La mainmise financière des Angevins sur leur périphérie. L’exemple de la principauté de Morée aux XIIIe et XIVe siècles
Résumés
La principauté de Morée, fondée au début du XIIIe siècle par des conquérants d’origine française en grande partie, passe sous domination des Angevins de Naples dans le courant de ce siècle. Or, une fois devenue une dépendance du royaume angevin, les rois de Naples et les seigneurs italiens nouvellement établis dans la principauté, vont faire en sorte de percevoir des revenus importants de cet État. À travers les documents qui sont à notre disposition, nous essaierons d’établir leur mode opératoire. Nous envisagerons ainsi de quelle façon s’établit la domination de la terre et quelles redevances et taxes indirectes sont perçues. Nous étudierons quels officiers se font le relais du pouvoir angevin sur le sol moréote et quels sont leurs domaines de compétences. Nous tenterons enfin d’évaluer dans quelle mesure cette mainmise est efficace, car notamment pour la seconde moitié du XIVe siècle la péninsule balkanique n’est pas épargnée par les incursions turques ou encore la réapparition de la peste. En conséquence, à travers ce sujet, il s’agit bien de dresser un tableau de la vie économique et sociale d’une des périphéries angevines aux XIIIe et XIVe siècles.
Il principato d'Acaia, fondato all'inizio del XIIIo secolo in gran parte da conquistatori di origine francese, passa sotto la dominazione degli Angioini di Napoli nel corso del secolo. Passato sotto il dominio dei sovrani angioini di Napoli e dei signori italiani recentemente stabilitisi nel principato, diventa oggetto di tentativi volti a riscuotere importanti redditi da questa zona. Attraverso i documenti a nostra disposizione, proveremo a stabilire il loro modo di operare. Si considererà anche le modalità di gestione delle terre e quali tasse e diritti indiretti furono riscossi. Studieremo quali ufficiali rappresentarono il potere angioino sul territorio d'Acaia e quali sono stati i loro ambiti di competenza. Tenteremo infine di valutare in che misura tale dominio fu efficiente di fronte alle incursioni turche e alla ricomparsa della peste che non risparmiarono la penisola balcanica nella seconda metà del XIVo secolo. Pertanto, attraverso tali argomenti, sarà delineato un quadro della vita economica e sociale di una delle periferie angioine nei secoli XIIIo e XIVo.
Texte intégral
1La principauté de Morée, ou d’Achaïe, est créée en 1204-1205 par des conquérants venus en grande partie du royaume de France1. La famille des Villehardouin s’impose rapidement à la tête de ce nouvel État, et la période d’extension maximale du territoire intervient lors du règne de Guillaume de Villehardouin (1246-1278) qui parvient à conquérir les dernières places fortes résistantes dans le Péloponnèse2. Par le biais de différents hommages, le prince est le suzerain d’une vaste Grèce latine, comprenant les îles ioniennes, le duché de l’Archipel (Cyclades), le duché d’Athènes, et plusieurs seigneuries en Béotie et en Étolie3. Or, à la suite de la défaite contre Michel Paléologue à Pélagonia en 1259, de nombreux chevaliers sont emprisonnés aux côtés du prince lui-même à Constantinople et ils y restent plusieurs années. Leur retour n’est envisagé qu’en cédant des places fortes du Péloponnèse aux Grecs qui, dès lors, n’ont de cesse d’attaquer le prince4. N’ayant pas d’héritier mâle et devant cette situation politique difficile, ne pouvant plus compter sur l’Empire latin de Constantinople, tombé en 1261 entre les mains de Michel Paléologue, Guillaume II de Villehardouin fait le choix de se rapprocher de Charles d’Anjou, vainqueur des Hohenstaufen en Italie du sud5. Lors des traités de Viterbe en 1267, il accepte le mariage de sa fille, Isabelle, avec le prince héritier angevin Philippe. Il continue à porter la couronne sa vie durant, mais à son décès celle-ci doit revenir à sa fille et par là-même à son nouvel époux6. Une fois devenue une dépendance du royaume angevin, les rois de Naples et les seigneurs italiens nouvellement établis dans la principauté, vont faire en sorte de percevoir les revenus de cet État à la fin du XIIIe siècle et tout au long du XIVe siècle.
2Afin d’envisager au mieux la mainmise financière des Angevins sur la principauté de Morée, nous pouvons compter sur des sources législatives telles que les Assises de Romanie7, les sources narratives comme la Chronique de Morée8, mais également les inventaires, comptabilités, ou encore donations que nous avons pour le XIVe siècle essentiellement, car les possessions de Niccolò Acciaiuoli, Grand sénéchal de Sicile, baron de Vostitsa, Nivelet et seigneur de Corinthe, sont bien gérées9. Pour autant, nous n’avons pas de séries parallèles de données pour une même région, ni de nombreuses mentions économiques, ce qui rend notre démarche difficile. Toutefois, l’archéologie peut être une aide précieuse afin de cerner la vie quotidienne des Moréotes10, car elle livre des espaces vides que l’historien doit réaménager, notamment grâce aux inventaires et aux descriptions narratives.
3Ainsi, à travers les documents qui sont à notre disposition, nous essaierons d’établir le mode opératoire de cette prédominance des Angevins en Morée. Nous envisagerons ainsi comment s’établit la domination de la terre et la mainmise financière angevine. Nous tenterons également d’évaluer de quelle façon celle-ci est efficace, et dans quelle mesure renouvelle-t-elle vraiment les pratiques déjà existantes car, au XIVe siècle, la péninsule balkanique n’est pas épargnée par les difficultés, que ce soit l’installation des Catalans11, les incursions turques ou encore la réapparition de la peste.
Une emprise graduelle
4L’influence des Angevins en Morée se met en place progressivement. Du vivant même du prince Guillaume de Villehardouin, qui règne de 1246 à 1278, on note l’arrivée de baux, premiers représentants du roi angevin dans la principauté. Ils sont bien accueillis dans l’ensemble12 et cela témoigne de l’influence grandissante de la monarchie administrative angevine13.
5En étant de plus en plus présents dans les Balkans, les Angevins vont reprendre les structures de domination de la terre existantes, héritées soit de l’empire byzantin, soit de la conquête latine14. En effet dès le début du XIIIe siècle, cette conquête a mis les Francs15 en présence d’une population grecque possédant une organisation économique et sociale, des institutions propres ainsi qu’une tradition juridique et une mentalité différentes des leurs16. L’occupation du Péloponnèse s’est faite par étapes, puisque les négociations furent préférées aux combats en raison de l’infériorité numérique des chevaliers17.
