Chapitre quatrième. Les monnaies
p. 181-215
Texte intégral
Introduction
1Les monnaies constituent une source importante pour l’histoire d’une région et pour comprendre son économie. En ce qui concerne la monnaie romaine, il a été montré qu’elle transmet une vision marquée par la propagande orchestrée par l’Empire romain1 qui forge une représentation de l’identité publique, qu’elle soit personnelle, civique, provinciale ou impériale2. Pour ces raisons, on peut retracer à travers elle les changements apportés par le processus de romanisation.
2Les études sur les monnaies provenant d’Albanie ont débuté au XVIIIe siècle dans le cadre des publications de collections muséologiques importantes3. À cette période on publie aussi des monnaies ou des trésors découverts fortuitement en territoire albanais4.
3Les premières études des numismates albanais, traitant surtout des monnaies illyriennes trouvées en Albanie, ont commençé après la création du Musée archéologique de Tirana en 1948. En 1965, H. Ceka publiait sa monographie « Problème de la numismatique illyrienne » où il rassemble toutes les monnaies non publiées jusqu’alors5. La plupart des nouvelles découvertes faites en Albanie, en général des trésors, ont été publiés par Sh.Gjongecaj. Les monnaies mises au jour lors des fouilles archéologiques n’ont en revanche toujours pas été publiées, ce qui crée de grandes lacunes d’ordre chronologique et un réel manque d’informations quant à la distribution et à l’utilisation de la monnaie6. On peut surtout regretter l’absence d’un corpus regroupant les monnaies républicaines et impériales de l’Albanie7.
4Dans ce chapitre, nous abordons d’abord la situation monétaire avant l’arrivée des Romains en Illyrie, en présentant le cadre des frappes préromaines. Le littoral illyrien et épirote entra très tôt dans les sphères d’influence des colonies grecques ; pourtant, dans cette partie de la Méditerranée, l’activité monétaire ne devient dense qu’à la fin du IVe et au début du IIIe siècle avant notre ère. Une attention particulière sera également portée à l’introduction de la monnaie romaine républicaine et à l’interruption de la majorité des ateliers locaux après la troisième guerre illyro-romaine, ainsi qu’aux frappes impériales d’Apollonia, Phoinikè et Bouthrôtos.
Les frappes préromaines
5Comme dans d’autres domaines de la vie quotidienne de la période préromaine, Apollonia et Dyrrachion jouent un rôle éminent dans la circulation monétaire de la région. Pendant les premiers siècles de leur existence, ces colonies ont utilisé les monnaies de Corinthe, d’Athènes et d’Égine et ce jusqu’au milieu du IVe siècle avant notre ère, quand elles commencent à frapper leur propre monnaie. Ces émissions reflètent les relations économiques qu’entretiennent les colonies avec le monde grec. En revanche, à l’intérieur du territoire, seul existe un système d’échanges en nature8.
6Le premier type de monnaies d’Apollonia et de Dyrrachion imite celui de Corinthe. Il porte la legende ΔYP pour Dyrrachion et A∏PΛ pour Apollonia9. Il date du milieu du IVe siècle environ10. La frappe des statères de type corinthien est le résultat d’une influence de la métropole, Corinthe, laquelle incite ses colonies à frapper des statères pour financer l’expédition de Timoléon en 344 avant notre ère11. Parallèlement aux types corinthiens apparaissent des statères et les drachmes de type corcyréen. Ainsi l’origine des colons, Corinthe et Corcyre, et les rapports entre les colonies ont influencé les symboles et les standards choisis dans les frappes des deux nouvelles colonies. Malgré l’incitation économique de la part de Corinthe, le début du monnayage de ces deux cités est étroitement lié aux transformations économiques et sociales des Illyriens et aux rapports économiques croissants avec ces derniers. De plus, le début des frappes d’Apollonia et de Dyrrachion coïncide avec une période de réorganisation régionale. Résultat de cette nouvelle organisation, l’apparition de la monnaie comme élément de valeur ou d’identité civique devient plus compréhensible. Les élites locales qui dirigent les affaires principales des villes ou des tribus commencent à considérer la monnaie comme un élément important de leur autonomie et de leur souveraineté politique. Ainsi, le nord du fleuve Shkumbin se trouvait sous l’influence économique de Dyrrachion, dont la région comportait seulement trois villes, Albanopolis, Lissus et Scodra. À l’inverse, Apollonia entretenait des relations économiques avec la partie la plus urbanisée de l’Illyrie. L’influence monétaire d’Apollonia et de Dyrrachion devient de plus en plus importante vers l’intérieur des Balkans. Ces échanges intenses ont fait que les frappes de ces deux villes furent sujettes à la production de faux. Les Illyriens ainsi que d’autres populations frappaient probablement ces fausses monnaies pour tirer profit du commerce avec les tribus de l’arrière-pays12.
7Par ailleurs, il est intéressant de noter que l’atelier monétaire de Dyrrachion a servi pour frapper les monnaies de deux rois illyriens, Monounios et Mytilos, qui sont très peu connus13. Ces monnaies ne changent pas beaucoup des statères de Dyrrachion, en dehors de leur légende où apparaît le nom du roi. Ils datent des environs de 280 avant notre ère et le choix des symboles de Dyrrachion par ces deux rois semble provenir de l’intention de faciliter l’introduction de ces monnaies sur le marché14.
8Les motifs de la frappe des drachmes ont été longtemps discutés. Les premiers numismates étudiant ces monnaies d’argent en situent les premiers exemplaires autour de 229 avant notre ère. Cette date coïncide avec la traversée de l’Adriatique par Rome contre le royaume illyrien de Teuta. P. Gardner pensait que la drachme était une adaptation des deux colonies grecques à la monnaie romaine15. Par contre, H. Ceka place le début de la drachme illyrienne en 335 avant notre ère, concluant par conséquent que ce sont les Romains qui ont adapté leur victoriat à la drachme de Dyrrhachion et d’Apollonia16. Il s’appuie principalement sur un passage de Pline17. Ce passage, écrit presque trois siècles après les événements, a beaucoup influencé les chercheurs pour la datation de la drachme illyrienne. L’étude de M. Crawford, qui établit le début des frappes de victoriat à Rome en 211 et non en 269 avant notre ère18, et la publication du trésor de Kreshpan par Sh. Gjongecaj, ont aidé à clarifier la situation19. L’absence dans ce trésor de drachmes des deux villes situe le début de la frappe des drachmes après l’arrêt des statères, vers 270 à Dyrrachium et presque deux décennies plus tard à Apollonia20. Ces deux nouvelles datations ont mis fin au débat sur les débuts du système monétaire républicain et sur l’apparition de ces monnaies en Illyrie.
9La drachme en argent était la monnaie la plus utilisée jusqu’aux guerres civiles à la fin du Ier siècle avant notre ère. Plusieurs trésors monétaires trouvés dans les Balkans montrent la grande intensité de circulation de cette monnaie21. Ce fait est à mettre en relation avec la mise sous tutelle romaine des ateliers monétaires des deux villes pour financer les campagnes militaires de Rome dans les Balkans. Cela expliquerait non seulement leur distribution dans la péninsule mais également l’augmentation des frappes des drachmes à partir de la fin du IIe siècle avant notre ère22.
10Un siècle après le début des frappes monétaires à Apollonia et Dyrrachion, les colonies influencent les cités de l’arrière-pays qui commencent à frapper leurs propres monnaies. Le phénomène est plus visible autour d’Apollonia et en Chaônie ; il est par contre plus restreint au nord du territoire. Cette différence dans la circulation monétaire entre Épire et Illyrie est due aussi au développement urbain inégal de ces régions.
11La seconde moitié du IIIe siècle avant notre ère voit la création d’un nouvel État épirote auquel appartenaient les tribus principales d’Épire, les Molosses, les Chaônes et les Thesprôtes. Pendant presque 70 ans (234-168 avant notre ère), ce Koinon frappe une monnaie qui exerce ensuite une grande influence sur la monétarisation de l’Épire23. Les symboles utilisés sur ces monnaies empruntent leurs types au panthéon grec, et l’on y rencontre fréquemment Zeus, Artémis, Dionè et Héraclès. Ces monnaies ont considérablement influencé non seulement le marché de l’Épire mais aussi celui de l’Illyrie puisqu’on les trouve en grande quantité dans des sites importants comme Amantia, Byllis, Treport, Dimale et Albanopolis24.
12Malgré la dense circulation des monnaies d’Apollonia, de Dyrrachion et du Koinon épirote dans la région, on note qu’au IIIe siècle avant notre ère les autres villes de l’Illyrie méridionale commencent à frapper leurs propres monnaies de bronze. Ainsi, la seconde moitié du IIIe siècle voit l’augmentation du nombre d’ateliers et la multiplication des frappes mises en circulation. Le début de cette activité monétaire coïncide pleinement avec le processus de l’urbanisation et de la monumentalisation de ces villes, ainsi qu’avec leur indépendance. On pourrait ainsi penser qu’outre l’existence de motifs civiques ou commerciaux, ces villes frappent leur propre monnaie pour financer des programmes de constructions, comme des stoai, des temples, ou des théâtres.
13Parmi ces villes, on compte Amantia qui frappe monnaie vers 234 avant notre ère25, Orikos vers la fin du IIIe siècle avant notre ère, Olympè26 et Byllis. Dès leurs débuts, la plupart de ces frappes suivent les standards et les symboles des monnaies du Koinon des Épirotes, à l’exception de Byllis qui imite plutôt les symboles des monnaies grecques27. Par contre vers la première moitié du IIe siècle avant notre ère on remarque, surtout à Amantia28, Olympè et Orikos, l’application des standards apolloniates. Il s’agit de la période postérieure à 168, quand Rome met fin au pouvoir du Koinon. En conséquence, les villes de l’intérieur s’orientent de plus en plus vers le modèle d’Apollonia, alliée des Romains. Ce nouveau contexte géopolitique explique l’apparition sur les monnaies d’Amantia, d’Olympè et d’Orikos de symboles apolloniates, comme Apollon, Artémis et l’obélisque. Ainsi, l’absence de monnaies romaines pendant l’époque républicaine a fait que la plupart des villes de l’Illyrie suivirent les standards de son alliée, Apollonia.
14Contrairement à cette densité d’ateliers monétaires autour d’Apollonia, on note la quasi absence de frappes dans les régions du nord de l’Albanie. Dans ce territoire se situe le royaume illyrien de la tribu des Ardianii, qui avait réussi à créer une grande puissance militaire et à étendre son pouvoir jusqu’en Acarnanie. Aucun des rois de cette dynastie ne frappe sa propre monnaie, excepté le dernier d’entre eux, Genthios qui, probablement pour des raisons militaires, frappe des monnaies dans les villes de Scodra et de Lissus, qui sont à cette époque sous son autorité.
