Conclusion. L’occupation humaine dans la vallée du Gallero à la fin de l’époque glaciaire
p. 103-108
Résumés
En conclusion, nos recherches à Campo delle Piane ont confirmé l’intérêt de la vallée du Gallero pour l’étude du Tardiglaciaire. Cette vallée de piémont a connu une présence extensive à l’Épigravettien et deux phases d’occupation attribuées à cette période, l’une à la fin de l’Épigravettien ancien et l’autre à l’Épigravettien récent, ont été reconnues. Nos prospections ont aussi révélé l’existence d’un habitat de plein air dont la fonction a pu être précisée. Elles confortent donc, après les travaux pionniers de G.B. Leopardi, que des campements de plein air peuvent être conservés sous certaines conditions taphonomiques et se prêter à une analyse palethnographique. Au-delà d’une meilleure connaissance de l’Épigravettien dans les Abruzzes, le site de Campo delle Piane apporte des informations sur la dynamique évolutive de cette culture, particulièrement sur le passage entre Épigravettien ancien et récent.
La séquence sédimentaire surmontant le niveau épigravettien constitue une nouvelle référence pour l’histoire paléoclimatique régionale et atteste qu’à la fin de la période glaciaire le piémont du massif du Gran Sasso a enregistré en contexte alluvial plusieurs variations climatiques de manière plus nette qu’au nord de l’Europe. Enfin, ce travail sur Campo delle Piane se conclut sur quelques prolongements possibles pour l’étude du Tardiglaciaire dans les Abruzzes. À l’échelle micro-régionale, nos recherches montrent que la vallée du Gallero offre encore des potentialités de découvertes. Dans l’objectif d’une archéologie prospective, le modèle numérique de terrain, élaboré à partir des observations locales, a ensuite été transposé à d’autres vallées proches du piémont oriental du Gran Sasso permettant ainsi de cartographier les secteurs susceptibles de contenir des sites épigravettiens bien conservés.
In conclusion, the research conducted at Campo delle Piane confirmed the interest of the Gallero valley for the study of the Late-Glacial. This piedmont valley was largely occupied by Epigravettian groups and two occupation phases have been distinguished during this period, the first is situated at end of the Early Epigravettian, the second during the Recent Epigravettian. Our survey have also revealed the existence of an open-air habitat whose function has been precised. After the pioneering work of G.B. Leopardi, our research confirms that open air Epigravettian settlements can be preserved in particular taphonomic conditions and are appropriate for a palethnographic analysis. In addition to a better knowledge of the Epigravettian in Abruzzo, the site of Campo delle Piane provides information about the evolutionary dynamic of this culture, particularly about the transition between Early and Recent Epigravettian.
The sedimentary sequence above the Epigravettian level provides a new reference for the palaeoclimate regional history. This sequence shows that the Gran Sasso piedmont documents climate changes more clearly than in North Europe. Finally, this work about Campo delle Piane concludes with some possible developments on the study of Late-glacial in Abruzzo. At a local scale, our researchs show that discoveries of Epigravettian settlements could potentially be made in the Gallero valley. At a regional scale, the NMT, based on local observations, has been transposed to other similar valleys in the oriental piedmont of the Gran Sasso Massif and then has allowed to map the areas where open-air Epigravettian sites could be preserved.
In conclusione, le ricerche condotte a Campo delle Piane hanno confermato l’interesse della valle del Gallero per lo studio del Tardiglaciale. Questa valle del pedemonte orientale dell’Appennino, ha conosciuto un’estesa presenza dell’Epigravettiano di cui sono state riconosciute due fasi distinte di occupazione, una alla fine dell’Epigravettiano antico e l’altra nell’Epigravettiano recente. Le prospezioni hanno evidenziato l’esistensa di un abitato all’aperto di cui si è potuta chiarire la funzione. La nostra ricerca dimostra dunque, dopo i lavori pionieristici di G.B. Leopardi, che gli accapamenti all’aperto possono essersi conservati se sussistono certe condizioni tafonomiche e che gli stessi permettono analisi paletnologiche. Inoltre, il sito di Campo delle Piane ha portato ad una migliore conoscenza dell’Epigravettiano in Abruzzo, e informazioni sulla dinamica evolutiva di questa cultura, in particolare per la transizione tra l’Epigravettiano antico e quello recente.
