Chapitre 4. Les archives, mode d’emploi
p. 45-50
Texte intégral
1Les boutiques d’Ostie nous sont connues pour l’essentiel grâce aux vestiges matériels. Notre étude se fonde donc avant tout sur un travail de terrain. Toutefois, elle ne peut faire l’économie des informations que recèlent les archives, qu’il s’agisse des journaux ou des photographies d’archives dont l’emploi impose un certain nombre de précautions méthodologiques.
2Les objectifs et les méthodes employées durant les fouilles ont eu d’importantes conséquences sur la documentation existante1. Environ 46 hectares d’Ostie ont été mis au jour, ce qui équivaut aux deux tiers de la surface intra-muros restituée de la ville (69 hectares). Cette étendue fait d’Ostie le plus grand site connu d’Italie ; à titre de comparaison, la surface mise au jour de Pompéi est de 42 hectares (pour 66 hectares restitués au total). Il s’agit donc d’un terrain d’étude privilégié pour l’histoire urbaine. Toutefois, des travaux ont mis en évidence que la ville s’étendait au-delà, sur le Trastevere d’Ostie, ainsi que dans les environs du site archéologique2. Des prospections magnétométriques dirigées par M. Heinzelmann indiquent que la ville devait être bien plus étendue, recouvrant près du double de la surface comprise dans les enceintes3.
3La majeure partie des vestiges a été mise au jour durant la première moitié du XXe siècle. La direction des fouilles d’Ostie fut confiée de 1907 à 1914 à D. Vaglieri, alors que R. Finelli obtint la charge de superviseur et par conséquent, la fonction de rédacteur des Giornale degli Scavi. Suite au décès de D. Vaglieri, s’ouvre, selon P. Olivanti, la période de l’archéologie « de la sape et de la pioche ». Les fouilles ont alors pris un rythme plus soutenu. La direction fut alors assurée par A. Pasqui en 1915, R. Paribeni entre 1915 et 1924, puis par G. Calza entre 1924 et 1942. Les fouilles s’intensifièrent sous la direction de G. Calza dès 1937dans l’optique de l’Exposition Universelle prévue à Rome pour 1942. Dans ce contexte, une très grande partie du site fut mise au jour4. Il s’agit du sud et de l’est de la regio I, des regiones III, IV et d’une grande partie de la regio V.
4Les objectifs, le contexte et les méthodes employées durant la mise au jour du site d’Ostie ont contribué à produire des vestiges hétérogènes dont une partie fut détruite et une autre restaurée.
4.1 Les Giornale degli scavi
5Dans ce cadre, la consultation des données que recèlent les archives s’impose. Deux sources principales ont été étudiées : il s’agit des journaux de fouilles inédits – les Giornale degli scavi –, ainsi que des photographies conservées dans les archives du site. La production de cette documentation a suivi les grandes évolutions des méthodes et des objectifs de fouilles du site. Les informations que recèlent ces fonds sont par conséquent très hétérogènes et l’attention portée aux boutiques est loin d’avoir été constante au fil des années.
6Parmi les rapports de fouilles rédigés avant 1938, dont la richesse n’a pas été égalée par la suite, les journaux des années 1908-1924 se démarquent par leur qualité exceptionnelle.
7Les premiers journaux de fouilles ne contiennent que très peu d’informations utiles à notre travail. Dans son livre publié en 1911, L. Paschetto a entrepris de retranscrire de manière exhaustive le contenu des rapports de fouilles publiés ou inédits qu’il avait consultés5. La première entrée du tableau récapitulatif qu’il propose correspond aux fouilles de 1775, les derniers sont contemporains de la rédaction de son ouvrage. Les trouvailles mentionnées sont pour l’essentiel composées d’objets en marbre (inscriptions, statues, sarcophages, etc.), de mosaïques ou de fresques. Les indications topographiques sont souvent très floues ; elles se limitent généralement à un simple toponyme. Par conséquent, les informations contenues dans ces rapports sont d’un intérêt très faible pour l’étude des boutiques d’Ostie.
