Chapitre cinquième. La céramique
p. 217-244
Texte intégral
Introduction
1Les études sur la romanisation ont offert de nouveaux modèles d’interprétation qui reposent sur des aspects étrangers aux domaines politiques, sociaux ou culturels. Ces études ont montré que parallèlement aux changements politiques et sociaux qui interviennent dans les sociétés indigènes, une transformation très profonde a eu lieu dans les structures économiques1.
2La romanisation économique diffère de la romanisation politique ou militaire. L’expression « romanisation économique » est utilisée pour décrire la diffusion des produits agricoles romains2. Dans ce contexte, la céramique est capitale pour l’étude de l’économie, d’autant plus que pendant la période romaine, les moyens de transports permettant une réduction des distances ont été développés, ainsi que l’intégration régionale et interrégionale. La construction des routes par les Romains a privilégié également leur rôle commercial, transformant ainsi le système d’échanges. On peut parler à partir de ce moment d’une économie mondiale.
3Cependant, en ce qui concerne la culture matérielle de l’époque romaine, il est très difficile de définir ce qui est romain. Des objets céramiques qu’on trouve aujourd’hui sur les sites illyriens et épirotes ont été produits dans d’autres provinces ou en Illyrie même. Pour cette raison, il faut définir la notion de « culture matérielle romaine », qui ne recoupe pas seulement une culture qui serait née à Rome avant de se propager dans les provinces, mais plutôt une culture matérielle commune exprimée par les mêmes formes produites et circulant dans presque tout l’Empire.
4Malheureusement, nous disposons de peu de matériel céramique publié provenant du territoire albanais. L’époque républicaine est la plus représentée en publications traitant des amphores de transport. La distribution géographique du matériel à notre disposition est très inégale, et certains sites n’ont permis aucune trouvaille. Cependant, le matériel publié peut servir de point de départ pour une démarche de recherche sur l’économie et le commerce pendant la période romaine et sur les changements que cette époque apporte.
5Les sites fournissant la majorité du matériel céramique correspondent aux centres principaux illyriens et épirotes comme Phoinikè3, Dimale4, Margelliç5 et Treport6 ainsi qu’à des colonies grecques et romaines comme c’est le cas de Scodra7, Dyrrachium8, Byllis9 et Apollonia10. Les fouilles effectuées concernent une période de presque cinquante ans, cependant leur stratigraphie est problématique, ce qui se répercute ainsi sur la datation du matériel céramique.
6Dans de telles conditions, nous prêterons attention essentiellement à la documentation amphorique, source principale usuelle pour l’étude de l’économie antique (fig. 43). Les amphores étaient des conteneurs utilisés pour le commerce maritime ; leur présence dans les provinces rend possible l’étude de l’infiltration et de la diffusion des productions romaines dans ces régions et sont également la documentation principale grâce à laquelle on peut reconstruire l’histoire d’un site11. Les amphores étaient utilisées dans le transport des produits primordiaux pour l’économie romaine, produits qui traduisaient souvent des aspects essentiels de la culture romaine. Elles sont ainsi liées à la production agricole comme le vin et l’huile, mais aussi aux diverses sauces de poissons.
7Cependant, les informations qui nous parviennent grâce aux amphores ne sont pas complètes puisque d’autres instruments de transports, comme les conteneurs de bois, ont également joué un rôle non négligeable dans le transport des denrées. Par exemple, Strabon nous renseigne sur l’utilisation par les Illyriens de conteneurs de bois remplis de vin et transportés sur des chariots. Ils échangeaient ces produits contre des esclaves, des animaux et du cuir12. Varron précise par ailleurs que les peaux d’animaux servaient également pour contenir du vin13.
8D’un point de vue commercial, on peut noter à travers ces amphores l’évolution des échanges des villes de l’Illyrie méridionale et du nord de l’Épire pendant l’époque romaine. Cette évolution sera retracée en étudiant la présence des amphores importées de diverses régions de l’Empire, comparée à l’époque précédente. En fonction de cette comparaison nous allons brièvement évaluer les importations principales de l’époque archaïque et classique. Même si cette période n’est pas réellement liée à la romanisation, l’analyse des importations à partir de l’époque archaïque identifie des liens et des réseaux commerciaux à l’intérieur de l’Illyrie.
9Toutefois, il nous serait très difficile de présenter le cadre complet du commerce Adriatique pendant toute l’Antiquité, non seulement à cause de l’absence de publications en Albanie mais aussi des difficultés de publication des amphores romaines en général14.
Les périodes archaïque et classique
10La fondation des colonies grecques sur la côte illyrienne marque une grande étape dans la transformation du commerce et des échanges entre les différentes régions de l’Illyrie. Ces colonies deviennent des liens entre la Grèce, la Grande Grèce et les Illyriens. Les importations grecques de cette période sont constituées par la céramique corinthienne, trouvée en grande quantité dans les nécropoles d’Apollonia15 et de Dyrrachion16, ainsi que par une faible quantité de matériel issue des sites illyriens et épirotes de Belshi17, Klos18, Dimale19, Berat20, Margëlliç21, Treport22 et Bouthrôtos23. En plus de la corinthienne, on trouve de la céramique ionienne et à partir de 560 avant notre ère, la céramique attique semble remplacer les séries corinthiennes24. Apparemment, le commerce du vin corinthien, attesté par les amphores trouvées dans les deux colonies, procédait indépendamment du commerce des vases de table qui étaient surtout d’origine ionienne25.
11Cette domination corinthienne pendant ces siècles est liée au contexte historique de la fondation des colonies. Les deux villes sont l’œuvre des fondations mixtes corcyro-corinthiennes et il est logique que leurs premiers liens économiques fussent dirigés vers leurs villes d’origine. On note aussi que par l’intermédiaire de ces colonies, la céramique corinthienne est introduite à l’intérieur des terres26.
12Les trouvailles des nécropoles révèlent aussi la présence de céramique attique à vernis noir. La majorité de la céramique de ce type a été trouvée dans les deux colonies grecques. Il est probable que de nouveaux contacts commerciaux avec Athènes aient eu lieu pendant cette période. D’ailleurs, c’est à la fin du VIe et au début du Ve siècle avant notre ère que l’on remarque les premières productions des deux colonies devenues maintenant les principaux centres d’exportation de la poterie vers l’intérieur de l’Illyrie27.
13Avant, et parallèlement à ces importations, existait aussi une production locale de céramique peinte commune à l’Illyrie, à la Macédoine mais aussi à l’Italie (Otrante)28. Il circulait également une céramique grise incisée. Cette dernière est originaire du nord de l’Albanie, et fait partie d’un grand groupe de la céramique incisée balkanique, caractéristique aussi du territoire du Kosovo et de la Bosnie.
14Nous distinguons donc trois composantes en Illyrie préromaine, en ce qui concerne la production et la circulation de la céramique : une composante illyrienne, une autre coloniale (représentée par les productions des deux colonies grecques) et une dernière d’importation (représentée par les produits corinthiens, athéniens et ioniens). L’état actuel de la recherche n’offre pas un cadre clair des rapports qui existaient dans la circulation de ces groupes de céramique. Mais si on observe la carte des trouvailles de la céramique peinte on remarque que sa circulation se concentre dans le bassin de Korça29. Aucune trouvaille de cette céramique n’a été faite dans le nord de l’Albanie. L’autre type de céramique, celle qui est incisée, circulait également dans cette zone. Pendant le VIe siècle, la céramique peinte se trouve associée à des importations grecques, lesquelles ont influencé le changement du style de la céramique locale30. D’autre part, les villes coloniales influençaient le marché et les sites illyriens les plus urbanisés avec leurs propres productions.
La période hellénistique et le début des importations italiennes
15On connaît encore mal la circulation des amphores vinaires dans l’Adriatique aux IVe-IIIe siècles avant notre ère31. On sait que pendant le IVe siècle avant notre ère les îles grecques de l’Égée possèdent le monopole du commerce du vin. On trouve les amphores de Rhodes non seulement dans les colonies grecques d’Apollonia, d’Orikos et Dyrrachion, mais aussi dans les autres villes de Dimale, Scodra, Antigonea, Phoinikè et Bouthrôtos. Durant ce siècle, leur nombre est insignifiant, mais il augmente considérablement pendant le IIIe siècle. Ce siècle connaît l’apogée de la circulation des amphores de Rhodes, stimulée aussi par la puissance politique de cette île32. La suprématie des amphores rhodiennes est également illustrée par le grand nombre de timbres découverts. Parallèlement aux amphores de Rhodes on trouve aussi celles de Samos, Thasos, Cnide, Chios et Cos33. La domination des îles égéennes est confirmée par les textes historiques. Aristote mentionne l’existence d’un commerce entre Istrie et Mentor34. Les navires venaient de la mer Noire pour charger les vins de Lesbos, Chios et Thasos, ainsi que les vins de l’Adriatique, vendus dans les amphores de Corcyre35.