La sequenza sedimentaria sopra il livello epigravettiano costituice un nuovo riferimento per la storia climatica della regione. La sequenza mostra che il pedemonte del Gran Sasso ha registrato, nel contesto alluvionale, molti cambiamenti climatici in modo più chiaro che nell’Europa del nord. Infine, il lavoro su Campo delle Piane evidenzia possibili sviluppi degli studi del Tardiglaciale in Abruzzo. A scala locale, le nostre ricerche mostrano che le occupazioni epigravettiane possono ancora essere scoperte nella valle del Gallero. A scala regionale, l’NMT, basato su osservazioni locali e trasportato in un altra valle simile del pedemonte orientale del massicio del Gran Sasso, ha permesso di redigere una cartografia delle zone dove i siti epigravettiani all’aperto possono essersi conservati.
Texte intégral
1Le programme accompli à Campo delle Piane répondait initialement à plusieurs objectifs dont nous rappelons rapidement les enjeux. En premier lieu, il s’agissait de corriger, pour partie, le net déficit de connaissance sur l’habitat de plein air épigravettien fort mal documenté dans les Abruzzes par comparaison avec d’autres régions d’Italie davantage pourvues en sites de plein air comme par exemple le versant méridional des Alpes orientales (Broglio 1992). En complément, ce travail visait à compenser un autre déséquilibre, géographique celui-là, lié à l’histoire des recherches sur le Paléolithique dans les Abruzzes, principalement concentrées dans la partie interne de la chaîne des Apennins. Pour saisir les facteurs ayant favorisé l’implantation de groupes épigravettiens à Campo delle Piane et les conditions de conservation de cet habitat, il était nécessaire d’en restituer le contexte environnemental et d’en comprendre la taphonomie. C’est donc à l’échelle micro-régionale, celle d’une vallée de piémont – la vallée du Gallero – que cette étude a été menée. Pour atteindre ces objectifs, une méthodologie croisant approche palethnographique et géoarchéologique a progressivement été mise en place, s’adaptant aux interrogations nées des observations de terrain. Principalement orientée vers un résultat archéologique, notre recherche a connu un développement inattendu avec la découverte d’un niveau d’occupation profond, enfoui sous une séquence sédimentaire dont l’étude a apporté des informations paléoclimatiques d’importance majeure, dépassant le cadre local.
2La somme des données acquises dans la vallée du Gallero permet d’étendre les résultats à d’autres vallées de piémont semblables, situées au sud du massif du Gran Sasso. Les recherches menées à Campo delle Piane offrent ainsi des prolongements à l’échelle régionale, archéologiques comme paléoclimatiques. Enfin, au-delà des Abruzzes, ce travail participe au renouvellement actuel de la définition de l’Épigravettien.
1. L’occupation épigravettienne dans la vallée du Gallero : des données renouvelées
3Les prospections pédestres successives menées à Campo delle Piane à près de 50 ans d’intervalle, d’abord par G. B. Leopardi puis par nous-mêmes, ont amplement démontré que la vallée du Gallero faisait partie d’un territoire familier des groupes épigravettiens, les vestiges lithiques récoltés en abondance sur les deux rives en témoignent. Plus encore, l’existence d’un habitat conservé est également confirmée.
4Des précisions ont été apportées sur la nature et la chronologie de la présence épigravettienne dans cette partie des Abruzzes. En effet, nos propres recherches ont conduit à la découverte d’un niveau archéologique, distinct de celui repéré par Leopardi, tant par son emplacement que par sa position stratigraphique dans les dépôts tardiglaciaires.