8Les journaux de fouilles rédigés durant les années 1908-1924 sont sans conteste les plus riches. Leur rédaction fut en grande partie entreprise par le superviseur R. Finelli. Ils recèlent de précieuses informations et sont enrichis d’interprétations proposées par l’archéologue portant tant sur des zones précises ou sur l’histoire générale d’Ostie.
9Les volumes des GDS s’organisent par année. Un index topographique fut intégré a posteriori au début de chacun des volumes. Les journaux sont dactylographiés à partir de 1910. Les rapports sont rédigés sur des fiches divisées en 4 colonnes : « Data », « Numero degli operai », « Indicazione speciale del luogo » et « trovamenti ». Deux types d’entrées sont à distinguer. Il y a d’une part des rapports quotidiens, ayant pour but de décrire les zones fouillées et de dresser un inventaire du mobilier qui y a été mis au jour. D’autre part, il s’agit de synthèses occasionnelles reprenant l’ensemble des travaux effectués sur un même édifice. Une description de l’intégralité du bâtiment y figure souvent et est accompagnée d’interprétations concernant la fonction de l’édifice, ainsi que son phasage. Parfois accompagnées d’un plan numéroté, ces descriptions s’organisent souvent pièce après pièce. Elles fournissent de riches informations sur les dimensions, le pavement, le parement et sur les équipements qui y furent découverts. Ces notices comprennent généralement un inventaire du mobilier qui y a été mis au jour au sein duquel figurent certains objets n’ayant pas été décrits dans les notices quotidiennes.
10Certaines notices de ces volumes font état de l’avancement des travaux de restauration entrepris sur les vestiges après leur mise au jour. Par exemple, la notice du 6-9 avril indique l’avancement des travaux de « pulizia e sistemazione » entrepris sur le Portico a tetto spiovente6. Parfois, l’endroit de dépôt du déblai est indiqué. Il faut en déduire que des équipes chargées du nettoyage et de la restauration opéraient sur les édifices peu après leur mise au jour.
11Entre 1925 et 1938, le seul journal rédigé concerne les fouilles entreprises dans la nécropole de l’Isola Sacra suite à sa découverte lors des travaux de bonification entrepris par l’Opera Nazionale Combattenti7. Ces notices n’ont par conséquent pas été utilisées dans le cadre de cette étude.
12Les journaux rédigés durant les années 1938-1942 se distinguent des précédents et fournissent très peu d’informations exploitables. Le format des fiches change : en plus de la localisation des zones fouillées, trois colonnes sont réservées aux « condizioni degli oggetti », « dimensioni degli oggetti » et aux « osservazioni e schizzi ». Ce changement purement formel traduit de nouveaux objectifs pour les rapports de fouilles : il s’agit avant tout de décrire les objets mis au jour. Ce format ne favorise pas les descriptions des vestiges, ni de leur stratigraphie. Les volumes ne sont plus organisés par années, mais par secteurs. La partie non fouillée du site – s’étendant surtout à l’ouest de la porte occidentale du Castrum et au sud du Decumanus Maximus – est alors divisée en grandes zones qui ne correspondent pas exactement aux futures regiones. Certaines d’entre elles – comme la future Regio V – sont subdivisées en lots délimités arbitrairement. Le détail des informations varie d’un journal à l’autre. Dans leur majorité les volumes datant de 1938-1942 ne constituent qu’une très pauvre documentation concernant les boutiques.
13Ainsi, le volume dédié à ce qui sera ensuite désigné comme la Regio V se démarque par la pauvreté des indications. Cette aire est délimitée en quatre zones (fig. 7) – nommées a, b, c et d – séparées par le Decumanus, la Via dei Molini et la Via del Sabazeo. Un plan délimitant ces secteurs situé au début du volume traduit la méconnaissance que les archéologues ont alors du site. L’orientation du plan est erronée, puisque son nord pointe vers l’est réel. Dans un deuxième temps, le plan reçoit une correction fautive : le premier nord est barré et remplacé par un second indiquant l’ouest8. Ceci témoigne de la méconnaissance du site qu’ont les responsables de secteur, probablement récemment recrutés durant ces fouilles.
