Chapitre 7. Une crise institutionnelle : les cadres de la politique russe dans la tourmente des années 30
Texte intégral
1Dans les années 1920, le Saint-Siège s’est doté d’outils administratifs et institutionnels nouveaux pour aborder les questions russes. Grâce à la création de l’Institut pontifical oriental, le Saint-Siège dispose de ses propres experts sur ces questions. Par ailleurs, la Commission pour la Russie a permis de regrouper le traitement des questions russes à Rome mais aussi de reconstruire une hiérarchie épiscopale en URSS. Dans l’émigration, l’établissement de communautés russes-catholiques s’opère au gré des impulsions locales tout en obtenant des secours du pape et de la Congrégation orientale. Au cœur de ces évolutions institutionnelles, la personnalité du jésuite français Michel d’Herbigny apparaît comme une clé de voûte : président de l’Institut pontifical oriental, il s’est également imposé comme le fer de lance de la jeune Commission pro Russia tout en entretenant des liens avec les œuvres actives dans les milieux de l’émigration, notamment dans les pays francophones. Il convient toutefois de se demander comment ces nouvelles institutions répondent à la violence antireligieuse en URSS et à la crise mondiale. Comme pour les années 1920, nous aborderons ces évolutions institutionnelles à trois échelles : la situation en Russie, les institutions romaines et les milieux de l’émigration.
L’effondrement de la hiérarchie en Union soviétique : l’épuisement du système d’Herbigny
2La hiérarchie d’administrateurs apostoliques établie par d’Herbigny en 1926, que l’on peut qualifier de « système d’Herbigny », est brutalement mise à l’épreuve par le régime soviétique. On montrera comment le Saint-Siège a tenté de la faire perdurer en explorant des voies extrêmes comme le secret de fonctionnement et la concession de facultés extraordinaires, avant d’assister – impuissant – à son extinction progressive au cours des années 1930.
Les effets pervers du secret : une hiérarchie fantôme progressivement révélée
3Tout d’abord, pour perdurer malgré les incarcérations et expulsions, le système d’Herbigny se fonde sur un processus de nomination des administrateurs apostoliques extraordinairement souple et peu formalisé. Mgr Naskrecki est ainsi nommé administrateur apostolique « par la voie ordinaire-postale […] par S. E. Monseigneur Dubowski, qui ne [lui] avait pas écrit sur la nomination faite, mais simplement [l]e qualifia au commencement et à la fin de sa lettre d’“administrateur apostolique” »1. Cependant si, par précaution, les administrateurs ne possédaient pas de documents établissant leur situation et l’étendue de leurs facultés, des traces écrites témoignant de l’évolution de la situation hiérarchique devaient toujours être conservées à Rome. Par exemple, en juin 1935, Mgr Neveu demande un document officiel établissant ses nouvelles responsabilités auprès des différentes administrations apostoliques et se voit répondre « que le document désiré par lui a été fait et conservé dans nos archives »2. Ce processus de conservation des documents à Rome permettait de protéger les intéressés d’éventuelles incursions policières tout en assurant la légalité à cette hiérarchie d’administrateurs. Cependant, certains exemples montrent que la conservation de traces à Rome a connu des défaillances. En mai 1935, Mgr Naskrecki demande un exemplaire de son décret de nomination comme administrateur apostolique3. La Commission pro Russia doit alors reconnaître que le dossier de Naskrecki ne comprend pas la « minute de la nomination » et que « très probablement aucun décret régulier ne fut fait ». Étant donné que Naskrecki n’est plus alors administrateur apostolique de Žitomir et a quitté la Russie, la Commission ne voit plus l’utilité d’établir un document « dont il n’existe même pas la minute »4. On touche ici aux limites du soi-disant juridisme romain.
4Cependant, cette conservation romaine des actes offre une souplesse supplémentaire au Saint-Siège, en lui permettant de revenir plus facilement sur certaines décisions. On connaît ainsi un cas d’annulation de décoration pontificale. En mars 1929, le congrès de la Commission pro Russia souhaite conférer une prélature à Przyrembel, pro-vicaire général de l’administration apostolique de Leningrad. Toutes les informations reçues pour son dossier de candidature n’étant pas favorables, le congrès décide de ne lui conférer que le titre de Camérier secret surnuméraire5. La Commission ne trouve jamais la possibilité de remettre à l’intéressé le billet de nomination délivré par la Secrétairerie d’État (N° 140, 2 mai 1929). Cependant, en septembre 1932, Przyrembel est exilé en Pologne à l’occasion d’un échange de prisonniers : Mgr Neveu l’accuse alors de « collaboration au GPU » et « espère bien que le brevet sorti de la Secrétairerie d’État à son nom y restera enfoui ou bien qu’il sera brûlé : sinon, je crie au scandale. […] Pas de galons aux lâches ! »6. La Commission décide alors, sans enquête supplémentaire, que « ce prêtre s’étant laissé intimider en Russie par le GPU […] ne doit pas recevoir la décoration en question » et demande à Mgr Ottaviani de prendre des mesures pour que « son nom soit effacé de la liste des Camériers secrets surnuméraires, aussi dans l’Annuario Pontificio où il avait été publié »7.
5Plus profondément, si le secret qui entoure le système d’Herbigny permet un fonctionnement souple, il produit également des effets pervers, dont le moindre n’est pas de déposséder Rome de cet outil qu’il avait pourtant conçu « ad nutum ». La Commission pro Russia ignore en fait parfois les contours exacts de la hiérarchie en URSS. En juin 1928, le cardinal Sincero demande à d’Herbigny de faire le point sur la hiérarchie et de mettre à jour les adresses des administrateurs apostoliques pour les archives8. Mais d’Herbigny répond qu’il n’a aucune nouvelle information depuis le rapport rédigé en novembre 1926 et que « l’adresse personnelle des administrateurs change trop souvent (au bon plaisir des Soviets, qui distribuent les logements) »9 ! Autre exemple : fin 1929, Mgr Naskrecki, administrateur de Žitomir, est arrêté par la police sans avoir fait connaître son successeur à Mgr Neveu10. Durant deux mois, l’incertitude s’installe sur l’identité de ce successeur : des informations contradictoires arrivent de Mgr Szelazek (évêque de Luck) et d’Adam Steblowsky, le consul général de Pologne à Kharkov11. Le système des administrateurs apostoliques échappe ainsi au Saint-Siège qui essaie malgré tout de garder la main sur les successions en se fondant sur Mgr Neveu, pour qui les contacts avec Rome sont plus faciles. Ainsi, au plus tard en novembre 1929, Rome a « recommandé à tous les administrateurs » d’informer Mgr Neveu des successeurs choisis pour leurs postes12. Par ailleurs, le Saint-Siège essaie de s’imposer dans le processus de nomination des administrateurs apostoliques en jouant sur les titres honorifiques et en utilisant les consécrations épiscopales, dont il reste le maître. Ainsi, en 1928, alors que Mgr Malecki évoque la probabilité de son arrestation, Pie XI demande que Mgr Przyrembel soit nommé « Pro-Vicaire général, de telle sorte qu’il n’ait aucun droit à la mort de l’évêque », par contre Mgr Matulionis devrait être « consacré comme évêque coadjuteur de l’Administrateur apostolique, avec droit de succession dans l’Administration, mais toujours “ad nutum” »13.
6Dans ce contexte, pour garder la main sur ce système qui menace de lui échapper, le Saint-Siège est contraint de révéler, au moins pour ce qui est des administrateurs-évêques, cette hiérarchie que le secret devait protéger de la violence étatique. Trois ans après la mise en place de cette hiérarchie, les élections épiscopales de Russie sont révélées au Sacré Collège (publication en consistoire) ainsi qu’au monde catholique (par le biais de l’Annuario pontificio). En janvier 1929, la Commission pro Russia demande à la Congrégation Consistoriale de publier en consistoire l’élection au siège titulaire de Cillium de Mgr Sloskans en tant qu’administrateur apostolique de Mohilev et celle de Mgr Malecki au siège titulaire de Dionysiana en tant qu’administrateur de Leningrad14, ce qui est fait lors du consistoire du 15 juillet 1929. Dans les Acta Apostolicae Sedis, les noms de Sloskans et de Malecki n’apparaissent toutefois qu’avec leurs titres épiscopaux (Cillitanum et Dionysianensem) mais sans mention de leurs fonctions d’administrateurs apostoliques15. Dès l’édition de l’Annuario pontificio de 1929 (publiée traditionnellement au début de l’année), leurs noms apparaissent16. Le processus de révélation du système d’Herbigny se poursuit. En octobre 1929, la Commission pro Russia souhaite mentionner dans l’Annuario pontificio tous les noms des administrateurs apostoliques, de leurs titres et de leurs dates d’entrée en fonction17. Cependant Pie XI demande de limiter la publication aux « noms des quatre évêques et des administrateurs prisonniers » en indiquant entre parenthèses la mention « en prison pour la foi » selon la « belle formule » proposée par le cardinal Sincero18. De plus, la Commission pro Russia souhaite publier dans les Acta Apostolicae Sedis la situation de Mgr Frison mais en « omett[ant] […] la date du décret (30 avril 1926) et de la consécration (10 mai 1926) »19. Finalement, Pie XI accepte en novembre 1929 de publier en consistoire l’élection au siège titulaire de Limyra de Mgr Frison en tant qu’administrateur d’Odessa20. Cette publication a lieu lors du consistoire du 16 décembre 1929. Malgré la demande de non-publication dans les Acta Apostolicae Sedis21, le nom de Frison est bien indiqué dans les AAS de 1929 mais de nouveau sans mention de sa fonction d’administrateur apostolique22. L’Annuario pontificio de 1930 fait ainsi apparaître les noms des évêques Neveu et Frison mais aussi des administrateurs emprisonnés : Teofil Skalski, Casimir Naskrecki, Vincent Ilgin, Michel Iodokas ainsi que l’exarque Léonide Fëdorov23. En 1934, la Commission pro Russia demande enfin la publication en consistoire de l’élection de Mgr Matulionis au siège de Matrega, car celui-ci vient d’être exilé de Russie et se trouve « loin de tout danger de représailles de la part du gouvernement soviétique »24. L’élection au siège de Matrega est signalée lors du consistoire du 5 mars 193425. L’acte de la Pro Russia du 8 décembre 1928 de « provisio ecclesiae » faisant de Matulionis l’évêque titulaire de Matrega et l’auxiliaire de Mgr Malecki est finalement publié dans ce même volume des Acta Apostolicae Sedis de 193426. Cette politique de publication prend donc en compte la situation des administrateurs apostoliques en ne publiant que les administrateurs déjà « découverts » par l’État. C’est également ce que l’on peut déduire de l’attitude de la Commission pro Russia en novembre 1933. À la demande d’Eugène Chardavoine, le directeur de l’Annuaire pontifical catholique, qui souhaitait des notices biographiques sur Matulionis, Ilgin et Skalski, la Commission répond favorablement car, une fois libérés, « il n’y a […] plus d’inconvénient à publier [le] titre épiscopal »27. Ces publications, qui suivent la situation locale, restent donc toujours partielles. Le nom de l’administrateur apostolique de Kamenec, Mgr Swiderski, est révélé seulement dans l’Annuario de 193328 alors qu’il a été nommé dès 1926. Ce flou maintenu explique la récurrence des rumeurs dans la presse sur la composition exacte de cette hiérarchie. Le 24 février 1932, le journal russe de Paris Vozroždenie publie un article sur un « évêque catholique romain du diocèse de Kiev, le comte Conrad Pavlovitch Steklinsky […] qui aurait été horriblement torturé devant l’auteur [de l’article] en mars 1929 ». Cet évêque aurait ensuite été délivré par un bateau anglais commandé par des Italiens venus de Rome sous pavillon allemand. Ces détails romanesques conduisent d’Herbigny à penser qu’il s’agit d’un récit d’« agent provocateur [à] démasquer au plus tôt ». Après avoir eu la confirmation de l’évêque Mgr Dubowski qu’aucun prêtre de ce nom n’était connu dans la région, le prince Wolkonsky envoya « en son nom un démenti au journal »29.
7Souple mais instable, la hiérarchie des administrateurs apostoliques a ainsi fasciné l’opinion publique et posé des questions inédites à l’administration romaine. Les facultés remises aux administrateurs apostoliques posèrent également des problèmes nouveaux.
Un château de cartes : le système des facultés
8Certains privilèges accordés semblent avoir dépassé les administrateurs apostoliques eux-mêmes. En juillet 1929, Mgr Kruschinsky, exilé d’URSS et arrivé en Allemagne, demande la « sanation générale ad cautelam pour toutes les dispenses accordées par lui durant son administration […], craignant d’avoir fait diverses erreurs et d’avoir outrepassé les limites de ses facultés », ce que Pie XI lui accorde immédiatement30.
9Cette crainte est bien compréhensible étant donné l’ampleur des facultés accordées aux administrateurs apostoliques et, plus généralement, au clergé. En novembre 1929, Mgr Swiderski fait parvenir à Rome un bilan sur son administration apostolique (Kamenec) et présente une série de demandes31. À l’occasion de l’audience du 17 décembre 1929, ces facultés sont globalement accordées par Pie XI qui précise que ces dernières sont « valides jusqu’à la fin de la persécution actuelle et à exercer avec la prudence et la réserve voulues »32. On y trouve notamment la faculté de « célébrer la messe sans habit liturgique » et « même sans surplis et étole […] dans les lieux où cela serait nécessaire »33, ou encore la faculté de « célébrer la messe pour les défunts ou de la Bienheureuse [Vierge Marie] » pour des causes valables comme l’absence de missel34. Le rescrit résumant ces facultés est rédigé par la Commission pro Russia le 15 janvier 193035. En novembre 1929, suite à une demande de Mgr Neveu, Pie XI autorise tous les administrateurs apostoliques de Russie à donner la faculté à leur clergé de célébrer la messe même l’après-midi ou le soir, en limitant le jeûne à quatre heures36. Durant l’audience du 17 décembre 1929, d’Herbigny présente encore plusieurs demandes de Mgr Neveu en insistant sur le fait que « les pauvres Russes se trouvent dans de si exceptionnelles circonstances ». Pie XI accorde ainsi la faculté à des laïcs de porter l’Eucharistie à des infirmes ou des prisonniers « en confiant à la prudence des Administrateurs et des prêtres la décence à observer »37. Enfin, en février 1930, à la demande de Mgr Neveu, le pape concède à tous les prêtres « la faculté d’entendre les confessions dans toutes les parties du territoire de l’URSS », cette concession étant valable « pendant la durée de la persécution »38. La situation russe, définie comme extraordinaire, mériterait certainement d’être comparée à celle d’autres pays (missions, situations politiques hostiles). On sait ainsi que Mgr Pizzardo remet à la Commission pro Russia en octobre 1931 « pour en tenir éventuellement compte pour les prêtres en URSS » un rapport sur les facultés concédées le 7 mars 1927 par la Congrégation des Sacrements aux évêques du Mexique pour simplifier l’usage des objets liturgiques et la cérémonie de la messe elle-même39.
10La multiplication des concessions de facultés s’accompagne d’un effort de coordination de la part du Saint-Siège, qui s’intensifie au second semestre 1929. En août 1929, l’administrateur apostolique de la Géorgie, Mgr Demuroff, demande d’amples facultés40. Pie XI décide, lors de l’audience du 18 septembre, de se conformer à la situation des autres administrations et d’accorder « toutes les facultés extraordinaires concédées récemment à Mgr Frison et Mgr Kruschinsky avec les mêmes limitations et précautions »41. De même, dans l’audience déjà évoquée du 17 décembre 1929, pendant laquelle Pie XI concède une série de facultés à l’administrateur apostolique de Kamenec, plusieurs points sont accordés à la condition que l’administrateur informe toujours Rome de ses actions. Par exemple, le pape accepte de simplifier la procédure du jugement des causes matrimoniales mais à condition « que l’on conserve et qu’on envoie – dès que possible – un résumé des conclusions et sentences »42. En revanche, une faculté est refusée à l’administrateur apostolique de Kamenec – celle de « dispenser des mariages célébrés et non consommés »43 – car le pape souhaite conserver ce pouvoir mais il propose de donner à l’administrateur de Kamenec la possibilité de recourir à une procédure simplifiée qui a déjà été concédée à Mgr Gronski. Le pape insiste enfin pour que l’ensemble des facultés accordées pour l’administration apostolique de Kamenec et qui sont valides « pour tous [les administrateurs apostoliques] jusqu’à la fin de la persécution » soient communiquées « aussi à Mons. Neveu pour sa direction propre et celle des autres administrateurs »44.
11L’effort romain pour assurer une homogénéité et une cohérence dans le droit canon appliqué en URSS bute parfois sur le système même de concession de ces facultés. En effet, certaines facultés accordées lors d’audiences ne donnent pas lieu à la rédaction de rescrits officiels. En 1935, un petit scandale éclate à ce propos. L’Annuaire pontifical catholique publie deux « indult[s] obtenu[s] du S[ain]t-Père par le Présid[ent] » de la Commission pro Russia. Le premier accorde « tant que dureront les conditions actuelles » la permission de célébrer la messe le soir les dimanches et jours d’obligation après seulement quatre heures de jeûne si les ouvriers ont été contraints de travailler ce jour-là (25 novembre 1929). Le second accorde aux ordinaires de permettre aux laïcs de porter la communion « dans les prisons ou dans les lieux ou les prêtres ne peuvent pénétrer, moyennant certaines précautions », notamment que les hosties soient enveloppées dans un linge, comme il a déjà été accordé pour le Mexique (20 janvier 1930)45. La Pro Russia, visiblement gênée que ces « facultés tout à fait extraordinaires, dont le Saint-Siège interdit d’habitude qu’en soit donnée la nouvelle publiquement » soient connues de tous, lance une enquête. Le problème est que les archives de la Commission ne conservent pas la « mémoire de telles facultés » et que d’Herbigny, déjà loin de Rome, interrogé « avec délicatesse » par la Commission, « partag[e] l’étonnement devant cette publication, [et] dit que la nouvelle a dû être communiquée de Russie par les Assomptionnistes qui dirigent l’annuaire »46. La réponse de d’Herbigny est en fait plus précise : sur le fond, le contenu des privilèges « est certain ». Même si le jésuite français ne se souvient pas de la date précise, il s’agit de l’année 192947 et cette faculté fut concédée après l’exposition par le père Amoudru des conséquences du décret du conseil des commissaires du peuple de l’URSS (24 septembre 1929) sur l’abandon de la semaine de sept jours, « supprimant pratiquement la possibilité d’assister à la Sainte Messe le dimanche et d’y communier ». En concédant cette faculté (qui sera remise à Amoudru via Mgr Neveu), Pie XI demanda à d’Herbigny « comme quelque autre fois d’expédier la réponse à Mgr Neveu sans en donner communication à la Commission elle-même ». Toutefois d’Herbigny signale que « dans le texte authentique devait apparaître une réserve, qui laissait à Mgr Neveu le jugement quant à l’application des facultés »48. Cette crise révèle un dysfonctionnement interne de la communication entre le pape et la Commission pro Russia mais ne vient pas remettre en cause le système lui-même des facultés, ni même le caractère « extraordinaire » des pouvoirs concédés au clergé russe. Plutôt que de chercher le responsable de cette fuite, le responsable de la Commission pro Russia propose de généraliser « les facultés des deux rescrits en question […] à d’autres centres de Russie pour les fidèles de tous les rites et pour les prêtres, qui en font la demande »49. Le départ de Rome du jésuite français ne signifie donc aucunement la remise en question du système d’Herbigny, c’est-à-dire de cette hiérarchie d’administrateurs apostoliques fonctionnant sur un modèle juridique très assoupli.
Derniers espoirs : projets d’entrée en URSS et conversion de Mgr Remov
12On retrouve une même torsion à l’extrême des possibilités offertes par le droit canonique dans les ultimes projets élaborés au début des années 1930 qui visent le renouvellement du clergé.