6Lorsque les Francs arrivent dans le Péloponnèse, ils se trouvent en présence de grandes propriétés foncières archontales ou ecclésiastiques. Les nobles latins qui souhaitent s’installer dans la principauté de Morée ont obtenu des fiefs sur tout le territoire du Péloponnèse et leur dispersion les a mis en contact plus étroit avec la population locale. La Grèce, comme l’Occident médiéval, est une contrée rurale et agraire qui tire ses richesses essentiellement du sol, car les villes y sont peu nombreuses et leur population réduite. Les Francs, qui occupent la quasi-totalité du territoire, ont donc détourné la première source de revenus à l’échelon local. L’économie rurale repose sur la masse de main d’œuvre des vilains des casaux, demeurant là où ils se trouvaient et dans l’état dans lequel ils étaient à l’arrivée des Francs18.
7Au lendemain de la conquête, l’organisation féodale se fonde sur un revenu de 1000 hyperpères par fief de chevalerie et les seigneuries les plus importantes en comptent plusieurs19 : comme les baronnies de Karytaina, Patras ou Mathegriphon qui sont composées de 22 à 24 fiefs. Dans chaque seigneurie, quelle que soit sa taille, une part des terres est réservée au domaine du seigneur, le reste est inféodé à des chevaliers20. Ainsi, les nobles latins s’appuient-ils sur la population grecque pour affirmer leur supériorité économique21 et à l’empereur byzantin lointain, se sont substitués les seigneurs latins installés dans leurs châteaux au milieu de leurs vassaux et paysans grecs, drainant ainsi les finances de chaque territoire à l’échelle locale.
8Dans de nombreux domaines, la communauté grecque est un soutien pour les chevaliers francs récemment arrivés. En effet, le seigneur latin vit des revenus fournis par les paysans qui cultivent sa terre, or les conquérants ne connaissent pas le grec et l’aide que peut leur fournir la population locale est capitale pour comprendre le système fiscal préexistant et les documents byzantins22. Les Assises de Romanie décrivent de façon sommaire les seigneuries rurales car, lorsque le coutumier évoque les vilains, il s’agit en fait de la paysannerie moréote23. Au sein de celle-ci, il faut différencier le paysan libre du vilain appelé aussi parèque : le premier possède quelques privilèges, tandis que le second est plus étroitement soumis au joug du seigneur auquel il est attaché24, constituant ainsi la dernière catégorie sociale de la principauté. Cette population des campagnes conserve sa condition et ses terres durant la domination des Villehardouin et celle des Angevins.
9En effet, lors de la conquête et tout au long de l’existence de la principauté de Morée, les Latins ne représentent que les cadres de la société et ne font que s’adjoindre à la communauté grecque déjà en place25 dont l’aristocratie locale est représentée par les archontes26. C’est au plus bas échelon que les Grecs sont reconnus : ils n’ont pas de vassaux et n’entretiennent donc pas de cour. Pourtant, par leur fortune, leur position sociale et les exemptions dont ils bénéficient, les archontes se distinguent du reste de la population indigène et se ferment aux autres Grecs. En acceptant des habitants de la péninsule au sein de leur féodalité, les nobles latins adaptent leurs institutions au milieu dans lequel ils s’implantent et les Angevins font de même quelques décennies plus tard.
10L’ascendant des Latins que l’on note sur la société moréote dès la conquête est complété par une emprise économique plus progressive, aussi bien sous le gouvernement Villehardouin que sous celui des Angevins. Le terme de rente est, semble-t-il, le mieux adapté pour refléter la complexité des ressources provenant de la production agraire destinées à la noblesse. Cette rente féodale, qui intéresse les domaines économique, social et politique, malgré son hétérogénéité et la masse des sujets grecs, peut être comparée à celle des seigneuries occidentales27. Les redevances perçues par les lignages nobles, que ce soit durant le règne des Villehardouin ou celui des Angevins, sont variées et concernent divers domaines, leur permettant de subvenir à leurs besoins. L’implantation des gentilshommes latins se fait sur une base fiscale byzantine dont l’unité est la stase, c’est-à-dire l’exploitation familiale et la subdivision du village définissant la base de calcul de l’impôt28. Les Assises de Romanie mentionnent ces stases dans les quelques articles qui abordent la condition des vilains29, mais le seigneur perçoit en plus de l’imposition directe nombre de revenus comme en témoigne le tableau présenté dans notre deuxième partie30.
11Les prospections archéologiques, qui complètent les sources écrites, ont permis de mettre à jour plusieurs exploitations rurales et des établissements relevant de fiefs des Acciaiuoli au XIVe siècle, notamment, ont livré des céramiques datant de la période franque au nord-est de Patras31. Quant aux recherches menées en Attique, elles ont révélé les vestiges d’un fouloir et d’une ferme32, attestant ainsi une implantation rurale forte des occupants. Dans leur vie quotidienne, les villageois et les châtelains sont donc étroitement liés, car le plus souvent le village est dominé par un ouvrage fortifié que ce soit un château ou une tour33. Le noble et ses seconds surveillent ainsi les domaines agricoles et les populations rurales, ils peuvent de plus s’assurer de la sécurité du pays34. Dès le XIVe siècle, dans des régions fortement soumises à la pression turque, la population rurale décroît et c’est la venue massive d’Albanais qui permet aux campagnes de ne pas se dépeupler35. Ce système traditionnel d’exploitation du sol et de subsistance du chevalier est complété par un type de faire-valoir caractéristique qui va se pérenniser sous les Angevins.
12En effet, en ce qui concerne le régime des terres, les casaux de parçon représentent une particularité moréote qu’il est intéressant d’observer. Le casal désigne dans son sens large l’agglomération villageoise et l’ensemble de son terroir ; quant au terme parçon, il signifie une division, un partage en ancien français36. L’appellation casaux de parçon implique donc une certaine répartition du territoire, dont il faut définir la finalité37 :
Si que li gentilz homme grec de l’empereur, pour la bonne pays qu’il avoient avec le prince Florant, si se fioient moult, et aloient habiter aux casaux de parçon que il avoient et partoient [partageait] avec les gentilz hommes frans, les fievés dou prince38.
13Dans cet extrait, il n’est pas question d’une division de la terre entre plusieurs vilains, mais bien d’un partage des revenus fonciers entre seigneurs, il s’agit donc d’une coseigneurie gréco-franque dont la mise en place remonte à l’installation des Byzantins dans la péninsule dès 1262. Durant la décennie qui suit, les régions proches des trois forteresses rétrocédées39 se retrouvent en danger potentiel à la merci des attaques grecques. Dès lors, la solution de compromis que représentent les casaux de parçon est envisagée, car mieux vaut partager les revenus d’une terre que d’en subir l’occupation :
[…] Si estoit .j. gentil homme grec que on appelloit Foty, […]. Cellui Foty estoit alés vers la contrée de Corinte ou il avoit casaux que il partissoit avec les gentilz hommes de Corinte ; et ordinoit ses besoingnes avec ses hommes ; et menoit bonne vie sur sa terre40.
