriti. Loderei fare una testa sotto colore. Io dico una cosa che vi parrà pazza : metterò un disegno innanzi che vi parrà o temerario o ridicolo ; nondimeno questi tempi richieggono deliberationi audaci, inusitate et strane47.
24Dans le même moment historique, un peu plus d’un mois plus tard, le 26 avril, Francesco Guicciardini écrit à son frère Luigi qu’on peut s’attendre à tout de la part du roi de France :
E’ si riscontra da ogni banda che el Re non darà la Borgogna, né observerà la capitulatione, la quale, insino a hora, non ha ratificata ; né è verisimile che stia così et perm[ecta] che lo Imperatore venga in Italia, et lui si stia a vedere, per dargli tempo a acconciare le cose sue ; ma è da credere che verrà a roptura con Cesare, havendo spalle da chi doverrebbe farglene, o che si risolverà a fare seco nuovo accordo, nel quale recuperi e figluoli et sia quitato della Borgogna, et lui all’incontro gli dia in preda Italia et forse qualche somma grossa di danari. Quale partito habbia a piglare de’ dua, non ci veggo insino a hora certeza alcuna, ma più ragionevole sarebbe che piglassi el //primo. Et io lo credo per qualche inditio che se n’ha, et maxime che, faccendo altrimenti, sarà non manco la ruina sua che la nostra. Pure, sendo Franzesi, bisogna rapportarsene alla giornata48.
25Et Francesco d’ajouter encore dans une lettre à son frère du 14 mai :
Le cose, come voi vedete, sono in molta sospensione, perché el Re truova partiti et offerte da ogni banda. Et se sarà savio, non converrà con Cesare ; ma, non sendo savii, bisogna rapportarsi a quello che si vedrà dì per dì ; et non tarderà molto, ragionevolmente, che si vedrà dove siamo, perché, sendo in piede tanta varietà di pratiche et tanta pocha fede tra tucti questi prìncipi et paura che ciaschuno ha di non essere prevenuto dagli altri, ognuno farà a gara di piglare el più presto che potrà le conclusione che più gli piaceranno49.
26De fait, jusqu’à la signature de la ligue de Cognac les Florentins craignent un renversement d’alliance et un accord entre le roi et l’empereur si l’on en croit les lettres de Guicciardini pendant tout le mois de mai 1526. La signature, enfin, de la ligue de Cognac, en mai 1526, et la désastreuse campagne qui conduira au sac de Rome par les Impériaux puis à l’échec de l’armée française contre Naples en 1527, ne changeront rien à l’affaire.
27Les remarques amères insérées dans la Storia d’Italia un peu plus de dix ans plus tard rendent compte de cette désillusion. On peut penser par exemple à cette parenthèse de Storia d’Italia XVIII, 12 où l’auteur note sans illusion aucune que « il re di Francia [...] se avesse recuperato i figliuoli, si sarebbe poco commosso per i danni del pontefice e di tutta Italia »50.
Quatrième moment (1530-1540) et conclusion : les illusions de l’alliance française
28Contrairement à Vettori, Francesco Guicciardini n’émet pas de jugement sur la politique française, sauf à la fin de la Storia d’Italia quand il s’élève contre l’abandon des alliés italiens du roi après la paix de Cambrai et contre l’alliance avec les Turcs (Storia d’Italia XX, 3). Toutefois, le déroulé même de la narration de la Storia porte tout entier à la dépréciation de la politique française, inefficace et incapable de balancer le pouvoir impérial mais surtout à la condamnation des princes italiens qui ont sans cesse joué avec les alliances extérieures en affaiblissant l’équilibre interne de la péninsule. Dans la lignée de ce qu’on devine dans les lettres de 1526-27, la logique est de moins en moins « florentine » et la Storia d’Italia présente une perspective européenne et une vision équilibrée des forces en présence sans fréquentes condamnations des souverains étrangers. Ceci dit, quand Guicciardini écrit en laissant de côté sa florentinité, il voit parfaitement à la fin de la Storia d’Italia la façon dont le roi adopte une stratégie plus complexe qui ne joue pas seulement sur la péninsule italienne mais aussi sur l’Allemagne et aussi, ce qui horrifie l’historien florentin, sur les Turcs. La péninsule est trop petite pour la lutte à mort qui s’est engagée entre Valois et Habsbourgs et toute l’Europe, tout le monde méditerranéen vont être concernés désormais.