L’impossible recrutement du clergé et l’hypothèse laïque
13Impuissante à créer un séminaire en Russie, la Commission pro Russia tente en mai 1929 d’assouplir les règles de recrutement des prêtres pour « assurer en Russie la permanence du sacerdoce catholique pour l’administration des sacrements et la cure des âmes ». La Commission propose même de recruter des laïcs, il s’agirait de :
concéder aux Administrateurs Apostoliques la faculté de procéder au choix des candidats au sacerdoce parmi les meilleurs laïcs, célibataires ou veufs, qui ont une bonne réputation auprès des fidèles, connaissent suffisamment le latin et la liturgie pratique, se contentant, quant à la science théologique, des notions dogmatiques, claires et précises, contenues dans le Catéchisme Catholique, et de la connaissance sûre des principes de la morale, spécialement pour ce qui concerne la pénitence et le mariage.
14Face à cette demande extrême, Pie XI, sans prendre de décision hâtive, demande leurs avis aux évêques Lozinski, Szelazek et Neveu50. Les réponses témoignent du découragement quant à la situation en Russie, en particulier sur la formation du clergé51. Les échecs répétés de création de séminaires (celui de d’Herbigny en 1926 est évoqué par Neveu52 et celui de Skalski à la fin des années 1920 par Szelazek53) prouvent que seuls de puissants soutiens diplomatiques pourraient en permettre la réussite. L’exemple des congrégations secrètes de la Pologne tsariste est alors évoqué comme une piste « non impossible » par Mgr Szelazek qui souligne toutefois le danger nouveau de la délation qui n’épargne « aucune famille » et la sévérité des peines auxquelles seraient condamnés des prêtres formés et ordonnés de façon secrète54. Mgr Neveu confirme cette difficulté à discerner les « faux frères »55. Mgr Lozinski propose, quant à lui, d’organiser des congrégations religieuses dans le cadre de « coopératives » agricoles, partageant ainsi travail et vie commune56. À ces projets, Mgr Szelazek ajoute l’idée d’envoyer « par voie légale » en Russie des laïcs déjà préparés au sacerdoce mais qui ne seraient ordonnés que sur place57. Il estime d’ailleurs que les orthodoxes sont avantagés dans ce contexte de persécution car ils peuvent plus facilement ordonner des responsables du chœur ou des laïcs déjà engagés dans la vie paroissiale58. Cependant la question du renouvelement du clergé se pose aussi pour le rite oriental.
Le retour de la question du rite oriental : Mgr Remov et le titre de Serguievo
15La conversion au catholicisme de Mgr Bartholomée Remov (1888-1935), un évêque orthodoxe, moine de la Trinité-Saint-Serge, le 10 novembre 1932 relance la question du statut de la hiérarchie de rite oriental59. Sur les conseils de Mgr Neveu, Pie XI décide durant l’audience du 25 février 1933 que Mgr Bartholomée conserve le titre de Serguievo qu’il avait dans la hiérarchie orthodoxe. Si l’Église catholique reconnaît traditionnellement aux orthodoxes convertis la validité de leur ordination, il est inhabituel de conserver le même titre épiscopal. Dans le cas de Serguievo, le cas est particulier. En effet, il s’agit d’une « localité […] célèbre dans l’histoire religieuse de la Russie » mais « jusqu’alors sans évêque, parce que c’était un monastère sui iuris – supprimé par les bolcheviques ». Mgr Remov en fut le premier titulaire et le pape propose qu’il « restera comme le titre du premier siège résidentiel pour le rite oriental dans la Russie moscovite, pour toute la province de Moscou ». Mais, « provisoirement, Mgr Bartholomée ne saura pas que le siège de Serguievo est résidentiel » et aidera Mgr Neveu « comme s’il en était un auxiliaire »60 ! Cette décision est particulièrement étonnante, à la fois par la reprise d’un titre orthodoxe vierge (comme pour bénéficier de l’aura spirituelle russe mais sans hériter d’une lignée d’évêques « schismatiques »), par le jeu entre siège résidentiel et siège titulaire et enfin du fait de la dimension secrète pour l’évêque lui-même de sa propre situation.
16Cet étonnement est partagé par les employés de la Pro Russia qui rencontrent de nombreux problèmes pratiques quand, cinq mois plus tard, Pie XI ordonne de « préparer le décret qui confère à l’évêque Bartholomée le titre de la ville de Serguievo […] et l’institue comme évêque auxiliaire ou évêque de Mgr Neveu pour le rite oriental dans l’Administration apostolique de Moscou »61. En effet, pour créer un nouveau titre épiscopal, une constitution apostolique déterminant les limites de la juridiction ordinaire de l’évêque doit être promulguée, « ce que l’on pourrait faire à la rigueur mais qui pourrait sembler une vaine ostentation dans le moment actuel où il n’y a encore dans ce territoire ni fidèles, ni prêtres de rite oriental, en dehors de l’évêque »62. Après avoir pris conseil auprès de la Congrégation Consistoriale, la Pro Russia essaie de faire choisir un siège titulaire habituel pour éviter de promulguer une « constitution solennelle »63. Mais ce dernier avis ne semble pas avoir été suivi. Deux décrets sont finalement préparés nommant respectivement Mgr Remov : évêque titulaire de Serguievo (Serghievensis) (daté du 25 février 1933) et auxiliaire de Neveu pour le rite oriental (daté du 3 juillet 1933)64. Cependant ces décrets ne seront pas publiés officiellement et Mgr Remov n’apparaîtra jamais dans l’Annuario pontificio. Cet exemple extrême démontre la vigueur de la volonté de Pie XI, probablement assisté de d’Herbigny, et les tensions qui s’éveillent même au sein de la Commission pro Russia, pourtant pensée et façonnée pour être un instrument aux ordres du pape. Dans ce contexte, il est vrai particulièrement difficile, on observe l’existence en pointillés d’une nouvelle institution : la sous-commission spéciale pour la Russie.
Les projets d’entrée en Russie de la « sous-commission spéciale » (1930-1933)
17À trois reprises entre 1930 et 1933, Michel d’Herbigny échafaude des plans pour faire entrer secrètement en Russie des prêtres catholiques. Afin de garantir la confidentialité de ces projets risqués, il établit une « sous-commission spéciale » au sein de la Pro Russia dans laquelle il intervient seul avec Pie XI. Largement inspirés par l’esprit des expéditions de 1926, ces essais échouent mais illustrent la souplesse institutionnelle que Pie XI était prêt à concéder aux affaires russes, ainsi que l’atmosphère de secret dont d’Herbigny aimait entourer ses entreprises.
18Le premier de ces projets est élaboré en octobre 1930 et vise à faire entrer des ordres religieux en Russie. Le 17 octobre, lors d’une audience pontificale, est décidée une « division des territoires » selon les ordres religieux, à savoir les dominicains au nord, les franciscains missionnaires à l’ouest, les assomptionnistes au centre, les jésuites au sud et les capucins en Extrême-Orient. Le Saint-Père s’engage à trouver un financement et la sous-commission contacte les supérieurs généraux des différents ordres qui sont invités à garder le « silence »65. Lors de l’audience du 1er novembre 1930, Pie XI accorde un financement à cette action : il attribue – sur le chèque de 60.000 dollars envoyé par le père Walsh – une somme de 50.000 dollars pour « le fonds de la Sous-commission spéciale » pour lequel il demande de tenir un « compte spécial dans un registre secret »66. Lors de cette audience, le pape demande aussi d’associer les rédemptoristes au projet pour « la mission interne en Russie de rite slave »67. Le 8 novembre, la sous-commission reçoit séparément les responsables des dominicains, des rédemptoristes et des frères mineurs observants68. Après ces consultations et un rapport du père jésuite polonais Sopuch proposant d’ordonner plus facilement au sacerdoce des religieux en vue de leur entrée en Russie69, Pie XI freine cette opération dont certains aspects semblent incontrôlés. Selon lui, « il ne serait pas prudent de promouvoir au sacerdoce des frères peu formés », mais il faudrait « plutôt […] [les] utiliser comme informateurs, catéchistes, et auxiliaires pour les prêtres qui pourraient éventuellement pénétrer en Russie »70.
19Si ce projet de pénétration par les ordres religieux ne semble pas avoir eu de suites, c’est peut-être parce qu’il a été supplanté par un autre, également dirigé par la sous-commission spéciale. En octobre 1930, d’Herbigny appelle Mgr Glaser à Rome après les fêtes de Noël et lui demande « de prévenir son évêque qu’il ne retournera probablement pas en Roumanie ». De son côté, la Commission doit « prépar[er] les éléments pour une consécration [épiscopale] secrète […] sans enquête formelle, mais en recueillant par exemple au [Collège] Germanico les informations opportunes »71. Si les informations données par le recteur du Collège Germanicum-Hungaricum (où Glaser fut élève) en vue d’une éventuelle consécration épiscopale semblent plutôt favorables72, Mgr Glaser en revanche ne souhaite pas quitter la Bessarabie et souligne ses problèmes financiers et de santé73. Malgré les réticences de l’intéressé, d’Herbigny convoque quand même Glaser à Rome, sans nourrir trop d’espoirs car « il est vraiment impossible d’envoyer en URSS une personne qui n’y irait pas volontiers »74. Cependant, le passage par Rome semble avoir convaincu Mgr Glaser. Le 30 janvier 1931, il rédige un mémoire qui affirme la nécessité « d’envoyer des prêtres de manière secrète en Russie » pour « se rendre utile moralement et matériellement aux quelques prêtres qui sont encore libres », « sauver » les prêtres prisonniers et « étudier la question de l’avenir sans prêtres locaux » et « les mesures à prendre dans [c]e cas extrême ». Glaser juge possible l’envoi d’une personne en Russie (à titre personnel, il estime pouvoir entrer dans le pays car il n’est pas un émigré) mais s’inquiète des risques pour ceux qui auront été en contact avec lui. Il s’engage à se rendre à Berlin pour « trouver la possibilité d’entrer en Russie » mais suggère qu’il serait peut-être « mieux d’envoyer un laïc sous le prétexte de faire du commerce »75. On peut ici émettre l’hypothèse d’une complémentarité entre les deux projets de la sous-commission spéciale. Mgr Glaser, en tant qu’évêque, aurait, en effet pu procéder une fois en Russie à des ordinations secrètes presbytérales, notamment de membres d’ordres religieux encore non ordonnés, un peu sur le modèle de la mission d’Herbigny de 1926. Cependant, ce mémoire de Glaser, qui évoque l’idée de faire entrer des laïcs, nous oriente vers un troisième grand projet développé par d’Herbigny et lié, sinon toujours très clairement du moins par son style, à la sous-commission spéciale.
20En 1932, réapparaissent des documents de la sous-commission spéciale pour faire entrer des prêtres en Russie, secrètement et sous un motif humanitaire. En janvier 1932, Michel d’Herbigny appelle à Rome le père Josef Stakauskas (Stachowski), qui a été trois ans (1923-1926) élève du Collegium Canisianum (Innsbruck) et a été ordonné en juillet 1926 pour le diocèse de Vilna, afin de « voir si [cette] personne » pouvait faire « des études de médecine dans le but de pouvoir entrer ensuite en URSS »76. Si ce projet ne semble pas avoir abouti avec le prêtre lituanien, d’Herbigny le relance un an plus tard. Cette fois, les documents ne portent pas la mention « sous-commission spéciale » mais le lien avec le projet précédent est évident (médecine) et cet oubli s’explique probablement par le fait que la plupart des documents concernant Havet ne sont pas rédigés par d’Herbigny, alors éloigné de Rome. C’est, en effet, lors de sa dernière audience, le 29 septembre 1933, que Michel d’Herbigny fait confirmer par Pie XI son projet pour le docteur Havet, probablement lancé plusieurs années auparavant. Docteur en médecine et professeur de la faculté de médecine de Louvain, Jules Havet (1866-1948) effectue, après son veuvage, huit années d’études de philosophie et de théologie, pour lesquelles il a « passé secrètement les examens ». « Incardiné secrètement dans le diocèse de Malines », le pape autorise d’Herbigny à « lui donner secrètement toutes les ordinations […] sans attendre les délais prévus, jusqu’au sacerdoce ». Le secret de cette mission explique que Havet soit dispensé du port de la soutane et que les communications entre lui et le Saint-Siège s’opèrent de façon discrète : le prêtre belge ne devait pas venir à Rome et d’Herbigny lui donnait des instructions « plutôt en Belgique ou en France ». Une fois ordonné, « la Commission lui confiera en Russie les missions qui pourront convenir avec les buts publics de ses voyages en URSS, buts de recherches scientifiques »77. Lors de son séjour en Belgique, le 3 décembre 1933, d’Herbigny ordonne prêtre le docteur Havet78. En janvier 1934, Havet écrit à Pizzardo pour lui faire part de cette ordination et s’interroge sur son avenir car il « ignore si le départ de Monseigneur d’Herbigny amènera des modifications dans les projets pour la Russie, du moins en ce qui [l]e concerne ». En attendant, il souhaite avoir l’accord du pape sur son projet personnel, présenté déjà « par écrit et de vive voix » au pape lors de l’Exposition missionnaire79, à savoir sa volonté de travailler comme aumônier de l’AUCAM (Association Universitaire catholique pour l’Aide aux missions) pour « fonder un groupe de missionnaires universitaires médicaux » qui « serviraient la Russie, tout aussi bien que les autres pays de missions »80. Pour la Russie, « étant donné les circonstances », Havet propose « une organisation spéciale » : comme « un seul homme irait très probablement à un échec », il pense « constituer un groupe d’universitaires missionnaires, qui pourraient rendre à ce pays des services pratiques, dans divers départements, et s’apprêter à user de leur divin ministère, au moment propice »81. Présentée par Tardini à Pie XI durant l’audience du 9 avril 1934, cette demande ne reçut, semble-t-il, aucune réponse82. En juillet 1934, une demande d’audience pontificale de Havet pour le mois d’août est éconduite83. Trois ans plus tard, en 1937, Havet – âgé de 70 ans – s’adresse de nouveau au Saint-Siège pour signaler que l’achèvement de son service d’enseignement au terme de l’année académique 1936-1937 rend urgente une décision à son sujet. En effet, le médecin-prêtre n’a pas abandonné son projet de se « consacr[er] aux œuvres médicales missionnaires, et en particulier […] à la préparation de Frères Missionnaires hygiénistes pour la Russie, dès que l’entrée de ce pays sera possible ». Il souhaiterait également savoir si le secret sur son ordination doit être maintenu sachant « qu’avec le temps, l’une ou l’autre indiscrétion [a] été commise »84. Le 8 avril 1937, Havet est finalement reçu à la Commission pro Russia85. Cette réunion ne débouche sur aucune décision si bien qu’en août suivant, Havet fait appel au nonce à Bruxelles. Ce dernier recommande que ce vieux médecin soit « libéré de l’obligation du secret » quant à son ordination, d’autant que l’évêque de Tournai est d’accord pour l’accueillir dans son diocèse et lui donner une occupation conforme à ses aptitudes et aux vœux du Saint-Siège, y compris pour mettre « ses très vastes connaissances médicales au service de l’action missionnaire en Russie ou dans d’autres pays »86. Finalement, Pizzardo obtient, lors de l’audience du 22 septembre 1937, que Havet soit libéré du secret sur son ordination « en maintenant toutefois toujours secret le fait que le Rév. Prof. Havet fut ordonné pour la Russie »87. Cette décision est communiquée par Pizzardo à Micara le 27 septembre 1937, qui insiste de nouveau sur le secret concernant la dimension russe de la mission de Havet88.
21Ainsi, pour préparer l’entrée secrète de missionnaires en Russie, Pie XI accepte d’assouplir encore la structure de la Commission pro Russia en créant une sous-commission spéciale. Malgré ces efforts d’adaptation institutionnelle, tous les projets élaborés par cette structure se soldent par des échecs. Après le départ de d’Herbigny, la Commission pro Russia semble mal à l’aise avec ces projets (à la grande incompréhension d’ailleurs des interlocuteurs du Saint-Siège – Havet, l’évêque de Tournai et même Mgr Micara – qui semblent toujours penser que Rome est à la recherche de projets innovants pour entrer en Russie) et continue à les entourer de secret.
L’extinction de la hiérarchie catholique
22Si le début des années 1930 est encore marqué par des projets pour renouveler le clergé catholique, à partir de 1934, le système des administrations apostoliques établi en 1926 est quasiment vidé de toute substance. En 1929, un dernier évêque est ordonné secrètement : Teofilius Matulionis, prêtre d’origine lituanienne déjà condamné et incaréré en 1923, est ordonné en février par Mgr Malecki (siège titulaire de Matrega) et nommé administrateur apostolique de Léningrad. Mais il est arrêté dès novembre 1929 et condamné à dix ans de camps. Il fera toutefois l’objet d’un échange de prisonniers avec la Lituanie fin 193389. En juin 1934, Mgr Neveu rappelle qu’après les exils de Sloskans, Matulionis et Malecki, il ne reste en URSS que trois évêques : Mgr Frison, Mgr Bartholomée Remov (tous deux restés secrets) et lui-même. Le clergé catholique ne peut plus fournir de successeurs aux différents administrateurs et la seule solution envisagée par Mgr Neveu est l’ordination épiscopale d’Amoudru. Pie XI n’est pas hostile à cette ordination90. Le 15 août est rédigé le décret de la Commission pro Russia pour l’ordination épiscopale d’Amoudru, le nommant évêque titulaire de Pyrgos et administrateur apostolique de Léningrad91. Cependant, ordonné le 30 avril 1935 par Mgr Neveu, le dominicain français doit quitter la Russie trois mois plus tard. Sa nomination est publiée lors du consistoire du 16 décembre 193592. L’échec de cette nouvelle ordination épiscopale « secrète », qui rencontre immédiatement l’opposition du gouvernement soviétique, semble en partie dû à la diplomatie française, furieuse de n’avoir pas été mise au courant, alors que quelques mois auparavant, elle avait mis tous ses talents au service de la nomination d’un confrère dominicain pour le père Amoudru (les négociations pour l’envoi à Léningrad du frère Michel Florent avaient duré de l’été 1934 à janvier 1935)93.
23Dans ce contexte d’extinction de la hiérarchie, les pouvoirs de Neveu sont quasiment déterritorialisés. En mai 1935, Pie XI demande à Mgr Neveu qu’il « ne s’occupe pas seulement de Son Administration […] mais aussi surveille et aide les autres Administrations Apostoliques […] faisant office d’Ordinaire quand l’Ordinaire légitime en est empêché »94, ce qui étend son pouvoir à l’ensemble de l’Union soviétique.
24À partir de 1935, les pages de l’Annuario pontificio consacrées à la hiérarchie catholique en Russie ne ressemblent plus qu’à une sinistre liste d’« exilés »95. Les points de suspension indiqués pour les circonscriptions sans titulaires laissent planer le doute pour le public : ce poste est-il simplement vacant ou bien un administrateur apostolique encore inconnu des autorités parvient-il à se cacher et à agir dans le secret ? Cependant à la fin des années 1930, tout le système d’Herbigny s’est bien effondré. Mgr Remov, arrêté et accusé d’« intentions terroristes à l’égard des dirigeants du gouvernement soviétique » (14 avril 1935), est condamné le 17 juin 1935 à la peine capitale et fusillé à la prison de Butyrki le 10 juillet suivant96. Mgr Neveu quitte la Russie à l’été 1936 pour des soins prévus jusqu’en janvier 1937 mais n’obtiendra plus jamais de visa97. Mgr Frison, inquiété à plusieurs reprises (1923, 1925, deux fois en 1929, de nouveau en 1933), est arrêté le 15 octobre 1935 à Simferopol, condamné pour espionnage pour l’Allemagne et fusillé le 20 juin 1937 à Moscou98. Du point de vue des prêtres, la situation n’est guère meilleure. En 1938, la Commission Pro Russia évalue à une centaine les prêtres catholiques en Russie, la plus grande partie étant en prison et une vingtaine seulement en mesure d’exercer99.
