La familia méconnue des Valerii Messallae (Ier s. av. – Ier s. ap. J.-C.)
Note de l’auteur
Cet article a bénéficié de la relecture critique de Ségolène Demougin et de Monique Dondin-Payre. Je leur exprime toute ma gratitude pour leurs conseils et suggestions. Je reste seule responsable des erreurs et imperfections qui subsistent.
Texte intégral
1La condition servile1 occupe une place spéciale dans l’éventail des formes de dépendance car c’est avant tout un statut juridique qui participe pleinement de la principale division qui fracture le monde romain, celle qui existe entre les hommes libres et les esclaves. Ainsi Gaius rappelait-il qu’il s’agissait de la summa diuisio personarum2. Les esclaves sont en outre le fondement du système productif romain et certaines tâches manuelles semblent être leur apanage quasi exclusif. Pourtant le statut servile ne doit pas occulter la grande hétérogénéité des esclaves, car il existe effectivement peu de points communs entre un esclave affecté aux mines et celui qui se trouve au service de grandes gentes. C’est la privation de liberté, transformant l’esclave en un perpetuus mercenarius selon Chrysippe3, qui tisse le lien entre tous.
2Les esclaves représentent bien plus qu’une force de travail pour le maître, puisqu’ils lui appartiennent. Comme tous les autres biens, les esclaves ont une valeur fluctuante, notamment en fonction de leurs qualités. En outre, le nombre d’esclaves possédés est à la fois une marque de richesse et une manifestation ostentatoire du statut social. En effet le sénateur originaire de Tarraconaise, L. Pedanius Secundus (cos. 43)4, pouvait s’enorgueillir de posséder quatre cents esclaves dans sa domus5. Au-delà de la manifestation d’un mode de vie luxueux, les esclaves constituaient en outre une main d’œuvre nécessaire, notamment pour le fonctionnement des établissements ruraux : lorsque le greffier de Trimalchion faisait état du domaine de Cumes, il mélangeait alors pêle-mêle les boisseaux de froment, les bœufs et la naissance de soixante-dix esclaves6. La possession d’un grand nombre d’esclaves faisait donc partie des stratégies des affranchis et des élites récentes, au même titre que la possession d’une domus somptueuse, de jardins ou de villas fastueuses. C’est en fait un des facteurs de la reconnaissance sociale autant par l’accumulation que par les compétences exceptionnelles de certains7.
3Cette main d’œuvre corvéable à souhait constitue la familia ; dans le Digeste8, Ulpien offre une définition légale de la familia qui comprend l’ensemble des esclaves et de leurs enfants. Cependant cette définition est trop restrictive, puisqu’elle exclut des réalités complexes et c’est pourquoi plusieurs termes coexistent, dont celui de domus9, qui ne saurait se réduire uniquement aux esclaves. Ces derniers sont alors considérés par les maîtres comme des membres de la maisonnée, c’est-à-dire des familiares. Toutefois les auteurs classiques préfèrent le mot de familia10 qui désigne un groupe sous l’autorité d’un maître et qui, par extension, peut inclure les affranchis.
4L’étude se concentrera sur les esclaves et les dépendants de la gens patricienne des Valerii, du dernier siècle de la République à la chute de Néron. La branche des Messallae tire son origine de M’. Valerius Maximus (cos. 263 av. J.-C.), le vainqueur de Messine durant la première guerre punique. Même si les Messallae disposent d’un prestige considérable, ils n’en connaissent pas moins une éclipse d’un siècle dans leur accession au consulat et ne renouent avec les hautes responsabilités politiques que dans les années 60 av. J.-C. Ils arrivent ensuite à se maintenir dans les sphères du pouvoir jusqu’à la fin de l’époque néronienne, en multipliant les charges politiques, les alliances avec la domus Augusta et en bénéficiant de l’amicitia de plusieurs princes.
5En vertu de leur rang, les Valerii possédaient un nombre considérable d’esclaves et ces patriciens maintenaient également des liens étroits avec leurs affranchis. Le train de vie nobiliaire, le service quotidien des Messallae, l’entretien du patrimoine, les occupations agricoles et commerciales et tant d’autres activités n’auraient pas pu être réalisés sans une multitude d’esclaves et d’affranchis. Pourtant notre connaissance de la familia des Messallae est très limitée : aucune source littéraire n’en fait expressément état, puisque ce type de sources met volontiers en avant des caractéristiques exceptionnelles et remarquables d’une familia, comme le nombre extravagant d’esclaves, des qualités hors-normes, des anecdotes... La familia de cette gens devait se situer dans la norme, puisque les Valerii disposaient d’autres marqueurs de reconnaissance sociale. En l’absence de tout témoignage littéraire, nous sommes tributaires des découvertes archéologiques et épigraphiques. Les sources épigraphiques sont essentielles, même si à la différence d’autres grandes gentes, aucun columbarium des Valerii n’a été retrouvé. Or ces tombeaux collectifs permettent de mieux connaître la diversité et l’ampleur d’une familia, tout en enrichissant la connaissance des différents métiers exercés par les esclaves. Par exemple, le columbarium de la familia urbana de Livie laisse apparaître quarante-six métiers différents11.
6L’étude doit alors tenir compte des columbaria qui ont appartenu à des familles liées aux Messallae. C’est le cas du monumentum des Claudii Marcelli qui livre ainsi des inscriptions pertinentes, puisque Claudia Marcella minor12 fut l’épouse de M. Valerius Messalla Barbatus Appianus (cos. 12 av. J.-C.)13. De même, le columbarium des Statilii retient notre intérêt14, car cet ensemble funéraire a révélé plusieurs centaines d’inscriptions et il a été utilisé jusqu’à Statilia Messallina (impératrice et dernière épouse de Néron), lorsque les gentes des Statilii et des Valerii étaient liées15.
