« Venerabiles Fratres » : recherches sur le consistoire et les allocutions consistoriales (XIXe-XXe siècle)
p. 167-179
Résumé
L’institution plusieurs fois centenaire du consistoire n’a pas attiré l’attention des historiens de la période contemporaine. Cette carence historiographique semble s’expliquer par le caractère extrêmement formel des consistoires, au sein desquels les cardinaux ne semblent réunis autour du pape que pour entériner silencieusement des décisions prises ailleurs. L’institution, malgré des périodes d’étiage, reste pourtant bien vivante aux XIXe et XXe siècles. Plus encore, les allocutions consistoriales – c’est-à-dire les discours des papes aux cardinaux réunis en consistoire – revêtent fréquemment une certaine importance politique. Cet article pose quelques jalons pour une histoire du consistoire à la période contemporaine, tout en interrogeant les allocutions consistoriales comme lieu-clé de la définition du cardinalat.
Texte intégral
1À l’époque contemporaine, l’action collective des cardinaux s’exerce soit au sein de petits groupes (qui peuvent être définis selon des modalités diverses, des congrégations romaines aux commissions ad hoc convoquées par le pape en passant par des regroupements nationaux en lien avec les épiscopats), soit de façon globale, par les cardinaux dans leur ensemble. Or, force est de constater que l’historiographie s’est plus fréquemment penchée sur le premier mode d’action collective que sur le second. Les activités du Sacré Collège revêtent pourtant des formes variées. Moins connu que le conclave, le consistoire – c’est-à-dire la réunion plénière du Sacré Collège en présence du pontife – est une institution à la fois plus ordinaire (les consistoires sont généralement réunis plusieurs fois par an) et plus déconcertante dans la mesure où les cardinaux y semblent passifs. À la période contemporaine, en effet, le consistoire est souvent décrié comme une « simple cérémonie »1, voire une « cérémoni[e] d’apparat »2, dans laquelle les cardinaux se laissent « créer » et n’agissent quasiment pas. Les observateurs ont toutefois noté que leur simple « présence » permettait de « donner plus d’éclat et plus de poids à telles paroles ou à tels actes du pape »3 et que les allocutions consistoriales, ces discours du pape qui leur sont adressés en latin, revêtaient fréquemment une « particulière importance », qu’il s’agisse de points de doctrine ou d’affaires politiques4.
2Il convient donc de s’intéresser à cette institution de consistoire, qui constitue un poste d’observation de l’évolution du cardinalat depuis la fin du XVIIIe siècle, en particulier par l’analyse des allocutions qui sont prononcées par les papes. Une longue période est donc envisagée – de Pie VI au pape François – afin de dresser des lignes de force et des orientations pour la recherche future. Cette contribution constitue, en effet, un bilan d’étape, réalisé à partir des archives vaticanes, riches mais peu sollicitées5, notamment la série Posizioni dei Concistori du fonds Uditore di Sua Santità (1820-1908) – qui permet de connaître les sièges pourvus par consistoire – et la busta separata N° 180 – Concistori du fonds de la Secrétairerie d’État (1805-1977, 65 boîtes), d’une grande richesse y compris pour les aspects matériels. S’y ajoutent, pour les allocutions consistoriales, d’abondantes sources imprimées, notamment dans les actes des papes.
Le consistoire à la période contemporaine : une institution qui résiste malgré des compétences en peau de chagrin
Le lent déclin d’une instance de gouvernement
3Si le consistoire tire son origine des assemblées du presbyterium autour de l’évêque de Rome6, il ne devient le pivot de l’administration pontificale qu’à partir du XIIIe-XIVe siècle, lorsqu’y sont discutées les questions les plus importantes soumises au pape7. Cependant, dès la fin du Grand Schisme, le consistoire entre dans une période de « défaveur »8, et même de crise, qui s’explique à la fois par des raisons organisationnelles (création de commissions spécifiques pour éviter l’engorgement consistorial, qui deviennent au XVIe siècle les congrégations cardinalices permanentes), ecclésiologiques (remise en valeur du collège des évêques à l’occasion du Grand Schisme et des conciles qui y mettent fin) et politiques (difficulté de traiter toutes les questions par l’ensemble du corps cardinalice lorsque certains cardinaux apparaissent comme des ambassadeurs des nations). Si la « fonction délibératrice »9 du consistoire s’éteint alors, il est malgré tout inexact d’écrire, comme le fait Victor Martin en 1930, que le consistoire n’est « plus un organe de gouvernement »10.
4En effet, le consistoire reste un lieu où les cardinaux s’expriment – certes de façon très formelle et sans réelle possibilité de dissonance – sur des décisions importantes du gouvernement de l’Église lors de la promulgation des années saintes, de la proclamation d’un dogme et bien sûr lors des créations cardinalices11. Le consistoire demeure également une instance de validation de décisions préparées au sein des congrégations permanentes, comme les procédures de canonisation élaborées par la Congrégation des Rites (dont la section judiciaire prend le nom en 1969 de Congrégation des causes des saints)12 mais aussi de nombreuses mesures mises au point par la Congrégation Consistoriale, comme l’érection de nouveaux diocèses et la nomination des évêques13. Ce lien avec les dicastères est confirmé au gré des réformes curiales du XXe siècle, qu’il s’agisse de Sapienti consilio en 190814, du code de 191715 ou de Regimini Ecclesiae Universae en 196716.