14Les casaux de la région de Corinthe ne sont pas fragmentés, ils sont détenus en commun par des nobles latins et des archontes grecs, dans cet extrait il s’agit d’un nommé Photios. Ce type d’accord, qui concerne les fiefs octroyés aux feudataires et les revenus qu’ils peuvent en tirer, requiert l’assentiment du prince et il ne peut être que profitable au feudataire puisque les Assises de Romanie permettent au vassal de limiter son service « s’il advient que le feudataire perde partie de son fief ou qu’il lui soit pris par les ennemis »41.
15Ainsi les seigneurs grecs et francs veillent à ce que les domaines exploités produisent des revenus conséquents. Les casaux de parçon, qui demeurent indivis, apportent des avantages économiques non négligeables et cette pratique démontre que la lutte armée ne fut pas toujours la solution adoptée dans le conflit franco-grec de Morée. Ces casaux de parçon sont attestés aussi bien au XIIIe qu’au XIVe siècle. On en retrouve la trace dans les documents de gestion des Acciaiuoli, où apparaissent des villages détenus conjointement par Niccolò Acciaiuoli et des archontes grecs42. Ainsi, quelle que soit la forme, l’emprise graduelle que les Latins mettent en place en Morée leur permet d’exploiter au mieux la diversité et les richesses des Balkans. Les Angevins ne font que reprendre les structures existantes dans nombre de domaines, tout en se les appropriant. Cependant, comme l’intérêt financier est de plus en plus important, en raison du contexte défavorable au tournant des XIIIe-XIVe siècles, les Latins au service des Villehardouin, puis ceux au service des Angevins, commencent à s’intéresser aux bénéfices qu’ils peuvent percevoir à proximité.
L’exploitation des ressources locales
16Le patrimoine de la noblesse latine, provient des concessions faites à la suite de la conquête43. Les conquérants préservent en outre certaines taxes et services byzantins en changeant leur aspect, comme pour les banalités. Nous avons toute une série de documents sur le régime des terres de la principauté au XIVe siècle, concernant avant tout la gestion des biens féodaux possédés en Morée par les Acciaiuoli, récompensés ainsi des prêts consentis aux Angevins44. Dans les actes de donation qui y figurent, l’ordre est invariable : il y a tout d’abord l’énumération des terres concédées, puis la liste des vilains qui y sont attachés avec des considérations sur leurs familles, leurs biens et les taxes qui pèsent sur eux45. Et de façon complémentaire, les Angevins, afin de gérer au mieux leurs biens et en raison de leur absence en Morée, délèguent leur pouvoir à un vicaire qui les représente et détient toutes les prérogatives d’un seigneur féodal : il doit le service au prince, peut investir un feudataire, rend la justice dans la cour seigneuriale et s’occupe des officiers tout en gérant les biens46.
17L’enrichissement passe, en partie, par les bénéfices réalisés grâce à la richesse naturelle d’un lieu47. En effet, la Grèce est morcelée en de nombreuses petites plaines ou massifs montagneux dont les cultures sont de type méditerranéen, reposant sur le blé, les olives et le vignoble48. À l’époque médiévale, l’économie dans l’ensemble ne paraît pas très prospère : les céréales manquent souvent49 et les ressources spécifiques telles que l’élevage de chevaux ne suffisent pas à combler la demande50. Pourtant des échanges se produisent au quotidien, tractations sur lesquelles les nobles de la principauté perçoivent une taxe :
[…] par devant .j. casal que on appelle la Varvaine […] si se faisoient les foires que on claime Panejours, lesquelles se font au jour de huy au demie juyn ; auxquelz foires venoient la gent de toutes pars pour acheter et pour vendre, tant dou pays de l’empereor comme de cellui dou prince51.
18Ce passage démontre l’entente cordiale qui règne entre les populations de la principauté qui se côtoient lors des foires régulièrement organisées52. Les échanges économiques, notamment grâce aux taxes qu’ils génèrent, renforcent la prospérité économique des lignages nobiliaires durant le règne des Villehardouin, puis sous la domination angevine53. Y sont vendus les mêmes produits qu’en Occident : denrées alimentaires diverses mais aussi produits textiles comme la soie54 ou le coton55. On note en outre la présence d’intermédiaires italiens56, mais aussi de Catalans qui s’accaparent le commerce certainement le plus rentable, celui des esclaves57 ; ils ne sont pas seulement exportés58, car ils peuvent également être échangés entre lignages en signe d’entente cordiale. Ainsi, retrouvons-nous la trace d’une esclave envoyée par Francesca Tocco, comtesse de Céphalonie, à Antonio Acciaiuoli son demi-frère, afin qu’il en fasse ce que bon lui semble59.
19Le territoire moréote apparaît ainsi avant tout rural, mais les ressources halieutiques ne sont pas négligées pour autant puisque les sources attestent la présence de pêcheries60. Certaines activités plus rentables que d’autres, telles que l’industrie de la soie, s’ouvrent au marché et profitent à quelques grands ports comme Clarence61, Modon ou Coron62. Clarence est sans doute le port le plus important, protégé des attaques par de puissantes murailles dont la date de construction reste débattue63, mais c’est un port ouvert à de nombreuses influences dans lequel l’ascendant vénitien s’affirme sensiblement, un lieu où s’effectue avant tout un commerce de type colonial64. Toutes ces ressources, rapidement mentionnées, donnent lieu à de multiples redevances dont la liste ci-dessous permet de mesurer l’emprise financière des Latins en général, des Angevins en particulier (tab. 1).
Tab. 1 – L'emprise financière des Latins et des Angevins.
