Chapitre 4. Les « donations » envers les établissements ecclésiastiques : soutiens et contestations des élites du royaume de Dalmatie-Croatie
p. 135-150
Texte intégral
I. Les multiples visages de l’évergétisme dalmato-croate
A. Les différents types de donations
1Les actes de donation constituent une part importante et pourtant sous-estimée1 de la documentation conservée du duché et du royaume de Dalmatie-Croatie. Sur les 175 actes diplomatiques antérieurs à la chute du royaume de Dalmatie-Croatie à la fin du XIe siècle, ils représentent en effet 105 item, soit 62 % du total des actes conservés. La richesse du lexique employé pour rendre compte de ces transferts de propriété permet de comprendre la diversité du soutien apporté par les élites dalmato-croates aux institutions ecclésiastiques : les 105 cas recensés désignent des donations à proprement parler (donat, tradit, confert), des concessions (concedunt), des adjudications (adiudicat), des confirmations de donations anciennes (donationem confirmat) et des échanges (permutat, per incambium concedit). Il faut évoquer aussi 6 legs testamentaires (legat)2.
2L’analyse de différents exemples montre que le contenu de ces donations est assez varié : il porte le plus souvent sur des parcelles de terre de diverses grandeurs (terrain, île, jardin…), des bâtiments (maison, église, monastère) ou des droits (droit de pêche, exemption…). Certaines semblent plus modestes puisqu’elles portent sur des portions de bien (« un huitième d’une maison », « la moitié d’une maison » ou « un jardin jouxtant le monastère ») mais nous verrons qu’elles n’en sont pas moins importantes. D’autres donations concernent des objets (mobilier et vêtement liturgiques, livres, trésor). La donation du « banus S. » au monastère à Saint-Chrysogone permet de se faire une idée de la richesse des biens concernés :
Ego S. banus fabricaui istam ecclesiam ad honorem sancti Nicolay confessoris Christi, et sancti Petri apostoli et sancti Stephani pontificis et beati Dimitrii martiris et magni Chrisogoni martiris nec non beate dei genitricis Marie adque (!) omnium sanctorum Christi; cum coniuge mea Maria fabricaui eam. Sub temporibus domino Constantino Monomacho (!). Ego denique S., banus et imperialis protospatario, compleui hec omnia intrante anni domini millesimo octabo (!) decimo, indictione uicesima secunda, incipiente anno decimo. De propria mea facultate laboraui eam et dedi in eam XV panno (!) de sirico et una cortina de sirico, V planetas de siricos (!) et IIII paria de bracilo et IIII (paria) manipulos, III stolas, VI camiso, IIII amictos, IIII cingulos, unam cupam, I coclarem, I fistulam de argento, iconas quinque, unam de argento, III cruces, I de argento, filactas III de auro et III de argento, unam capsam et I turibulum et II calices de argento, III libros missales, I passionario (!), III omelie, smaragdum I, duo antiphonaria, II manuale, splalteria (!) IIII, imnaria II, brebiarium (!) I, duos cirostata, I sellam, I pario de bacili (!), III facitergia. Dedi etiam unam curtem, que cognominatur Insula cum ecclesiam (!) s. P. et cum VI seruos et IIII ancillas et alia curte, que uocatur Nona sella cum XII familia (!) et tertia curte, qui (!) dicitur Butina uiso cum VIII familias. Dedi XX iumentas cum II equos et XXX uaccas et CCCC pecora et XXXV porcos. Posui III campanas, que sunt apreciata I libram de auro. Hec omnia et cum ipsam e˛cclesiam trado in potestatem domini mei patri spiritali Transoni abbati, ut sit imperpetuum cellam sancti Ghrisogoni, cuius sacratissima membra Iadera retinetur (!). Et ego Marco, indigo (!) episcopus Chroatensis, collaudo, confirmo, corroboro atque concedo3.
3L’exemple de cette donation est exceptionnel par la diversité et la richesse des biens concernés qui ont contribué à la constitution du trésor du monastère Saint-Chrysogone. On y trouve une église, fondée par le ban S. et sa femme, du mobilier liturgique en grande quantité (vêtements, objets, antiphonaires, missels, bréviaires, psaultiers), 3 demeures avec des serviteurs et 20 juments, 2 chevaux, 30 vaches, 400 chèvres et 35 porcs, ainsi que 3 cloches de grande valeur. Cet exemple est aussi remarquable par la fonction de son donateur, le « banus S. ». Le ban représente, avec le roi, la plus haute autorité de la cour. Si certains doutent aujourd’hui de l’existence du « banus S. »4, nous pensons au contraire qu’il pourrait désigner le roi lui-même, en l’occurrence Stjepan Ier qui régna de 1030 à 10585.
