« Più amico che fratello »
Public et privé dans la correspondance de Roberto, Prospero et Massimo d’Azeglio
p. 201-214
Résumé
Au cours du Risorgimento, la famille a représenté une base importante pour l’appartenance politique à la gauche ou à la droite, tout à la fois en termes pratiques et symboliques. Elle était une source de soutien matériel et de réconfort émotionnel, et une image forte d’appartenance politique et/ ou religieuse. À cet égard, les frontières entre public et privé devinrent alors (ou demeurèrent) floues. À travers la vie de Roberto, Prospero et Massimo d’Azeglio, l’article étudie le modèle de la fraternité en tant que forme de politique démocratique. L’étude de la relation entre les trois frères témoigne qu’il est important de considérer les symboles génériques de l’appartenance nationale, comme la famille et le lien fraternel, avec leur impact et leur réception individuels. Elle témoigne, en outre, de l’existence d’un espace privé restreint qui a pu constituer un refuge intime contre la rudesse de la vie publique, mais qui suggère aussi que cette sphère domestique n’était pas exclusivement du domaine des femmes. L’amitié durable entre Prospero et Massimo montre l’importance d’étudier la vie privée des personnages publics : les aspects qui ont été tenus cachés au grand public sont, pour les historiens, souvent plus éclairants que les éléments de leur vie privée utilisés pour atteindre leurs objectifs politiques.
Texte intégral
1 La famille offre un puissant moyen d’imaginer la Nation comme une communauté organique, unie par des liens de sang, d’histoire et d’affection : on a reconnu de longue date son importance particulière pour l’identité nationale italienne. Au cours du Risorgimento, une correspondance étroite entre famille et Nation a été établie en utilisant les rôles de père, de mère, de frère et de sœur pour évoquer une variété remarquable de relations et de modèles de conduite au travers du spectre politique1. Ainsi, la métaphore de la famille comme forme de possession collective demeura cruciale pour les représentations des monarchies d’Italie, et joua un rôle central dans le renouveau catholique du XIXe siècle ; les révolutionnaires italiens, pour leur part, se reposèrent également explicitement sur un appel à la famille pour promouvoir leur appel aux armes. Tandis que pour ces derniers le legs politique et iconographique de la Révolution française représentait un point de référence incontournable, dans les faits, la gauche comme la droite unirent une vision démocratique renouvelée des relations de parenté à un sens traditionnel des hiérarchies familiales. D’une part, les patriotes tout comme leurs opposants créèrent une image de la nation italienne qui unissait l’autorité paternelle à la compassion maternelle, de l’autre ils faisaient appel aux liens fraternels et à l’exigence de loyauté, de solidarité et de parité2.
2Des recherches récentes ont montré que le XIXe siècle fut « kinship hot ». Pour reprendre les mots de Leonore Davidoff, « extensive, reliable, and well-articulated structures of exchange among connected families over many generations » constituent un trait dominant de cette période ; loin de s’affaiblir au cours du siècle de l’individualisme, de l’État libéral, de l’économie moderne et des classes sociales, les liens de famille semblent avoir été renforcés par l’action de ces processus libéraux3. Il est certain que l’importance prêtée à la consanguinité s’accrut au cours du Risorgimento avec les apirations libérales et républicaines à un changement politique et économique. De plus, on pourrait parler d’une symbiose entre vie privée et objectifs publics comme d’un trait typique du Risorgimento, et de la porosité de la séparation public/ privé, dès lors que les familles s’engageaient dans l’activité politique de leurs enfants et/ou de leur fratrie.
3En exil à Londres, Mazzini était soutenu financièrement par sa mère, Maria Drago, et leurs lettres mêlent des expressions d’amour et d’intimité à des discussions détaillées sur des questions politiques. Parallèlement, Mazzini exilé créa une famille parallèle, ou de substitution, formée de sympathisants anglais qui étaient eux-mêmes centrés sur quelques familles libérales dominantes, et mit un point d’honneur à nouer des liens d’amitié étroits, privés et politiques, avec de nombreuses Anglaises. Comme le note Ros Pesman, « Mazzini’s political movement was a family ». Il partageait des confidences avec ses amies femmes, en exigeant d’elles une « fidélité absolue » ; tout à ces réseaux de famille et d’amitiés, il les encourageait à nouer des liens avec sa mère, comme si elles étaient ses « sœurs »4. Beaucoup d’autres patriotes italiens (Giovanni Ruffini, Aurelio Saffi, Alfredo et Emilio Savio, Emilio Morosini et les frères Cairoli, par exemple) conservèrent des liens étroits avec leurs familles, et en particulier avec leurs mères. Comme celle de Mazzini et de sa mère, leur correspondance mêle des débats animés sur les questions politiques à des expressions de tendresse et de compassion privées. De toutes ces manières, l’intimité de la maisonnée était un antidote aux problèmes de la vie publique, et constituait le socle d’un réseau politique élargi fondé sur la dépendance, l’amitié et l’amour5.
4 Cependant, tandis que les patriotes du Risorgimento se reposaient sur des relations familiales, cet idéal se combinait difficilement avec leur conception exaltée de l’amour romantique et des alliances fraternelles. Officiellement, du moins, les relations de Mazzini avec ses amies anglaises étaient platoniques, et il les traitait comme s’il s’agissait de fratries unies par les liens d’une affection fraternelle ; on sait qu’il renonça au sexe et au mariage et qu’il associait l’amour, dans sa propre vie, à la perte et à la tragédie. En même temps, il conserva certains aspects d’une hiérarchie plus traditionnelle dans ses relations avec les femmes qui le soutenaient : c’était peut-être ses « sœurs », mais il était aussi leur Maestro quasi-divin, et elles ses disciples pleines d’amour. En outre, comme l’a relevé Paul Ginsborg, ni les passions publiques du Risorgimento, ni l’accent mis sur l’amour familial ne se traduisaient nécessairement par l’harmonie domestique. Beaucoup de mariages échouèrent, ou se révélèrent malheureux ; les mazziniens passaient de longues périodes loin de leurs familles, ou les négligeaient ; les mazziniennes luttaient entre les demandes d’amour de leur Maestro et leurs devoirs envers leurs propres maris6.