Acrostiche | Impôt foncier touchant les vilains et les hommes libres, Grecs ou Latins ; il est établi en fonction de la situation économique du feu. Il y a des officiers spécialement nommés à cet effet, le plus souvent ce sont des vilains aisés, servant d’intermédiaires entre le seigneur et la communauté ruralea. |
Ycomodium/Ycometrum | Le premier est dû en froment ou en orge ; le second est payé en moût. Ce sont deux redevances pour les vilains, proportionnelles à l’acrostiche dans certaines seigneuries et proportionnelles à la récolte dans d’autres. Ces biens en nature sont stockés et ils servent aux besoins du seigneur et à la consommation des officiers. Si un surplus se dégage, une commercialisation est possibleb. |
Exenium | Obligation coutumière des parèques. C’est un prélèvement supplémentaire, un « don » en nature offert aux fonctionnaires en guise de reconnaissance, souvent en nature, parfois en argentc. |
Gimorium | C’est un impôt dont tout cultivateur de terre féodale doit s’acquitter, assimilé au terrage en Occident. Il est prélevé sur les récoltes de grains, de lin, de coton ou de légumes, entre autresd. |
Modiaticum | Redevance en grains ou en espèces équivalente à cette mesure de grains. Elle est le plus souvent enregistrée et totalisée avec l’acrostichee. |
Corvée ou servicium personale | C’est une forme très avantageuse d’exploitation des terres. Les vilains doivent tous le service personnel, non rémunéréf. |
Gabelles (cabella, cabelle) | Ce sont des droits proprement seigneuriaux. Le terme correspond à une grande catégorie de droits portant sur les pêcheries, les parcours d’animaux, les jardins ou encore les moulinsg. Parmi toutes les gabelles, l’impôt sur les salines est le plus élevéh. |
Kommerkion (commerchium) | Taxe levée dans les ports pour tout seigneuri, dont le taux est variable d’un port à l’autre. Il existe différents commerchio applicables à divers métiersj. |
a. L’inventaire de 1354 mentionne l’acrostiche en espèce et en nature (J. Longnon, P. Topping, Documents…cit., p. 67-115, 164, p. 269). b. Ycomodium et ycometrum apparaissent en nature dans les documents contemporains (J. Longnon, P. Topping, Documents… cit., p. 55-115). c. J. Longnon, P. Topping, Documents…cit., p. 269. d. Les Assises…cit., art 37 ; J. Longnon, P. Topping, Documents…cit., p. 100. e. J. Longnon, P. Topping, Documents…cit., p. 271. f. J. Longnon, P. Topping, Documents…cit., p. 271-272. g. Certains documents font référence à l’adjudication aux enchères de ces gabelles (J.-A. C. Buchon, Nouvelles recherches…cit., t. II, p. 201 ; E. Petrescu, Pour une histoire agraire de la Morée franque (XIIIe-moitié du XVe siècle), Thèse de l’université Paris IV, 2008, p. 301. Il aurait été plus lucratif que les officiers de Niccolò Acciaiuoli contrôlent directement ses activités afin de percevoir un revenu plus élevé. h. Les Assises…cit., art. 84. i. Ibid., art. 84, 152. j. E. Petrescu, Pour une histoire agraire…cit., p. 282-283 ; J. Longnon, P. Topping, Documents…cit., p. 162, 276-277. |
20Afin de percevoir au mieux ces redevances, en espèces ou en nature, des officiers sont mobilisés. Il est bien rappelé qu’à chaque passation de pouvoir le nouveau prince, ou son bail, change tous les officiers65. La base de données en cours d’élaboration dans le cadre du projet Europange doit aboutir au recensement de tous les officiers de l’espace angevin, principauté de Morée y comprise, et à leur étude au sein de ce vaste espace politique. Cela permettra de mettre en lumière des pratiques, une circulation que l’on a du mal à cerner encore. Ce qui apparaît de façon certaine c’est que les Angevins tirent parti du système fiscal déjà mis en place, le reprennent dans son ensemble, sans réellement y apporter de modifications, toutefois ils vont exercer en Morée une influence notable en y installant des systèmes d’exploitation venus d’Italie du sud.
Une influence déterminante
21La victoire des Angevins sur les Hohenstaufen crée les prémices de l’ouverture de nouveaux marchés. Afin de récompenser les compagnies qui les avaient financés, les Angevins offrent des privilèges dans des territoires qu’ils viennent d’occuper. Bientôt ces compagnies deviennent les banquiers de la maison d’Anjou et de la noblesse méridionale en général. Voilà comment Niccolò Acciaiuoli se trouve fieffé en Morée. Dès 1338, Niccolò Acciaiuoli accompagne Catherine et Robert d’Anjou en Morée, qui lui octroient des biens dans la châtellenie de Corinthe. En 1358, c’est Corinthe qui est cédée à titre de baronnie66 et, afin de mieux défendre la cité, Robert annule toute concession faite à d’autres dans cette même châtellenie.
22En cette deuxième moitié du XIVe siècle, le contrôle des Angevins sur le sol moréote se fait plus important, à l’instar du rapport de Nicolas Boiano sur les biens de Marie de Bourbon, épouse de Robert de Tarente en Morée, daté de 1361. Ce document très développé, émanant d’un procureur chargé des pleins pouvoirs, livre à l’historien de très nombreux renseignements : la demande à certains vassaux d’un service militaire pour l’impératrice ; le changement de trésorier peu dévoué ; le mauvais temps des années précédentes ; la nécessité d’une vaste enquête sur les obligations des chevaliers et les sommes perçues par les officiers ; la justice rendue pour différents cas ; le règlement de problèmes successoraux ; et enfin, les excès, les empiétements de Centurione Zaccaria, baron de Chalandritsa. Ce rapport, au final peu favorable, décrit un pouvoir angevin lointain, peu respecté par un baronnage moréote très belliqueux, et il a sans doute accentué la volonté de Niccolò Acciaiuoli de vendre ses biens à son neveu Nerio en 136367.
23Si l’influence des Angevins en cette deuxième moitié du XIVe siècle est déterminante en Morée, celle des Acciaiuoli l’est davantage. Pour autant des points communs apparaissent concernant les terres cultivées quel qu’en soit le propriétaire. En effet, une partie des terres cultivées, constituées de champs et de vignes se trouve en faire-valoir direct du seigneur, le reste des terres est, quant à lui, divisé en parcelles concédées à des tenanciers sur la base d’un contrat. Les terres en faire-valoir direct sont organisées en fermes appelées massariae, une forme d’exploitation venant d’Italie du sud, créée par Frédéric II, et introduite en Grèce par l’administration angevine. À sa tête un magister massarius, choisi parmi les familles aisées, qui pouvait prendre en charge, grâce à ses biens, les récoltes et les animaux de la massaria68. En Morée, chaque châtellenie a un magister massarius qui est responsable de toutes les fermes existantes dans la châtellenie. Dans l’acte de donation de 1338, cette fonction est occupée dans la châtellenie de Kalamata par le grec Jean Mourmouris, précédemment protovestiaire de la principauté69. Pour assurer ce fonctionnement, on fait appel à des fonctionnaires grecs, connaisseurs des réalités locales, à qui il incombe d’établir les registres fiscaux70. À Corinthe en 1365, le magister massarius est un Théodore, d’origine grecque. Il exploite le domaine et tous les fiefs attenants ; il contrôle les quittances, les reçus et exerce un contrôle rigoureux des entrées, de la gestion au quotidien71.