14La rédaction de ce journal est remarquablement lapidaire : ne comportant aucune description d’édifices, elle prend la forme d’une liste d’objets en marbre accompagnés d’un numéro d’inventaire et du lieu de découverte – correspondant en réalité aux quatre secteurs de la Regio (a, b, c et d).
15Le volume consacré à la future Regio III, bien que plus précis, ne fournit que de très rares informations utiles à l’étude des boutiques. Ces dernières sont surtout mentionnées lorsqu’une inscription ou une statue y a été mise au jour9. Contrairement au volume concernant la Regio V, il est ici fait référence à des édifices précis. Toutefois, les descriptions sont trop sommaires et aucun repère spatial fixe n’est utilisé, rendant la localisation très ardue. Par exemple, les rédacteurs observent la présence d’un seuil dans un édifice dont la localisation est indiquée de façon allusive : ils indiquent qu’il est situé du côté nord du Decumanus, vers la Porta Marina, à proximité d’un édifice dont la façade est ornée de niches10. Selon ces indications, il pourrait s’agir de la Schola del Traiano ou de l’édifice III, ix.
16Au total, les journaux rédigés entre 1938 et 1942 ont deux fonctions principales : il s’agit d’une part d’organiser et de planifier les fouilles en délimitant les différents secteurs et d’autre part, de dresser un inventaire des découvertes remarquables destinées pour une grande part à être déposées au musée. La description des vestiges, la stratigraphie, l’inventaire du mobilier ordinaire et les interprétations sont absentes de ces volumes. Par conséquent, ils ne recèlent que de très rares informations exploitables pour l’étude des boutiques.
17L’étude des journaux de fouilles d’Ostie se heurte à de nombreux obstacles. Étant donné la pauvreté des informations que contiennent les journaux des années 1938-1942, il n’est ici question que des rapports antérieurs.
18Les indications topographiques constituent un véritable problème : le nom attribué aux édifices provient souvent directement de la fonction qu’on leur a attribuée. Ainsi, le Capitole fut longtemps désigné comme le « tempio di Vulcano », les Grandi Horrea comme une piscina11. Les toponymes, ainsi que la localisation en regiones et îlots ne furent fixés réellement qu’avec la publication du premier volume des Scavi di Ostia, en 1953. L’émergence des toponymes modernes s’opère donc parallèlement aux fouilles mettant au jour des éléments distinctifs : ainsi la Casa di Diana est au départ nommée « Casa ad ovest dei molini » avant de recevoir son nom courant entre 1914 et 1915, après la découverte d’un relief représentant la déesse12. De même, la « casa dei bagni » désigne dans un premier temps les Terme di Nettuno13.
19Avant la mise au jour intégrale d’un édifice, les indications topographiques manquent de précision. Ce problème est particulièrement important pour la numérotation des boutiques qui est fluctuante au fur et à mesure de leur mise au jour. Par exemple, les boutiques des Terme di Nettuno sont dans un premier temps numérotées depuis la jonction entre le Decumanus et la Via dei sepolcri ; puis à partir du croisement entre le Decumanus et la Via dei vigili14.
20Les indications topographiques sont souvent imprécises et changeantes. Cela demande une connaissance poussée du site et de l’évolution des fonctions attribuées à chacun des édifices.
21À ce problème vient s’ajouter celui du mobilier. Ainsi, les trouvailles mises au jour dans plusieurs pièces voisines sont généralement décrites ensemble, ce qui suggère que les fouilleurs déposaient les objets découverts à un endroit fixe où les trouvailles étaient examinées par le superviseur en vue de leur description. Celle-ci s’organise en une liste classée par matériau : métaux, marbre, céramique, os. La localisation des objets dans les pièces ainsi que les indications stratigraphiques sont extrêmement rares. Généralement, le mobilier est rattaché à un édifice, voire à un îlot donné. Les indications stratigraphiques sont, quant à elles, extrêmement rares.