7Certains aspects sont ici privilégiés, afin de montrer que les Messallae et leur maisonnée s’inscrivent dans la norme comportementale des grandes familles romaines. Les expressions multiformes de la dépendance au sein de la familia et des affranchis des Messallae seront d’abord abordées. Puis, deux études de cas seront traitées, à commencer par les mutations de la familia des Messallae lorsqu’elle entre en contact avec la familia Caesaris. Enfin nous verrons qu’il est possible de dépasser la relation juridiquement étroite et favorisée qui unit un affranchi à son patron.
Les marques de la dépendance au sein de la familia des Messallae
8La formulation très synthétique des inscriptions – surtout funéraires – ne permet pas toujours de glaner des renseignements nombreux sur les liens de dépendance ; pourtant la grande diversité des statuts au sein de la maisonnée est souvent visible. Le uerna, c’est-à-dire l’esclave né au sein de la domus du maître, occupe une place à part16 : une épitaphe17 fait état d’un jeune affranchi de Messalla Corvinus, nommé Celer, mort à l’âge de douze ans, dont l’ancien statut de uerna est clairement indiqué. Même s’il n’existe aucune certitude à propos de l’identification du patron, il s’agit vraisemblablement de M. Valerius Messalla Corvinus (cos. 31 av. J.-C.)18. Dans ce cas, l’inscription serait antérieure à la réforme augustéenne qui fixait l’âge de l’affranchissement à trente ans.
9D’autres esclaves doivent être rattachés sans ambiguïté à la branche des Messallae Barbati, comme le prouvent plusieurs épitaphes du columbarium des Claudii Marcelli. Citons notamment : Eupor(us) (CIL, VI, 4474), Primus (CIL, VI, 4475), Felix et Fortunata (CIL, VI, 4570). La condition servile est notamment déterminée grâce au génitif possessif : par exemple, Philocrates est un pédagogue qui appartient à une Messallina19, tandis qu’Idaeus, esclave de Valeria Messallina20, est gestionnaire d’argent. L’onomastique joue également un rôle important : les esclaves ne portent qu’un nom dans les inscriptions. Même s’il existe une proportion non négligeable de noms grecs, tels Phileros (CIL, VI, 4635) 21 ou Eutyches (CIL, XIV, 2751). Cependant les noms à consonance latine sont plus importants, à l’instar de Felix (CIL, VI, 6300) ou Gemellus (CIL, VI, 6327)22. Il est bien évident que ces dénominations ne sauraient préjuger de l’origine ethnique et géographique des serviteurs. Enfin, le statut d’affranchi peut être explicite avec l’abréviation du terme libertus, comme pour M. Valerius Philargyrus23. À défaut, il est toujours possible de déduire l’affranchissement de l’onomastique avec la reprise du praenomen et du nomen de l’ancien maître, ce qui est le cas dans de nombreuses inscriptions du columbarium de l’épouse de Messalla Barbatus ; par exemple l’une d’entre elles mentionne trois affranchis : M. Valerius Mama, M. Valerius Martialis et Valeria Nais24. Au-delà de la diversité des statuts, toutes ces personnes ont un point commun, puisqu’elles ont été, toute leur vie ou à un moment donné, au service des Messallae. Cette marque de dépendance se retrouve même chez les affranchis qui sont toujours légalement liés à leur maître par les operae.
10Une division essentielle existe pour les esclaves des élites romaines, y compris des Messallae, puisqu’il faut séparer la familia urbana des esclaves ruraux qui constituent la familia rustica.
11Les données épigraphiques mettent en lumière plusieurs composantes de la familia urbana et certaines inscriptions mentionnent même la fonction au sein de la maisonnée, c’est-à-dire dans le domaine privé. Le cas des dépendants des Valerii n’est pas exceptionnel, puisque les autres columbaria livrent des témoignages analogues. Cette étude inclut aussi des inscriptions d’affranchis, car même s’ils sont libres, ils travaillent encore dans un cadre déterminé par leur ancien maître et sont restés à son service. Trois affranchis d’un Messalla Barbatus (M. Valerius Arpochra25, M. Valerius Atticus26 et M. Valerius Faustus27) sont ainsi des chefs du personnel (decuriones). Les familles de l’aristocratie disposaient en effet de valets organisés en décuries à la tête de chacune desquelles se trouvait un decurio. D’autres métiers émergent des inscriptions, tel M. Valerius Antiochus, tonsor (barbier) d’un Messalla Barbatus28. D’autres charges sont dévolues à la gente féminine. Ainsi [V]aleria Cleoparu29 – affranchie d’une Valeria Messallina – était-elle sarcinatrix, c’est-à-dire lingère, couturière. La grande spécialisation de ces affranchis est la manifestation du statut supérieur de leur patron, et c’est grâce à leur appartenance à la domesticité urbaine qu’ils ont pu quitter leur statut servile et obtenir leur liberté. Les esclaves de la maisonnée peuvent effectivement accumuler un pécule, mais aussi tisser avec leur maître, au service duquel ils restent, des liens qui facilitent l’obtention du statut envié d’affranchi.
