Avant-propos
Texte intégral
1Le présent volume constitue les actes d’une journée d’études tenue à l’École française de Rome, sous le même intitulé, les 26 et 27 octobre 2015, sous le haut patronage de la Bibliothèque Apostolique Vaticane, et en collaboration avec le Dipartimento di Studi Umanistici de l’Università di Udine et l’équipe Savoirs et pratiques du Moyen Âge au XIXe siècle de l’École pratique des hautes études.
2Cette journée d’études est la première consacrée à un ouvrage de Florus. Nous avons donné aux actes le « titre » qui nous a semblé à la fois le plus clair et le moins inexact ; mais, dans le cours du volume, nous l'appellerons, par une convention qui n’est qu’un compromis, la Collection de douze Pères, ou, plus simplement, la Collection dans les cas non ambigus (voir ci-après, dans la contribution de Pierre Chambert-Protat, la n. 95). Le projet éditorial de Pierre-François Chifflet (1592–1682) relatif à cet ouvrage n’ayant jamais abouti, il fallut en effet attendre les années 2000 pour que fussent enfin mises au jour, grâce au travail de Paul-Irénée Fransen, ces compilations de Florus sur l'Apôtre où se reflète l’une des grandes bibliothèques du monde carolingien. Nous précisons ici une fois pour toutes les références précises de l’édition princeps :
Florus Lugdunensis, Collectio ex dictis XII Patrum, t. I (Cyprianus Carthaginensis, Hilarius Pictaviensis), éd. Paul-Irénée Fransen et Bertrand Coppieters ’t Wallant, Turnhout, 2002 (CCCM, 193 ; Flori Lugdunensis Opera omnia, 1).
Florus Lugdunensis, Collectio ex dictis XII Patrum, t. II (Ambrosius Mediolanensis), éd. Paul-Irénée Fransen et Roland Demeulenaere, Turnhout, 2006 (CCCM, 193a ; Flori Lugdunensis Opera omnia, 2).
Florus Lugdunensis, Collectio ex dictis XII Patrum, t. III (Pacianus Barcinonensis, Theophilus Alexandrinus, Gregorius Nazianzenus, Ephrem diaconus, Leo Magnus, Cyrillus Alexandrinus, Fulgentius Ruspensis, Paulinus Nolanus, Avitus Viennensis), éd. Paul-Irénée Fransen et Roland Demeulenaere, Turnhout, 2007 (CCCM, 193b ; Flori Lugdunensis Opera omnia, 3).
3Dans la suite, il y sera fait référence soit globalement (Flor., Coll., avec précision du tome et de la page), soit en renvoyant à telle ou telle collection précise, Flor., ex [quodam Patre] in Apost., suivi du numéro de l’extrait, du tome et de la page, les collections étant, dans l’ordre de l’édition, Cypr., Hil., Ambr., Pacian., Theophil. Alex., Greg. Naz., Ephrem, Leo M., coll. can. (= « Cyrille d’Alexandrie », voir ci-après les contributions de Pierre Chambert-Protat et d’Emanuela Colombi, respectivement § 61-74 et 8), Fulg. Rusp., Paul. Nol., Alc. Avit. Ce système permet de traiter d’une manière uniforme les compilations sur l’Apôtre de Florus, y compris celles qui ne sont pas dans la Collection de douze Pères (Aug., Hier., Greg. M., Eucher.).
4Le but de cette rencontre était de présenter et de confronter le texte des compilations patristiques de Florus avec ce que l’on sait de la tradition manuscrite des œuvres des Pères concernés. Qu’apportent ces douze collections patristiques (onze, en réalité) à notre compréhension des travaux d’érudition et d’édition patristiques entrepris dans les centres intellectuels du monde carolingien ? Qu’apportent-elles, de nos jours, aux projets d’édition critique d’œuvres patristiques ? Surtout, quels problèmes posent-elles aux éditeurs de ces œuvres patristiques ? Si ces problèmes sont similaires d’une collection à l’autre, qu’en apprend-on sur les méthodes de travail de Florus de Lyon ? Sur la composition de sa bibliothèque patristique ? Enfin, peut-on mesurer précisément l’étendue de son travail « philologique » et son impact sur les traditions patristiques ? Telles étaient les principales questions qui ont guidé les travaux présentés par les intervenants. Pour y répondre, il fallait réunir des spécialistes de chacun des Pères concernés et de leurs traditions manuscrites. Leur collaboration et les échanges nés à la faveur de cette journée ont largement contribué à approfondir les études rassemblées dans ce volume.