25Si le style à la fois héroïsant et entouré de secret de la mission de d’Herbigny en 1926 a souvent été critiqué, on ne peut nier l’importance qu’elle eût localement pour les fidèles qui y trouvèrent un soutien et permit de prolonger de quelques années un encadrement épiscopal dans ce pays. Cette hiérarchie « ad nutum » d’administrateurs apostoliques (dont certains seulement avaient été élus évêques) reste un phénomène original dans les annales de l’Église catholique. Alors qu’en 1939, l’échec de ce modèle de pénétration clandestine semble évident, la Seconde Guerre mondiale en voit la résurrection brutale. En 1941, des rumeurs circulent sur un accord entre l’Allemagne et le Vatican pour protéger l’action catholique en Russie avant l’opération Barbarossa (22 juin 1941). Si ces rumeurs sont aussitôt démenties par le Saint-Siège100, Mgr Tardini a bien demandé au pape de faire pénétrer en Russie des prêtres associés aux armées italiennes et hongroises avant que les Allemands ne soient vraiment installés101. Le Saint-Siège, sans passer par la Wehrmacht, organise ainsi une pénétration sur le territoire soviétique occupé à partir de trois zones : les pays baltes (l’archevêque latin de Vilna, Mgr Jałbrzykowski, est nommé administrateur apostolique de Minsk et de Mohilev), la Galicie orientale (le métropolite Szeptyckyj désigne quatre exarques de rite oriental pour toute l’Union soviétique) et la Transnitrie (Mgr Marc Glaser)102. Cet épisode est bien connu dans la mesure où plusieurs prêtres, entrés en Russie à cette occasion, ont publié leurs mémoires. Armand Zavatta, de nationalité italienne, reçoit en janvier 1942, l’ordre de se rendre depuis la Roumanie en Ukraine. Responsable d’une paroisse à une quinzaine de kilomètres d’Odessa (Bolchoï Fontan) de 1942 à 1944 sous la domination italienne et allemande, il est arrêté en mai 1944 comme espion du Vatican, déporté et libéré en 1953103. Un assomptionniste français, Jean Nicolas, suit un parcours assez semblable qui le conduit de la Roumanie, où il a vécu plus d’une dizaine d’années, à la région d’Odessa où il se rend une première fois durant l’hiver 1942-43 avant de s’installer à Odessa même en avril 1944104. Pietro Leoni, jésuite italien russophone (il a été ordonné en 1939 par Mgr Evreinov), aumônier militaire italien, est envoyé sur le front russe dès 1941 : il sera condamné à deux reprises par les autorités soviétiques (1945 et 1947) et restera prisonnier jusqu’en 1955 avant d’être expulsé du pays105. Enfin, le jésuite arménien Alagiagian (Alagiani) retourne en Union soviétique (qu’il avait quittée en 1930) comme aumônier militaire des troupes italiennes : mobilisé en août 1942, il est fait prisonnier en janvier 1943 et sera notamment incarcéré à Vladimir avant d’être libéré avec d’autres Italiens en 1954106. Si aucun élément dans les sources sondées du pontificat de Pie XI n’indique une préparation de ces actions dans les années 1930, elle se comprend dans un effort de longue haleine de préparation d’un clergé pour la Russie.
Les bouleversements romains : entre centralisation et crise
26Les années 1930 voient s’opérer de profondes transformations des institutions romaines spécialisées sur la Russie. Le tournant des années 1930 constitue un apogée marqué par l’inauguration du séminaire pontifical russe en 1929 et l’autonomisation de la Commission pro Russia l’année suivante. Cependant, cet apogée, qui s’accompagne d’une puissante centralisation romaine des affaires russes, n’est que de courte durée et la politique élaborée depuis le début des années 1920 entre dans une crise profonde et multiforme en 1933-1934, qui ne semble pas achevée lorsque s’éteint Pie XI en février 1939.
La Pro Russia indépendante (1930-1934) : l’apogée de la politique russe de Pie XI
27Si, comme on l’a vu plus haut, la Commission pro Russia s’est affirmée dès la seconde moitié des années 1920 comme une institution conquérante, cette tendance s’accentue au tournant des années 1930. Le tandem d’Herbigny-Pie XI se retrouve enfin au cœur du dispositif décisionnel et la Commission se dote de moyens pour déployer une expertise autonome. Cette promotion de la Commission suscite pourtant des critiques et des réserves, notamment en Pologne, alors que l’équilibre financier de cette institution très active est progressivement remis en question par la crise.
Le tournant de 1930 : vers un nouvel équilibre curial
28Le 6 avril 1930, le motu proprio Inde ab initio Pontificatu détache la Commission pro Russia de la Congrégation pour l’Église orientale et lui offre son indépendance en la plaçant directement sous le pouvoir du pape107. Sur l’origine de ce motu proprio, qui nomme d’ailleurs d’Herbigny président de la Commission et en exclut Sincero, plusieurs hypothèses ont été avancées. Selon la diplomatie italienne, l’impulsion viendrait de Pizzardo (prélat dans la ligne de mire du gouvernement fasciste) qui aurait favorisé d’Herbigny contre Sincero, la France contre l’Italie108. Les archives de la Pro Russia offrent peu d’éléments sur cette transformation, même si elles font mieux apparaître les sentiments de Sincero envers d’Herbigny. Une certaine animosité était bien attestée par le journal publié de Domenico Tardini109. Les archives vaticanes laissent apparaître en 1934 l’expression ouverte du ressentiment110. Les documents disponibles permettent de mieux suivre les efforts obstinés de Michel d’Herbigny pour assurer l’ascension curiale de la Commission. À la fin de l’année 1930, le président de la Pro Russia souhaite que l’institution apparaisse dans l’édition de 1931 de l’Annuario pontificio non pas avec les « autres Commissions Pontificales qui ont un caractère essentiellement d’étude » mais « immédiatement après les Sacrées Congrégations […] en considération du travail que la Commission accomplit et qui concerne des choses de gouvernement »111. Si Pie XI affirme « que la place [de la Commission] serait dans la partie des Congrégations Romaines », il ne donne aucun ordre précis112. Finalement, l’Annuario pontificio de 1931 place la Commission non plus à la suite de la Congrégation pour l’Église orientale mais avec les autres « Commissions permanentes »113. Mgr Cercone semble mécontent de la situation mais d’Herbigny l’accepte avec philosophie en soulignant qu’elle « aura l’avantage de n’offenser personne »114. Pour la préparation de l’Annuario de 1932, la Commission tente une nouvelle intervention auprès de Mgr Angelo Mercati pour changer de place, mais l’annuaire est déjà sous presse115 et la Commission reste avec les autres commissions116. Enfin, pour l’édition 1933 de l’Annuario, d’Herbigny insiste auprès de Mercati pour que la Commission « appara[isse] […] comme un Dicastère même s’il compte peu de membres » car elle est « chargé[e] d’une action de gouvernement sur d’immenses territoires et aussi sur un nombre important de réfugiés répandus dans le monde entier, avec tous les pouvoirs et les facultés qui relèvent de la compétence de la S [acrée] C[ongrégation] Orientale et aussi de la Propagande pour les chrétiens qui dépendent d’elles ». De plus, d’Herbigny tire argument des attaques contre la Commission « dans la presse et plus encore dans la pratique » pour qu’elle ne soit plus comptée avec les commissions d’étude car certains en profitent « pour lui dénier […] l’autorité qu’elle a de transmettre, comme office de gouvernement et pour les choses qui relèvent de sa compétence, les Augustes volontés de S[a] S[ainteté] »117. Ces efforts portent finalement leurs fruits et dans l’Annuario pontificio de 1933 (et jusqu’à l’édition de 1935), la Pro Russia est insérée dans la rubrique « Sacrées congrégations » à part entière en dernière place après la « Congrégation de la Révérende Fabrique de Saint-Pierre »118. Cette belle ascension dans l’Annuario pontificio s’accompagne d’un rapprochement du centre du pouvoir pontifical. En 1930, la Commission s’installe dans des locaux flambant neufs au Palais apostolique donnant sur la loggia du Belvedere119.
29Ces évolutions de la Pro Russia sont également sensibles dans les relations avec les autres organes de la Curie romaine. En 1929, Pie XI n’hésite pas à soutenir la Commission face au Saint-Office. Mgr Naskrecki, administrateur apostolique de Žitomir, demande la faculté de dispenser les prêtres du jeûne eucharistique pour la célébration de la messe à des heures tardives ou après de longs voyages pour rejoindre le lieu de la célébration. Le Saint-Office refuse d’accorder cette faculté et exige que l’ordinaire recoure à Rome à chaque fois en présentant des certificats du médecin si les prêtres sont malades120. La Commission pro Russia, « étant donné les conditions anormales de la Russie », demande alors directement au pape d’accorder la « faculté implorée par cet administrateur », ce que Pie XI concède immédiatement en invitant la Commission à l’avenir à « recourir directement au Saint-Père »121, en faisant probablement référence à son rôle de préfet du Saint-Office. Ainsi, si des pouvoirs « extraordinaires » sont exercés par la Commission, c’est le pape qui les a accordés, en exerçant pleinement ses propres pouvoirs.
30Pour autant, le pape ne satisfait pas toutes les requêtes présentées par la Commission et défend aussi les prérogatives d’autres institutions curiales. Par exemple, en avril 1929, à l’occasion de la décoration de l’abbé Przyrembel du titre de camérier secret surnuméraire, le congrès de la Commission pro Russia propose de se réserver l’étude des dossiers pour les décorations accordées à des prêtres ou laïcs russes « de façon à ce que le service compétent n’ait pas d’autre tâche que d’expédier le bref ou le billet de nomination ». De plus, les décorations pour les prêtres russes devraient être « concédées gratuitement étant donné l’anormalité des conditions dans lesquelles se trouvent généralement ces prêtres ». Mais Pie XI refuse ces propositions : la taxe doit être conservée même si elle peut être « réduite […] et payée par la Commission » et, d’une façon générale, il s’agit de « conserve[r] la façon habituelle sans introduire de précédents dangereux ». Pour la préparation des dossiers, ce n’est que dans le cas où « le service compétent demande[rait] des choses inopportunes dans les circonstances actuelles de la Russie [que] l’Eminentissime Cardinal Président de la Commission pourrait le mettre en garde ou l’inviter à en parler avec le Saint-Père »122. Autre exemple, en septembre 1930, d’Herbigny souhaite étudier « toutes les protestations faites cette année par des fidèles et des associations catholiques contre la persécution religieuse en Russie » et demande de faire « remettre au moins pour quelques temps, aux bureaux de cette Commission les documents relatifs qui seraient éventuellement arrivés à la Secrétairerie d’État »123. Mais cette étude s’éternise, ce qui déplaît à Pie XI. Lors d’une audience de janvier 1931, le pape insiste pour que d’Herbigny rende les documents aux « archives des autres adresses »124 et propose de « faire photographier […] dans la Bibliothèque Vaticane » les documents intéressant la Commission125.
La contestation de la Pro Russia par les évêques polonais (1930-1933)
31Si les manifestations d’hostilité à l’égard de la Pro Russia de la part des institutions de la Curie romaine semblent moindres que dans les années 1920, la publication du motu proprio Inde ab initio en avril 1930, en faisant connaître l’existence de la Commission romaine à un large public dans un contexte d’intense mobilisation sur les questions russes, provoque une vive réaction de l’épiscopat polonais. Celui-ci se montre bien sûr hostile à la compétence d’une Commission « pour la Russie » sur des œuvres et des personnes localisées en Pologne, en particulier les populations orthodoxes de « nationalité » russe ou biélorusse intégrées à l’État polonais depuis le traité de Riga (1921), qui font l’objet de la stratégie missionnaire de « néo-union »126. L’évêque de Siedlce demande ainsi en avril 1930 au pape des éclaircissements sur la compétence territoriale de la Commission pour la Russie127. La Commission fait alors répondre par le Secrétaire d’État que « le Saint Père […] a voulu et veut qu’elle [la commission] conserve partout et entière la compétence sur les anciens sujets de la Russie, lesquels furent dans le passé russifiés religieusement (nel passato russificati religiosamente) »128. Cette réponse romaine met le feu aux poudres : l’épiscopat polonais, réuni à Poznań, rédige le 25 juin 1930 un mémorandum comprenant une série de questions sur la signification des termes « sujets de la Russie » et « russifiés religieusement » tout en proposant de changer le titre de la Commission en « Commissio pro Russia et pro Russis ritus orientalis »129. Ce document, transmis fin juillet 1930 par Mgr Marmaggi130, n’infléchit en rien la volonté de Pie XI, qui demande au nonce d’avoir au contraire plus de « courage » face à ce que le pape Ratti considère comme une manifestation de nationalisme polonais131. Le pape s’attarde alors sur la territorialisation « russe » de la Commission, qui ne doit pas être comprise statiquement mais dynamiquement dans une perspective apostolique : il ne s’agit pas d’une « Commissio de Russia » ou d’une « Commissio de rebus Russiae », mais bien d’une « pro Russia »132. Malgré cette clarification, la Commission ne semble pas très sûre de ses droits sur ces espaces. Ainsi, lors du congrès du 21 janvier 1931, dont l’un des ordres du jour est consacré à des affaires de mariages contractés en Polésie et Volhynie (territoires anciennement russes) par des fidèles de rite ruthène originaires de Galicie (donc non russes), la Commission demande de passer en audience pontificale « pour s’assurer [que] tous les anciens citoyens russes et tous ceux qui se trouvent dans les anciennes provinces russes de rite oriental sont de la compétence de la Commission » et non de la Congrégation pour l’Église orientale133.
32Par ailleurs, la tension demeure très vive en Pologne : en octobre 1931, la presse publie plusieurs articles sur un soi-disant voyage du prince Wolkonsky, « délégué spécial de la Commission pro Russia », à Lwόw afin d’y organiser l’Église gréco-catholique sous la direction de la Commission pro Russia et non de la Congrégation pour l’Église orientale134. Cette annonce de voyage devra être doublement démentie par le ministre polonais près le Saint-Siège et le nonce à Varsovie135 ! L’affaire de la compétence de la Pro Russia est même portée sur la scène politique : lors de la séance du 2 mars 1932, la Diète (Sejm) demande au gouvernement de traiter avec le Saint-Siège pour réguler l’activité de la Pro Russia sur les confins orientaux136. En avril 1932, le nonce à Varsovie propose alors de changer le nom de la Commission en « Pontificia Commissio pastoralis pro populis Russiae et finitimis »137. Face à cette situation critique, la Congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires intervient : lors de l’audience avec Pacelli du 9 juillet 1932, le pape accepte de changer le titre en « Pontificia Commissio pro populis Russiae et finitimis ». Le secrétaire des Affaires ecclésiastiques extraordinaires fait alors part au nonce à Varsovie de cette décision et adjoint un projet de texte latin à publier dans les Acta Apostolicae Sedis. Ce texte fait clairement mention des personnes soumises à la Commission :
en plus de ceux qui habitent l’Union soviétique et ceux qui ont émigré de ce territoire ainsi que leurs enfants, mais aussi les peuples voisins, qui furent réservés à cette Commission par le Souverain pontife, soit : tous les habitants de la République d’Estonie, tous les orientaux qui en Pologne sont hors des diocèses ruthènes de la province de Léopol et tous les habitants du territoire de Harbin en Mandchourie138.
33Dans sa réponse du 1er août 1932, Marmaggi reconnaît un progrès dans le nouveau titre mais considère que cette nouvelle formule reste maladroite car le terme de « peuples des confins » réunit ces peuples « en gerbe et de façon confuse » et en fait « quelque chose d’accessoire et de secondaire par rapport à la Russie »139. La Commission pro Russia tire alors profit de ce refus du nonce pour rappeler très fermement que « le changement [de nom], bien qu’exprimant un progrès dans la formule, n’aurait pas contenté les passionnés, et au contraire aurait excité d’autres demandes et controverses » et affirme que « le Saint-Père désire donc que interim nihil immutetur [en attendant rien ne change] » tout en demandant au nonce de faire pression pour que « l’épiscopat, avec le clergé et le peuple des fidèles, sache voir toute la beauté d’un tel mode de procéder de la part du Saint-Siège »140. La question russe continue toutefois d’empoisonner les relations entre le pape, ancien nonce à Varsovie, et l’épiscopat polonais. En mars 1933, après la lettre pastorale de l’évêque de Podlachie141, où ce dernier défend vivement la néo-union et reconnaît les mérites de la Commission pro Russia qui agit dans le monde entier mais souhaite quand même que « le secours de la Commission pro Russia [ne soit] pas nécessaire en Pologne »142, Pie XI laisse éclater sa colère en audience avec le cardinal Pacelli et affirme que « ces Polonais ne pensent qu’à poloniser et à latiniser, ils ne veulent rien comprendre, et ils sont méchants (sono cattivi) »143.
34Ces réponses de Rome des années 1930-1932 font apparaître une vision de la Russie largement informée par la référence à l’héritage tsariste. La captation d’affaires qui devraient relever des évêques polonais repose ainsi sur une perception historicisante du problème russe. L’éviction de d’Herbigny, dont on a souvent rendu responsable l’opinion polonaise, ne modifie pas cette situation. Une note rédigée à l’époque de la préparation du motu proprio Quam sollicita souligne la persistance de cette vision large du terme « russe » :
le mot « russe », aujourd’hui après la révolution bolchevique, n’a plus la signification spécifique géographique ou politique d’avant, mais le Saint-Siège continue à l’utiliser dans un sens générique traditionnel pour indiquer tous les différents peuples qui ont formé autrefois l’ancien empire russe, comme les arméniens, les géorgiens, les tatares, etc.144
35Si les Polonais ne sont pas mentionnés dans cette note de mars 1935, l’extrême plasticité de l’espace « russe » dans la vision vaticane, et de Pie XI en premier lieu, est frappante.
Le pape au cœur du dispositif et le rôle du président d’Herbigny
36La promotion de d’Herbigny comme président de la Commission en 1930 n’est pas une surprise étant donné son rôle crucial dans cette institution dès 1925. L’éviction de Sincero, en revanche est plus surprenante, de même que le statut de d’Herbigny : la Commission, dirigée par un évêque titulaire, perd ainsi tout caractère cardinalice pour passer sous l’immédiate dépendance du pape.
37Sans devenir cardinal, le rayonnement de d’Herbigny atteint entre 1930 et 1933 son apogée. Déjà bien connu pour ses voyages en Union soviétique et par ses nombreuses conférences en Europe145, Michel d’Herbigny inspire des romans146 et est précédé par sa renommée. En 1932, d’Herbigny décline l’offre de la Semaine sociale de Lille « à cause d’une direction générale reçue du Saint-Père de décliner les nombreuses invitations qui [lui] viennent pour des congrès de tout pays, lorsque le but n’en est pas proprement oriental (ou russe) ou complété par une section orientale »147. Même dans le cas de congrès spécifiquement orientaux, d’Herbigny s’efface : il est ainsi absent du congrès de Velehrad VI en 1932148. En 1933, l’influence de d’Herbigny sur le pape apparaît comme l’une des plus nettes de la Curie, même si l’évêque français « se défend d’avoir sur le pape une influence comparable à celle de Mgr Pizzardo »149. C’est à cette époque également que des rumeurs de promotion cardinalice se répandent à son sujet. Mgr Baudrillart évoque ces rumeurs dans ses Carnets. À Lille, à l’été 1932, Baudrillart rencontre Mlle d’Herbigny : « Je lui demande des nouvelles de son frère “le presque cardinal”. Ce mot la réjouit visiblement ; elle me répond : “Ah ! vous me dites précisément ce qu’on vient de m’écrire de Chine, dans une lettre où l’on me parle des rayons infra-rouges et ultra-violets de Mgr d’Herbigny” »150. Ces perspectives de promotion à la pourpre semblaient d’autant plus évidentes après le décès de l’ex-cardinal jésuite Louis Billot en 1931. Cependant, il est probable que cette perspective ait déplu au père général, très sensible aux questions de promotion cardinalice des membres de la Compagnie comme le montre en 1935 l’affaire du jésuite Tacchi Venturi151.