15Ces deux villes avaient produit leurs propres monnayages vers la fin du IIIe siècle avant notre ère et, contrairement aux régions sous influence apolloniate, ils suivirent les symboles macédoniens29. Cette série de frappes s’arrête avec la prise du pouvoir par Genthios. Sa ligne politique était très différente de celle de ses prédécesseurs qui avaient maintenu en permanence des rapports d’alliance avec Rome. Genthios choisit de s’allier au roi macédonien contre Rome, qui, pendant cette période, souffre de la guerre avec Carthage. Ainsi, pour des raisons principalement militaires, Genthios commence à frapper sa propre monnaie. Dans un premier temps ces monnaies gardent les symboles précédents, seule la légende étant modifiée en BAΣΙΛEΩΣ<ΓENΘΙOY.
16Il nous semble important de souligner que même si les rois illyriens commencent à frapper leur propre monnaie, ils ne l’utilisent pas pour édifier des constructions à leur gloire ni pour des bâtiments religieux, comme d’autres rois hellénistiques. Pour eux, la monnaie signifie probablement une concentration de pouvoir et de richesse. Ceci laisse donc supposer une utilisation limitée de la monnaie royale, destinée semble-t-il avant tout à payer les soldats ou à construire des bateaux de guerre.
17Un passage de Tite-Live sur le butin de guerre que le consul romain a pris au roi illyrien doit retenir également notre attention30. Ce texte offre des informations très fiables en ce qui concerne l’utilisation de la monnaie par le roi illyrien. Dans le butin de guerre, on ne voit pas la présence de monnaies de Genthios. Les 120 000 monnaies illyriennes d’argent peuvent être des drachmes d’Apollonia et de Dyrrachion puisque les autres villes ou communautés ne frappaient que du bronze. Il est également surprenant de savoir que la richesse de ce roi s’élevait à 13 000 deniers à une période où cette monnaie était presque inexistante sur le reste du territoire illyrien. Ainsi, l’information laisse penser que la monnaie signifiait pour le roi illyrien une accumulation de richesse, et qu’elle ne renvoie pas à une monétarisation de la région. Cette grande richesse provient peut être de la piraterie, largement pratiquée par les Illyriens dans l’Adriatique.
18Après la chute du royaume illyrien, les villes de Scodra et de Lissus continuent à frapper leurs propres monnaies sous le contrôle de Rome. Elles reprennent les anciennes légendes portant le nom de la ville31. Ces dernières frappes remontent à la période située entre 168-148 avant notre ère, alors que les villes conservent une certaine autonomie après la conquête romaine. Dans ce contexte historique apparaissent des monnaies accompagnées des légendes ΛΙΣΣΙTAN, $ ΛABΙATAN et ΔAPPΣΩN. Les monnaies portant ces légendes suscitent un grand intérêt, puisqu’elles portent les noms des régions selon lesquelles Rome organise le territoire illyrien. En conséquence, on voit apparaître sur les monnaies le nom de ces régions, utilisé en tant qu’ethnique. On considère ce fait comme très important puisque Rome a toujours cherché à briser l’unité ethnique des peuples qu’elle conquérait. En revanche, ici, la mention de l’ethnique commence avec l’arrivée des Romains. Rome permet à ces communautés de frapper leurs propres monnaies parce que, pendant la guerre contre Genthios, elles étaient passées du côté des Romains32. Les monnaies qui portent ces ethniques sont peu nombreuses, ce qui leur réserve une utilisation limitée. Elles devaient plutôt être utilisées comme des symboles d’autonomie dans l’alliance avec Rome. Ces frappes expliquent l’attitude des élites illyriennes, qui choisissent plutôt le pouvoir romain qu’un pouvoir centralisé dans les mains du roi illyrien, ainsi qu’une politique très prudente et pragmatique du Sénat romain. Probablement, ces monnaies ont été émises jusqu’à l’organisation provinciale du territoire en 148 avant notre ère, leur atelier de production étant vraisemblablement Scodra33.
19Au droit de ces monnaies, on trouve toujours une tête d’homme de profil. Sur les frappes de Genthios, on croyait que c’était la tête du roi qui était dessinée mais le fait que cette image persiste dans les frappes qui suivent sa chute a infirmé cette hypothèse. Pour S. Islami, c’est parce que ces frappes avaient été décidées par le roi illyrien qu’elles conservaient la tête Genthios au droit34. En revanche, pour H. Ceka, le fait que le droit continuait à être en usage sous l’administration romaine laisse penser qu’il ne peut pas représenter le roi illyrien Genthios. Il suppose qu’il s’agit d’un personnage de la mythologie illyrienne, probablement le dieu maritime des Illyriens, appelé Redon d’après une légende trouvée sur un exemplaire de la série ΛΙΣΣΙTAN, $ PHΔΩNPΣ35. Cependant, l’inscription du nom de la divinité n’est pas commune ni dans la tradition grecque ni dans la tradition romaine.
20Une émission a longtemps attiré l’intérêt des numismates, la frappe qui porte la légende$ BAΛΛAΙPΣ. Ce roi émit une grande quantité de ce type de monnaie, mais le cadre précis de son influence reste encore incertain, tout comme la chronologie de son règne et la nature de son rôle historique. Les nombreuses trouvailles de ces monnaies dans les régions situées entre la ville de Scodra et celle de Pharos peuvent aussi indiquer la région où il exerçait son autorité. La période de son activité est objet d’un grand débat. On situe traditionnellement son règne dans les années suivant la chute de Genthios. Ce roi n’est jamais mentionné par les textes anciens. Pour M. Rendiç-Mioćević, il s’agirait cependant d’un roi illyrien qui aurait tenté de rétablir une unité illyrienne, ce qui aurait provoqué une réaction rapide de la part de Rome36. G. Gorini, sur la base de l’étude des sources et de la typologie des monnaies, pense que Ballaios avait commencé à frapper sa propre monnaie avant la chute de Genthios. Il propose d’établir la datation de ces monnaies entre 190 et 175 avant notre ère37.
21Quoi qu’il en soit, on estime qu’il s’agit d’un personnage issu de la noblesse illyrienne qui régnait sur un territoire autonome et avait comme chef-lieu la ville de Rhizon où on trouve la plus grande quantité de ces monnaies38. Il frappe des pièces d’argent et de bronze utilisant des symboles courants dans le monde hellénistique39. Les fouilles récentes effectuées dans la ville de Rhizon nous aident à mieux comprendre le rôle de Ballaios dans l’histoire de l’Illyrie. Un trésor trouvé en 2010 est composé de presque 4656 monnaies en bronze frappées par ce roi40. Toutefois, la donnée la plus importante de ce trésor n’est pas la quantité des monnaies mais le contexte stratigraphique dans lequel il a été trouvé. Ce trésor s’accompagne de matériel appartenant au milieu du IIIe siècle avant notre ère, ce qui fait tomber toutes les théories existant jusqu’à maintenant sur la chronologie de ce roi. Si on adopte cette datation, il s’agit d’un roi illyrien qui a régné avant Agron ou bien à son époque ; les deux rois auraient alors contrôlé des territoires différents. Dans ce cas on aurait une autre donnée très importante concernant la chronologie des frappes des rois illyriens qui remonte dans ce cas au milieu du IIIe siècle avant notre ère, peu après les émissions de Monounios et Mytilos. Mais Ballaios, contrairement à ces deux rois qui utilisaient l’atelier de Dyrrachion, avait sous son contrôle l’atelier de Rhizon et utilisait ses propres symboles.
Les trésors hellénistiques et la circulation monétaire
22Parallèlement aux frappes locales, d’autres monnaies étaient aussi en circulation sur le territoire illyrien et épirote, en provenance principalement de cités grecques mais aussi du royaume macédonien. Leur présence est attestée grâce aux nombreux trésors découverts en Albanie, datés entre le IIIe et le Ier siècles avant notre ère. Ces trésors constituent notre source d’information principale pour la période républicaine. L’augmentation du nombre de deniers et des trésors est due aux guerres civiles et à l’insécurité croissante qu’elles ont produite41. Les trésors ont généralement été considérés comme résultant de l’accumulation privée, dans le long terme, des monnaies42. Si tel est le cas, les données recueillies grâce aux trésors ne correspondent pas nécessairement à la situation monétaire réelle. Cependant, ils fournissent l’information la plus importante et la plus abondante sur cette période. À partir de ces trésors, on peut retracer la distribution des monnaies républicaines du IIIe siècle jusqu’à la fin du Ier siècle avant notre ère pour donner un panorama clair de la circulation.
23Le nombre de trésors augmente considérablement au cours du IIIe siècle (fig. 39). De cette période proviennent dix trésors trouvés à Butrint43, Cakran44, Kreshpan45, Hija e Korbit46, Apollonia47, Shalës48, Cërrik49, Antigonea50, Dyrrachion51 et Jubica52. Ils sont principalement composés de drachmes provenant des colonies grecques de Dyrrachion et d’Apollonia. Des deux villes, Dyrrachion semble avoir joué le rôle prédominant puisque l’on voit que le nombre de ses monnaies dans les trésors est supérieur au nombre de celles d’Apollonia. Il n’y a que dans le trésor de Jubica (près de Scodra) que les monnaies de Dyrrachion sont en nombre inférieur à celles d’Apollonia53. Cette trouvaille est de grande importance parce qu’elle se situe dans une zone où, bien que Dyrrachion exerce une suprématie économique, le rapport entre les drachmes penche en faveur d’Apollonia.
24En dehors des monnaies de ces deux villes, on note la présence de monnaies provenant d’autres cités grecques et des royaumes hellénistiques. Parmi ces cités, le rôle principal semble avoir été joué par Corinthe, Corcyre et Athènes. Pendant le IIIe siècle, les monnaies des cités grecques sont plus présentes dans les deux colonies que dans le reste du territoire54. La circulation des monnaies de Corcyre n’est pas seulement liée à l’origine des colons, mais aussi à la position géographique de la cité qui lui permettait de jouer un rôle d’intermédiaire dans les relations économiques et culturelles entre l’Adriatique et le reste du monde grec.
25Contrairement à Corcyre et à Corinthe dont les émissions sont présentes dans plusieurs trésors, les monnaies d’Athènes apparaissent seulement dans le trésor de Hija e Korbit, qui constitue un cas isolé55. C’est uniquement dans ce trésor que l’on note également la présence de monnaies des rois macédoniens Alexandre le Grand et Antigone Gonatas. Il est probable que l’enfouissement de ce trésor soit lié aux campagnes de Philippe V en Illyrie pendant les années 213-211 avant notre ère, ce qui expliquerait la présence en grande quantité de monnaies macédoniennes. Cependant, il faut tenir compte du fait que le trésor regroupe des émissions d’une période de deux siècles, allant du Ve jusqu’au IIIe siècle avant notre ère. Cette large période chronologique de l’accumulation témoigne de la conservation des monnaies comme objets de valeur et de richesse, plutôt que comme moyen de commerce ou le produit d’une frappe ponctuelle d’argent émise exceptionnellement pour la campagne de Philippe V.