5On y trouvera donc une étude pour chacun, ou presque, des auteurs impliqués. Florus d’abord, en tant que maître d’œuvre de l’ensemble, puis les Pères dans l’ordre où la Collection les donne : Cyprien, Hilaire, Ambroise, les Orientaux (Théophile, Grégoire de Nazianze et Éphrem), Fulgence, Paulin de Nole ; et enfin Augustin, bien qu’il ne soit pas directement impliqué dans la Collection, mais parce que l’Expositio augustinienne du même Florus forme un contrepoint naturel. Quatre des douze compilations de la Collection ne se voient pas consacrer d’étude propre. Cependant, la composition et la genèse des compilations tirées de Léon le Grand et de « Cyrille d’Alexandrie » sont détaillées dans l’étude initiale sur Florus. Le cas de Pacien de Barcelone ne paraissait pas devoir offrir beaucoup de nouveautés : l’unique manuscrit source de la compilation nous est conservé (Cité du Vatican, Bibl. Vat., Reg. lat. 331), et les travaux récents d’Angel Anglada Anfruns1 ont exploré dans les moindres détails aussi bien ce manuscrit que la compilation de Florus dans ses deux témoins. Pour Avit de Vienne, enfin, nous manquions d’un spécialiste. La nouvelle édition de ses lettres annoncée dans la Collection des Universités de France n’était malheureusement pas encore disponible au moment de la tenue de cette rencontre.
6Ces recherches se fondaient sur l’intuition qu’en étudiant simultanément Florus et ses recensions de plusieurs Pères, on ferait apparaître certes les problématiques propres à chaque tradition patristique, mais aussi des constantes susceptibles d’éclairer le contexte florien : sa bibliothèque, ses partis pris, ses méthodes, son legs. Si les études réunies ici ont, croyons-nous, vérifié cette intuition en apportant nombre d’éléments nouveaux dans ces quatre domaines, elles ont aussi ouvert la voie à de nombreuses investigations et réflexions. Les sélections opérées par Florus dans les corpus patristiques ne répondent pas seulement au principe le plus évident – la collecte systématique de passages exégétiques sur saint Paul – mais peuvent aussi ressortir d’autres logiques, qui s’éclairent par des problèmes ou des projets connus par ailleurs chez Florus. Les emprunts du Lyon carolingien à l’Italie se sont fait jour dans presque toutes les études, alors que seuls les échanges avec la Septimanie avaient été étudiés et bien établis jusqu’à présent. La circulation ultérieure et la descendance de manuscrits préalablement passés entre les mains de Florus représentent un héritage moins visible, certes, que ses œuvres, mais non moins réel, puisqu’il affecte directement le travail des philologues et notre lecture des Pères. Autant de pistes ouvertes et qui ne demandent qu’à être suivies : le présent recueil voudrait donner quelques exemples des problèmes qui se posent, des méthodologies disponibles pour les résoudre, et bien sûr quelques solutions.
7Nous remercions chaleureusement les intervenants et les modérateurs (Antonio Manfredi, Paul Mattei, Anne-Marie Turcan-Verkerk) d’avoir participé à cet atelier. Les premiers ont accepté, pour des raisons éditoriales, un calendrier contraignant pour la remise de ces actes. Qu’ils en soient une nouvelle fois vivement remerciés.
8La journée d’études n’aurait pu se tenir sans le soutien de la section Antiquité de l’École française de Rome, de la Bibliothèque Apostolique Vaticane, de l’université d’Udine et de l’équipe SAPRAT : nous remercions ceux grâce à qui ces institutions ont pu être engagées, Stéphane Bourdin, Antonio Manfredi, Emanuela Colombi et Brigitte Mondrain. Et nous remercions tout spécialement Giulia Cirenei pour son aide irremplaçable.
9Nous sommes, enfin, particulièrement reconnaissants à Louis Holtz pour la préface dont il a bien voulu nous honorer ; cette page liminaire, qui constitue la première mise en perspective des études ici réunies, rappelle les principales problématiques des recherches floriennes, tout en soulignant ce qu’a de spécifique l’approche retenue pour cet atelier.
Notes de bas de page
1 Angel Anglada Anfruns, « De Paciani Barcinonensis episcopi codice Reginensi lat. 331 », dans Vetera Christianorum, 41 (2004), p. 207-223 ; Id., « De Paciano in codicibus Lugdunensi 5804 et Vitryatensi 2 », ibid., 43 (2006), p. 31-52 ; Pacian., Opera, éd. A. Anglada Anfruns, 2012 (CCSL 69b).
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