5Ce n’est que dans les années 1980 que cette situation est modifiée : si le code de droit canonique de 1983 réaffirme l’importance du consistoire, la seule compétence qui lui est clairement reconnue est le « droit d’option » (can. 350 § 5), qui permet à un cardinal de passer d’un titre à un autre, voire à un autre ordre au sein du Sacré Collège. Malgré tout, les provisions de diocèses restent encore annoncées en consistoire17. La constitution Pastor bonus (1988), qui réorganise la Curie, confirme la rupture entre consistoire et congrégations romaines : il est d’ailleurs significatif que le prologue historique de Pastor Bonus souligne précisément le long déclin du consistoire18.
Une institution vivante
6Si le consistoire conserve, en droit, des fonctions de gouvernement durant une grande partie de la période étudiée, on peut se demander si, dans les faits, il reste une institution vivante. Force est ici de constater que les consistoires sont régulièrement convoqués, en alternant les trois formes reconnues jusqu’en 1983 : secret, public et semi-public19. Les différences entre ces trois formes sont à la fois fonctionnelles et protocolaires mais les consistoires secrets et publics se succèdent en fait souvent au sein de ce que l’on pourrait appeler une « session consistoriale » qui dure quelques jours20.
7Seuls les cardinaux sont admis en consistoire secret, où ils se réunissent en cercle autour du pape, généralement dans la « salle du consistoire » : c’est ici que les cardinaux sont créés et exercent leur droit d’option. Cependant les cardinaux reçoivent leurs chapeaux à l’occasion de consistoires publics, auxquels sont généralement conviés des invités extérieurs, y compris laïcs. Enfin, le consistoire semi-public, plus spécifique, rassemble les cardinaux et évêques présents à Rome pour approuver une canonisation21.
8Cette diversité fonctionnelle du consistoire, qui le fait relever autant de la Consistoriale, des Rites que de la Secrétairerie d’État, explique qu’il soit difficile de proposer une liste exhaustive des consistoires. On peut toutefois donner quelques indications chiffrées. D’après Salvador Miranda, on compte, de 1775 à 2015, 187 consistoires de « création », c’est-à-dire des consistoires (avec des moments secrets et publics) où furent créés des cardinaux, soit environ un consistoire de création par an22.
9Cependant, en dehors de ces consistoires « incompressibles », car indispensables pour maintenir le corps des cardinaux, d’autres consistoires (entre un et trois par an) furent presque systématiquement réunis, même lors de crises graves comme la révolution romaine, un consistoire étant même tenu à Gaète le 30 avril 184923. Les sondages effectués à partir de la série des posizioni dei Concistori pour le XIXe siècle24 et des éléments publiés dans les Acta Apostolicae Sedis pour le XXe siècle indiquent une fourchette de 2 à 4 consistoires par an. Pour l’ensemble de la période envisagée de 240 ans, le nombre total de consistoires pourrait donc se situer entre 400 et 800.
Tableau 5 – Les consistoires de création de cardinaux, 1775-2015.
Pape | COnsistoires | nombre D’Années complètes de pontificat* | MOyenne COnsistoriale/An |
Pie VI | 23 | 24 | 1,0 |
Pie VII | 19 | 23 | 0,8 |
Léon XII | 8 | 6 | 1,3 |
Pie VIII | 3 | 1 | 3,0 |
Grégoire XVI | 26 | 15 | 1,7 |
Pie IX | 23 | 31 | 0,7 |
Léon XIII | 27 | 25 | 1,1 |
Pie X | 7 | 11 | 0,6 |
Benoît XV | 5 | 8 | 0,6 |
Pie XI | 17 | 17 | 1,0 |
Pie XII | 2 | 19 | 0,1 |
Jean XXIII | 5 | 5 | 1,0 |
Paul VI | 6 | 15 | 0,4 |
Jean-Paul I | 0 | 0 | 0 |
Jean-Paul II | 9 | 26 | 0,3 |
Benoît XVI | 5 | 8 | 0,6 |
François (2015 compris) | 2 | 2 | 1,0 |
187 | 240 ans au total | 1,2 |
Une institution recentrée sur ses compétences cardinalices
10Cette vivacité du consistoire ne tient pas qu’aux fonctions de gouvernement qui lui sont maintenues, mais d’abord à la permanence d’une compétence spécifique sur les questions strictement cardinalices, à savoir la création et le droit d’option. Ces compétences sont énoncées par le code de 1917, respectivement aux canons 233 § 1 et 236 § 1.
11C’est précisément pour mettre en valeur, tout en le circonscrivant, ce rôle du consistoire dans l’institutionnalisation du cardinalat, qu’une réforme est élaborée en 1964. Paul VI souhaite alors aménager le rituel qui accompagne la création des cardinaux, en intégrant les normes de Vatican II (lecture de la Bible, participation du peuple, concélébration) sans laisser pour autant penser que cette cérémonie soit un « sacrement du cardinalat ». Dès 1969, la cérémonie de création des cardinaux est simplifiée autour de deux temps : d’abord la remise de la berretta avec une lecture de la Bible, puis une messe avec concélébration autour du pape durant laquelle sont remis l’anneau et le titre cardinalice25. Ces modifications liturgiques font donc bouger les délimitations entre consistoires secret et public. En 2012, Benoît XVI simplifie encore le rituel en concentrant en un seul temps le consistoire proprement dit au cours duquel on procède à la remise de l’anneau, de la berretta et du titre. La messe du lendemain se limite alors à une action de grâce autour du pape, auquel l’un des cardinaux adresse en début de célébration un discours26.