29Mais pour la réflexion collective du présent ouvrage l’essentiel est peut-être moins dans ce constat au soir de la vie de Guicciardini que dans la conviction affirmée par tous les politiques et historiens florentins selon laquelle le parti français peut certes, à l’occasion, relever d’un choix utile et opportun dicté par la « qualité des temps », mais ne constitue plus une adhésion affective. Faute de reconnaître au souverain français, pourtant allié historique de la République florentine, un quelconque privilège, il est hors de propos de lui conférer une quelconque italianité. Malgré les tentatives de Louis XII et de François Ier, les rois de France ne sont pas à la tête d’un principato misto, tel qu’il a été théorisé dans l’urgence par Machiavel dès le – long – chapitre III du Prince. Bref, si les rois de France au début du XVIe siècle ont pu caresser le projet d’une monarchie composite51 il ne va pas de soi de considérer que la chose aurait été acceptée par leurs potentiels sujets d’outremonts. À terme cela donnera les positions exprimées par Donato Giannotti52 dans le chapitre VII de son traité sur la République de Florence. Ce chapitre commence par ces mots :
io non posso alcuna volta fare che io non vituperi e danni la prudenza de’ nostri cittadini li quali hanno opinione che la città nostra non possa stare in libertà se non è con Francia collegata. Né considerano che la varietà degli uomini e de’ tempi fanno variare le cose53.
30Et plus loin il affirme :
essendo seguito infiniti casi, dal 1494 in qua, per li quali si può conoscere quanto poca fede la città debbe avere nel re di Francia, et essendo nondimeno i nostri cittadini stati sempre obstinati, che altro si può di loro affermare se non che manchino del senso comune ?54
31Et il conclut son propos liminaire sur ces mots « io voglio replicare con quella brevità che potrò quante volte il re di Francia ha mancato di fede alla città, e quanto siano stati sinistri i modi suoi verso quella »55. S’attardant plus précisément sur les différents souverains il constate à propos de Louis XII que « agevolmente si potè vedere che il re non teneva altro conto de’ Fiorentini che si facesse de’ suoi nimici, poi che si brutamente cercava di votare le borse loro »56. Quant à François Ier en particulier, après Marignan, le roi de France :
potendo con un cenno liberare Firenze, fece accordo con papa Leone (...) e questa fu la libertà che egli rendé alla città. E non bastò questo che essendo poi Lorenzo de’ Medici, mentre che era in Francia dove era per la donna andato, venuto in ragionamento di volersi fare signore assoluto di Firenze, lo confortò, secondo che ho inteso, a menare ad effetto cotale pensiero, promettendoli aiuto e favore57.
32Giannotti rappelle que François Ier, à partir de 1527, ne tint jamais compte des intérêts de Florence et s’accorda ensuite avec l’empereur à Cambrai et « sanza considerare i meriti della republica fiorentina, la lasciò esclusa con tutti gli altri potentati d’Italia »58. Durant le siège de Florence en 1529-1530, le roi était satisfait que l’armée impériale soit occupée devant Florence et ne faisait à l’ambassadeur florentin que des promesses qu’il renia sans vergogne un peu plus tard, devenant le responsable du retour des tyrans (« e così la città nostra abandonnata da lui e da ciascuno altro, ritornò sotto il giogo della tirannide »). Il ne reste plus qu’à conclure sans illusion aucune : « E’ adunque manifesto quanto sia da confidare nella amicizia del re di Francia, della quale egli non tiene altro conto se non quanto vede essere utile alle cose sue »59. Pour Giannotti il est donc temps de renoncer à ce qui avait été l’axe traditionnel majeur de la politique étrangère florentine pendant des décennies :
E adunque da sbarbare questa vecchia opinione che è ne’ cittadini nostri che la città non possa stare libera sanza l’amicizia di Francia ; e pensare che la libertà si possa mantenere sanza il re di Francia e qualunque altro principe e republica ; e variare gli accordi secondo che richiede la qualità de’ tempi, degli uomini e degli altri accidenti che tutto giorno si scopreno nelle faccende umane60.
33Décidément François Ier reste un souverain étranger, étranger à la péninsule et étranger aux intérêts d’une Florence qu’il ne sait ni comprendre ni accompagner. Comment aurait-il pu dès lors les défendre ? Le seul détenteur d’une monarchie « composite » restait Charles Quint.
Notes de bas de page
1 A. Desjardins, Négociations diplomatiques de la France avec la Toscane, Paris, 1861, tome II, p. 700.
2 Des traces explicites de ce statut particulier se retrouvent dans sa correspondance par exemple en 1514 - dans la lettre de Vettori du 15 décembre qui suit une lettre importante pour notre réflexion sur les dangers de la neutralité pour le pape et la nécessité de choisir le camp français « L’altra che mi risponde a’ quesiti vi feci, hebbi hieri. Anchora non l’ho monstra a monsignor de’ Medici, el quale mi commisse ve li facessi : credo gli satisfarà, perché satisfa anchora a me : quando l’harò monstra, vi risponderò quello mi dirà », ou encore dans la lettre de Vettori du 30 décembre 1514 « L’una et l’altra lettera vostra circa e quesiti vi feci, hanno visto il papa e il cardinale di Bibbiena e Medici, e tutti si sono maraviglati dello ingegno e lodato il iudicio » (N. Machiavelli, Lettere a Francesco Vettori e a Francesco Guicciardini, éd. G. Inglese, Milan, 1989, p. 269-271 et 279-280).