26Dans les trésors trouvés en Épire, on note l’absence de monnaies d’Apollonia et de Dyrrachion56. En effet, la monnaie des deux colonies grecques n’a jamais pu exercer d’influence dans la circulation en Épire, où s’imposait le monnayage du koinon, fondé sur un système monétaire parfaitement au point. Ainsi, Dyrrachion et Apollonia avaient créé une zone monétaire autonome coupée de la Grèce continentale57.
27Les monnaies romaines étaient presque totalement absentes au IIIe siècle avant notre ère. Seuls quelques exemplaires datent de 229 avant notre ère et correspondent à la première guerre des Illyriens contre Rome. On remarque également la quasi absence du monnayage des villes grecques de la Grande Grèce, ce qui exclut les échanges monétaires entre les deux côtes de l’Adriatique pendant le IIIe siècle avant notre ère. Par ailleurs, même si les autres villes de l’Illyrie méridionale avaient commencé à frapper leurs propres monnaies, ces dernières sont absentes de ces trésors, ce qui montre leur diffusion limitée.
28Pendant le IIe siècle avant notre ère, le nombre de trésors augmente encore (fig. 40). On en a retrouvé à Orikos58, Qesarat59, Renc (Gajtan, Scodra)60, Scodra (en 1782)61, Senitsa62, Apollonia63, Bakërr64, Lissus65, Selca66, Dyrmish67 et Scodra68. Tous ces trésors montrent une activité monétaire dense dans la région, surtout en ce qui concerne les monnaies de bronze d’Apollonia. Ces dernières sont plus nombreuses que celles de Dyrrachion dans les trésors du IIe siècle, sans oublier l’existence du trésor d’Apollonia, qui contient 1150 pièces, émises par la ville même.
29La première moitié du IIe siècle montre aussi la position croissante des monnaies du Koinon. Le trésor de Bakërr (près d’Apollonia) en est un témoignage très important. Il n’est pas seulement composé de drachmes de Dyrrachion et d’Apollonia mais, dans sa majorité, de frappes du Koinon, ce qui n’est pas le cas pour les monnaies qui proviennent des fouilles de la ville. En tout cas, cette présence considérable des monnaies épirotes est la conséquence du grand développement économique du Koinon69. Outre des trouvailles de trésors, les monnaies du Koinon épirote proviennent également de plusieurs sites, ce qui montre encore leur réelle diffusion sur ce territoire70.
30La chute du koinon épirote a profondément transformé le cadre monétaire en Épire. Par exemple, dans le trésor de Senitsa, il est important de souligner la présence d’une monnaie chaône représentant la tête d’un taureau/épis de blé. Cette frappe est très importante en premier lieu parce qu’elle témoigne de la création d’un État chaône après la troisième guerre de Macédoine71. On voit ainsi l’apparition d’une autorité indépendante qui possède l’autorisation donnée par Rome de frapper sa monnaie. La création d’un tel État est justifiée par l’aide que les Chaônes ont apportée à Rome contre le roi macédonien, Persée72. Selon Sh. Gjongecaj, l’atelier des frappes des Chaônes était Phoinikè73. Ces monnaies pourront être mises en rapport avec l’État organisé autour de Phoinikè qui apparaît dans les inscriptions comme le Koinon tôn Èpeirôtôn tôn peri Phoinikèn (Koinon des Épirotes autour de Phoinikè)74. Ces monnaies, par ailleurs peu nombreuses, n’ont probablement pas circulé longtemps. Il faut aussi remarquer dans ces frappes l’évolution du symbolisme. Les symboles connus jusqu’à cette période en Épire étaient d’ordre civique ou issus de la mythologie grecque. Or les monnaies Chaônes boudent ces deux ressources iconographiques, et adoptent, à l’exception du taureau, un symbolisme épirote fait de motifs liés à l’agriculture, ce qui montre un changement important. Ce changement peut être lié à la présence en Épire d’hommes d’affaire italiens qui exerçaient l’agriculture et l’élevage. En même temps, on voit l’apparition du culte de Pan à Bouthrôtos, précisément honoré par un individu d’origine italienne, ce qui révèle encore une fois l’importance des divinités agrestes75. Le même phénomène est observable sur les monnaies de Ballaios qui remplacent par le canthare et les épis de blé des symboles mythologiques ou militaires.
31Bien qu’elle ait fait office d’atelier monétaire pour les Chaônes, Phoinikè frappa aussi pour la première fois son propre monnayage après 168 avant notre ère76. La ville avait joué un rôle important dans les guerres de Rome en Épire et beaucoup de commerçants italiens la fréquentaient. C’est sans doute pour cette raison que Rome l’autorisa à frapper sa propre monnaie. Le changement principal, par rapport aux frappes précédentes, est la présentation de l’ethnique (ΦOΙNΙKAΙEΩN). Ainsi, c’est pendant cette période de changements politiques liés à la présence des Romains que l’on observe des transformations monétaires.
32Quant aux monnaies des cités grecques, elles ne sont pas très nombreuses pendant le IIe siècle. On trouve des monnaies de Corinthe dans le trésor de Dyrmish, mais très peu proviennent de Corcyre et d’Athènes. Si les monnaies de Corcyre ne sont pas très présentes dans les trésors, on en a en revanche trouvé en grande quantité lors de fouilles à Zgërdhesh, Antigonea, Amantia et Phoinikè, ce qui montre une diffusion importante de ce monnayage77.
33Bien que le IIe siècle marque la fin du Koinon d’Épire, et malgré la création de la province de Macédoine, dont Rome commence à occuper la côte est de l’Adriatique, la monnaie romaine est toujours absente des trésors. Par contre, les données des fouilles montrent une présence plus significative des monnaies romaines par rapport au IIIe siècle. Les deniers sont introduits en petite quantité dans les villes de Lissus, Amantia, Apollonia, Dyrrachion, Orikos ainsi que dans des sites plus modestes. Cependant, l’absence de deniers est un phénomène qui ne caractérise pas seulement l’Illyrie et l’Épire mais l’ensemble du monde grec ; il ne s’agit pas forcément d’un indice renseignant sur la nature des échanges. Toutefois, au IIe siècle, ces régions restent encore orientées économiquement vers l’intérieur des Balkans et vers la Grèce, au détriment de l’autre côte adriatique.
34Dans les trésors du Ier siècle avant notre ère, on note un changement dans la circulation monétaire qui semble imputable à la présence romaine (fig. 41). On a trouvé huit trésors de cette période à Byllis78, Apollonia79, Hoxhara80, Lleshan81, Gjonmi82, Dimale83 et deux à Tirana84. La majorité de ces trésors remontent aux guerres civiles qui se sont déroulées à l’est de l’Adriatique.
35En dehors des monnaies de Dyrrachion, d’Apollonia et des monnaies républicaines, on note l’absence presque totale de monnaies des autres villes, mis à part le trésor de Lleshan qui rassemble des monnaies d’Orikos, Scodra, Apollonia, Ambracie, Pergame, Apamée, Éphèse, Patras et Élis, toujours en quantité moindre comparé aux monnaies de Dyrrhachion. Une telle diversité dans un même trésor pourrait indiquer la présence d’un sanctuaire ou d’un lieu de pèlerinage à Lleshan85. Ce trésor est le plus riche en monnaies de bronze de Dyrrachion. Il est composé de 2768 monnaies, dont 2749 sont en bronze et 19 en argent. La plus grande partie d’entre elles, c’est-à-dire 2561 pièces, appartiennent à la ville de Dyrrachion86. Quant aux monnaies républicaines, leur nombre n’est pas considérable et elles occupent une large chronologie.
36Pendant la première moitié du Ier siècle, les deniers commencent à être présents dans les trésors, mais leur nombre reste faible. Par exemple, le trésor de Gjonmi (près de Scampis) contenait 51 drachmes de Dyrrachion et d’Apollonia et seulement un denier républicain, daté de 61 avant notre ère. Ce trésor est un témoin du monopole du monnayage d’Apollonia et de Dyrrachion dans la circulation monétaire de la région.
37En revanche, d’après le contenu des deux trésors de Tirana, la situation commence à changer. Le trésor de Rrapi i Trishit est en effet composé de 119 monnaies, dont 39 sont des drachmes de Dyrrachion, 31 d’Apollonia et trois pièces qui sont des imitations de monnaies de ces deux villes. Le nombre de deniers est de 46 en tout. Ce mélange montre que les deniers et les drachmes locales circulaient parallèlement. Cependant, le nombre des deniers reste encore inférieur par rapport aux monnaies d’Apollonia et de Dyrrachion. Quant à l’autre trésor de Tirana, celui de Pallati i Brigadave, le nombre de deniers (39) est supérieur aux drachmes d’Apollonia (7) et celles de Dyrrachion (17). L’augmentation du nombre des deniers est plutôt le résultat de la présence de l’armée romaine dans le territoire pendant les guerres civiles, que celui de l’influence monétaire romaine dans la région.
38Enfin, dans les trésors d’Apollonia et de Hoxhara, on remarque le déclin de la monnaie locale face à la présence des deniers. Pendant la seconde moitié du Ier siècle avant notre ère, le nombre de deniers augmente considérablement. Le trésor d’Apollonia contient 1874 deniers pour une seule frappe de Dyrrachion et celui de Hoxhara, 552 deniers. Ce dernier trésor est composé uniquement de deniers et les monnaies de Dyrrachion et d’Apollonia en sont totalement absentes. Les dernières frappes datent environ du milieu du Ier siècle avant notre ère, ce qui permet d’imputer l’enfouissement de ce trésor à l’insécurité causée par la mort de César. Il est difficile d’expliquer l’absence de monnaies d’Apollonia et Dyrrachion mais il faut probablement la mettre en relation avec le fait que la monnaie locale semble en fin de production. Dyrrachion avait en effet probablement arrêté son activité monétaire alors qu’Apollonia frappait des monnaies sur la base du système romain. Par ailleurs, la présence de l’armée a joué également un rôle déterminant. En temps normal, les soldats préféraient être payés avec une monnaie dont ils connaissaient la valeur, comme le denier romain. Statistiquement parlant, les régions où se trouvait l’armée fournissent plus de trésors que les autres87. C’est pour cette raison que la majorité des trésors, surtout les plus riches, ont été trouvés autour d’Apollonia. De plus, en dehors des trésors, la moitié des monnaies républicaines découvertes jusqu’à présent en Albanie proviennent d’Apollonia88. En effet, la majorité des monnaies républicaines date des guerres civiles, c’est-à-dire de 49-41 avant notre ère (fig. 42).