12Ces transformations liturgiques donnent une physionomie nouvelle au consistoire, en l’axant strictement sur les cardinaux et leur rôle de serviteurs de l’Église et du pape. S’engage aussi un dialogue plus net entre pape et cardinaux par discours successifs. En effet, si l’institution du consistoire est demeurée bien vivante à l’époque contemporaine, c’est sans doute parce qu’elle a été un lieu d’expression de la parole pontificale.
Autour des allocutions consistoriales : le consistoire comme lieu d’exercice de la parole pontificale
13Le consistoire est, en effet, un lieu de circulation de la parole pontificale, à laquelle les cardinaux sont intimement associés. Le code de 1917 précise d’ailleurs que l’une des fonctions du cardinalat est d’attester et d’accréditer les déclarations orales du pape (can. 239 §1 N° 17). Après avoir évoqué le contenu, souvent important, des allocutions consistoriales, dans leur dimension politique mais aussi ecclésiologique, nous verrons comment le consistoire, en tant que lieu de dialogue avec les cardinaux, a été concurrencé par d’autres instances.
Un discours solennisé sur l’actualité politique
14Dès le début de la période qui nous occupe, des allocutions consistoriales portent sur des affaires politiques de première importance, comme le 17 juin 1793 lorsque le pape dénonce l’exécution de Louis XVI27. Au cours du XIXe siècle, les papes critiquent régulièrement, à l’occasion de consistoires, les situations d’oppression de l’Église par l’État ou les conflits qui les opposent à certains gouvernements. Dans certains cas, l’allocution consistoriale est même utilisée comme point d’appui d’une dénonciation beaucoup plus développée, sous la forme de dossier publié de plusieurs centaines de pages, associant le texte de l’allocution du pape avec des documents diplomatiques de la Secrétairerie d’État et portant souvent le titre d’« esposizione documentata ». On peut considérer qu’il s’agit d’une forme d’appropriation du modèle des « livres jaunes », lancés par la diplomatie britannique et qui participent d’une plus grande publicité de la diplomatie au siècle du concert européen28. Ces dossiers, remis à chaque cardinal, sont ensuite bien diffusés dans la presse catholique et les milieux diplomatiques. C’est le cas en 1855 dans le conflit qui oppose le Saint-Siège au royaume de Piémont-Sardaigne29, ou encore en 183930, 184231 et 186632 à l’occasion de différentes crises avec l’Empire russe.
15Cependant, cette association de la parole du pape exprimée en consistoire à des documents diplomatiques ne dure pas. Le Saint-Siège revient rapidement à un modèle plus classique de division des tâches, permettant au pape de dénoncer des abus en des termes qui restent généraux tout en laissant la Secrétairerie d’État débattre avec les gouvernements de façon plus confidentielle et argumentée. Le cardinal Rampolla précise d’ailleurs, lors de la session des Affaires ecclésiastiques extraordinaires du 16 février 1913, que les prises de position publiques et détaillées exposent trop la figure du pape et ne conviennent plus à une époque sécularisée : évoquant les tensions avec l’Empire russe, l’ancien secrétaire d’État de Léon XIII considère que les vigoureuses dénonciations, efficaces sous Grégoire XVI, ne l’étaient plus sous Pie IX car « les questions religieuses laissent le monde civil presque complètement indifférent »33.
16Les papes du premier XXe siècle, jusqu’à Pie XI inclus, utilisent cependant toujours beaucoup les allocutions consistoriales pour faire état de façon solennelle, mais en termes généraux, de leurs inquiétudes politiques : Pie X déplore ainsi la situation française au temps de la Séparation34, Benoît XV la Première Guerre mondiale et ses suites35 et Pie XI le communisme36…
17Cependant, dès la fin du pontificat de Pie XI, ce mode d’expression entre en crise, le pape faisant, semble-t-il, le constat d’une instrumentalisation de sa propre parole. Ainsi, lors de l’allocution du 19 décembre 1935, au cours de laquelle Pie XI a évoqué à mots couverts l’Éthiopie (les « conflits qui tiennent dans l’anxiété non seulement l’Europe et l’Afrique »), il précise : « Nous tenons d’autant plus à garder cette réserve que […] il est à craindre que Nos paroles, quelles qu’elles soient, ou ne soient pas bien comprises, ou qu’elles soient même complètement détournées de leur sens »37. La polarisation idéologique de cette période explique ainsi, sinon un certain silence, du moins une parole plus atténuée et allusive.
18S’ouvre alors le pontificat de Pie XII durant lequel les allocutions consistoriales sont supplantées, sur ces questions d’actualité politique, par d’autres formes d’expression, comme les radio-messages ou les fréquents discours au corps diplomatique. Ainsi, pour protester contre l’arrestation du cardinal polonais Wyszyński38, Pie XII, saisissant la protestation émise par le corps diplomatique, s’adresse à ce denier pour exprimer sa réprobation le 19 novembre 195339. Après 1958, si les papes du concile recourent à nouveau plus fréquemment aux allocutions consistoriales40, les questions politiques semblent passer au second plan, se nichant plus volontiers dans d’autres espaces comme les discours lors des voyages apostoliques41, et laissent plus de place aux questions religieuses ou, pour mieux dire, ecclésiologiques.