5Nous savons que ce nouveau locus fouillé ne représente qu’une partie d’un habitat plus vaste qui reste encore à découvrir. Des arguments archéologiques et stratigraphiques attestent de sa relativement bonne conservation. Cet espace, situé en bordure d’un ancien chenal, fut un lieu d’activités diverses, toutes liées directement ou indirectement au traitement du gibier, depuis la production des outils et des armes de chasse jusqu’au travail de boucherie et de peausserie. Toutes ces opérations se déroulaient autour de foyers simplement allumés sur le sol sans aménagement particulier et entourant un espace central dégagé, peut-être protégé par un tapis ou un abri. La faible densité des vestiges, malgré une multiplicité des activités d’une part et le fractionnement spatial des débitages d’autre part, donne à penser que cette aire d’activités se situe en périphérie d’un campement plus densément occupé. L’absence d’éléments fauniques déterminables exclut malheureusement toute information sur la stratégie de chasse et la saison d’occupation. Par ailleurs, la question d’un niveau résultant d’un séjour unique d’un groupe épigravettien ou d’une suite d’installations proches dans le temps reste ouverte.
6Les données apportées par l’analyse du matériel lithique, trouvé en fouille et en superficie, et les observations stratigraphiques faites dans la vallée se complètent et révèlent la succession de plusieurs phases d’occupations épigravettiennes. La plus ancienne, coïncidant avec l’habitat nouvellement découvert, est datée. Elle est rattachée à une étape finale de l’Épigravettien ancien et prend place durant une période de léger réchauffement climatique, connue sous le nom de GS2b (Greenland stadial 2b, Björck et al. 1998 ; Blunier et al. 1998), antérieure au Dryas I, et datée autour de 18 000 cal. BP. À cette période se rapporte également une bonne partie de l’industrie lithique récoltée en surface à environ 1500 mètres de la fouille de CDP 7, sur la rive opposée du Gallero (CDP 10). Il est donc vraisemblable que, durant cet épisode climatique plus clément, des groupes épigravettiens sont venus à plusieurs reprises établir leur campement dans cette région de piémont.
7Un autre moment d’occupation suivra plus tardivement durant le Tardiglaciaire, celui correspondant probablement au niveau que G.B. Leopardi a fouillé. Malheureusement, nous n’avons pu en trouver de nouvelles traces in situ et seuls des vestiges lithiques ramassés en surface sur un locus proche du gisement fouillé (CDP 15) peuvent s’y rattacher. Un rapprochement établi avec des assemblages attribués à l’Épigravettien récent (ER 2 et 3a) place cette occupation durant l’interstade Bølling-Allerød.
8Rappelons toutefois que ces deux moments représentent une estimation minimale et il est tout à fait possible que les Épigravettiens aient vécu encore plus souvent dans cette région au Tardiglaciaire.
9Au-delà d’une connaissance plus précise de la présence épigravettienne dans la vallée du Gallero, l’étude du site de Campo delle Piane apporte une information particulièrement intéressante sur l’évolution de cette très longue entité culturelle. Elle vient renforcer l’hypothèse d’une perduration des traditions techniques réunies sous le terme d’EA3 (Tomasso 2014b) et correspondant dans une certaine mesure à l’Épigravettien ancien à pointes à cran du modèle classique. Ce rajeunissement de la limite haute de l’EA3 pourrait être appuyé par les dates les plus tardives obtenues dans la grotte de Pozzo, associées à des industries apparentées également à l’EA3, autour de 16-18 000 cal. BP (Mussi et al. 2008). Ces dates pouvaient jusqu’ici paraître problématiques puisque plus jeunes que la plupart des autres séries de cette période.
