Les cardinaux résidentiels français et Rome durant la période conciliaire (1959-1969)
p. 79-93
Résumé
Si le coup d’éclat du cardinal Liénart, le 13 octobre 1962, suffit à justifier l’intérêt pour le rapport entre cardinaux résidentiels français et Rome, c’est l’ensemble de la période conciliaire qui mérite d’être étudiée en ce sens. La prosopographie conciliaire de la dizaine de cardinaux résidentiels français est rendue possible par la découverte de nouvelles sources (diplomatiques, diocésaines) qui éclairent l’articulation entre tradition hiérarchique et nouvelles pratiques de la collégialité. En plus des institutions du Concile les cardinaux sont abordés dans les lieux (conclaves, consistoires, conférence épiscopale, curie, ambassade) qui mettent en jeu leur pouvoir et leur représentation (titres cardinalices). C’est enfin la relation des cardinaux avec Jean XXIII et Paul VI qui est interrogée en raison des liens particuliers qui unissent ces papes à la France.
Texte intégral
1Le coup d’éclat du cardinal Liénart demandant le 13 octobre 1962 le report des élections des commissions verrouillées par la Curie romaine suffit à justifier l’intérêt pour la question du rapport entre les cardinaux résidentiels français et Rome durant la période du concile Vatican II, étendue à sa préparation et à sa première réception. L’étude des treize personnalités en poste ou promues de 1959 à 1969 est facilitée par la mise à disposition de nouvelles sources (archives diplomatiques, journaux épiscopaux) qui permettent d’éclairer l’articulation entre une tradition hiérarchique adaptée au temps du concile et les nouvelles exigences de la collégialité1. Au-delà des instances conciliaires, les cardinaux résidentiels peuvent être appréhendés dans des lieux qui mettent en jeu leur pouvoir et leur représentation (conclaves, consistoires, conférence épiscopale, curie, ambassade près le Saint-Siège). La question de leur relation personnelle avec Jean XXIII et Paul VI mérite également d’être posée, compte tenu des liens que ces papes ont entretenus avec la France, entrée dans l’ère gaullienne. Si le poids des cardinaux résidentiels français – de quatre à sept, six le plus souvent – est notable et témoigne du crédit que la France conserve à Rome, cette stabilité apparente masque en fait le déplacement des enjeux de part et d’autre du concile et en son cœur.
Recompositions
2La fin du pontificat de Pie XII a été mal vécue par la majorité des cardinaux résidentiels français qui ont souffert du manque de liens avec la Curie et de son incompréhension2. Le cardinal Liénart s’en ouvre d’ailleurs à Jean XXIII, dès les premiers jours de son pontificat, en évoquant un « malaise général » devant les pratiques autoritaires de la Curie, et notamment du Saint-Office3. Lors du conclave d’octobre 1958, Angelo Giuseppe Roncalli n’avait pourtant pas bénéficié du soutien initial des Français, auprès desquels l’ancien nonce n’était guère populaire4. De plus, le trio dirigeant, à savoir les septuagénaires Liénart, Gerlier et Feltin, issus des promotions de Pie XI (1930 et 1937 pour les premiers) et Pie XII (1953 pour le dernier), n’entendait pas, au nom de la Séparation, se laisser guider par la diplomatie ou le pouvoir gaulliste, favorable à Roncalli5. Il semble en revanche que le cardinal Grente, assez proche du général de Gaulle, ait été disposé d’emblée à soutenir Roncalli6. Mais durant le conclave, les cardinaux français se mettent d’accord sur son nom avec des prélats d’ouverture non italiens (Frings, Léger) ou favorables à la France (Tappouni) pour barrer la route aux conservateurs soutenus par la curie (Agagianian7). Le retour du général de Gaulle aux affaires a contribué à tourner partiellement la page des mauvais souvenirs de la Libération8. Mgr Grente, protégé de Pie XII qui l’a créé cardinal en 1953, semble occuper alors une place essentielle en jouant les bons offices auprès du Saint-Siège. Mais si la confiance et l’estime que lui porte de Gaulle le distinguent, elles ne l’isolent pas. Lors de la campagne pour le référendum constitutionnel du 28 septembre 1958, Gerlier apporte aussi son soutien9. De leur côté, l’archevêque de Paris Feltin, concerné par le problème algérien au titre du vicariat aux armées, et celui de Rennes Roques, cardinal depuis 1946, sollicité par la conjoncture scolaire comme président de la commission épiscopale de l’enseignement, témoignent également d’un réchauffement des relations de l’épiscopat avec de Gaulle, même si des incompréhensions perdurent.
3La première promotion cardinalice du pontificat roncallien s’inscrit dans ce climat en décembre 1958. En préférant à Mgr Martin, archevêque de Rouen dont le siège procure souvent le chapeau, Mgr Richaud, archevêque de Bordeaux, né en 1887, élevé à l’épiscopat en 193310, Jean XXIII satisfait les gaullistes qui ont œuvré en coulisse pour ce candidat proche du maire Jacques Chaban-Delmas et du patronat chrétien11. Plus en phase avec le projet caritatif de Jean Rodhain qu’avec le primat de l’Action catholique spécialisée, le président de la commission épiscopale des œuvres charitables et des institutions sociales est un conservateur que son profil rapproche davantage des positions prudentes de l’ancien nonce Roncalli que de l’identité pastorale de Liénart ou même de Feltin12. Sa promotion annonce d’une certaine façon le renouvellement, en juillet 1959, de la condamnation par le cardinal Pizzardo des prêtres-ouvriers que Richaud n’a jamais soutenus. La pourpre de Mgr Lefebvre ne signifie guère autre chose en mars 1960. L’archevêque de Bourges, né en 1892, évêque depuis 1938, la doit surtout à la prudence dont il a fait preuve dans le rapport doctrinal préparé pour l’assemblée plénière de l’épiscopat de 1957, ce qui l’impose comme l’homme de la synthèse en son sein. Selon une logique amorcée durant le pontificat pacellien, ces deux nominations incarnent une revanche relative du réseau romain (Séminaire français et Université grégorienne pour Lefebvre ; Séminaire français et réseau Maritain pour Richaud), absent chez les cardinaux issus de la matrice saint-sulpicienne depuis la condamnation de l’Action française13. L’influence politique n’a jamais été déterminante, ce qui n’empêche pas des personnalités gaullistes d’avancer d’autres noms, sans beaucoup de réalisme, comme celui de Mgr Théas, fragilisé par les déboires du financement de la basilique Saint-Pie X de Lourdes14.