Un lieu d’élaboration de l’autorité pontificale
19Les allocutions consistoriales sont, de longue date, un lieu de choix pour aborder les questions ecclésiales de premier ordre, notamment celles qui touchent aux divisions internes. Dans l’allocution du 20 décembre 1926, lorsque Pie XI annonce la condamnation de l’Action française, il entend défendre certes la primauté du religieux par rapport au politique mais aussi « l’autorité » du pape, l’« obéissance » et la « soumission aux supérieurs »42. Dans l’allocution du 20 décembre 1976, Paul VI évoque les « déviations » nées du Concile, notamment celle qui refuse toute évolution au nom de la tradition, et l’explique par un « manque d’humilité et d’obéissance »43. La question des relations avec les autres chrétiens est également fréquemment abordée lors d’allocutions consistoriales, notamment par Pie XI dans les années 192044.
20Plus largement, les allocutions consistoriales sont un lieu de définition du pouvoir pontifical, où ce dernier exprime sa spécificité et manifeste ses limites, qu’il s’agisse des consentements des cardinaux demandés lors de la proclamation du dogme de l’Assomption (consistoire du 30 octobre 1950)45 ou de la renonciation au pouvoir pontifical de Benoît XVI (allocution du 11 février 2013)46. De façon plus courante, les allocutions consistoriales sont l’occasion de défendre un exercice parfois novateur du pouvoir pontifical, comme la pastorale de la paix de Benoît XV pendant la Première Guerre mondiale47 ou le développement d’une action caritative de grande ampleur sous Pie XI48.
21Enfin, les allocutions consistoriales sont, très logiquement, un lieu où les papes insistent sur leur collaboration avec les cardinaux. La première allocution qui suit le conclave est presque systématiquement ponctuée d’appels à l’aide lancés par le nouveau pape49. Au fil des pontificats, les exhortations à l’union et à l’obéissance des cardinaux sont fréquents : Pie X demande ainsi le 27 mai 1914 qu’« unis au pape d’esprit et de cœur », les cardinaux soient « au premier rang […] des hérauts des volontés exactes du pape »50. Plus largement, les allocutions consistoriales sont l’occasion d’aborder le cardinalat et ses fonctions, notamment lors des consistoires de création. Au premier XXe siècle, les papes soulignent fréquemment les qualités « professionnelles » individuelles dans la promotion au cardinalat. Pie XI, dans l’allocution consistoriale du 19 décembre 1935, précise que les vingt nouveaux cardinaux sont des « membres de haut mérite qui, soit dans l’exercice du ministère épiscopal, soit dans la diplomatie pontificale, soit dans les charges les plus importantes de la Curie romaine, soit enfin en de persévérants labeurs pour la plus grande gloire de Dieu, ont excellemment mérité de la Cause de l’Église », distinguant ainsi les principaux profils de cardinaux51. Cependant, et parallèlement, ces allocutions mettent l’accent sur l’ecclésialité des cardinaux, au-delà du fonctionnement curial.
22Ainsi, la référence traditionnelle au Sacré Collège comme sénat est progressivement supplantée à la fin du XXe siècle par une inscription dans une romanité plus ecclésiastique, celle de l’Église romaine, entendue comme primitive. C’est en ce sens que l’on peut comprendre la mention par Jean-Paul II du « clergé romain » lors de la plénière de novembre 197952 et l’affirmation du pape François dans son homélie du 23 février 2014 selon laquelle « [le cardinal] entre dans l’Église de Rome, […] il n’entre pas dans une cour [corte] »53.
23Il conviendrait d’approfondir l’association du cardinalat à la thématique du martyre. Celle-ci est présente chez Pie X. Lors de l’allocution du 29 novembre 1911, prononcée dans un contexte de « persécution », notamment en France, le pape affirme que « la Sacrée pourpre est un symbole de douleur, de peine et de sacrifice, porté, si cela était nécessaire, jusqu’à l’effusion du sang »54. On retrouve le même type d’évocation, dans une forme plus poétique, chez Pie XII : le 20 février 1946, lors du consistoire de création de József Mindszenty, le pape souligne les mérites des cardinaux « couronnés par Nous en ce moment d’un diadème qui ne resplendit pas d’or ni de pierres précieuses, mais de la couleur de la flamme et du sang, car, dans la flamme et le sang, se trouve toute la charité du Christ »55.
24C’est sans doute ce parcours, en forme de retour aux sources, qui explique la définition actuelle du cardinalat comme pratique des vertus évangéliques de service, d’exemplarité et de charité, dans une perspective critique de la notion de pouvoir. L’homélie du pape François lors du consistoire ordinaire public du 14 février 2015 synthétise cette dernière perspective lorsqu’il affirme que « le cardinalat est certainement une dignité, mais elle n’est pas honorifique », en rappelant que l’étymologie de « cardinal » renvoie au terme de « charnière » ou de « pivot » et non de « décoration »56. Véritable lieu d’élaboration ecclésiologique, l’allocution consistoriale a cependant été concurrencée au XXe siècle par d’autres formes de discours aux cardinaux.