16Il faut noter que la Grèce n’utilisait pas une seule forme typique d’amphore, mais au contraire une multitude de formes, ce qui permet de les identifier dans le marché méditerranéen36. Cette large distribution, qui ne se limite pas à la Grèce et à l’Illyrie mais qui rejoint la Méditerranée occidentale et les régions de la Mer Noire37, connaît un déclin à la fin du IIe siècle avant notre ère. C’est dans cette période que les producteurs romains de vin ont monopolisé la majorité du commerce de ces régions. La diminution des importations rhodiennes pendant la deuxième moitié du IIe siècle avant notre ère est la conséquence d’une réorganisation du marché méditerranéen par Rome et Athènes, et aussi de l’orientation du commerce rhodien vers Alexandrie et le Levant du sud38. Vers la fin de leur circulation sur le marché illyrien, les amphores du vin des îles grecques d’Égée sont encore présentes dans des villes comme Apollonia, Scodra et Dyrrachium, qui apparemment ont maintenu les anciens liens, tandis que la présence de ces amphores dans d’autres villes est insignifiante.
17Au cours de cette période, Apollonia et Dyrrachion étaient devenus simultanément les plus grands centres de production et de circulation commerciale en Illyrie du Sud. Par exemple, à Dimale, la céramique d’Apollonia constitue environ 40 à 50 % de tout le matériel céramique39. De plus, la présence de cette céramique dans des localités illyriennes très reculées, comme la nécropole de Çinamak (Kukës)40, la forteresse de Xibri (Mat)41 et le site illyrien de Gajtan42, montre que les productions de ces deux villes étaient probablement les plus utilisées sur ce territoire.
18Le IIIe siècle voit également les premiers échanges à grande échelle avec l’Italie. Ces échanges sont surtout représentés par la céramique apulienne qui a été trouvée, en dehors des colonies grecques, dans plusieurs centres illyriens importants comme Lissus, Zgërdhesh43, Dimale44, Berat45, Selcë e Poshtme46 et Amantia47. Cette circulation interrégionale est rendue possible grâce à l’existence de voies naturelles dont les plus importantes étaient les réseaux fluviaux de la Vjosë, du Seman, de l’Osum, du Devoll et du Drin.
19La circulation de la céramique à vernis noir et figures rouges est répartie autour de toute l’Adriatique. Cette céramique a servi de prototype à des ateliers locaux, par exemple à ceux de Dyrrachion et d’Apollonia. L’atelier de Dyrrachion était spécialisé dans la production de céramique fine à usage domestique48. La grande quantité de céramique à vernis noir trouvée à Apollonia et les caractéristiques de son argile l’ont classée parmi les productions locales pendant le IVe et le IIIe siècle49.
20Par contre, à Lissus, la céramique du type Gnathia a été trouvée dans des nivaux du IVe siècle avant notre ère50. Ces données sont significatives parce qu’à cette date ce type de céramique est absent à Dyrrachion, qui est pourtant le principal partenaire commercial de Lissus. Sur la base de ces données, F. Prendi conclut qu’à partir de la fin du IVe et du début du IIIe siècle avant notre ère Lissus avait entamé des relations commerciales directes avec la côte italienne de l’Adriatique. Il se peut qu’un tel commerce ait existé, mais dans l’état actuel de la recherche nous ignorons tout de la fréquentation du port de Lissus pendant les IVe et IIIe siècles. En revanche nous savons qu’il a été considéré comme un port moins important que ceux de Dyrrachion, d’Orikos ou d’Apollonia51.
21La diffusion de la céramique italique pendant le IVe siècle avant notre ère était vue par certains auteurs comme la conséquence directe de la politique de Denys en Mer Adriatique52. En effet, au début de ce siècle, Denys avait fondé une colonie à Issa, une des îles de la côte dalmate. L’installation dans cette île d’une grande flotte et l’intention de fonder d’autres villes dans toute l’Adriatique53 confirme l’ambition de Denys de contrôler cette mer. La présence de ce matériel pourrait être aussi le résultat du déplacement d’artisans d’Italie dans les colonies grecques de l’Adriatique.
22Ainsi, pendant le IIIe siècle la circulation de céramique en Adriatique se révèle être un phénomène assez complexe. Outre les productions des deux colonies, les amphores des îles égéennes et les importations apuliennes, on trouve également des amphores considérées comme gréco-italiques. Elles sont caractéristiques des IIIe-IIe siècles, originaires de la Sicile et de la Grande Grèce où elles ont été trouvées en grande quantité, ainsi qu’en Italie tyrrhénienne centro-méridionale54. Elles dominent non seulement sur la côte tyrrhénienne mais aussi sur celle de l’Adriatique55.
23Ce type d’amphore est présent dans la majorité des sites de l’Illyrie du Sud. L’introduction des gréco-italiques reflète les événements politiques alors à l’œuvre en Adriatique. C’est pendant cette période que Rome commence à donner les premiers signes d’une expansion méditerranéenne, qui se traduit par la fondation de colonies dans ces régions et d’une présence navale bien affirmée. Rome avait supplanté l’activité économique des poleis de la Grande Grèce et commençait à s’imposer sur le marché méditerranéen avec ses propres produits. La diffusion géographique de ce type d’amphores est bien plus vaste que celle des importations précédentes. Elles sont diffusées plutôt dans la partie nord de l’Illyrie, là où les amphores corinthiennes et égéennes n’étaient pas arrivées. Leur large distribution correspond à un moment historique particulier. À la fin du IIIe siècle, Apollonia, Dyrrachium et Corcyre étaient en effet sous protectorat romain. Ce fait et la disparition de la piraterie ont probablement stimulé les relations commerciales entre les deux côtes de l’Adriatique. Malgré cela, il semble que l’introduction des amphores italiques se soit produite graduellement et qu’elle ait été accompagnée de la disparition des amphores de Rhodes.
24La grande quantité de céramique gréco-italique présente au IIIe siècle avant notre ère montre également une nouvelle orientation du marché des colonies grecques de la côte illyrienne, c’est-à-dire la diffusion des produits italiques d’Apollonia et de Dyrrachion vers les centres illyriens56. L’importation à grande échelle des amphores gréco-italiques est aussi liée à la présence de nombreux entrepreneurs italiens en Illyrie et en Épire pendant le IIIe siècle avant notre ère et surtout pendant le IIe siècle. Ces Italiens ont joué un rôle important dans l’introduction des vins italiens, qu’ils les aient importés pour faire du commerce ou pour leur propre consommation. Les amphores gréco-italiques sont utilisées jusqu’à la fin du IIe siècle avant notre ère, moment où leur production italienne prend fin pour laisser place à une nouvelle amphore, la Dressel 1.
25La carte de distribution des amphores égéennes et italiennes en Illyrie témoigne de l’existence de réseaux d’échanges développés entre les colonies grecques et les sites illyriens bien avant la présence romaine dans ces territoires. Ces réseaux furent établis selon les nécessités économiques des colonies mais également des Illyriens, créant ainsi une certaine régionalisation du marché. Cependant, l’introduction des amphores gréco-italiques et leur diffusion vers presque tous les centres illyriens ont contribué à une unification du marché.
IIe-Ier siècles avant notre ère : la domination italienne
26La création de la province de Macédoine en 148 avant notre ère a manifestement joué un rôle important dans la transformation de la culture matérielle des Illyriens, puisque c’est à la fin du IIe et pendant le Ier siècle avant notre ère qu’on note la présence massive d’amphores italiques dans le territoire en question. C’est aussi une période de paix en Adriatique, obtenue après la destruction des royaumes illyriens et macédoniens et la disparition de la piraterie.
27Ce cadre politique et la proximité géographique entre Rome et l’Illyrie ont créé les conditions pour la création d’un grand courant d’importation de vins et d’huiles de l’Italie. La majorité des grands crus de vignobles, pendant les IIe-Ier siècles avant notre ère, se situaient à proximité de la côte du Latium ; en revanche, la grande production du Ier siècle est située plutôt au nord de l’Adriatique57.
28La production de l’amphore Dressel 1 sur la côte tyrrhénienne est pléthorique pendant un siècle, jusqu’à la fin du Ier siècle avant notre ère. Cette production massive a permis la distribution sur la côte adriatique de l’Italie58. En Albanie, cette amphore vinaire a été trouvée notamment dans les grandes villes du littoral comme à Dyrrachium, Scodra et Apollonia.