4Dans ces conditions, l’annonce du concile mobilise peu le corps cardinalice, marqué par la disparition de Grente dès mai 1959, la maladie de Roques et le vieillissement généralisé. Si Liénart et Richaud sont membres de la commission centrale préparatoire15, le premier en 1960, le second en 1961, les autres cardinaux résidentiels, en particulier les archevêques de Paris et de Lyon, sont absents des instances préconciliaires. La promotion de Mgr Lefebvre ne lui ouvre pas la commission doctrinale où la France est représentée par le seul Mgr Dubois, archevêque de Besançon, isolé, de faible envergure théologique, au conservatisme affirmé. De manière générale, si l’on excepte Mgr Guerry, archevêque de Cambrai, homme-clé de l’Assemblée des cardinaux et archevêques, le pôle d’activité majeur au sein de l’épiscopat se déplace vers les archevêques de la génération 1900, au premier plan de l’assemblée plénière de 1960, tels Garrone (Toulouse) et Marty (Reims), ou les brillants coadjuteurs nommés au même moment à Lyon et à Paris, Villot et Veuillot16.
5Le conclave de 1963, qui intéresse beaucoup de Gaulle, révèle néanmoins l’unité du groupe national autour du favori Montini, garant de la poursuite du concile, francophile, mais sans proximité particulière avec ses partisans français. Dans l’hypothèse d’un blocage issu de la Curie, Feltin semblait toutefois décidé à voter pour l’archevêque de Bologne Lercaro, connu pour son identité sociale, alors que Gerlier optait pour l’archiprêtre de la basilique Saint-Pierre Marella auquel il était lié depuis sa nonciature parisienne entre 1953 et 195917. Mais le concile commence à redistribuer les cartes, comme le montre le consistoire de février 1965. Les deux promotions – celle, quasi automatique, de Villot, successeur de Gerlier décédé le mois précédent, et celle, attendue par l’intéressé, de Martin – semblent à première vue équilibrées entre identité française et identité romaine. Elles honorent des sièges habituellement cardinalices. Mais elles consacrent aussi des figures de l’assemblée conciliaire, appréciées de Paul VI lui-même, du côté du Secrétariat général avec Mgr Villot, l’un des adjoints de Mgr Felici depuis 1962, du côté du Secrétariat pour l’unité des chrétiens avec Mgr Martin, acquis à l’œcuménisme auprès du cardinal Bea et de Mgr Willebrands. L’équilibre générationnel semble respecté avec un prélat né en 1890, l’autre en 1905, mais le contraste est net entre la carrière accidentée de l’aîné, imposé par Roncalli à Rouen malgré les remous de la guerre et de la Libération que l’intéressé avait vécus au Puy-en-Velay, et le parcours linéaire du cadet, secrétaire général de l’épiscopat de 1950 à 1959, interface entre l’épiscopat français et la Curie romaine, l’Église et la République18. Tous deux sont célébrés avec le même faste par l’ambassadeur René Brouillet, fidèle de de Gaulle, nommé près le Saint-Siège fin 1963, et ils partagent cet honneur avec Mgr Duval, archevêque d’Alger depuis 1954, créé cardinal lors du même consistoire19.
6Ces promotions interviennent quelques mois après l’effacement de l’Assemblée des cardinaux et archevêques au profit de la Conférence épiscopale française, dont les statuts, encore en gestation à l’heure de la définition conciliaire de la collégialité, peinent à articuler la hiérarchie des honneurs conférée par la papauté et celle des responsabilités née du vote de l’assemblée plénière avec, à l’arrière-plan, un ample renouvellement du corps épiscopal amplifié par l’imposition d’une limite d’âge (soixante-quinze ans) et les démissions prématurées. Le conseil des cardinaux désigne l’un des siens (Feltin puis Lefebvre) pour présider le conseil permanent (choisi par l’assemblée plénière) dont les travaux sont dirigés par le vice-président élu, en l’occurrence Mgr Garrone, qui partage le leadership avec Mgr Veuillot20. Cette situation ne va pas sans poser problème, surtout vis-à-vis de Mgr Villot, seul cardinal de moins de soixante-dix ans, familier de Rome21. Sa nomination à la tête de la Congrégation du Concile en 1967, un an après le départ de Mgr Garrone pour la Congrégation des séminaires et des universités qui avait déstabilisé la nouvelle organisation nationale22, simplifie la donne. Elle assure la prééminence de Mgr Veuillot, successeur de Mgr Feltin en décembre 1966 et cardinal en juin 196723, sans cesser d’appartenir au conseil permanent où l’archevêque de Paris siège de droit. Brillant, proche du pape Montini qu’il a connu à la Secrétairerie d’État dans les années 1950, il est aussi lié au pouvoir gaulliste qui sollicite pour lui, à l’initiative de Brouillet, l’érection de Saint-Louis des Français en titre cardinalice aux dépens de Garrone, promu lors du même consistoire24. Il est cependant loin d’être « populaire » en raison de son tempérament et de son rôle dans les crises de 1965 (JEC), de l’aveu même de Paul VI, qui envisage de confier à Mgr Elchinger, coadjuteur de Strasbourg, une charge d’« aumônier général pour la France du monde intellectuel25 ». Veuillot n’est pourtant guère gêné par l’autre évêque résidentiel promu cardinal en même temps que lui, Mgr Renard, successeur de Villot. Pasteur attentif et conservateur inquiet devant les dérives doctrinales dénoncées par le pape, il a bénéficié de l’appui du nonce Bertoli pour quitter Versailles en 1967, à l’heure du redécoupage diocésain de la région parisienne, malgré un refus du siège de Besançon. Mais il est vite entravé dans son action par ses relations difficiles avec le clergé lyonnais.
