Le pouvoir des bons mots de César à Auguste (C. 80-30 a.C.) De la politique au politique
p. 145
Texte intégral
1Les décennies comprises entre les débuts de la carrière de César et la bataille d’Actium constituent une époque de profonds bouleversements politiques et sociaux2. Durant cette « Révolution romaine »3, l’instabilité institutionnelle et les violences politiques remirent en cause les conditions d’expression de l’humour politique républicain : alors que la libertas comprenait autrefois la possibilité de s’exprimer sur tout sujet avec une relative liberté de ton, limitée seulement par la grauitas et l’accusation (rare) d’injure publique, la domination de Pompée, Crassus et César, puis les guerres civiles, changèrent la donne4. Le rire devint-il prudent dans un contexte où les affaires de la cité ne pouvaient plus être ouvertement discutées et où une plaisanterie pouvait même devenir mortelle ? Cette situation engendra-t-elle, au contraire, l’éclosion d’un « faire rire » plus agressif et plus anonyme, résultat de haines politiques contenues ? Ce temps de la réflexion, appuyé sur des notices qui font la part belle au « faire rire » ascendant et dont les dates sont bien souvent établies5, évalue l’impact de la concentration progressive du pouvoir sur la morphologie d’un « faire rire » jadis utilisé par tous les acteurs de la ciuitas. L’analyse porte tout d’abord sur l’attitude des aristocrates face à César (chap. III, 57 notices) puis se concentre sur la présence d’un humour « populaire » lors de la domination politique de César (chap. IV, 22 notices), avant de voir les prolongements d’un « faire rire » recomposé et singulier pendant les années triumvirales (chap. V, 44 notices). L’étude d’un « faire rire » à la morphologie changeante et qui épouse le détail des évolutions politiques permet alors de discuter de manière critique du rapport entre l’aspect de la causticité publique et le progressif basculement, réel autant que recomposé par les textes (chap. VI, 15 notices), vers le pouvoir d’un seul homme.
Notes de bas de page
2 Les bornes chronologiques renvoient au premier bon mot identifiable dans la carrière de César puis au dernier trait prononcé par Octavien après Actium.
3 Syme 1967 (1939), le « bilan » de la fondation Hardt (La révolution romaine 2000) ainsi que Habinek – Schiesaro 1998 et Wallace-Hadrill 2008 sur la « Révolution culturelle romaine ».
4 Sur la libertas, Wirszubski 1950, Cogitore 2010 et Arena 2012. Sur l’injure politique, Dubreuil 2013.
5 85 notices concernent un humour de tendance ascendante, formulé contre César ou les triumvirs. 11 notices restent impossibles à dater, même si quatre d’entre elles se prêtent au jeu de la datation relative.
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