29Quant aux Lamboglia 2, il s’agit d’amphores à vin de la côte adriatique de l’époque républicaine. En Albanie, on les trouve à Apollonia59, Aulona, Selca, Scodra, Lissus, Dyrrachium60 et Anchiasmos61. Il faut noter que le nombre de Lamboglia 2 n’est pas beaucoup plus significatif que celui des Dressel 1 produites sur la côte tyrrhénienne, bien que la Lamboglia 2 soit diffusé dans une zone géographique plus importante que les Dressel 162.
30Contemporaines des Lamboglia 2 et des Dressel 1, les amphores de Brindes circulaient aussi. Même si le marché de ce produit est plutôt orienté vers l’est, autour de l’Adriatique, en Méditerranée orientale et en Grèce, on dispose de très peu d’exemples albanais, puisqu’ils sont limités aux sites des colonies de Byllis63 et de Scodra64. Les amphores de Brindes marquent aussi l’apparition de l’huile d’olive italienne en Illyrie méridionale et particulièrement en Épire, ainsi qu’en Méditerranée orientale en général65. Leur exportation en Adriatique est aussi connue grâce à un passage de Pline66.
31Le nombre et la distribution des autres types d’amphores républicaines en Illyrie du Sud et au nord d’Épire ne sont pas très significatifs. Par exemple, on a trouvé à Scodra des amphores Pascual et Dressel 28, Dressel 7-11, Dressel 19, Dressel 20 et Tripolitaine ancienne67. Malgré leur nombre limité, ces trouvailles s’avèrent très importantes. Elles nous offrent les premiers indices d’importations d’Espagne et d’Afrique en Illyrie du Sud.
32Les nombreuses variantes d’amphores à huile (Dressel 19, Dressel 2068 et Tripolitaine ancienne) trouvées à Scodra présentent une situation très particulière par rapport aux autres villes. Il semble que les importations principales ne proviennent jamais de Brindes mais plutôt des provinces éloignées de l’Espagne et de l’Afrique69. La présence d’amphores tripolitaines montre l’intégration des villes de l’Illyrie dans les réseaux des grands échanges de l’Empire. Des amphores tripolitaines ont aussi été trouvées à Apollonia.
33À Scodra comme à Dyrrachium, il semble qu’une grande quantité de garum ait été importée durant cette période, comme le montre la présence dans les deux villes des amphores Dressel 7-11 et Dressel 21-2270. D’autre part l’importation en grande quantité de vin d’Italie et d’autres provinces de l’Empire au cours des IIe et Ier siècles témoigne d’une augmentation de l’importation du vin qui perdure pendant toute la période républicaine.
34Pendant cette même période, les villes d’Illyrie du sud font partie du réseau impérial ayant des relations économiques avec des villes de l’Empire. Les ports, dont les plus importants sont ceux de Dyrrachium, d’Apollonia, d’Orikos et probablement de Lissus, ont joué un grand rôle dans l’établissement de ces relations. À Scodra, Byllis et Bouthrôtos, le transport était fondé sur un réseau fluvial.
Ier-IIIe siècle de notre ère : un commerce transméditerranéen
35Le caractère transméditerranéen du commerce en Adriatique s’accentue pendant le Ier siècle de notre ère. Les contacts atteignent leur plus grande intensité pendant le IIe siècle. L’époque impériale est marquée par une grande utilisation des amphores DR 2-4, DR 5, DR 21-22 et aussi des amphores à huile de Tripolitaine. Le matériel provient de Dyrrachium, Apollonia, Byllis, Scodra, Irmaj.
36Les Dressel 6, qui semblent être inspirées par les Lamboglia 2, ont été produites sur la côte adriatique de l’Italie à partir de la fin du Ier siècle avant notre ère. Les sites de l’Illyrie du sud en ont très peu livrés. Leur diffusion se limite seulement aux trois colonies romaines de la côte adriatique et ionienne : Scodra, Dyrrachium et Bouthrôtos, ainsi qu’à Phoinikè. On note un plus grand équilibre concernant les amphores à huile de l’époque impériale entre les provinces africaines et celles de la Méditerranée occidentale. La distribution des Dressel 6 est presque la même que celle des amphores tripolitaine et Africana I, lesquelles ont été retrouvées à Scodra, Dyrrachium, Byllis, Bouthrôtos et Apollonia71.
37L’augmentation des importations d’huile d’olive par rapport au vin peut être liée au choix de la production. Les propriétaires de villas et de grandes propriétés étaient beaucoup plus intéressés par la culture des vignes que par celle des olives, moins rapidement rentable.
38En ce qui concerne l’importation du vin, de la fin du Ier siècle jusqu’à la fin du IIIe siècle de notre ère, on note la présence d’amphores de Forlimpopoli. Au cours de la seconde moitié du Ier siècle de notre ère, le transport du vin de toute la côte adriatique s’effectue dans des amphores à fond plat, dont les plus grands ateliers sont situés sur le littoral nord-ouest de l’Italie72. On trouve la majorité de ce type d’amphores à Dyrrachium73. Cependant, un déclin affecte les exportations d’Italie vers l’Illyrie du sud et l’Épire à la fin du Ier siècle de notre ère. Ce phénomène caractérise par ailleurs l’ensemble de l’Empire romain des IIe et IIIe siècles. Il n’y a plus d’exportations de produits italiques vers les provinces en raison de la transformation de la politique impériale : ce sont les provinces qui désormais approvisionnent Rome. La conséquence de cette nouvelle situation économique est l’augmentation d’amphores et de produits venant de nouvelles provinces de l’Empire. Par exemple, apparaissent à Dyrrachium des amphores gauloises et des modèles d’Almagro74, provenant de Lusitanie et contenant des saumures.
39Par conséquent, on voit que pendant le IIe et IIIe siècles le vin n’est plus importé d’Italie. En revanche, l’huile continue d’être importée d’Espagne et de Tripolitaine. Les amphores à huile provenant d’Afrique du Nord augmentent beaucoup pendant le IIIe siècle de notre ère75. Les amphores tunisiennes font aussi leur apparition en Illyrie à partir du IIe siècle de notre ère et sont plus répandues pendant le IIIe siècle. C’est le cas à Bouthrôtos où elles proviennent de contextes du IIIe siècle sur le forum76. À Dyrrachium ces amphores sont présentes dès le IIe siècle et en plus grande quantité qu’à Bouthrôtos77. Pendant le IIIe siècle, on note aussi la présence des amphores Kapitan 2 et crétoises dans ces deux sites, alors qu’à cette époque les amphores d’Espagne étaient très rares.
40Des amphores Dressel 7-11, typiques du transport des sauces de poisson de l’Espagne, ont été trouvées à Dyrrachium. Ce type de commerce prenait une part importante dans l’ensemble du commerce de l’Empire romain et, par ailleurs, il atteste de l’usage de techniques sophistiquées propres aux produits romains. Les sauces principales connues des Romains étaient le garum, l’allec, la muria et le liquamen78 ; cependant le conditionnement de chaque sauce ne correspond pas à un type précis d’amphore. On sait d’ailleurs que pour certains auteurs anciens79, le garum était considéré comme un produit très cher et réservé seulement aux riches. On peut donc déduire de sa présence unique à Dyrrachium la présence d’une riche aristocratie qui se distingue des élites des autres villes d’Illyrie.
41L’exportation d’Espagne des sauces de poisson semble avoir continué jusqu’à la fin du IIIe siècle. Si on tient compte des séquences stratigraphiques des IVe-VIe siècles à Bouthrôtos, il semble qu’à cette période ces exportations d’Espagne étaient terminées80.
42Les raisons les plus probables de l’élargissement du marché à l’époque romaine sont l’augmentation de la production agricole, l’urbanisation, la romanisation, la monétarisation de toutes les régions de la mer Méditerranée, l’augmentation démographique, la paix romaine et les meilleures conditions de vie81.
Les timbres amphoriques
43Il a été admis que les noms de personnes sur les timbres des amphores sont ceux des artisans ou des commerçants. Ils sont connus comme mercatores, negotiatores ou navicularii. Normalement, le timbre des amphores romaines est rectangulaire, sans règle précise quant à sa place sur l’amphore82. Nous savons par les noms fréquemment attestés sur les amphores que certains des propriétaires des ateliers de l’Adriatique sont des aristocrates, propriétaires de domaines dans d’autres parties de l’Italie83. Les noms illyriens des timbres comme GENTI et GLAUCIA qui se trouvent sur les amphores Lamboglia 2 attirent notre attention, puisqu’ils peuvent témoigner d’une production locale.
