III – L’Afrique et le monde punique, du IIIe s. à la fin de la République
p. 58-62
Texte intégral
1Ce chapitre, comme le précédent, est traditionnellement l’un des plus réduits de la B.A.A.A., mais cette année sa pauvreté est insigne. Il doit néanmoins être complété par les titres référencés dans les Généralités et au chapitre précédent.
A - Guerres puniques
Sources
2Seules les sources littéraires ont été mobilisées cette année avec une nette prédominance pour la deuxième guerre punique. (249) Guittard C., Religion romaine et religion punique dans le livre XXI de l’ab Vrbe condita, dans Revue des Études Latines, XCIV, 2016, p. 107-120. Le livre XXI de Tite-Live est particulièrement important pour la compréhension des faits historiques (l’année 218) et des faits religieux : il met en scène Hannibal dans la scène du serment et ce que l’on appelle le songe d’Hannibal, et il aborde l’interpretatio romana à travers les figures de Saturne et de Junon, identifiées à Ba’al Hammon et à Tanit, d’Hercule identifié à Melqart. (250) Montesanti A., The Ebro Treaty. Finis and Imperium in Livys’s Bordering Perspective, dans Vivre et penser les frontières dans le monde méditerranéen antique. Actes du colloque tenu à l’Université Paris-Sorbonne, les 29 et 30 juin 2013, édit. Berthelot H. et alii, Bordeaux (Ausonius. Scripta antiqua, 89), 2016, p. 43-54. Parmi les références géographiques mentionnées par Tite-Live, l’Hiberus (Èbre) revient plusieurs fois, notamment à propos du traité entre Rome et Carthage. Polybe et Tite-live offrent deux interprétations différentes de ce traité. Pour le premier, franchir le fleuve équivaut à une déclaration de guerre. Pour le second la situation de Sagonte est particulière en tant que ville libre. Face à ces deux vues apparemment contradictoires, une nouvelle hypothèse est présentée par l’auteur. Pour Tite-Live, le traité avait mis Sagonte au milieu des deux zones d’influence et, à ses yeux il n’y avait pas de différence entre l’attaque contre la cité et le franchissement du fleuve. Sagonte aurait été un poste de guet pour contrôler la région et finis doit être compris non comme une frontière au sens étroit, mais comme un « secteur » frontière. (251) Canobbio A., Per il testo di Ennio, epigr. IV (= var. 2124) Vahlen: l’autoelogio tetrastico di Scipione Africano, dans Studi Italiani di Filologia Classica, 2016, 4a ser., XIV, 2, p. 180-199, rés. angl. p. 253, traite des problèmes de philologie et d’interprétation que posent deux distiques transmis par des sources différentes. Il y est question de Scipion l’Africain. (252) Waddell P.T., Carthago deleta: alternate realities and metahistory in Appian’s Libyca, dans The art of history literary perspectives on Greek and Roman historiography, édit. Liotsakis V. et Farrington S., Berlin/Boston (Mass.), 2016, p. 241-252, postule la création narratologique d'une « réalité alternative » par Appien dans laquelle Carthage est déjà détruite après la deuxième guerre punique : il réduit le temps entre la fin de la deuxième guerre et la troisième guerre punique, suggérant ainsi que la troisième guerre n'aurait jamais dû avoir lieu, tout simplement parce qu'il n'y a pas eu de guerre [Qui pouvait le croire ?].
Bibliographie
3Seule la figure d’Hannibal a fait l’objet de publications. Une double erreur doit d’abord être réparée. La B.A.A.A. (2015), 2020, n° 306, a référencé l’ouvrage suivant comme étant paru en 2014, alors qu’il s’agit d’une publication de 2018 : Belkhodja A., Hannibal Barca. L’histoire véritable et le mensonge de Zama, Tunis, 2018, 207 p., ill. Dans un livre paru en 2015 sous un titre proche, et en partie accessible en ligne, (253) Id., Hannibal, vu par un Carthaginois, il n’est pas écrit qu’Hannibal a vaincu à Zama, mais que Zama n’a pas existé. (254) Martínez Hahnmüller V., Una historia del Mediterráneo Occidental. La lucha por el poder en Cartago durante la segunda mitad del siglo III a.C., dans Gerión, XXXIV, 2016, p. 127-134, analyse la composition des factions politiques carthaginoises (barcides, hannonides) pour déterminer leurs différences politiques et définir les techniques utilisées pour exercer le pouvoir ou l’enlever à leurs opposants. (255) Id., Los Barca, una familia aristocrática de Cartago durante el siglo III a.C. Aspectos sociales, económicos y políticos, dans Habis, XLVII, 2016, p. 171-186, mène une analyse détaillée sur les membres de cette famille à travers la documentation littéraire, dans les aspects annoncés par le titre. Notons aussi une exposition consacrée au chef carthaginois, (256) Annibale. Un viaggio. Catalogo della mostra (Barletta, Castello, 2 agosto 2016-22 gennaio 2017), édit. Ciancio A. et Rossi F., collab. Arslan E.A., Brizzi G., Biffi N., et alii, 2016, 202 p., où l’on trouvera de nombreuses mises au point, notamment sur la localisation de la bataille de Zama.