B. Qui sont les principaux donateurs et bénéficiaires ?
1. Les donateurs
4L’identification des donateurs permet de proposer une interprétation générale pour expliquer la multiplication de ces donations qui révèlent une forme d’évergétisme des élites dalmato-croates : les donateurs sont avant tout les ducs et rois croates, dans 46 cas, puis des membres de l’aristocratie dalmato-croate, dans 38 cas, qui sont le plus souvent liés à la cour croate, comme l’indique le lieu de la donation qui correspond presque toujours à l’un des sièges de la cour, essentiellement Nin, Zadar, Biograd, Knin et Bihaci. Près de 80 % des donateurs sont donc issus ou liés à la cour croate, les autres cas étant le fait d’évêques, d’abbés ou d’abbayes faisant une donation à un monastère. Comme nous l’avons constaté plus haut à propos de l’imbrication des élites slaves et dalmates, le critère ethnique, basé uniquement sur l’onomastique, ne permet pas de distinguer la pratique des Croates et Dalmato-byzantins qui sont également représentés parmi les donateurs. La principale différence, d’un point de vue ethnique, pourrait être le niveau formel et stylistique des actes latins. Je ne citerai qu’un exemple, le legs testamentaire réalisé en 1044 par une habitante de Zadar nommée Dauseta qui possédait « un jardin jouxtant le monastère Saint-Chrysogone »6. Cet acte, rédigé par un diacre nommé Crisana, indique que Dauseta souhaite que son jardin revienne, après sa mort, à Vitalus, l’abbé du monastère Saint-Chrysogone, lui permettant ainsi d’étendre sa propriété au cœur même de Zadar, même si la « cartula testamenti », conformément au formulaire des donations, n’avance qu’une justification spirituelle (« pro redemcione anime mee ac defuncti uiri mei »)7. L’absence d’indication sur l’origine familiale ou sur la situation matrimoniale de la « pecatrix Dauseta » de Zadar laisse penser que nous n’avons pas à faire à une personne issue de la noblesse zaratine. Cette impression est confirmée par la brève liste de témoins dans laquelle n’apparaît aucune autorité religieuse ou civile8. Les noms à consonance slave de la donatrice « Dauseta » et de l’auteur de l’acte, le diacre « Crisana », ainsi que le niveau de style assez faible de cet acte, qui reproduit avec plus ou moins de réussite un banal formulaire de legs testamentaire9, montrent que nous avons plutôt à faire au testament d’un membre d’une famille croate possédant un jardin à Zadar où se multipliaient depuis le début du XIe siècle les donations de l’aristocratie dalmato-byzantine au monastère Saint-Chrysogone.
2. Les bénéficiaires
5Ce monastère n’était pas le seul monastère bénéficiaire de cet évergétisme aristocratique : nous constatons en effet que, dans 91 cas sur 105, les bénéficiaires sont des monastères ou des moines bénédictins, recevant des terres, des biens meubles et immeubles, etc. Ces donations révèlent donc bien une volonté d’apporter un soutien économique, matériel et foncier aux fondations bénédictines masculines (dans 70 cas) et féminines (dans 21 cas). Parmi les principaux monastères bénéficiaires de ces donations, il faut citer d’abord les fondations situées à Zadar (le monastère masculin Saint-Chrysogone et le monastère féminin Sainte-Marie), à Biograd (le monastère masculin Saint-Jean et le monastère féminin Saint-Thomas), à Split (le monastère masculin Saint-Étienne et le monastère féminin Saint-Benoît), tout près de Split, au sud, le monastère Saint-Pierre de Sello et, enfin, deux monastères insulaires, Saint-Benoît de Lokrum et Saint-Pierre de Rab.
6Les archives des principaux monastères bénéficiaires (Saint-Chrysogone de Zadar, Saint-Marie de Zadar, Saint-Jean de Biograd), qui sont conservées aux archives d’État de Zadar, contiennent des copies médiévales des actes de donations des Xe-XIe siècles mais aussi des registres de propriétés et des biens qui apparaissent comme des fragments de « cartulaires » primitifs10. Ces documents, publiés aussi dans le Codex diplomaticus, donnent une idée de la richesse foncière de ces établissements monastiques dans la seconde moitié du XIe siècle mais aussi de leur volonté de revendiquer, voir le cas échéant, de défendre leurs possessions. Ils contribuent enfin à construire la mémoire et l’identité de ces grandes fondations bénédictines11.
7La carte de l’ensemble des monastères bénéficiaires mentionnés dans le Codex diplomaticus démontre que les trois principaux centres monastiques (Zadar, Biograd et Split) sont voisins des sièges de la cour croate (Nin, Biograd, Bihaci, Klis) dont le soutien apparaît comme une cause essentielle de « l’expansion » bénédictine et du renforcement de l’influence pontificale en Dalmatie, comme nous le verrons dans le chapitre suivant.