12En dehors de la domus, des affranchis peuvent aussi apparaître dans des fonctions officielles : M. Valerius Philarg[…] (Philargyrus / Philargurus30) a été le uiator (l’appariteur) du collège des augures auquel a appartenu M. Valerius Messalla Corvinus (cos. 31 av. J.-C.)31. Il est Messallae / l(ibertus) selon l’inscription. Le fait de citer son patron par le cognomen est une pratique répandue, afin de distinguer les différentes branches des grandes familles aristocratiques. C’est aussi une forme de récupération par le uiator du prestige de l’ancien maître32 ; M. Valerius Philargyrus a peut-être obtenu cette charge grâce à son patron qui faisait partie du collège des augures, les aristocrates étant logiquement secondés par des dépendants dans leurs tâches religieuses.
13La spécialisation des esclaves est également perçue comme le reflet de la puissance économique des Valerii. L’épigraphie a par exemple conservé le souvenir d’un certain Tyrannus33 qui appartenait à Potitus Messalla, vraisemblablement le consul de 29 av. J.-C., Potitus Valerius Messalla34. Tyrannus remplissait une tâche spécifique, puisqu’il était nomenclator, c’est-à-dire un introducteur, un huissier chargé notamment de retenir les noms et de connaître les traits de tous ceux qui avaient coutume de se présenter chez son maître.
14Ce mince aperçu de la domesticité des Messallae fait apparaître clairement que la domesticité urbaine contribue tant à faciliter la vie quotidienne des maîtres qu’à exalter leur prestige et leur dignitas.
15Les femmes de l’aristocratie possédaient en outre de nombreuses servantes. Par exemple, Logas était la suivante (pedisequa) de Messallina35. Retrouvée dans le columbarium des dépendants des Statilii, l’inscription indique que Valeria Messallina, fille du grand personnage M. Valerius Messalla Corvinus (cos. 31 av. J.-C.), pouvait permettre à ses esclaves d’être inhumés dans la sépulture collective de la familia de son époux T. Statilius Taurus (cos. 11 ap. J.-C.). L’épitaphe met aussi en avant des liens familiaux, puisque c’est Aprodisia, mère de l’esclave, qui a commandité l’inscription ; si elle était esclave de Messallina, la dépendance serait alors établie sur plusieurs générations. D’autres dépendants sont chargés d’élever les enfants, comme la nourrice (nutrix) affranchie Valeria Zos(i)ma qui s’occupa d’un Messalla Barbatus36. Son cas est loin d’être exceptionnel37. Si certaines tâches, comme le rôle de nourrice, ne requièrent pas de compétences techniques spécifiques, il en va autrement des esclaves instruits qui doivent éduquer et transmettre des savoirs aux jeunes aristocrates. Ces esclaves coûtent donc beaucoup plus cher et les meilleurs s’achètent à des prix exorbitants. Pline mentionne ainsi un cas exceptionnel : Daphnis, un « esclave grammairien », valait la bagatelle de 700 000 sesterces38. Il n’existe pas de tel exemple chez les Valerii, même si des pédagogues font partie des dépendants présents dans les columbaria. Leur charge consistait surtout à éduquer et à accompagner les jeunes enfants, comme le pédagogue Gemellus39 qui appartenait à Statilia Messallina (impératrice et épouse de Néron), dont la mère était une Valeria Messallina. De la même manière, une inscription du columbarium des Marcelli mentionne l’esclave Philocrates, pédagogue appartenant à une Messallina40.
16La familia rustica et les esclaves cantonnés aux tâches artisanales se différencient largement de la domesticité employée dans la domus. Le travail servile avait une incidence considérable dans le tissu productif romain et était essentiel dans le fonctionnement des uillae. La main d’œuvre servile est évidemment un des fondements de toute manufacture, comme le rappellent des inscriptions de la familia des Valerii. L’une d’entre elles mentionne Felix qui était chargé de peser la laine (lanipendus) : Felix / Messalinae (seruus) / lanipend(us)41 ; son statut servile ne fait aucun doute et l’identification de la domina est possible, puisque le cognomen Messalina renvoie à la gens Valeria, hypothèse confortée par la découverte de l’inscription dans le monumentum familiae Statiliorum. Il s’agit donc probablement de Valeria Messallina, la fille de M. Valerius Messalla Corvinus (cos. 31 av. J.-C.), qui avait épousé T. Statilius Taurus (cos. 11 ap. J.-C.)42 : même mariées, les dames de l’aristocratie conservaient leurs esclaves et profitaient de la sépulture commune destinée aux esclaves de la famille de leurs époux. Il est d’ailleurs intéressant de noter que c’est peut-être T. Statilius Taurus, le mari de Valeria Messallina, qui aurait été l’initiateur du monument funéraire. Enfin une autre inscription mentionne un esclave au nom très lacunaire, Ph[---]43, qui était artisan (faber).
17Il serait réducteur de considérer les esclaves comme cantonnés aux tâches subalternes, puisque les esclaves méritants et compétents pouvaient espérer évoluer dans la hiérarchie servile et obtenir un poste de responsable. C’est le cas d’un intendant (dispensator) nommé Sabbius qui gérait une propriété appartenant à une jeune fille dénommée Valeria Messallina44. D’autres postes de gestionnaire sont connus, comme celui de régisseur (uilicus45), traditionnellement un esclave chargé de l’administration d’une uilla rustica et d’une partie de la familia46 : sa tâche principale est de gérer le domaine pour le compte du maître47 qui est d’ailleurs rarement présent dans la propriété. De facto les uilici sont essentiels dans l’organisation du travail servile ; Cicéron rappelle qu’ils doivent être dotés de trois qualités principales48 : frugalitas, labor et uigilantia. Un uilicus qui s’acquitte bien de sa tâche peut ensuite espérer devenir dispensator49. Les Messallae disposaient de uilici, dont Eutyche(s)50 qui gérait un domaine dans l’ager Tusculanus, au nord de Frascati. Son nom unique et la restitution [s]er(uo) expriment son statut servile : il était l’esclave d’une Messalina, peut-être de la plus connue, Messaline, l’épouse de Claude51. D’autres uilici ne géraient pas des uillae, mais des jardins : Cladus / Messala(e) (seruus), / uilicus / supra hort/os52 ; la localisation de l’inscription à proximité des horti Luculliani suggère que Cladus était peut-être l’esclave de M. Valerius Messalla Corvinus (cos. 31 av. J.-C.), propriétaire de ces somptueux jardins. Notre connaissance des esclaves ruraux et des individus liés à des propriétés est très lacunaire, donc non représentative. En effet la grande majorité de la familia rustica occupait des postes subalternes et faisait partie de cette masse des anonymes s’occupant des tâches agricoles et d’élevage, alors que l’épigraphie met essentiellement en lumière le sommet de la hiérarchie des esclaves, dispensator ou uilicus.