5Dans certains cas, les questions politiques posées par la nation divisaient les familles. Si, pour Mazzini, l’union entre une mère et son fils représentait le fondement de l’action politique, en pratique, les mères ne se privaient pas de critiquer l’activité politique de leurs fils, ou cherchaient du moins à la contrôler7. La rhétorique patriotique invitait les femmes à soutenir les carrières de leurs maris, mais dans la réalité certaines ressentaient amèrement les obstacles suscités par l’engagement dans la lutte politique8. Les appels à l’union de la famille et de la Nation pouvaient rester lettre morte, et les membres d’une même famille prendre des positions opposées sur les questions du nationalisme, du libéralisme et de la lutte entre l’Église et l’État. La discorde familiale sur le plan politique était probablement un aspect particulièrement marqué dans les familles nobles, qui avaient de longue date profité de liens traditionnels avec les monarchies de la Restauration, mais dont une nouvelle génération de membres considérait la Révolution française, d’une certaine manière, comme une expérience positive. Chez ces jeunes nobles de l’après 1815, les cadets se révélèrent particulièrement enclins aux actes de rébellion : ils embrassèrent la cause républicaine, exigèrent un changement constitutionnel et/ou se mobilisèrent pour la diminution du pouvoir de l’Église catholique9.
6 En bref, l’image de la nation comme une famille aimante procédait directement d’un sens de continuité et d’un puissant appel à des pulsions émotionnelles fondamentales. Mais cette image entraîna conflit et résistance, dès lors que les individus devaient faire face à des sollicitations contraires à leur loyauté, et pouvaient être confrontés à un barrage de métaphores complexes, qui faisait des appels concurrents aux liens de parenté.
7Nulle part ces conflits ne sont plus clairs que dans les relations entre fratries, et c’est précisément dans le vocabulaire de la fraternité du XIXe siècle que les images de la famille et de la Nation sont le plus étroitement entrelacées. Dans les pages qui suivent, je me concentrerai sur les relations au sein d’une seule famille noble piémontaise, les Taparelli d’Azeglio, et sur les réponses qu’ils ont apportées aux changements politiques suscités par le Risorgimento. Plus spécifiquement, je m’intéresserai à la correspondance entre les trois frères de cette famille – Roberto, Prospero et Massimo – qui parvinrent à l’âge adulte.
8L’aîné, Roberto, né en 1789, conservateur sur le plan social, était en faveur d’une réforme modérée. « Tipico rappresentante della vecchia aristocrazia piemontese », selon son biographe10, il connut l’exil à Paris du fait de son soutien à Carlo Alberto au cours de la révolution de 1821. De retour en Italie, il prit ses distances par rapport à la politique, et ses activités publiques (ainsi que celles de sa femme Costanza) se manifestèrent par d’importantes initiatives culturelles, ainsi que par des améliorations apportées sur les plans de l’éducation et de la charité. On se souvient de lui dans le Piémont pour ces réformes, et en particulier pour les efforts qu’il déploya pour organiser le secours aux pauvres, améliorer les écoles primaires et, au cours des révolutions de 1848, pour sa promotion de l’émancipation juive11.
9Prospero, le deuxième fils, naquit en 1793 et entra dans les ordres en 1814. Il est beaucoup plus connu sous son nom jésuite, Luigi Taparelli. Figure éminente du renouveau catholique du XIXe siècle, Taparelli fonda La Civilità Cattolica (1850) ; on considère qu’il prit part au renouveau d’intérêt pour le thomisme, et il est particulièrement connu pour son influence sur la formation de la doctrine sociale de Léon XIII. Il est également associé (de manière injuste, à différents égards) à l’idée d’un catholicisme intransigeant et, en termes politiques, à la défense de l’absolutisme et du pouvoir temporel du pape12.
10Massimo d’Azeglio, né en 1798, le plus jeune des trois, est également le plus connu. Peintre, écrivain, musicien, soldat et homme politique, il fut, selon son biographe, « the most complete man of the Risorgimento », un homme dont les talents de danseur, de chanteur, de joueur de cartes et de cavalier se combinaient avec un don remarquable pour la politique13. Dans les années 1840, Massimo devint un des principaux propagandistes du libéralisme modéré, et fut l’un des architectes de la « solution » piémontaise à la question italienne au cours de la décennie suivante14.
11Cependant, tandis que Massimo partageait avec ses deux frères enthousiasme et talent pour les arts, il différait beaucoup d’eux, et chacun d’eux de l’autre, à différents égards. Rebelle, il refusa la carrière dans l’armée que lui avait choisie son père : parti pour Rome, il y vécut comme peintre, et se maria deux fois, à deux reprises de manière malheureuse. Pour sa famille, « Maxime » était un bohème, un « bon vivant », doté d’une « légèreté qui lui est naturelle », et son approche insouciante de la vie contrastait avec l’attitude plus austère, empreinte de devoir, de son frère Roberto15. Pourtant, tous deux partageaient une vision libérale modérée, réformatrice, et étaient opposés au pouvoir temporel du pape (bien qu’aucun des deux ne voulût voir Rome devenir la capitale de l’Italie). À cet égard, ils se trouvèrent en désaccord total avec leur autre frère, Prospero/Luigi. Comment cet « unusually dissimilar trio » de frères fut-il conditionné, a-t-il négocié et/ou surmonté les mécanismes de loyauté parfois stimulante, parfois concurrente de la famille et de la nation au cours du Risorgimento16 ; ce sont des points que nous verrons dans la suite de l’article.