C. La chronologie révèle-t-elle une stratégie concertée ?
8La présence, parmi les donateurs, du roi, du ban croate, et de membres de leurs familles souligne la volonté, au plus haut niveau, de contribuer à l’essor des fondations bénédictines. Le soutien officiel du roi apparaît d’abord de façon solennelle dans les exemptions royales au profit de monastères bénédictins sur lesquelles je reviendrai plus loin. Il s’exprime aussi dans le flot ininterrompu de donations volontaires émanant du souverain qui parvient à convaincre la cour et les élites dalmato-croates de l’intérêt de ses donations aux institutions ecclésiastiques, à commencer par les monastères bénédictins (fig. 9).
9Une vue d’ensemble de la chronologie de ces donations révèle que les donations se multiplient à partir des années 1030 sous des règnes de Krešimir II, de Stjepan Ier et surtout de Krešimir IV, le prédécesseur de Zvonimir qui effectua également de nombreuses donations à des institutions ecclésiastiques. La plus retentissante est probablement la donation du monastère royal Saint-Grégoire de Vrana au pape Grégoire VII en 1075 – événement majeur sur lequel nous reviendrons – qui faisait entrer de facto un monastère royal croate dans le patrimoine de saint Pierre. Avant de nous attarder sur la signification de cette donation particulière, il faut noter que les nombreuses donations aux monastères bénédictins jouèrent un rôle considérable dans l’idéologie et l’affirmation politique et sociale du royaume dalmato-croate.
II. Fonctions des donations : la construction sociale d’un équilibre politico-religieux
A. « Sauver son âme »12 et transmettre son patrimoine
10Sans surprise, les donations sont d’abord justifiées par des raisons spirituelles13 : la recherche du salut éternel pour « l’âme » du donateur, de sa famille et de ses défunts. Les formules employées, répétitives, ne traduisent aucune originalité particulière, par rapport aux formulaires de donations de l’époque carolingienne, comme en témoignent les exemples suivants :
pro remedio animarum nostrarum et parentum nostrorum defunctorum14.
pro remedio animarum nostrarum nostr˛e hempt˛e piscationis munus15.
pro remedium anim˛e me˛e / pro anime mee remedio16.
Etc.
11L’étude précise de certains actes laisse entrevoir parfois une certaine tension entre le désir du salut, qui pourrait conduire à exclure la famille naturelle, de la transmission de ses biens, et celui de la perpétuation patrimoniale. Cette tension se traduit le plus souvent par des donations partielles aux monastères, le reste des biens étant réservé à la famille. Ce procédé apparaît clairement dans un acte de 1076 faisant mémoire (recordatio) de la promesse de Lampredius, un parent de Petrus, abbé du monastère de Biograd, de léguer « à l’abbé et aux moines » de Biograd « un tiers de ses biens » (terciam partem totius sue possesionis ; tercia totius sue facultatis)17. La volonté de concilier le don aux monastères et la transmission d’un héritage peut être interprétée comme une façon de limiter les réactions hostiles de la famille mais aussi comme une manière de préserver le patrimoine familial. Cette préoccupation se traduit aussi, dans certains cas, par l’organisation de véritables trocs ou échanges de bien (per incambium dare) entre des donateurs et le monastère Saint-Chrysogone de Zadar18. L’importance de la protection des patrimoines familiaux ne s’accompagne toutefois jamais – du moins dans les actes de donations conservés – de stratégie sociale de perpétuation et de célébration d’une mémoire familiale, ni dans la noblesse dalmato-byzantine, ni à la cour croate. Même dans le cas d’une fondation monastique dirigée par la donatrice, comme nous le voyons avec la fondation du monastère Sainte-Marie de Zadar dirigé par sa fondatrice et bienfaitrice Čika, rien ne permet d’interpréter cette fondation comme une manière d’organiser la commémoration de la famille de la noble Čika, qui n’est autre que la puissante famille des Madii. Si les préoccupations familiales sont malgré tout présentes dans les actes de donations, ceux-ci frappent surtout par leurs fonctions politiques et sociales essentielles pour le royaume dalmato-croate en plein essor.
B. Représenter le roi et son royaume
12Cela apparaît clairement dans les donations royales d’îles ou d’îlots de Dalmatie. Deux exemples sont particulièrement importants : le premier concerne la donation de Hyculo (Diklo) effectué par le roi Krešimir II dans le troisième quart du Xe siècle et confirmée en 1067 par le roi Krešimir IV19 : l’étude d’un plan cadastral du XVIIIe siècle a permis à Nikola Jakšić de montrer que l’objet de la donation correspondait à une partie importante de l’ager publicus de l’ancienne colonie impériale de Jadera20. Selon cette hypothèse très stimulante, le fait que cette donation soit le fait du roi croate pourrait démontrer que le souverain croate souhaitait apparaître ainsi comme l’héritier ou du moins l’ayant-droit de l’empereur byzantin, ce qui suppose qu’il bénéficiait déjà du titre d’« éparque » de l’empereur. Nous reviendrons plus loin sur les conséquences de cette donation sur l’extension du territoire de Saint-Chrysogone de Zadar qui se rapprocha ainsi de Nin, l’un des principaux sièges de la cour croate21.