10Ces indices, qui restent à confirmer, repoussent dans la seconde moitié du Dryas ancien l’apparition des industries du type de Tagliente (ER1, cf. Montoya 2004) présentant des différences notables par rapport aux séries les plus anciennes de Campo delle Piane : retour du percuteur organique et recherche de lames longues, étroites et régulières à partir de surfaces cintrées et légèrement carénées (Montoya 2004).
11Notons que les premiers témoignages de la présence des Épigravettiens dans la vallée du Gallero se placent durant une phase d’amélioration climatique qui offrait des conditions de vie plus clémentes dans cette vallée de piémont entre le Maximum Glaciaire et le retour du froid au Dryas 1. Les analyses micromorphologique et anthracologique réalisées sur le niveau d’occupation révèlent un environnement de prairie et de pinède clairsemée. En outre, le rapprochement d’une partie du matériel de surface avec des ensembles lithiques datés des interstades Bølling-Allerød pourrait induire une présence humaine dans cette région à la faveur d’épisodes plus chauds. En ces temps où le déterminisme climatique prévaut, cette hypothèse est séduisante mais reste néanmoins fragile. On pourrait, au contraire, mettre en doute cette relation de causalité en introduisant le biais taphonomique. En effet, nous n’avons pas identifié de séquence sédimentaire antérieure au Tardiglaciaire qui soit propice à la conservation d’habitats plus anciens. En conséquence, il nous paraît impossible d’affirmer que la vallée du Gallero n’a connu aucune occupation humaine durant le Maximum Glaciaire. Par ailleurs, toujours à l’encontre de l’hypothèse climatique, il convient de rappeler l’existence de quelques sites témoignant d’une présence humaine durant le Maximum Glaciaire dans les Apennins centraux. Citons, pour les Abruzzes, celui de Sant’Angelo, dans la Maiella, attribué au Gravettien (Ruggeri, Whallon 2010). Plus au nord, dans les Marches, plusieurs sites de plein air ou sous abris, gravettiens ou épigravettiens, sont connus sur le versant adriatique de la dorsale apennine, notamment Ponte di Pietra, Madonna dell’Ospedale, Fosso Mergaoni, et chronologiquement plus proche de Campo delle Piane, le site de Baracche (Palma di Cesnola 2001 ; Peresani et al. 2005, Lollini et al. 2005 ; Broglio 2006 ; Silvestrini et al. 2008 ; Cancellieri 2010).
12Quoi qu’il en soit de l’influence réelle du climat sur le peuplement épigravettien dans ces régions, le travail sur Campo delle Piane pose un jalon supplémentaire sur sa chronologie.
13Ainsi, le bilan archéologique du programme accompli dans la vallée du Gallero est positif à plusieurs titres et répond à la problématique qui est à l’origine de la reprise des travaux dans ce secteur. En préalable, cette recherche démontre qu’en contexte de piémont des campements de plein air peuvent, sous certaines conditions taphonomiques, être conservés et se prêter à une analyse palethnographique. Elle révèle ensuite que le versant adriatique des Apennins, situé hors de la zone de concentration des découvertes dans la partie centrale de la chaîne montagneuse, fut aussi un territoire périodiquement fréquenté par les chasseurs épigravettiens. Enfin, cette recherche alimente la réflexion sur la construction d’un nouveau modèle évolutif de l’Épigravettien, en particulier pour la période située à la charnière entre le Maximum Glaciaire et le début du Tardiglaciaire pour laquelle il existe fort peu de données dans toute la péninsule italienne.
14En outre, l’importance des convergences constatées entre l’industrie récoltée à Campo delle Piane, en fouille comme en surface, et des séries du nord et du centre de l’Italie met à mal l’existence du « Bertonien » qui évoluerait de manière autonome dans les Abruzzes. La variabilité des industries à l’échelle macro-régionale reste à explorer mais, dans l’état actuel des données, elle ne peut pas justifier la création de « cultures » régionales.