18Des affranchis particulièrement proches de leurs patrons pouvaient les accompagner lors de longs déplacements : une inscription de Corcyre mentionne en effet M. Valerius Loricus, affranchi d’un Corvinus, qui s’acquitte d’un vœu en l’honneur de Jupiter Cassius53. De l’onomastique de l’affranchi, il est possible de déduire l’identité du patron : M. Valerius Corvinus. Ces tria nomina si spécifiques permettent la restitution probable du cognomen Messalla : le patron est un M. Valerius Messalla Corvinus, très vraisemblablement le consul de 31 av. J.-C.54. Après la bataille d’Actium, vers le mois de décembre 31, il fut mandaté par Octavien pour soumettre des partisans d’Antoine, notamment des gladiateurs installés près d’Antioche ; il dut alors passer par Corcyre. Tibulle rappelle dans un de ses poèmes55 qu’il tomba malade sur cette île, ce qui l’empêcha de suivre Corvinus dans ses commandements orientaux ; par conséquent, Messalla dut également y faire une halte, accompagné notamment par son état-major et par quelques affranchis.
19Les marques de la dépendance au sein de la familia des Messallae sont plurielles et les esclaves qui travaillent dans les demeures urbaines sont plus souvent en contact avec les Messallae et occupent des fonctions spécifiques, souvent des tâches de service, dont les inscriptions font revivre la grande diversité. A contrario, les esclaves ruraux sont principalement employés pour des tâches de production, même les aléas de la conservation des inscriptions entraînent la surreprésentation des esclaves qui ont des responsabilités. La maisonnée des Messallae n’a rien d’exceptionnel par rapport à d’autres familiae : on retrouve les mêmes esclaves spécialisés dans la familia de Livie (dispensator, faber, lanipendus, paedagogus, pedisequa, sarcinatrix…)56. L’allusion à l’épouse d’Auguste nous invite d’ailleurs à tenir compte des alliances matrimoniales de la gens avec la domus Augusta.
Les dépendants des Messallae au sein de la familia Caesaris
20La branche des Messallae Barbati a pour originalité d’être liée à la domus Augusta sur trois générations. En effet, un premier mariage unit M. Valerius Messalla Barbatus Appianus (cos. 12 av. J.-C.) à Marcella minor57. De cette union naquit Messalla Barbatus, l’époux de Domitia Lepida. Enfin, leur fille est indéniablement la plus connue de la gens Valeria, puisqu’il s’agit de Messaline, l’épouse de l’empereur Claude. Ces stratégies matrimoniales ont eu un impact sur les esclaves et affranchis des Messallae Barbati, puisque certains ont pu intégrer le monumentum Marcelli, comme le souligne une inscription58 : Libertorum et / libertar(um) et famil(iae) / Marc[e]llae Paulli / et Messallae et / Regilli, / [qui in ho]c monume(ntum) / [contuleru]nt quoru(m) / [nomina in]tro inscr(ipta) / [su]nt. Le monument funéraire appartient aux dépendants de Marcella minor, ainsi qu’à ceux de ses enfants issus de plusieurs mariages : Messalla Barbatus59 et Paullus Aemilius Regillus60 (fils probable du consul de 34 av. J.-C., Paullus Aemilius Lepidus). Les liens d’interdépendance entre les maisonnées des Messallae et des Marcellae sont donc nombreux. Le columbarium Marcellae contient également l’épitaphe de l’affranchie Valeria Nama Marcelliana61, dont l’onomastique complexe permet de retracer le parcours. Nama devait être une esclave de Marcella qui a été achetée, voire léguée, à un membre des Valerii, avant l’affranchissement. C’est peut-être l’affranchie de Messalla Barbatus Appianus qui avait épousé Marcella minor, ou celle d’un descendant d’Appianus. Le mariage fut assez bref, puisque l’époux mourut durant l’exercice de son consulat en 12 av. J.-C. Marcella minor s’est également alliée avec un Aemilius : Q. Aemilius Auctus mentionné par l’inscription est certainement un affranchi de son mari. La domesticité et les dépendants de l’impératrice Messaline (l’épouse de Claude) sont attestés dans plusieurs inscriptions et il n’est pas rare de lire Messalina Aug(usti uxor)62. Une inscription mentionne la nourrice de sa fille, Claudia Octavia63 ; cette nourrice, qui s’appelle Valeria Hilaria64, a pu être affranchie du vivant de Messaline. Son mari s’appelle Ti. Claudius Fructus, ce qui suggère une union avec un affranchi de la familia Caesaris65. Les deux commanditaires de l’épitaphe, Ti. Claudius Primus et Ti. Claudius Aster, sont également des affranchis impériaux. L’expression Octauiae Caesaris Augusti (uxoris) indique en outre que l’inscription est postérieure à 54, quand Octavie était mariée à Néron. Enfin, à propos de Messaline, une inscription, conservée dans le monumentum Marcellae, mentionne un dépendant de Messaline dénommé Eupor(us). Cette épitaphe a été concernée par la damnatio memoriae de l’impératrice66, puisque le nom de Valeria a été supprimé, ce qui n’est étonnamment pas le cas du cognomen distinctif de Messallina.