7La maladie de Veuillot et sa mort en février 1968 rompent toutefois le nouvel équilibre institutionnel, à peine esquissé, à l’heure où la mort du cardinal Richaud et la démission des cardinaux Liénart et Martin annoncent la fin de la tutelle, devenue symbolique, de l’ancienne génération cardinalice. Alors que les Français de la Curie, et d’abord Villot, appelé en 1969 à la Secrétairerie d’État, voient leur autorité renforcée sur les affaires du pays, la nomination de l’archevêque de Reims Marty à Paris en mars 1968 semble restituer le pouvoir à la Conférence épiscopale et huiler les rouages de la collégialité postconciliaire. Il est en effet le vice-président du conseil permanent depuis le départ de Mgr Garrone et, alors que ses pairs l’avaient élu difficilement en mai 196626, ils le plébiscitent désormais pour occuper le siège vacant27. Derrière le choix d’une figure consensuelle de la génération conciliaire se dessine un enjeu institutionnel, celui du rôle du conseil des cardinaux, source de confusion pour les relations avec Rome comme en interne. Mgr Marty soulève la question dès novembre 1968 et, à la veille de quitter sa charge épiscopale, le cardinal Lefebvre propose d’élire son successeur à la présidence de la Conférence. Rome valide la réforme et, un mois après avoir reçu la pourpre, assortie du titre de Saint-Louis des Français, Mgr Marty est élu le 28 mai 1969 président de la Conférence par cent voix sur cent seize28. S’il est ainsi à la fois l’élu de Rome et celui de la France, il apparaît d’abord comme l’expression de la collégialité et rend possible, à terme, une dissociation entre la pourpre et la présidence de la Conférence. Dans le vide créé par les promotions curiales et la disparition prématurée du cardinal Veuillot et dans un contexte de forte tension ecclésiale, le pape a validé en quelque sorte, par une procédure accélérée, le choix de l’épiscopat national, en se gardant de consulter de Gaulle, furieux d’être tenu à l’écart29. Mais la désignation concomitante de l’archevêque de Rennes Gouyon suggère aussi la permanence des mécanismes antérieurs qui jouent toujours dans les décennies suivantes.
Action conciliaire
8L’évaluation de l’action conciliaire du groupe cardinalice français est inséparable de la cristallisation opérée initialement autour du cardinal Liénart, son doyen, l’un des dix membres du conseil de présidence, lorsqu’il demande le report de l’élection des commissions devant le risque de manipulation par les milieux curiaux désireux de modeler leur composition. Le coup de force du 13 octobre 1962 braque ainsi les projecteurs sur l’évêque de Lille et, par lui, sur l’épiscopat national30. « Les Français ont stoppé la première opération du concile », écrit son auxiliaire, Mgr Dupont31. Cet acte fondateur, qui exprime le refus de l’assemblée « de se couler dans des cadres préfabriqués »32 et prépare la « victoire des conférences »33 a une genèse complexe, connue dans ses grandes lignes depuis longtemps, mais que des documents retrouvés récemment permettent de préciser.
9L’initiative part du Séminaire français où résident en priorité ses anciens élèves, dont le cardinal Lefebvre, alors que ses collègues formés à Issy-les-Moulineaux se sont installés à la procure de Saint-Sulpice. Elle est portée, dès le 10 octobre, par Mgr Garrone, sensibilisé aux enjeux du règlement de l’assemblée par le chanoine Martimort, en liaison avec le cardinal Lefebvre, Mgr Guerry, Mgr Ancel, auxiliaire du cardinal Gerlier, et Mgr Veuillot. Le groupe tente d’alerter des cardinaux en situation de responsabilité, Jullien, membre de la sous-commission du règlement, Tisserant et Liénart, membres du conseil de présidence, Cicognani, secrétaire d’État, ou encore Léger34. Mais il n’est guère entendu, malgré l’inquiétude diffuse, et Liénart envisage de recourir au pape, qui doit nommer le tiers des membres des commissions, plutôt que de remettre en cause la procédure35. Mgr Garrone prépare alors, dans la soirée du 12 octobre, un projet d’intervention pour demander le report des élections, avec l’accord du cardinal Lefebvre et l’aide de Mgr Ancel, de Mgr Larrain, évêque de Talca, et du chanoine Martimort. Il le remet à l’archevêque de Bourges qui le transmet au cardinal Liénart à son arrivée à Saint-Pierre le lendemain. Celui-ci semble se dérober puis franchit le pas, « en lisant très mal son texte latin »36, au moment où le processus électoral débute. La suite est connue, les acclamations de l’aula, l’appui des cardinaux Frings et König, le ralliement du conseil de présidence et le renvoi des Pères après une courte séance. L’évêque de Lille a-t-il été surpris par la portée de son acte, vécu par certains comme une prise de pouvoir française37 ? C’est la thèse que défend le procureur de Saint-Sulpice, Joseph Géraud, allié des milieux curiaux38. Mais rien dans l’attitude du cardinal ne confirme cette lecture, même s’il a donné plus tard des versions partiellement contradictoires de l’événement39. Dès son retour à la procure de Saint-Sulpice, il goûte les félicitations qui l’accueillent au réfectoire et assume pleinement son geste auprès de Feltin : « Ce ne sera pas la dernière fois ! Et ce n’est pas non plus la première ! »40.