2. Une nouvelle référence pour l’histoire paléoclimatique régionale
15Une autre contribution, plus inattendue, de ce programme de recherche sur la vallée du Gallero, tient aux informations paléoclimatiques apportées par l’étude de la séquence sédimentaire surmontant le niveau épigravettien fouillé en CDP 7. Cette coupe s’avère en effet d’un grand intérêt pour la connaissance du Tardiglaciaire continental en Italie centrale, outrepassant la restitution de l’environnement local des Épigravettiens de Campo delle Piane. L’analyse détaillée des paléosols présents dans la séquence et leur datation permettent de proposer une évolution paléoenvironnementale marquée de plusieurs oscillations climatiques, notamment un épisode de réchauffement repéré dans la carotte polaire GRIP comme étant la variation GS2b déjà citée. Le paléosol correspondant à cet épisode, bien marqué dans la coupe de CDP 7, trouve quelques correspondances dans une carotte marine réalisée en mer Méditerranée au large de Gibraltar, et en milieu continental dans diverses régions du sud de l’Europe, notamment dans les Apennins. Enfin, l’étude de la coupe CDP 7 met aussi en évidence d’anciennes traces d’incendies associées aux paléosols, dénotant un climat plutôt sec durant ces épisodes de réchauffement.
16Ainsi, à la fin de la période glaciaire, le piémont du massif du Gran Sasso a bien enregistré en contexte alluvial plusieurs variations climatiques, plus nettement qu’au nord de l’Europe, faisant de cette partie des Abruzzes une région fort intéressante et propice à l’étude du Tardiglaciaire continental.
3. Quelques prolongements de la recherche menée à Campo delle Piane
17Localement, nous l’avons précisé, il existe encore des potentialités de découvertes de vestiges épigravettiens à Campo delle Piane. À l’échelle du site, nous n’avons pu fouiller qu’une partie de l’habitat. La répartition des vestiges indique clairement une prolongation du niveau archéologique le long de l’ancien chenal tardiglaciaire (fig. 6, chap. 5). Par ailleurs, l’échec de nos sondages dans les autres locus prospectés n’exclut pas la possibilité que d’autres occupations épigravettiennes soient encore conservées dans la vallée du Gallero, notamment à CDP 15, proche de l’emplacement présumé des anciennes fouilles de Leopardi. Comme nous l’avons déjà souligné, pour repérer des niveaux d’occupations relativement discrets tels que ceux apparus dans la fouille de Leopardi et dans la nôtre et pouvoir les situer d’un point de vue chrono-stratigraphique, un décapage plus vaste à l’aide de moyens mécaniques, comme celui que nous avons pu utiliser sur la rive opposée à CDP 10, serait plus adéquat que des sondages manuels réduits. Quoi qu’il en soit, la cartographie des dépôts tardiglaciaires dessine les limites de l’occupation humaine potentiellement conservée à Campo delle Piane pour cette période. La carence des données sur les habitats de plein air épigravettiens en Italie centrale doit inciter à suivre avec une attention particulière les travaux qui pourraient être entrepris dans ce secteur.
18Dans l’objectif d’une archéologie prospective, il nous a paru intéressant de modéliser les observations géoarchéologiques effectuées à Campo delle Piane pour ensuite transposer ce modèle à d’autres vallées proches. La conservation de l’habitat de plein air épigravettien de Campo delle Piane résulte de la conjonction des paramètres suivants : 1) une petite vallée de piémont, 2) la présence de terrasses alluviales, 3) héritées d’anciens cônes de déjection, 4) fortement incisées dans un contexte néotectonique de soulèvement actif.
19Un modèle SIG a donc été bâti à partir de ces hypothèses (fig. 1). Il se fonde sur l’utilisation d’un modèle numérique de terrain limité au piémont oriental du Gran Sasso (SRTM 4.1- JPL NASA). Les surfaces présentant une pente faible, voisine de celle observée à Campo delle Piane (pente inférieure à 3°), situées le long des rivières, avec un dénivelé de plus de 10 mètres par rapport à ces dernières, ont été sélectionnées. Ces secteurs ont fait l’objet d’une prospection pédestre visant à vérifier la présence de séquences sédimentaires comparables à celles identifiées à Campo delle Piane, à savoir des limons sablo-argileux beiges riches en poupées de calcite et présentant des paléosols.