21À l’époque julio-claudienne, les affranchis impériaux assument une grande partie de l’administration étatique. Un affranchi de Messaline a ainsi obtenu un poste officiel de confiance, comme en témoigne l’inscription qui figure sur douze des quatorze lingots d’étain inscrits trouvés dans l’épave Port-Vendres II, parmi plusieurs centaines d’amphores destinées au vin, à l’huile, au poisson salé ainsi qu’au moût67. La cargaison appartenait à un bateau en provenance de Bétique qui s’échoua entre 41 et 48. L’inscription mentionne un L. Valerius, affranchi d’une Augusta, sans aucun doute Messaline, l’épouse de Claude : L(ucius) Vale(rius) Aug(ustae) l(ibertus) a com(mentariis)68. Le titre d’Augusta permet de dire que le chargement est postérieur à la naissance de Britannicus, en 41/42, date à partir de laquelle Messaline en fut gratifiée. Le cachet sur le lingot ne correspondrait pas à la phase de fabrication, mais plutôt à celle de commercialisation69 : l’affranchi Valerius a fait rassembler les lingots, les a vérifiés, puis y a fait apposer un cachet avant de les transmettre à un affréteur. Certains ont voulu l’identifier à un fonctionnaire impérial a commentariis, exerçant dans les bureaux du procurateur, peut-être celui de Lusitanie qui se trouvait dans la capitale Emerita70. Cependant cette hypothèse semble très fragile : le titre d’archiviste (a commentariis) montrerait que le personnage aurait été chargé des registres qui répertorient les acta et toutes les décisions prises, responsabilité qu’il aurait aussi bien pu exercer en Hispanie, espace connu pour sa riche production d’étain71, métal du lingot en question. Néanmoins la prudence reste de mise.
22La prise en compte de l’entourage issu de la domus Augusta livre un éclairage différent sur les dépendants des Messallae, en révélant de nouvelles tâches dévolues aux affranchis. Toutefois, il est possible de dépasser la simple relation légale qui unit les liberti aux patrons et de voir apparaître des relations plus complexes, comme pour Cotta Maximus.
Le cas exceptionnel de l’inscription honorant un affranchi de Cotta Maximus (cos. 20)
23Les affranchis restent légalement liés à leur patron dans la société romaine72 ; d’ailleurs, leur promotion sociale est souvent due au statut prestigieux de l’ancien maître. Il est à l’évidence plus simple d’être un affranchi riche et respecté lorsque son patron est un membre de la domus Augusta ou de l’aristocratie, plutôt qu’un plébéien quelconque. L’élévation dans la hiérarchie sociale d’un ancien esclave des Valerii est passée à la postérité grâce à une épitaphe versifiée73. Cette inscription, retrouvée près de la Via Appia, dans l’ager Albanus, décrit les marques d’attention portées par Cotta Maximus à son esclave, devenu son affranchi, Zosimus74 : « Marcus Aurelius Zosimus, affranchi de Cotta Maximus, appariteur de son patron. J’étais un affranchi, je le confesse ; mais on lira que mon ombre a été ennoblie grâce à Cotta, mon patron. Lui qui m’a souvent donné avec plaisir le montant du cens équestre, lui qui m’a ordonné d’accepter les enfants qu’il allait nourrir, et qui m’a toujours confié ses richesses ; il a aussi doté mes filles comme un véritable père, et a fait élever mon cher Cottanus au grade de tribun que, par sa bravoure, il a gagné dans le camp de César. Que Cotta ne nous a-t-il point donné ? Lui qui à présent, plein de chagrin, a écrit ces vers que l’on contemple sur mon tombeau. Aurelia Saturnina, [épouse de] Zosimus ». Le patron, M. Aurelius Cotta Maximus (cos. 20)75, fait partie de la nobilitas ; fils cadet de M. Valerius Messalla Corvinus (cos. 31 av. J.-C.), avant d’être adopté par un Aurelius Cotta, cet amicus de Tibère eut une carrière prestigieuse, allant jusqu’au proconsulat d’Asie76. L’onomastique de Cotta permet de dater l’inscription : il est appelé Cotta Maximus ; or, nous savons qu’il prit le surnom de Messallinus à la mort de son frère, peu après 21 ap. J.-C.77. L’épitaphe aurait donc été rédigée peu avant cette date. Ici l’affranchi a logiquement adopté le praenomen et le nomen de son ancien maître, mais le maintien de l’attachement à Cotta à la génération suivante est bien plus étonnant. En effet le fils de l’affranchi Zosimus est doté d’un cognomen dérivé de celui de son patron : Cottanus. Il s’agit de la seule attestation de ce cognomen78, et le patron a assurément autorisé l’affranchi à donner ce surnom.