13Le second exemple porte sur la donation royale de l’île de Maun au monastère Saint-Chrysogone de Zadar en 1069 : le roi Krešimir IV profite en effet de cet acte pour remercier Dieu de l’extension du royaume croate sur la terre et sur mer (nostram propriam insulam in nostro Dalmatico mari sitam)22. Le souverain croate saisit donc l’occasion de la donation de l’île de Maun pour rappeler qu’il possède cette île avec la totalité de la mer dalmate et pour exprimer ainsi son imperium sur la mer de Dalmatie et du Kvarner. S’il est impossible de déterminer si le roi possédait réellement cette île, la donation suppose ou tend à imposer l’idée qu’il la possédait. Il est intéressant de constater une stratégie identique de la part de son rival Radoslavus, le roi de la cité de Docléa qui, dans la province ecclésiastique dirigé par l’archevêque d’Epidaurium (Raguse/Dubrovnik) Vitalis, procède à une fondation monastique à Belem (l’actuelle Plat, au sud de Dubrovnik) dont il fait donation aux moines du monastère bénédictin de l’île voisine de Lokrum. L’acte de donation est d’autant plus solennel que, d’une part, le protocole initial le situe sous l’épiscopat de Vitalis et l’abbatiat de Pierre, et que, d’autre part, le roi donateur se représente avec son épouse Julia et son fils Branislav :
Tempore Vitalis archiepiscopi, Petri abbatis et Dominici prioris etc. Ego Radoslavus rex etc. una cum conjuge mea Julia et filio Branislavo volo, quod construatur monasterium in Belem et detur monacis sancti Benedicti di Locroma etc.23
14La confrontation de ces deux actes royaux suggère une rivalité de souveraineté : les deux rois rivaux marquent leur souveraineté en procédant à des donations à des monastères, supposant ainsi que le territoire concerné par la donation leur appartient. Ces deux exemples démontrent que la parole et l’acte diplomatiques apparaissent comme des instruments d’autant plus importants que les donations aux monastères bénédictins contribuaient à développer un réseau monastique renforçant la stabilité spirituelle et religieuse de la société dalmato-croate et l’alliance entre le pouvoir croate et les institutions ecclésiastiques. Cette stratégie comportait néanmoins des risques comme en témoignent les contestations et les conflits qu’elle suscitait.
C. Maîtriser les conflits et les contestations
1. Rivalités et compétitions entre établissements ecclésiastiques
15Ces contestations prirent des formes multiples : certains actes révèlent d’abord des rivalités entre des églises qui revendiquaient la possession d’un bien reçu lors d’une précédente donation : citons par exemple l’acte du 28 septembre 892 par lequel le dux Mincimir confirme une ancienne donation du dux Tirpimir et tranche, au profit de l’Église de Salone, le conflit (magna lis ; contentiones) qui l’oppose à l’Église de Nin au sujet de la possession de l’église Saint-Georges de Petalium :
Cum magna lis inter Salonitano et Nonenso praesulibus verterentur de quondam facta donatione a Terpimiro, piissimo duce, priores sanctae matris ecclesiae Domini et Anastasii, beatorum martirum, quedam mancipando ecclesiam sancti Georgii, quae sita est in Petalio, videntur contentiones dicente Petro Spalatensi archiepiscopo: «Hanc quae dicitis ecclesiam donatam a fato duce et priuilegii statuta roboratam in nostre iuris ecclesie sub testimonium notitie mancipatam habemus» .
Respondens Aldefreda, Nonenses ecclesiae presul, dicebat: «Non ita habetur, sed nostre potius ecclesiae dominio detinetur, quoniam non in ecclesia sanctorum Domnii et Anastasii, ut dicitis. Possidenda, sed ipsius presuli fruenda ad tempus tradita est» . His ita habentibus conperto placuit mihi Muncimiro, diuino munere iuuatus Croatorum dux, (…) ut nullus deinceps de successoribus meis de potestate Spalatensis ecclesiae subtrahere audeat nel in quolibet deripere, sed iuxta priscam consuetudinem, vt donatam a patre meo recolimus et mox per presentem priuilegium denuo mancipamus, ut omnino subiaceat dicte ecclesiae iuri24.
16Après avoir fait état des contestations et des clauses comminatoires, l’acte de 892 cherche toutefois à montrer que ces contestations sont apaisées par l’unité et le consensus de la cour. Le document, qui reproduit au discours direct les arguments des deux parties et met en scène la compétition pour la possession d’une terre, est d’autant plus intéressant qu’il présente le dux comme l’arbitre du conflit ecclésiastique et le garant de l’équilibre mis en place (placuit mihi Muncimiro, diuino munere iuuatus Croatorum dux, (…) ut nullus deinceps de successoribus meis de potestate Spalatensis ecclesiae subtrahere audeat). Ce point est d’autant plus important que la collaboration avec les institutions ecclésiastiques était devenue une priorité pour le pouvoir croate. Cette attitude suscita une certaine hostilité dans l’aristocratie foncière qui y voyait une menace de démembrement des patrimoines voire d’appauvrissement au profit notamment des monastères bénédictins. Ces tensions conduisent les bénéficiaires monastiques à une vigilance particulière à l’égard de la noblesse dalmate.