39Pour poursuivre son activité monétaire pendant la période romaine, Apollonia avait entrepris une réforme monétaire qui adoptait le système monétaire romain. Cette transformation est bien illustrée par le trésor de Dimale. Il est composé de 87 pièces, toutes en provenance de l’atelier d’Apollonia. Ce trésor constitue le meilleur exemple de la romanisation de la monnaie. On y voit le passage d’une monnaie hellénistique au type impérial, témoignant d’une réforme monétaire visant à s’adapter aux traditions romaines89. Les nouvelles frappes portent les mêmes symboles que les anciennes mais elles adoptent les poids du système monétaire romain établi par Antoine. En revanche, dans les dénominations mineures, ce changement n’est pas perceptible. Selon Sh.Gjongecaj et O. Picard, cette réforme monétaire a commencé à fonctionner entre 38 et 36 avant notre ère90. L’apparition de cette nouvelle monnaie aurait mis fin à la drachme d’argent, effectivement absente tout au long de la seconde moitié du Ier siècle avant notre ère91. Cette réforme a touché aussi les émissions en bronze en supprimant les plus petites dénominations et en introduisant de nouvelles variétés92.
40Le trésor de Byllis est postérieur à celui de Dimale. Il est composé de 38 deniers romains et de 12 deniers d’Apollonia. Ce trésor est le premier où l’on trouve l’association de deniers républicains et de deniers d’Apollonia, ce qui indique une coexistence, peut être en termes d’égalité entre les deux types de monnaies. La coexistence des monnaies locales et romaines témoigne du fait que l’introduction des monnaies romaines dans le marché local était graduelle.
41La fin de la guerre civile et les déductions dans la ville des colons de Marc Antoine et d’Auguste ont signé l’arrêt de l’activité monétaire de Dyrrachion. À l’inverse, Apollonia a continué à frapper ses propres monnaies même pendant la période impériale. La ville était l’alliée de César pendant les guerres civiles et Octavien lui attribue le statut de civitas libera et immunis. Ce fait et la réforme monétaire ont rendu possible la continuité des frappes d’Apollonia. Dans les dernières frappes en bronze de Dyrrachion que contient le trésor de Lleshan93, on remarque un effort pour s’adapter aux standards des bronzes d’Apollonia, probablement afin de résister aux changements politiques de la fin de la guerre civile. Cette adaptation se voit dans les changements affectant la typologie et dans le standard des poids qui deviennent les mêmes que ceux des monnaies d’Apollonia. Une autre information doit être soulignée : l’apparition dans les dernières frappes monétaires de Dyrrachion d’un nom romain, Gaius. Il se peut que la communauté d’Italiens établie dans cette ville soit à la base de ces changements monétaires. Ils essayent sans doute de repositionner le rôle de la ville face aux Romains après les guerres entre César et Pompée. Apparemment, cela ne sera pas suffisant pour poursuivre les frappes dans cet atelier. Toutefois, la suspension de l’atelier de Dyrrachium est plutôt la conséquence d’une décision politique qu’un échec économique dû à l’absence de réforme monétaire comme celle d’Apollonia.
42Le Ier siècle avant notre ère est marqué par une circulation monétaire très dense. Le nombre élevé des trésors et l’augmentation de la quantité des monnaies romaines témoignent d’une période d’insécurité et de guerre dans la région. D’un autre côté, l’existence de drachmes locales frappées parallèlement aux monnaies romaines dessine la transition monétaire et économique de la région, jusqu’à l’assimilation complète par la monnaie romaine impériale pendant le règne d’Auguste. Cette transition monétaire semble s’être effectuée graduellement et sans engendrer de ruptures.
43La fin de la guerre civile marque aussi l’arrêt des frappes de Dyrrachium et ouvre la route à l’expansion de la monnaie romaine. À cette époque, les monnaies locales illyriennes avaient disparues de la circulation. Les villes et l’aristocratie qui apparaissent dans les monnayages émis après la chute de Genthios ont perdu tout contrôle sur leurs propres émissions. À partir du règne d’Auguste, c’est la monnaie romaine qui circule sur l’ensemble du territoire.
Frappes impériales et circulation monétaire
44Auguste fit introduire une gamme complète de dénomination de tous les métaux. L’empereur, capable d’exercer une influence dominante sur l’administration financière, réorganisa les finances de l’État qui, pendant la République, se trouvaient sous le contrôle du Sénat. Ces actions mirent également fin aux multiples émissions de Marc Antoine et de ses généraux pendant la guerre civile.
45Dans ce contexte, plusieurs villes qui avaient connu une grande activité monétaire pendant les périodes précédentes s’intégrèrent au cadre monétaire impérial. En Illyrie, ainsi qu’en Épire, la continuité des frappes pendant la période romaine impériale trouve ses origines dans la politique romaine de la période républicaine. Seules trois cités, Apollonia, alliée des Romains qui entreprit une réforme monétaire établie selon les standards romains, Bouthrôtos, qui devient une colonie romaine, et Phoinikè continuent leur activité monétaire.
46Le statut d’Apollonia et sa réforme monétaire lors des dernières années de la République, expliquent en premier lieu la continuité de la production monétaire de l’atelier de cette ville94. Les frappes d’Apollonia pendant l’Empire sont assez irrégulières. Elles commencent avec Auguste et Tibère pour ne s’arrêter qu’après le règne d’Hadrien. Ensuite, la ville continue à frapper monnaie jusqu’au règne d’Élagabal. Le début des frappes impériales marque aussi la fin des deniers en argent d’Apollonia : la monnaie impériale de cette ville se limite au bronze.
47Les émissions et l’iconographie de la période d’Auguste ne différent pas beaucoup de celles des années républicaines. Le seul apport est l’image de l’empereur accompagné du titre CEBACTOC. Après Tibère, l’atelier de la ville cesse son activité pendant une longue période. Même pendant le règne de Néron, quand la plupart des villes grecques frappent de riches séries monétaires, l’atelier d’Apollonia reste paralysé95.
48À cette absence de frappes monétaires correspond une série de monnaies autonomes de la ville. H. Ceka est le premier à mettre en évidence cette série qui n’utilise pas la tête de l’empereur sur le revers, mais fait référence à des symboles issus de monnaies précédentes d’Apollonia, comme Apollon et Artémis. Sur le revers, le trépied et l’obélisque continuent à figurer. L’existence d’une telle série met en évidence la vraie autonomie de la ville. Ainsi, Apollonia continue d’affirmer parmi les monnaies sa propre identité civique à travers les dieux fondateurs de la cité et ses monuments. Cependant, à côté de la manifestation de cette autonomie de la ville face à l’Empire on voit l’apparition des noms romains sur ses monnaies civiques96.
49Les monnaies d’Apollonia portant la tête de l’empereur recommencent avec Hadrien. En revanche, l’introduction d’un nouveau symbolisme a lieu pendant le règne de Septime Sévère et de ses fils. On voit sur ces monnaies l’apparition de Victoria, Zeus, Héraclès, Hadès, Poséidon, Aphrodite, Asclépios et Dionysos, ainsi que des dieux jusqu’alors inconnus de la ville, comme Sérapis, Isis-Tychè, Hermanoubis qui sont d’origine égyptienne97. La présence de ces dieux orientaux montre aussi l’adoption par Apollonia du grand répertoire des divinités de l’Empire. Il est très probable que l’apparition de ces cultes orientaux soit due à une influence directe de l’origine de l’empereur et des campagnes victorieuses qu’il a menées en Égypte.
50En outre, une autre représentation intéressante est celle d’Aôos, le fleuve qui débouchait près d’Apollonia. Les villes romaines, surtout celles de la partie orientale de l’Empire, étaient dans une sorte de rapport de compétition quant à la représentation de leurs symboles ou de leur mythologie. Pour cela, dans les frappes de Commode, les Nymphes et le Nymphaion réapparaissent, représentant l’éruption de gaz naturel.
51Les frappes de Geta et de Caracalla sont les plus variées et les plus riches en iconographie. Ce fait nous semble surprenant puisque Geta n’est resté au pouvoir qu’une seule année. Ses frappes sont pourtant plus nombreuses que celles de son frère. Il se peut que cette présence multiple des Sévères sur les monnaies d’Apollonia renvoie à l’organisation de jeux qui avaient pris beaucoup d’importance pendant le règne de Septime Sévère98. Ces jeux et ces fêtes faisaient partie d’une politique impériale puisque c’était l’empereur qui donnait l’autorisation pour leur organisation. Cependant, aucune de ces monnaies ne fait directement référence aux jeux ou aux fêtes.
52La monnaie d’Apollonia cesse à la fin du règne d’Élagabal. Toutefois, il faut dire que les monnaies impériales n’ont pas circulé en dehors de la ville. Elles possèdaient donc une importance locale, puisqu’à part les frappes des Sévères, les émissions des autres empereurs ne sont pas très nombreuses.
53L’installation de la colonie romaine à Bouthrôtos marque aussi le début de l’activité monétaire dans la ville. Un arrêt de l’activité monétaire se produisit sous Tibère et Caligula, pour reprendre au temps de Claude et de Néron99. Cependant, la période allant de l’installation de la colonie jusqu’au règne d’Auguste compte parmi les plus intéressantes en ce qui concerne les frappes monétaires. Récemment, une monnaie nous est parvenue de la ville voisine de Phoinikè, qui porte au droit deux dauphins et au revers une légende en latin : NEPOS ET SICVIVS PRAE.I.D100. Le symbole est totalement inconnu dans les frappes de la région. En revanche, sur le revers, ni empereur ni divinité ne sont représentés. La légende indique que l’émission a été frappée par ordre des deux préfets Nepos et Sicuius, phénomène qui semble très rare sur les frappes monétaires. La légende latine de la monnaie indique plutôt une frappe de Bouthrôtos que de Phoinikè, laquelle utilise seulement le grec dans la légende de ses monnaies. Toutefois il faut s’en tenir aux hypothèses puisqu’on ne dispose pas de légende donnant le nom de la ville. Malheureusement il s’agit d’une trouvaille fortuite que l’on ne peut dater avec précision, mais il s’agit probablement d’une frappe de la fin de la période républicaine, période durant laquelle les monnaies de Bouthrôtos étaient frappées par les duumviri101.
54Sur les monnaies du début de la colonie on voit l’apparition de plusieurs divinités très connues en Épire comme Zeus et Asclépios, qui possède un temple dans la ville. Sur une monnaie d’Auguste, on voit aussi l’image du taureau, lequel est supposé avoir donné le nom de la ville102. Outre ces représentations connues, on voit également l’apparition des monuments de Bouthrôtos construits par les colons, comme c’est le cas pour l’aqueduc. La représentation de l’architecture urbaine sur les monnaies est une nouveauté, non seulement pour Bouthrôtos, mais pour toute la région, et constitue ainsi un élément introduit par les Romains dans le symbolisme de la ville.