20Cette prospection nous a permis de repérer plusieurs secteurs qui cumulaient ces différents critères et ainsi de valider le modèle SIG. Une bonne illustration en est apportée par les observations faites dans la vallée de la Nora au lieu-dit Fonte Picano (fig. 2) où une grande coupe naturelle montre une succession de dépôts sédimentaires alluviaux limono-sableux, intercalés avec des paléosols plus argileux bien marqués. Cette séquence surmonte d’importants dépôts graveleux pouvant être rattachés au Pléniglaciaire et peut donc être attribuée au Tardiglaciaire. Le modèle indique que ces niveaux couvrent de vastes surfaces de plusieurs km2 pouvant potentiellement contenir des sites épigravettiens bien conservés sous plusieurs mètres de limons. Cette configuration rend cependant leur détection très difficile par prospection de surface. Rappelons que le locus de Campo delle Piane fouillé à CDP 7 a été repéré grâce à la présence d’une coupe récente. Ainsi, nous pouvons affirmer qu’il existe un important potentiel de conservation des habitats de plein air épigravettiens en contexte alluvial au piémont oriental du Gran Sasso mais leur découverte exige une approche particulière. En l’absence de coupe, la réalisation de sondages mécanisés profonds s’avère donc nécessaire. C’est sans nul doute une donnée à prendre en compte dans le cadre de la gestion de l’archéologie préventive.
21Au terme de ce travail mené à Campo delle Piane, nous espérons avoir contribué à une meilleure connaissance de l’habitat épigravettien de plein air dans les Abruzzes. Le niveau archéologique mis au jour est certes modeste toutefois il révèle, dans le prolongement des travaux de G.B. Leopardi, l’importance de ce lieu dans le parcours de groupes épigravettiens et dans leur exploitation de cette région de piémont. Nous avons une idée plus précise de la chronologie de cette occupation et de son contexte environnemental. Enfin, nous espérons aussi avoir apporté notre concours aux recherches futures en transposant nos observations à d’autres vallées du piémont oriental du massif du Gran Sasso.
Auteurs
CNRS, UMR « Archéologies et Sciences de l’Antiquité », Nanterre
Service régional de l’archéologie, Nantes, UMR « Laboratoire de Géographie physique », Meudon
UMR « Cultures et environnements, Préhistoire, Antiquité, Moyen Âge », Nice
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Le Thermalisme en Toscane à la fin du Moyen Âge
Les bains siennois de la fin du XIIIe siècle au début du XVIe siècle
Didier Boisseuil
2002
Rome et la Révolution française
La théologie politique et la politique du Saint-Siège devant la Révolution française (1789-1799)
Gérard Pelletier
2004
Sainte-Marie-Majeure
Une basilique de Rome dans l’histoire de la ville et de son église (Ve-XIIIe siècle)
Victor Saxer
2001
Offices et papauté (XIVe-XVIIe siècle)
Charges, hommes, destins
Armand Jamme et Olivier Poncet (dir.)
2005
La politique au naturel
Comportement des hommes politiques et représentations publiques en France et en Italie du XIXe au XXIe siècle
Fabrice D’Almeida
2007
La Réforme en France et en Italie
Contacts, comparaisons et contrastes
Philip Benedict, Silvana Seidel Menchi et Alain Tallon (dir.)
2007
Pratiques sociales et politiques judiciaires dans les villes de l’Occident à la fin du Moyen Âge
Jacques Chiffoleau, Claude Gauvard et Andrea Zorzi (dir.)
2007
Souverain et pontife
Recherches prosopographiques sur la Curie Romaine à l’âge de la Restauration (1814-1846)
Philippe Bountry
2002