B - Monde punique
4Ce chapitre connaît à nouveau une pénurie sévère cette année, tant pour les publications sur les sources que pour celles de la bibliographie. On pourra compléter cependant avec les chapitres précédents.
Sources
5Elles sont réduites à un titre pour la littérature et un autre sur la numismatique. (257) Moodie E.K., Plautus’ Poenulus: a student commentary, Ann Arbor (Mich.), 2015, XII-223 p., carte, index, propose une édition du Poenulus de Plaute à destination des étudiants. Le texte latin, basé sur l’édition critique de F. Leo (1895-1896), est accompagné d’une introduction et de commentaires fournis en anglais (contexte littéraire et historique de la pièce, subtilités de la langue de Plaute). (258) Manfredi L.I., Le miniere, la metallurgia e il sacro nel Nord Africano fenicio-punico, dans Rivista di Studi Fenici, XLIV, 2016, p. 175-186, 2 fig., rés. angl. Depuis le Néolithique les sociétés accordent une dimension magique au travail des métaux, perçus comme des éléments vivants participant au cycle de la nature. Le fait est mis en évidence dans le monde punique à travers le témoignage de monnaies néopuniques figurant des divinités (Chusor et probablement Baal Hammon) et datant des IIe et Ier siècles av. J.-C., à Cirta et Hippo Regius. Les mines se trouvaient autour de Collo, de Cirta, d’Oran, de Melilla et jusqu’à Bouia. C’est, apparemment, dans la région de Cirta que se trouvaient les mines les plus importantes.
Bibliographie
6Cette section se limite à deux titres portant sur des coutumes propres à Carthage. (259) Bonnet C., Entre territoires, identités et cultes : la mémoire culturelle au prisme du tophet, dans Identités et territoires dans le Maghreb antique, p. 141-161, revoit des textes bien connus au prisme des interrogations actuelles. Le point de départ est un passage de Thucydide (VI, 3, 1) à propos de l’autel édifié à Apollon Archégète en Sicile qui représenterait l’omphalos d’un réseau grec sicéliote relié à la Grèce. C.B. le compare à un extrait de Diodore de Sicile (XX, 14) évoquant les relations entre Carthage et Tyr, puis elle examine le cas du tophet de Carthage qui serait le centre d’un réseau issu de Tyr, et Melqart le dieu garant de la fondation. Un passage d’Appien, dans lequel les Romains ordonnent la destruction de la ville (Punica, 131) révèle la solidarité entre la terre, les dieux et les hommes. (260) Ribichini S., Giù dalle mura: da Tiro a Cartagine, visitando altri luoghi, dans Rivista di Studi Fenici, XLIV, 2016, p. 145-153, examine les cas de prisonniers jetés depuis les murs de plusieurs cités, Tyr (en 332), Utique et Hippo Diarryte (en 240) et Carthage (en 147). Des comparaisons sont faites avec des rituels religieux et des exécutions de prisonniers.
C - Les royaumes africains
7La pénurie se maintient, avec quatre titres en tout et pour tout ! mais les sections précédentes ont également livré des études sur les sociétés locales.