55Sur les frappes de Claude et de Néron, on note la disparition des duoviri. Parmi les symboles utilisés par ces deux empereurs on remarque l’apparition du Génie de la ville103 ainsi que de la palme, utilisée auparavant pour les monnaies de Phoinikè. Apparaissent également de nouveaux thèmes iconographiques, comme les poissons104 et la Victoire105.
56Après le règne de Néron, l’activité monétaire à Bouthrôtos s’interrompt. On ignore les raisons qui ont conduit à cette situation, mais en nous référant à la situation historique, on pourrait penser que cette rupture soit le résultat des limitations que Vespasien impose à la Grèce, contrairement aux droits accordés par Néron106. Il pourrait aussi s’agir d’un arrêt volontaire de la frappe locale en signe d’acceptation du pouvoir romain. Ce phénomène est déjà connu dans l’Empire romain, mais il concerne plutôt les provinces occidentales107. Ainsi, les frappes monétaires de la période impériale à Bouthrôtos sont-elles sporadiques.
57On ne trouve pas à Bouthrôtos de monnaies provenant de Phoinikè, pourtant toute proche, pas plus qu’on ne trouve à Phoinikè de monnaies de Bouthrôtos. Ce fait montre que le caractère de ces monnaies demeurait très local.
58Comme on l’a déjà mentionné, Phoinikè commence son activité monétaire après la conquête romaine, ce qui implique une autorisation de la part de Rome. La soumission au pouvoir central a conduit à l’adaptation de son monnayage aux standards romains. Cette réorganisation monétaire a eu lieu vers la fin de l’époque républicaine, entre 44 et 27 avant notre ère108.
59Néron est le premier parmi les empereurs romains à frapper ses propres monnaies à Phoinikè109. Elles représentent la divinité familière de la région, Zeus, utilisée aussi sur les monnaies du Koinon d’Épire. Mais, à part la représentation de la divinité et de l’empereur portant le titre de NEPΩN< KΛ. KAΙ CEBA. ΓEPMA., on note qu’au revers la ville mentionne bien son appartenance à l’Épire par la légende ΦOΙNΙKA<AΠO<HΠ qui signifie les Phoinikaieis d’Épire110. Les monnaies de Néron frappées à Bouthrôtos et à Phoinikè célèbrent aussi la liberté que cet empereur attribua à la Grèce en 67 de notre ère. L’année qui suivit, Néron fut cependant condamné par le Sénat de Rome et se suicida. La damnatio memoriae qui s’ensuivit est illustrée par quelques exemplaires de Phoinikè111.
60Aucune donnée ne permet ensuite de démontrer la continuité des frappes dans l’atelier de Phoinikè pendant plus d’un siècle ; elles reprennent seulement sous l’empereur Trajan, duquel on connaît plusieurs émissions112. La légende porte le titre de l’empereur AYTOKPATΩP<KAΙΣAP<TPAΙANOΣ. En revanche, aux revers, on note l’introduction de nouvelles divinités comme Dionysos, Nikè et Asclépios, rompant avec les frappes précédentes. Ces frappes de Phoinikè autorisées par Trajan sont très importantes parce qu’elles coïncident avec la création de la province d’Épire par l’empereur. On remarque aussi l’absence d’activité monétaire de cet empereur dans les autres villes, Apollonia comprise.
61Ces frappes témoignent encore une fois de l’intérêt que cet empereur portait aux provinces, où il passait également beaucoup de temps, étant lui-même le premier empereur d’origine provinciale. Il se peut que ces émissions soient liées à un privilège spécifique accordé par lui à Phoinikè dans le cadre de la nouvelle province d’Épire.
62À part ces frappes provinciales d’Apollonia, de Bouthrôtos et de Phoinikè, les monnaies impériales romaines dépassent largement en quantité et en diffusion ces monnaies locales. Dans le cabinet numismatique de Tirana se trouvent presque 2500 exemplaires de monnaies impériales romaines datant des Ier au IIIe siècles de notre ère. Malheureusement elles ne sont pas encore publiées, et surtout on ignore la provenance de la majorité d’entre elles. Toutefois, les données limitées que nous parvenons à rassembler par l’analyse de ces monnaies nous aident à mieux comprendre la circulation monétaire en Illyrie et en Épire pendant la période impériale.
63Les monnaies d’Auguste sont bien présentes : on le voit non seulement par leur quantité mais aussi par le fait que leur diffusion est vaste, puisqu’on les retrouve dans la plupart des villes comme Phoinikè, Lissus, Scodra, Apollonia et Amantia. L’introduction de ces monnaies constituait aussi pour les Illyriens le premier contact avec le symbolisme romain et le culte impérial. Les exemples des autres Julio-Claudiens sont également représentés mais en moins grand nombre que ceux d’Auguste.
64Par ailleurs, sous la dynastie des Flaviens, le nombre de monnaies sur le territoire diminue, ce qui laisse supposer que leur diffusion se raréfie. Ces empereurs ne sont pas non plus actifs dans les ateliers d’Apollonia, de Bouthrôtos et de Phoinikè, ce qui est probablement la conséquence des guerres civiles qui ont touché l’Empire après le suicide de Néron. Parmi les monnaies des empereurs de cette dynastie, celles de Vespasien et de Domitien ont été trouvées à Amantia, Apollonia et Dimale.
65L’arrivée des Antonins marque l’entrée dans une autre étape de la circulation monétaire en Illyrie. Le début du IIe siècle voit l’augmentation du nombre des monnaies romaines, surtout de Trajan, d’Hadrien et de Marc Aurèle. Cet accroissement des monnaies romaines coïncide aussi avec l’affluence des frappes que ces empereurs réalisent à Apollonia. Cependant leur diffusion, comme auparavant, se limite seulement aux villes d’Apollonia, Dyrrachium, Scodra, Lissus, Amantia, Dimale et Hadrianopolis.
66Contrairement à leur grande activité monétaire à Apollonia, les Sévères ne sont pas très présents dans la circulation monétaire de l’Illyrie et de l’Épire à la fin du IIe siècle. Les trouvailles monétaires de Scodra nous donnent la même impression113. En revanche, au IIIe siècle, même si l’on est en présence d’une crise monétaire et politique, on note une augmentation du nombre des monnaies. Les monnaies de Gordien I, Gordien II, Gallien et Probus sont les plus nombreuses, surtout à Apollonia, Lissus et Scodra. Cependant, on considère que cette augmentation du nombre des monnaies impériales ne s’explique pas par des raisons économiques mais plutôt par des motifs militaires. Les réformes monétaires de cette période ont beaucoup diminué la valeur de la monnaie.
67Toutefois, les indices suggèrent que pendant le IIe siècle de notre ère, la circulation monétaire avait atteint son niveau maximal en Illyrie et en Épire. Cette monétarisation entre en corrélation avec d’autres processus qui progressent pendant ce siècle, comme celui de l’urbanisation, de la croissance démographique de la population et de l’intégration de ces provinces dans un marché méditerranéen.
68La même situation apparaît également à l’analyse du trésor de Dyrrachium114. Ce trésor est le plus important trouvé en Albanie. Il a été découvert en 1941 pendant des travaux de construction dans la ville. Il est composé de 3874 deniers et de deux sesterces. Une monnaie de Marcus Aurelius a permis de dater son enfouissement en 170 de notre ère115. La majorité des monnaies appartient aux règnes de Trajan (857 pièces) et d’Hadrien (781 pièces). Cette période est également la plus prospère dans la région, et spécialement à Dyrrachium.
69Parmi différents signes, le nombre élevé de monnaies romaines nous invite à conclure que la période romaine a amené une monétarisation plus importante du marché par rapport à la situation hellénistique. Il apparaît que cette plus grande monétarisation de l’économie est liée à l’urbanisation. En effet, les Romains ont accordé une grande importance à la vie urbaine où ils ont concentré toute leur administration. La vie en ville signifiait ainsi un contact plus fréquent avec les monnaies, puisque la plupart des monnaies romaines découvertes est de provenance urbaine.
Conclusion
70Au IIIe siècle avant notre ère, l’Illyrie méridionale et l’Épire présentent la multiplication d’ateliers monétaires actifs la plus forte. Cette situation est surtout le fait de l’affirmation de l’identité civique. La plupart de ces ateliers sont fermés après la troisième guerre de Rome contre les Illyriens. Par ailleurs, de nouvelles séries de frappes apparaissent : des émissions issues des communautés, des villes ou du roi, qui font référence aux élites qui avaient soutenu Rome dans sa guerre contre Genthios. Ces nouvelles séries ne semblent avoir connu ni une large distribution ni une longue continuité chronologique.
71À première vue, la disparition de plusieurs types monétaires et l’introduction de nouveaux modèles peut faire penser à une rupture dans la circulation monétaire de cette région pendant les IIe et Ier siècles avant notre ère. Cependant, ni les types qui disparaissent, ni les nouveaux qui les remplacent n’ont fortement influencé la circulation monétaire et les relations économiques. Les frappes de Dyrrachium et d’Apollonia tiennent la place principale dans la circulation monétaire de l’Illyrie.
72La monnaie romaine est fortement associée à la présence physique des Romains en Illyrie et en Épire. Comme on l’a déjà noté, cette présence débute pendant les guerres contre Rome et prend progressivement de l’ampleur jusqu’aux guerres civiles. Ceci a aussi conditionné la distribution de la monnaie républicaine, identifiée seulement dans les régions les plus impliquées dans les événements historiques des deux derniers siècles avant notre ère.
73Pour de multiples raisons, la transformation monétaire fut un processus très progressif. Premièrement, la monnaie romaine a circulé pendant un siècle parallèlement aux monnaies locales. Deuxièmement, la réforme monétaire entreprise par Apollonia au Ier siècle avant notre ère constitue un autre grand pas vers la transformation monétaire, puisque la cité était à la tête de la circulation, sa monnaie faisant office de référence pour les frappes des autres villes. Cette tradition de coexistence et de points en commun entre les monnaies locales et romaines a engendré également une certaine fusion. Pendant les guerres civiles, l’implication d’Apollonia et de Dyrrachium dans un camp ou dans l’autre a placé leurs ateliers monétaires sous le contrôle de Rome.
74L’époque impériale voit se poursuivre tout d’abord les émissions apolloniates, avant qu’elles ne prennent place aussi à Phoinikè et à Bouthrôtos. Les frappes de monnaies soulignent la place de l’administration municipale de la ville dans le cadre de l’Empire. Le symbolisme monétaire entretient des liens étroits avec les traditions précédentes de ces villes. Apollonia et Phoinikè utilisent des légendes en grec, tandis qu’à Bouthrôtos la présence de colons romains se fait sentir et les légendes sont en latin. Les règnes de Néron, de Trajan et d’Hadrien marquent l’apogée de l’activité monétaire de ces villes, ce qui démontre les liens étroits de ces empereurs avec les provinces. Cependant il ne semble pas que les ateliers des trois villes aient revêtu une importance régionale ou impériale. Pendant le IIIe siècle, quand Rome a dû affronter de nombreuses guerres contre les barbares, un accroissement de l’activité monétaire caractérise plusieurs ateliers provinciaux, ce qui n’est pas le cas pour Apollonia, Phoinikè et Bouthrôtos.