22Seul le mobilier « remarquable » semble avoir été signalé. Par exemple, les seuls objets en céramique cités sont intacts ou portent des inscriptions et des estampilles. En outre, certains objets sont dénués de numéro d’inventaire.
23Les rapports de fouilles rédigés dans les Giornale degli Scavi ont souvent fait l’objet de publications dans la revue Notizie degli Scavi di Antichità principalement par R. Paribeni, D. Vaglieri et G. Calza. Les publications concernant Ostie même s’étendent pour l’essentiel de 1878 à 1923. Après cette date, les publications dans les Notizie degli Scavi di Antichità traitent de la nécropole de l’Isola Sacra et de Portus principalement et ne concernent Ostie qu’occasionnellement.
24Les rapports publiés dans les Notizie degli Scavi di Antichità reposent en grande partie sur ceux rédigés dans les Giornale degli Scavi par R. Finelli, sans que ce dernier ne soit mentionné dans les publications. Le contenu du rapport publié est souvent sensiblement le même que celui des rapports inédits. Il s’agit même parfois d’une simple retranscription.
25Toutefois quelques différences sont observables. Par exemple, le rapport de fouilles du commerce alimentaire de l’édifice I, ii, 5 publié par R. Paribeni dans les Notizie degli Scavi diverge de celui des Giornale degli Scavi. R. Paribeni synthétise les rapports d’archives en un article structuré15. L’apport de cette publication réside donc principalement dans les interprétations de datation proposées par R. Paribeni. Toutefois, quelques détails sont omis tels que les dimensions d’un caisson de plomb découvert sur les lieux16. R. Paribeni ne mentionne pas l’interprétation proposée par le rédacteur des journaux inédits selon laquelle ce caisson servait de pot de chambre. Enfin, R. Paribeni ne précise pas dans la publication le numéro d’inventaire du mobilier mis au jour.
26Inversement, des découvertes non mentionnées dans les Giornale degli scavi peuvent figurer dans la publication. Par exemple, il est fait état de la découverte d’un creuset de vitrification dans l’une des boutiques du Teatro (II, vii, 2) dans les Notizie degli Scavi. La description est accompagnée d’un rapport du minéralogiste V. Novarese portant sur la nature des résidus de gypse qui y furent mis au jour17. Cette découverte ne figure pas dans les Giornale degli Scavi.
27Les informations contenues dans les Giornale degli scavi et les Notizie degliscavi di Antichità sont souvent identiques, quoique la publication des données s’accompagne parfois d’interprétations complémentaires. Cela tient aux rôles du superviseur et des rédacteurs de la publication : le premier documente quotidiennement les fouilles, tandis que les seconds élaborent des synthèses des résultats et proposent des interprétations, souvent sans prendre en considération celles des superviseurs. Les informations que recèlent les journaux de fouilles sont dans la plupart des cas plus précises et détaillées que celles retranscrites dans la publication. Toutefois cette dernière recèle souvent des interprétations importantes, malgré une simplification globale des données. Les Giornale degli Scavi et les publications des fouilles sont donc complémentaires. Une plus grande prudence s’impose à la lecture des rapports publiés car les données sont de seconde main, tandis que les interprétations sont plus affirmées. Nous ne pouvons que déplorer le peu d’importance accordé à la vision qu’avait le superviseur R. Finelli d’Ostie suite à près de seize ans de terrain et au vu de la richesse et de la précision de ses rapports inédits.
4.2 Les archives photographiques
28Les photographies d’archives offrent également de riches informations sur les vestiges archéologiques mis au jour. Consultables aux archives de la surintendance d’Ostie, elles sont classées par édifice. Un numéro d’inventaire leur est attribué et elles sont parfois datées. Certaines d’entre elles ont été publiées dans les Notizie degli Scavi ou sous forme de cartes postales.
29Ces photographies fournissent différents types d’informations. Elles permettent en premier lieu de visualiser les vestiges tels qu’ils furent mis au jour. Cela permet de les observer sans la végétation qui les occupe aujourd’hui, mais aussi avant les dégradations que les structures ont subies depuis leur mise au jour. Ainsi, il est possible d’étudier la décoration des murs et du pavement de certaines boutiques18. Inversement, la comparaison de ces photographies avec l’état actuel des vestiges permet de mettre en évidence des destructions ou des restaurations postérieures à leur mise au jour19.