Sources
8La documentation est épigraphique et archéologique. (261) Hamdoune C., L’épitaphe versifiée d’une esclave de la familia de Juba II, dans Esclaves et maîtres dans le monde romain. Expressions épigraphiques de leurs relations, édit. Dondin-Payre M. et Tran N., Rome (Collection de l’École française de Rome, 527), 2016, p. 83-96, photo. Ce texte, qui adopte une forme originale, concerne une défunte d’origine servile, à qui ses compagnons de servitude ont dédié une tombe. Les épitaphes versifiées par des esclaves pour l’un d’eux sont très rares en Afrique. Une autre a été trouvée à Cherchell, celle d’un uerna nommé Philo, rédigée par son père, affranchi (CIL, VIII, 9508) et cinq poèmes de Carthage, sans doute du début du IIe s., proviennent du cimetière des officiales (CIL, VIII, 12792, 13134, 24734, 25006, 13110). À Rome aussi, ces poèmes sont peu nombreux. Le texte renvoie aux pratiques funéraires dans le cadre d’une familia, qui ne peut être que celle des rois de Maurétanie qui avaient adopté les comportements des grandes familles romaines. (262) El Khayari A., Sur un Lixitain qualifié de ŠHKŠY dans une dédicace punique découverte à Cissi (Cap Djinet, Algérie), dans Bulletin d’archéologie marocaine, XXIII, 2016, p. 109-118, 2 fig. Cette inscription votive, qui avait été naguère différemment interprétée, indique que Cissi disposait au IIe s. av. J.-C. d’un sanctuaire dédié probablement à Ba’al Hamon ou Ba’al Addir. Le dédicant, Drk/Brk Adoniba’al était un ressortissant maure honorable, appartenant à la tribu des Sokossoi, localisée dans le nord du Maroc, mentionnée par Ptolémée au IIe s. apr. J.-C. Citoyen de Lixus, il était probablement de passage. Ce texte atteste aussi l’existence à Lixus d’une Assemblée du peuple à l’instar des cités puniques. (263) Bridoux V., Kbiri Alaoui M., Lenoir É. et Naji H., Kouass (Asilah, Maroc). Campagne d’études 2015, dans Chronique des activités archéologiques de l’École française de Rome, Maghreb, 2016, 7 p. (en ligne), 3 fig., présentent les résultats de la troisième campagne du second programme quadriennal de Kouass, qui a été consacrée à l’étude de deux catégories de céramiques d’époque maurétanienne : le « type Kouass » (fin IVe s.-Ier s. av. J.-C.) et la céramique commune.
Bibliographie
9Une unique étude met en lumière la culture mixte des rois numides. (264) Bennour K., La royauté chez les Numides entre traditions et influences étrangères, dans Karthago Dialoge, p. 119-136 : bien qu’influencée par la culture punique, la royauté numide adopte les codes de la culture hellénistique, codes qui ont transité par Carthage. Nous signalons, sans avoir pu le consulter, (265) Medas S., Rex Iuba, Milan, 2016, 367 p., qui évoque la vie (romancée ?) de Juba II.
D - La province d’Afrique
10Cette section est moins abondante encore qu’à l’habitude. Nous n’avons relevé aucune étude sur les sources, seulement trois au titre de la Bibliographie. (266) Hobson M.S., Roman imperialism in Africa from the Third Punic War to the Battle of Thapsus (146-46 BC), dans De Africa Romaque, p. 103-120, 2 fig., compare la situation économique de l’Afrique avant et après la chute de Carthage, à partir des données numismatiques et céramologiques, ainsi que des mesures officielles dans le domaine agraire (Lex agraria, centuriations). Il conclut à une activité plus intense dans l’ancien territoire carthaginois juste après la 3e Guerre punique que ce qui est généralement admis. (267) Christol M., Les vicissitudes de l’organisation territoriale provinciale des Romains en Afrique au lendemain de l’annexion du royaume de Numidie, dans Identités et territoires dans le Maghreb antique, p. 9-26. L’étude s’attache au vocabulaire utilisé par les historiens anciens pour évoquer l’organisation de la province d’Afrique peu après 46 av. J.-C. : une distinction existait dans leur énoncé entre l’ancienne province, créée après la chute de Carthage, et le royaume numide annexé à cette date. Une tendance au rapprochement exista très tôt, mais il devint utile d’exprimer l’hétérogénéité des structures institutionnelles. (268) Gozalbes Cravioto E., La crisis de la República en el África romana: la actuación de César en el 46 a.C., dans Crisis en Roma y soluciones desde el poder, édit. Bravo G. et González Salinero R., Salamanque, 2016, p. 65-82. Cette brève synthèse porte sur les conséquences de l’action de César en Afrique en 46 : disparition du royaume numide, création de la province d’Africa Noua et refondation de Carthage. Rien de bien neuf.
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Bibliographie analytique de l’Afrique antique XLVIII (2014)
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2021
Bibliographie analytique de l’Afrique antique XLIX (2015)
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2020
Bibliographie analytique de l’Afrique antique XLIII (2009)
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