38Malgré son importance, Michel d’Herbigny ne doit pas accaparer toute l’attention de l’observateur. Au contraire, c’est de son rapport intime avec Pie XI que le jésuite français tire sa force et son autorité. Comme on l’a vu, dès les années 1920, le fonctionnement de la Commission accorde une importance capitale aux audiences pontificales et la plupart des décisions sont prises ex audientia Sanctissimi. Devenu président de la Commission, d’Herbigny met toujours plus en valeur sa familiarité avec le pontife. En août 1932, il s’excuse du retard de sa réponse à Mgr Gerlier au sujet des prières pour la Russie à Lourdes en expliquant qu’après la pause estivale, il a dû « amen[er] [le pape] à consacrer plus de deux heures de suite à la Russie » et que le pape « daign[a] [lui] dire Lui-même : “Vous finirez la correspondance relative à cette audience par Mgr Gerlier. Il ne sera pas inquiet” »152. Par l’intermédiaire des audiences de d’Herbigny, c’est une relation personnelle entre certains acteurs de la politique russe et le pape qui est entretenue. Tant et si bien qu’après le départ de d’Herbigny, Mgr Neveu est désorienté et s’adresse à Mgr Giobbe : « Je continue jusqu’à nouvel ordre de vous envoyer mes petites nouvelles puisque je ne sais à qui les adresser en dehors de vous »153. Deux mois plus tard, il insiste sur la perte de ce lien quasi direct avec le Saint-Père :
Lorsque Monseigneur d’Herbigny se trouvait à la tête de la Commission […], il m’était aisé d’exprimer par son intermédiaire au Vicaire de Notre-Seigneur Jésus-Christ mes sentiments d’amour et ma complète obéissance avec les vœux que dans mon cœur je forme pour l’auguste personne du Souverain Pontife, notre glorieux et bien aimé Père154.
39Cet accès au Saint-Père est suspecté par certains. En avril 1933, lors du passage de Baudrillart à Rome, d’Herbigny lui « enseigne le moyen dont il se sert pour empêcher que le pape ne parle tout le temps, ou à peu près »155. De plus, dans l’environnement immédiat du recteur de l’Institut catholique, l’orientaliste Mgr René Graffin, « très irrité contre Mgr d’Herbigny » car ce dernier lui avait interdit de participer à un congrès orientaliste en Russie, « accuse [d’Herbigny] de faire parler le pape [et] d’accaparer les affaires russes »156. Mgr Baudrillart accrédite ainsi l’idée d’un d’Herbigny manipulateur : « nul n’ignore que Mgr d’Herbigny, s’autorisant d’une faveur qui est encore réelle, met dans la bouche du pape tout ce qu’il veut et déclare à chaque instant parler au nom du Souverain Pontife »157. Cependant, si d’Herbigny est parfois suspecté de manipuler le pontife, la forme même du gouvernement par audiences – qui favorise d’éventuelles manipulations du souverain – n’est jamais remise en question. Pourtant, les feuilles d’audiences, certes authentifiées par la mention « ex audientia Sanctissimi » et la date, ne sont jamais qu’un discours rapporté du pape et restent sans contradicteur à l’exclusion de quelques rares cas problématiques. Malgré l’importance de d’Herbigny, la Pro Russia reste bien dans les mains de Pie XI et semble jouer – pour les affaires russes – un rôle comparable à ce que fut, pour Pie X, la segretariola mise en place probablement par l’effet d’une « certaine défiance envers les autres offices curiaux »158 et pour éviter les pesanteurs de la Secrétairerie d’État.
La recherche de l’autonomie documentaire
40La Pro Russia devenue indépendante en 1930 cherche à disposer d’une expertise autonome sur les questions russes, ce qui se traduit par une nouvelle politique documentaire. Comme la plupart des organes de la Curie159, la Commission dispose d’une petite bibliothèque spécialisée. En décembre 1928, la Commission souhaite l’étoffer en acquérant des ouvrages « de publication récente relatifs à la Russie, qui peuvent être utiles (…) pour connaître l’histoire, la géographie, les us et coutumes, langues, religions, situation politique, économique »160. Une note signale ainsi l’achat de deux récits de voyages en URSS parus en 1928 (Boris Cederholm et Joseph Douillet)161. Une note de février 1929 mentionne la recherche de l’ouvrage sur les « Décisions du S. Concile de l’Église russe orthodoxe en Russie et à l’étranger »162. Enfin, en septembre 1933, la bibliothèque est réorganisée selon deux étagères dans la salle des Congrès, l’une devant contenir les usuels et l’autre « une copie de toutes les œuvres russes catholiques publiées »163.
41Au-delà de ces acquisitions, la Pro Russia essaie de mettre en place un système d’information global en mettant d’abord à contribution la diplomatie vaticane. Dès janvier 1929, le rapporteur spécial de la Commission cherche un « responsable secret » pour la correspondance avec la Russie, qui pourrait être installé à Berlin. Pie XI demande alors d’interroger les nonces de Berlin, Varsovie, Belgrade et Prague164. Alors que Mgr Pacelli propose plusieurs noms (Heinrich Wienken, Franz Rauterkus et Eduard Gehrmann)165, Marmaggi pense que cette « mission serait extrêmement délicate et sérieusement dangereuse » et que personne ne l’accepterait en Pologne. Lui-même affirme qu’il n’a que « très rarement » des informations sur la Russie et souligne la contradiction entre cette recherche d’intermédiaire avec ce pays et l’injonction de cesser toute activité, répétée plusieurs fois, à Mgr de Ropp et aux autres prélats ayant des contacts avec la Russie166. Quelques mois plus tard, en décembre 1929, la Commission reprend cette question mais en sens inverse si l’on peut dire : elle demande aux nonces à Berlin, Varsovie et à l’archevêque de Westminster (il n’y a pas alors de représentant pontifical en Grande-Bretagne) de communiquer à Rome la liste des « journaux et revues les plus dignes de foi et les plus compétents […] trait[a]nt les questions socio-religieuses de la Russie »167. Les nonces en Allemagne et en Pologne transmettent des réponses assez précises recueillies par des intermédiaires : le père Bertram Schmitt, éditeur de la revue West-östlicher Weg, Mgr Wienken, également en Allemagne et Mgr Około-Kułak en Pologne168. On ignore quelle suite fut donnée à cette sélection de périodiques. La Commission poursuivit toutefois sa collecte d’informations par le biais d’autres relais diplomatiques, comme la diplomatie allemande, dont les publications Ost-Express et Ost-Dienst éditées par le Ministère des Affaires étrangères allemand et consacrées à l’Europe orientale, étaient régulièrement reçues à Rome au début des années 1930169.
42Cependant, en 1932, deux initiatives importantes sont prises dans le domaine de la politique documentaire de la Pro Russia : la réalisation en interne d’une synthèse de la presse quotidienne soviétique et l’abonnement à l’Argus de la presse (donc une externalisation de la collecte de l’information). À l’automne 1932, Augusto Ciriaci (directeur de la Typographie polyglotte vaticane, mais aussi président de l’Action catholique italienne) est autorisé « à prendre l’abonnement aux deux journaux russes Pravda et Izvestiâ pour le compte de la Commission, mais à un autre nom de son choix de façon à ne pas impliquer le Saint-Siège »170. Les quotidiens soviétiques reçus permettent à Michel d’Herbigny de créer un bulletin de presse autonome : le Notiziario Sovietico – Bollettino. En mai 1933, d’Herbigny charge l’ACI (Ufficio Giornali), par le biais de Ciriaci, de rédiger un bulletin d’informations soviétiques à partir du dépouillement hebdomadaire de quotidiens, en particulier la Pravda et les Izvestiâ, avec l’aide d’un traducteur171. Ce travail représente un budget de 50 lires par semaine, destiné à rémunérer le traducteur et le compilateur172. Cette initiative est arrêtée en novembre 1933 pour le motif que le « Bulletin soviétique » est « inintéressant étant donné la façon dont il est réalisé par la personne qui en était jusqu’alors chargée »173 mais aussi probablement du fait de la réorganisation interne de la Pro Russia. On connaît au moins 22 numéros de ce « Notiziario Sovietico – Bollettino », entre le 20 mai 1933 et le 21 novembre 1933 (mais la préparation du bulletin continua jusqu’en avril 1934, avec 17 autres bulletins que la Commission refusa de payer174), d’un format allant de une à quatre pages.
43Si cette expérience dure peu, l’abonnement pris à l’Argus International de la presse en 1932 est plus durable. En novembre 1932, l’Argus International de la presse, qui reçoit 10.000 journaux et revues, propose à la Commission pro Russia de réaliser une synthèse sur deux thèmes : la Commission pro Russia elle-même et « les persécutions religieuses en Russie »175. Un abonnement est pris et poursuivi au long des années 1930. En décembre 1939, un employé de la Pro Russia propose d’arrêter l’abonnement à l’Argus étant donné que les « coupures de journaux […] ne sont plus aujourd’hui examinées » mais Tardini souhaite renouveler l’abonnement et s’engage à consulter lui-même les coupures pour la Pro Russia, d’autant qu’il accomplit déjà un travail similaire pour la Secrétairerie d’État176. Il serait intéressant de relier ces remarques sur le cas russe à l’effort plus général du Saint-Siège d’une plus grande autonomie dans le domaine de l’information. En effet, au début des années 1930, se met également en place l’« Ufficio giornali » de la Secrétairerie d’État. Ce bureau, installé au Vatican dès 1931 (mais qui ne passe sous la direction directe du Secrétaire d’État qu’en 1938 et fonctionnera jusqu’en 1972) sous-traite d’abord à l’« ufficio stampa » de l’ACI la sélection d’informations dans la presse internationale et produit un bulletin quotidien d’informations transmis à Confalonieri, Pacelli, Tardini (puis Montini) et Pizzardo en tant que tête de l’ACI177.
Une action globale : un aperçu des actions financées par la Commission pro Russia
44Si l’étude des comptes de la Commission pro Russia est limitée par l’inaccessibilité d’une grande partie des sources, quelques documents permettent d’aborder la situation financière de la Commission au début des années 1930. Le bilan financier réalisé par Mgr Tardini en 1933 permet d’avoir une vision panoramique des dépenses de la Commission, qui s’élèvent alors à 1.232.705 lires178. Nous avons donc utilisé ce document pour réaliser les deux figures ci-dessous, qui représentent les œuvres financées par type et par localisation.
45Cette figure révèle que le premier poste de dépenses de la Commission (31 %) est constitué par les institutions spécialisées (œuvres éducatives, presse…). Les chapelles catholiques de rite oriental absorbent ensuite presque un quart des dépenses, auxquelles on doit ajouter les frais d’entretien du clergé russe (8 % des dépenses). Enfin, les différentes actions caritatives représentent 16 % des dépenses. Parmi les postes importants, le financement du clergé dépendant de la Commission est assuré par des pensions fixes mais aussi par le moyen des honoraires de messes. Ces honoraires sont versés aux prêtres en Russie mais aussi à l’étranger et ils constituent une bonne variable d’ajustement pour offrir des financements extraordinaires sans s’engager dans la durée. Le principe est simple : le Saint-Siège reçoit un don, par exemple de 1.000 lires ; le pape morcelle ce don en un certain nombre de messes (en général une messe vaut 10 lires pendant notre période et 20 lires pour les prêtres en Russie, donc 100 ou 50 messes) ; le pape donne l’argent aux prêtres qu’il souhaite financer qui, en échange, s’engagent à célébrer le nombre correspondant de messes179.
46Du point de vue de la répartition géographique, on est frappé par l’importance des fonds envoyés en URSS (presque 10 % du total) malgré les difficultés pour faire parvenir ces sommes. L’Europe francophone se révèle largement favorisée par les financements romains (France et Belgique : 35 %) ainsi que l’Italie (18 %) et la Chine (15 %).
47La Commission pro Russia a donc été l’instrument d’une politique globale du Saint-Siège sur les questions russes, voulue par Pie XI et dont Michel d’Herbigny fut l’interprète privilégié au début des années 1930. Le renforcement de la position institutionnelle de la Pro Russia s’est accompagné, dans un contexte d’effondrement de l’Église catholique locale, par une certaine centralisation romaine des affaires russes.
Une centralisation des affaires russes ?
48Laboratoire de la politique russe du Saint-Siège, la Commission pro Russia tente également de faire de Rome le conservatoire d’un catholicisme russe persécuté et idéalisé. La Ville apparaît ainsi de façon croissante après 1930 comme un refuge mais aussi comme un creuset de formation de cadres religieux et intellectuels pour la Russie.
Le refuge romain : rapatriement de la mémoire du catholicisme russe
49Qu’il s’agisse d’archives, de reliques ou d’objets d’art, Rome fonctionne durant l’entre-deux-guerres, mais de façon accrue après l’aggravation des persécutions au tournant des années 1930, comme un conservatoire du catholicisme russe.
50La Commission pro Russia organise ainsi à partir de 1928 la centralisation des archives de catholicité des Russes catholiques. Lors du congrès du 15 juin 1928, la Commission décide d’inviter les autorités ecclésiastiques des « centres de réfugiés russes à envoyer les notifications de mariages de ces derniers à la Commission Pontificale pour la Russie à Rome et non à leurs diocèses d’origine, pour la raison que ces documents se perdraient »180. Un décret du mois suivant prescrit la même procédure pour les baptêmes181.
51Justifiée par l’absence d’évêque en charge de ces réfugiés, cette centralisation romaine des archives de catholicité est également appliquée, de façon moins systématique, aux catholiques restés en Russie. L’argument du danger couru par ces documents, ou que ces documents peuvent faire courir, justifie ainsi leur déplacement à Rome par l’intermédiaire de prêtres étrangers. En novembre 1934, Mgr Neveu envoie le document attestant la profession de foi catholique d’un professeur habitant à Moscou car « il est plus sûr de garder ce document parmi les papiers secrets de la Comm[ission] pro Russia […]. Les garder à Moscou même, serait dangereux »182. En mars 1938, le père Florent, dominicain français, « en prévision du déchaînement de la persécution, a cru bon de sauver les registres de baptêmes et de mariages de l’Église de Leningrad en les amenant à Moscou et les remettant au révérend don Garelli, afin qu’il les envoie à Rome à disposition du Saint-Siège »183.
52À ce sauvetage des archives vivantes des catholiques russes s’ajoute la récupération par le Saint-Siège en décembre 1932 du « trésor » de Mohilev, à savoir des archives et objets de la principale curie épiscopale, alors détenus par Mgr de Ropp. Au-delà du conflit avec l’archevêque exilé184, cet épisode rocambolesque – où le nonce de Varsovie fait irruption un matin chez le vieil archevêque pour récupérer une centaine d’objets plus ou moins cachés – manifeste clairement la position du Saint-Siège quant aux biens de l’Église locale. Alors même qu’officiellement, Mgr de Ropp est toujours archevêque de Mohilev, le Saint-Siège considère que toute la hiérarchie en Russie étant sous sa dépendance directe, il lui « appartient de sauver les pauvres possessions de l’archidiocèse de Mohilew »185.
53Le Saint-Siège se pose ainsi plus généralement en « repreneur » des objets de culte venus de Russie, dont un certain nombre sont transférés à Rome. Un document de 1941, dans un contexte de guerre où « les choses russes sont sur le point d’entrer dans une nouvelle phase »186, fait état de ce phénomène. Le président de l’Institut pontifical oriental remet à la Commission pro Russia plusieurs objets liturgiques. Il s’agit de « deux calices, une patène, deux crosses conservés jusqu’à présent à l’Institut » mais dont l’origine demeure entourée de « beaucoup d’obscurité »187. En effet, des objets « appartenant à des églises russes furent remis par voie diplomatique [française], pour les soustraire à la confiscation et à la profanation » du temps de Mgr d’Herbigny qui les laissa en 1933 à l’Institut pontifical oriental « dans le but d’être rendus quand ils seraient réclamés soit par les propriétaires soit par l’autorité ecclésiastique ». Un ciboire avait été également remis par le même procédé mais il fut rendu « quelques années auparavant ». L’un des calices et la patène appartiennent à Saint-Louis-des-Français, l’une des crosses « était destinée à l’évêque de Minsk, si S. E. Mgr Sloskan avait pu en consacrer un » mais l’ordination n’eut jamais lieu. La provenance de l’un des calices et de l’autre crosse reste donc inconnue188. À cette occasion, on apprend que d’autres objets provenant d’églises latines de Russie sont conservés à la Commission et Tardini se charge alors de les regrouper189.
54À cette centralisation des matériaux d’archives et des objets de culte s’ajoute le déplacement à Rome de certaines reliques. Les reliques de sainte Graziana furent ainsi récupérées et conservées à la nonciature de Varsovie. En décembre 1932, Pie XI décide de les attribuer à l’Institut pontifical oriental « quand se présentera quelque occasion favorable (valise diplomatique), et demande qu’on les conserve secrètement jusqu’à ce qu’elles puissent être rendues à la Russie »190. Du point de vue des reliques, à la fin des années 1930, on observe toutefois une forme de déconcentration. En 1938, en effet, lors de la canonisation d’André Bobola, les reliques, reçues de Russie au début des années 1920, sont « rapatriées » à Varsovie après un long parcours triomphal à travers l’Europe191.
55Si des archives, des objets de culte et des reliques sont déplacées à Rome dans l’attente de temps meilleurs, le Saint-Siège soutient également un projet artistique original en 1932. L’annonce de la création d’un musée d’art russe au Vatican suscite des propositions de spécialistes du marché de l’art : des négociants bruxellois proposent des objets mais se voient répondre que « le projet d’un musée d’art russe au Vatican est une initiative de Russes qui en reconnaissance de ce que le Saint-Père a fait pour soulager la misère de leurs frères veulent lui offrir des modèles de l’art russe ancien »192. Il ne s’agit donc pas d’exposer des objets « rescapés » des églises catholiques ou orthodoxes de Russie mais d’organiser au Vatican un musée d’art russe composé des œuvres du peintre russe Léonide M. Brajlovskij (Brailowsky) (1872-1937). Formé à l’Académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg, il séjourne à Rome où il est surpris par la Guerre puis la Révolution. Resté sur place avec sa femme Rimma (morte en 1959), il se convertit au catholicisme. La collection réalisée par Brajlovskij consiste en une série de « peintures archéologiques sur l’art religieux de la Russie (églises, fresques, mosaïques du XIe au XVIIe siècle) », donc essentiellement des peintures d’églises orthodoxes de Russie (extérieur et intérieur) dans leur aspect pré-révolutionnaire. Les légendes mentionnent d’ailleurs les éventuelles détériorations opérées depuis la révolution. La collection est exposée à l’Institut pontifical oriental la première semaine de décembre 1932193. Une visite guidée quotidienne est assurée194. À partir de 1935, ces 120 tableaux occupent cinq salles d’un petit musée aujourd’hui disparu près de la place Saint-Pierre et auraient dû constituer « le premier noyau d’un musée historique et artistique […] destiné à l’étude de l’art russe »195. Finalement, ces tableaux sont accueillis dans les locaux de la Congrégation pour les Églises orientales sur la via della Conciliazione, où ils sont toujours visibles aujourd’hui196. Au-delà du public romain, Michel d’Herbigny fait connaître ces images en faisant tirer une série de clichés de ces peintures pour des conférenciers en France et en Italie (un jeu pour l’Institut pontifical oriental, un pour Mgr Bučys, deux pour la Commission, un pour l’abbé Scolardi et un pour Mgr Sipiaguine)197.
56À cette volonté de sauvegarde à Rome des reliques et de la mémoire du catholicisme russe s’ajoute un puissant effort de centralisation de la formation des prêtres.
Russicum (1929) : la centralisation romaine de la formation des prêtres198
57Le clergé catholique russe de rite oriental apparaît, au moment où le Russicum ouvre ses portes, sous un jour assez bigarré. En 1935, Tardini insiste d’ailleurs encore sur l’hétérogénéité de ce clergé séculier dépendant de la Commission pro Russia (une quinzaine de personnes) en distinguant les prêtres âgés et/ou incapables souvent convertis de l’orthodoxie sans préparation suffisante, des prêtres jeunes ayant eu une formation « russe » dans les séminaires créés pour eux dans les années 1920199.