12Début 1842, Massimo d’Azeglio voyageait dans le sud de l’Italie avec sa seconde femme, Luisa Blondel. Deux ans plus tôt, leur relation avait été rompue, et celle-ci voyait dans ce voyage une occasion possible de réconciliation avec son mari. Massimo avait de toutes autres raisons de l’entreprendre : il voulait rendre visite à son frère Prospero, le prêtre jésuite, qui vivait à Palerme depuis 1833. De fait, Massimo n’avait aucune intention de voyager avec sa femme, qui était devenue une étrangère pour lui, mais avait demandé à son frère aîné, Roberto, de l’accompagner. « Che te ne dice il cuore ? » demande Massimo à ce dernier : ce serait, écrit-il, « una gran consolazione ritrovarci dopo tanti anni tutti e tre, che siamo i soli rimasti della nostra antica brigata »17. En d’autres termes, pour Massimo, le désir de retrouver ses frères était beaucoup plus fort que le besoin de se réconcilier avec sa femme.
13 Comme on pouvait peut-être s’y attendre, la tentative de réconciliation de Luisa fut un échec, même si tous deux demeurèrent en bons termes tout le reste de leur vie. En revanche, la visite à Prospero à Palerme fut un grand succès. Au départ, probablement parce que Massimo arriva sans avoir prévenu, et que tous deux ne s’étaient pas vus pendant presque dix ans, Prospero ne reconnut pas son frère cadet, mais lorsque Massimo révéla son identité, « mi fece una festa che non puoi immaginare »18. Massimo et son frère Roberto avaient tous deux reçu des rapports alarmants sur la santé de Prospero, dont on disait qu’il souffrait de l’humidité et du froid du collège des jésuites ; dans une longue lettre à Roberto, intime et soucieuse, Massimo parle de ses efforts pour restaurer les forces de Prospero – ce qui comporta l’achat d’un vêtement de pluie à Naples, le cadeau de sous-vêtements en laine et l’invention d’un système de bouteilles d’eau chaude permettant de tenir ses pieds au chaud (« è stata subito copiata da tutti i gesuiti freddolosi del convento », se vante Massimo). Il voulut en outre lui acheter une machine à café (mais on lui dit : « non è permesso »), et fit en sorte de lui ouvrir un compte dans une banque de Palerme ; il lui promit également plus d’argent pour réaliser et développer un instrument musical que son frère avait inventé19.
14Quelques mois plus tard, en juillet 1842, Massimo revint à Palerme trouver « mio ottimo Prospero ». Ils passèrent l’été ensemble. Chaque après-midi, ils partaient dans la campagne sur des mules, « facendo chiacchierate interminabili », et mangeaient des sorbets le soir au collège jésuite. « [N]on posso dirti », écrivit Massimo à sa femme, « la felicità delle ore che passiamo insieme ; felicità tanto maggiore, quanto anch’esso la divide con me. Che raro accordo di virtù, di belle doti, e di generosi pensieri è in quell’anima »20. Tout laisse à penser que l’affection et la tendresse que nourrissait Massimo envers Prospero étaient pleinement partagées par son frère aîné.
15Une relation d’amour fraternel aussi intense entre les fils d’Azeglio, et spécialement entre le modéré, Massimo, et le jésuite, Prospero, est intéressante à différents titres. D’abord, parce que c’est un lien qui dura toute leur vie, indépendamment de la distance physique, des conflits personnels et des désaccords politiques, ce qui prouve l’importance des liens de fratrie, souvent les plus durables de toutes les relations dans la vie d’un individu21. En second lieu, parce que la relation entre les trois frères a suscité une volumineuse correspondance, pas seulement au sein de la fratrie elle-même, mais aussi entre ses membres et les femmes de Massimo et de Roberto ; entre tous ceux-ci et le fils de Roberto, Emanuele d’Azeglio22 ; entre les membres de ces familles et leurs familles élargies. On compte au nombre de ces dernières certains des principaux noms de la culture et de la politique piémontaises (et italiennes) : Alessandro Manzoni, Guglielmo Moffa di Lisio et Cesare Balbo, par exemple. À cet égard, leurs échanges confirment le caractère central des lettres et de la correspondance dans la construction des réseaux politiques fondés sur la parenté au cours du XIXe siècle23. Ils mettent en évidence le poids accordé à la famille et à la vie privée, et dans ce cas, en particulier, l’importance des liens fraternels comme l’un des fondements de la vie politique dans l’Italie du Risorgimento, et plus tard aussi.
16En même temps, la correspondance entre Roberto, Massimo et Prospero suggère que les relations entre famille et politique étaient complexes, et ouvertes à la discussion. Dans le cas de Massimo et de Roberto, en particulier, les relations fraternelles et l’intérêt commun pour la politique ne garantissaient nullement une forme de sympathie privée. Au début des années 1820, Massimo écrivit avec préoccupation et affection à son frère exilé à Paris24 ; au cours des années 1830 et au début de la décennie suivante, Roberto fit beaucoup pour aider la carrière artistique et littéraire de Massimo ; en 1848, les deux frères collaborèrent sur le plan politique. Au cours de cette période, et plus tard encore, chacun se prodigua pour encourager et soutenir les ambitions publiques de l’autre. Pourtant, dès lors qu’il s’agissait de la vie privée, ils ne pouvaient plus se comprendre. À en juger par les lettres de sa femme, Costanza, Roberto critiquait le caractère de Massimo et ses choix personnels. Tous deux désapprouvaient ses « idées anti-aristocrates » et ce qu’ils considéraient comme une forme de négligence envers ses devoirs familiaux ; elle le trouvait superficiel : « Il y a peu de fond chez lui, principes, opinions, affections, tout est léger, tout est sans racines. » Pour la famille de Roberto, le style de vie de Massimo devint un modèle à éviter, et les deux parents d’Emanuele – que Massimo aimait beaucoup, et avec lequel il était en confidence – s’inquiétaient de la mauvaise influence que ce dernier pourrait avoir sur leur fils25.