24L’épitaphe souligne le rôle de la nobilitas dans la promotion de nouvelles élites : en tant qu’affranchi, Marcus Aurelius Zosimus ne pouvait pas espérer accéder à l’ordre équestre, en raison de sa macule servile ; il devait alors reporter tous ses espoirs sur son fils Cottanus79. Le patron Cotta participe alors activement à cette promotion sociale. Il dota d’abord, à plusieurs reprises, Zosimus du montant du cens équestre ; ensuite, Cotta utilisa une recommandation privée80 pour favoriser le recrutement de Cottanus en qualité de tribun militaire81. L’armée apparaît donc ici comme un instrument de promotion sociale82 et l’obtention d’une place si convoitée était facilitée par un patron haut placé. Enfin, l’inscription renseigne sur un autre processus d’acquisition de la fortune, par le biais des dots destinées aux filles de l’affranchi – qui ont pu leur permettre de faire un bon mariage et de s’élever socialement –, et par le biais de dons pour asseoir la fortune de l’affranchi et celle de son fils. Ces dons augmentent aussi le prestige du bienfaiteur, d’autant plus que la liberalitas est une des uirtutes nobiliaires83. De nombreuses épitaphes d’affranchis témoignent de ces liens entre un ancien maître et son affranchi, mais il est plus rare que les conséquences de cette relation étroite sur la descendance soient ainsi perceptibles. Paul Veyne a alors bien montré que certains affranchis pouvaient être traités comme de proches parents84.
25Ainsi les inscriptions mettent en lumière la complexité de la familia des Messallae ; loin d’être un bloc uniforme, la masse servile est d’une grande diversité : la domesticité urbaine ne ressemble en rien aux esclaves dévolus aux tâches artisanales et productives. Le monde servile est une force économique et de travail, mais aussi une marque de distinction sociale pour les maîtres : il constitue une part non négligeable du patrimoine et des activités économiques de l’aristocratie. Toutefois, les relations ne se réduisent pas à la nécessité sociale de posséder des esclaves et aux liens de dépendance. Si le nombre d’esclaves est un marqueur de richesse pour les élites, ces dernières peuvent aussi avoir une incidence sur la familia, comme le reflètent les mutations de la domesticité d’époque républicaine en une autre, qui est en partie au service de l’Empire. Les inscriptions peuvent aussi être lues à travers le prisme de l’anthropologie sociale et certains liens entre patrons et affranchis peuvent contribuer à mettre en lumière les pratiques comportementales des élites romaines.
Notes de bas de page
1 La bibliographie sur l’esclavage est pléthorique. Puisque l’étude se concentre sur les esclaves en Italie, il convient cependant de noter l’importance d’un colloque fondateur : Giardina, Schiavone 1981.
2 Gaius, Inst., 1, 9.
3 Sen., Ben., 3, 22, 1.
4 PIR2 P 202.
5 Tac., Ann., 14, 43, 2-3. En 61, le préfet de la ville L. Pedanius Secundus fut assassiné par un de ses esclaves en pleine nuit, sans qu’aucun de ses quatre cents esclaves ne soit intervenu.
6 Pétr., Sat., 53. Selon Varron, R.R., 1, 17, 1, l’esclave est un instrumenti genus uocale.
7 Les maîtres savaient déceler les aptitudes des esclaves : ceux qui avaient le plus grand potentiel étaient instruits et gravissaient les échelons de la hiérarchie servile. C’est le cas de l’esclave Tiron, homme de confiance de Cicéron, qui fut ensuite affranchi.
8 Dig., 50, 16, 195, 3 (Ulp., Ad Ed., 46).
9 Sen., Ep., 47, 14.
10 Notamment Cato, Agr., 56-59 et Cic., Caec., 55.
11 Sur les métiers exercés par la familia de Livie, Treggiari 1975. L. Penner s’est plus largement intéressée aux columbaria du début du Principat, notamment ; elle en étudia cinq : monumenta Liuiae, filiorum Drusi, Marcellae, Statiliorum et Volusiorum, Penner 2012 (nombreux histogrammes à partir de la page 152).
12 PIR2 C 1103.
13 L’ensemble funéraire contient des épitaphes d’affranchis de ses époux, Paullus Aemilius Lepidus (cos. 34 av. J.-C.) et M. Valerius Messalla Barbatus Appianus (PIR1 V 89 et R. Hanslik, 1955, RE, VIII.A.1, col. 129-131, s.v. Valerius, n° 260), ainsi que celles des dépendants de son fils, Messalla Barbatus (PIR1 V 88 et R. Hanslik, 1955, RE, VIII.A.1, col. 129, s.v. Valerius, n° 259), le père de l’impératrice Messaline.
14 Le columbarium, situé à proximité des horti Tauriani et de la Porte Majeure, a été utilisé au début du Principat pour accueillir les nombreux esclaves et affranchis de cette puissante famille. À propos de cet ensemble funéraire, se reporter à l’étude de Caldelli, Ricci 1999, notamment p. 55-56 pour les différentes phases du columbarium et les extensions successives.
15 Selon Edmondson 2011, 381 inscriptions auraient été découvertes dans la principale chambre funéraire.
16 Le uerna était l’esclave pour lequel le maître avait le plus d’affection. Les uernae « faisaient en quelque sorte partie de la famille » (Veyne 1961, p. 215).
17 CIL, VI, 33532 : Celer Messall(ae) / Coruini l(ibertus) uerna, / uixit ann(os) XII.
18 PIR1 V 90 ; R. Hanslik, 1955, RE, VIII.A.1f, col. 131-157, s.v. Valerius, n° 261.
19 CIL, VI, 4459 : Philocrate (sic) / Messallinae (seruo) paed(agogo), / Accae Helpidis / dec(urionis). Le nom de l’esclave peut être restitué en Philocrates, selon Solin 1996, p. 233.