58Pour remédier à ces problèmes, à la fois de formation imparfaite et d’insuffisante culture commune, le Saint-Siège développe plusieurs moyens. Tout d’abord, il crée un petit pensionnat russe (convitto ecclesiastico russo) destiné aux ecclésiastiques orthodoxes qui désirent passer au catholicisme : ce convitto est accueilli dans l’une des ailes de la résidence romaine des pères mariens entre 1929 et 1933, la Pro Russia finançant le séjour de ces « pénitents »200. Par ailleurs, pour favoriser les contacts entre les prêtres, le Saint-Siège réunit à Rome entre le 27 et le 30 octobre 1930 une « assemblée des prêtres catholiques russes », à mi-chemin entre le synode local et la retraite collective autour des traditionnels « exercices spirituels ». Cette assemblée propose une série de mesures organisées autour des six grands thèmes examinés par l’assemblée : 1/ la pureté du rite ; 2/ la latinisation ; 3/ l’intégration de pratiques latines (réception plus fréquente des sacrements, participation à des pèlerinages comme Lourdes) ; 4/ le travail pastoral ; 5/ la presse ; 6/ la prière. Cette première rencontre du clergé russe permit de souder un clergé bigarré et dispersé géographiquement et un large écho lui fut accordé dans la presse spécialisée201.
59Mais c’est surtout par le Russicum que la papauté essaie de constituer un clergé homogène. Si le projet d’un séminaire russe à Rome date du début des années 1920, les choses ne se concrétisent qu’à la fin de la décennie. En 1928-1929, les travaux avancent rapidement et, au printemps 1929, la Commission pro Russia prépare l’établissement de la nouvelle institution. Ce n’est que le 30 avril 1929 que la Commission informe le père Ledóchowski que Pie XI souhaite confier le nouveau séminaire aux jésuites. Après deux audiences, les 6 et 11 mai 1929, durant lesquelles le général des jésuites exprime au pape ses réserves, la Compagnie de Jésus accepte cette nouvelle mission202. Dans la constitution Quam Curam qui établit le Russicum le 15 août 1929, ce rattachement à la Compagnie est justifié par la proximité géographique et d’intérêts avec l’Institut pontifical oriental203. La question du rite des séminaristes, débattue avec le père général en juillet 1929, est résolue sous la forme d’une formation préférentielle – mais non exclusive – au rite byzantino-slave. La formation spécifique dispensée au Russicum comprend « l’histoire et les mœurs des Russes », ainsi que les « cérémonies du rite gréco-slave » et la capacité de réfuter les « erreurs répandues dans ces régions »204. La direction du séminaire est confiée tout naturellement en octobre 1929 au père Javorka, jésuite slovaque passé au rite byzantino-slave et responsable du chantier de construction du Russicum.
60Ouvert en novembre 1929, et volontairement privé d’inauguration officielle205, le bâtiment comprend 65 chambres individuelles et apparaît vite surdimensionné. En 1929-1930, il accueille 10 étudiants, ce nombre croît au début des années 1930, avec une vingtaine d’étudiants accueillis chaque année jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale206. En 1938, un dossier de la Congrégation des Séminaires et Universités indique que le Russicum compte 21 séminaristes, étudiant tous à l’Université grégorienne, à l’exception de Jan Kellner déjà inscrit en études supérieures à l’Institut pontifical oriental. Du point de vue des nationalités, on observe une grande diversité : 5 sont de nationalité russe, 5 de nationalité tchèque mais on compte aussi 2 Allemands, 2 Estoniens, 2 Hollandais, 2 Ukrainiens de la congrégation des Studites, un Polonais, un Français et un Italien207. Parmi ces recrues, il semble qu’il y ait eu des essais d’infiltrations soviétiques : un Russe, recommandé par d’Herbigny, fut refusé par Javorka et « plus tard, il devint clair que ce candidat était un agent soviétique »208. Cependant, par delà cette diversité, le Russicum cherchait justement à assumer par une unité de lieu et de direction la diversité nationale et rituelle du catholicisme de Russie et de l’émigration. Au moment de la fondation du séminaire, Pie XI insiste sur la nécessité d’accueillir autant des séminaristes d’origine allemande ou polonaise que des convertis de l’orthodoxie car la « vie commune au séminaire favoriserait le bon accord pour plus tard » et parce que « pour les convertis, il est bon qu’ils soient encadrés de catholiques de vieille souche »209. Alors que Ledóchowski (qui avait joué un rôle décisif au sein de son ordre pour promouvoir le rite oriental) souhaitait exclure le rite latin du séminaire, Pie XI n’exclua pas d’associer « une certaine proportion de Latins » à des « clercs destinés au rite oriental », ne serait-ce que pour former aussi des prêtres pour les catholiques de rite latin, comme les Allemands de la Volga210. D’Herbigny doit argumenter patiemment auprès du général des jésuites pour que cette « exclusion du rite latin » ne soit pas « si absolue ». Le rapporteur de la Commission pro Russia reprend alors l’exemple du Séminaire Saint-Basile qui eut bien des difficultés à recruter à cause de la condition exclusive du rite oriental. Le séminaire devrait justement « les former à aimer le rite oriental », en procédant de façon progressive et non en imposant ce rite. D’Herbigny cite également des cas de vocations pour la Russie qui ne sont pas immédiatement mûres pour le passage au rite oriental comme « le jeune Pavani [qui] n’est pas encore au point pour embrasser avec joie le rite oriental » et le père Schweigl qui accepterait de prendre le rite oriental par obéissance mais pour qui cela représente « la plus grande souffrance de sa vie religieuse » et quelque chose d’« inutile » s’il reste à Rome et ne peut entrer en Russie211.
61Destinés à devenir prêtres séculiers à la disposition de la Commission pro Russia, ces séminaristes n’avaient, en général, pas d’évêques et ne furent pas incardinés dans un diocèse212. Leur vocation russe et leur dépendance du Saint-Siège sont largement soulignées dans les années 1930. En 1930, les « Règles des élèves du Collège pontifical “Russicum” » insistent sur la nécessité pour les élèves de se dédier « au salut de ces âmes séparées de l’Église catholique » et de « se donner soi-même chaque jour en sacrifice au Seigneur pour le peuple russe » (quotidie dare Domino in sacrificium seipsos pro populo Russo)213. Le serment prononcé par le séminariste souligne la spécificité de cette vocation :
Moi N. N., tout en proclamant […] ma foi en l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique sous l’autorité du Pontife Romain, en présence de Dieu, je jure de mon propre gré avoir choisi et choisir ce statut de clerc avec la libre et sainte intention de servir le Seigneur dans le sacerdoce catholique, pour être admis aux ordres sacrés dans l’Église catholique. De même je jure et je promets d’obéir aux ordres sacrés reçus du Saint-Siège ou de son délégué ordinaire et d’accomplir sa volonté quelle que soit la partie de la Russie dans laquelle je serai utile, afin de travailler avec persévérance là-bas dans la vigne du Seigneur214.
62En février 1932, une autre formule de serment est préparée pour être prononcée après un an de vie au séminaire. Dans la composition de cette formule, inspirée de celle du Collège grec215, la Commission pro Russia insiste pour que soient prises en compte les spécificités du Russicum notamment le fait que « les élèves, n’ayant pas d’ordinaire […] doivent promettre qu’ils iront exercer le ministère sacré […] où les enverra cette Commission pontificale, de laquelle ils sont – dans les circonstances actuelles – immédiatement dépendants ». Par ailleurs, ce serment prévoyait que les séminaristes, baptisés dans le rite latin mais destinés au sacerdoce de rite oriental, devaient s’engager à « recevoir les ordres sacrés dans le célibat », ce qui laisse penser que les séminaristes baptisés dans le rite oriental auraient pu prétendre à être mariés avant leur ordination216.
63Si la vie quotidienne des séminaristes du Russicum est calquée sur celle des autres séminaristes romains (méditation matinale, liturgie, trajets vers la Grégorienne)217, quelques spécificités sont induites par la pratique de la liturgie byzantino-slave. À partir de l’année académique 1931-1932, certains cours spécialisés sont donnés au Russicum : histoire ecclésiastique russe, langue russe pour débutants et avancés, enseignement pratique et théorique de la liturgie218. Par ailleurs, du point de vue liturgique, le séminaire semble avoir connu deux périodes (qui correspondent à peu près aux deux rectorats) dans les années 1930. Dans un premier temps, pour s’adapter aux pratiques des séminaires romains, la liturgie est dite chaque jour, mais sous une forme récitée comme la « messe basse » ruthène219. De même, un indult spécial du Saint-Siège permet aux prêtres du Russicum de célébrer la liturgie de saint Jean Chrysostome pendant les mercredis et vendredis de Carême (jours où la tradition russe permet de célébrer habituellement uniquement la liturgie des présanctifiés, à savoir une communion aux espèces consacrées le dimanche précédent). Mais, en 1932, « avec l’ouverture de Saint-Antoine », la paroisse russe de Rome, « la question de la pureté liturgique et de la stricte conformité à la tradition russe devint plus aiguë »220. De plus, à partir de 1934, le père de Régis, nouveau recteur, demande la révocation des facultés obtenues de la Congrégation pour l’Église orientale et développe le respect des jeûnes et des traditions russes (célébration des fêtes onomastiques – den’ angela ‑, thé du samovar, bliny…)221. Le père Tyszkiewicz, qui loge au Russicum, se plaint alors régulièrement dans la seconde moitié des années 1930 au père général des jésuites du « ritualisme », de l’« esthétisme » et de l’« hypertrophie liturgiste » du programme imposé aux séminaristes. Les longues heures d’apprentissage de la liturgie sont, pour le théologien, des heures perdues pour l’étude des erreurs du schisme, tandis que les concerts de musique religieuse donnés durant les vacances des séminaristes à Gaète lui semblent inutiles et risquent même de faire tomber séminaristes et auditeurs dans un « ritualisme oriental, essentiellement incompatible avec l’esprit catholique »222.
64Si l’établissement du Russicum suscita des critiques, il permit certainement d’unifier un clergé russe-catholique qui restait hétérogène. Cet effort d’unification et d’amélioration des élites catholiques destinées à la Russie se retrouve dans les impulsions données par Rome à l’étude des questions russes.
Entre impulsions romaines et relais locaux : une centralisation universitaire et scientifique à corps défendant ?
65À la fin des années 1920, et comme pour soutenir la quasi refondation de l’Institut pontifical oriental sous la direction de Michel d’Herbigny, Pie XI apporte son soutien à l’institution dans l’encyclique Rerum Orientalium (8 septembre 1928) qui amplifie et précise l’appel déjà formulé dans Ecclesiam Dei à un effort de connaissance de l’Orient. Rerum Orientalium souligne les avancées dans ce domaine, qui concernent essentiellement les efforts accomplis à Rome (collèges orientaux de la Ville, collecte de « manuscrits orientaux […] diligemment recueillis et […] religieusement conservés par la Bibliothèque Vaticane », formation des prêtres et religieux à l’Institut pontifical oriental) ainsi que – beaucoup plus marginalement – par les universités catholiques ayant créé une faculté ou une chaire d’études orientales. L’encyclique a ainsi pour premier objectif d’inciter les évêques à développer l’enseignement des disciplines orientales dans leurs diocèses, ce qui nécessite de « désigner au moins un » prêtre par diocèse « pour le faire exactement instruire des disciplines orientales » afin qu’il soit « en mesure de les faire […] connaître aux élèves des Séminaires ». Pour justifier cette demande, Pie XI souligne, dans un contexte qui est aussi celui de Mortalium Animos, la fonctionnalité apologétique de ces disciplines : démasquer les pièges d’une « union » entre chrétiens qui est en fait « étrangère à l’eprit du Christ » et savoir répondre non seulement aux « erreurs des novateurs » (protestants), mais aussi à celles des Orientaux face auxquelles les catholiques sont moins bien préparés223. Afin de favoriser l’application de cette encyclique, la Congrégation des Séminaires et Universités adresse aux ordinaires le 28 août 1929 un programme de théologie orientale et des indications pour l’enseignement des liturgies orientales224. Deux ans plus tard, la constitution apostolique Deus scientiarum Dominus (24 mai 1931), qui réorganise les études ecclésiastiques, mentionne à plusieurs reprises les études « orientales » comme l’une des branches du savoir que les universités catholiques et facultés ecclésiastiques doivent développer, aux côtés de l’Institut pontifical oriental225. Il conviendrait d’étudier la mise en œuvre de ces réformes afin de savoir comment ces impulsions romaines ont été relayées et appliquées localement. Il serait également intéressant de savoir dans quelle mesure l’enseignement de ces matières orientales fut lié aux questions russes et aux personnalités formées à l’Institut pontifical oriental.
66Dans l’attente d’une telle étude, notre attention s’est portée sur l’enseignement des questions proprement russes dans les universités catholiques en France, notamment à Lille et à Paris, où le Saint-Siège intervint de façon insistante. À l’été 1926, Mgr Chollet, archevêque de Cambrai, évoque, à la suite d’une discussion avec d’Herbigny, « l’opportunité qu’il y aurait peut-être à instituer un cours de langue russe dans l’université […] établie à Lille »226. À la demande de Pie XI, l’affaire passe de la Commission pro Russia à la Congrégation des Universités227. Dès novembre 1926, Mgr Chollet, de passage à Rome, fait entériner la création de deux nouvelles chaires : une chaire de polonais (financée par les Compagnies minières d’Aniche et d’Anzin et « placée sous le vocable de Saint-Stanislas de Pologne, ou de Notre Dame de Czenstokova ») et une chaire de russe « sous le vocable de Ste Thérèse de l’Enfant Jésus de Lisieux, dont le capital sera fourni par les contributions au Denier de Saint Pierre228 des trois diocèses de la Province ecclésiastique de Cambrai pour l’année 1927 »229. Ce rôle d’impulsion et de financement du centre romain dans l’enseignement universitaire des questions russes se retrouve à l’Institut catholique de Paris quelques années plus tard. En effet, seule l’intervention de la Commission pro Russia permit d’y développer une petite section russe. Le 21 août 1932, Pie XI accepte la proposition de la Commission de « réunir dans un centre les Russes catholiques intellectuels » et de « cré[er] ainsi un petit Institut d’enseignement, tant russe qu’en langue russe, dans l’Institut catholique de Paris ». Le pape accorde pour ce projet une somme de 100.000 francs à remettre à Mgr Baudrillart230. Le projet est élaboré par Mgr Chaptal et Mgr d’Herbigny : Georges Maklakov propose un cours de langue et littérature russe, qui complèterait celui de l’École des Langues orientales ; le père Tsebrikov pourrait assurer un « cours de liturgie et d’iconographie russes » et Ivan Puzyno (1888-1961) propose un cours sur l’« Histoire du mouvement révolutionnaire en Russie » et sur « le bolchévisme et le monde catholique » qui répondrait « aux préoccupations […] du public français pour qui, en ce moment, les questions touchant au monde soviétique et à son avenir restent au premier plan » (le pacte de non agression franco-soviétique est signé en novembre suivant). Selon l’évêque auxiliaire de Paris, il s’agit d’attirer d’abord des auditeurs français car « si nous déclarions que nous nous adressons aux Russes, nous serions, étant donné les expériences précédentes, presque sûrs qu’ils bouderaient l’Institut Catholique »231. Les trois enseignants pressentis sont pourtant tous les trois Russes, convertis de l’orthodoxie. Georges Maklakov (1892-1969) est le fils de l’ancien ministre de l’intérieur N. A. Maklakov et il enseignera de nombreuses années à l’Institut catholique. Ivan Puzyno est un historien de l’Université de Saint-Pétersbourg (il y était privat-docent en 1916) : émigré en 1920 et converti au catholicisme à Paris après un passage à Berlin, il conservait de nombreux contacts avec les intellectuels russes232. Le père Georges Tsebrikov (1896-196 ?), prêtre orthodoxe passé au catholicisme en 1930, retournera finalement à l’orthodoxie233. Pour la rentrée universitaire 1932, ces trois cours sont intégrés dans le programme officiel de l’Institut catholique et représentent un budget de 64.000 francs essentiellement destiné au paiement des salaires de Puzyno et Maklakov (Tsebrikov est payé au cachet)234. Ces cours d’adressent à un public d’amateurs. Le cours de Tsebrikov sur « Liturgie, iconographie et Chant de l’Église russe » a ainsi lieu dans le Grand Amphithéâtre, le samedi à 14h15 et certaines conférences sont accompagnées de chants ou de « projections lumineuses »235. Ces cours rencontrent un succès inégal. Malgré une assistance limitée (entre 50 et 80 personnes236), les conférences de Puzyno donnent lieu à un article du Bezbožnik du 7 février 1933 en première page « sur la propagande antisoviétique à l’école catholique »237. Au même moment, le gouvernement polonais « s’émeut de ce que [l’Institut catholique de Paris] fai[t] pour les Russes et demande [à Mgr Baudrillart] de créer une chaire de langue et littérature polonaise »238. Malgré ces pressions extérieures et l’absence de cadrage pédagogique, d’Herbigny et Pie XI décident en juin 1933 de poursuivre l’expérience et de « constituer une faculté orientale dans l’Institut catholique de Paris », dans laquelle le Saint-Siège s’engagerait à financer à hauteur de 50.000 francs les « trois professeurs russes enseignant sur les thèmes russes »239. Cependant, le refus de Mgr Graffin d’adjoindre la section russe à l’« École des langues orientales » empêche la création de cette faculté240. Rome n’insiste pas mais recommande de sanctionner par un « diplôme » l’assiduité aux cours russes pour l’année 1933-1934241. Reconduit en 1934-1935, le financement romain de ces cours s’achève avec la réorganisation tardinienne de la Commission pro Russia242. À peine le programme est-il confié au financement local que l’archevêché de Paris abandonne ces cours243.
67Si l’enseignement universitaire des questions russes peine à se diffuser dans les universités catholiques en dehors du centre romain, les résultats de l’Institut pontifical oriental restent également modestes à la fin des années 1930. En effet, malgré une augmentation progressive du nombre d’étudiants (on passe d’une moyenne de 12 inscrits en 1918-1928 à une moyenne de 26 en 1928-1938), notamment après la réorganisation des études en 1932244, le verdict porté par la visite apostolique de l’Institut en mars 1939 est sans appel : « il semble improbable que l’Institut Oriental puisse jamais atteindre un nombre convenable d’élèves ». Selon le visiteur, le recrutement serait freiné par la langue des cours (l’italien pourrait attirer un public plus large que le latin, notamment parmi les « dissidents »). Mais le problème de fond réside dans le fait que les évêques envoient rarement des prêtres se former à l’Institut. Toutefois, le visiteur « n’os[e] pas prier le Saint-Siège de lancer un appel plus fort et plus urgent que celui déjà adressé » dans Rerum orientalium. Le bilan relève toutefois des réussites humaines et intellectuelles. Malgré son caractère modeste, l’Institut a réussi à former « une famille ». Par ailleurs, les résultats scientifiques publiés dans la série des Orientalia Christiana et la richesse de la bibliothèque constituent des atouts245. L’Institut s’est imposé comme un pôle éditorial important notamment grâce à la clarification opérée en 1935 entre les deux types de publications que sont d’une part la revue (Orientalia Christiana Periodica) et d’autre part la collection destinée aux études plus approfondies (Orientalia Christiana Analecta). Le pôle éditorial romain se renforce alors sans pour autant aspirer l’ensemble du dynamisme éditorial catholique, qui se traduit notamment par la naissance de collections destinées aux affaires orientales et même « unionistes » (Unam Sanctam aux éditions du Cerf à partir de 1937).