17Rien d’étonnant, par conséquent, à ce que le rapport entre Roberto et Massimo ait été ponctué de crises. La plus grave se produisit au début des années 1830, après la mort de leur père. Leur dispute commença à propos de la division inégale des biens de leur père en faveur de l’aîné : « La divisione inequale tra fratelli è ingiusta », écrivit Massimo à Roberto, en soulignant que « gli uomini e i fratelli nascono con diritti perfettamente uguali », ce qu’il développa en une querelle amère – une « lite feudale » – qui remettait en question la hiérarchie interne au sein de la famille26. Roberto s’opposait à ce que Massimo utilise le titre nobiliaire de la famille (marchese), ainsi que leur surnom noble (d’Azeglio) ; Massimo, pour sa part, exprima sa colère pour la tentative de son frère de lui dénier son statut nobiliaire, et lui écrivit, en réponse à son « tuono di comando » et à ses « insulti gratuiti » (« non ricevo ordini da nessuno in terra fuorché da mia madre », confia-t-il à un tiers) :
[T] i dico, non avendo fede né nelle primogeniture né nell’aristocrazia … ed essendo libero, e tuo equale, e non dovendo niente né a te né a nessuno, non soffro che né tu né altri prenda il tuono di strapazzarmi, minacciarmi, e tanto meno insultarmi, e darmi del miserabile27.
18Comme l’indique cette lettre, la rupture entre les deux frères était consommée. Ils ne se réconcilièrent qu’en 1835, et seulement grâce à l’intervention de leur mère et de Prospero.
19La colère manifestée par Massimo sur cette question est révélatrice de son attitude envers sa famille. Peut-être du fait de sa réputation de charme personnel (ou de ce que sa famille appelait sa « légèreté »), et de ses échecs matrimoniaux, il avait toujours été considéré que Massimo se souciait peu de sa vie privée, et subordonnait ses liens domestiques à ses ambitions personnelles. Pour Cesare Cantù, Massimo d’Azeglio « visse fra trionfi esterni, piú che fra dolcezze domestiche », un jugement repris récemment par Ginsborg, qui commente : « Massimo d’Azeglio non permise mai che la sfera personale e ancor meno quella domestica limitassero o fossero d’intralcio al suo operato nella sfera pubblica »28. Il est vrai que Massimo, peintre et romancier romantique, était loin d’être romantique dans ses relations avec les femmes. « Nel mondo si fa all’amore molto meno di quello che generalmente si crede », écrit-il dans ses mémoires ; « l’amore il più delle volte è conseguenza della pigrizia e dell’ozio »29.
20 Cependant, la vie privée de Massimo offe bien plus qu’une équation entre le « domestique » et l’amour impliquant des relations intimes entre hommes et femmes. Si nous passons les confins de l’amour romantique, et que nous laissons de côté la question de la sphère privée avec les femmes, on voit se dessiner un tableau différent. Tout d’abord, Massimo combattit pour développer une vision de la vie de famille plus égalitaire que celle dans laquelle il était né, tout en maintenant le sens de privilège public auquel lui donnait droit la position de sa famille. Il n’est guère étonnant que cette attitude ait engendré des conflits personnels, mais cela ne signifie nullement qu’il favorisa toujours les « triomphes externes » sur les liens existants dans son milieu domestique.
21D’une part, bien que Massimo, fils cadet, se sentît l’égal de son frère aîné, il associait les rôles d’aînesse et la hiérarchie familiale avec l’Ancien Régime30. Il exigeait la démocratie à l’intérieur de sa famille, en se révélant à cet égard un enfant de la Révolution française comme Mazzini (cramponné, comme nous l’avons vu, à certaines hiérarchies traditionnelles au sein de sa famille anglaise de substitution). D’autre part, Massimo tenait à utiliser le nom et le titre nobiliaire de sa famille. Tout en méprisant l’aristocratie en général, il fut toujours fier des origines de sa famille et de ses codes de conduite ; ses mémoires commencent par une description de ses origines nobles. « Siamo nobili ? », se souvient-t-il avoir interrogé son père alors qu’il avait 12 ans, en se souvenant de sa réponse : « Sarai nobile se sarai virtuoso »31.
22De même, Massimo rejetait l’autorité de son père, mais il acceptait les « ordini » donnés par sa mère. Ainsi, dans ses mémoires, loue-t-il son père comme un modèle d’héroïsme désinteressé dont il s’était inspiré pour son roman, Niccolò de Lapi, et assure-t-il avoir suivi son modèle dans sa propre existence. Mais il reconnaissait aussi la difficulté à maintenir de bonnes relations avec sa famille. Le conflit entre frères, écrivit-il, était inévitable, notamment après la mort de leur père, après laquelle, en dépit du caractère moral exemplaire de son frère Roberto, ils ne pouvaient plus vivre ensemble ; Massimo avisait ses lecteurs qu’à ce stade il valait mieux « non farsi romanzi domestici »32. Cet ensemble complexe de réponses – prises entre amour, respect et ressentiment – aux questions posées par la vie de famille souligne la difficulté d’amalgamer les conceptions démocratiques et autoritaires des relations de parenté. Il suggère aussi que Massimo, loin de subordonner sa vie à la politique, se souciait constamment de sa position au sein de sa famille, et était soucieux de protéger le statut que son nom de famille conférait à sa carrière politique.