10Ces propos, qui valorisent une idée de revanche sur les difficultés de la décennie précédente et les « fiers à bras du collège cardinalice »41, tel le secrétaire du Saint-Office Ottaviani, pourraient annoncer un rôle privilégié des cardinaux français. Ceux-ci sont d’ailleurs associés, par Lefebvre et Liénart, à la rédaction du « Message au monde » pris en charge par les initiateurs de l’intervention du 13 octobre, sous l’impulsion de Mgr Guerry, attentif à créer « un choc psychologique » devant l’opinion, tout en réorientant le projet initial du Père Chenu, qu’il juge trop peu attentif à la dimension doctrinale42. Mais la réalité apparaît plus modeste. Si le cardinal Liénart n’est pas extérieur à la préparation des candidatures aux commissions, il se retire vite de la gestion des rencontres hebdomadaires de l’épiscopat, qui lui revient comme président de l’Assemblée des cardinaux et archevêques, en raison de ses responsabilités dans le conseil de présidence. Il confie la tâche au cardinal Feltin, peu intéressé par la stratégie conciliaire ou le travail en commun des évêques et sans influence auprès de Jean XXIII43. Il existe donc un écart entre l’autorité morale acquise par l’évêque de Lille et son rôle effectif dans la gestion conciliaire de l’épiscopat français, qui n’offre pas l’efficacité des épiscopats allemand et belge44. Pratiques individualistes, vieillissement des hommes, tempéraments, compétences théologiques fragiles, tout converge pour limiter le poids du groupe cardinalice. Il est d’ailleurs significatif de voir, en novembre 1962, le cardinal Liénart patronner a posteriori le projet Rahner de schéma doctrinal diffusé par les Allemands sous l’autorité des présidents des conférences épiscopales. Il le fait sans consulter Mgr Garrone, seul Français de la commission doctrinale et « tête théologique » de l’épiscopat, qui envisage de désavouer le texte avec l’appui de plusieurs archevêques, avant que le cardinal Lefebvre ne calme le jeu45.
11Ce sont d’ailleurs ces archevêques (Garrone, Marty, Gouyon, de Provenchères), et non les cardinaux, « un peu dépassés par les événements »46, qui commencent à organiser le travail conciliaire au cours de la première session et de l’intersession. Ils franchissent une nouvelle étape en créant, dès le début de la deuxième session, le Comité de réunion de l’épiscopat français (CREF), une « petite révolution » aux yeux de certains à l’heure où la gestation de la Conférence épiscopale pose la question du rôle institutionnel des cardinaux, qui acceptent de fait une mise à l’écart partielle47. Il est vrai que l’effacement des hommes va croissant. Tous, à l’exception de Mgr Lefebvre et des élus de 1965, sont contraints de s’absenter à l’une ou l’autre session, par exemple à la fin de la troisième pour le cardinal Liénart. Le déclin du cardinal Roques est tout aussi marqué que celui du cardinal Gerlier, dont les rares interventions sont « pénibles »48, et ni l’un ni l’autre ne voient la clôture du concile. Le cardinal Richaud, absent de la première session, semble d’autant plus actif au cours des sessions suivantes, mais il apparaît assez isolé. Il n’en est pas de même pour le cardinal Villot, homme d’influence, qui choisit toutefois de conserver, durant la dernière session, la discrétion que ses fonctions au Secrétariat général lui avaient imposée de 1962 à 1964. Quant au cardinal Martin, il ne s’engage guère hors du terrain œcuménique, devenu sa spécialité depuis sa nomination au Secrétariat pour l’unité des chrétiens, tout en appréciant les honneurs attachés à une pourpre longtemps attendue. Une partie des jeunes évêques, notamment des auxiliaires, étrangers aux mondanités et en quête d’une image renouvelée de pasteurs, ne manquent pas d’ailleurs de critiquer les manifestations protocolaires qui sont le quotidien d’un cardinal49. Et les intéressés eux-mêmes reconnaissent être pris dans des obligations chronophages qui leur font envier, au moins de manière rhétorique, l’emploi du temps allégé de leurs collaborateurs50.
12Si l’effacement des cardinaux est réel, il doit cependant être évalué à sa juste proportion. N’assurent-ils pas à eux seuls 34 des 202 interventions des évêques français au cours des congrégations générales ? Il est vrai que les porporati ont le privilège de prendre la parole en premier et qu’ils n’hésitent pas à le faire. Mais plusieurs de leurs interventions ne sont pas sans écho. C’est le cas, malgré une forme déficiente, pour le cardinal Gerlier qui demande aux Pères, le 4 octobre 1963, de ne pas oublier les pauvres en lien avec le groupe extra aulam « Jésus, l’Église et les pauvres » auquel il participe régulièrement et dont il couvre les activités de son prestige51. Pourtant, seuls les cardinaux Liénart et Lefebvre entrent pleinement dans la stratégie conciliaire.