68Du point de vue des productions scientifiques elles-mêmes, le centre que constitue l’Institut pontifical oriental et, plus généralement, les diverses impulsions romaines contribuent à structurer le champ des études orientales catholiques. L’injonction romaine d’enseigner la théologie orientale et des rudiments de liturgie dynamise ce champ de recherche (réalisations de thèses) et encourage la publication de synthèses pour l’enseignement en latin. En théologie, la somme érudite de l’assomptionniste Martin Jugie, dont la publication s’étale de 1926 à 1931, constitue une référence. Il s’agit de la version écrite du cours de dogme professé pendant quatre ans au Séminaire gréco-bulgare de Constantinople et, de 1918 à 1922, à l’Institut pontifical oriental. Cette Théologie dogmatique des chrétiens orientaux dissidents de l’Église comprend notamment quatre volumes qui concernent directement la théologie russe : un premier tome sur l’histoire et les sources de la théologie dogmatique des Gréco-russes, un deuxième tome sur leur théologie « simple » (économie, hagiologie), un troisième tome sur la théologie sacramentelle et un quatrième tome sur les fins dernières et l’ecclésiologie246. Cette somme est complétée par des ouvrages plus succincts comme celui du père Gordillo : un Précis de théologie orientale, dont le caractère polémique est sensible. En effet, à l’exception des deux premiers chapitres qui offrent un tableau général sur les chrétiens d’Orient et leur théologie, l’ouvrage se consacre à l’étude des points controversés avec l’Église catholique (primat du pape, procession du Saint-Esprit, Immaculée Conception…)247. En liturgie, au-delà de certaines recherches ponctuelles248, on retrouve également des synthèses universitaires comme les Institutions liturgiques des rites orientaux du père Hanssens, qui constituent le support pédagogique d’un cours à l’Université grégorienne249. Dans ce domaine, la création en 1931 d’une Commission spéciale sur la liturgie au sein de la Congrégation pour l’Église orientale va progressivement stimuler également la recherche dans la mesure où cette commission a pour mission de publier des versions révisées des livres liturgiques orientaux250.
69Dans le domaine du droit canon, l’impulsion romaine se révèle décisive et la codification orientale donne lieu à de nombreuses publications à partir du milieu des années 1930. En effet, la promulgation du code de droit canon latin (1917) suscite des interférences avec les normes des Églises orientales251 et provoque l’élaboration d’une codification orientale252. Évoquée dès février 1926, cette codification est finalement décidée à l’été 1927 (réunion cardinalice du 25 juillet 1927 et audience pontificale du 3 août)253. Le travail de codification ne commence toutefois qu’en 1929 avec la création de la « Commission cardinalice pour les travaux préparatoires de la codification orientale ». Malgré les précautions prises pour éviter toute latinisation254, le code de 1917 est pris comme base de travail, puisque les matières traitées par les droits orientaux sont répartis en 2.414 canons (soit le même nombre que le CIC). À partir de 1935, le travail entre dans une seconde phase, consacrée à la rédaction du texte, autour de la « Commission pontificale pour la rédaction du code de droit canonique oriental ». Si la promulgation du code canonique oriental fut finalement tardive et incomplète255, les travaux de la Commission préparatoire ont nécessité d’importantes publications des sources du droit oriental afin de pallier l’éparpillement des manuscrits. La Congrégation pour l’Église orientale a ainsi pris en charge un travail d’édition scientifique ; une Commission spéciale pour la publication des sources composée de « savants appartenant à tous les rites » avait été créée dans ce but le 31 juillet 1929. La collection « Fonti della codificazione orientale », publiée à partir de 1931, comprend en 1939 déjà quelques 25 volumes (et en atteindra plus de 50 en 1977). Cette collection regroupe trois séries : les textes de différentes législations orientales (série 1), les travaux sur ces législations (série 2) et les actes des souverains pontifes (série 3)256. Au sein de cette collection, certains volumes sont consacrés aux sources du droit ecclésiastique russe. En 1936, le père Herman livre un commentaire historico-canonique sur les sources du droit ecclésiastique russe faisant apparaître l’héritage byzantin et les sources « particulières » aux Russes (synodes, déclarations de patriarches…) et réserve des chapitres au concile panrusse de 1917-1918 ainsi qu’aux sources juridiques propres aux Russes catholiques257. En 1944, les pères Herman et Wuyts publient un recueil de textes de droit ecclésiastique russe, structuré en 23 chapitres, qui constituent autant de catégories calquées sur le CIC de 1917258.
70Si les années 1930 s’accompagnent d’une certaine centralisation des affaires russes à Rome, celle-ci répond à la fois aux difficultés du catholicisme russe et à celles du monde catholique occidental, qui peine à prendre le relais des impulsions romaines. La crise des années 1930, notamment dans sa dimension financière, a profondément marqué les structures de la politique russe du Saint-Siège.
De la crise institutionnelle de 1934 à la recherche d’un nouvel équilibre
71La crise de la Pro Russia en 1933-1934 a souvent été abordée comme un drame personnel enrobé de mystère. Les archives de l’institution permettent d’en mieux comprendre également les enjeux financiers et les dynamiques collectives.
La disgrâce de d’Herbigny : un drame personnel ?
72« L’affaire d’Herbigny », c’est-à-dire le renvoi du président de la Pro Russia, est à la fois bien connue et encore mystérieuse. L’éloignement de Rome du jésuite en octobre 1933 puis son enfermement conventuel en 1937 et enfin sa mort discrète (sa tombe ne porte pas la mention de sa dignité épiscopale) ont frappé les imaginations et suscité de nombreuses enquêtes259. Les dernières recherches fondées sur les archives du pontificat de Pie XI260 tendent à distinguer deux disgrâces (1933 et 1937) et à expliquer la seconde par un problème de nature privée (relations avec une femme et enfants naturels). Une « busta segreta » conservée à l’Archivio segreto vaticano, mais dont la composition est connue (échange de lettres entre Pacelli et Ledóchowski, lettres de d’Herbigny), renfermerait ces fameux secrets intimes. Une maladie psychiatrique (peut-être héréditaire dans la mesure où son frère Henri en aurait aussi souffert) serait également mentionnée dans ce dossier, pour le moment inaccessible. À défaut de révélation définitive, les archives vaticanes permettent de mieux comprendre comment la première disgrâce (octobre 1933) fut vécue tant par le principal intéressé que par Mgr Neveu – pour qui d’Herbigny constituait un lien vivant avec le pape – mais aussi par Pie XI. Cette démission apparaît bien comme un drame personnel mais dans lequel le jésuite français fut soutenu par ses amis et ses alliés. Les archives permettent également d’approcher le rôle des prélats de la Congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires et de la Secrétairerie d’État qui, jusqu’à présent, avait été peu évoqué. Ces observations rejoignent l’hypothèse de Mgr Croce selon laquelle la mort du cardinal Gasparri en 1934, qui avait été le protecteur du jésuite français, aurait « définitivement affaibli la position de Mgr d’Herbigny »261.
73Le 1er octobre 1933, c’est Mgr Tardini qui est chargé de se rendre chez d’Herbigny pour l’informer des changements prévus au sein de la Pro Russia. Cependant, selon le prélat italien, « Mgr d’Herbigny savait déjà tout ». Le renvoi de d’Herbigny est alors présenté comme temporaire (Tardini lui aurait même souhaité « de revenir bientôt »), même si aucun terme n’est fixé262. Parti en Belgique pour une opération chirurgicale a priori bénigne, d’Herbigny écrit à ses collègues une lettre de mourant le 12 octobre où il remercie ses supérieurs (Pacelli, Sincero, Pizzardo, Ottaviani) et signale que « dans [s]on âme […] est l’oblation totale pour les Augustes intentions [du Pape] »263. Si cet élan réparateur de d’Herbigny indique peut-être une faute grave que le jésuite aurait conscience d’avoir commise, ses relations avec ses anciens collègues et le pape semblent normales. Cette lettre de d’Herbigny est, en effet, présentée en audience le 19 octobre264. La réponse de Tardini à d’Herbigny du 20 octobre 1933 est également des plus banales : le Saint-Père s’intéresse à la santé de l’évêque français et lui envoie sa bénédiction, ses collègues de la Pro Russia prient pour lui et Tardini obtient du pape que les cinq questions évoquées par d’Herbigny soient toutes décidées selon son avis (cas matrimonial, facultés pour les prêtres en Russie…)265. D’octobre 1933 à avril 1935, la Commission pro Russia continuera d’ailleurs à s’adresser plus ou moins officiellement (les courriers ne portent pas toujours un numéro de protocole) à d’Herbigny, au moins à cinq reprises266 : l’autorité morale et administrative du jésuite semble alors intacte. Par ailleurs, l’affection du pape pour son ancien conseiller se manifeste régulièrement en 1934-1935. Selon le père Henri Lavigne, le Saint-Père « garde toute son affection personnelle à Mgr d’Herbigny »267. Ces sentiments s’expriment d’ailleurs publiquement dans le motu proprio Quam sollicita, dans lequel d’Herbigny est cité nommément et dont le pape salue « l’activité infatigable, docile et grandement utile », de même que la « compétence » et le « dévouement généreux »268. En décembre 1935 encore, le secrétaire de Pizzardo confirme à Baudrillart, qui vient d’être créé cardinal, « l’affection que […] garde le pape » à d’Herbigny269.
74Ces documents font ainsi apparaître le renvoi de 1933 comme une simple mesure politique d’éloignement temporaire. Selon les hypothèses formulées par le père de La Brière en mars 1934, il ne s’agirait que d’une « demi-disgrâce », dont les causes sont multiples et conjuguent le contexte politique international (hostilité de la Pologne et de l’Italie, prise de distance des démocraties libérales face à l’anticommunisme depuis l’arrivée au pouvoir des nazis) à l’attitude personnelle de d’Herbigny, notamment sa familiarité avec le pape et son style « mystique »270. D’autres jésuites, comme le père Henri Lavigne, rendent directement responsable le général des jésuites Ledόchowski de cet éloignement271. Cependant, l’hypothèse de La Brière d’une conjonction de facteurs semble plus probable. Il faudrait d’ailleurs ajouter l’hostilité à l’égard de d’Herbigny de certaines personnalités orientalistes (Graffin) ou unionistes (Beauduin, Omez272), ou encore les questions financières et les tensions perceptibles entre la Pro Russia et la stratégie européenne menée par la Secrétairerie d’État, par exemple dans l’affaire de la famine en Ukraine273. Aucun de ces facteurs pris isolément n’aurait probablement convaincu Pie XI de se séparer de l’un de ses conseillers les plus appréciés274. Tous ensemble cependant, ils justifient bien un éloignement de d’Herbigny, qui reste alors durant de longs mois dans une situation indéterminée. En effet, son départ de Rome en octobre 1933 n’est accompagné ni de sanctions ni d’une quelconque « promotion » ou encore de dédomagements financiers275… ce qui explique qu’en 1935, l’évêque jésuite tente sa chance pour revenir à Rome.
75Le 14 septembre 1935, pour la première fois depuis octobre 1933, Michel d’Herbigny écrit au pape. Venu à Lourdes en pèlerinage pour « le dixième anniversaire de l’audience dans laquelle [Sa] Sainteté, le 14 septembre 1925, [l’]envoya pour la première fois en URSS » : l’évêque y exprime son affection « sans aucun souvenir amer » pour le pape et « remercie Jésus crucifié pour toutes les grâces reçues durant ces deux dernières années et toujours offertes aux intentions de [Sa] Sainteté ». Il se propose alors comme un « serviteur inutile » pour « rendre le plus humble service à Jésus dans Son Vicaire »276. Quelques mois plus tard, le 10 mars 1936, d’Herbigny écrit au cardinal Pacelli pour lui rappeler l’ordination du 29 mars 1926. Il en profite pour signaler ses activités, partagées entre les « cours d’exercices spirituels » et des « conférences sur les dangers du communisme et sur la propagande des “Sans-Dieu” » (qu’il affirme avoir signalées en octobre 1934 au nonce de Paris). Cette fois, c’est au secrétaire d’État qu’il offre sa disponibilité en se déclarant prêt à tout « service exclusif de toute considération humaine mais riche de dangers et de sacrifices »277.
76C’est à ce moment, le 12 mars 1936 (probablement au moment où Pacelli reçoit sa lettre), que le Saint-Siège donne une réponse à la lettre de septembre 1935. Un haut responsable de la Curie, vraisemblablement Pizzardo, écrit alors à d’Herbigny que le pape a « apprécié » la lettre du 14 septembre et « l’a toujours tenue […] sous les yeux en pensant de pouvoir lui donner quelque réponse opportune ». Le pape se félicite du « bien » accompli par d’Herbigny et
concernant la Russie, étant donné que [d’Herbigny] a vu beaucoup de choses et de personnes depuis le début et [a] probablement en main de nombreuses informations sur cela et aussi des documents, le Saint-Père verrait très volontiers que [d’Herbigny] se consacre à l’élaboration de ce matériel, dans le but de préparer une espèce de livre. Dans ce but il sera très bien que [d’Herbigny] fixe sa résidence dans le lieu qui fut déjà choisi par son supérieur pour lui, ainsi son travail pourra se faire avec toute la tranquillité et le calme que son importance exige278.
77Cette lettre, qui renoue officieusement (elle ne porte pas de numéro de protocole) le lien avec d’Herbigny comprend donc également un reproche (couvert par l’autorité du pape) et une invitation à l’obéissance au supérieur (jésuite) et au silence, plutôt qu’à la multiplication des conférences et à la prédication de retraites. Il n’en fallait pas plus à d’Herbigny pour sortir de sa réserve. Ce dernier répond immédiatement de Bruxelles à la lettre de la Commission pro Russia, en français (contrairement à son habitude). Il refuse le projet de rédaction d’un livre sur la Russie, en arguant d’un manque de matériaux, il aurait ainsi
laissé à Rome, à la Commission pro Russia les documents, à l’Institut Oriental toutes les publications bolcheviques et même la plupart des livres reçus en hommage d’auteur, et même ceux qui [lui] avaient servi depuis 1902 [….] à [s]a préparation aux questions orientales et russes et qu[‘il] avai[t] apportés à Rome en 1921, comme il [lui] avait été dit, notamment des collections maintenant introuvables, comme les œuvres du philosophe et converti russe Soloviev.
78En contrepartie de ce refus, d’Herbigny accepte de renoncer à ses engagements pastoraux (retraites spirituelles). Cependant, il souligne son incompréhension quant au reproche de désobéissance. En effet, « après [s]a démission d’octobre 1933, [il] souhaitai[t] rester “consepultus cum Christo” [enseveli avec le Christ] dans la prière et dans un travail tout entier spirituel », mais le père général l’aurait alors « press[é] de faire “du travail apostolique” ». Depuis plus de deux ans, il a donc déployé une activité publique en France et en Belgique sans que les responsables jésuites et les nonces ne lui en fassent le moindre reproche. Il demande alors pour dissiper « les malentendus, presque incroyables » à son sujet de rencontrer le père général ou Pie XI279. Cependant, sans même attendre de réponse (ce qui indique une certaine fébrilité), d’Herbigny écrit dix jours plus tard de nouveau à Rome. Il nuance son refus de s’adonner à un travail d’écriture : si les matériaux dont il dispose sur la Russie sont incomplets et « ne permettrai[en]t pas l’élaboration d’un travail scientifique », il propose de se lancer dans l’écriture « d’opuscules ascétiques ». Cette lettre témoigne aussi de l’effort de l’évêque pour organiser sa défense juridique : il cite ainsi deux consultations récentes de canonistes de la Grégorienne et de l’Université de Louvain sur la question de l’obéissance au supérieur dans le cas d’un religieux évêque280. Au printemps 1936, deux points de tension sont sensibles : l’obéissance au père général des jésuites et la faute qu’aurait commise d’Herbigny quant aux archives de la Pro Russia (une question administrative gérée par la Commission elle-même sans que le plus haut responsable de l’administration vaticane – le cardinal Pacelli – n’intervienne).
79La Commission pro Russia lance, en effet, une opération pour récupérer des documents qu’elle pense avoir été conservés par d’Herbigny. Ayant évoqué dans ses lettres, des documents laissés à Rome, d’Herbigny est attaqué sur ce terrain. En audience pontificale, un responsable de la Commission (d’après les archives de la Prefettura della Casa Pontificia, le seul responsable de la Pro Russia ayant été reçu en audience en mars 1936 fut Ottaviani, le 22 mars281) met en accusation la pratique administrative de l’évêque d’Ilion : ce dernier « gardait jalousement [certains documents] par peur qu’ils ne tombent dans les mains d’imprudents » et « n’en communiquait que quelques extraits de temps en temps à la Commission ». À cette accusation portant sur le passé s’ajouterait une faute grave : la privatisation des documents du Saint-Siège qui « n’ont jamais été remis à la Commission, même après le départ de Mgr d’Herbigny ». Un témoignage de Mgr Neveu, fidèle allié de d’Herbigny, est même utilisé ici contre le jésuite : ce dernier se serait plaint « que les lettres envoyées par lui depuis plusieurs années à Mgr d’Herbigny ne se trouvent pas gardées jalousement dans les Archives du Vatican »282. Mgr Pizzardo, sur l’ordre de Pie XI, écrit alors à d’Herbigny en juin 1936 pour lui demander un « éclaircissement » sur la question des documents, dans le but de lui faire avouer qu’il « était bien naturel et juste » que les documents de la Commission soient restés à Rome. Par ailleurs, le secrétaire des Affaires ecclésiastiques extraordinaires s’étonne que les « dispositions » prises par d’Herbigny pour la remise de documents « n’[aie]nt pas encore été exécutées » et que « selon certaines rumeurs (alcune voci) les documents auraient été conservés dans diverses caisses, mais personne ne sait dire où elles se trouvent maintenant »283. D’Herbigny répond laconiquement à ces questions et se mure dans un silence d’ignorance sur ce « spoglio » introuvable284. Quelques semaines plus tard, en septembre 1936, Mgr Tardini, probablement interrogé sur cette question, jettera encore de l’huile sur le feu dans une note soulignant qu’à son départ de Rome en octobre 1933, d’Herbigny ne lui confia aucun dossier à part quelques images russes : Tardini et Giobbe se seraient alors étonnés de ce que « d’Herbigny n’avait fait aucune remise de documents » à Tardini285. Dans cette affaire des documents (qui n’apparaît que trois ans après les faits soit parce que les fonctionnaires de la Pro Russia étaient certains de revoir bientôt leur président, soit parce que cet « étonnement » est en fait construit a posteriori), d’Herbigny se justifiera encore une fois en septembre 1936 dans une lettre peut-être adressée à Mgr Giobbe, où il mentionne deux pistes quant à ces caisses introuvables : l’Institut oriental et la Curie généralice, d’autant que Tardini lui avait confié le 1er octobre 1933 qu’il devait voir rapidement Ledόchowski286. Nous n’avons pas trouvé trace de correspondance ultérieure directe entre d’Herbigny et les organes centraux du Saint-Siège287. En l’absence de la « busta segreta », il reste donc difficile d’identifier les causes réelles de cette seconde disgrâce. Cependant l’effort déployé par le Saint-Siège pour démontrer une faute grave dans l’administration d’Herbigny semble indiquer que le motif « privé » était insuffisamment établi.