44Pour avoir une idée plus claire des timbres qui ont circulé en Illyrie du sud, nous allons présenter un tableau contenant tous les timbres sur les amphores romaines.
La céramique fine
45En ce qui concerne la céramique fine, la documentation disponible nous laisse dans l’incertitude. Les dernières fouilles entreprises à Phoinikè d’Épire ont rendu possible la publication du matériel céramique découvert en stratigraphie. Il semble que la céramique à vernis noir prédomine aux IVe–IIe siècles avant notre ère et, selon les dernières analyses, qu’elle était produite in situ84. Cette domination est constatée également à Apollonia pendant les mêmes siècles ; l’atelier de la ville était le producteur principal de ce type de céramique. C’est ensuite la sigillée qui lui succède, et ce jusqu’à la fin du IIIe siècle de notre ère. Cependant, la présence en grande quantité de sigillée, ainsi que la fermeture de plusieurs ateliers de céramique en usage avant l’époque impériale nous montrent que les importations de l’époque impériale circulaient davantage que les productions locales.
46En effet, la fin de la période républicaine et le Ier siècle avant notre ère, marquent la fin de la production de la céramique illyrienne. À Selca e Poshtme par exemple, au Ier siècle avant notre ère, on note l’imitation des formes et du décor de la céramique romaine85. À Antipatrea, l’atelier de la ville a fonctionné aussi pendant cette période, en produisant de la céramique sigillée86. La ville de Zgërdhesh produit de la céramique que l’on reconnaît à sa pâte grise87. À Lissus aussi, surtout au cours des IIIe-IIe siècles avant notre ère, une céramique locale, dérivant de modèles hellénistiques, était en circulation88. On peut donc estimer que la culture matérielle illyrienne et romaine avait déjà, à la période hellénistique tardive, beaucoup d’éléments communs et qu’une certaine homogénéisation des formes céramiques existait déjà avant la présence romaine en Illyrie. Cette fusion représente un des éléments principaux de la romanisation de la culture matérielle de l’Illyrie.
47Cette unification est notable surtout pour les céramiques fines, sigillées et pseudo-sigillées. Souvent, on estime que la pseudo-sigillée est une production locale, puisqu’elle ne peut être attribuée aux grands sites de production de l’est ou de l’ouest. Sa production commence à la fin du IIe siècle avant notre ère et se poursuit parallèlement à celle des sigillées italiques et provinciales jusqu’au Haut-Empire. Les pseudo-sigillées imitent presque toutes les formes des sigillées, mais l’argile et la peinture ne sont pas de bonne qualité. Il est important de noter que les sigillées et les pseudo-sigillées ne remplacent pas immédiatement la céramique à vernis noir, puisqu’aux IIe et Ier siècles avant notre ère les deux coexistent. Certains contextes archéologiques d’Apollonia montrent cette coexistence89.
48Plusieurs aspects de l’étude de la céramique fine devront à l’avenir être traités ou reconsidérés. Une révision du matériel rendra sans doute plus claires les conditions de production de la céramique, surtout pour la fin de l’époque hellénistique et le début de la période romaine. C’est en effet durant cette période que se réalise la transition entre la céramique à vernis noir à la céramique à vernis rouge. Dans ce contexte, il faut établir les rapports effectifs qui existaient entre la céramique à vernis noir et la pré-sigillée à vernis rouge. Ces pré-sigillées, qui sans doute témoignent d’une transformation du goût et de la technologie, peuvent être des productions locales mises en circulation avant l’apparition sur le marché de la sigillée italique. Ces formes de céramique sont attestées à la fois à Lissus et à Dyrrachium où, à l’origine, elles imitaient des formes hellénistiques pour être remplacées plus tard par celles de la sigillée italique90.
49Quant aux sigillées, les formes Orientales A et B sont les importations les plus anciennes en Illyrie. Elles sont produites dès le milieu du IIe siècle avant notre ère, mais ne font leur apparition que vers 50 avant notre ère, presque au même moment que le début de la diffusion de la sigillée italique. Cependant les sigillées orientales sont beaucoup moins importantes quantitativement que celles qui sont d’origine italienne. En effet, les importations des sigillées varient puisqu’au début de la conquête on voit plus d’exportations italiennes, alors que vers la fin de l’Empire, par exemple à Scampis, les formes de sigillée sont plutôt originaires d’Afrique du nord91.
La production locale
50Malgré le manque général d’informations et d’analyses on peut supposer que tous les centres d’une certaine importance ont produit leur propre vaisselle. Cette production locale était probablement davantage tournée vers la céramique commune que vers les amphores. Par exemple à Bouthrôtos, le matériel des fouilles du forum a mis au jour non seulement des importations d’amphores méditerranéennes, mais aussi des productions locales de céramique de cuisine, qui semblent être exportées à Corfou où vers d’autres sites en Épire92. Dans ce contexte, on peut penser que l’économie alimentaire avait une base régionale, ce qui suggère que le ravitaillement de la population en huile ou en vin ne dépendait pas en premier lieu du marché impérial.
51Les céramiques communes et culinaires, qui avaient une fonction domestique, étaient pour la plupart produites localement. Cependant, les exportations ne manquaient pas. Par exemple, les données provenant de Dyrrachium sur la céramique culinaire de l’époque impériale permettent d’établir une simultanéité entre les importations d’Afrique du nord et les productions locales93.
52Notre connaissance des productions locales est plus claire en ce qui concerne les briques et d’autres matériaux de construction. La brique est devenue le principal matériau de construction après l’arrivée des Romains. Il semble que pendant la période romaine un atelier public ou privé existât dans chaque ville ou pour chaque région94. La production issue d’ateliers civiques est attestée dès la période préromaine. Par exemple, à Dimale, on a trouvé des timbres portant les noms des curateurs95, ainsi que les timbres DIMALLAS et DIMALLITAN, confirmant ainsi l’existence d’atelier publics et privés qui produisent des tuiles et des briques pour la ville. À Byllis, les tuiles qui recouvraient la stoa de la ville portent le timbre DAMOSIOS, témoignant du contrôle de l’État sur l’un des ateliers de la ville. Ainsi, on remarque que les deux secteurs, privé et public, fonctionnent parallèlement dans les constructions publiques de la ville. La forme des tuiles et des briques reste standardisée pendant la période romaine, alors que leurs dimensions de fabrication varient d’une ville à l’autre96.
53À Byllis on remarque également que la production locale de lampes à huile porte le timbre FELIX BYLLIS et BYLLIS FORTIS (fig. 44). On les trouve également à Bouthrôtos, Dyrrachium et Apollonia97. Leur forme est proche des lampes connues dans la péninsule italienne et datent du IIe siècle de notre ère. Mais la présence du nom de la colonie romaine de Byllis sur le timbre suggère l’existence d’un atelier de céramique dans la ville pour la production de ces lampes.
54Ensuite, à la fin de l’époque impériale, aux IIIe–IVe siècles de notre ère, un autre type de céramique culinaire circule, surtout dans le nord de l’Illyrie où il faut également chercher son centre de production. Elle est de piètre qualité et décorée de motifs de lignes parallèles98. Cette céramique est produite localement et, pendant l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge, des formes et des décors similaires deviennent prédominants en Illyrie.
55Les maigres données de l’archéologie sont complétées par les sources anciennes. La connaissance du terrain de l’Illyrie du sud par les Italiens se fonde sur les données des historiens anciens, qui la décrivent comme une « terre chaude et fertile, pleine d’olives et de vignes »99. Dès les périodes anciennes, parallèlement aux importations grecques, le vin était produit localement. Aristote nous dit que les tribus illyriennes avaient leurs propres traditions primitives de production viticole. Par exemple, la tribu des Taulantii préparait du vin au miel100. Le résultat donnait un vin sucré et fort. Il s’agit cependant d’une production très primitive, qui n’est pas liée à un type spécifique d’amphore ou d’autre conteneur.
56Pendant la période romaine, la vigne la plus connue d’Illyrie du sud est la balisca, qui était exportée à Rome101. Les demandes viticoles de Rome ont efficacement stimulé la production provinciale chargée de remplacer les vignobles de l’Italie. Pline l’Ancien parle aussi de la cocolubilis hispanique qui provient du même cépage que la balisca de Dyrrachium. Ainsi, ce cépage semble être un plant de grande extension, recommandé pour sa fertilité et sa résistance102. Il se révèle doté de tellement de qualités que l’Italie l’importe en même temps qu’elle adopte la balisca103. Pour J. André, le nom de balisca est un mot illyrien qui signifie « plant à grappes »104.