23 Nous savons que Massimo se rebella conre la hiérarchie des familles nobles, et chercha à mener la carrière de son choix. Mais cette rébellion ne se traduisit jamais en un rejet absolu des liens affectifs avec sa famille, et moins encore par une simple transformation de ces liens en alliances politiques. Dans le cas de son frère Prospero, nous constatons même presque l’inverse : en dépit des différences politiques qui les séparent, et qui s’accentuèrent au cours du Risorgimento avec la détérioration des liens entre l’Église et l’État dans le royaume du Piémont, l’affection qui les unissait ne faiblit jamais. « Ogni simile ama il suo simile », écrivit Massimo dans ses mémoires :
è un proverbio che non sempre esprime il vero. Credo che si troverebbero difficilmente due uomini che in fatto d’opinioni politiche e religiose fossero più diametralmente opposti di noi due; come se ne troverebbero altrettanto difficilmente due altri che si volessero bene più di quello che ce ne siam voluto mio fratello gesuita ed io dall’infanzia… Sin da bambino me la sono intesa meglio con lui che con gli altri miei fratelli33.
24Bien sûr, la politique affecta, et compromit parfois les relations entre les deux frères. Le moment le plus difficile de leur relation est certainement la période de plus grand succès politique de Massimo, au cours de la fièvre politique des années qui précédèrent l’éclatement de la révolution en Italie en 1848, avec la publication du pamphlet de Massimo Gli ultimi casi della Romagna (1846), et celle, antérieure, de Massimo et de l’ami de Roberto, Vincenzo Gioberti, Del primato morale e civili degli italiani (1843). Cette dispute demeura privée à l’origine, et les deux frères échangèrent de longues lettres à propos du pamphlet de Massimo, dans lesquelles ils cherchaient à définir leur vision respective de l’Église et de l’État34. Mais le ton amical, bien que vigoureusement critique, de leur correspondance changea brusquement après la publication à Gênes d’un pamphlet écrit par Prospero, Della nazionalità (1846), dans lequel le jésuite critiquait les propositions de Gioberti en faveur d’une union entre la Nation et la Religion, et soutenait que l’idée que la Nation était intrinsèquement contradictoire avec le système de droits universels et naturels qui était au cœur du catholicisme romain35.
25La colère suscitée chez Massimo par ce pamphlet ressort de sa correspondance avec ses frères, sa femme et ses amis. Il appela à l’aide son frère Roberto et lui envoya une copie du Della nazionalità de Prospero, en lui demandant de le transmettre à Gioberti pour l’inviter à y répondre36. Ce qui préoccupait plus que tout Massimo était l’utilisation du nom de sa famille pour assurer la publicité du pamphlet ; il soulignait que Prospero, dans ses précédentes publications, avait signé « Padre Luigi Taparelli », tandis qu’il avait utilisé pour le Della nazionalità le nom de « Taparelli d’Azeglio », révélant ainsi le lien de famille qui les unissait. Pour Massimo, ce passage de son nom jésuite à son nom de famille était le signe d’une conspiration jésuite destinée à discréditer à la fois sa famille et ses idées libérales : « mi è stato di profondo dolore che un mio fratello fosse istrumento d’una tale infamia, ed il mio nome vi fosse legato ». Massimo, tout en soulignant qu’il aimait son frère Prospero, qui était « buono » et « onesto », affirme : « Rinnego e detesto il suo opuscolo e la sua dottrina. » L’utilisation du nom de la famille était particulièrement problématique dans la mesure où il interdisait à Massimo de répliquer publiquement au pamphlet de Prospero. Le danger était donc, écrivit-il, qu’une « polemica domestica » devînt du domaine public37.
26En d’autres termes, Massimo critiquait moins les vues politiques de son frère que le fait que leur désagrément privé sur des questions politiques pût devenir public. Dans ce cas, la loyauté familiale menaçait et en définitive limitait son autonomie politique. Tandis qu’il s’opposa à Roberto pour son droit à utiliser publiquement le nom « d’Azeglio », ses liens de famille avec Prospero devaient demeurer strictement privés. Ainsi, en termes de relations avec son frère jésuite, les lignes qui séparaient le public du privé étaient nettement dessinées et, lorsque les problèmes apparurent, Massimo se sentit lié davantage par les règles familiales de la discrétion que par ses convictions politiques. Prospero était également conscient de ces règles et s’excuse longuement avec ses frères, dans plus d’une lettre, de l’embarras public (potentiel et effectif) qu’il avait pu leur causer38.
27Pourtant, cette crise dans leurs rapports familiaux ne marqua pas la fin de leurs discussions politiques, qui se poursuivirent au cours des révolutions de 1848-1849, et après la fin des fonctions publiques de Massimo. Au cours des débats religieux du début des années 1850, Prospero écrivit des lettres critiques détaillées sur la religion et la politique à ses frères qui étaient d’un avis différent, et dans lesquelles, de loin en loin, il rappelait son amour pour eux39. Dans une de ces lettres à Massimo, Prospero rapporte une conversation avec Guglielmo Audisio (un ecclésiastique piémontais connu pour son opposition au gouvernement libéral), dans laquelle ce dernier avait assuré que les relations privées entre Massimo et Prospero devaient être aussi hostiles que leurs vues sur l’Église et l’État. Comme le rapporte Prospero, Audisio « bracciava a persuadermi che mi vuoi molto bene, e quasi mi faceva ridere il vedere che ci si impegnasse con tanto calore ; e dicea meco stesso : “si vede che non ci conosce” ». Prospero poursuit qu’il comprit alors « che chi conosce soltanto l’antagonismo delle nostre opinioni e non sa la armonia dei nostri affetti, dee giudicarci poco men che nemici… Ad ogni modo, il sentirlo parlare del ben che mi vuoi è sempre cosa piacevole ; e gliene fui grato »40. Ici, l’amour familial était naturellement primordial, et l’« antagonismo » politique un simple prétexte à une réitération d’une « armonia » privée.