24Les superficies de massariae sont difficilement cernables, mais sans doute grandes quand on les compare à la taille d’un fief. Afin d’assurer un meilleur rendement, on les dispose sur des terres fertiles. Bien qu’il soit impossible d’évaluer la proportion de terres cultivées en céréales et en vignes dans les massariae, une partie de ces récoltes devait tout de même subvenir aux besoins de la cour, et des officiers chargés de l’administration et des garnisons, entre autres. Ainsi les Angevins en prenant en main la principauté de Morée, ne font pas que réexploiter des structures politiques, économiques et militaires déjà existantes, ils apportent leur savoir-faire en termes d’exploitation agricole. Progressivement, leur emprise sur certaines baronnies est totale, à l’image de la seigneurie de Corinthe.
25En effet, alors que les difficultés s’aggravent au début du XIVe siècle et que l’installation des Catalans en Attique en 1311 se conjugue avec l’absence des princes angevins, la situation géographique place Corinthe en première ligne face aux agressions extérieures et la cité est attaquée dès 131272. Robert de Tarente reçoit de nombreuses doléances de la part des habitants de la châtellenie dénonçant les attaques répétées du pays par les compagnies catalanes et mentionnant le montant excessif des frais engendrés. Mais, occupé davantage à régler les affaires italiennes que celles de Morée, il n’hésite pas à déléguer son pouvoir à la puissante famille florentine des Acciaiuoli dont le représentant le plus en vue est le sénéchal héréditaire de Sicile, Niccolò Acciaiuoli73. En 1358, ce dernier reçoit Corinthe à titre de baronnie afin d’en assurer la défense contre les incursions74 et il dispose en outre d’un droit de haute justice75. Il prend quelques mesures telles que la remise des arriérés fiscaux des habitants76, la sécurisation du territoire permettant aux vilains en fuite de réintégrer la châtellenie77, sans oublier l’opération de restauration qu’il mène sur les fortifications de l’Acrocorinthe78. Pour un temps, la châtellenie devient la capitale de la Morée, car la puissance de Niccolò Acciaiuoli en fait le véritable maître du territoire, mais lorsqu’il décède en 1365, cette seigneurie est concédée à son fils Angelo79 qui la confie à son cousin Nerio en 1371 afin de la sécuriser en échange d’une somme d’argent.
26Pour garantir les moyens d’existence à ses habitants, Corinthe peut compter sur des ressources que les témoignages contemporains s’emploient à décrire comme abondantes. Ainsi, les seigneurs successifs tirent leur puissance des richesses que peut leur procurer le territoire corinthien et qui sont de plusieurs ordres :
- Il s’agit tout d’abord de profiter de la situation exceptionnelle de l’Acrocorinthe. Du point de vue militaire tout d’abord, elle permet de défendre un point stratégique80. Le château a pour dessein d’être le centre du fief et il centralise pour cela les fonctions d’un territoire délimité, en organisant la défense et en prévoyant un espace de refuge pour les habitants. Il s’intègre en outre à un vaste projet tactique, car l’Acrocorinthe surveille les frontières et contrôle les communications81.
- La situation très favorable de Corinthe est soulignée par la version grecque de la Chronique de Morée82. Ses mouillages exceptionnels hébergent plusieurs ports83 de part et d’autre de l’isthme, permettant ainsi à cette cité d’être l’une des plus prospères de la péninsule84. Ainsi, les seigneurs profitent-ils directement du développement commercial pour augmenter leurs revenus.
- Enfin, l’emprise foncière de cette seigneurie est tout aussi rentable, car cette cité et sa région représentent un avantage économique pour les autorités qui y ont développé l’usage des « casaux de parçon » attestés dans Le livre de la Conqueste85 et vus précédemment. Les paysans dépendant de ces exploitations ont ainsi deux seigneurs dont l’intérêt est de réduire voire d’empêcher les accidents pouvant perturber l’exploitation de la terre.
27Les revenus obtenus par Niccolò Acciaiuoli dans ses possessions moréotes, en dépit de tous ses efforts, semblent pourtant dérisoires. Il faut dire que la période de crise, marquée par les désertions de villages, l’abandon de terres, la guerre endémique ou la peste, ne joue pas en sa faveur. Ce n’est qu’à la fin du XIVe siècle que l’on peut noter une légère reprise économique en Morée, en partie due à la bonne gestion héritée de Niccolò Acciaiuoli86.
Conclusion
28La politique de conciliation menée par les conquérants latins et le partage équitable des terres lors de la conquête de Morée permettent d’obtenir le ralliement des vaincus87. Un rapprochement pacifique se met en place en Morée, fondé avant tout sur des intérêts communs à tous les niveaux de la société : pour les nobles il y a des accords politiques, des mariages, une influence dans l’administration et la gestion des biens, tandis que pour le restant de la population la coexistence se généralise.
29L’arrivée des Angevins dans le troisième quart du XIIIe siècle ne va pas profondément modifier le cours des choses, car le nouveau pouvoir va réexploiter les structures économiques et fiscales déjà en place. Par contre, ce qui est beaucoup plus perturbant, ce sont les trois facteurs qui apparaissent au XIVe siècle et qui précipitent le déclin de la Grèce centrale latine : les épidémies de peste, la guerre de destruction réciproque entre les forces latines88 et les attaques répétées des Turcs89 dont la pression provoque l’agitation de toutes les populations et la désolation de nombreuses régions de l’Est méditerranéen. Les difficultés de la vie rurale et de l’économie en sont les symptômes et les nobles de Morée souffrent des problèmes qui s’accumulent au bas Moyen Âge. Les divisions politiques et les ravages de la peste nuisent à l’économie, par là même à l’assise économique des nobles et, au-delà, à la Morée angevine ou ce qu’il en reste, car il faut tout de même préciser que les attaques répétées des Grecs et des Turcs ont sensiblement réduit le territoire de cette principauté.
30En conséquence, ce tableau de la vie économique et sociale de la Morée aux XIIIe et XIVe siècles, nous montre une périphérie peu prospère qui se trouve en partie affaiblie par les maux contemporains et les facteurs endogènes, non pas par la mauvaise gestion des Angevins. La principauté ne représente pas une source de richesse extraordinaire, pourtant elle reste un centre d’intérêt pour les Angevins et plus particulièrement les Acciaiuoli qui en font leur bastion ; si ce n’est Niccolò lui-même, c’est l’œuvre de son neveu Nerio et de ses descendants toujours présents dans le Péloponnèse au XVe siècle.