3 Voir P. Moreno, François Ier dans les lettres et les écrits de François Guichardin, dans T. Van Hemelryck et M. Colombo Timelli (éd.), Quant l’ung amy pour l’autre veille. Mélanges de moyen français offerts à Claude Thiry, Turnhout, 2008, p. 335-347.
4 La situation crée de fait une confusion entre les intérêts singuliers d’une famille et ceux de la communauté républicaine, non sans contradictions manifestes, surtout après les morts de Julien, en 1516 et de Laurent, en 1519, la recherche d’une politique cohérente pour Florence et pour le lien Florence/Rome trouvant des difficultés à s’incarner dans une figure après 1519. Rosemary Devonshire Jones consacre un pan de sa biographie de Francesco Vettori à cette question de la double loyauté. Voir R. Devonshire Jones, Francesco Vettori. Florentine Citizen and Medici Servant, Londres, 1972, p. 162 s.
5 Les guerres d’Italie peuvent être considérées pour les Florentins comme l’apprentissage progressif de cette désillusion.
6 Pour ne citer que quelques-unes des lettres concernées, pensons à la superbe analyse contenue dans la lettre du 10 décembre 1514 et à celle qui reprend à fond la question de la neutralité dix jours plus tard - malheureusement nous n’avons pas de lettre de Machiavel pour la période qui va de février à août 1515 et de nouveau aucune lettre importante de novembre 1515 à février 1516. Voir N. Machiavelli, Opere, C. Vivanti (éd.), Turin, 1999, vol. II, 1999, p. 300-302.
7 Il s’agit d’une lettre du 20 décembre 1514 : cf. Ivi, p. 341-344.
8 Cf. O. Tommasini, La vita e gli scritti di Niccolò Machiavelli, Rome, 1911 (réédition Bologne, 1999), vol. II, tom. I, p. 128. La seule lettre « politique » de Machiavel que nous possédions juste après l’annonce de la mort de Louis XII et de la venue au pouvoir de François Ier s’occupe d’abord de la rumeur qui veut que Julien soit placé à la tête d’un nouveau principat territorial mettant ensemble Parme, Plaisance, Reggio et Modène (cf. la lettre du 31 janvier) et de ce que cela implique comme forme de gouvernement dans son nouvel État (selon un discours qui reprend d’ailleurs tel quel celui du Prince).
9 « Dico pertanto che, sendo morto Luigi XII, e succedendo nel regno di Francia Francesco d’Angolem e desiderando restituire al regno il ducato di Milano stato pochi anni davanti occupato da’ Svizzeri mediante i conforti di papa Iulio II, desiderava avere aiuti in Italia che gli facilitassero la impresa ; ed oltre a’ Viniziani, che Luigi si aveva riguadagnati, tentava i Fiorentini e papa Leone X, parendogli la sua impresa piu facile, qualunque volta si avesse riguadagnati costoro, per essere genti del re di Spagna in Lombardia, e altre forze dello imperadore in Verona » (Discorsi, II xxii 7). Les références aux Discorsi de Machiavel suivent la segmentation de l’édition de Giorgio Inglese (Milan, 1984) reprise par l’édition nationale des Oeuvres complètes du Florentin.
10 « Videsi di poi ventiseimila Svizzeri andare a trovare sopra a Milano Francesco re di Francia, che aveva seco ventimila cavagli, quarantamila fanti, e cento carra d’artiglierie ; e se non vinsono la giornata come a Novara, ei la combatterono dua giorni virtuosamente e dipoi, rotti ch’ei furono, la meta di loro si salvarono » (Discorsi II xviii 28).
11 « Ne’ nostri tempi, nella giornata che fece in Lombardia a Santa Cecilia Francesco re di Francia, con i Svizzeri, sopravvenendo la notte, credettero, quella parte de’ Svizzeri che erano rimasti interi, avere vinto, non sappiendo di quegli che erano stati rotti e morti ; il quale errore fece che loro medesimi non si salvarono, aspettando di ricombattere la mattina con tanto loro disavvantaggio ; e fecero anche errare, e per tale errore presso che rovinare, lo esercito del Papa e di Ispagna, il quale in su la falsa nuova della vittoria passo il Po e, se procedeva troppo innanzi, restava prigione de’ Franciosi che erano vittoriosi » (Ibid., III xviii 7).
12 Ce court texte, que nous appellerons « discorso » pour le distinguer de l’autre « discours », signalé par Roberto Ridolfi et publié partiellement dans sa biographie classique de Guicciardini (Milan, 1982, p. 362-63) a été édité intégralement par Paola Moreno dans le Giornale storico della letteratura italiana (2011 CXXVIII [624], 509-522).