13Le cas de l’évêque de Lille est le mieux connu, même s’il mérite un approfondissement52. Membre du conseil de présidence, dont le rôle décline dès la deuxième session au profit des modérateurs chargés par le nouveau pape de conduire les débats, il est aussi membre de la commission de coordination créée en décembre 1962 pour assurer la continuité durant les intersessions. Il suit ainsi de près les travaux en cours et intervient à chaque session dans l’aula sur des enjeux majeurs (sources de la Révélation, collégialité, judaïsme). Il est l’un des promoteurs de la future constitution Gaudium et Spes et il s’engage avec les leaders européens ou nord-américains de la majorité dans les crises du concile53, tout en travaillant à obtenir de Paul VI, qui le reçoit régulièrement, et du cardinal Ottaviani la reprise de l’expérience des prêtres-ouvriers. Sans avoir autant de poids, l’archevêque de Bourges joue un rôle significatif au sein de la majorité, dans une position de médiateur et de conciliateur qui lui vaut une vraie reconnaissance, assortie parfois des critiques de ses suffragants54. Choisi en novembre 1962 pour siéger dans la commission mixte chargé de réécrire le De Fontibus, il exprime « avec émotion et courage », en février et mars 1963, le sentiment de bien des évêques heurtés par les « procédés inacceptables » du parti curial autour du cardinal Ottaviani55. Au terme du concile, le 20 septembre 1965, il prend la parole sur la liberté religieuse à la demande du Secrétariat pour l’unité des chrétiens pour dissiper les craintes d’une fraction de la majorité, et son intervention, de belle facture, est appréciée de beaucoup56. Entretemps, en 1964, Paul VI lui avait ouvert les portes du Saint-Office, en même temps qu’au cardinal Meyer, archevêque de Chicago. Cette nomination, la première de cardinaux résidentiels non-italiens, est remarquée. Si elle témoigne de la confiance du pape, décidé à opérer la mutation internationale de la Curie, elle révèle aussi le crédit du prélat dans des cercles plus conservateurs, qui saluent sa romanité, cultivée au Séminaire français, et son attachement à la doctrine dont il avait témoigné lors de la première rencontre des épiscopats français et italien à Rome en novembre 1962 ou à travers ses prises de position sur le grégorien et le bréviaire dans l’aula57.
14Le cardinal Lefebvre présente ainsi un profil un peu différent de celui du cardinal Liénart. Mais cette différence apparaît plutôt comme un atout au sein de l’épiscopat, dans le dossier du travail des prêtres comme dans celui des relations avec Mgr Marcel Lefebvre, l’un des dirigeants du Coetus Internationalis Patrum, fer de lance de la minorité, même s’il a peu de succès auprès de son lointain cousin58. Elle ne remet pas en cause l’unité essentielle du groupe cardinalice dans son travail durant le concile ou face aux remous que sa mise en œuvre déclenche en France dès le printemps 1964, spécialement sur le terrain liturgique59. Mais lorsque celui-ci s’achève, ses membres appartiennent déjà au passé, et le pouvoir a basculé, à la faveur de la création de la Conférence épiscopale, vers les acteurs directs de l’œuvre conciliaire – archevêques ou coadjuteurs en attente de succession – sous la tutelle bienveillante de la génération cardinalice préconciliaire qui disparaît ou se retire entre 1964 et 1969. À ce groupe, recomposé par les départs vers Rome ou les décès prématurés et partiellement agrégé au Sacré Collège par Paul VI, revient la tâche délicate d’appliquer le concile et de gérer la crise catholique dans une démarche collégiale qui modifie les relations entre les évêques et les cardinaux, l’Église de France et Rome.
15Si le cardinalat attribué à des évêques résidentiels revêt toujours une dimension personnelle forte qui lie l’élu au pape, tout en honorant le siège occupé, selon la tradition ou par choix, il ne peut pas rester étranger aux transformations du ministère épiscopal, réévalué et orienté dans le sens de la collégialité par les textes de Vatican II. La décennie étudiée marque le passage d’une prééminence fondée sur la pourpre à une prééminence fondée sur l’élection par la substitution de la Conférence épiscopale à l’Assemblée des cardinaux et archevêques. Cette transition est facilitée par le changement de génération, amorcé dès 1964 et scellé par la nouvelle règle de la démission des évêques résidentiels à soixante-quinze ans. À la fin de l’année 1969, aucun des cardinaux en fonction au début de la période conciliaire n’occupe encore son siège épiscopal et le plus ancien cardinal en activité n’a revêtu la pourpre qu’en 1967, alors que le cardinal Liénart pouvait se prévaloir d’une ancienneté de trente ans en 1959. Une ère nouvelle débute dans la France de l’après Mai-68 et du retrait du général de Gaulle60, marquée par les gestes symboliques des cardinaux créés en juin 1969. Mgr Gouyon, qui avait plaidé dans l’aula dès la première session pour l’abandon de la cappa magna, exclut tout cortège dans les rues de Rennes à son retour de Rome et fait enlever le baldaquin surmonté d’hermines d’or de sa cathèdre, tandis que Mgr Marty marque sa distance avec le pouvoir politique en refusant de recevoir la légion d’honneur « par esprit évangélique » et pour « remplir son ministère discrètement sans que lui soit témoignée une reconnaissance extérieure61 ».