75En plus de la valeur économique, la monnaie romaine a aussi joué un rôle de propagande dans le processus de la romanisation des populations provinciales à travers les images, les symboles et les légendes utilisés. Le droit d’une monnaie portait la tête de l’empereur, ou l’image de sa famille. Le revers des monnaies romaines était aussi utilisé pour transmettre des messages aux peuples de l’Empire. Fecunditas, Felicitas, l’Abundancia, Concordia et Clementia par exemple personnifiaient le potentiel de l’Empire romain. Sans doute cet aspect, visuellement très perceptible, a-t-il joué un rôle important dans la romanisation des populations provinciales. Dans ce processus de romanisation, les divinités romaines qui apparaissent sur les monnaies, comme Mars, Jupiter, Minerve et Venus, jouaient un grand rôle à travers leur symbolisme.
76Finalement l’économie impériale était fondée sur la monnaie romaine. Les Romains ont réussi non seulement l’unification monétaire mais ils ont aussi joué un rôle primordial dans la monétarisation du marché. Il ne s’agit pas d’une politique économique de la part de Rome mais d’une solution financière pratique. L’acquittement des taxes, le développement de l’économie interrégionale ainsi que l’urbanisation ont conduit à une utilisation plus importante de la monnaie par les Illyriens.
Notes de bas de page
1 Voir A. H. M. Jones, Numismatics and History, dans R. A. G. Carson, C. H. V. Sutherland (éd.), Essays in Roman Coinage. Presented to Harold Mattingly, Oxford, 1956, p. 13-34.
2 Ch. Howgego, V. Heuchert et A. Burnett (éd.), Coinage and Identity in the Roman Provinces, Oxford, 2005.
3 C’est le cas de J. Eckhel, Catalogus Musei Caesarei Vindibonensis numorum veterum, Vienne, 1779 et de T. E. Mionnet, Description des médailles antiques grecques et romaines, Paris, 1837, qui ont publié des monnaies provenant de Dyrrachium et d’Apollonia. Leur travail possède un caractère simplement descriptif. En revanche, à la fin du XIXe siècle, P. Gardner, Thessaly to Aetolia, British Museum Catalogue VI, Londres, 1883, fournit une étude plus complète, non seulement sur les monnaies d’Apollonia et de Dyrrachium, mais aussi sur les autres frappes épirotes. Les frappes de Scodra et de Lissus ont été publiées par J. Brunsmid, Die Inschriften und Münzen Städte Dalmatiens, Vienne, 1898. Il s’est également intéressé aux frappes des rois illyriens Genthios et Ballaios.
4 A. Evans, On some Recent Discoveries of Illyrian Coins, dans NC, XX, 1880, p. 269-302 ; C. Patsch, Das Sandschak Berat in Albanaien... cit.
5 H. Ceka, Probleme të numismatikës ilire, Tirana, 1965. Ce livre reste la seule synthèse sur les monnaies illyriennes jusqu’aujourd’hui, bien que de nouvelles découvertes numismatiques aient nuancé ou contredit la majorité des idées proposées par H. Ceka.
6 Voir pour Zgërdhesh S. Islami, Kërkimet e vitit 1973 dhe të dhëna numizmatike nga Zgërdheshi, dans Iliria, 3, 1974, p. 413-420 ; pour Dimale, voir B. Dautaj, Të dhëna numizmatike nga Dimali, dans Iliria, 1, 1984, p. 131-169 ; pour Antigonea, voir Dh. Budina, Antigonea e Epirit... cit., p. 327-346 ; pour Klos, voir L. Papajani, Monedha të zbuluara në qytetin ilir në Klos, dans Iliria, VI, 1976, p. 259-273 ; pour Phoinikè, voir Sh. Gjongecaj, Quelques réflexions sur la politique monétaire de la ville antique de Phoinikè, dans P. Cabanes, J.-L. Lamboley (éd.), L’Illyrie méridionale et l’Épire dans l’Antiquité IV... cit., p. 169-174 ; Ead., Nuovi dati numismatici da Phoinike, dans S. De Maria, Sh. Gjongecaj (éd.), Phoinike III, Bologne, 2005, p. 161-180 ; pour Apollonia voir la publication des monnaies trouvées dans la nécropole romaine par A. Mano, Nekropoli i dystë i Apollonisë... cit., p. 153-256.
7 En ce qui concerne les monnaies républicaines, nous renvoyons à notre mémoire de maîtrise : La circulation des monnaies républicaines en Albanie, soutenu en 2001 à l’Université de Tirana, encore non publié. Quant aux monnaies impériales, un corpus est en cours de réalisation par Sh. Gjongecaj, S. Shpuza et A. Meta. Certaines de ces données vont être utilisées ici pour compléter le cadre de la circulation de la monnaie impériale en Albanie.
8 Avant l’introduction de la monnaie en Illyrie, certains objets métalliques possédaient une valeur similaire. Parmi les plus connus trouvés dans le territoire en question, on peut citer les haches, que l’on a retrouvées en grande quantité dans la région de Lissus. 120 exemplaires ont été retrouvés ensemble, comme pour un trésor monétaire. L’hypothèse de leur fonction d’objet d’échange se fonde sur leur état non achevé. Le dépôt de Lissus n’est pas l’unique trouvaille de la région. Le phénomène est connu dans le nord de l’Albanie, surtout dans les montagnes riches en métaux. Voir F. Prendi, Një depo sopatash nga Torovica e Lezhës, dans Iliria, 2, 1984, p. 19-47.
9 La seule différence entre les monnaies d’une ville et d’une autre reste leur légende. La ressemblance des types de monnaies de ces deux colonies est probablement liée à une politique économique commune ayant pour but le renforcement des relations économiques avec l’intérieur du pays. Par ailleurs, elle témoigne aussi d’une dépendance politique et économique entre les deux villes. L’existence d’une telle alliance est soutenue par plusieurs auteurs. Cependant, cette alliance repose uniquement sur les frappes en argent, puisque les frappes en bronze des deux villes sont très différentes les unes des autres. Cette conclusion est fondée sur l’utilisation de la même typologie monétaire par les deux villes, des mêmes standards, d’un poids identiques et parfois des mêmes symboles. Tous ces éléments sont en faveur d’une alliance monétaire bien définie entre Apollonia et Dyrrachium. Voir sur ce sujet : H. Ceka, Monetat e lashta të Dyrrhachionit dhe të Apollonisë dhe të dhënat e tyre mbi gjendjen ekonomike dhe historinë e ilirëve të vendit tonë, dans BSHSH, 3, 1955, p. 32-35 ; Id. Probleme të numismatikës... cit., p. 61-64 ; Sh. Gjongecaj, Thesaret, burime të rëndësishme informacioni për numizmatikën ilire, dans Iliria, 1-2, 1998, p. 162 ; Ead., Les drachmes d’Apollonia à la vache allaitant, dans RN, 2000, 155, p. 138.
10 La chronologie de l’activité monétaire de ces deux villes a été longtemps discutée. H. Ceka l’a établie vers la seconde moitié du Ve siècle avant notre ère (Probleme të numizmatikës... cit., p. 15). La découverte de plusieurs trésors, vingt ans après, a précisé la datation en la fixant vers le début du IVe siècle. La composition de ces trésors suppose l’absence de frappe de ces deux villes avant cette date. Voir Sh. Gjongecaj, Le trésor de Kreshpan (Albanie), dans RN, 153, 1998, p. 81-103.
11 C. M. Kraay, Archaic and Classical Greek Coins, Londres, 1976, p. 126-129. Pour l’aide monétaire qu’Apollonia offre aux Corinthiens, signalons que le nom de la cité est mentionné dans le monument de la victoire érigé à Corinthe, voir CIGIME 1, 2, no 307.
12 Une quantité considérable de fausses monnaies a été trouvé dans les deux villes ainsi que dans les Balkans profonds, au-delà de l’Illyrie. Voir H. Ceka, Datimi i drahmeve të Dyrrahut dhe të Apollonisë, dans SH, 3, 1966, p. 33-45 ; A. Sasianu, Imitations and counterfeits of the Apollonia and Dyrrachium type drachmas and their circulation, dans P. Cabanes (éd.), L’Illyrie méridionale et l’Épire dans l’Antiquité... cit., p. 218. Un trésor composé de 77 faux bronzes de Dyrrachium a été trouvé à Apollonia. Ces monnaies ont toutes les caractéristiques des frappes d’argent et elles paraissent non utilisées. Ce qui attire l’attention est leur émission à Apollonia, alors qu’elles portent la légende de Dyrrachium. Voir Sh. Gjongecaj, O. Picard, Trésor d’Apollonie 1941, dans RN, 153, 1998, p. 104. Le pic de production des fausses monnaies se situe entre les années 120-70 avant notre ère.
13 Les sources historiques mentionnent vers 280 avant notre ère un roi illyrien, Monounios, qui intervient dans les affaires des rois macédoniens après la mort d’Alexandre ; voir Trogue Pompée, Histoire universelle, XXIV. Quant à Tite-Live, il cite un roi Dardanien nommé Monounios vers 180 avant notre ère (Tite-Live, XXV). Il évoque une campagne menée contre lui par Alexandre II d’Épire. Ainsi, l’existence de ce roi peut être située vers 270-260 avant notre ère.
14 Voir Sh. Gjongecaj, Le trésor de Kreshpan... cit., p. 96 ; H. Ceka, Probleme të numizmatikës... cit., p. 44 ; O. Picard, Illyriens, Thraces et Grecs. La monnaie dans les rapports entre populations grecques et non grecques, dans Iliria, 1, 1986, p. 140.
15 P. Gardner, Thessaly to Aetolia, British Museum Catalogue VI... cit., p. XL.
16 H. Ceka, Probleme të numizmatikës... cit., p. 20.
17 Pline, Histoire Naturelle, XXXIII, 13, 46 (éd. H. Zehnacker) : « La pièce qui est actuellement appelée victoriat a été frappée en vertu de la loi Clodia ; auparavant cette monnaie, importée d’Illyrie, n’était considérée que comme une marchandise. Elle porte l’effigie de la victoire, et c’est de là qu’elle tient son nom ».
18 M. H. Crawford, Coinage and Money under the Roman Republic : Italy and the Mediterranean Economy, Londres, 1985, p. 55.
19 Sh. Gjongecaj, Le trésor de Kreshpan... cit., p. 81-103.
20 O. Picard, Sh. Gjongecaj, Trésors de monnaies de bronze d’Apollonia d’Illyrie. XII Internationaler Numismaticher Kongress Berlin 1997, Berlin, 2000, p. 155.