À la recherche d’un dialogue entre le pape et les cardinaux : une institution concurrencée et renaissante
25Si des échanges entre le pape et les cardinaux pouvaient avoir lieu au sein du consistoire (les nouveaux cardinaux adressent parfois au pape un discours de remerciement, avant même la réforme de Paul VI57), le succès, au XXe siècle, d’autres types d’allocutions aux cardinaux peut s’expliquer par une plus grande facilité de circulation de la parole. C’est le cas des vœux de Noël au Sacré Collège et à la prélature et/ou à la Curie. Bien attestés à la fin du XIXe siècle58, ces vœux sont structurés autour d’un échange : après les vœux du cardinal doyen, le pape répond, l’échange ayant lieu en italien59. Sur le même principe, mais avec une dimension plus personnelle, on peut penser aux vœux du Sacré Collège pour l’« onomastico » du pape (fête du prénom de naissance60). La présence des cardinaux à cette occasion peut s’expliquer par le fait que ceux-ci « constituent la famille du Souverain Pontife au même sens où les proches parents d’un monarque héréditaire, investis du droit de succession éventuelle à la couronne, constituent la famille du souverain »61. Certains papes seulement semblent avoir saisi cette occasion, comme Pie X, pour qui la san Giuseppe intègre facilement une dimension pontificale, Joseph étant patron de l’Église universelle62. C’est également le cas avec Pie XII qui rencontre systématiquement dès 1939 les cardinaux à l’occasion de la saint Eugène, le 2 juin (mémoire d’Eugène Ier, pape du VIIe siècle). Ceci est d’autant plus frappant que les allocutions consistoriales sous Pie XII sont peu sollicitées, l’autre moment fort de rencontres avec les cardinaux sous ce pape étant Noël63. Enfin, Paul VI reprend cette formule d’une rencontre avec les cardinaux le 24 juin, pour la saint Jean-Baptiste64.
26Cependant, récemment, le consistoire a été plus profondément concurrencé par les assemblées plénières du Sacré Collège inaugurées sous Jean-Paul II. Dans son discours d’ouverture à l’assemblée plénière des 5-9 novembre 1979, le pape souligne que cette assemblée est une réponse à la volonté émise par les cardinaux durant les congrégations générales des conclaves de 1978 de pouvoir « se réunir aussi, au moins de temps en temps, en dehors de la période du Conclave »65. Le pape présente cette réunion comme une manifestation de la collégialité épiscopale, tout en marquant la spécificité de cette rencontre entre cardinaux par rapport au synode des évêques, en lui assignant trois sujets principaux, « plus étroitement reliés au ministère de l’Evêque de Rome » : 1) la réflexion sur les structures de la Curie romaine, 2) la culture, 3) la situation financière du Saint-Siège66. Cette nouvelle forme de réunion collégiale des cardinaux est tacitement encouragée par le code de 1983 qui précise que « les cardinaux apportent leur aide au Pasteur suprême de l’Église par une action collégiale surtout dans les Consistoires » (can. 353). Si cette formule s’est ensuite essoufflée, elle a probablement inspiré la forme que semble prendre actuellement le consistoire.
27En effet, le consistoire de février 2015 a réservé, outre la traditionnelle séance de création des cardinaux et la messe de concélébration, des moments de rencontres entre cardinaux, caractérisés à la fois par les rapports des commissions cardinalices spécialisées le 13 février (situation économique, protection des mineurs) mais aussi des débats libres permettant à une partie des cardinaux d’intervenir. Le 12 février après-midi, 164 cardinaux ont ainsi assisté à une rencontre durant laquelle « 28 cardinaux ont pris la parole dans un climat détendu pour aborder certains points de la réforme de la Curie Romaine, notamment ses rapports avec les Églises locales »67. Ces évolutions récentes peuvent être le signe d’une renaissance de l’institution consistoriale, articulant le travail effectué en petits groupes cardinalices spécialisés et le débat au sein du corps plénier des cardinaux, ainsi placés au cœur d’une gouvernance mondiale de l’Église.
Conclusion
28Au terme de ce premier tour d’horizon est apparue la richesse de l’institution consistoriale. On la croyait moribonde, elle se révèle vivante et même capable de renaissances. Au-delà de l’histoire institutionnelle, cette étude permet de mieux comprendre le cardinalat tel qu’il est pratiqué dans ces réunions et tel qu’il est pensé par les papes. Par ailleurs, en s’intéressant au consistoire, on aborde les modalités de la prise de parole pontificale et les spécificités de l’ecclésiologie romaine.
29Une telle enquête mérite donc d’être approfondie tout d’abord par un repérage systématique des consistoires, afin d’affiner la typologie et la chronologie. Il convient également, en parallèle d’une étude sérielle des allocutions consistoriales, d’approfondir les discours des cardinaux, adressés au pape, notamment par la voix du cardinal doyen. Enfin, au-delà des enjeux politiques autour des nominations de cardinaux, il conviendrait de s’intéresser à la réception des allocutions consistoriales qui sont – du moins jusqu’au milieu du XXe siècle – à juste titre scrutées par les chancelleries et les journalistes comme des lieux clés de la prise de parole du pape.
Notes de bas de page
1 V. Martin, Les cardinaux et la Curie, Paris, 1930, p. 46.
2 Y. de la Brière, L’Église et son gouvernement, Paris, 1935, p. 59.
3 V. Martin, Les cardinaux… cit., p. 46.
4 Y. de la Brière, L’Église… cit., p. 59. Cf. également Ph. Levillain, Allocution consistoriale, dans DHP, p. 82 ; M. Agostino, De la signification de quelques consistoires au XXe siècle : étapes de la réforme in capite de Pie X à Paul VI, dans J.-P. Delville, M. Jačov (éd.), La papauté contemporaine (XIXe-XXe siècles) : il papato contemporaneo (secoli XIX-XX), Leuven-Cité du Vatican, 2009, p. 283-290 (Bibliothèque de la Revue d’histoire ecclésiastique, 90 ; CAV, 68).