Notes de bas de page
1 Le concile Vatican II réévalue le rôle du collège épiscopal en relation avec la primauté du pontife romain.
2 CADN, R-S.S., dépêche de l’ambassadeur Roland de Margerie, « Impressions sur l’épiscopat français d’aujourd’hui », 13 février 1958.
3 L’évêque de Lille, qui s’est vu refuser la candidature de Gérard Huyghe au poste de recteur des Facultés catholiques par la Congrégation des séminaires et des universités, écrit : « Je suis cardinal et, à ce titre, j’aurais droit à quelque confiance », AD Lille, fonds Liénart, 3 A 21/41, brouillon d’un mémorandum au pape, 4 novembre 1958.
4 Ce sentiment est partagé par les directeurs successifs du Secrétariat de l’épiscopat, proches du cardinal Gerlier, Mgr Chappoulie et Mgr Villot. Voir A. Wenger, Le Cardinal Villot, Paris, 1989, p. 29.
5 L’ambassadeur écrit que le pape est « unanimement considéré comme l’élu de la France », AN, fonds Brouillet, « Note sur les relations de la France avec le Saint-Siège » rédigée à la veille du voyage du général de Gaulle à Rome en juin 1959.
6 AN, archives du général de Gaulle, 5 AG 1/1322, correspondance Grente-de Gaulle, 15-18 octobre 1958. Par discrétion, Grente ne souhaite pas rencontrer le président de la République avant le conclave pour ne pas créer des « susceptibilités » avec les autres cardinaux de province.
7 S. Gué, De Gaulle et le Saint-Siège 1958-1969, dans Charles de Gaulle chrétien, homme d’État, Paris, 2011, p. 164-165.
8 F. Le Moigne, Les Évêques français de Verdun à Vatican II : une génération en mal d’héroïsme, Rennes, 2005.
9 AN, 5 AG 1/1322, lettre de Gerlier à de Gaulle, 9 septembre 1958.
10 Le cardinal Grente voit dans ce choix une compensation symbolique pour la France du Midi : ibid., lettre à de Gaulle, 20 novembre 1958.
11 CADN, R-S.S., dépêche de R. de Margerie, 20 novembre 1958 ; AN, 5 AG 1/1507, rapport de R. de Margerie à Maurice Couve de Murville, 30 novembre 1958. Le 11 octobre, le Général avait reçu l’ambassadeur pour l’inviter à signaler au Vatican « les mérites de Mgr Richaud ». Celui-ci remarque que la sélection était sans doute faite avant la remise de son mémorandum au secrétaire d’État Tardini, mais ne regrette pas sa démarche : « Le souverain pontife savait nous être agréable […] et commencer ainsi son pontificat dans une atmosphère favorable aux rapports de la France avec le Saint-Siège. »
12 Pour Mgr Blanchet, qui a avec lui des relations glaciales, le cardinal de Bordeaux « ne paraît pas jouir d’un très grand prestige dans l’épiscopat français », AICP, journal, 26 septembre 1964.
13 F. Le Moigne, L’épiscopat français après la condamnation de l’Action française : stratégie du nonce Maglione dans les nominations d’évêques (1927-1937), dans J. Prévotat (dir.), Pie XI et la France, Rome, 2010, p. 183-203.
14 AN, 5 AG 1/1508, lettre de Michel Debré à René Brouillet, 13 avril 1961.
15 La commission centrale préparatoire assure la révision des projets de schémas préparés par les commissions spécialisées. Voir A. Indelicato, Difendere la dottrina o annunciare l’Evangelo. Il dibattito nella Commissione centrale preparatoria del Vaticano II, Gênes, 1992.
16 C. Sorrel, Un acteur important du concile Vatican II : Mgr Garrone, archevêque de Toulouse, dans B. Barbiche, C. Sorrel (dir.), La France et le Concile Vatican II, Paris-Bruxelles, 2014, p. 139-172.
17 AMAE, R-S.S., télégrammes de l’ambassadeur de La Tournelle, 19-24 juin 1963.
18 Le jésuite Lucas, de Radio-Vatican, rapportait dans les « repas en ville » que Villot « a su qu’il serait cardinal le jour de sa naissance », AD Viviers, journal de Marcel Breysse, 17 novembre 1965.
19 La réception du 26 février à la villa Bonaparte compte 900 invités, AN, fonds Brouillet, dépêche du 2 mars 1965 au sujet du consistoire public du 25 février.
20 C. Sorrel, À l’heure du concile : les débuts de la Conférence épiscopale française (1964-1974), dans F. Le Moigne, C. Sorrel (dir.), Les évêques français de la Séparation au pontificat de Jean-Paul II, Paris, 2013, p. 329-344.
21 Mgr Ferrand, archevêque de Tours, écrit à Mgr Garrone : « Pouvons-nous, aujourd’hui, nous priver de l’apport d’un cardinal Villot, et demain sans doute de deux ou trois autres de nos confrères ? », AD Toulouse, fonds Garrone, carton 18, lettre du 30 juillet 1965. Mgr Villot semble avoir eu du mal à se positionner dans la nouvelle organisation, tout en reprochant son autoritarisme au duo Garrone-Veuillot, A. Wenger, Le Cardinal Villot… cit., p. 42. Il se rend au moins deux fois par an à Rome, « par différence avec maints évêques français qui mettent, au contraire, une sorte d’affectation à expliquer qu’ils ont trop peu de temps disponible dans leur diocèse pour le consacrer à une échappée », AN, fonds Brouillet, projet de dépêche au sujet de la nomination du cardinal Villot à la fonction de secrétaire d’État, 8 mai 1969.