2. Rassurer la noblesse dalmate : achats à prix d’or, legs partiels...
17Deux attitudes méritent attention. La première consiste à compléter les donations par des achats ciblés de parcelles. Cette attitude démontrait que l’extension des monastères pouvait présenter aussi un intérêt financier immédiat pour l’aristocratie. Sans considérer que les monastères voulaient « acheter » le soutien de cette aristocratie, il est possible que les prix très élevés de certaines transactions s’expliquent aussi par le souci de rassurer la noblesse locale25. Deux exemples sont particulièrement significatifs : un acte nous apprend que le roi Krešimir IV procède à la vente d’un alleu de la veuve Barbara à Petrus, l’abbé du monastère Saint-Jean de Biograd, pour la somme très élevée de 40 romanates26; citons aussi l’exemple du diacre Johannes qui vend au monastère Saint-Chrysogone une terre sise à Obrovizo pour la somme également très élevée de six solides d’or27. Ces exemples remarquables sont toutefois assez rares, du moins si l’on en juge la documentation conservée.
18Une autre façon de rassurer l’aristocratie consiste à limiter les legs testamentaires d’un défunt à une partie des biens de la famille. Si les rares actes conservés ne permettent pas de formuler des généralités, un exemple mérite une attention particulière : il est mentionné dans un acte de 1076 rappelant la promesse de Lampredius, un parent de Petrus, abbé du monastère de Biograd, de léguer « à l’abbé et aux moines » de Biograd « un tiers de ses biens » (terciam partem totius sue possesionis ; tercia totius sue facultatis) :
De tercia parte hereditatis Lampredii, cognati Petri abbatis. Recordatio, quam Petrus abbas fecit scribi, qualiter Lampredius, eiusdem Petri abbatis cognatus, pro sua suorumque parentum animabus cessit eidem monasterio terciam partem totius sue possesionis et hoc post mortem eius, qualicumque modo terra mariue obiret, seu quocumque tempore, sic ut eo defuncto predicta pars tercia totius sue facultatis rediret in potestatem abbatis et suorum monachorum, et hoc absque ulla contrarietate seu fratrum siue parentum aut consobrinorum uel cognatorum uel auorum uel prouauorum uel uxoris uel nurus uel socri uel socrus uel nouerce seu matertere siue quorumlibet ex suo genere. Et hoc actum est in presencia domni Prestancii episcopi et Dominici lusti prioris et Gregorii iudicatoris et Petri de Nobilibus et Petricii, filii Madii, et aliorum plurimorum uirorum28.
19Le rappel des témoins montre qu’il s’agit d’une donation testamentaire d’une grande importance puisque nous constatons la présence des plus éminentes autorités religieuses et civiles de la région : l’évêque, le chef de l’administration de la cité (le prior), un représentant de la noblesse ainsi qu’un représentant de la plus puissante famille dalmate, les Madii de Zadar, en l’occurrence le « fils de Madius », peut-être un descendant direct de Madius, le prior de Zadar et proconsul de Dalmatie. L’évocation des plus hautes autorités donne une force particulière à la promesse de Lampredius. Toutefois, sans mettre en doute la volonté du donateur, il faut préciser que celui-ci est évoqué seulement à la troisième personne et que cette recordatio ne fait référence à aucun acte écrit (cartula testamenti) dans lequel Lampredius aurait réalisé ce legs à la première personne et en pleine possession de ses moyens physiques et intellectuels, comme cela avait été le cas pour le testament de Dauseta en 104429. Si rien ne permet de savoir si l’abbé Petrus a forcé la main de son parent (cognatus) ou s’il a reçu une promesse faite en toute liberté, il est frappant de constater que l’auteur de cette recordatio se prémunit contre d’éventuelles contestations du reste de la famille de Lampridius ou de celle de sa femme, toutes deux décrites à travers une formule décrivant tous les liens familiaux possibles que l’on ne retrouve dans aucun autre acte dalmato-croate et qui ne rappelle aucun formulaire connu :
(...) absque ulla contrarietate seu fratrum siue parentum aut consobrinorum uel cognatorum uel auorum uel prouauorum uel uxoris uel nurus uel socri uel socrus uel nouerce seu matertere siue quorumlibet ex suo genere
20Cette formule globalisante et, semble-t-il, inédite, ainsi que l’absence de référence à un testament de Lampredius finissent par éveiller les soupçons : sans remettre en cause la sincérité de la promesse de Lampredius, elles mettent en évidence la probabilité de réactions hostiles de la famille de Lampredius ou de sa femme qui pourrait contester la donation du tiers de sa fortune au monastère de Biograd. La possibilité de ces contestations suggèrerait l’existence d’un désaccord et peut-être d’un conflit entre une famille, semble-t-il, fortunée de la région de Zadar et les élites religieuses, administratives et sociales de la cité de Biograd, l’un des sièges de la cour croate, en relation étroite avec la métropole de Zadar.