5 Cela est vrai également pour la période moderne, comme le relève Olivier Poncet, qui souligne la « grande sécheresse » de ces fonds : O. Poncet, La France et le pouvoir pontifical, 1595-1661 : l’esprit des institutions, Rome, 2011 (BEFAR, 347), p. 361. Sur l’histoire complexe des archives du Sacré Collège, et notamment des fonds relatifs au consistoire, voir R. Ritzler, Per la storia dell’archivio del Sacro Collegio, dans Mélanges Eugène Tisserant. Vol. V Archives vaticanes, histoire ecclésiastique. Deuxième partie, Cité du Vatican, 1964, p. 299-338.
6 J. Raffalli, Consistoire, dans DDC, IV, 1949, col. 354.
7 P. Jugie, Consistoire (jusqu’au concile de Trente), dans DHP, p. 469.
8 O. Poncet, La France et le pouvoir pontifical… cit., p. 361.
9 P. Jugie, Consistoire (jusqu’au concile de Trente)… cit., p. 470.
10 V. Martin, Les cardinaux… cit., p. 46.
11 P. Ciprotti, Concistoro, dans EC, 4, 1950, col. 175.
12 P. Delooz, Sociologie et canonisations, Liège-La Haye, 1969, p. 94-95. Constitution apostolique Sacra Rituum Congregatio du 8 mai 1969, dans AAS, 61, 1969, p. 297- 305, notamment § 13.
13 R. Ritzler, Die bischöftlichen Informativprozesse in den « Processus consistoriales » im Archiv des Kardinalskollegs bis 1907, dans Römische historische Mitteilungen, 1957- 1958 (2), p. 204-220.
14 La constitution apostolique rappelle que la première section de la Congrégation Consistoriale doit « préparer ce qui doit être traité en Consistoire » (Actes de S.S. Pie X : Encycliques, Motu Proprio, Brefs, Allocutions, etc., t. IV, Paris, s.d., p. 11) mais la partie sur la Congrégation des Rites n’évoque pas le consistoire.
15 Le can. 248 § 2 indique, sans plus de précision, que la Congrégation Consistoriale « a dans sa compétence […] la préparation des consistoires » et le can. 2141 que la canonisation d’un bienheureux est « décrétée en consistoire ». Les codes de 1917 et 1983 sont cités ci-après dans les éditions françaises publiées sur le site de la Revue de droit canonique : http://www.droitcanon.com/Textes.html.
16 Cette constitution confirme que la Congrégation des évêques, nouveau nom de la Consistoriale, « prépare ce qui doit être traité en Consistoire » (art. 49 §5) de même que « la canonisation des bienheureux » par la Congrégation des Rites « après qu’elle a été décidée en Consistoire » (art. 62 § 5) : DC, 1967 (3 septembre), 49e année, T. 64, N° 1500, col. 1454 et 1457.
17 C’est le cas lors du consistoire du 22 juin 1987 : 156 provisions de diocèses sont annoncées mais « quos inter » sept seulement sont citées ! AAS, 1987 (79), p. 1139-1140.
18 La nouvelle organisation de la Curie romaine (juin 1988), Paris, 1989, p. 10.
19 Cette distinction semble être une coutume. Le code de droit canonique de 1983 en revanche (can. 353) précise la différence entre les consistoires ordinaires (pour les « affaires graves » mais communes) et extraordinaires (convocation de tous les cardinaux), sachant que tous sont secrets à l’exception de certains consistoires ordinaires où des personnalités extérieures peuvent être invitées. Cette distinction n’empêche pas la persistance d’un certain flou : le consistoire du 25 mai 1985 est ainsi défini comme « secretum et unicum » dans les AAS, 1985 (77), p. 696.
20 Pio Ciprotti signale ainsi la pratique de tenir un consistoire secret le lundi (publication des nouveaux cardinaux) puis un consistoire public le jeudi (les nouveaux cardinaux reçoivent le chapeau) et enfin un nouveau consistoire secret le vendredi, où les cardinaux vivent le rite de la fermeture et de l’ouverture de la bouche et reçoivent leurs anneaux et titres : P. Ciprotti, Concistoro… cit., col. 175.
21 P. Ciprotti, Concistoro, dans EC, 4, 1950, col. 174.
22 Dans son essai de liste générale des cardinaux, Salvador Miranda énumère les consistoires de création pour chaque pape. http://www2.fiu.edu/∼mirandas/essay.htm.
23 ASV, Uditore S.S. – Posizione 19.01.1846-30.10.1850.
24 En 1817, il y eut 4 consistoires secrets (14 avril, 28 juillet, 1er octobre et 15 novembre) (ASV, Arch. Concist., Concistori, Concisto (sic) anno 1817) et des cardinaux furent créés uniquement le 28 juillet et le 1er octobre (site de S. Miranda).
25 A. Bugnini, La riforma liturgica (1948-1975), Rome, 1983, p. 789, n. 15.
26 Mons. Guido Marini, Modifiche al rito approvate da Benedetto XVI. Un concistoro fra tradizione e innovazione, dans OR, 17.02.2012, 152e année, N° 40, p. 8.