13 J’ai longtemps pensé que comme beaucoup d’autres discours de Guicciardini celui-ci (discorso politico VII Sulla discesa di Francesco I in Italia nel 1515) relevait d’un travail préparatoire à l’écriture du passage correspondant de la Storia d’Italia mais la confrontation des deux textes rend malaisée la défense de cette thèse. En outre, et surtout, la lecture précise du « discorso » rend parfaitement plausible une rédaction en deux moments : juste avant Marignan et juste après l’accord entre le pape et le roi pour ce qui est des derniers paragraphes du texte publié par Canestrini, puis par Palmarocchi. Ma collègue et amie Paola Moreno me faisait remarquer par ailleurs, même si cela ne constitue pas une preuve décisive puisque le classement des archives de la famille Guicciardini a souvent été bouleversé, que ce texte se trouve dans une Filza d’écrits datant de la deuxième décennie du XVIe siècle. Si on n’a aujourd’hui aucune preuve philologique décisive de la datation plus précoce, plusieurs éléments textuels et archivistiques, rendent celle-ci possible.
14 F. Guicciardini, Lettere, P. Jodogne, (éd.) vol. II, Rome, 1987, p. 22 : « Voi intendesti la morte del re di Francia, che fu reputata bonissima nova per più conti ; et ragionevolmente o muteranno proposito circa le cose di Italia, o almeno è da sperare che la impresa si differirà a uno altro anno ; e dove si guadagna tempo si può anche guadagnare delle altre cose ; et anche in ogni evento potrà cadere più fede tra lui e costoro, repecto allo interesse ha colla donna del magnifico Iuliano, che è sua zia. E si può sperare che questa quiete et buono essere in che noi ci troviamo hora abbi a durare ; et così piaccia a Dio ».
15 À cet égard, le Guicciardini de la Storia d’Italia est plus « machiavélien » ; il s’attarde sur la préparation inexorable de la nouvelle expédition en Italie et ne laisse aucun doute, même en janvier, sur les intentions du roi. Il insiste d’ailleurs d’emblée sur la question dynastique et juridique autour du Duché de Milan (cf. Storia d’Italia... cité, XII, 10 – cf F. Guicciardini, Histoire d’Italie, J.-L. Fournel et J.-C. Zancarini [éd.], Paris, 1996, 2 vol, p. 35 du vol. II) : « Assunse, insieme col titolo di re di Francia, il titolo di duca di Milano, come appartenente a sé non solo per le antiche ragioni de’ duchi di Orliens ma ancora come compreso nella investitura fatta da Cesare per la lega di Cambrai : avendo a recuperarlo la medesima inclinazione che aveva avuto l’antecessore »).
16 Lettere... cité, p. 82 (lettera 177 a Luigi Guicciardini, 25 agosto 1515) : « In somma se miracolo non nasce, el re ha vinto la impresa di Milano et noi habbiamo facto, id est el papa, 2 errori : l’uno a scoprirsi contro a lui, l’altro, volendosi pure scoprire, a farlo sì tardi che le forze sue e nostre non sono state a tempo ».
17 Ibid., p. 88.
18 Discorso poltico n° VII Sulla discesa di Francesco I in Italia nel 1515, in F. Guicciardini, Scritti politici e Ricordi, R. Palmarocchi (éd.), Bari, 1933, p. 18-22.
19 Storia d’Italia XII, 10 « Delle virtú, della magnanimità, dello ingegno e spirito generoso di costui s’aveva universalmente tanta speranza che ciascuno confessava non essere, già per moltissimi anni, pervenuto alcuno con maggiore espettazione alla corona ; perché gli conciliava somma grazia il fiore della età, che era di ventidue anni, la bellezza egregia del corpo, liberalità grandissima, umanità somma con tutti e notizia piena di molte cose ; e sopratutto grato alla nobiltà, alla quale dimostrava sommo favore » (vol. II, p. 35 de l’édition française).
20 Discorso poltico n° VII Sulla discesa di Francesco I in Italia nel 1515... cité, p. 20 « La ragione vuole che, espedito Milano, disegnino andare allo acquisto del reame ».
21 Ibid., p. 21 : « Ma non so già se e’ parrà loro che basti alla sicurtà propria lo insignorirsi di Napoli, e se el non parere questo, o veramente lo sdegno di vedere loro el papa inclinato almeno collo animo e col desiderio alla via degli inimici loro, o lo appetito di crescere ed assicurarsi tanto piú, gli farà trascorrere piú oltre, e pensare a abassare el papa, a che sono molte cagione che gli possono invitare : parere loro crescere ed assicurarsi tanto piú e levare di Italia ogni spirito che potessi essere in tempo alcuno stimolo o compagno di altri a travagliarli, e tanto piú quanto per e’ progressi di questo papa saranno capacissimi che a lui dispiaccia sommamente la grandezza loro in Italia ; e la potenzia sua avendo congiunto al dominio antiquo della Chiesa lo stato di Romagna, di Bologna e di Firenze, è da tenerne conto, e massime venendo el fratello e nipote in opinione di volere attendere alle arme ».