21 Sur la diffusion des monnaies d’Apollonia et de Dyrrachium voir H. Ceka, La datation des drachmes de Dyrrachion et d’Apollonie et l’époque de leur pénétration massive vers les côtes de la Mer Noire, dans SA, 3, 1966, p. 213-224 ; Sh. Gjongecaj, O. Picard, Drachmes d’Apollonia et de Dyrrhachion dans les Balkans, dans SA, 1, 2005, p. 139-154. La plupart des drachmes trouvées dans ces trésors appartiennent à la période 120-80/70 avant notre ère.
22 Sh.Gjongecaj, O.Picard, Drachmes d’Apollonia et de Dyrrhachion dans les Balkans... cit., p. 139-154 ; A.Meta, Guerre et circulation monétaire : le cas des drachmes de Dyrrachion, dans A. Rufin Solas (éd.) en collaboration avec M.-G. Parissaki et E. Kosmidou, Armées grecques et romaines dans le nord des Balkans, Gdansk-Torun, 2013, p. 117-133.
23 Sur la typologie des monnaies du Koinon d’Épire voir P.R.Franke, Die antiken Münzen von Epirus, Wiesbaden, 1961. P. R.Franke considère Dodone comme la ville qui frappe les monnaies de ce Koinon parce que selon lui, elle représente la ville principale en Épire à cette époque. En revanche, Dh. Budina, qui a fouillé à Antigonea, pense que cette ville d’Épire avait aussi un atelier pour frapper les monnaies du Koinon. Il fonde son hypothèse sur la trouvaille dans la ville d’un lingot de bronze et de monnaies non achevées du Koinon. Il y rajoute aussi le nombre considérable de monnaies du Koinon épirote trouvées dans la ville. Voir Dh.Budina, Antigonea... cit., p. 177.
24 Sur la distribution des monnaies d’Épire dans l’Illyrie méridionale voir Sh. Gjongecaj, La circulation des monnaies de l’Épire dans les centres illyriens, dans P. Cabanes (éd.), L’Illyrie méridional et l’Épire dans l’Antiquité I... cit., p. 223-226.
25 Sh. Gjongecaj, Prerjet monetare të Amantisë, dans Iliria, 7-8, 1977-1978, p. 88.
26 Scheiger est le premier à nous informer à propos de certaines monnaies qui portent la légende Oλυµπασταν. Ces monnaies affirment l’existence d’une ville d’Illyrie nommée Olympas. F. Von Scheiger, Monnaies inédites ou peu connues de l’Illyrie méridionale et de l’Épire septentrionale, dans J. Babelon, J. Lafaurien (éd.), Congrès international de numismatique, II, Paris, 1957, p. 94. Voir aussi B. Dautaj, Kalaja e Mavrovës dhe identifikimi i saj me qytetin ilir Olympe, dans Iliria, 1, 1981, p. 57-91 : c’est dans les années 1970 que les fortifications de la colline de Mavrova ont été identifiées avec Olympè. Les fouilles ont daté l’enceinte qui a été construite au IIIe siècle avant notre ère pour remplacer le premier rempart daté entre le Ve et le IVe siècle. Une importante activité a été notée sur ce site jusqu’à la fin du Ier siècle avant notre ère, ce dont témoigne entre autres la trouvaille de quelques monnaies qui portent la légende de la ville.
27 H. Ceka, Probleme të numizmatikës... cit., p. 83.
28 Après la conquête définitive de l’Épire et de l’Illyrie en 168 avant notre ère, Amantia reste une ville autonome (Pline, Histoire Naturelle, IV, 10, 35). Ce privilège est accordé par Rome, probablement en signe de reconnaissance de l’alliance qu’Amantia lui offrit dès les premières années de son intervention en Illyrie. En tant que ville autonome, Amantia continue les frappes dans son atelier.
29 Les deux villes utilisent les mêmes symboles, en se distinguant seulement par leurs légendes, Λіσσιτγν pour Lissus et Σκoδρινων pour les frappes de Scodra.
30 Tite-Live, Histoire Romaine, XLV 43, 4 (éd.P.Jal) : « Il fit porter dans le cortège de triomphe de nombreuses enseignes militaires et d’autres dépouilles ainsi que le mobilier royal, 27 livres d’or, 19 d’argent, 13 000 deniers et 120 000 pièces d’argent d’Illyrie.… Sur le butin, il donna à chaque soldat 45 deniers, le double à chaque centurion, le triple à chaque chevalier, aux alliés de nom latin autant qu’aux citoyens et aux marins autant qu’aux soldats.… Antias affirme que 20 millions de sesterces furent tirés de ce butin, sans parler de l’or et de l’argent qui furent portés au trésor.… Le reste du butin provenant de l’Illyrie consistait en 220 lembi ; ces bateaux, pris au roi Gentius, furent, à la suite d’un sénatus-consulte, attribués par Q. Cassius aux Corcyréens, aux Apolloniates et aux habitants de Dyrrachium ».
31 H. Ceka, Probleme të numizmatikës... cit., p. 95.
32 Tite-Live, Histoire Romaine, XLV 26, 15.
33 B. Jubani, Monnaies illyriennes à l’ethnikon de Labiatan découvertes à Kukës, dans SA, 1, 1972, p. 72.
34 Voir S. Islami, Prerjet monetare të Shkodrës, Lisit dhe Gentit. Përpjekje për një rishqyrtim të problemit, dans SH, 3, 1966, p. 3-52.
35 Voir H. Ceka, Bust i mbretit Gent apo një figurë e mitologjisë ilire, dans Iliria, 6, 1976, p. 141.
36 D.Rendiç-Mioćević, Ballaios et Pharos. Contribution à la typologie et à l’iconographie des monnaies gréco-illyriennes, dans Archeologia Iugoslavica, V, 1964, p. 88.
37 G. Gorini, Re Ballaios : una proposta cronologica, dans Il crinale d’Europa. L’area illirico-danubiana nei suoi rapporti con il mondo classico, Rome, 1984, p. 43-49.
38 Selon A. Evans, qui a fouillé à Rhizon, les monnaies de Ballaios ont été trouvées accompagnées de matériel romain. Outre les monnaies de ce roi, il a trouvé d’autres émissions portant la légende MYN probablement un descendant de Ballaios ; voir A. Evans, On some recent discoveries... cit., p. 291. Ces dernières monnaies montrent une influence romaine puisqu’elles utilisent les symboles de Virtus, de Pallas et de Libertas.
39 Sur les frappes de Rhizon voir D. Ujes, Autonomous Coinages of Rhizon in Illyria, dans P. Cabanes, J.-L. Lamboley (éd.), L’Illyrie méridionale et l’Épire dans l’Antiquité IV... cit., p. 149-169.
40 P. Dyczek, Illyria and the Balkan Provinces in United Europe, Varsovie, 2011, p. 81-83 ; R. Ciolek, « Great hoard » of 4656 coins of King Ballaios from Risan, dans Novensia, 21, 2010, p. 7-12 ; P. Dyczek, Preliminary remarks on the archaeological context of the discovery of the « great hoard » of 4656 coins of King Ballaios in Risan (Rhizon/Risinium), dans Novensia, 21, 2010, p. 45-50.
41 Sur la corrélation entre la violence des guerres et l’enterrement des trésors voir M. H. Crawford, Coin Hoards and the Pattern of Violence in the Late Republic, dans PBSR, 37, 1969, p. 76-81.
42 R. Duncan-Jones, Structure and Scale in the Roman Economy, Cambridge, 1992, p. 67.
43 IGCH 207.
44 O. Picard, Sh. Gjongecaj, Mendime mbi politikën monetare të Apollonisë në shekujt III-II p.e.s., dans Iliria, 1-2, 1995, p. 176 ; IGCH 437.
45 Sh. Gjongecaj, Le trésor de Kreshpan... cit., p. 81-103.
46 Sh. Gjongecaj, Thesari i Hijes së Korbit, dans Iliria, 1, 1985, p 167- 193.
47 Sh. Gjongecaj, O. Picard, Trésor d’Apollonie... cit., p. 103-105.
48 Sh. Gjongecaj, Thesari i Shalësit, dans Iliria, 2, 1986, p 258-259.
49 IGCH 438.
50 Sh. Gjongecaj, Qarkullimi i monedhave të huaja në Ilirinë e Jugut, dans Iliria, 1, 1986, p. 147.
51 H. Ceka, Datimi i drahmeve të Dyrrahut dhe Apollonisë... cit., p. 38.
52 H. Ceka, Thesari i Jubicës, hallkë tjetër me rëndësi për rënditjen kronologjike të drahmeve ilire, dans Iliria, 1, 1971, p. 83-101.
53 H. Ceka, Thesari i Jubicës... cit., p. 83-101.
54 Voir Sh. Gjongecaj, Qarkullimi i monedhave të huaja... cit., p. 145-154.
55 Hija e Korbit pourrait être identifié à l’antique Pélion.
56 Les trésors de Bouthrôtos et de Corfou, où l’on note la présence de monnaies de Dyrrachium, sont des exceptions.
57 A. Giovannini, Rome et la circulation monétaire en Grèce au IIe siècle avant J.-C., Bâle, 1978, p. 19.
58 IGCH 211.
59 IGCH 212.
60 IGCH 562.
61 IGCH 563. Ce trésor trouvé en 1782 à Scodra a disparu.
62 Sh. Gjongecaj, O. Picard, Le trésor de Senitsa et le monnayage des Chaônes en Épire, dans RN, 161, 2005, p. 51-58 ; IGCH 214.
63 O. Picard, Sh. Gjongecaj, Mendime mbi politikën monetare... cit., p. 176.
64 H.Ceka, Le trésor numismatique de Bakërr, dans SA, 1, 1972, p. 49-68 ; IGCH 559.
65 IGCH 558. Le trésor a été trouvé en 1923 et est actuellement en partie conservé au Musée de Naples.
66 A. Evans, On Some Recent Discoveries... cit., p. 269-302 ; IGCH 560.
67 Sh. Gjongecaj, H. Nicolet-Pierre, Le monnayage d’argent d’Égine et le trésor de Hollm (Albanie) 1991, dans BCH, 119, 1995, p. 283-332.
68 O. Picard, Sh. Gjongecaj, Les drachmes d’Apollonia à la vache allaitant... cit., p. 137-160.
69 H. Ceka, Le trésor numismatique de Bakërr... cit., p. 50. Il a situé l’enfouissement du trésor vers l’an 200 alors que l’armée romaine débarque à Apollonia pour attaquer le royaume macédonien qui avait occupé certaines villes illyriennes des alentours (Tite-Live, Histoire Romaine, XXXI, 27). Mais pour O. Picard et Sh. Gjongecaj la date la plus plausible de l’enfouissement de ce trésor est 168/167 avant notre ère, quand l’armée de Paul Émile ravageait l’Épire (O. Picard, Sh. Gjongecaj, Les drachmes d’Apollonia... cit., p. 154).