57Cependant, il ne faut pas oublier qu’à côté des vignobles connus par les textes ou signalés par la découverte d’ateliers d’amphores, il existait beaucoup de petits vignobles locaux dont personne ne parle et qui n’ont sans doute pas eu besoin de mettre leur vin dans des amphores de transports. La plupart des vins locaux nous sont inconnus parce qu’ils ne résistaient ni au transport ni à la conservation. Martial écrit que la caractéristique du régime d’un municipe était de boire uniquement du vin local105. L’industrie domestique doit être aussi prise en compte parce qu’elle a été constamment pratiquée, surtout par les femmes. Ce type de production se développe dans des régions économiquement et socialement très pauvres106.
58La production locale est également attestée par la trouvaille d’outils de vignerons (fig.45).
59Trois types de serpettes utilisées par les vignerons ont été distingués en fonction des tâches saisonnières qu’ils accomplissaient dans leurs vignes107. Ces outils ont été trouvés à Gjorica108, dans une nécropole de IIIe siècle de notre ère et à Irmaj109, Dimale110, Selca e Poshtme111 et Antigonea112. Le même objet continue à être en usage pendant l’Antiquité tardive et le Moyen Âge comme le montrent les trouvailles de Gradishta de Symiza113 et de Margëlliç114.
60En Dalmatie, des indices proviennent de villae rusticae, qui avait une certaine réputation dans le monde romain pour la production de sauces de poisson115. La diffusion de ce produit dans l’Empire reste inconnue dans l’état actuel de la recherche, mais sa réputation était grande à Rome116. La côte sud de l’Adriatique, qui appartient à la province de Macédoine, demeure extérieure à cette production, bien qu’il s’agisse de la même côte de l’Adriatique. Aucune villa découverte en Illyrie ou en Épire jusqu’à maintenant ne semble avoir eu pour fonction de produire des sauces de poissons. Cependant il ne faut pas exclure l’existence d’une telle industrie à échelle restreinte, puisque la mer et le poisson ne manquent ni en Illyrie ni en Épire. L’Épire surtout, caractérisée par d’amples marais, aurait pu utiliser ces derniers pour le traitement du poisson.
61Un autre indice sur la préparation des boissons chez les Illyriens nous est fourni tardivement, au IVe siècle de notre ère, par Ammien Marcellin, qui mentionne la boisson sabaia, bière consommée par les pauvres117.
Conclusion
62La plus grande conséquence de l’impérialisme romain était de caractère économique et entraînait une vaste extension du marché. La croissance de grands marchés urbains pendant la période romaine a stimulé le commerce et, avec lui, la production de céramique. La majorité de ce commerce était effectuée par des voies maritimes, puisque le transport terrestre était plus coûteux. Les ports de Dyrrachium, d’Apollonia, d’Orikos et de Lissus ont joué un rôle majeur dans les processus d’échanges entre ces régions et les autres territoires de l’Empire, ce qui eut pour résultat l’introduction d’une multitude de productions et de formes de céramique.
63On note qu’à partir de l’époque classique le vin grec était toujours présent, situation qui perdura jusqu’à la fin de l’époque républicaine. Dès la fin de la République et pendant l’Empire, ce sont les vins de l’Italie et de l’Espagne qui deviennent les plus répandus. Toutes ces colonies grecques de la côte adriatique ont joué un rôle de diffusion des productions céramiques.
64La conquête de l’Illyrie et les guerres civiles qui ont eu lieu dans ses régions pendant les IIIe-Ier siècles avant notre ère, ont encouragé une considérable augmentation des productions et du commerce. Cette prospérité permit l’installation en Illyrie et en Épire des hommes d’affaires romains qui jouèrent un rôle important dans l’introduction de nouveaux produits, ainsi que la création de propriétés terriennes dévolues à la production agricole. De plus, la présence romaine en Illyrie a permis des évolutions technologiques dans l’exploitation de la terre en même temps qu’elle a provoqué le remplacement de l’agriculture mixte par la monoculture de la vigne qui, d’après les auteurs anciens, était plus rentable118.
65Du point de vue économique, la période impériale diffère de la période précédente, puisqu’on remarque non seulement une augmentation en quantité d’importations en Illyrie du sud, mais aussi l’apparition d’une multitude de nouveaux produits. L’époque républicaine était marquée par le flux d’exportations de l’Italie vers les provinces, contrairement à l’époque impériale, où le flux se dirige des provinces vers Rome. La stimulation apportée par Auguste, les Flaviens, Trajan et Hadrien à la romanisation et à la vie urbaine a incité l’uniformisation de la demande d’autres produits, comme le vin et les sauces de poisson. Le vin, l’huile et les sauces de poisson n’étaient pas limités à la consommation des élites romanisées mais concernaient aussi les autres groupes sociaux. L’indicateur de cette affirmation est l’usage de la céramique romaine par toutes les couches de la société.
66Ayant pris tous ces aspects en considération, il apparaît que la culture matérielle de l’Illyrie romaine était très différente de celles des époques précédentes. Elle était plus riche en formes, orientée vers un nouveau régime de goûts et de valeurs. La documentation fournie par les amphores est partielle, mais elle permet d’observer des changements significatifs.
67Tout le long du littoral de l’Albanie, les ports les plus importants ont rendu possible un contact très proche avec l’Italie et la Méditerranée, contrairement aux régions montagneuses de l’intérieur des terres, dont les populations sont en quelque sorte isolées économiquement et politiquement. La céramique et les matériaux de construction italiques, supérieurs aux productions locales, étaient surtout liés à la présence des Italiens dans les villes côtières. Sur la base du matériel que l’on a déjà présenté, on peut affirmer une nette distinction des régions de l’Illyrie du sud. Dans ses villes côtières, le commerce a été toujours présent. La majorité des articles arrivaient par voie maritime, de l’Italie et d’autres provinces. Cependant ce grand flux de produits en provenance de la Méditerranée semble avoir perdu son importance au IIIe siècle de notre ère.
68La culture de l’olivier et de la vigne formaient la base de toute l’économie romaine. Mais à l’exception de Dyrrachium, pour laquelle les sources mentionnent l’exportation du vin en Italie, aucune mention n’est faite d’exportation de vin et d’huile au départ des autres villes illyriennes ou chaônes. L’économie devait cependant être dirigée vers des produits de consommation à l’échelle locale. Si considérable que soit l’évolution agricole pendant l’époque romaine, comparée à l’époque précédente, elle reste dans le cadre d’une économie locale.
Notes de bas de page
1 K. Hopkins, Taxes and Trade in the Roman Empire, dans JRS, LXX, 1980, p. 101-125 ; P. Orsted, Roman Imperial Economy and Romanization, Copenhague, 1985.
2 E. L. Will, Shipping Amphoras as Indicators of Economic Romanization in Athens, dans m. c. Hoff, s. i. rotroff (éd.), The Romanization of Athens, Oxford, 1997, p. 118.
3 F. Boschi, I materiali della casa dei due peristili : note preliminari, dans S. De Maria, Sh. Gjongecaj (éd.), Phoinike II... cit., p. 31-40 ; G. Lepore, A. Gamberini, Scavi sulla necropoli meridionale, dans S. De Maria, Gjongecaj (éd.), Phoinike II... cit., p. 73-90.
4 B. Dautaj, Gjetje epigrafike nga Dimale, dans Iliria, 1-2, 1994, p. 105-150 ; B. Dautaj, A. Mano, Përpjekje për një katalogizim të amforave antikë nga Dimali, dans Iliria, 1-2, 1997, p. 127-167. La majorité du matériel céramique est originaire de fouilles archéologiques effectuées dans cette ville illyrienne. On note une très large fourchette chronologique dans l’ensemble du matériel, du VIIe siècle avant notre ère jusqu’à la période romaine.
5 N. Ceka, Amfora antike nga Margëlliçi, dans Iliria, 2, 1986, p. 71-98. Margëlliç est un centre illyrien situé très près d’Apollonia. Plusieurs campagnes de fouilles ont mis au jour une grande quantité d’amphores, concernant surtout les périodes archaïque, classique et hellénistique. La présence des amphores d’Apollonia paraît considérable.
6 V. Bereti, Vendbanimi ilir në Triport të Vlorës, dans Iliria, 2, 1985, p. 313-320 ; Id., Amfora transporti të zbuluara në Triport, dans Iliria, 1-2, 1992, p. 129-147. À Treport aussi, le nombre d’amphores de transport de la période républicaine est considérable. Elles proviennent des fouilles programmées du site, de trouvailles fortuites et de trouvailles sous-marines.