Notes de bas de page
1 I. Ortega, Les Lignages nobiliaires dans la Morée latine (XIIIe-XVe siècle). Permanences et mutations, Turnhout, 2012, p. 27-40.
2 Le Livre de la conqueste de la princée de l’Amorée, Chronique de Morée (1204-1305), J. Longnon (éd.), Paris, 1911, § 202-207.
3 I. Ortega, Les Lignages… cit., p. 96-103.
4 Le Livre de la conqueste… cit., § 317 et s.
5 G. Jehel, Les Angevins de Naples. Une dynastie européenne (1246-1266-1442), Paris, 2014, p. 15-18.
6 Ch. Perrat, J. Longnon (éd.), Actes relatifs à la principauté de Morée (1289-1300), Paris, 1967, p. 207-211.
7 G. Recoura (éd.), Les Assises de Romanie, Paris, 1930 ; A. Parmeggiani (éd.), Libro dela uxanze e statuti delo imperio de Romania, Spolète, 1998.
8 Cette chronique est utilisée dans cet article dans ses versions française et grecque : Le Livre de la conqueste… cit. ; The Chronicle of Morea, J. Schmitt (éd.), Londres, 1904. Chronique de Morée, R. Bouchet (éd.), Paris, 2005.
9 J. Longnon, P. Topping, Documents sur le régime des terres dans la principauté de Morée au XIVe siècle, Paris-La Haye, 1969.
10 Les relevés de fouilles concernant la Grèce apparaissent dans le BCH.
11 Ils s’installent dans le duché d’Athènes à partir de 1311 (R. Muntaner, Les Almogavres. L‘expédition des Catalans en Orient, Toulouse, 2002, p. 154 et s.).
12 Je renvoie à mon intervention lors du colloque de Bergame (15-16 novembre 2013) intitulée Les officiers angevins au regard des nobles moréotes XIIIe-XIVe siècles, dans Les grands officiers dans l’espace angevin/I grandi ufficiali nello spazio angioino, colloque à l’Université de Bergame, Riccardo Rao (dir.), consultable en ligne : https://0-books-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/efr/3015 (version papier : Rome, 2017).
13 Μ. Ντουρου-Ηλιοπουλου, Les étrangers latins en Romanie angevine sous Charles Ier (1266-1285), dans XIXe Congrès International d’Études byzantines, Copenhague (19-24 août 1996), Byzantinoslavica, 49 (1988), 1, p. 65-70, repris dans Μ. Ντουρου-Ηλιουπουλου, Οι Δυτικοί στη Ρωμανία (13ος- 15ος αιώνας). Μια ερευνητική Προσέγγιση, Athènes, 2013, p. 29-38..
14 A. Carile, La Rendita feudale nella Morea latina del XIV secolo, Bologne, 1974, p. 1-11.
15 Les Francs étaient pour les Byzantins les sujets de l’Empire carolingien, ce qui constitue une vaste aire géographique, alors que le terme de Latins désigne tous les chrétiens de rite romain venus d’Occident : une référence étant géographique et politique, l’autre étant religieuse. Ainsi l’adjectif latine est préférable à celui de franque pour caractériser la principauté, par référence au catholicisme romain, car nombre de seigneurs de l’Égée sont d’origine italienne, et dans la péninsule elle-même, beaucoup d’Italiens, intégrés dans les rangs des feudataires moréotes, viennent du royaume angevin et connaissent le français, langue privilégiée à la cour de Naples. Pour autant le qualificatif de Francs décrit bien les premiers conquérants (J. Richard, Le pouvoir franc en Méditerranée orientale, dans La France et la Méditerranée : vingt-sept siècles d’interdépendance, Leiden, 1990, p. 77-87 ; repris dans Id., Croisades et États latins d’Orient (VR), Aldershot, 1992).
16 D. Jacoby, Rural Exploitation and Market Economy in the Late Medieval Peloponnese, dans Viewing the Morea. Land and People in the Late Medieval Peloponnese, S. E. J. Gerstel (ed.), Washington D. C., 2013, p. 213-215.
17 Le manque d’hommes et les problèmes statistiques sont communs à de nombreux États de la Méditerranée orientale tels que l’Empire latin de Constantinople. Mais lorsque celui-ci est perdu pour les Latins, nombre de ses ressortissants restent en Morée et comblent quelque peu l’oliganthropie (A. Carile, Movimenti di popolazione e colonizzazione occidentale in Romania nel XIII secolo alla luce della composizione dell’esercito crociato nel 1204. Note per una demografia dell’impero latino di Costantinopoli, dans Byzantinische Forschungen, Internationale Zeitschrift für Byzantinistik, t. VII, 1979, p. 5-8).
18 Chronicle of Morea…cit., v. 1648. Les vilains sont les paysans attachés à la terre qu’ils cultivent et les casaux sont leurs villages.
19 J. Longnon, La vie rurale dans la Grèce franque, dans Journal des Savants, 1965, p. 346.
20 Ibid., p. 347.
21 D. Jacoby, Les États latins en Romanie : phénomènes sociaux et économiques (1204-1350 environ), dans XVe Congrès international d’études byzantines, Athènes, 1976, p. 1-51 ; repris dans Id., Recherches sur la Méditerranée orientale du XIIe au XVe siècle. Peuples, sociétés et économies (VR), Londres, 1979, p. 43.
22 Voir troisième partie de cet article, concernant les officiers d’origine grecque.
23 Les Assises…cit., art. 176, art. 182.
24 Les Assises…cit., art. 174-189.
25 La coexistence est pacifique, aboutissant même à une symbiose pour certains historiens (J. Chrysostomidès, Symbiosis in the Peloponnese in the aftermath of the Fourth Crusade, dans A. Avraméa, A. Laiou, E. Chrysos (éd.), Byzantium. State and society. In memory of Nikos Oikonomidès, Athènes, 2003, p. 155-167).
26 D. Jacoby, Les archontes grecs et la féodalité en Morée franque, dans Travaux et Mémoires, t. II, 1965-1967, p. 421-481 ; repris dans Id., Société et démographie à Byzance et en Romanie latine (VR), Londres, 1975, p. 436 et s. ; J.-C. Cheynet (éd.), Le Monde byzantin, t. II, L’Empire byzantin (641-1204), Paris, 2006, p. 170-171. Ils conservent certains aspects de leur droit notamment dans le domaine privé (Les Assises…cit., art. 194).
27 A. Carile, La Rendita… cit., p. 81.
28 M. Kaplan, Les Hommes et la terre à Byzance du VIe au XIe siècle. Propriété et exploitation du sol, Paris, 1992, p. 217.