3. Les menaces d’anathème
21Un autre indice des contestations suscitées par les donations aux monastères bénédictins réside, a contrario, dans les nombreuses dispositions comminatoires et menaces d’anathème contenues dans les actes. La répétition de ces formules d’une grande richesse stylistique, qui relève avant tout du formulaire des donations, traduit la dépendance des actes produits dans l’espace dalmato-croate vis-à-vis de la production diplomatique des Xe et XIe siècles, comme on peut le voir ci-dessous (tab. 9)30.
Tab. 9 – Formules d’anathème dans deux actes de donation produits par la chancellerie croate.
CDCDS, 20 (a. 892), p. 24 | CDCDS, 31 (a. 896), p. 46 |
Qui uero postmodum (…) in superbiae cornibus eleuatus statuta nostra paruipendens (...) subtrahere uoluerit, (...) iram omnipotentis dei celorum arbitri, saluatoris mundi incurrat et sanctorum omnium maledictionis uinculo, CCC decem et octo patrum insolubiliter denodetur descendatque super eum (...) et in nouissimo maranata, (...) cum diabolo et eius horribilibus angelis et Juda Scarioten in igne baratri munerentur. | Quod si aliquis quocumque tempore, diabolico spiritu repletus, tam de nostris quam de extraneis, contra nostram diffinitionem aliqua aduersa facere presumpserit, iratum habeat patrem et filium et spiritum sanctum et maledictionem a CCC decem et octo sancti patres et in nouissimo maranathe cum diabolo et eius tethros angelos a Juda Scariothe in inferno muneretur. |
22L’évocation des figures bibliques du mal et des autorités canoniques manifeste la volonté d’effrayer tous ceux qui contestaient le bien-fondé de ces donations voulues par le dux ou le roi au profit notamment des fondations monastiques. La richesse remarquable de ces formules ne s’explique pas seulement, croyons-nous, par la fidélité aux formulaires de donations que l’on retrouve dans toute l’Europe contemporaine. Elle confirme l’existence ou du moins la possibilité de contestations qui auraient pu faire obstacle à l’essor des fondations bénédictines dans le royaume de Dalmatie-Croatie. Le soutien à l’expansion bénédictine à travers la politique de donations fut en tout cas suffisamment réussi pour survivre à la disparition du royaume croate à la fin du XIe siècle, comme en témoigne la lettre du roi Hongrois Ladislas en 1091 sur laquelle nous reviendrons plus loin.
23L’étude des donations dalmato-croates révèle la mise en place, à partir du premier quart du XIe siècle, d’un soutien aux fondations bénédictines de la part des élites dalmato-croates. L’identification des donateurs ne permet pas de déterminer si ce soutien économique reflète une volonté politique ou une doctrine de la cour croate, même si l’origine des donateurs et leur situation géographique révèle que ces donations furent au moins encouragées par la cour.
24La carte des monastères évoqués dans la documentation diplomatique conduit toutefois à reconsidérer la réalité de l’expansion monastique dans la région. Le terme « expansion » est-il d’ailleurs justifié pour désigner la fondation ou le renouveau de monastères bénédictins ? Les donations des élites dalmato-croates révèlent en effet un nombre relativement limité de fondations bénédictines qui semblent connaitre un développement rapide, du moins dans le cas du monastère Saint-Chrysogone de Zadar.
25Ce constat, qui se fonde uniquement sur les sources documentaires antérieures au XIIe siècle, est loin d’être définitif et il est possible que les enquêtes archéologiques en cours mettent en évidence de nouvelles fondations. L’absence d’allusion à d’autres monastères ne signifie pas qu’il n’y a pas eu d’autres fondations monastiques dans la région aux Xe-XIe siècles mais elle nous invite à la plus extrême prudence dans l’identification des sites et de la fonction monastique de ces bâtiments. En effet, il n’est pas sûr que tous les établissements supposés monastiques par la tradition ou l’historiographie soient des monastères. Cette incertitude pose la question de la définition architecturale, spatiale et spirituelle d’un monastère bénédictin au XIe siècle en Méditerranée. Elle soulève aussi, plus largement, le problème de la réalité du monachisme insulaire et côtier en Dalmatie des origines à la fin du XIe siècle et de ses fonctions dans la mise en œuvre de la réforme « grégorienne » en Dalmatie.
Notes de bas de page
1 Ce chapitre reprend en partie mon article Gioanni 2018. À l’exception d’une brève étude de Neven Budak (Budak 2007), les actes de donation, source fondamentale pour l’histoire économique, sociale et politique du royaume de Dalmatie-Croatie, n’ont pas suscité l’intérêt qu’ils méritaient.