80Les réactions des proches de d’Herbigny méritent d’être signalées car elles éclairent l’incompréhension suscitée dans les milieux catholiques par cette disgrâce silencieuse et jamais clairement justifiée du prélat français. Après la première disgrâce, de nombreux témoignages de soutien à d’Herbigny parviennent à Rome, essentiellement envoyés de France. Par exemple, en février 1934, mère Agnès chante les louanges de d’Herbigny venu à Lisieux pour « célébr[er] […] une messe […] aux intentions de Votre Sainteté » ; elle discute ensuite avec lui « au parloir où il [l]’a profondément édifié[e] par son admirable sérénité dans l’épreuve ». Elle s’enthousiasme : « Quel bon et fidèle serviteur du Pape et de l’Église ! »288. Même en 1937, lors de la seconde disgrâce, certains prélats français impliqués dans les affaires russes font bloc autour de l’évêque jésuite. En novembre 1937, Mgr Neveu souligne sa tristesse, partagée avec Mgr Chaptal, quant à « l’exil et la dégradation du cher Mgr d’Herbigny […]. Les bruits les plus invraisemblables circulent à ce sujet et je n’ose vous les répéter ». Mgr Tardini fait alors « répondre [à Mgr Neveu] que Mgr d’Herbigny a demandé de redevenir un simple religieux. Et cela lui a été accordé. Il y en a beaucoup d’exemples parmi les jésuites, même un cardinal »289. Cet argument de Tardini semble plutôt spécieux car, dans les documents précédemment cités, d’Herbigny n’affirme jamais vouloir redevenir un simple religieux. Au contraire ! Si le jésuite français était prêt à rentrer dans l’anonymat d’un couvent, il avait bien posé les bases juridiques de la défense de son statut d’évêque290. Cette affirmation de Tardini est d’ailleurs assez audacieuse car la démission du cardinal Billot de son statut de cardinal en 1927 n’avait rien de normal. En comparant les changements de la politique russe à la crise de l’Action française, Tardini n’hésite pas à faire de cet épisode une nouvelle manifestation de la force de l’autorité romaine qui s’impose aux Églises locales, en particulier à l’Église de France. Cette réponse de Mgr Tardini semble toutefois avoir fait plaisir à Mgr Neveu. En avril 1938, il remercie Tardini d’avoir parlé « en termes si aimables du cher Monseigneur d’Herbigny pour qui [il] continue d’avoir une grande vénération » et s’il admet la possibilité d’une défaillance personnelle de son consécrateur, il ne souhaite pas en connaître les motifs exacts et s’estime rassuré par le fait que d’Herbigny « n’a commis aucun crime canonique ». Il avoue toutefois son incompréhension du fait que l’évêque d’Ilion soit « séquestré […] dans une maison de fous », alors que sa correspondance témoigne d’un esprit tout à fait calme. Mgr Neveu renchérit alors : « est-il possible qu’un évêque soit traité de façon pareille ? Le cardinal secrétaire d’État, le Saint-Père ont-ils été mis au courant comme il conviendrait de le faire ? […] il serait bon de prévenir Son Eminence le Cardinal Pacelli »291. En juin 1938, Mgr Neveu revient à la charge après avoir rencontré un père jésuite attestant que d’Herbigny est retenu dans une « maison de fous », alors que les lettres de l’intéressé, tout à fait sensées, témoignent au contraire de « l’angélique patience d’un saint ». Cette fois, Mgr Neveu ne mâche pas ses mots et s’insurge contre l’« indignité criante » de « cette façon de traiter un évêque, un pontife qui a eu la confiance du pape ». Il souhaite même que le Saint-Office s’occupe des « responsables » de la situation de d’Herbigny « puisqu’il n’y a aucun canon qui permette d’interner chez des fous et de faire passer pour fou un évêque qui a conservé son bon sens et que l’on n’a pas vu punir de censures canoniques ». L’administrateur apostolique de Moscou en exil demande donc à son correspondant romain (Giobbe ou Tardini) de « dire en haut lieu un mot pour la défense d’un innocent ». Cette lettre est portée en audience pontificale par Tardini le 15 juillet 1938292. Si la réaction de Pie XI ne fut pas retranscrite, Mgr Tardini renvoya simplement Mgr Neveu au cardinal Verdier pour qu’il l’informe des « raisons pour lesquelles Mgr d’Herbigny se trouve dans une maison de santé »293. À notre connaissance, Neveu ne prit plus la défense de d’Herbigny après cet épisode, attestant – en creux – sinon le sérieux de la « maladie » du jésuite français, du moins le caractère absolu du silence qui fut demandé à l’administrateur apostolique de Moscou.
81Au-delà des causes qui restent pour l’historien encore mystérieuses de la disgrâce de d’Herbigny, les archives de la Commisison pro Russia permettent d’établir la profonde crise financière qui a frappé cette institution au début des années 1930.
Les enjeux financiers : les comptes de la Pro Russia face à la crise économique mondiale
82Dès le premier semestre 1930, les difficultés économiques américaines ont un impact sur le financement de la politique russe du Saint-Siège. En effet, en juin 1930, Pie XI informe la Propaganda Fide et la Congrégation pour l’Église orientale que les collectes réalisées aux États-Unis, spécialement pour le Proche-Orient et la Russie, sont supprimées « dans le but de ne pas surcharger la charité des fidèles américains » : la collecte du Mission Sunday devra alors couvrir les besoins tant des Home Missions que des missions classiques et des missions pour la Russie et l’Orient294. La CNEWA, ainsi privée de ressources, n’assure plus le financement des « différentes œuvres russes en Europe et en Asie », qui était habituellement versé par le père Walsh au mois de septembre, pour un montant de 52.000 dollars. Dès juillet 1930, d’Herbigny alerte donc le pape sur les conséquences de ce changement. La Commission doit alors compter exclusivement sur le financement concédé par l’Œuvre de la Propagation de la Foi, dans un contexte où plusieurs dépenses exceptionnelles sont prévues (visite apostolique de Mgr Bučys, église russe de Rome)295. Cet effondrement du financement américain se poursuit durant les années suivantes. En avril 1932, la Congrégation orientale ne reçoit de la CNEWA que 37.916 dollars, dont un tiers seulement pour la Commission, soit 12.000 dollars, c’est-à-dire « même pas ce qui est nécessaire pour un trimestre »296.
83Au niveau local, cet écroulement du financement américain se fait sentir de façon dramatique. Au Séminaire Saint-Basile, la réduction du financement octroyé par la CNEWA (qui assurait entre le tiers et la moitié des ressources du séminaire à la fin des années 1920) contribue à faire brutalement chuter les ressources globales de l’œuvre297.
Tableau 10 – Ressources financières du Séminaire Saint-Basile (1927-1932).
CNEWA | McCaddin Foundation | Œuvre d’Orient | Propagation de la Foi | Total | |
1927-1928 | 25362,50 | 11422,50 | 21000 | 11393,50 | 69178,50 |
1928-1929 | 25505,50 | 11484,75 | 17000 | 2657,25 | 56647,50 |
1929-1930 | 25397,65 | 11417,25 | 23000 | 0 | 59814,90 |
1930-1931 | 0 | 11440,20 | 23000 | 2659,70 | 37099,90 |
1931-1932 | 0 | 11396,05 | 18000 | 1964,70 | 31360,75 |
84Pour compenser ce « krach », le pape prend le relais. Pour les exercices 1930-1931298, 1931-1932 et 1932-1933299, Pie XI, par le biais de l’Administration des Biens du Saint-Siège, effectue des versements de 285.000 lires par trimestre (soit environ 15.000 dollars)300. Comme on l’observe dans le tableau ci-dessous, le financement de l’action de la Pro Russia est assuré pour l’essentiel entre 1931 et 1933 par le Saint-Père lui-même, par le biais d’un prélèvement sur ses propres ressources aux dépens certainement d’autres actions. L’Œuvre de la Propagation de la Foi et – plus modestement – la Catholica Unio offrent un soutien régulier (en nette baisse pour la Propagation et assez stable pour l’Unio), alors que le financement offert par le Circolo San Pietro (une association caritative romaine) apparaît comme une mesure d’urgence.
Tableau 11 – Origines du financement de la Commission Pro Russia, 1931-1935 (lires).
1931301 | 1932302 | 1933303 | 1934-1935304 | |
Saint-Père | 1 166 000 | 1 140 000 | 670 000 | |
Propagation de la Foi | 514 000 | 394 531 | 319 000 | 250 000 |
CNEWA | 116 598 | |||
Circolo San Pietro | 50 000 | |||
Catholica Unio | 33 333 | 33 333 | 40 180 | 35 000 |
Total | 1 713 333 | 1 567 864 | 1 029 180305 | 451 598 |
85La situation devient de plus en plus critique. Alors que jusqu’au début des années 1930, le pape se montrait toujours généreux lorsqu’il s’agissait de distribuer des honoraires de messes, on observe alors une véritable dépréciation de la valeur de l’honoraire de messe, qui passe à 8 lires en février 1932306. Dans un contexte de pénurie d’offrandes, les messes sont finalement réservées en 1933 aux prêtres « nécessiteux » et le pape en détermine lui-même le montant au cas par cas307.
86Ainsi, malgré les efforts engagés dès 1930 pour « contrôler les véritables besoins de certaines œuvres » et pour faire appel à l’autofinancement308, le financement romain s’effondre à son tour en 1933, alors que les besoins augmentent et que des dépenses extraordinaires sont prévues (en 1933, des dépenses ont déjà été engagées pour 1934 : 90.000 lires pour le concours de romans antibolcheviques, 9.000 lires pour Brajlovskij, sans compter la chapelle russe à Bruxelles et la « mission byzantino-slave » dans les pays baltes309). La situation à l’été 1933 est donc critique, ce que confirment d’autres sources sur les finances pontificales310.
87Les dernières audiences pontificales de d’Herbigny sont d’ailleurs marquées par cette crise financière. Le 22 août 1933, d’Herbigny s’inquiète car l’Administration des Biens du Saint-Siège n’a fait aucun versement à la Commission en août, ce à quoi le pape répond simplement qu’il avait « suspendu les paiements, parce qu’il ne voyait pas comment continuer cette distribution de façon régulière » et annonce qu’il souhaite étudier la situation avec d’Herbigny et Mgr Domenico Mariani, secrétaire de la Commission cardinalice de l’Administration des Biens du Saint-Siège, avant de donner « les ordres opportuns »311. Le 19 octobre 1933, une audience accordée à un responsable de la Commission pro Russia reprend la question du financement, mais le pape signale simplement qu’il « se trouve dans des difficultés économiques (strettezze economiche), étant donné la crise » et qu’il doit en reparler avec Mgr Mariani312. Les archives de l’Administration des Biens du Saint-Siège et les dossiers financiers de la Pro Russia étant inaccessibles au chercheur, on n’en sait malheureusement pas plus sur les débats de l’été 1933.
88Cependant, l’assainissement financier se trouve bien au cœur de la réorganisation de la Commission pro Russia dès la fin de l’année 1933. En décembre de cette année, Tardini fait un bilan de la situation financière de la Commission qu’il présente en audience pontificale313. Selon Mgr Baudrillart, qui cherche surtout à comprendre les raisons de la disgrâce de d’Herbigny, cet « audit » de la Pro Russia aurait été dicté par la volonté d’« incriminer [l]a gestion et [l]es comptes » de d’Herbigny mais « ce fut impossible ; tout était en ordre »314. Ces motifs « personnels » qui ne sont pas à exclure (étant donné l’effort fait en 1936 pour trouver une faille dans l’administration de d’Herbigny) ne jouent probablement ici qu’un rôle très marginal. Les difficultés financières de la Commission sont bien réelles et nécessitent en 1934 une action rapide et radicale. En 1934-1935, la réorganisation financière tardinienne est guidée par cinq principes : 1/ « réduire les dépenses au maximum », 2/ éliminer totalement les « aides charitables données sporadiquement » qui « ne résolvaient aucun problème », 3/ se recentrer sur les dépenses essentielles, c’est-à-dire pour les prêtres dépendants de la Commission, 4/ au sein des œuvres, « donner la préférence à celles qui étaient plus rentables dans le but de l’apostolat parmi les Russes », 5/ étant donné la gravité de la situation financière, faire un bilan anticipé et prévenir les œuvres des réductions à prévoir315. Le bilan de l’exercice 1934-1935 reflète bien ces idées. La plupart des postes de dépenses sont divisés par deux ou par trois, notamment les actions caritatives pour les étudiants russes (par exemple, les 22.500 lires données lors de l’exercice précédent aux 56 étudiants russes de Lyon sont ramenées à 10.000 lires). En revanche, un effort est fait pour maintenir le financement des prêtres russes (200.000 lires pour les 31 prêtres déjà dépendants de la Commission pro Russia en 1933, auxquels s’ajoutent trois nouvelles ordinations au Russicum)316.
89Nous disposons de quelques éléments sur la façon dont furent menées localement ces restrictions budgétaires. Dès septembre 1933, la question financière est soulevée auprès des responsables de l’Institut Saint-Georges317 mais l’annonce précise d’une baisse des subsides ne survient que début 1934. L’Institut est alors informé qu’il recevra 25.000 lires au premier semestre 1934 mais que, pour l’exercice juillet 1934-juin 1935, le subside pontifical ne dépassera pas 35.000 lires318. Cette baisse pèse certainement assez lourd dans le budget de Saint-Georges d’autant que les comptes de l’Institut pour les années 1920 montrent que les dons du pape permettaient d’assurer entre un tiers et la moitié du budget319. Malgré les inquiétudes manifestées par les responsables de l’œuvre, Tardini se montre implacable en arguant que la contribution romaine au financement de Saint-Georges « était proportionnellement très supérieure à celle concédée à d’autres instituts »320. Dans le bilan de l’exercice 1934-1935, Tardini indique toutefois en marge qu’à l’avenir, « peut-être il faudra augmenter » le financement pour cet institut321. On le pressent ici : Michel d’Herbigny aurait sans doute été dans une situation délicate pour imposer de fortes restrictions budgétaires à des œuvres qu’il avait contribué à établir dans les années précédentes et auxquelles il était lié personnellement, par des logiques d’ordre ou affectives. À la fin des années 1930, l’incertitude reste très forte. En 1937, le responsable de Saint-Georges souhaite même que l’œuvre soit rattachée à la Congrégation orientale, à la tête de laquelle vient d’être nommé le cardinal Tisserant. Cependant le père Ledóchowski l’en empêche et insiste pour que « le Collège St-Georges reste une Œuvre de la Compagnie »322.
90Finalement, malgré les tensions locales, la rigueur budgétaire et le recentrement sur les objectifs prioritaires (en particulier l’aide aux prêtres russes en Russie et à l’étranger, dont elle est directement en charge323) permettent à la Commission d’améliorer sa situation financière dans la seconde moitié des années 1930. De plus, à partir de l’exercice 1934-1935, la CNEWA semble financer de nouveau la Commission324. Cette hypothèse serait confirmée par le fait qu’en août 1934, lorsque Tardini réorganise les comptes de la Commission, il demande la création de cinq livrets bancaires, dont deux sont en dollars325. Autre indice de l’importance reprise à partir du milieu des années 1930 par le financement américain : à partir de décembre 1934, l’« unique dotation » de la Commission pro Russia pour le financement des honoraires de messes destinés aux prêtres russes est une somme de 500 dollars (pour 500 messes) pris sur la somme versée mensuellement par la CNEWA à la Congrégation pour l’Église orientale (que cette dernière a d’ailleurs tendance à vouloir garder pour ses propres besoins)326.
91Les documents épars que nous avons pu rassembler permettent d’établir que les questions financières sont bien au cœur de la réorganisation de la Pro Russia en 1934, de façon d’ailleurs beaucoup plus nette que les motifs « personnels ». L’ampleur des remaniements institutionnels opérés au même moment mérite également d’être soulignée.
Les dynamiques institutionnelles : un « new deal » curial favorable à la Secrétairerie d’État ?
92Entre le départ de d’Herbigny en octobre 1933 et le motu proprio de novembre 1934 se déploie une période d’incertitudes et de luttes d’influence qui reflètent des tensions – parfois anciennes – sur le statut de la Commission. De fin 1933 à fin 1934, tout indique une certaine confusion, voire une atmosphère d’improvisation. En décembre 1933, la Commission voulait officialiser le départ de Rome de d’Herbigny par une mention dans l’Annuario pontificio indiquant d’Herbigny comme président mais « malade depuis septembre 1933 » et Tardini comme « pro-président », finalement l’Annuaire indique d’Herbigny comme président en pleine santé et ne fait pas apparaître Tardini327. D’une façon générale, les directives pontificales sont peu pressantes. En janvier 1934, Mgr Neveu demande à qui envoyer ses « rapports bihebdomadaires »328 mais le pape ne prend aucune décision, à part celle de « consoler » et d’« encourager » l’administrateur apostolique de Moscou329. En mars 1934, les choses restent obscures : selon le père Henri Lavigne, « le pape se défie de plus en plus de tous et craint qu’on ne le mène […] On ne sait pas ce que le pape va décider pour les affaires russes ; actuellement il n’a qu’un sous-ordre sans grande autorité, Mgr Tardini ; cela peut aller jusqu’à la suppression de la Commission pro Russia »330. Dans cette période de flottement, différentes pressions se font sentir. Certains projets alternatifs sur le nom ou le fonctionnement de la Commission sont alors soumis, comme celui de Mgr Bučys en juin 1934. Après avoir livré une attaque personnelle contre d’Herbigny et les jésuites du Russicum, il propose de changer le nom de l’institution en « Commission pour la réunion des dissidents » et de rattacher les questions sur la Russie à l’Orientale et à la Propagande tout en faisant entrer – exclusivement grâce aux diplomates étrangers – des clercs catholiques en URSS331. Cependant, les pressions viennent autant de l’intérieur que de l’extérieur. « Maintenant que la situation a changé », la diplomatie italienne cherche à s’imposer comme l’intermédiaire de Mgr Neveu, Attolico proposant de transmettre ses lettres à Mgr Giobbe332. De son côté, le cardinal Sincero lance une offensive en février 1934 et considère qu’il « ne peut pas ne pas réclamer » pour la Congrégation orientale « les compétences qui lui reviennent » notamment la tutelle des Russes de rite oriental et avance des candidatures pour la présidence de la Pro Russia : Mgr Margotti et Mgr Der Abrahamian, deux prélats issus de la première époque de la Commission et – en ce qui concerne Margotti – éloigné en 1930 au début de la présidence de d’Herbigny333. Cette demande de Sincero indique d’ailleurs en creux que l’on n’imagine pas alors une refonte globale de la Commission mais simplement un changement de président. Cette remontée en force de l’Orientale est bien sensible lors de la préparation du motu proprio. Cesarini, alors assesseur de l’Orientale, fait alors pression sur Tardini pour voir « si dans le chirographe on pourrait mettre un petit mot (una parolina) aussi pour le Card[inal] Sincero » étant donné qu’« il y a tant d’éloges pour d’Herbigny ». Tardini refuse de modifier le motu proprio en signalant que « les éloges désirés […] ont été mis […] dans la lettre, par laquelle S. E. Mgr Pizzardo communique au Cardinal… ce qui s’est passé »334. La Congrégation orientale est d’ailleurs dans une phase ascendante. Alors que les initiateurs de cette Congrégation souhaitaient qu’elle soit un organe restreint de spécialistes, la croissance des effectifs est remarquable notamment après 1930 : alors que la Congrégation comptait 17 cardinaux membres et 40 consulteurs vers 1930335, elle compte en 1939 27 cardinaux et 59 consulteurs336. Cette croissance témoigne du succès de l’institution, de son dynamisme dans la définition de ses compétences sous l’influence du juriste Sincero et de sa capacité à s’emparer de nouveaux domaines (motu proprio Sancta Dei Ecclesia du 25 mars 1938)337. Ces pressions exaspèrent Tardini, le « délégué intérimaire pour diriger la Commission », d’autant que cette fonction ne vaut à ce prélat chargé de cette délicate transition aucun « émolument » ou dédommagement financier338. Après une année de travail, il écrit en janvier 1935 à son ami Amleto Giovanni Cicognani, alors délégué apostolique aux États-Unis, que « par la grâce de Dieu, [il] ser[a] dans peu de temps libéré de ce guêpier et nid de guêpes (questo ginepraio e vespaio) qu’est la Commission pro Russia »339. Effectivement, en février 1935, Tardini remet à Sincero un rapport général sur la situation tant morale que financière de la Pro Russia340 et le motu proprio Quam sollicita est transmis officiellement aux représentants pontificaux et aux prêtres et hiérarques russes le 19 février 1935341. Ce texte agrège la Commission à la Congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires : sa compétence est restreinte aux affaires des fidèles de rite latin résidant en Russie alors que les affaires des fidèles de rites orientaux sont confiées à la Congrégation pour l’Église orientale342. Les efforts de Sincero ne sont donc que partiellement couronnés de succès car l’Orientale ne reprend pas la position de direction qu’elle avait avant 1930. La victoire appartient donc à Pizzardo et aux Affaires ecclésiastiques extraordinaires, indirectement donc à la Secrétairerie d’État343. Cependant, si le motu proprio met fin à cette originalité d’une commission de gouvernement directement dépendante du pape et remet les affaires russes dans une certaine normalité administrative, certaines affirmations du pape démontrent la volonté de ce dernier de conserver son rôle décisionnel. Ainsi, lors de l’audience du 13 mars 1935, Pie XI confirme à Pizzardo, en qualité de nouveau président de la Commission, qu’il « entendait conserver à la Commission Pontificale toutes les facultés, même extraordinaires, que cette même Commission avait avant le Motu Proprio »344.