22 Paul VI parle de « sacrifice », tout en faisant de cette promotion une preuve de sa « confiance » à l’égard des évêques français, AN, fonds Brouillet, dépêche du 4 juin 1966.
23 À la demande de Paul VI, le cardinal Feltin a retardé sa démission, envisagée dès 1965, pour achever le découpage du diocèse de Paris, AN, 5 AG 1/1322, lettre de Feltin à de Gaulle, 21 décembre 1966.
24 AN, fonds Brouillet, correspondance Brouillet-Villot, 30 mai-17 juin 1967.
25 Ibid., compte rendu d’un entretien entre René Brouillet et Paul VI, 24 décembre 1966. En mai 1966, Veuillot ne recueille que cinq voix au premier tour du scrutin destiné à élire le successeur de Garrone à la vice-présidence du conseil permanent (AD Chambéry).
26 Il est élu au sixième tour après le retrait de l’évêque de Carcassonne Puech, proche de Garrone, qui faisait encore jeu égal avec lui au cinquième tour avec 52 voix (AD Chambéry). Voir C. Sorrel, Gouvernement de l’Église de France et gestion de l’événement : la matrice conciliaire (1959-1966), dans B. Dumons, C. Sorrel (dir.), Gouverner l’Église catholique au XXe siècle : perspectives de recherches, Lyon, 2015, p. 33-45.
27 La « quasi totale unanimité des évêques français » le désigne lors de la consultation du nonce d’après les confidences faites par les cardinaux Liénart et Villot à l’ambassadeur Brouillet, AN, fonds Brouillet, télégramme du 18 mars 1968.
28 Centre national des archives de l’Église de France, 5 CE 6, conseil permanent, 11-13 mars 1969 ; assemblée plénière, 28-29 mai 1969.
29 « Ayant demandé au nonce de venir me voir, je lui ai dit qu’au sujet de la prochaine nomination par le pape de l’archevêque de Paris, nous estimions qu’il eût été heureux que nous fussions consultés […]. Le nonce m’a paru assez contrarié, tout en me déclarant qu’en l’occurrence, il aurait été embarrassé quant à ce qu’il aurait pu faire à notre égard », AN, fonds Brouillet, copie d’une note du général de Gaulle, 4 mars 1968.
30 Voir, en dernier lieu, F. Ruozzi, La « voce » del concilio. Il fuorionda del 13 ottobre 1962 nelle fonti audio del Vaticano II, dans Cristianesimo nella storia, 34 (1), 2013, p. 161-199.
31 AD Lille, journal de Mgr Dupont, 13 octobre 1962.
32 Journal conciliaire de Mgr Émile Blanchet. Première session, dans Transversalités, n° 121, janvier-mars 2012, p. 26-27.
33 AD Tours, journal de Mgr Ferrand, 13 octobre 1962.
34 APSMC, Bourgoin-Jallieu, journal de Mgr Guerry, 10 octobre 1962 ; É. Fouilloux, Eugène, cardinal Tisserant 1884-1972 : une biographie, Paris, 2011, p. 626-627 ; C. Sorrel, Un acteur important… cit., p. 144-145.
35 AD Arras, journal de Mgr Parenty, 10 octobre 1962.
36 AD Tours, journal de Mgr Ferrand, 13 octobre 1962.
37 « Gallus cantavit ! », s’écrie un évêque selon le témoignage de Mgr Jauffrès rapporté par Marcel Breysse, journal, 13 octobre 1962 (AD Viviers).
38 « M. Géraud ajoute que le cardinal a été surpris de l’importance donnée à une initiative dont il semble qu’il n’avait pas mesuré la signification “symbolique” » (Journal conciliaire de Mgr Émile Blanchet… cit., p. 28).
39 Vatican II par le cardinal Liénart, Lille, 1976, p. 63-76.
40 AD Lille, journal de Mgr Dupont, 14 octobre 1962.
41 L’expression est de l’évêque d’Agen Johan, FSCIRE, journal du Père Labourdette (copie), 9 novembre 1962.
42 APSMC, journal de Mgr Guerry, 10-15 octobre 1962 ; C. Sorrel, Un acteur important… cit., p. 148-149.
43 En témoigne une lettre de Mgr Rodhain au cardinal Richaud du 29 novembre 1962 : « Le cardinal a expliqué à Mgr G[ouet] qu’il attendait son audience en vain depuis quatre semaines », AD Bordeaux, fonds Richaud, 1 D 8 92.
44 F. Le Moigne, C. Sorrel, Les évêques français et le concile Vatican II, dans Anuario de historia de la Iglesia, vol. 21, 2012, p. 185-205.
45 FSCIRE, journal du Père Labourdette, 12 novembre 1962.
46 Carnets conciliaires de Mgr Auguste Jauffrès, ancien évêque de Tarentaise, Aubenas-sur-Ardèche, 1992, p. 68 (2 octobre 1963).
47 AD de Bourges, fonds Vignancour, lettre de Mgr Vignancour à sa famille, 2 octobre 1963. Le cardinal Feltin, qui estimait que les cardinaux français jouaient le rôle des membres du « conseil de présidence », a toutefois critiqué le fonctionnement des assemblées plénières (« organisations raides »), AICP, journal de Mgr Blanchet, 8 novembre 1964.
48 Journal conciliaire de Mgr Émile Blanchet… cit., p. 28 (7 novembre 1962).
49 Mgr Parenty, auxiliaire de Mgr Huyghe, critique la présence des cardinaux aux conférences de Jean Guitton ou à la cérémonie d’intronisation de Mgr Géraud comme chanoine du Latran : « Est-ce de l’apostolat ? », AD Arras, journal, octobre 1963.