22 Ibid., p. 21 : « e però saría facile cosa che el re di Francia, vincendo etiam Milano e Napoli, si astenessi da toccare la Chiesa ; se già per mettere un freno in bocca al papa e diminuirlo assai di forze, non voltassi lo stato di Firenze, parendoli che non sendo cosa ecclesiastica, questo uno modo da battere el papa sanza concitare li altri principi ».
23 En tout cas, si l’on suit les chronologies respectives des sources et si l’on tient compte des lacunes dans la correspondance de Machiavel, il est difficile de considérer que leurs analyses respectives sont contradictoires.
24 Dans sa lettre du 10 décembre 1514, il écrit : « Concludo adunque, per venire al fine di questo discorso, che, essendo più riscontri di vittoria dalla parte franzese, che da questi altri, et potendo il papa con l’accessione sua dare la victoria a Francia certa, et non a questi altri ; che, sendo meno formidabile et più sopportabile Francia amico et vincitore, che questi altri ; et essendo meno dura la perdita con Francia amico, che con questi altri ; che, non potendo sicuramente stare neutrale ; che la Santità di Nostro Signore debbe o adherirsi a Francia, o vero adherirsi a questi altri, quando vi si adherissono ancora li Venitiani, et non altrimenti ». Déjà le 26 août 1513 après la victoire des Suisses, Machiavel souhaitait un rapprochement avec la France et remarquait : « et perché questo mi spaventa [la force des Suisses], io ci vorrei rimediare, et se Francia non basta, io non ci veggo altro rimedio et voglio cominciare hora a piangere con voi la rovina et servitù nostra, la quale, se non sarà né hoggi né domane, sarà a’ nostri dì ; et l’Italia harà questo obbligo con papa Giulio et con quelli che non ci rimediono, se hora ci si può rimediar ». Il reprend l’analyse dans la lettre du 10 décembre 1514 sous un nouveau pape et bientôt un nouveau roi quand il remarque « Volendo voi dunque sapere da me quello che il papa può temere de’ Svizzeri vincendo, et essendo loro amico, concludo che può dubitare delle subite taglie, et in brieve tempo della servitù sua et di tutta Italia, sine spe redemptionis, sendo republica, et armata senza esemplo di alcuno altro principe o potentato. Ma se sua Santità fosse amico di Francia, et vincesse, credo gli osserverebbe medeximamente le conventioni, quando le fossono convenienti, et non di sorte che la troppa voglia havesse fatto chiedere troppo al papa, et concedere troppo al re ; credo che non taglieggierebbe la Chiesa, ma voi, et doverrebbe havere riguardo a lei rispetto alla conpagnia di Inghilterra, et a’ Svizzeri, che non rimarrebbano morti tutti, et a Spagna, che, quando bene e’ fosse cacciato da Napoli, restando vivo, sarebbe di qualche consideratione » (N. Machiavelli, Opere, vol. II, cité., p. 339-340).
25 Lettere… cité, p. 105 : « siamo a discretione di quelle che el re vorrà fare, perché volendo o offendere el papa, o alterare noi, non ci sarà redemptione ». Tous les remedi envisageables sont « cose in aria et almeno tarde in modo che potranno giovare e rissuscitarci quando noi saremo morti, ma non a operare che noi non moiamo ».
26 Voir la lettre de Machiavel à Vettori du 20 décembre 1514. On remarquera que seul Guicciardini a pris en compte (en tout cas explicitement) le fait que la venue de François Ier aurait pu provoquer, à rebours, une situation analogue à celle qui avait permis aux Médicis à la fin de l’été 1512 de renverser le nouveau régime médicéen.
27 Voir son édition récente par Paola Moreno dans le Giornale storico della letteratura italiana, (« Il discorso di Francesco Guicciardini a Leone X e Francesco I... », GSLI, 2011, CXXVIII (624), p. 509-522).
28 Storia d’Italia XIV, 1 (1521) : « Per declarazione delle quali cose pare necessario brevemente raccontare quali Cesare pretendeva che fussino in questo tempo le ragioni dello imperio sopra il ducato di Milano. Affermavasi per la parte di Cesare che a quello stato non erano di momento alcuno le ragioni antiche de’ duchi di Orliens, per non essere stato confermato con l’autorità imperiale il patto della successione di madama Valentina ; e che al presente apparteneva immediatamente allo imperio, perché la investitura fatta a Lodovico Sforza per sé e per i figliuoli era stata revocata dall’avolo, con amplitudine di tante clausule che la revocazione aveva avuto giuridicamente effetto, in pregiudicio massime de’ figliuoli, i quali non l’avendo mai posseduto avevano ragione in speranza e non in atto ; e perciò essere stata valida la investitura fatta al re Luigi, per sé e per Claudia sua figliuola, in caso si maritasse a Carlo, e con patto che non seguendo il matrimonio senza colpa di Carlo fusse nulla, e che Milano per la via retta passasse a Carlo ; il quale ne fu, in caso tale, presente il padre Filippo, investito. Da questo inferirsi che di niuno valore era stata la seconda investitura fatta al medesimo re Luigi per sé, per la medesima Claudia e per Anguelem, in pregiudicio di Carlo pupillo, e costituito sotto la tutela di Massimiliano. Nella quale non potendo fare fondamento alcuno il re presente, meno poteva allegare appartenersigli quel ducato per nuove ragioni : perché da Cesare non aveva mai né ottenuta né dimandata la investitura ; ed essere manifesto non gli potere giovare la cessione fatta da Massimiliano Sforza quando gli dette il castello di Milano, perché il feudo alienato di propria autorità ricade incontinente al signore soprano, e perché Massimiliano, benché ammesso di consentimento di Cesare, morto in quello stato non n’avendo mai ricevuta la investitura, non poteva trasferire in altri quelle ragioni che a sé non appartenevano » (cf Histoire d’Italie…, cité, vol. II, p. 163).