28L’amitié qui unissait ainsi Prospero et Massimo était donc plus importante que les questions politiques qui les séparaient. Pour Prospero, Massimo était « più ancor amico che fratello » (c’est lui qui souligne), et cette manière de décrire leur lien comme une amitié en dit beaucoup sur les conceptions changeantes de la famille et de l’intimité à l’âge des révolutions41. Elle suggère que Prospero et Massimo considéraient le lien fraternel comme une description insuffisante ou imparfaite de leur relation. Leur rapport ne se fondait ni sur une réciprocité de fratrie, ni sur des alliances politiques, mais sur des liens affectifs de sympathie et de compréhension.
29Lorsque Prospero mourut en 1862, Massimo fut inconsolable. Il écrivit alors à sa femme sa « vera tristezza », en témoignant de la sincérité des émotions qui les avaient unis en dépit de « l’assoluta opposizione delle nostre idee » : « V’era tra noi omogeneità di carattere e di cuore, che vinceva ogni antagonismo intellettuale. Ci eravamo simpatici ; e più si disputava senz’intenderci mai, più ci trovavamo felici d’essere insieme »42. Pour Massimo, Prospero était tout simplement « celui avec lequel je m’entendais le mieux tout en n’étant jamais d’accord, quant aux idées ». Lors de leurs rencontres, généralement après des années de séparation, leurs conversations étaient faites de « causeries, des ressouvenirs, des bonnes plaisanteries, des disputes, des dissertations, et toujours de deux avis différents, et toujours enchantés l’un de l’autre comme si nous nous étions entendus sur toute chose. Un pareil commerce entre deux esprits est un trésor inappréciable, et il m’est ravi pour toujours ! » (c’est lui qui souligne)43.
30Au cours du Risorgimento, la famille a représenté une base importante pour l’appartenance politique à la gauche ou à la droite, tout à la fois en termes pratiques et symboliques. Elle était une source de soutien matériel et de réconfort émotionnel, et une image forte d’appartenance politique et/ou religieuse. À cet égard, les frontières entre public et privé devinrent alors (ou demeurèrent) floues, et les femmes acquirent un rôle politique actif, même s’il demeura indirect, en tant que mères et sœurs de patriotes. Pourtant, peut-être précisément à cause de l’importance de la famille dans la sphère publique, et du poids que gauche et droite accordaient aux liens de parenté, ces frontières entre public et privé se déplaçaient aussi continuellement, et la signification précise à accorder à la parenté faisait l’objet de débats. Le modèle de la fraternité en tant que forme de politique démocratique contenait des éléments de la hiérarchie familiale traditionnelle, tandis que les invocations publiques à l’amour fraternel, filial et romantique, peinaient à masquer les tensions et les difficultés de la sphère privée.
31La relation entre Roberto, Prospero et Massimo d’Azeglio survécut à la séparation physique, aux querelles sur l’utilisation du nom de la famille, à leurs styles de vies divergents et à leurs convictions politiques et religieuses profondément opposées. L’attachement qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre, tout comme leurs disputes, reflètent la complexité du rapport entre public et privé au cours du Risorgimento, ainsi que la transition difficile, dans l’Italie du XIXe siècle, entre l’Ancien Régime et les conceptions plus démocratiques de la Révolution française. Massimo, en particulier, semble pris entre sa vision de l’égalité fraternelle et sa croyance en l’autorité des familles nobles. Parallèlement, l’étude de la relation entre les trois frères témoigne qu’il est important de considérer les symboles génériques de l’appartenance nationale, comme la famille et le lien fraternel, avec leur impact et leur réception individuels. Ainsi, la correspondance intense et détaillée entre eux, et notamment l’affection qui liait Massimo, le libéral modéré, et Prospero, le prêtre jésuite, remet en question l’idée aujourd’hui communément admise, selon laquelle les passions politiques était la seule chose importante aux yeux des protagonistes du Risorgimento, ou que ceux-ci étaient subordonnés à l’attrait d’images politiques « profondes », dérivées d’impulsions émotionnelles de base44. Si, en public, Massimo était contraint de choisir entre loyauté envers la nation et appel de Dieu, en privé, il pouvait négocier relativement facilement ce dilemme.
32Bien entendu, les rivalités politiques et les alliances furent importantes au cours du Risorgimento. Cependant, nous ne devons pas confondre une rhétorique politique qui exaltait les liens embrassant la totalité de l’appartenance nationale avec les réalités d’une expérience vécue spécifique. Massimo et Prospero d’Azeglio tiraient un plaisir privé de leurs querelles politiques, et tous deux se révélèrent parfaitement capables de distinguer entre les exigences de l’ambition publique et les liens d’un amour intime. De plus, ils éprouvèrent de grandes difficultés à confiner leur relation à la sphère privée, et celle-ci témoigne de l’existence d’un espace privé restreint, dans le courant du Risorgimento, qui a pu constituer un refuge intime contre la rudesse de la vie publique, mais qui suggère aussi que cette sphère domestique n’était pas exclusivement du domaine des femmes. L’amitié durable entre Prospero et Massimo montre l’importance d’étudier la vie privée des personnages publics. Elle devrait aussi nous rappeler que les aspects de celle des patriotes qui ont été tenus cachés au grand public sont, pour les historiens, souvent plus éclairants que les éléments de leur vie privée qu’ils ont utilisés pour atteindre leurs objectifs politiques.
