Marseille au cœur de la crise des pouvoirs angevins
p. 97-98
Texte intégral
N’enseignons point l’histoire avec le calme qui sied à l’enseignement de la règle des participes. Il s’agit ici de la chair de notre chair et du sang de notre sang.
Ernest Lavisse1
1Les développements précédents ont montré que l’étude minutieuse de la matérialité des sources ne relève pas de la froide impassibilité combattue par Lavisse. Elle est un moyen d’accéder aux préoccupations et représentations de leurs auteurs, depuis les notaires jusqu’aux gouvernants de l’assemblée urbaine. Toutefois, cette dimension culturelle et documentaire s’articule à une histoire politique mouvementée, mêlant les questions institutionnelles et de fortes tensions événementielles, particulièrement durant la seconde partie du XIVe siècle.
2C’est ici que vaut la mise en garde de l’historien positiviste – quelle que soit l’appropriation et l’instrumentalisation patriotiques opérées, au tournant du XXe siècle, par le pédagogue du « roman national ». Les délibérations enregistrées au fil des semaines par les notaires marseillais nous invitent d’ailleurs elles-mêmes à prêter attention aux craintes et tracas de l’époque, qualifiant les temps traversés de « turbulents », marqués par « l’angoisse et de la discorde », la « gêne et de la contestation »2.
3Deux longs épisodes critiques cristallisent particulièrement les difficultés de la période étudiée, faisant jouer les grands cadres de la vie communale et de sa mise par écrit : durant les années 1348- 1351, puis 1380-1385 Marseille s’affronte au reste de la Provence, autour de la nomination du sénéchal du comté d’abord, puis de la succession de la reine Jeanne de Naples.
4 Dans cette seconde partie, seront successivement examinés l’espace de Marseille et de son conseil, puis l’information, la communication et les réseaux que ce dernier met en œuvre en tant que gouvernement de la ville. Dans un dernier temps, l’interprétation des crises du pouvoir angevin s’appuiera ainsi à la fois sur l’étude du contexte spatial, géopolitique et scriptural dans lequel évolue l’assemblée marseillaise.
Notes de bas de page
1 E. Lavisse, Questions d’enseignement national, Paris, 1885, p. 209-210.
2 L’expression tempus turbulens est employée à onze reprises dans les années 1348-1351 ; on retrouve des variantes ici évoquées, telles que temporis circulo quo angustie et discordia undique vigent, BB21 fol. 152v, ou encore temporis artactione et etiam contrariate, ibid., fol. 160r.
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