29 Sur ce point voir P. Carta, Francesco Guicciardini tra diritto e politica, Padoue, 2007.
30 Voir sur ce point les travaux de Romain Descendre (notamment Le cose di stato. Sémantique de l’État et relations internationales chez Machiavel, « Il pensiero politico », 2008, 41, p. 3-18 ou l’introduction à sa récente édition critique de la Ragion di stato de Giovanni Botero - Turin, 2016)
31 Cf. Sommario… cité et R. Devonshire Jones… cité.
32 Il n’est pas sans intérêt de remarquer en revanche que cette même question l’intéressait au plus haut point en 1514 quand l’enjeu en était la création d’un « prince nouveau » Médicis (en l’occurrence Julien ou Laurent) et d’un nouvel État dans le centre de la péninsule autour de ces quatre villes de Parme, Reggio, Plaisance et Modène, ce qu’illustre sa lettre à Vettori du 31 janvier 1515 (« Pagolo vostro è suto qui con il Magnifico, et intra qualche ragionamento ha havuto meco delle speranze sue, mi ha detto come sua Signoria gli ha promesso farlo governatore di una di quelle terre, delle quali prende hora la signoria. Et havendo io inteso, non da Pagolo, ma da una commune voce, che egli diventa signore di Parma, Piacenza, Modana et Reggio, mi pare che questa signoria fosse bella et forte, et da poterla in ogni evento tenere, quando nel principio la fosse governata bene. Et a volerla governare bene, bisogna intendere bene la qualità del subbiecto. Questi stati nuovi, occupati da un signore nuovo, hanno, volendosi mantenere, infinite difficultà. Et se si truova difficultà in mantenere quelli che sono consueti ad essere tutti un corpo, come, verbigrazia, sarebbe il ducato di Ferrara, assai più difficultà si truova a mantenere quelli che sono di nuovo composti di diverse membra, come sarebbe questo del signore Giuliano, perché una parte di esso è membro di Milano, un’altra di Ferrara. Debbe pertanto chi ne diventa principe pensare di farne un medesimo corpo, et avvezzarli a riconoscere uno il più presto può. Il che si può fare in due modi : o con il fermarvisi personalmente, o con preporvi un suo luogotenente che comandi a tutti, acciò che quelli sudditi, eziam di diverse terre, et distratti in varie oppenioni, comincino a riguardare un solo, et conoscerlo per principe »).
33 Il rédige une relation de sa défense de Parme « probablement entre février et octobre 1522 » selon Ridolfi (notes au chapitre XI de la Vita... cité, p. 376-377). Pour le texte de cette relazione, voir F. Guicciardini, Opere, V. De Caprarii, (éd.), Milan-Naples, p. 47-60. Voir aussi le passage de la Storia d’Italia (XIV, 10, p. 203-207 de l’édition française, vol. II) où il raconte le même événement en parlant de lui-même à la troisième personne.
34 F. Vettori, Sommario della storia d’Italia, in E. Niccolini (ed.), Scritti storici e politici, Bari, 1972, p. 109.
35 Storia d’Italia... cité, XV, 8 (Histoire d’Italie..., cité, vol. II, p. 278) : « Questo fine ebbe la guerra fatta contro al ducato di Milano sotto il governo dell’ammiraglio : per il quale non essendo indebolita la potenza del re di Francia né stirpate le radici de’ mali, non si rimovevano ma solamente si differivano in altro tempo tante calamità ; rimanendo in questo mezzo Italia liberata dalle molestie presenti ma non dal sospetto delle future ».
36 Lodovico Canossa, ami de Castiglione (qui en fait un des personnages du Livre du Courtisan) et ancien diplomate au service du pape, était alors passé au service du roi de France et avait été fait évêque de Bayeux.
37 Selon Louis Passy qui cite longuement cette lettre, la mission est sans doute secrète car elle est absente du Catalogue des actes de François Ier (L. Passy, Un ami de Machiavel. François Vettori, sa vie et ses œuvres, Paris, 1913).