29 Les Assises…cit., art. 183, art. 190, art. 197.
30 Les Assises…cit., art. 183, art. 190 ; J. Longnon, L’Empire latin de Constantinople et la principauté de Morée, Paris, 1949, p. 210-211.
31 BCH, 2000, p. 843.
32 BCH, 1999, p. 670.
33 Il n’est pas simple, d’après les sources, de voir les nuances entre les différentes fortifications (M. Breuillot, Châteaux oubliés de la Messénie médiévale, Paris, 2005, p.55-60 ; W. J. Aerts, H. Hokwerda, Lexicon on the chronicle of Morea, Groningen, 2002, καστέλλιν, κάστρον, p. 243-244).
34 J. Bintliff, The frankish countryside in central Greece: the evidence from archeological field survey, dans P. Lock, G. D. R. Sanders (éd.), The archeology of medieval Greece, Oxford, 1996, p. 6.
35 J. Bintliff, The frankish countryside… cit., p. 5 ; A. Ducellier, Les Albanais dans les colonies vénitiennes au XVe siècle, dans Studi Veneziani, X, 1968 ; repris dans Id., L’Albanie entre Byzance et Venise (Ve-XVe siècle) (VR), Londres, 1987, p. 62-63.
36 A. J. Greimas, Dictionnaire de l’Ancien Français, Paris, 1997 (1re éd. 1979), p. 440.
37 D. Jacoby, Un régime de coseigneurie gréco-franque en Morée : les casaux de parçon, dans Mélanges d’archéologie et d’histoire, publiés par l’École Française de Rome, t. LXXV, 1963 ; repris dans Id., Société et démographie à Byzance et en Romanie latine (VR), Londres, 1975, p. 111-125.
38 Le Livre de la conqueste…cit., § 663.
39 Ces forteresses sont Monemvasie, Mistra et le Grand Magne (Le Livre de la conqueste…cit., § 317).
40 Le Livre de la conqueste…cit., § 664.
41 Les Assises… cit., art. 65.
42 Item casale Boscio, quod est casale mezanie, pro medietate Grecorum et pro medietate Francorum […] (J. Longnon, P. Topping, Documents…cit., p. 46-47).
43 A. Carile, La Rendita…cit., p. 3.
44 E.-G. Léonard, Histoire de Jeanne Ire. Reine de Naples, comtesse de Provence (1343-1382), Paris-Monaco, 1936, p. 179 et s. ; G. Jehel, Les Angevins… cit., p. 250-256.
45 J. Longnon, P. Topping, Documents…cit., p. 20-29.
46 J. Longnon, P. Topping, Documents…cit., p. 141-153.
47 David Jacoby propose un tableau des richesses agricoles du Péloponnèse en décrivant sa production d’huile d’olives, de céréales, de vins et de raisins secs et de coton, entre autres (D. Jacoby, Rural exploitation… cit., p. 233-263). Mais les dépenses des nobles et leur dérive vers l’ostentation ne peuvent être possibles, en dépit des ressources liées à la terre, sans l’intervention des banquiers et leur pratique du crédit (D. Jacoby, Les Occidentaux dans les villes de Romanie latine jusqu’en 1261 : la région balkanique, dans XXe Congrès international des études byzantines, Collège de France-Sorbonne, 19-25 août 2001, Paris, t. 1, p. 289).
48 Cette trilogie se retrouve en Chypre (G. Grivaud, Pour une histoire des villages désertés…cit., p. 492-493) et en Crète (M. Gallina, Progetti veneziani di economia coloniale a Creta, dans M. Del Treppo (dir.), Sistema di rapporti ed elites economiche in Europa (secoli XII-XVII), Naples, 1994 ; repris dans Conflitti e coesistenza nel Mediterraneo medievale : mondo bizantino e occidente latino, Spolète, 2003, p. 315).
49 En période de paix, les demandes sont pourtant récurrentes : 1292, 1294, 1296 (Ch. Perrat, J. Longnon, Actes relatifs… cit., p. 56-57, 112, 166-167).
50 En effet, des autorisations d’importation de chevaux existent (Ch. Perrat, J. Longnon, Actes relatifs… cit., p. 55, 77, 126).
51 Le Livre de la conqueste… cit., § 802.
52 C’est le même mot qui est toujours employé en grec moderne pour qualifier la foire, la kermesse : το πανηγύρι).
53 Le droit de foire prend des appellations diverses dans les documents (J. Longnon, P. Topping, Documents…cit., p. 9).
54 Le Livre de la conqueste... cit., § 803; A. Rubio I Lluch, Diplomatari de l’Orient català (1309-1409) fac-similé, Barcelone, 2001, p. 559; D. Jacoby, Silk production in the frankish Peloponnese: the evidence of fourteenth century surveys and reports, dans H.A. Kalligas (éd.), Travellers and Officials in the Peloponnese. Descriptions-Reports-Statistics, in Honour of sir Steven Runciman, Monemvasie, 1994, p. 41-61; repris dans Id., Trade, commodities and shipping in the medieval Mediterranean (VR), Aldershot, 1997.
55 G. Saint-Guillain, Les ducs de l’Archipel et le coton de Santorin (fin XIVe-début XVe siècle), dans C. A. Maltezou, P. Schreiner (éd.), Bisanzio, Venezia e il mondo franco greco (XIIe-XVe secolo), Atti del colloquio internazionale organizzato nel centenario della nascita di Raymond-Joseph Loenertz o.p., Venezia, 1-2 dicembre 2000, Venise, 2002, p. 368-369.
56 D. Jacoby, Italian migration and settlement in latin Greece : the impact on the economy, dans Schriften des Historischen Kollegs, Kolloquien 37 = Die Kreuzfahrerstaaten als multikulturelle Gesellschaft. Einwanderer und Minderheiten im 12. und 13. Jahrhundert, Munich, 1997, p. 97-127; repris dans Id., Byzantium, latin Romania and the Mediterranean (VR), Aldershot, 2001.
57 Cronaca dei Tocco di Cefalonia di anonimo, G. Schiro (éd.), Rome, 1975, p. 121.
58 On en retrouve la trace dans de nombreux foyers italiens (H. Bresc, Esclaves auliques et main d’œuvre servile agricole dans la Sicile des XIIe et XIIIe siècles, dans Id. (éd.), Figures de l’esclavage au Moyen Âge et dans le monde moderne. Actes de la Table Ronde organisée les 27 et 28 octobre 1992 par le Centre d’Histoire sociale et culturelle de l’Occident de l’Université Paris X-Nanterre, Paris, 1996, p. 99-101), mais aussi catalans (A. Rubio I Lluch, Diplomatari... cit., p. 392, 589).