27 Ce document semble avoir été précocement diffusé en français, comme en témoigne sa publication dans le Bullaire en français et non en latin : Bullarii Romani continuatio summorum pontificum… T. VI, pars III. Pii VI. Continens pontificatum ab anno XV usque ad annum XX, Prati, 1849, p. 2627-2637. Voir également A.G. (éd.), Pape Pie VI, « Un document révélateur ». Allocution consistoriale sur la mort de Louis XVI, Toulouse, 1917, p. 17-21 ; P. Boutry, « Le Roi martyr ». La cause de Louis XVI devant la Cour de Rome (1820), dans Revue d’histoire de l’Église de France, 1990 (76-196), p. 57-71, notamment p. 59-62.
28 Sur les livres « jaunes », cf. http://blog.bnf.fr/gallica/index.php/2010/12/02/lhistoire-de-la-diplomatie-francaise-dans-gallica/.
29 Allocuzione della Santità di Nostro Signore Pio PP. IX al Sacro Collegio nel concistoro segreto dei 22 gennajo (sic) 1855 seguita da una esposizione corredata di documenti sulle incessanti cure della stessa Santità Sua a riparo dei gravi mali da cui è afflitta la Chiesa cattolica nel regno di Sardegna, Roma, Stamperia della Segreteria di Stato, 1855. Voir également la publication, en latin et en français, du texte de l’allocution dans L’Univers. Union catholique, 6 février 1855, 23e année, N° 36, p. 1, ainsi que les commentaires de Barrier (ibid., p. 2) sur la diffusion des documents diplomatiques à « tous les gouvernements chrétiens ». Sur le conflit avec le royaume de Piémont-Sardaigne autour de 1855, voir A. C. Jemolo, Chiesa e Stato in Italia negli ultimi cento anni, Turin, 1952, p. 138-143 ; G. D’Amelio, Stato e Chiesa, la legislazione ecclesiastica fino al 1867, Milan, 1961.
30 Allocution Multa Quidem, 22.11.1839, dans U. Bellocchi, Tutte le encicliche e i principali documenti pontifici emanati dal 1740. Vol. III, Cité du Vatican, 1994, p. 263- 266. Cf. A. Boudou, Le Saint-Siège et la Russie : leurs relations diplomatiques au XIXe siècle, 1, 1814-1847, Paris, 1922, p. 223-226.
31 Allocution Haerentem Diu, 22.07.1842, dans U. Bellocchi, Tutte le encicliche… Vol. III… cit., p. 310-311. Cf. A. Boudou, Le Saint-Siège et la Russie… cit., t. 1, Paris, 1922, p. 319-327.
32 Esposizione documentata sulle costanti cure del Sommo Pontefice Pio IX a riparo dei mali che soffre la Chiesa cattolica in Russia e Polonia, Rome [Stamperia della Segreteria di Stato], 1866, 55-313 p. Cf. A. Boudou, Le Saint-Siège et la Russie… cit., t. 2, 1849-1883, Paris, 1925, p. 291-298.
33 AA. EE. SS. Rapporti delle Sessioni, N° 1173, 1913, vol. 68 : Congregazione particolare del 16 Febbraio 1913. Russia, Condizioni della Chiesa Cattolica, sess.[ione] 1173, p. 4-5 du procès-verbal, trad. de l’italien.
34 Allocution Gravissimum apostolici du 21 février 1906, dans Actes de S.S. Pie X, t. II, Paris, s.d., p. 154-161.
35 Allocution Nostis Profecto du 6 décembre 1915, qui aborde la question de la paix « juste » (Actes de Benoît XV (1914-1922). Tome premier 1914-1918, Paris, 1924, p. 106- 112, notamment p. 107).
36 Le 19 décembre 1935, Pie XI évoque ainsi les « tristesses » des événements en Russie, au Mexique et en Allemagne : ASV, Segr. Stato, b.s. Concistori, 1935. Allocution consistoriale, version française.
37 Ibid.
38 Stefan Wyszyński (1901-1981) a été créé cardinal le 12 janvier précédent. Cf. Stefan Wyszyński : le cardinal de fer. Colloque du 7 novembre 2001 organisé par l’Institut catholique de Paris, Malakoff, 2003.
39 DC, 35e année, T. 50, N° 1162, 13 décembre 1953, col. 1537-1540.
40 Après la période d’étiage du pontificat de Pie XII, les textes des allocutions réapparaissent dans les AAS, de même que la présentation détaillée des actes des consistoires : cf. AAS, 1960 (52) avec quatre consistoires secrets, deux publics et un semi-public mentionnés.
41 J.-D. Durand, De l’ONU à l’OIT : l’Église et la société civile dans les voyages apostoliques de Paul VI, dans R. Rossi (dir.), I viaggi apostolici di Paolo VI [Colloquio internazionale di studio, Brescia, 21-23 settembre 2001], Brescia, 2004, p. 201-225 ; C. de Montclos, Un pèlerin politique ? Les voyages de Jean-Paul II, Paris, 2000.
42 Actes de S.S. Pie XI, t. III, Paris, 1932, p. 290-296. Cf. J. Prévotat, Les catholiques et l’Action française : histoire d’une condamnation, 1899-1939, Paris, 2001, notamment p. 366-390.
43 Version française dans DC, 1977, T. 74, N° 1712, p. 54. Sur le courant « traditionnel », voir O. Landron, À la droite du Christ : les catholiques traditionnels en France depuis le concile Vatican II, 1965-2015, Paris, 2015.
