La fin d’une époque ? Les italo-bônois dans la tourmente Coloniale (1919-1939)
p. 371-372
Texte intégral
« Tous ces éléments européens se distinguaient aisément autrefois par leur habillement, leur genre de vie, leur type physique ; mais avec plus d’un demi siècle de vie commune, des besoins nouveaux, des croisements entre familles, des naturalisations et par-dessus tout l’empreinte française, ont fondu ces différences primitives, et il est bien malaisé actuellement de reconnaître un Algérien de sang européen étranger et un de sang français ».
V. Demontès, Les populations algériennes, Paris, 1923.
1Le premier anniversaire de la victoire des alliés, le 11 novembre 1919, donne lieu dans toutes les communes d’Algérie à la célébration des « frères latins » qui ont combattu ensemble sous les drapeaux pour « terrasser l’ennemi ». Dès 1918, l’ancien chef de cabinet du Gouvernement Général Jean Mélia, d’origine italienne1, « assimilateur sincère et idéaliste »2, exalte : « Tous les Algériens, quelque soit leur race et leur religion ont donc acquis leurs définitives lettres de naturalisation : il n’y a de véritable race que celle qui se forme par le cœur et notre cœur est tout entier à la France »3. La fin de la Première Guerre mondiale marque, en effet, pour les Italiens et les Français d’origine italienne installés en Algérie la fin des déconvenues et des humiliations liées à leurs racines non-françaises. Entre les deux guerres, le mythe assimilationniste trouve en quelque sorte une traduction concrète et réelle sur le terrain algérien. La question des étrangers s’efface face à la montée des revendications d’égalité sociale et juridique des colonisés, le véritable enjeu de cette période de l’entre-deux-guerres étant l’assimilation des Algériens musulmans à la citoyenneté française pleine et entière qui est discutée aux Assemblées, dès 1919, par le biais des réformes sur le statut des « indigènes » et leur représentation au parlement. Remise en cause du modèle colonial de part et d’autre de la Méditerranée, conjoncture économique défavorable, accroissement des inégalités sociales entre Européens et Algériens, tensions politiques croissantes qui divisent la société coloniale algérienne, sont les principaux marqueurs d’une Algérie qui entre dans une tourmente qui semble désormais irréversible.
2Cette nouvelle phase de l’histoire algérienne, si bien mise en récit par Jacques Berque4, est en partie liée au contexte démographique des années 1920 qui n’est plus du tout le même qu’au XIXe siècle. L’immigration italienne comme espagnole décroit considérablement entrainant le déclin à vive allure de la population étrangère. Quelles sont les causes de ce déclin démographique ? Dans quelles mesures la conjoncture économique défavorable à l’Algérie d’après-guerre a-t-elle pour conséquence de détourner un courant migratoire séculaire ?
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