38 Ibid., p. 264-267 qui cite intégralement cette lettre de Vettori du 12 février 1522 (et la réponse de Canossa p. 267-70. Voir à ce propos, Rosemary Devonshire Jones qui évoque même - cité, p. 153-155 - une sorte de dépression de Vettori à la suite du tournant anti-français de Florence.
39 Cf L. Passy, Un ami de Machiavel. François Vettori…, cité, p. 269.
40 Voir R. Devonshire Jones... cité, p. 156.
41 Scritti storici e politici..., cité, p. 299-301.
42 Ibid., p. 300 : « a noi pare che questo corpo d’Italia sia infermo gravemente e che dandoli una medicina forte quale sarebbe il pigliare la guerra lo potrebbe liberare ma lo potrebbe ancora condurre alla morte subita ».
43 Voir la lettre de Guicciardini à Roberto Acciaiuoli, ambassadeur florentin en France, datée du 20 avril 1526 (cf. Lettere... cité., à paraître, je remercie Paola Moreno de m’avoir communiqué ce texte) : « Pensiamo si capitulerà che el Re habbia a rompere guerra di là da’ monti, che è quello punto che farà la victoria certa et facile, perché Cesare non potrà soccorrere Italia né provedere in tanti luoghi. Però, in tale caso, voi solleciterete che si faccia presto et gaglardamente ». et lettres du 21 avril à Gambara légat en Angleterre « Sua Sanctità manda la commissione a concludere la Lega in caso che si stabilischa bene el capitulo di rompere la guerra fuora di Italia, il che è necessario alla victoria, perché Cesare, non essendo travaglato altrove che in Italia, harebbe modo a difendersi et tenere la guerra lunga, in modo che, dove si cercha moderare tanta sua grandeza, ne potria nascere facilmente el contrario. Et travaglandolo in tanti luoghi, si harà al sicuro et con grandissima facilità et presteza lo effecto che si desidera. Però fate bene intendere questo punto, che importa el tucto ; et se se ne farà conclusione, come si spera, sollecitate quanto potete che le executione si faccino preste, perché, per rispecto delle forteze di Milano et per ogni altro rispecto, nessuna cosa è più pernitiosa che dare tempo agli adversarii ». Sur la question – capitale et symbolique – du second front, voir aussi la lettre de Guicciardini à Gambara du 3 mai (cf. Lettere... cité., à paraître) : « Et come per altra vi si è scripto, è necessario che la guerra si faccia, non solo in Italia, ma etiam di là da’ monti, in quello luogo che parrà più opportuno a quella Maestà et al re di Francia ; perché, se si facessi solo in Italia, a Cesare non mancherebbe modo, col ritirare e suoi in dua o tre terre forte che sono nello Stato di Milano, tenere la guerra lungamente ; et non havendo a provedere se non in una banda, non gli mancherebbe danari ; et la lungheza del tempo gli può portare in varii modi tanti beneficii, et agli altri collegati, che sono molti, tanti impedimenti, che facilmente si difenderebbe ; et difendendosi, resta più potente et più pericoloso sanza comparatione che prima. Ma, se è molestato ancora di là da’ monti, non può provedere né resistere in tanti luoghi, in modo che in brevissimo tempo è necessitato a cedere, et così, con più facilità, con più riputatione et con molto minore spesa, si restituirà la sicurtà a tucti et la pace universale. Et questi di Italia, vedendo che da ogni banda si concorra gaglardamente, non haranno causa di raffreddarsi né di suspicare che lo intento de’ Franzesi sia di conducere tucta la guerra in Italia. Però farete intendere alla Maestà del Re et al Cardinale tucto questo discorso, et particularmente questo punto : di venire subito alle exequutione et di rompere etiam di là da’ monti, sanza el quale né Nostro Signore né e Vinitiani non farebbono la Lega, perché giudicherebbono che ogni altra conditione fussi miglore che ridursi in sulle spalle una guerra gravissima et di tanto pericolo ». Voir aussi la lettre du 19 mai toujours à Gambara « Et se ne vede lo exemplo, ché in quella Lega era tractato che si rompessi di là da’ monti nel medesimo tempo che si rompeva di qua, et tamen quegli di Italia non havevano a contribuire di là, se non expedite le cose di qua. Et secondo lo scrivere vostro, pare che el Cardinale disegni che la guerra di là non habbia a cominciare se non finita la guerra di Italia et che habbiamo a contribuire ».
44 Voir la lettre de Machiavel du 15 mars 1526 à Guicciardini (cf. N. Machiavelli, Lettere a Francesco Vettori e a Francesco Guicciardini... cité, p. 344-349) : « il Re, se non è mosso con forze, con autorità et con cose vive, osserverà lo accordo et lasceravvi nelle peste, perché, essendo venuto in Italia più volte et voi havendoli o fatto contro o stati a vedere, non vorrà che anco questa volta gli intervenga il medesimo ». « Et perché ha egli a fare queste cose per aiutare la Chiesa et i Vinitiani che lo hanno aiutato rovinare ? Et io vi scrissi et di nuovo scrivo che grandi sono gli sdegni che il Re debbe havere con gli Spagnuoli, ma che non hanno ad essere molto minori quelli che puote havere con gli Italiani ».