44 La plupart des références du chanoine Quénet aux actes de Pie XI concernent des allocutions consistoriales : C. Quénet, Pie XI et l’Unité de l’Église, Paris, 1928, bibliographie p. 30-31.
45 La proclamation est prévue le 1er novembre. Dans son discours au consistoire semi-public, en présence de 500 membres de la hiérarchie ecclésiastique (dont 35 cardinaux), Pie XII rappelle qu’après avoir « confi[é] la chose à des hommes de grande science » et consulté tous les évêques du monde – qui ont donné un avis « quasi unanime », les cardinaux sont appelés à « manifester » leur « sentiment » par « placet » ou « non placet ». La réponse unanime des cardinaux est alors interprétée par Pie XII comme faisant « ressortir plus clairement encore ce que la sainte Eglise, en cette matière, croit, enseigne et désire », comme une preuve nouvelle d’infaillibilité. DC, 32e année, T. 47, 19 novembre 1950, N° 1082, col. 1493-1496.
46 Cette allocution est étonnamment indiquée dans les AAS comme « Declaratio Summi Pontificis », soulignant ainsi son caractère inédit. AAS, 2013 (105), p. 239-240.
47 Dans son discours de Noël aux cardinaux, le 24 décembre 1915, Benoît XV multiplie les références à la paix, puisées dans la Bible et la tradition liturgique (http://w2.vatican.va/content/benedict-xv/it/speeches/documents/hf_ben-xv_spe_19151224_sacred-college.html).
48 Dans son premier discours consistorial (Vehementer Gratum, 11.12.1922), Pie XI s’appuie sur des sources bibliques et patristiques (Ignace d’Antioche) pour justifier l’action caritative pourtant inédite en Russie (Actes de S.S. Pie XI, tome I (années 1922- 1923), Paris, 1927, p. 129-135, notamment p. 132-134). Sur cette mission, cf. G. Petracchi, La Missione pontificia di soccorso alla Russia (1921-1923), dans Santa Sede e Russia da Leone XIII a Pio XI, Cité du Vatican, 2002, p. 122-180.
49 Léon XIII demande ainsi le 28 mars 1878 leur « assistance » aux cardinaux, à qui il rappelle qu’il a été un des leurs durant vingt-cinq ans (allocution Ubi primum, dans Actes de Léon XIII, t. I, Paris, s.d., p. 5).
50 Actes de S.S. Pie X, Paris, s.d., t. VIII, p. 65-66.
51 ASV, Segr. Stato, b.s. Concistori, 1935, version française. On retrouve les mêmes expressions chez Pie XII : allocution Tribus potissimum du 18 février 1946, dans Actes de S.S. Pie XII, t. VIII, Paris, 1959, p. 72-74.
52 DC, 1979, T. 76, N° 1775, p. 1006 (discours de clôture du 09.11.1979).
53 http://w2.vatican.va/content/francesco/it/homilies/2014/documents/papafrancesco_20140223_omelia-nuovi-cardinali.html
54 Allocution Vi ringrazio, dans AAS, 1911 (3), p. 656, notre trad. de l’italien.
55 Allocution La elevatezza, dans Actes de S.S. Pie XII, t. VIII, Paris, 1959, p. 78.
56 DC, 2015, N° 2518, p. 7.
57 C’est le cas du discours du cardinal Piazza en décembre 1937 : Il devoto indirizzo d’omaggio degli Em.mi Cardinali, dans OR, 17.12.1937 (77-293), p. 2.
58 Par exemple le 23 décembre 1902, Léon XIII adresse une allocution aux cardinaux en réponse au discours du cardinal Oreglia, doyen du Sacré Collège : Actes de Léon XIII, t. VII, Paris, s.d., p. 167-168.
59 OR, 25.12.1938 (78-299), p. 1.
60 L’aspect solennel de cette fête, alors même que le pape porte un nouveau nom, mériterait d’être abordé en termes anthropologiques : cf. nos remarques dans F. Jankowiak, L. Pettinaroli, Introduction, Dossier Sources et approches de la biographie cardinalice (XIXe-XXe siècles), dans MEFRIM, 2016/1, note 16.
61 Y. de la Brière, L’Église… cit., p. 61.
62 Allocution du 18 mars 1904, dans Actes de S. S. Pie X, Paris, s.d., I, p. 219-221.
63 À l’occasion du consistoire du 7 mars 1940, Pie XII ne fait qu’une « brève allocution », qui n’est même pas retranscrite dans les AAS (1940 (32), p. 105). Les AAS, sondés pour ce pontificat en 1945 et 1955, ne publient aucune allocution consistoriale pour ces deux années.
64 Discours du 24 juin 1966, dans AAS, 1966 (58), p. 579-587.
65 DC, 1979, T. 76, N° 1775, col. 1001.
66 Ibid., citation p. 1002 (souligné dans l’original). Voir également ibid., p. 1005.
67 Père Lombardi, Cité du Vatican, 13 février 2015 (VIS). http://www.news.va/fr/news/poursuite-du-consistoire-extraordinaire-2
Auteur
Maître de conférences en histoire contemporaine à l’Institut catholique de Paris et membre de l’unité de recherche « Religion, culture et société » EA 7403. Ses travaux portent sur l’histoire de la papauté, le monde russe et les relations internationales au XXe siècle. Elle a notamment publié Le gouvernement pontifical sous Pie XI : pratiques romaines et gestion de l’universel (direction, CEFR 2013) et La politique russe du Saint-Siège (1905-1939) (BEFAR, 2015).
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