20 CIL, VI, 4426 : Idaeus / Valeriae Messallin(ae) (seruus), / supra argentum.
21 Solin 1996 p. 231-232, Phileros : nom très répandu.
22 Felix est un nom très souvent porté par les esclaves, Solin 1996, p. 86-92, beaucoup plus que Gemellus (Solin 1996, p. 119-120).
23 CIL, VI, 32307 = ILS, 4977 : M(arcus) Valeriu[s] / Messallae / l(ibertus) Philarg(yrus), / uiat(or) augur(um) / (obitus) Thais / Philarguri, / in f(ronte) p(edes) XII in agr(o) / p(edes) XX.
24 CIL, VI, 4705 : M(arcus) Valerius Mama, / M(arcus) Valerius Martialis, / Valeria u(ixit) a(nno) I m(ensibus) V Nais.
25 CIL, VI, 4493 : M(arcus) Valerius / Messallae l(ibertus) / Arpochra, / decurio.
26 CIL, VI, 4494 : M(arcus) Valerius / Atticus dec(urio), / Aquillia Chreste / Attici (uxor).
27 CIL, VI, 4495 : M(arcus) Valerius / Faustus / dec(urio), // M(arcus) Valerius / Chryses.
28 CIL, VI, 4474 : M(arcus) Valerius / Antiochus / tonsor d(ecurio) q(uaestor), // Eupor(us) / [[Valer(iae)]] / Messallinae (seruus). Solin 1996, p. 405 restitue le nom d’Eupor(us).
29 CIL, VI, 4468 : [V]aleria Cleoparu (sic) / sarcinatrix, / [S]aluius Messallinae (seruus). C’est la seule attestation de Cleoparu ; Solin 1996, p. 250 restitue le nom d’Eupor(us).
30 Les deux graphies sont représentées selon Solin 1996, p. 420.
31 CIL, VI, 32307, voir note 24. Purcell 1983, p. 152 voit dans cette inscription une survivance d’anciennes pratiques privées de la noblesse qui auraient perduré à l’époque augustéenne. Corvinus aurait alors pu employer à titre privé un uiator qui serait son affranchi. Comme Messalla Corvinus a été coopté dans le collège des augures dans les années 30 av. J.-C., cette inscription pourrait dater de l’époque triumvirale.
32 Fabre 1981, p. 117. L’auteur cite de nombreux exemples pour l’époque républicaine et cette pratique augmente considérablement avec les affranchis impériaux.
33 CIL, VI, 9700 : Tyrannus / nomenclat(or) / Potiti Messallae (seruus).
34 PIR1 V 94 ; F. Münzer, 1955, RE, VIII.A.1, col. 165-166, s.v. Valerius, n° 267.
35 CIL, VI, 3335 : Logas / Messallin(ae) (serua) / pedis(equa), u(ixit) a(nnos) XVI. / Aprodisia mater / fecit.
36 CIL, VI, 4457 : M(arcus) Aimilius Paulli l(ibertus) Demetrius, / Valeria Zos(i)ma nutrix.
37 Citons Volumnia Dynamis, nourrice de Volumnia Proc(u)la, qui mourut à 105 ans (CIL, VI, 29497).
38 Plin., Nat., 7, 40, 128. Il avait été acheté par le princeps senatus M. Aemilius Scaurus. Lorsque ce dernier mourut en 90 av. J.-C., l’esclave fut revendu au même prix à Q. Lutatius Catulus qui l’affranchit.
39 CIL, VI, 6327 : Gemellus Messallinae / Tauri f(iliae) (seruus), paedagogus.
40 CIL, VI, 4459, voir note 20 ci-dessus.
41 CIL, VI, 6300.
42 Cette identification est aussi soutenue par Caldelli, Ricci 1999, p. 47.
43 CIL, VI, 4446. L’inscription est en partie martelée : Ph[[---]] / [[Messallae]] / [[faber]], // Sabinus / Messallae (seruus) / insul(arius). L’insularius Sabinus supervise au moins une insula, notamment en récupérant les loyers et en y faisant respecter l’ordre. Ces gérants d’immeubles étaient répandus dans les familiae des nobles.
44 CIL, VI, 8840 = ILS, 1664 : Sabbio, pup(ae) Valer(iae) / Messallinae (seruus), disp(ensator). / Hic situs / uixit ann(os) XXX.
45 Les uilici ont fait l’objet d’études approfondies, notamment celle de Carlsen 1995. Citons également les passages qui leur sont consacrés par Aubert 1994, p. 169-175.
46 Columelle, Rust., 11, 1, 3.
47 Cato, Agr., 143.
48 Cic., Planc., 62.
49 Les dispensatores sont souvent recrutés parmi les uilici ou les actores (cf. Boulvert 1974, p. 149-150).
50 CIL, XIV, 2751 : D(is) M(anibus) / Eutyche, / Messalinae / [s]er(uo) uilico, / [- - -]ilia Char/[mo]syne con/[iug]i bene / [mer]enti.
51 Cette identification est soutenue par Granino Cecere 2010, p. 115-116. Plus généralement sur Messaline, cf. PIR1 V 161.
52 CIL, VI, 9472 = ILS, 7373. L’épitaphe se trouve soit dans les horti Luculliani, soit à proximité immédiate. Sur les uilici horti, cfr. Carlsen 1995, p. 31-33.
53 CIL, III, 577 = ILS, 4043 : M. Valerius Corui[ni / l(ibertus) L]orico, / Ioui Casio u(otum) s(oluit). Jupiter Cassius est un dieu d’origine syrienne, connu par les Grecs sous le nom de Zeus Kasios.