30De manière générale, les photographies de boutiques manquent d’indices topographiques. Dans la plupart des cas, seul l’édifice intégrant les boutiques est mentionné. La consultation des photographies d’archives dans le but d’étudier les boutiques nécessite donc une connaissance poussée des vestiges afin d’identifier des repères visuels susceptibles d’aboutir à la localisation précise des locaux photographiés.
31Les photographies prises durant les fouilles de 1938-1942 occupent une place à part. Une partie non négligeable de celles-ci a été prise afin d’illustrer l’ampleur des travaux menées durant ces années. Ainsi, il est courant que le premier plan de ces photographies soit occupé par les ouvriers posant avec leurs outils, en pause ou au travail, ou par les Decauvilles20. Les travaux de restauration des édifices mis au jour font également l’objet d’une attention particulière. Par exemple, les différentes étapes de l’anastylose d’une colonne du macellum sont très bien documentées. Parmi ces photographies, les vestiges n’occupent souvent que l’arrière-plan. Les informations que l’on peut en tirer sont donc plus limitées. Toutefois, l’insistance portée sur les travaux de restauration permet d’identifier les interventions modernes comme cela a été fait par H. Dessales au sujet de la Schola du Trajan21.
4.3 La documentation graphique
32La carte d’Ostie publiée en 1953 dans le premier volume des Scavi di Ostia est un outil de travail fondamental du fait de son niveau de détail élevé, mais aussi car elle représente des zones actuellement inaccessibles ou détruites22. Ce document se trouve donc au fondement de la plupart des études consacrées à Ostie. Le plan est composé de 14 planches détaillées. Cette entreprise de cartographie fut accompagnée d’un travail de référencement. Le site est alors divisé en 5 régions qui ne correspondent pas aux regiones anciennes dont nous ne connaissons pas les limites. Chaque édifice possède un triple numéro de référence correspondant au numéro de sa région, de l’îlot dans lequel il se situe et enfin d’un dernier numéro permettant de le situer au sein de l’îlot.
33Cette carte doit être complétée par l’étude d’autres documents. Les cartes générales d’Ostie antérieures à la publication du premier volume des Scavi di Ostia ne recèlent que peu d’informations. Par exemple, la première véritable entreprise de cartographie complète des vestiges réalisée par L. Canina en 1837 se caractérise par un faible niveau de détails et comporte de nombreuses restitutions qui furent par la suite invalidées tels que les six vastes entrepôts situés le long du Tibre, entre le Portico di Pio IX et les navalia dont l’existence fut par la suite infirmée23. Les cartes d’Ostie publiées par L. Paschetto, J. Carcopino et par T. Ashby au début des années 1910 se caractérisent également par un niveau de détail trop faible pour constituer un véritable apport à la connaissance du site archéologique24. En réalité, ces cartes avaient pour fonction de localiser à l’aide de chiffres ou de lettres les espaces dont il est question dans ces ouvrages.
34En revanche, de nombreux plans représentant des aires plus restreintes comportent de riches informations. Il s’agit principalement des plans accompagnant les rapports de fouilles publiés dans les Notizie degli Scavi qui livrent de précieuses informations sur les boutiques : dolia, comptoirs, latrines, pavement, conduites, etc25. Une partie de ces informations n’a pas été retranscrite sur la carte publiée dans le premier volume des Scavi di Ostia, témoignant de leur probable destruction entre la date de leur mise au jour et 195326. Ces plans livrent donc de précieuses informations permettant de compléter la consultation de la carte de 1953 et le travail de terrain. De tels plans sont également présents dans d’autres publications comme la synthèse de L. Paschetto datant de 1910 ou des travaux postérieurs menés sur des édifices ou des zones précises, comme l’îlot V, ii étudié sous la direction de J. Boersma27.