7 B. Lahi, Amfora transporti II-I p.e.s. zbuluar në Shkodër, dans Iliria, 1-2, 1992, p. 97-115. La majorité du matériel céramique de Scodra est constitué d’amphores. Il provient des fouilles effectuées dans cette ville située prés du fleuve Drin. Ces amphores datent plutôt de la période républicaine, des IIe-Ie siècles avant notre ère.
8 F. Tartari, Hedhurinë me qeramikë lokale nga Durrësi, dans Iliria, 7-8, 1977- 1978, p. 217-224 ; Id., Amforat e Muzeut Arkeologjik Durrës, dans Iliria, 2, 1982, p. 241-279. La céramique provenant de Dyrrachium appartient surtout à des trouvailles réalisées sur les collines de Dautes et Kokomani. Ces zones ont souvent fait l’objet de fouilles de la part des archéologues albanais. C’est dans cette zone aussi qu’un atelier de production céramique a été identifié, mais il date de l’époque hellénistique. Manifestement la formation géologique des collines favorise la production locale grâce à la grande quantité d’argile native et l’abondance des sources d’eau. Une autre partie du matériel céramique provient de trouvailles fortuites faites dans la ville de Dyrrachium, comme c’est le cas d’une grande fosse de céramique contenant des amphores, des figurines et des lampes. Une quantité considérable de céramique, dont la datation va de la période archaïque jusqu’à la période romaine, provient des fouilles du cimetière romain de Dyrrachium. Ces trouvailles s’avèrent variées et très riches en timbres épigraphiques. Précisons également qu’un grand nombre d’amphores mises au jour dans ce cimetière ont été utilisées comme urnes. On rajoute à ce répertoire les amphores composant la totalité d’une grande fosse trouvée à Dyrrachium, dont le nombre atteint cinquante et le matériel d’une seconde fosse localisée près du cimetière romain de la ville. Tout ce matériel et d’autres céramiques trouvées dans l’étendue de la ville antique, à l’amphithéâtre, aux thermes romains et dans différents quartiers de la ville, lors des fouilles de sauvetage de ces dernières années, constituent la collection de céramique romaine publiée. C’est sur l’ensemble de ce matériel que nous allons fonder notre recherche.
9 B. Vrekaj, Tipare të qeramikës së zbuluar në Bylis, dans Iliria, 1-2, 1997, p. 167-205. De l’ensemble du matériel mis au jour par les fouilles effectuées dans cette ville, seule la céramique des IVe-Ier siècles a été publiée.
10 B. Vrekaj, Katalog amforash të gjetura në Apolloni, dans Iliria, 1993, 1-2, p. 161-199. Une fosse remplie d’amphores gréco-italiques a été trouvée près du mur de l’acropole. Une partie du matériel a été trouvée lors des fouilles effectuées en dehors du mur d’enceinte. La céramique trouvée lors des fouilles de la mission franco-albanaise est bien identifiée stratigraphiquement et elle en partie est publiée.
11 G. Finkielsztejn, Du bon usage des amphores hellénistiques en contextes archéologiques, dans F. Blondé, P. Ballet, J.-F. Salles (éd.), Céramiques hellénistiques et romaines. Productions et diffusion en Méditerranée orientale (Chypre, Égypte et côte syro-palestinienne), Lyon, 2002, p. 227.
12 Strabon, Géographie, VIII, 2.
13 Varron, Économie rurale, II, 6, 5.
14 Depuis l’œuvre de Dressel, l’état actuel de la recherche sur les amphores romaines est caractérisé par l’absence de publications fondamentales. M. Callender a essayé de dresser une étude générale sur les amphores romaines mais son œuvre comporte également plusieurs erreurs, provoquées par l’absence de publications (M. H. Callender, Roman Amphorae, Londres, 1965). Le cas de Callender a fait comprendre qu’il est presque impossible d’arriver à des généralisations sur les amphores romaines à cause de la quantité importante de matériel qu’il reste à publier, mais aussi à cause de la variété des types amphoriques. Voir F. Zevi, Appunti sulle anfore romane, I. La tavola tipologica del Dressel, dans Archeologia Classica, XVIII, 1966, p. 236. Par conséquent les publications ont été concentrées sur le recueil d’informations de plusieurs sites. Une contribution importante est à noter avec la publication par l’École française de Rome de Dix ans de recherches sur les amphores romaines. Les actes d’une conférence tenue à Catane : Old Pottery in a New Century, Innovating Perspectives on Roman Pottery Studies, ont été publiés récemment.
15 A. Mano, Nekropoli i Apollonisë, Tuma I /gërmime të viteve 1958-1959... cit. ; Ead., Tregtia dhe arteriet tregtare në Ilirinë e Jugut, dans Iliria, 6, 1976, p. 114.
16 F. Tartari, Amforat e muzeut arkeologjik... cit., p. 242.
17 N. Ceka, Venbanimi i hapur pranë qytezës ilire të Belshit... cit., p. 438.
18 L. Papajani, Qyteti ilir në Klos, dans Iliria 4, 1974, p. 457.
19 B. Dautaj, Aspekte të jetës ekonomike në Dimal, dans Iliria, 6, 1976, p. 150.
20 H. Spahiu, Rezultatet e gërmimeve të vitit 1974 në Kalanë e Beratit, dans BA, 5, 1975, p. 78.
21 N. Ceka, Amfora antike nga Margëlliçi... cit., p. 71.
22 V. Bereti, Amfora transporti... cit., p. 130.
23 A. Nanaj, Amforat arkaiko-klasike të Butrintit, dans Iliria, 1-2, 1995, p. 149.
24 H. Hidri, Qeramika arkaike e Dyrrahut, dans Iliria, 2, 1990, p. 168 ; V. Dimo, Qeramika korintike, atike me figura të zeza dhe ajo me figura të kuqe të gjetura në nekropolin e Apolonisë, dans Iliria, 1-2, 1991, p. 65-90.
25 Voir N. Ceka, Processi di trasformazione nell’Illiria del Sud durante il periodo arcaico, dans Modes de contacts et processus de transformation dans les sociétés anciennes, Rome, 1983, p. 209.
26 Cette présence n’est toutefois pas significative dans le nord de l’Illyrie. On la remarque très tard, au IVe siècle avant notre ère, seulement à Kratul, une petite fortification illyrienne prés de Scodra (F. Fistani, Vendbanimi i fortifikuar ilir i Kratulit, dans Iliria, 1, 1983, p. 113). Apparemment, Apollonia semble avoir joué un rôle économique plus grand à l’intérieur du territoire que Dyrrachion, dans les régions autour de laquelle aucune trouvaille de céramique corinthienne n’a été signalée. En effet, il semble que chaque colonie avait sa propre zone d’influence. Pour Dyrrachion, cette zone s’étendait entre les fleuves Shkumbin et Drin, alors qu’Apollonia développait son activité commerciale entre les fleuves Vjosa et Seman, qui constituait un arrière-pays plus prospère. C’est cet arrière-pays qui a donné à Apollonia l’opportunité de développer et de consolider son économie. Voir A. Mano, Marrëdhëniet tregtare të Apollonisë me botën ilire, dans SH, 1, 1973, p. 158.
27 A. Mano, Tregtia dhe arteriet tregtare... cit., p. 114. Les débuts de cette industrie céramique sont aussi liés aux processus d’organisation des tribus illyriennes à l’intérieur du territoire, puisque les relations entre les colonies et l’intérieur ont toujours stimulé le développement économique.
28 Cette céramique, appelée « devollite » par les archéologues albanais, est mate, colorée et décorée de triangles. Son lieu de production se situe dans le bassin de Korça au sud-est de l’Albanie. Elle est caractéristique surtout de l’Âge du Bronze et du Fer. Sur cette céramique, voir F. Prendi, Alcune osservazioni sulla ceramica dipinta « devolliana » della tarda età del Bronzo e del Ferro antico in Albania, dans Magna Grecia, Epiro e Macedonia, Tarente, 1984, p. 181-199 ; voir aussi les discussions sur le nom de la céramique, p. 289-319.
29 Cependant des trouvailles isolées ont été aussi repérées à Dyrrachion dans des niveaux du VIIe siècle : elles marquent les limites septentrionales de la diffusion de cette céramique. F. Prendi, Alcune osservazioni sulla ceramica... cit., p. 183.