59 J.-A. C. Buchon, Nouvelles recherches historiques sur la principauté de Morée et ses hautes baronnies, fondées à la suite de la Quatrième croisade, t. II, Diplômes relatifs aux hautes baronnies franques extraits des archives et bibliothèques de Toscane, Naples, Sicile, Malte, Corfou, Paris, 1845, p. 166.
60 J. O. Schmitt, Beitrag zur Geschichte der Stadt Vostitza (Aigion) im späten Mittelalter, dans Byzantinoslavica, Revue Internationale des Études Byzantines, LVII, 1996, p. 290.
61 A. Tzavara, Clarentza. Une ville de la Morée latine (XIIIe-XVe siècle), thèse Université Paris I, 2004, p. 283 et s.
62 A. Major, Les Colonies continentales de Venise en Grèce méridionale, Thèse de doctorat, Toulouse-Le Mirail, 1989, p. 72-82, 364 et s.
63 M. Balard, Clarence, escale génoise aux XIIIe-XIVe siècles, dans Byzance et ses périphéries. Hommage à Alain Ducellier, Toulouse, 2004, p. 187.
64 M. Balard, Clarence…cit., p. 194.
65 Le Livre de la conqueste… cit., n. 4, p. 274 : « Une fois que le prince eut reçu ces hommages, il remplaça tous ceux qui exerçaient un office, en premier lieu les châtelains et les sergents, par des hommes à lui. Il nomma aussi un protovestiaire, un trésorier, un gouverneur des châteaux et des officiers à toutes les autres charges ». Dans la version grecque, on peut trouver la mention de : « Καστελλάνους », « σιργέντες », « πρωτοβιστιάρην », « τριζουριέρην », « προβουέρην των καστρών » (Chronicle of Morea…cit., n. 4, v. 8653-8657). Comme cela a été abordé dans la note 12, cet aspect a été évoqué lors d’un colloque précédent.
66 J.-A. C. Buchon, Nouvelles recherches…cit., t. II, doc XV, XXV, XXVI, XXIX.
67 Longnon-Topping, Documents… cit., p. 141-155.
68 E. Petrescu, Pour une histoire agraire… cit., p. 202.
69 J. Longnon, P. Topping, Documents…cit., p. 57.
70 Il est également question d’un officier grec dans la donation faite à Niccolò Acciaiuoli en 1336, où est mentionné l’officier chargé de l’administration du domaine princier, le protovestiaire Stephanus Cotrullus (J. Longnon, P. Topping, Documents… cit., p. 21).
71 Il est peut-être l’auteur du cahier de recettes de la châtellenie de Corinthe, il serait dans tous les cas la personne la mieux placée (E. Petrescu, Pour une histoire agraire…cit., p. 207).
72 I. Ortega, Permanences et mutations d’une seigneurie dans la principauté de Morée : l’exemple de Corinthe sous l’occupation latine, dans Byzantion, t. LXXX, 2010, p. 308-332.
73 A. Carile, La Rendita… cit.,p. 47-52; C. Ugurgieri della Berardenga, Gli Acciaioli di Firenze nella luce dei loro tempi, Florence, 1962, p. 203 et s.; É.-G. Léonard, Niccolò Acciaiuoli, dans DBI, Rome, t. I, 1960, p. 87-90; Id., Histoire de Jeanne Ire, reine de Naples, comtesse de Provence (1343-1382), t. III, Le règne de Louis de Tarente, Monaco-Paris, 1936, p. 2.
74 La tâche s’avère très difficile car les incursions turques désolent toujours la Corinthie
en 1361 (J. Longnon, P. Topping, Documents… cit., p. 151).
75 J.-A. C. Buchon, Nouvelles recherches... cit., XXV, p. 143.
76 Ibid., XXVII, p. 155.
77 Ibid., XXVIII, p. 157 et XXIX, p. 158. Il existe de nombreux conflits frontaliers entre les terres des feudataires moréotes, sous domination angevine, et les châtelains de Modon et Coron : notamment concernant les fuites de vilains (E. Petrescu, Histoire agraire… cit., p. 177) .
78 R. Carpenter, A. Bon et alii, The Defenses of Acrocorinth and the Lower Town, Cambridge, 1936, vol. II, p. 277.
79 Plusieurs diplômes confirment Angelo Acciaiuoli comte de Malte et seigneur de Corinthe (J.- A. C. Buchon, Nouvelles recherches…cit., XXX, p. 161 ; XXXIII, p. 204 ; XXXV, p. 208).
80 J. Longnon, Les Français d’outre-mer au Moyen Âge. Essai sur l’expansion française dans le bassin de la Méditerranée, Paris, 1929, p. 237.
81 K. M. Setton (éd.), A History of the Crusades, t. IV, The Art and Architecture of the Crusader States, Madisson, 1977, p. 213.
82 The Chronicle of Morea... cit., v. 1444-1447, p. 88; R. Bouchet, Chronique de Morée... cit., p. 89: « [...] Corinthe, là où était la forteresse la plus redoutable de Romanie, la capitale qui gouvernait tout le Péloponnèse ».
83 I. Ortega, Permanences et mutations…cit., p. 332.
84 The Chronicle of Morea… cit., v. 2765-2768, p. 184-186 ; R. Bouchet, Chronique de Morée… cit., p. 106.
85 Livre de la conqueste… cit., § 664 et s., p. 265.
86 Le montant des biens de Niccolò Acciaiuoli en Morée selon l’acte de confirmation de 1342 représente environ 5 200 hyperpères (un peu plus de 326 onces d’or), sans compter le château de Corinthe (octroyé en 1358). C’est peu comparé aux 40 000 onces d’or prêté par la compagnie à Catherine de Valois (E. Petrescu, Pour une histoire agraire…cit., p. 305).
87 A. Bon, La Morée franque. Recherches historiques, topographiques et archéologiques sur la principauté d’Achaïe (1205-1430), Paris, 1969, p. 71-72.
88 A. Bon, La Morée… cit., p. 247-278.
89 La démographie de la Morée stagne jusqu’au milieu du XVe siècle puis repart lorsque les luttes internes entre Ottomans s’arrêtent (N. et I. Beldiceanu, Recherches sur la Morée (1461-1512), dans Sudost-Forschungen, XXXIX, 1980, p. 45 ; A. Carile, Una lista toponomastica di Morea del 1469, dans Studi Veneziani, XII, 1970, p. 386).
Auteur
Université de Nîmes, isabelle.ortega@unimes.fr
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