Notes de bas de page
1 Voir en particulier I. Porciani, Famiglia e nazione nel lungo Ottocento, dans Ead. (dir.), Famiglia e nazione nel lungo Ottocento italiano, Rome, 2006, p. 15-53 ; cf. aussi M. Bonsanti, Amore familiare, amore romantica e amor di patria, dans A. Banti et P. Ginsborg (dir.), Storia d’Italia, 22, Il Risorgimento, Turin, 2007 et A. Banti, La nazione del Risorgimento : parentela, santità e onore dell’Italia unita, Turin, 2000, notamment p. 66-72.
2 J’ai enquêté sur certains de ces points dans Martyr Cults in Nineteenth-century Italy, Journal of Modern History, 82/2, 2010, notamment p. 277-287.
3 L. Davidoff, Thicker than Water. Siblings and their Relations, 1780-1920, Oxford, 2012, p. 21. Voir aussi G. Calvi et C. Blutrach-Jelín, Sibling Relations in Family History : Conflicts, Co-operation and Gender Roles in the Sixteenth to Nineteenth centuries : an Introduction, dans European Review of History-Revue européene d’histoire, 17/5, 2010, p. 695-704.
4 R. Pesman, Mazzini and/in Love, dans S. Patriarca et L. Riall (dir.), The Risorgimento revisited : Nationalism and Culture in 19th-Century Italy, Londres, 2012, p. 97, 100 et 102. Voir aussi R. Pesman, Mazzini in esilio e le inglesi, dans I. Porciani (dir.), Famiglia e nazione… cit., p. 55-82.
5 M. d’Amelia, Between two Eras : Challenges Facing Women in the Risorgimento, dans S. Patriarca et L. Riall (dir.), The Risorgimento Revisited… cit., p. 115-133. Voir aussi M. d’Amelia, La Mamma, Bologne, 2005, p. 51-90 ; E. Sodini, Il buon nome della famiglia e l’amore per la patria : Felicita Bevilacqua e la lotteria patriottica, dans I. Porciani (dir.), Famiglia e nazione… cit., p. 107-129 ; M. Bonsanti, Public Life and Private Relations in the Risorgimento (1848-60), thèse de Ph.D. inédite, Université de Londres, 2008, p. 62-104.
6 P. Ginsborg, European Romanticism and the Italian Risorgimento, dans S. Patriarca et L. Riall (dir.), The Risorgimento Revisited… cit., p. 22-27 ; R. Pesman, Mazzini and/in love… cit., p. 99, 101 et 109.
7 M. D’Amelia, Between two Eras… cit., p. 122-124.
8 M. Bonsanti, Public Life… cit., p. 105-144.
9 A. Russo, Tra fratello e sorella : Giuseppe ed Elisabetta Ricciardi : linguaggi, strategie, idee politiche e religiose a confronto, dans I. Porciani (dir.), Famiglia e nazione… cit., p. 83-105. Voir aussi les commentaires de A. Cardozo, Aristocrats in Bourgeois Italy : the Piedmontese Nobility, 1861-1915, Cambridge, 1997, p. 42-46.
10 N. Nada, Roberto D’Azeglio, I, Rome, 1965, p. 15.
11 Id., Azeglio, Roberto Marchese d’, dans Dizionario biografico degli Italiani (4), Rome, 1962 (consulté le 24 avril 2013).
12 L. di Rosa, Luigi Taparelli, l’altro d’Azeglio, Milan, 1991 ; voir aussi G. de Rosa, Alle origini della « Civilità Cattolica », dans Rassegna di politica e di storia, 107, 1963, p. 3-12.
13 R. Marshall, Massimo d’Azeglio : an Artist in Politics, 1798-1866, Londres-New York, 1966, p. 1.
14 Voir W. Maturi, Azeglio, Massimo Taparelli d’, dans Dizionario biografico degli Italiani (4), Rome, 1962 : http://www.treccani.it/enciclopedia/massimo-taparelli-d-azeglio_(Dizionario-Biografico) (consulté le 24 avril 2013).
15 Selon sa belle-sœur, Costanza d’Azeglio, 28 novembre et 30 décembre 1840, dans C. d’Azeglio, Lettere al figlio (1829-1862), éd. D. M. Chiarito, I, Rome, 1996, p. 270 et 283.
16 R. Marshall, Massimo d’Azeglio, p. 3.
17 11 décembre 1841, dans M. d’Azeglio, Epistolario, 1819-1866. Vol 2 : 1841-1845, éd. G. Virlogeux, Turin, 1989, p. 78. Voir aussi la lettre de la femme de Roberto, Costanza, à leur fils Roberto le 16 janvier 1842, dans C. d’Azeglio, Lettere al figlio (1829-1862), éd. D. M. Chiarito, I-II, Rome, 1996, p. 352.
18 6 février 1842, d’Azeglio, Epistolario, II, p. 88.
19 28 mars 1842, ibid., p. 93-94.
20 28 juillet and 1er août 1842, ibid., p. 85, 89.
21 Davidoff, Siblings, p. 30.
22 Sur Vittorio Emanuele Taparelli d’Azeglio, ministre piémontais à Londres dans les années 1850, et ambassadeur italien dans les années 1860, voir G. Locorotondo, Azeglio, Vittorio Emanuele, marchese d’, dans Dizionario biografico degli Italiani, IV, Rome, 1962, http://www.treccani.it/enciclopedia/vittorio-emanuele-taparelli-marchesed-azeglio_ (Dizionario-Biografico)/
23 Voir en particulier, E. Sodini (dir.), Le carte di Felicita Bevilacqua : famiglia, nazione e patriottismo al feminile in un archivio privato (1822-1899), Vérone, 2010, p. xlvii-lxxvii ; M. L. Betri et D. M. Chiarito (dir.), « Dolce dono graditissimo » : la lettera private dal Settecento al Novecento, Milan, 2000 ; D. M. Chiarito, Introduction à C. d’Azeglio, Lettere al figlio, p. 7-53 ; R. Chartier et alii, La correspondance : les usages de la lettre au XIXe siècle, Paris, 1991.