30 F. Prendi, Urbanizimi i Ilirisë së Jugut në dritën e të dhënave të reja arkeologjike, dans Iliria, 4, 1976, p. 92.
31 Ch. Vandermersch, Vins et amphores de Grande Grèce et de Sicile, IVe – IIIe siècles av. J.-C., Naples, 1994, p. 138 ; B. Lahi, Amfora transporti të shekujve III-I pr. Kr. në Shqipëri, Tirana, 2009.
32 Voir R. Étienne, Ténos II. Ténos et les Cyclades du milieu du IVe siècle av. J.-C. au milieu du IIIe siècle ap. J.-C., Athènes, 1990, p. 218.
33 Il faut noter que le vin de Chios était destiné aux plus riches. Pour cette raison, sa présence est très limitée : on le trouve seulement à Dyrrachion.
34 Aristote, Petits traités d’histoire naturelle, 839 b, 104.
35 Parallèlement aux importations égéennes du IVe siècle, un renouvellement des relations commerciales avec Corinthe a été remarqué, comme le montre la céramique trouvée à Margëlliç. Cette régénération des importations de Corinthe est caractéristique de tout l’Occident.
36 D. P. S. Peacock, D. F. Williams, Amphorae and the Roman Economy, Londres-New York, 1986, p. 22.
37 Voir N. Rauh, Rhodes, Rome and the Eastern Méditerranean Wine Trade 166-88 B.C., dans V. Gabrielsen et al. (éd.), Hellenistic Rhodes : Politics, Culture and Society, Aarhus, 1999, p. 168.
38 Voir G. Finkielsztejn, Politique et commerce à Rhodes au IIe siècle a. C., dans A. Bresson, R. Descat (éd.), Les cités d’Asie Mineure occidentale au IIe siècle a. C., Bordeaux, 2001, p. 193-195.
39 A. Mano, Tregtia dhe arteriet tregtare... cit., p. 310.
40 B. Jubani, Varreza tumulare e Çinamakut /Kukës, dans BA, 1969, p. 42.
41 S. Islami, Kalaja e Xibrit, dans KIISA, 1969, p. 315-319.
42 M. Korkuti, Varreza e Gajtanit, dans SH, 3, 1967, p. 159-171.
43 S. Islami, Qyteti ilir në Zgërdhesh, dans Iliria, 2, 1972, p. 195-237.
44 B. Dautaj, Zbulimi i qytetit ilir Dimal, dans Iliria, 2, 1972, p. 149-165.
45 H. Spahiu, Qyteti iliro-arbëror i Beratit, Tirana, 1990, p. 88.
46 N. Ceka, Qyteti Ilir i Selcës së poshtme... cit.
47 S. Anamali, Amantia... cit., p. 61-133.
48 H. Hidri, Gjurmë punishteje qeramike në Durrës, dans Iliria, 6, 1976, p. 249.
49 B. Vrekaj, Pjata helenistike me vernik të zi të Apollonisë, dans Iliria, 2, 1988, p. 121 ; V. Bereti, V. Dimo, J.-L. Lamboley, B. Vrekaj, La céramique d’Apollonia, dans V. Dimo, Ph. Lenhardt, F. Quantin (éd.), Apollonia d’Illyrie... cit., p. 129-146.
50 F. Prendi, Aspects de la vie sociale, économique et culturelle de Lissos, dans Utverdena Ilirska Naselja, Posebna Izdanja, Knjiga XXIV, 1975, p. 152, pl. I/1, 2.
51 P. Cabanes, Les ports de l’Illyrie méridionale, dans Cl. Zaccaria (éd.), Strutture portuali e rote maritime nell’Adriatico di età romana, Trieste-Rome, 2001, p. 121-136.
52 Sur la politique de Denys le Grand en Adriatique voir : E.Lepore, Il problema storico dei rapporti fra l’Epiro e la Sicilia, Kokalos X-XI, 1964-1965, p. 489-512 ; N. Ceka, I riflessi della politica di Dionisio il Grande nel territorio dell’attuale Albania, dans N. Bonacasa, L. Braccesi, E. De Miro (éd.), La Sicilia de due Dionisi, Rome, 2002, p. 77-80 ; Ibid., Ilirët, Tirana, 2002, p. 78 ; F.D’Andria, L’Adriatico. I rapporti tra les due sponde : Stato della questione, dans N. Bonacasa, L. Braccesi, E. De Miro (éd.), La Sicilia de due Dionisi, Rome, 2002, p. 117-137.
53 Diodore, Bibliothèque Historique, XV, 13.
54 F. Laubenheimer, Le temps des amphores en Gaule. Vins, huile et sauces, Paris, 1999, p. 32.
55 L’hypothèse d’une production adriatique de céramique gréco-italique a souvent été attribuée à la ville d’Adria. Voir M. T. Cipriano, M.-B. Carre, Production et typologie des amphores sur la côte adriatique de l’Italie, dans Amphores romaines et histoire économique, dix ans de recherche, Rome, 1989, p. 90.
56 À Dyrrachion, une grande partie des amphores gréco-italiques a été utilisée comme urnes, voir H. Hidri, Nekropoli antik i Dyrrahut... cit., p. 109, tandis qu’à Apollonia un mur complet, dont la fonction demeure peu claire, a été entièrement construit avec ce type d’amphores. Léon Rey fut le premier à fouiller ce mur d’amphores. Bashkim Lahi a actuellement repris la fouille, suivie d’une analyse spectrographique des amphores. Voir B. Lahi, M. Fiedler, Ausgrabungen im Zentrum von Apollonia (Albanie). Vorläufige Ergebnisse zu der sog. Amphorenmauer und ihrer Umgebung, dans RM, 116, 2010, p. 213-255.
57 A. Tchernia, Le vignoble italien du Ier siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère : répartition et évolution, dans M.-Cl. Amouretti, J.-P. Brun (éd.), La production du vin et de l’huile en Méditerranée, Paris, 1993, p. 285.
58 Se basant sur ce fait, A. Tchernia pense que la fabrication des Dressel 1 s’est étendue jusqu’à l’extrême sud de l’Italie. A. Tchernia, Le vin de l’Italie romaine : essai d’histoire économique d’après les amphores, Rome, 1986, p. 47.
59 J.-L. Lamboley, B. Vrekaj, Premiers résultats des fouilles franco-albanaises à Apollonia, dans P. Cabanes (éd.), L’Illyrie méridionale et l’Épire dans l’Antiquité III, Paris, 1999, p. 195-203.
60 F. Tartari, Amforat e muzeut arkeologjik... cit., p. 239-279.
61 À Scodra, un exemplaire particulier semble partager les caractéristiques de la Dressel 1C et de la Dressel 6, voir B. Lahi, Amfora transporti... cit., p. 107. S’il s’agit d’une Dressel 1C, cette amphore était hispanique et destinée à l’exportation de garum et non du vin comme on le pensait avant, voir R. Étienne, F. Mayet, Le vin hispanique, Paris, 2000, p. 74.
62 Toutefois, on note qu’aucun de ces deux types d’amphores d’origine italienne n’égale la distribution de la gréco-italique. L’aire de circulation des Dressel 1 et des Lamboglia 2 se limite seulement aux villes qui perdurent également durant l’époque romaine. De ce fait, on pense que les autres centres illyriens dans lesquels circulait la gréco-italique avaient perdu de leur importance et que le nouveau système routier les avait laissés hors des réseaux commerciaux.
63 B. Vrekaj, Tipare të qeramikës së zbuluar në Bylis... cit., p. 169.
64 B. Lahi, Amfora transporti... cit., p. 106.
65 J. Lund, Transport Amphorae as Evidence of Exploitation of Italian Wine and Oil to the Eastern Mediterranean in the Hellenistic Period, dans Between Orient and Occident. Studies in Honour of P.J. Riis, Copenhague, 2000, p. 84.
66 Pline, Histoire Naturelle, II, 6.3.
67 B. Lahi, Amfora transporti... cit., p. 109.
68 Contrairement aux nombreuses amphores contenant du vin et du garum, la Dressel 20 est la seule amphore qui a exporté l’huile de Bétique en Méditerranée jusqu’au IIIe siècle, voir R. Étienne, F. Mayet, L’huile hispanique, Paris, 2004, p. 53.
69 La présence d’amphores d’origine africaine peut expliquer la trouvaille de quelques monnaies numides et carthaginoises en Dalmatie. Leur présence dans un territoire très peu monétarisé a suscité des interrogations. Voir C. Bëhrigner, Frangen zum munzumlauf in Illyrien in Hellenistischer zeit, dans Iliria, 2, 1989, p. 202.