45 Lettre de Francesco Guicciardini à Colombo daté du 19 décembre 1525 (Lettere..., cité, volume en cours de publication) : « chi consigla – come intendo che fanno a Firenze, – che si fugga la guerra, per godere el beneficio del tempo, dubito non si inganni, perché forse non saranno più tardi questi altri mali et sono molto più certi ; et quanto saranno grandi, è noto a bastanza ; sanza che, presupponendo // el minore male, cioè che Cesare non sia per alterare, etiam quando sarà venuto in Italia, a Nostro Signore le cose della Chiesa et di Firenze, a me pare sia male gravissimo per Sua Sanctità, perché non si può negare che si annihilerà la sua grandeza. [...] La conclusione è che, quando per via di accordo si potessino riducere le cose in uno grado sicuro per tucti, che questo sarebbe el miglore partito, ma non si può avere se Cesare non depone gli instrumenti del potere occupare Italia ; il che non farà ».
46 Ibid. : « se per questo odio egli [= il re lascia rovinare l’Italia, potrebbe dipoi perdere il suo regno ; ma il fatto sta che la intenda egli così, perché, libero che sia, e’ sarà in mezzo di due difficultà : l’una, di torsi la Borgogna et perdere la Italia, et restare a discretione dello Inperatore ; et l’altra, per fuggir questo, diventare come parricida et fedifrago nelle difficultà soprascritte per aiutare huomini infedeli et instabili, che per ogni leggier cosa, vinto che gli avesse, lo farebbono riperdere ». Dans la Storia d’Italia c’est dans le récit de ces moments-là qu’on trouve l’une des rares critiques des mondanités désinvoltes du roi de France (XVII, 14 ; Histoire d’Italie..., vol. II, p. 458) : « Per sollecitare la partita della quale, che si metteva insieme nel porto tanto memorabile di Cartagenia, partí a’ ventiquattro dí di settembre dalla corte il viceré ; dimostrandosi Cesare molto piú pronto e piú sollecito alle faccende che non faceva il re di Francia : il quale, ancora che stretto da interessi sí gravi, consumava la maggiore parte del tempo in piaceri di caccie di balli e di intrattenimenti di donne ».
47 N. Machiavelli, Lettere a Francesco Vettori e a Francesco Guicciardini..., cité, p. 347.
48 F. Guicciardini, Lettere, cité, en cours de publication pour ce volume. Le volume de l’édition de la correspondance comprenant les lettres de 1526 est encore à paraître. Je remercie Pierre Jodogne et Paola Moreno de m’avoir communiqué les textes de ces lettres.
49 Ibid.
50 Histoire d’Italie…, cité, vol II, p. 522.
51 P. Hamon, Les Renaissances 1453-1559, Paris, 2009, p. 324-331.
52 Cf. D. Giannotti, Della Repubblica fiorentina, dans A. Baiocchi et S. Albonico (éd.), Storici e politici del 500, Milan-Naples, 1994, p. 127-133. Dans l’édition critique de Silvano ce passage se trouve aux p. 202-205. C’est la seule occurrence de François Ier dans tout le traité.
53 Ibid., p. 127.
54 Ibid., p. 127-128.
55 Ibid., p. 128.
56 Ibid., p. 130.
57 Ibid., p. 132.
58 Ibid., p. 132-133.
59 Ibid., p. 133.
60 Différemment de Giannotti, et de façon plus équilibrée, Filippo de’ Nerli, peu suspect d’une sympathie particulière pour la dernière République florentine, dans la conclusion du livre 8 de ses commentari, propose une sévère critique plus ponctuelle de la politique florentine à l’égard des Français. Il reproche à ses concitoyens d’avoir voulu s’allier à l’entreprise française contre Naples tout en interdisant que le pape n’y participe (ce à quoi le Roi aurait attribué l’échec contre Naples) : « cosi’ avviene il più delle volte alle minori repubbliche e a’ principi più deboli che si vogliono intromettere nelle guerre de’ principi grandi, perocché quella parte che si serve il più delle volte sene tiene mal servito e l’altra sene tiene gravemente offesa, e così vengono a rimanere preda de’ vincitori, come avvenne alla città nostra, della quale il Re non si tenne molto ben servito, e l’Imperatore sene tenne gravemente offeso ». (Filippo de’ Nerli, Commentari dei fatti civili occorsi dentro la città di Firenze dall’anno MCCXV all’anno MCXXXVII, Augsburg, 1728, p. 184).
Auteur
Université Paris 8 et Institut universitaire de France
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