70 Voir Sh. Gjongecaj, La circulation des monnaies de l’Épire... cit., p. 223-228.
71 Sh.Gjongecaj, O.Picard, Le trésor de Senitsa... cit., p. 56. Les Chaônes avaient frappé leur propre monnaie depuis 360 avant notre ère dans le cadre de la Symmachie, de concert avec l’autre tribu épirote, les Molosses.
72 Tite-Live, Histoire Romaine, XLIII, 21, 4 ; 23, 6.
73 Sh. Gjongecaj, Quelques réflexions sur la politique monétaire de la ville antique de Phoinikè, dans P. Cabanes, J. L. Lamboley (éd.), L’Illyrie méridionale et l’Épire dans l’Antiquité IV... cit., p. 169-174.
74 Syll III, 653 A, n° 4 et B, n° 22 (éd. G. Dittenberger). Liste des couronnes attribuées à Cassandre d’Alexandrie de Troade.
75 F. Quantin, Le dieu Pan au féminin à Bouthrôtos : une influence italienne ?, dans É. Deniaux (éd.), Le canal d’Otrante et la Méditerranée antique et médiévale... cit., p. 67-79.
76 Sh. Gjongecaj, Quelques réflexions sur la politique monétaire de la ville antique de Phoinikè... cit., p. 169-174.
77 Sh. Gjongecaj, Qarkullimi i monedhave te Korkyrës në Ilirinë e Jugut, dans Iliria 1, 1984, p. 171-182.
78 Sh. Gjongecaj, Le trésor de Byllis, dans Revue belge de numismatique et de sigillographie in memoriam de Tony Hackens, CXLV, 1999, p. 165-175.
79 Sh. Gjongecaj, Një thesar monedhash antike nga Apollonia, dans Iliria, 2, 1981, p 105-152.
80 Sh. Gjongecaj, Thesari i Hoxharës, dans Iliria, 2, 1990, p. 207-221. Ce trésor est composé de deniers appartenant au IIe siècle avant notre ère, mais selon Sh. Gjongecaj il a été enterré au Ier siècle avant notre ère. C’est pour cette raison qu’on l’a intégré dans les autres trésors du Ier siècle.
81 Sh. Gjongecaj, Le trésor de Lleshan (Elbasan), dans RN, 163, 2007, p. 101-140.
82 H. Ceka, Dy thesare drahmesh ilire e denarësh romakë të zbuluem në Tiranë. Rëndësia e tyre historike e numismatike, dans SH, 1, 1966, p 5.
83 Sh. Gjongecaj, O. Picard, Le trésor de Dimalla 1973 et le passage du monnayage hellénistique au monnayage impérial à Apollonia d’Illyrie, dans BCH, 122, 1998, p. 283-332.
84 H. Ceka, Dy thesare drahmesh ilire e denarësh romakë... cit., p. 3-40.
85 R. Hasa, Gërmimet arkeologjike të vitit 1988 Lleshan (Elbasan), dans Iliria, 2, 1988, p. 252-253 ; Id., Vendbanimi ilir i Lleshanit në zonën e Shpatit, dans BSH, 1, 2000, p. 110. L’auteur des fouilles estime que le site remonte à l’époque du bronze, mais il pense que pendant la période hellénistique Lleshan s’est transformé en lieu de culte. Le site se situe dans un territoire traversé par la Via Egnatia, la présence d’un lieu de culte n’est donc pas impossible.
86 Sh. Gjongecaj, Les monnaies en bronze de Dyrrachium, dans D. Berranger-Auserve (éd.), Épire, Illyrie, Macédoine... cit., p. 55-70.
87 R. Duncan-Jones, Structure and Scale in the Roman Economy... cit., p. 78.
88 À Dyrrachium on a retrouvé seulement une monnaie républicaine romaine. Il s’agit d’une monnaie d’argent trouvée fortuitement et datée de 115-114 avant notre ère. Cependant, cette pauvreté ne doit pas illustrer la réalité puisqu’on sait que la ville était l’une des bases principales de l’expansion romaine dans les Balkans. Il se peut que ce résultat soit lié à la rareté des fouilles, rendues difficiles par la superposition des structures urbaines sur les vestiges antiques.
89 O. Picard, Sh. Gjongecaj, Le trésor de Dimalla... cit., p. 283-332.
90 Le denier d’Apollonia présente au droit le dieu de la cité, Apollon, qui porte une couronne de laurier. Autour, on lit le nom d’un monétaire et au revers trois nymphes se tenant par la main dansent autour du feu du Nymphaion. Entre les Nymphes sont gravées les lettres de la légende de la ville AΠOΛ- et un autre nom de monétaire.
91 Sh. Gjongecaj, O. Picard, Les drachmes d’Apollonia à la vache allaitant... cit., p. 137-160.
92 Sh. Gjongecaj, O. Picard, Les monnaies d’Apollonia, dans V. Dimo, Ph. Lenhardt, F. Quantin (éd.), Atlas archéologique et historique d’Apollonia d’Illyrie... cit., p. 81-106.
93 Sh. Gjongecaj, Les monnaies en bronze de Dyrrachium... cit., p. 55-70.
94 Sur les frappes de la période impériale d’Apollonia, voir H. Ceka, Probleme të numismatikës... cit., p. 68-73 ; RPC 1, p. 288-289 ; Sh. Gjongecaj, O. Picard, Le monnayage d’Apollonia sous l’Empire romain, dans P. Cabanes, J.-L. Lamboley (éd.), L’Illyrie méridionale et l’Épire dans l’Antiquité IV... cit., p. 135-148.
95 Une série de frappes de cet empereur, qui porte la légende Nερωνι<Aπoλλωνι< Kτιστη, est le sujet de grands débats. Ces monnaies publiées dans le British Museum Catalogue, Thesaly-Etolia, n. 84-85, ont été attribuées à la ville d’Apollonia d’Illyrie. Ceka avait rejeté cette idée parce qu’elles ne portent pas la légende caractéristique des monnaies de cette ville AΠOΛΛΩ-NΙATAN. De plus, les symboles présents sur ces monnaies se révèlent, jusqu’à aujourd’hui, inconnus à Apollonia, voir H. Ceka, Probleme të numizmatikës ilire... cit., p. 67. Selon B. Levy, il s’agit d’une série de frappes d’Achaïe émises pendant le règne de Néron, qui accorde la liberté à cette province grecque. Ainsi ces frappes commémoreraient l’événement, voir B. E. Levy, Nero’s « Apollonia » Series : the Achaean Context, dans NC, 149, 1989, p. 59-68. En effet, certaines de ces frappes portent des légendes qui font l’éloge de l’empereur, ΔIMOCIOC<ΠATPΩNΙ<EΛΛAΔOΣ.
96 H. Ceka, Probleme të numismatikës ilire... cit., p. 68. Par exemple : T. Πεδουκαιος, < Bιλλιος<Mαγνος et Tι.<Kλαυδιος<Φοριανος.
97 Sh. Gjongecaj, O. Picard, Le monnayage d’Apollonia sous l’Empire romain, dans P. Cabanes, J.-L. Lamboley (éd.), L’Illyrie méridionale et l’Épire dans l’Antiquité IV... cit., p. 141.
98 D. O. A. Klose, Festivals and Games in the Cities of the East During the Roman Empire, dans Ch. Howgego, V. Heuchert, A. Burnett (éd.), Coinage and Identity in the Roman Provinces, Oxford, 2005, p. 131.
99 Voir RPC I, p. 274-279.
100 Sh. Gjongecaj, Nuovi dati numismatici da Phoinike, dans S. De Maria, Sh. Gjongecaj (éd.), Phoinike III, Bologne, 2005, p. 161.
101 Voir RPC I, n. 1378.
102 RPC I, n. 1394.
103 Il s’agit de l’explication donnée par les auteurs du corpus. En effet ces monnaies représentent un homme assis sur une roche et qui tient dans sa main un cornucopia et une patère. Voir RPC I, n. 1396-1397.
104 RPC I, n. 1416-1417.
105 RPC I, n. 1415.
106 Il a été remarqué que, contrairement aux autres villes de la province d’Achaïe, on ne voit pas dans les monnaies de Bouthrôtos la célébration de la liberté accordée par Néron, ce qui peut laisser supposer que Bouthrôtos faisait partie de la Macédoine et non de l’Achaïe. L’incertitude sur les vraies limites entre ces deux provinces a été plusieurs fois mise en évidence. Voir G. Pollo, Quelques aspects de la numismatique coloniale de Buthrote... cit., p. 261 ; M. Amandry, Le monnayage des duovirs corinthiens, Paris, 1988, p. 19.
107 A. Burnett, The Roman West and the Roman East, dans Ch. Howgego, V. Heuchert, A. Burnett (éd.), Coinage and Identity in the Roman Provinces... cit., p. 177.
108 Sh.Gjongecaj, Quelques réflexions sur la politique monétaire de la ville antique de Phoinikè, dans P. Cabanes, J.-L. Lamboley (éd.), L’Illyrie méridionale et l’Épire dans l’Antiquité IV... cit., p. 173.
109 Voir RPC I, p. 279 ; Sh. Gjongecaj, Quelques réflexions sur la politique monétaire de la ville antique de Phoinikè... cit., p. 172.
110 RPC I, n. 1418.
111 La mort de l’empereur a mené à une contremarque (« countermark ») parce que la damnatio memoriae a souvent conduit à l’effacement de la tête de l’empereur des monnaies, voir aussi Ch. Howgego, Greek Imperial Countermarks. Studies in the Provincial Coinage of the Roman Empire, dans Royal Numismatic Society, 17, 1985, p. 4.
112 Voir Sh. Gjongecaj, Nuovi dati numismatici... cit., p. 164-178.
113 Sur les monnaies impériales trouvées à Scodra voir Z. Tafilica, G. Hoxha, Monedha perandorake romake nga fondi i muzeut popullor të Shkodrës, dans Kumtari i Muzeut Shkodër, 1993, p. 77-109.
114 H. Ceka, Zbulimi i një thesari monetash antike në Durrës, dans BUSHT, 1, 1958, p. 145-206. Le nombre des pièces devait être plus élevé, mais une partie d’entre elles a disparu avant que le Musée national de Tirana ne les reçoive. De plus, comme H. Ceka le signale, après quelques mois certaines de ces monnaies se trouvaient en vente à Durrës. En outre, 55 de ces pièces ont été données au gouverneur italien d’Albanie. Le trésor devait à l’origine contenir autour de 4000 pièces.
115 H. Ceka relie ce trésor aux guerres de Rome contre les tribus du nord. Cependant, on ne peut pas exclure un simple événement fortuit puisque ces guerres se sont déroulées très loin de Dyrrachium.
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