54 Suétone (Nero, 22) fait état des chants de Néron à Cassiope, sur l’île de Corcyre, devant l’autel de Jupiter Cassius. Le prince devait être accompagné par ses fidèles, peut-être par son amicus, Messalla Corvinus, ce qui expliquerait la présence d’un de ses affranchis dans la cité, mais cette hypothèse paraît vraiment fragile, il est donc préférable d’opter pour son illustre ancêtre.
55 Tib., 1, 3, 1-3 et 55-56.
56 Treggiari 1975, p.72-77 a notamment dressé une liste des métiers exercés.
57 Fille d’une première union d’Octavie avec C. Claudius Marcellus. Claudia Marcella Minor est la dernière fille née de cette union, avant le mariage d’Octavie avec Marc Antoine.
58 Fusco, Gregori 1996, en parti. p. 227 (AE, 1996, 253).
59 Notons toutefois qu’il est difficile de savoir si les inscriptions du monumentum Marcellae concernent toutes M. Valerius Messalla Barbatus Appianus, l’époux de Marcella, ou son fils, Messalla Barbatus.
60 PIR2 A 396 ; Von Rohden,1894, RE, I.1, col. 582, s. v. Aemilius n° 130.
61 CIL, VI, 4501 : Q(uintus) Aemilius Auctus et / Valeria Nama / Messallaes (sic) liberta / Marcelliana uixerunt una / ann(os) XXXIIII.
62 Citons notamment CIL, VI, 5537 : Valeria / Messallinae / Augusti (uxoris) / l(iberta) Caenis.
63 Claudia Octavia fut l’épouse de Néron. Une autre inscription pourrait concerner Messaline. Il s’agit de l’épitaphe de L. Valerius Threptus, réalisée par une Valeria Messallina : CIL, VI, 28132.
64 CIL, VI, 8943 = ILS, 1838 : Valeria Hilaria / nutrix / Octauiae Caesaris Augusti (uxoris). / Hic requiescit cum / Ti(berio) Claudio Fructo uiro / suo carissimo. / Ti(berius) Claudius Primus et Ti(berius) Claudius Aster / bene merentibus fecerunt.
65 Sur les affranchis impériaux, Weaver 1972, notamment à propos du service de l’empereur, p. 199-281 et Boulvert 1974.
66 CIL, VI, 4474. L’inscription déjà mentionnée se compose de deux parties distinctes. Seule la deuxième partie a été martelée, ce qui laisserait penser que dans l’autre partie, M. Valerius Antiochus ne serait pas un affranchi de Messaline, mais celui d’un autre membre des Messallae Barbati. N’oublions pas que cette épitaphe fait partie du monumentum Marcellae.
67 Sur la découverte, se reporter à Colls et al. 1975 et 1977. De la céramique et des lingots de cuivre, de plomb et d’étain y ont aussi été découverts.
68 AE, 1987, 387a.
69 Domergue 1994, p. 84-85 se fonde sur le fait que ce cachet n’est pas présent sur tous les lingots, mais sur chaque ensemble répertorié. Il fallait donc que les lingots soient regroupés avant que le cachet soit appliqué.
70 Colls et al. 1977, p. 11 et 16.
71 Colls et al. 1975, p. 78-79.
72 « L’affranchissement n’était en lui-même qu’une formalité, condition nécessaire mais très insuffisante de la liberté. C’était plus souvent un geste symbolique qu’un événement qui bouleversât la vie de l’esclave et ses relations avec son patron », Veyne 1961, p. 222.
73 CIL, XIV, 2298 = ILS, 1949 = CLE, 990 : M(arcus) Aurelius Cottae / Maximi (libertus) Zosimus, / accensus patroni. / Libertinus eram, fateor : / sed facta legetur / patrono Cotta nobilis umbra mea. / Qui mihi saepe libens census donauit / equestris, qui iussit natos / tollere quos aleret, / quique suas commisit opes / mihi semper, et idem dotauit / natas ut pater ipse meas, / Cottanumque meum produxit / honore tribuni, quem fortis / castris Caesaris emeruit. / Quid non Cotta dedit ? Qui nunc / et carmina tristis haec dedit / in tumulo conspicienda meo. / Aurelia Saturnina, Zosimi.
74 Zosimus avait occupé une place de choix dans la hiérarchie servile, peut-être en tant que dispensator, selon l’hypothèse de Veyne 1961, p. 220 ; c’est fort probable, car Zosimus gérait la fortune de Cotta.
75 PIR2 A 1488 ; P. von Rohden, 1896, RE, II.2, col. 2490-2491, s.v. Aurelius, n° 111.
76 Landrea 2011, p. 557-579.
77 Vell. Pat., 2, 112, 2.
78 Salomies 2008, p. 86. Le mot Cottana qui figure sur une amphore, AE, 2000, 112, fait sans doute référence à une espèce de figue.
79 Demougin 1992, n° 232.
80 Ces recommandations ont notamment été étudiées par Demougin 1988, p. 304-305.
81 Contrairement à certains (voir notamment Popova 1968, p. 60), nous ne pensons pas qu’il ait été tribun des cohortes prétoriennes.
82 Sur le terme d’honores introduit dans l’armée, voir par exemple Demougin 1988, p. 283.
83 Demougin 1988, p. 81.
84 Veyne 1961, p. 220-221 insiste sur le fait que la parenté biologique n’est pas la seule. Les liens de l’affection sont aussi très forts, notamment entre l’affranchi et le patron. Bien plus que le sang commun, c’est le nom identique qui renforce des liens.
Auteur
UMR 8210 – ANHIMA - cyrielle.landrea@orange.fr
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