24 25 janvier. 1824, dans M. d’Azeglio, Epistolario. Vol 1 (1819-1840), éd. G. Virlogeux, Turin, 1987, p. 16-21.
25 Costanza d’Azeglio à Emanuele d’Azeglio, 30 décembre 1840, dans Lettere al figlio, I, p. 283 ; voir aussi Maldini Chiarito, Introduction, p. 34.
26 Juillet 1832, dans d’Azeglio, Epistolario, I, p. 114, 120.
27 Massimo à Roberto, juillet 1832, ibid., I, p. 121 ; Massimo d’Azeglio à Carlo Calcina, 23 janvier et 22 juin 1832, dans P. Fadini Giordana, Massimo d’Azeglio, il suo matrimonio, la professione d’artista e questioni di interesse in famiglia, dans Studi piemontesi, 5/2, 1976, p. 331-332.
28 P. Ginsborg, Romanticismo e Risorgimento : l’io, l’amore e la nazione, dans A. Banti et P. Ginsborg (dir.), Il Risorgimento… cit., p. 49. Le commentaire de Cantú, qui figure dans Alessandro Manzoni, Reminiscenze, Milan, 1882, est cité dans Ginsborg, Romanticismo, p. 49.
29 M. d’Azeglio, I miei ricordi, Turin, 2011 [1958], p. 268.
30 Voir les commentaires de C. Brice, G. Bertrand et G. Montègre, Introduction, dans Eid. (dir.), Fraternité : pour une histoire du concept, Grenoble, 2012, p. 9.
31 M. D’Azeglio I miei ricordi… cit., p. 79
32 Ibid., p. 544. Sur ses parents, voir notamment ibid., p. 342-344, 486-488 et 541-542.
33 Ibid., p. 167.
34 Prospero à Massimo, 26 avril 1846, dans E. di Carlo (dir.), Un carteggio inedito del P. L. Taparelli d’Azeglio coi fratelli Massimo e Roberto, Rome, 1925, p. 10-17 ; Massimo à Prospero, 12 et 15 juin 1846, et Massimo à Luisa Blondel, 13 juin 1846, dans M. d’Azeglio, Epistolario. Vol 3 (1846-1847), éd. G. Virlogeux, Turin, 1992, p. 102-109.
35 Ce pamphlet déclencha une tempête politique. Voir F. Traniello, La polemica Gioberti-Taparelli sull’idea di nazione, dans Id., Da Gioberti a Moro : percorsi di una cultura politica, Milan, 1990, p. 43-62.
36 Massimo à Roberto, 6 février 1847, dans d’Azeglio, Epistolario, III, p. 271-273. Gioberti répliqua à Taparelli dans Della nazionalità in proposito di un’operetta del P. Luigi Taparelli d’Azeglio, 1847.
37 Massimo à Luisa Blondel, 3 février 1847, dans d’Azeglio, Epistolario, III, p. 267- 268 ; voir aussi Massimo à Francesco Predari, 31 janvier 1847, ibid., p. 265-266.
38 Prospero à Roberto et Massimo, 5 juillet et 27 août 1846, 25 avril 1847, dans di Carlo, Un carteggio inedito, p. 17-23, 24-25 et 30-33.
39 Par exemple, le 9 janvier 1852, ibid., p. 61-70.
40 22 novembre. 1850, ibid., p. 59-60.
41 Prospero à Massimo, 25 avril 1847, ibid., p. 32.
42 17 octobre 1862 (Blondel, p. 517).
43 Non daté, dans M. de Rubris, Confidenze di Massimo d’Azeglio dal carteggio con Teresa Targioni Tozzetti, Milan, 1930, p. 263.
44 La référence incontournable est ici A. M. Banti et P. Ginsborg, Per una nuova storia del Risorgimento, dans A. Banti et P. Ginsborg (dir.), Il Risorgimento… cit., notamment p. xxviii-xxxiv.
Auteur
European University Institute (Florence, Italie) et Birkbeck University of London (Royaume-Uni)
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Le Thermalisme en Toscane à la fin du Moyen Âge
Les bains siennois de la fin du XIIIe siècle au début du XVIe siècle
Didier Boisseuil
2002
Rome et la Révolution française
La théologie politique et la politique du Saint-Siège devant la Révolution française (1789-1799)
Gérard Pelletier
2004
Sainte-Marie-Majeure
Une basilique de Rome dans l’histoire de la ville et de son église (Ve-XIIIe siècle)
Victor Saxer
2001
Offices et papauté (XIVe-XVIIe siècle)
Charges, hommes, destins
Armand Jamme et Olivier Poncet (dir.)
2005
La politique au naturel
Comportement des hommes politiques et représentations publiques en France et en Italie du XIXe au XXIe siècle
Fabrice D’Almeida
2007
La Réforme en France et en Italie
Contacts, comparaisons et contrastes
Philip Benedict, Silvana Seidel Menchi et Alain Tallon (dir.)
2007
Pratiques sociales et politiques judiciaires dans les villes de l’Occident à la fin du Moyen Âge
Jacques Chiffoleau, Claude Gauvard et Andrea Zorzi (dir.)
2007
Souverain et pontife
Recherches prosopographiques sur la Curie Romaine à l’âge de la Restauration (1814-1846)
Philippe Bountry
2002