50 AD Bourges, lettre du cardinal Lefebvre au vicaire général Girard au sujet de son auxiliaire, Mgr de Cambourg, 21 octobre 1962.
51 AD Lyon, fonds Gerlier.
52 C. Masson, Le Cardinal Liénart, évêque de Lille, 1928-1968, Paris, 2001, p. 574-587.
53 Il est l’un des signataires, avec les cardinaux Feltin, Lefebvre et Richaud, de la lettre adressée au pape en octobre 1964 pour protester contre l’hypothèse d’une commission mixte sur la liberté religieuse intégrant des adversaires, Ph. J. Roy, Le Coetus internationalis Patrum, un groupe d’opposants au sein du concile Vatican II, thèse, Université Lyon 3 – Université Laval, 2011, t. 4, p. 922-926.
54 L’évêque de Saint-Flour, Mgr Pourchet, écrit : « Mon archevêque […] a le talent de tout noyer dans un flot de paroles sous prétexte de concilier les points de vue contraires », AD Saint-Flour, journal, 15 novembre 1963.
55 AD Lille, fonds Liénart, 3 A 21/105, lettre de Mgr Garrone, 2 mars 1963 ; G. Alberigo (dir.), Histoire du concile Vatican II, Paris-Louvain, t. 2, 1998, p. 459-460. Le cardinal étonne le Père de Lubac, qui n’attendait pas beaucoup d’un homme « doux et conciliant en face d’un Ottaviani » (Carnets du concile, t. 1, Paris, 2007, p. 364-365).
56 Documentation catholique, n° 1457, 17 octobre 1965, col. 1789-1791 ; S. Scatena, La Fatica della libertà. L’elaborazione della dichiarazione « Dignitatis Humanae » sulla libertà religiosa del Vaticano II, Bologne, 2003, p. 471 ; G. Alberigo (dir.), Histoire du concile Vatican II, Paris-Louvain, t. 5, 2005, p. 119-120. L’année précédente, Mgr D’Avack, évêque de Camerino, saluait les « interventions pleines de sagesse, de véritable esprit évangélique » du cardinal : « Elles étaient providentielles […], car trop de Pères, hélas, étouffaient la théologie et la charité par la mentalité juridique […]. Je crains que la même mentalité, tantôt juridique et tantôt romantique, [ait] fait préférer de voir l’Eglise comme “Populus Dei », négligeant de la voir comme “Corpus Christi mysticum”, “Christus totus” », AD Bourges, fonds Lefebvre, 1 D2/35, lettre du 3 janvier 1964.
57 CADN, R-S.S., dépêche de René Brouillet sur l’entrée au Saint-Office des cardinaux Lefebvre et Meyer, 13 novembre 1964 (il n’est « ni de droite, ni de gauche, ni conservateur, ni progressiste, il échappe à toutes les classifications partisanes […] ; le cardinal Lefebvre est par tempérament un conciliateur ») ; APSMC, journal de Mgr Guerry, 22 novembre 1962 ; AICP, journal de Mgr Blanchet, 2 décembre 1963.
58 Mgr Puech écrit à Mgr Garrone : « Le mieux placé pour lui parler et le convaincre me paraîtrait le cardinal de Bourges, dont il porte le nom et avec lequel il est un peu cousin, d’autant plus que ce cardinal doit passer à ses yeux pour un des plus… prudents et qu’il appartient au Saint-Office », AD Toulouse, fonds Garrone, 3 A, lettre du 16 juillet 1965.
59 C. Sorrel, Les Informations catholiques internationales et le pape Paul VI (1963- 1978), dans J.-F. Galinier-Pallerola et al. (dir.), Les Laïcs prennent la parole : débats et controverses dans le catholicisme après Vatican II, Paris, 2014, p. 265-281.
60 Le ballotage de l’élection présidentielle de décembre 1965 avait troublé les cardinaux, AD Lille, journal de Mgr Dupont, 5 décembre 1965.
61 AN, fonds Brouillet, lettre de Mgr Pézeril, auxiliaire du cardinal Marty, à René Brouillet, 24 mars 1972.
Auteurs
Maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Bretagne Occidentale (Brest). Spécialiste de l’épiscopat au XXe siècle, il travaille actuellement sur le thème des mobilisations de masse dans le catholicisme français. Il a codirigé Les Évêques français de la Séparation au pontificat de Jean-Paul II (Paris, Cerf, 2013), et édité les Billets de Rome. Monseigneur Paul Gouyon, archevêque de Rennes, au concile Vatican II (1964-1965) (Rennes, Société archéologique et historique d’Ille-et-Vilaine/Amis des archives historiques du diocèse de Rennes, Dol et Saint-Malo, 2014).
Professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Lyon (Lyon 2). Spécialiste de l’histoire du catholicisme français, il a travaillé en particulier sur les crises du début du XXe siècle (congrégations religieuses, Séparation des Églises et de l’État, modernisme) et poursuit des recherches sur l’épiscopat français et l’évolution religieuse de la France des années 1950 aux années 1970. Il a récemment codirigé : Le Catholicisme en chantiers. France, XIXe-XXe siècles, Rennes, PUR, 2013 ; Les Évêques français de la Séparation au pontificat de Jean-Paul II, Paris, Cerf, 2013 ; La France et le concile Vatican II (Bruxelles – Paris, Ministère des Affaires étrangères (Direction des Archives) – P. I.E. Peter Lang, 2015) ; Gouverner l’Église catholique au XXe siècle. Perspectives de recherches (Lyon, LARHRA – RESEA, coll. Chrétiens et sociétés 2015).
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