La rue, territoire des boutiques
p. 207
Texte intégral
1Les boutiques sont définies par les historiens et géographes comme des espaces à vocation économique proprement urbains1. Elles s’inscrivent dans la composition morphologique de la ville, tandis que les transactions qui s’y opèrent font partie intégrante de la pratique, voire de la culture urbaine, comme l’a souligné M.-J. Bertrand à propos des villes contemporaines2. Plus haut, les boutiques ont été étudiées comme une production urbaine, il faut désormais étudier la manière dont elles ont contribué à structurer l’espace tant physique que vécu de la ville. Dans cette optique, nous choisissons d’utiliser le concept de territoire défini par la géographe M. Le Berre « comme la portion de la surface terrestre, appropriée par un groupe social pour assurer sa reproduction et la satisfaction de ses besoins vitaux3 ». Un territoire se caractérise donc par sa localisation, il résulte d’un processus de production et/ou d’appropriation, enfin il est aménagé et géré par des acteurs4. Le rapport que les boutiques entretiennent avec la rue est ici central puisqu’elle constitue un espace d’interactions entre les clients et les commerçants5. Au début du IIe s. ap J.-C., la reconstruction quasi-totale d’Ostie coïncide avec un accroissement démographique important, ainsi qu’un essor commercial, tous deux suscités par la construction du port de Trajan. Ce nouveau cadre urbain se caractérise par une densité importante de boutiques qui sont en connexion étroite avec les rues. Celles-ci sont affectées par une série d’importantes mutations s’amorçant à partir du milieu du IIIe siècle. A. Gering observe une nouvelle monumentalisation du decumanus, la privatisation de certaines rues secondaires et une série d’empiétements6. Ces transformations portent sur le cadre physique d’Ostie et procèdent vraisemblablement d’un changement dans la culture urbaine des habitants de la ville. Il faut donc s’interroger sur le rôle que les boutiques ont joué dans la structuration et les mutations de l’espace urbain notamment à travers leur rapport à la rue. Quels sont les territoires des boutiques et quels moyens sont mis en œuvre pour en assurer l’emprise ?
Notes de bas de page
1 Cf introduction.
2 Bertrand 1978, p. 49 et 96.
3 Le Berre 1992, p. 622.
4 Le Berre 1992, p. 622-625.
5 La rue est définie par Gauthiez 2003, p. 163 comme une « voie dans une agglomération, bordée de bâtiments ou de clôtures », tandis que la voirie correspond à « ensemble de voies et espaces libres permettant la circulation des véhicules et des piétons ».
6 Voir Gering 2004.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Le Thermalisme en Toscane à la fin du Moyen Âge
Les bains siennois de la fin du XIIIe siècle au début du XVIe siècle
Didier Boisseuil
2002
Rome et la Révolution française
La théologie politique et la politique du Saint-Siège devant la Révolution française (1789-1799)
Gérard Pelletier
2004
Sainte-Marie-Majeure
Une basilique de Rome dans l’histoire de la ville et de son église (Ve-XIIIe siècle)
Victor Saxer
2001
Offices et papauté (XIVe-XVIIe siècle)
Charges, hommes, destins
Armand Jamme et Olivier Poncet (dir.)
2005
La politique au naturel
Comportement des hommes politiques et représentations publiques en France et en Italie du XIXe au XXIe siècle
Fabrice D’Almeida
2007
La Réforme en France et en Italie
Contacts, comparaisons et contrastes
Philip Benedict, Silvana Seidel Menchi et Alain Tallon (dir.)
2007
Pratiques sociales et politiques judiciaires dans les villes de l’Occident à la fin du Moyen Âge
Jacques Chiffoleau, Claude Gauvard et Andrea Zorzi (dir.)
2007
Souverain et pontife
Recherches prosopographiques sur la Curie Romaine à l’âge de la Restauration (1814-1846)
Philippe Bountry
2002