35L’histoire des fouilles, leurs objectifs et leurs méthodes conditionnent la documentation dont nous disposons pour l’étude des boutiques d’Ostie. Ces évolutions ont suivi un cours parallèle à la progression de la mise au jour du site. Par conséquent, la richesse de la documentation varie d’un secteur à l’autre. Les zones fouillées durant les années 1908-1924 (correspondant à la Regio II et à la zone située au Nord du Forum, jusqu’à la Via Epagathiana à l’Ouest) se démarquent par une documentation riche, tandis que les zones mises au jour auparavant et plus particulièrement durant les années 1938-1942 se distinguent par des informations plus pauvres et éparses. En outre, les vestiges les plus tardifs furent en grande partie détruits, tandis que d’importantes restaurations furent entreprises sur certaines structures.
36La réalité archéologique des boutiques d’Ostie est traditionnellement perçue à travers plusieurs prismes dont les effets déformants se combinent parfois. En premier lieu, les buts et les méthodes des grandes fouilles entreprises durant les années 1938-1942 ont largement contribué à produire un site archéologique inégalement fouillé, restauré et documenté. Ensuite, l’emploi traditionnel du mot taberna pour désigner les boutiques identifiées parmi les vestiges peut avoir d’importantes conséquences sur l’interprétation de ces édifices. Enfin, la datation traditionnellement retenue des édifices d’Ostie tend à surévaluer le nombre d’édifices construits au cours du IIe s. ap. J.-C.
Notes de bas de page
1 Pour la période antérieure au XXe siècle, nous renvoyons aux synthèses Recchia, Pacchiani 1999 ; Bignamini 2001 ; Martin 2001 ; Marini Recchia, Pacchiani, Panico 2002.
2 Sur le Trastevere d’Ostie, voir Pellegrino, Olivanti et Panariti 1995.
3 Heinzelmann 1998.
4 Nous reprenons ici les conclusions des travaux de référence portant sur ce sujet : Olivanti 2001 ; Olivanti 2002.
5 Paschetto 1911, p. 485-563.
6 Gds 1910, 6-9 avril, p. 115.
7 Baldassarre 1996, p. 15.
8 Gds 1938-1939, vol. 25, le plan est au début du volume.
9 Gds 1938, vol 24, 6/08/1938 et 18/10.1938.
10 Gds 1938, vol 24, 19/10/1938, p. 75.
11 Sur le toponyme Tempio di Vulcano, voir par exemple le Gds 1916, 17-22 janvier. Le terme piscina est par exemple employé par Lanciani, 1886, p. 162.
12 Le toponyme « Casa ad ovest dei molini » est employé par exemple dans le Gds 1914.
13 Par exemple, Gds, 1908, 18 Novembre, p. 148.
14 La première numérotation est utilisée à partir de Gds 1908, 18 novembre, p. 148 ; la seconde dans le Gds 1909, 7 février, p. 44.
15 Paribeni 1916, p. 399-429.
16 Gds 1916, 17-22 avril, p. 71, n. inv. 10525 ; Paribeni 1916, p. 417.
17 Vaglieri 1913b, p. 393 et svtes.
18 Par exemple la photographie B1949 prise en 1938 donne à voir la décoration d’un commerce alimentaire du Caseggiato dell’Ercole IV, ii, 2-4.
19 En 1942, par exemple, des photographies sont prises avant et après restauration du portique du Caseggiato dell’Ercole (IV, ii, 2-4) : B5532 et 5533.
20 Voir par exemple les photographies du Caseggiato del Serapide (III, x, 3) : B2525.
21 Bukowiecki, Dessales, Dubouloz 2003.
22 Sdo 1.
23 Canina, 1837.
24 Paschetto 1910 ; Carcopino 1911 ; Ashby 1912.
25 Voir par exemple Vaglieri 1912b, p. 441 pour un plan détaillé des boutiques occupant l’angle sud est du Piccolo Mercato (I, viii, 10) et Paribeni 1916, pour une carte de l’édifice I, ii, 5.
26 Sdo 1.
27 Paschetto 1910 ; Boersma 1985.
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