70 Les Dressel 7-11 sont toutes considérées comme des amphores destinées à l’exportation des sauces de Bétique, voir R. Étienne, F. Mayet, Salaisons et sauces de poisson hispaniques, Paris, 2002, p. 122.
71 L’huile n’est pas utilisée seulement pour la cuisine mais aussi pour les lampes en terre cuite, comme le montrent les découvertes d’Apollonia, voir B. Vrekaj, L’éclairage à Apollonia. Les lampes et les autres alternatives, dans P. Cabanes, J.-L.Lamboley (éd.), L’Illyrie méridionale et l’Épire dans l’Antiquité IV... cit., p. 269-291.
72 Voir J.-P. Brun, Le vin et l’huile dans la Méditerranée antique, Paris, 2003 ; Id. Archéologie du vin et de l’huile dans l’Empire romain, Paris, 2004.
73 A. Hoti, E. Metalla, E. Shehi, Gërmime arkeologjike Durrës 2001-2003, dans Candavia, 1, 2004, p. 150.
74 A. Hoti, E. Metalla, E. Shehi, Gërmime arkeologjike Durrës... cit., p. 147 ; Y. Cerova, Qeramikë nga Castrum Scampis, dans Candavia, 2, 2005, p. 155.
75 La domination des produits originaires de l’Afrique du Nord se manifeste aussi par l’importation des lampes. Traditionnellement importées de l’Italie du nord pendant les premiers siècles de notre ère, elles sont remplacées au IIIe par les lampes africaines, cf. G. Hoxha, Llampa prej balte të shek. I-IV nga qyteti i Shkodrës, dans Iliria, 1-2, 1999-2000, p. 274. De la céramique provenant d’Afrique du Nord a aussi été récemment trouvée lors des prospections sur la Via Egnatia, notamment dans les stations de cette route, ce qui met en valeur encore une fois l’importance de cet axe pour les relations économiques de ces régions.
76 P. Reynolds, D. Hernandez, Dh. Condi, Excavations in the Roman Forum of Buthrotum (Butrint) : first to third pottery assemblages and trade, dans ReiCretActa, 40, 2008, p. 71-78.
77 P. Reynolds, The pottery, dans A. Gutteridge, A. Hoti, The walled town of Dyrrachium (Durrës) : new light on the early defences, dans JRA, 16, 2003, p. 367-379.
78 R. I. Curtis, The Production and Commerce of Fish Sauce in the Western Roman Empire : A Social and Economic Study, Dissertation, 1978.
79 Pline, Histoire Naturelle, XXXI, 94 ; Martial, Épigrammes, XIII, 102. Sur ce sujet voir la discussion de R. I. Curtis, The Production and Commerce of Fish Sauce…, p. 8.
80 P. Reynolds, D. Hernandez, Dh. Condi, Excavations in the Roman Forum of Buthrotum... cit., p. 76.
81 Cl. Panella, Le anfore di èta imperiale del Mediterraneo occidentale, dans P. Lévêque, J.-P. Morel (éd.), Céramiques hellénistiques et romaines, Paris, 2001, p. 178.
82 D. Manacorda, Cl. Panella, Anfore, dans W. V. Harris (éd.), The Inscribed Economy. Production and Distribution in the Roman Empire in the light of Instrumentum Domesticum, Ann Arbor, 1993, p. 57.
83 S. Pesavento, M.-B. Carre, Les vins de l’Adriatique, dans J.-P. Brun, M. Poux, A. Tchernia (éd.), Le vin. Nectar des dieux, génie des hommes, Strasbourg, 2004, p. 124.
84 A. Gamberini, Le ceramiche a vernice nera di Phoinike (Albania meridionale). Aspetti cronologici ed economico-produtivi, dans ReiCretActa, 40, 2008, p. 45-54.
85 N. Ceka, Qyteti ilir i Selcës... cit., p. 79-80.
86 H. Spahiu, Qyteti iliro-arbëror i Beratit... cit., p. 109.
87 S. Islami, Qyteti ilir në Zgërdhesh... cit., p. 206.
88 F. Prendi, Aspects de la vie sociale, économique et culturelle de Lissos... cit., p. 153.
89 S. Shpuza, La céramique romaine, dans J.-L. Lamboley, F. Drini, Apollonia d’Illyrie (Albanie). Exploration de la ville haute : mission d’étude du matériel et préparation de la publication des prospections géophysiques (2004-2005) et des sondages topographiques et stratigraphiques (2006-2008), MEFRA, 122, 1, 2010, p. 240-241.
90 Voir E. Shehi, La ceramicha a vernice rossa da Dyrrachium, dans ReiCretActa, 40, 2008, p. 9-17.
91 Y. Cerova, Qeramikë nga Castrum Scampis... cit., p. 163.
92 P. Reynolds, D. R. Hernandez, Dh. Çondi, Excavation in the Roman Forum of Buthrotum (Butrint) : First to Third Century Pottery. Assemblages and Trade, dans ReiCretActa, 40, 2008, p. 71-88.
93 Voir E. Shehi, Forma enësh gatimi në fondet e Muzeut Arkeologjik Durrës, dans Candavia 2, 2005, p. 239-271.
94 La construction des collecteurs d’eau à Dyrrachium en est un exemple clair. Ces collecteurs portent aussi les noms de leurs curateurs, voir L. Miraj, Mbishkrime për ndërtimet e Dyrrahut... cit., p. 271 : Coloniae Iuli (a) Aug (ustae) Dyrrachin (orum) / Aq (ue) Hadrian (i) / Cur (atores) illi Gali et Avidio Camurian (o).
95 B. Dautaj, Aspekte të jetës ekonomike... cit., p. 156.
96 A. Mano, Të dhëna mbi qeramikën masive të Apollonisë, dans SH, 1, 1965, p. 66.
97 S. Anamali, Dy punishte kandilash me firma në Bylis, dans Iliria, 1, 1988, p. 219.
98 Voir B. Jubani, Qeramika e zbukuruar me motiv vijash paralele, dans Iliria, 1, 1990, p. 243-252 ; G. Hoxha, Céramique culinaire lissée à la brosse, provenant du territoire des provinces de Praevalis et de Dardanie, dans ReiCretActa, 40, 2008, p. 89-99.
99 Strabon, Géographie, VII, 317.
100 Aristote, Petits traités d’histoire naturelle, 832 a, 22.
101 Pline, Histoire Naturelle, XIV, 2 (4).
102 Pline, Histoire Naturelle, III, 21,3 ; 10.
103 R. Étienne, L’origine épirote du vin de Bordeaux antique, dans P. Cabanes (éd.), L’Illyrie méridionale et l’Épire dans l’Antiquité, Clermont-Ferrand, 1987, p. 242.
104 J. André, Contribution au vocabulaire de la viticulture : les noms des cépages, dans REL, 30, 1952, p. 149.
105 Martial, Épigrammes, XIII, p. 103-127.
106 D. P. S. Peacock, Pottery in the Roman World, an Ethnoarcheological Approach, Londres-New York, 1982, p 37.
107 Voir Ch. Vernou, À la recherche des outils antiques de vignerons, dans J.-P. Brun, M. Poux, A. Tchernia (éd.), Le vin. Nectar des dieux, génie des hommes... cit., p. 250.
108 A. Bunguri, Gjetje nga varreza e Gjoricës së Poshtme (Rrethi i Dibrës), dans Iliria, 1-2, 1992, tab. II/2.
109 F. Prendi, Dh. Budina, Kalaja e Irmajt... cit., pl. XIII/a 1-3.
110 B. Dautaj, Zbulimi i qytetit ilir Dimal... cit., pl. VI/1.
111 N. Ceka, Qyteti ilir në Selcën e poshtme... cit., pl. VIII/7.
112 Dh. Budina, Antigonea... cit., fig. 40/1-3.
113 Gj.Karaiskaj, Raport mbi gërmimet e viteve 1973-1974 në Gradishtën e Symizës. Periudha e vonë antike dhe mesjetare, dans Iliria, 6, 1976, p. 351, tab. XXIII/1-4, 6, 7.
114 S. Muçaj, Vendbanime të antikitetit të vonë në krahinën e Mallakastrës, dans Iliria, IX-X, 1979-1980, p. 288, tab. III/6-8.
115 Pline, Histoire Naturelle, XXXI, 8, 43.
116 R. I. Curtis, Garum and Salsamenta : Production and Commerce in Materia Medica, Leiden, 1991, p. 112-113.
117 Ammien Marcellin, Histoire, Rerum Gestarum, XXVI, 8.
118 Pline, Histoire Naturelle, XIV.
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