2 Les testaments d’Andrea, prior de Zadar (CDCDS, 21 (a. 918), d’Agape, fille de Dabro, le tribunus de Zadar (CDCDS, 33 (a. 999), de Paulus, archevêque de Split (CDCDS, 41 (a. 1020), de Dauseta, habitante de Zadar (CDCDS, 57 (a. 1044), de Lampredius, parent de l’abbé du monastère Saint-Thomas de Biograd (CDCDS, 118 (a. 1076) et de Petrus, prior de Split (CDCDS, 170 (a. fin XIe s.).
3 CDCDS, 56 (a. 1042-1044), p. 75-76.
4 D’après Lujo Margetić, cet acte serait un « modèle », une sorte de « formulaire » d’acte de donation réalisé dans la cadre de la chancellerie du monastère Saint-Chrysogone de Zadar qui produisit de nombreux actes de donation. Il interprète donc le donateur le « banus S. » comme un exemple fictif de donateur : Margetić 2006, p. 23 sq.
5 5Cette hypothèse stimulante a été émise par Nikola Jakšić (Université de Zadar) lors d’une discussion informelle. Je tiens à le remercier pour cette information.
6 CDCDS, 57 (a. 1044), p. 77 : ortus qui est iuxta monasterium.
7 Ibid.
8 Ibid., p. 78 : Signum manus : Petrus leuita testis, Trun Paulus testis, Martinus leuita testis, Maius comerzari testis, Iohannes testis. Ego Crisana diaconus rogatus scripsit [sic] et compleui. Amen.
9 On notera, outre la répétition maladroite de l’imminence de la mort, la présence de néologismes et d’orthographes ou d’accords approximatifs qui prouvent que l’auteur, le « diacre Crisana » sans doute aussi d’origine croate, a adapté le formulaire des donations testamentaires au cas de Dauseta sans maitriser parfaitement la syntaxe et le lexique latins : In Christi nomine et eiusdem incarnationis an[no mille]simo quatricesimo quarto, indictione tercia decima, sub die fere prima mensis septembris. Imperantibus piissimis et perpetuis augustis Constantino ipperatoribus [sic], cathedra pontificali regente Petrus, uenerabili episcopo, et domino Andrea priori. Maturiori namque et salubri consilio a maioribus prouisum est, ut omnis omo ante dies mortis sue disspensare facultatulas [sic], prius quam mortis periculo urgeat, cuiusque successus incertus nesciat, utrumque eam repentina ueniat mors, aut officia lingue priuata non queat, quod cupit, testari. Quamquam [sic] ego Dauseta pecatrix sana mente integroque consilio cartula testamenti scribere rogauimus [sic]. Volo namque et iubeo, ut ortus, qui est iuxta monasterium, cos [sic] emi ex meo proprio precio, fiat in potestate sancti Crisogoni martiris pro redemcione anime mee ac defuncti uiri mei, ut ipse abbas Vitalus, in cuius manus ortum tradidimus, cum sua congregacione orent omnipotenti deo pro redemcione anime nostre. Quicumque uero nostra dimissione contraire uoluerit, iratum abeat trinum et unum deum et malediccione a tricenti decem et octo sancti patres et in inferno cum diabolo et angeli eius ac Iudas Scariothem muneretur. Actum tempore, die et loco a consulubis [sic], ut supradictum est.
10 Par exemple, CDCDS, 116 (vers 1070-1076), p. 148-153 ; CDCDS, 122, (a. 1076), p. 155 158. Ces documents, appelés « polychorion » et rédigés en lettres gothiques, sont du XIIe siècle. Mais il s’agit peut-être de copies de noyau de registres du XIe siècle. Une étude précise de ces fragments serait indispensable.
11 Le terme de « cartulaire » est sans doute excessif puisqu’il ne s’agit pas de copies d’actes de propriété mais plutôt d’une description rapide des différentes possessions des monastères respectifs. Il n’en reste pas moins qu’ils remplissent déjà certaines fonctions administratives et mémorielles des cartulaires : Geary 1993.
12 J’emprunte cette expression au titre de l’ouvrage Sauver son âme et se perpétuer : transmission du patrimoine et mémoire au haut Moyen Âge (Bougard – La Rocca – Le Jan 2005). Cette enquête collective, qui constitue le quatrième et dernier volet du programme de recherche international sur les « Transferts patrimoniaux en Europe occidentale durant le haut Moyen Âge » portait essentiellement sur les actes relatifs à la transmission du patrimoine et à la construction de la mémoire, c’est-à-dire toute la documentation qui se rapporte à la pratique testamentaire ou para-testamentaire en Francie occidentale, en Italie méridionale, en Germanie et dans l’Espagne chrétienne. En ce qui concerne l’espace byzantin et méditerranéen : Beaucamp – Dagron 1998.
13 Les premiers actes de donations pour le salut de son âme apparaissent au VIIe siècle : Magnani 2008.
14 CDCDS, 93 (a. 1072), p. 126.
15 CDCDS, 34 (a. 986-999), p. 49-51.
16 CDCDS, 50 (a. 1034), p. 68-69.
17 CDCDS, 118 (a. 1076), p. 154 : De tercia parte hereditatis Lampredii, cognati Petri abbatis. Recordatio, quam Petrus abbas fecit scribi, qualiter Lampredius, eiusdem Petri abbatis cognatus, pro sua suorumque parentum animabus cessit eidem monasterio terciam partem totius sue possesionis et hoc post mortem eius, qualicumque modo terra mariue obiret, seu quocumque tempore, sic ut eo defuncto predicta pars tercia totius sue facultatis rediret in potestatem abbatis et suorum monachorum, et hoc absque ulla contrarietate seu fratrum siue parentum aut consobrinorum uel cognatorum uel auorum uel prouauorum uel uxoris uel nurus uel socri uel socrus uel nouerce seu matertere siue quorumlibet ex suo genere.
18 Il est possible que cette stratégie ait été encouragée par l’abbé de Saint-Chrysogone Trasius (ou Transus) car les deux exemples recensés dans le codex ont été réalisés sous son abbatiat : CDCDS, 49 (a. 1033), p. 68 : Nos denique Trasius abbas deo auctore et sacra scriptura perscrutando bonam etenim nostram uoluntatem et pro firmam stabilitatem hoc testamentum fecimus de ipsa domum, que habuerunt ipsi filii Constantini cum omni pertinentia sua поп longe ab ipso monasterio beati Chrisogoni martiris. Dederunt nobis ipsa domo et pro ipsa domo dedimus aliam domus, qu˛e fuit Saniueni, cum pertinentia sua et quattuordeci solidi setirici ex auro mundo per iussione domini Gregorii priori et proconsuli de ipsa ciuitate Iadere et per manu Martini Tragurini, missus ab ipso priore domino Gregorio, prior et proconsul, seu et a nobis et cum aliis bonis hominibus in ciuitate Traguriensis et ibi confirmauerunt cum notarius et cum aliis bonis hominibus, ut si aliquando tempore mutare uel remouere uoluerint, centum solidi componant et taceant per inuitis. Voir aussi CDCDS, 52 (a. 1036), p. 70 : Sub istorum temporibus ego Sergius, filius Petri, hanc securitatem scribere feci de medietatem ( !) meę domus cum curte pertinente per ad ea ad monasterium sancti Chrisogoni. Pro qua medietate per incambium dedit michi et heredibus meis domnus Transus, uenerabilis abbas, domum de Malic, que est ad portum.
19 CDCDS, 79 (a. 1067), p. 106-109.
20 Jakšić 1985-1986.
21 Voir p. 166-167.
22 CDCDS, 82, (a. 1069), p. 113 : Nos ergo a predecessoribus nostris in nullo deuiantes, pro remedio anime mee, meorumque omnium defunctorum, offerimus hoc et stabiliter horum tenore donamus tibi beatissimo G(risogono), martiri glorioso et per te domino Petro, tue sancte aule digno abbati, nostram propriam insulam, in nostro dalmatico mari sitam ; que vocatur Mauni, cui ex orientali parte adiacet insula, que in uulgari sclauonico Verum nuncupatur, ut eam habeat et possideat in eternum, absque cuiusquam mortalium inquietudine, predictum sanctissimi martiris monasterium nam sic bona nostra decreuit uoluntas, annuentibus et supplicantibus uniuersis nostri regni principibus. Ut autem hec nostra donatio in eternum fundetur et stabilitate perpetua perseueret, eam, nostra nostrorumque episcoporum attestatione simulque cum testacione astringimus et inuiolabiter premunimus, statuentes.
23 CDCDS, 62 (a. 1058 ?), p. 84 : cet acte a été édité par Farlati. En l’absence de copies anciennes, son authenticité reste donc naturellement à démontrer.
24 CDCDS, 20 (a. 892), p. 23.
25 Je tiens à remercier Vivien Prigent (CNRS) pour son expertise et ses conseils bibliographiques qui m’ont aidé à évaluer le montant de ces transactions.
26 CDCDS, 106, (a. 1070-1074), p. 136 : « 40 romanatis vendit ».
27 CDCDS, 111 (a. 1066-1075), p. 142-143 : « sex solidis aureis vendit ».
28 CDCDS, 118 (a. 1076), p. 154.
29 CDCDS, 57 (a. 1044), p. 77 : ego Dauseta pecatrix sana mente integroque consilio cartula testamenti scribere rogauimus (...).
30 On retrouve presque systématiquement la structure commune et les différents éléments des formules d’anathème de l’Europe chrétienne (colère de Dieu, champ de l’exclusion, énoncé de l’anathème accompagné ou nom du mot maranatha et placé sous l’autorité des 318 Pères, rejet de l’exclu dans la société des réprouvés, malédictions) étudiés notamment par Bougard 2015 ; Giry 1925, p. 562-565 ; Boye 1916, p. 129-133 ; Studtman 1932.
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