93Cependant, le nouveau cadre institutionnel de la Pro Russia, désormais intégré aux Affaires ecclésiastiques extraordinaires, se traduit par un profond remaniement de l’institution. En effet, après une croissance progressive du nombre d’employés de 1925-1928 à 1933, ce nombre décroît brutalement après 1934 (division par 3) comme le fait clairement apparaître la figure suivante.
94La transformation de 1934 ne signifie cependant pas seulement une réduction drastique des effectifs. Il s’agit aussi d’un renouvellement complet du personnel et de son profil. L’Annuario pontificio, qui reste toutefois une source à manier avec prudence dans le cas de la Pro Russia345, manifeste le profond changement de l’équilibre interne de la Commission autour de 1934. Alors que le départ de d’Herbigny n’impliquait pas a priori une refonte totale du fonctionnement de la Commission, plusieurs fonctions sont supprimées (rapporteur, consulteurs, minutanti). La Commission ne conserve que quelques « membres », ce qui revient à supprimer deux catégories de personnel : les experts et le personnel administratif. La Commission devient alors plus homogène. En effet, sont alors éliminés tous les employés d’origine non-italienne, représentant différentes familles religieuses ou différents rites et ayant une compétence spécifique sur la Russie. À cette « déspécialisation », traduisant une perte d’expertise autonome, s’ajoute la suppression du travail administratif auparavant assuré par Cercone et Bratko. Le départ de ce dernier pose d’ailleurs certains problèmes. En effet, après 1934, aucun employé de la Commission n’est compétent en langue russe. Alors que la Commission avait joué un rôle d’agence de traduction pour la Secrétairerie d’État346, elle se prive d’une autonomie d’analyse sur la situation russe. On imagine l’embarras causé à Rome lorsqu’en septembre 1934 Mgr Neveu envoie des journaux soviétiques et, n’ayant pu préparer une sélection des passages importants, s’en remet ingénument au « collaborateur qui sait le russe » pour ce travail347. Il semble toutefois que le travail de ce traducteur ait continué, d’abord de façon officieuse348 puis, à partir de 1936, de façon officielle puisque Bratko apparaît comme minutante de la Congrégation pour l’Église orientale349. On observe le même type de glissement et de mutation avec Mgr Giobbe, qui garde tout au long des années 1930 le contact pour la Commission pro Russia avec les prêtres en Russie, notamment les assomptionnistes Neveu et Braun350, et devient en 1935 minutante aux Affaires ecclésiastiques extraordinaires351. Ce poste est peut-être d’ailleurs donné à Mgr Giobbe après que celui-ci ait exprimé son mécontentement. On sait ainsi qu’au début de l’année 1935, le père Tyszkiewicz reçut « la visite d’un prélat du Vatican, Mgr Giobbe, envoyé peut-être par un personnage plus important » lui demandant qu’en tant que « seul prêtre à Rome ayant longtemps étudié et pratiqué l’apostolat russe », il demande « une audience au S[ain]t Père » pour lui montrer « dans quel triste état se trouve la préparation de l’apostolat catholique en Russie ». Le jésuite, qui pense à une « intrigue », ne commet pas « la folie de déranger le St Père de [s]es visites » et s’en ouvre simplement au père général352.
95Au-delà de ces transformations romaines, de profonds remaniements sont opérés à tous les postes clés de la politique russe du Saint-Siège. Dès janvier-février 1934, la presse allemande et polonaise met d’ailleurs en parallèle le retrait de d’Herbigny, l’appel de Fabian Abrantowicz (alors administrateur de l’ordinariat catholique de Harbin de rite slave) à Rome et le départ du recteur du Russicum Javorka à Harbin353. Le jésuite Aleksandr Rozwadowski, qui étudie alors à l’Institut pontifical oriental, détaille également ces bouleversements à la supérieure du Carmel de Lisieux dans une lettre du 30 avril 1934 :
Vous savez certainement les changements qui ont eu lieu au Russicum et autour. Mgr d’Herbigny n’est plus Président de la Commission « pro Russia », le P. Javorka est parti pour (sic) Mandchourie (à Charbin) et à sa place est Recteur du Russicum le P. de Régis qui est connu au Carmel de Lisieux et qui était auparavant Maître des Novices au Noviciat oriental à Albertyn en Pologne. Le P. Schweigl est au Séminaire oriental de Dubno. Mgr Sloskan est parti pour Riga en Léthonie354.
96L’année 1934 apparaît bien comme un véritable « new deal », une nouvelle donne pour l’ensemble de la politique russe du Saint-Siège qui se traduit à la fois par une transformation institutionnelle et le remplacement d’une « équipe » par une autre. Ces changements augurent-ils une politique radicalement nouvelle ? La question semble bien avoir été posée. En 1935, au moment où elle communique le motu proprio, la Commission doit rassurer les institutions locales sur leur avenir. Mgr Giobbe affirme ainsi au responsable de l’Institut Saint-Georges que ce « nouvel ordonnancement (ordinamento) […] ne signifie pas un changement de directives (direttive) de la part du Saint-Père »355.
97Cependant, si les mutations opérées au sein des œuvres russes dans le monde consistent surtout en des restrictions budgétaires et en des transferts, la Pro Russia, comme on l’a vu, voit l’arrivée d’une nouvelle équipe véritablement homogène du point de vue des origines et des parcours professionnels. La présidence de la Commission est attribuée de facto à Domenico Tardini en 1934-1935 puis à Giuseppe Pizzardo (1936-1938) et de nouveau à Tardini à partir de 1938. Parmi les membres de la Commission, on retrouve Giuseppe Pizzardo, qui était membre de la Commission depuis l’origine, et Alfredo Ottaviani membre depuis 1929. S’y s’ajoutent dans la seconde partie des années 1930, Giuseppe Cesarini (1885-1941) qui devient membre de la Commission en 1933 ; Domenico Tardini (1888-1961) et enfin Giovanni Battista Montini (1897-1978) qui rejoint la Commission début 1938 au moment où il devient substitut de la Secrétairerie d’État. Ces hommes, tous italiens, ont accompli leurs études à Rome et suivent une carrière dans l’administration pontificale comme minutante ou officiale qui les amène dans les années 1930 à des postes de responsabilité à la Secrétairerie d’État ou dans la Congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires autour de Mgr Pacelli. Ils ont l’habitude de travailler ensemble ou du moins de se succéder. Tardini et Ottaviani ont été ensemble minutanti des Affaires ecclésiastiques extraordinaires de 1922 à 1928. Ils occupent ensuite des fonctions similaires : Ottaviani devient sous-secrétaire des AES en 1928 et Tardini lui succède l’année suivante et reste à ce poste jusqu’à obtenir celui de secrétaire en 1937. Quant à Montini, il devient en décembre 1937 substitut de la Secrétairerie d’État en succédant à Domenico Tardini qui occupait ce poste depuis décembre 1935. Ils deviendront tous cardinaux à l’exception de Cesarini (mort peut-être trop tôt, en 1941). Cette homogénéité peut être interprétée comme un choix de sécurité après les affaires d’espionnage qui ont touché la Pro Russia en 1932 autour d’Alexandre Deubner et de l’archiviste recruté fin 1932 (mais qui ne reste en poste que quelques mois), Mgr Prettner Cippico (mort en 1983)356.
98Au sein de cette équipe, Pizzardo, du fait de son rôle dans les négociations de 1922-1923, est le seul à avoir l’expérience des questions russes357. Cette expérience manque aux nouveaux membres de la Commission, à commencer par Tardini qui prend la direction intérimaire (1934) puis officielle (1938) de la Commission. Celui-ci aurait été recommandé par d’Herbigny (sur une suggestion de Giobbe)358 et reconnaissait lui-même devant Pie XI son incompétence sur les questions russes, affirmant que « sur la Russie, [il] ne sai[t] rien, à part qu’il y fait terriblement froid (et il agitait, comme tremblant de froid, la partie supérieure du manteau) », Tardini ne s’estimant rassuré que parce que « le père Général [des jésuites] [était] là »359. Dès octobre 1933, une reprise en main indirecte de la Commission par la Curie généralice des jésuites semble donc probable. Dans cette perspective, l’abandon de ses moyens d’expertise par la Commission (suppression des consulteurs et du traducteur) pourrait s’expliquer par une externalisation de l’expertise, essentiellement vers des institutions ou des groupes dirigés par les jésuites, notamment l’Institut pontifical oriental et le groupe des Lettres de Rome. Le départ de d’Herbigny ne doit donc probablement pas être interprété comme une « déjésuitisation » des affaires russes mais, au contraire dans le sens d’une collaboration nouvelle avec la Compagnie de Jésus, cette fois sous la direction directe du père général.
99L’arrivée aux commandes de la Pro Russia de cette nouvelle équipe italienne ne signe d’ailleurs aucune transformation du fonctionnement de la Commission. Le style de gouvernement, privilégiant les décisions en audience pontificale, y compris pour les affaires d’importance limitée, reste une caractéristique de la Pro Russia. Alors que la transformation de la Commission pro Russia en un petit comité formé de responsables de la Congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires aurait pu augurer une reprise de la réflexion collective des cardinaux de cette Congrégation, tout indique au contraire que le système des audiences entre le président de la Commission et le pape demeure le mode principal d’élaboration de la décision. La réforme de la Commission pro Russia, ainsi que la gestion des affaires courantes, est alors – pour l’essentiel – discutée entre Tardini et Pie XI. Mgr Pizzardo – en tant que président de la Commission – puis de nouveau Tardini continuent d’en référer au pape pour des affaires d’importance variable. Toutefois, émanant de Tardini ou de Pizzardo360, ces « feuilles d’audience » ont une apparence plus dépouillée et moins précise que celles de d’Herbigny. Certaines semblent avoir été simplement présentées au pape sans que ce dernier ne prenne de décision361, reflétant un dialogue plus difficile de Pie XI avec ses interlocuteurs, le désengagement du pape sur les questions russes ou simplement les problèmes de santé de Pie XI à cette période. On peut aussi se demander si les décisions du pontife prises en audience n’étaient pas alors notées ailleurs que sur la traditionnelle « feuille d’audience », par exemple sur des carnets comme le faisait le secrétaire d’État Pacelli.
100En définitive, cette reprise en main de la Pro Russia par les Affaires ecclésiastiques extraordinaires (du moins l’administration de la Congrégation et non les cardinaux) et le secrétaire d’État doit être abordée dans une perspective de longue durée. En effet, comme on l’a souligné plus haut, dès le milieu des années 1920, avait été évoquée l’idée de rattacher la Commission directement au secrétaire d’État. Ce rapprochement a pu être accéléré par le tournant anticommuniste de la Pro Russia en 1930 qui la conduisit à s’occuper non plus seulement des affaires « russes » mais aussi des affaires du communisme international, marchant ainsi sur les terres de la Secrétairerie d’État. Ce chevauchement de compétences est déjà sensible en 1930 lors de la campagne de prières et surtout en 1932, lorsque la Secrétairerie d’État lance une grande enquête sur le communisme auprès des nonces et délégués apostoliques. Si les résultats de cette enquête sont dépouillés par la Commission pro Russia, cette collaboration traduit un intérêt nouveau de la Secrétairerie d’État pour les affaires russes362.
101Avant d’aborder dans le détail les profondes évolutions de la diplomatie vaticane à l’égard du monde russe dans les années 1930, il convient d’évoquer les évolutions institutionnelles du catholicisme russe dans l’émigration.
La structuration du catholicisme russe dans l’émigration
102En dehors de Russie, le catholicisme russe poursuit sa structuration sur la lancée ouverte dans les années 1920, à la fois au niveau hiérarchique, culturel et cultuel, tout en reflétant les profonds bouleversements romains, notamment en ce qui concerne la formation des prêtres.
Une structuration hiérarchique inachevée
103Les années 1930 sont marquées par une extension du réseau des paroisses et par de nouveaux efforts pour établir une hiérarchie épiscopale dans l’émigration.
Renforcement du réseau des communautés
104Dans les années 1930, la plupart des implantations créées dans les années 1920 perdurent malgré certains déplacements. C’est le cas dans le Sud de la France où, après le décès de Mgr van Caloen en 1932 et malgré les efforts de Mgr Rémond (qui fait notamment appel à l’abbé Gratieux), l’œuvre pour les Russes disparaît à Nice au début des années 1930363. Cependant le flambeau est immédiatement repris à Marseille par un prêtre français fraîchement émoulu du séminaire Saint-Basile – Paulin Scolardi – qui crée en 1931 un secrétariat pour l’aide aux Russes et développe des contacts avec les orthodoxes dans cette région364.
105Cependant le réseau se renforce globalement, notamment grâce à la constitution d’un nouveau point fort romain. Par un motu proprio du 28 octobre 1932, Pie XI établit l’église de Saint-Antoine Ermite pour les Russes de Rome365. Pie XI, évêque de Rome366, intervient personnellement dans la fondation et l’organisation de cette nouvelle paroisse. Le pape accorde deux audiences à d’Herbigny sur ce sujet les 2 et 15 septembre 1932 durant lesquelles des questions pratiques de la vie paroissiale sont traitées. Tout d’abord, d’un point de vue hiérarchique, l’église est confiée au recteur du Russicum et placée sous la dépendance canonique conjointe de la Commission pro Russia et du vicariat de Rome. Par ailleurs, au niveau liturgique, Pie XI insiste pour qu’une liturgie chantée et accompagnée d’une prédication en russe soit assurée tous les dimanches et jours de fêtes et pour que ces liturgies soient précédées (le samedi soir et les veilles de fêtes) par des vêpres. Le pape relie également la vie liturgique de cette église aux impulsions dominantes de sa politique russe générale, sans égard particulier pour les éventuels latinismes qui pourraient en résulter. Ainsi
chaque vendredi si possible, et avec une plus grande solennité le premier vendredi de chaque mois, on célèbre à une heure appropriée aux fidèles de Rome une fonction religieuse d’expiation et de réparation pour les fautes, blasphèmes, luttes contre l’Église et sacrilèges commis en URSS, avec la récitation de l’office dit du « Très doux Jésus » et de prières à la Vierge Très Sainte, à saint Nicolas et à sainte Thérèse de l’Enfant Jésus.
106De même, parmi les fêtes importantes à solenniser dans cette église, le pape insiste sur la fête du Sacré-Cœur, le dimanche du Christ Roi, la fête de Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus pour le 17 mai (anniversaire de sa canonisation)… autant de fêtes et de dévotions bien postérieures à 1054 et auxquelles son pontificat a accordé une grande importance367. Le pape demande également que soit institué l’Apostolat de la prière (une organisation mondiale de prière dirigée par les jésuites368) en rite byzantino-slave pour les paroissiens et que l’église demeure ouverte pour être visitée par les pèlerins369. En échange de ces demandes, la Commission pro Russia s’engage à financer cette église à hauteur d’environ 1.000 lires mensuelles pour les six premiers mois370. L’église est consacrée le 30 octobre 1932 au cours d’une célébration présidée par Mgr Bučys371.
107À Lyon également, c’est en 1932 (18 décembre) qu’est inaugurée la chapelle slave Saint-Irénée au 5 rue Auguste Comte, placée sous la direction du père Gédenoff372. Ici aussi, la Commission pro Russia et Pie XI personnellement ont joué un rôle décisif dans la réussite de cette initiative373. En 1934, la liturgie y est célébrée chaque dimanche (chœur de six hommes) et chaque jour de semaine (un seul chantre-lecteur)374.
108Par ailleurs, dans les années 1930, de nouvelles communautés de rite oriental sont créées, notamment dans des espaces extra-européens. À Shanghaï, où une action caritative avait été développée pour les Russes dès le début des années 1920 (notamment par les Filles de la Charité : cantine distribuant en 1923 plus de 350 repas quotidiens ; « classe russe pour les filles d’officiers »375), une chapelle de rite oriental est créée à la fin des années 1920. Après sa conversion au catholicisme en novembre 1928 à Pékin, le père Alekseiev (qui avait été responsable de la mission orthodoxe russe en Corée) prend la charge d’une petite église, intitulée à Saint-Nicolas, à Shanghaï qui rassemble une centaine de fidèles376. À partir de 1934, le père Javorka aide Alekseiev à Shanghaï377, avant que la communauté ne passe totalement sous la direction des jésuites en 1939. Par ailleurs, à Harbin, le dispositif pour les Russes est complété dans les années 1930 par la création du lycée saint Nicolas (1929-1949) qui compte en 1936 109 garçons, alors que les filles sont accueillies par des ursulines et franciscaines missionnaires (en 1948, au moment de la nationalisation, l’internat de filles des franciscaines comptait 310 élèves). Aux États-Unis, deux nouvelles implantations sont réalisées à la fin des années 1930. En 1935, le père Andrej Rogoš (1909-1969), ancien élève du Russicum, développe une communauté russe au sein de l’église saint Michael à Manhattan (266, Mulberry Street)378. En 1937, une église de rite slave est également installée à Los Angeles sous la direction du père Michel Nedtočin, lui aussi ancien élève du Russicum379.
109Cependant, malgré ces efforts, les effectifs des communautés russes-catholiques restent modestes. À Rome, la paroisse Saint-Antoine aurait accueilli, entre 1933 et 1939, 36 conversions et seulement 10 mariages entre 1936 et 1939380. À Paris, ville-phare de l’émigration, la paroisse catholique regroupe au début des années 1940 150 fidèles, dont une trentaine seulement fréquente régulièrement les offices381.
Un épiscopat… toujours sans diocèse
110Malgré le caractère très confidentiel de ces communautés, deux ordinations épiscopales visent à améliorer l’encadrement des fidèles et des prêtres de rite byzantino-slave.
111Mgr Bučys est ainsi nommé visiteur apostolique (avec rang épiscopal) pour les émigrés russes-catholiques en 1930. Cette nomination est définie par Pie XI (au cours d’une audience avec d’Herbigny) comme une mesure transitoire. En effet, si « la nomination d’un évêque [pour les émigrés] [est] pour le moment inopportune », la nomination d’un « visiteur apostolique avec caractère épiscopal » semble « nécessaire » tant pour des motifs pastoraux (« donner une plus grande impulsion aux œuvres russes »), missionnaires (« accueillir » les prêtres et laïcs « qui voudraient faire retour à l’Unité de la Foi ») que pour constituer un relais local que la Commission pro Russia « trop lointaine » ne peut assurer. Pie XI évoque immédiatement la personne de Bučys, supérieur général des marianistes, et propose un parcours d’ouest en est de la visite en « cherch[ant] à s’étendre même vers la Pologne »382. Finalement, le 6 juillet 1930, Bučys est ordonné évêque pour le rite slave383 et affirme vouloir « travailler comme si [il] étai[t] le vrai pasteur des Russes émigrés dans l’Europe occidentale »384. Son parcours, minuté par la Commission pro Russia, ne prévoit toutefois pas d’escales à l’est d’une ligne Berlin-Prague-Vienne385. Après avoir remis les conclusions de sa visite en octobre 1930386, il réalise également en 1931 une visite des Russes résidant aux États-Unis387.
112Quelques années plus tard, le sacre de Mgr Evreinov le 6 décembre 1936 (fête de saint Nicolas) dans l’église de Saint-Antoine à Rome, en rite oriental, prend place dans un contexte différent388. Cette ordination correspond au départ de Paris d’Evreinov (qui était déjà archimandrite depuis 1928), donc à une « promotion » personnelle. Cependant, cette ordination revêt également une importance pour l’ensemble du clergé émigré russe-catholique puisque Mgr Evreinov devient évêque ordinant et acquiert donc une autorité sur l’ensemble de ce clergé qui reste sous la dépendance directe de la Commission pro Russia.
113Si le projet d’unification des communautés russes-catholiques éparses autour d’un seul évêque reste un horizon inatteignable dans les années 1930, le Saint-Siège a pris son parti de cette situation et poursuit l’organisation zonale de l’émigration (Europe/Amérique, Harbin, Pologne).
Les efforts de structuration de la néo-union en Pologne
114Comme on l’a vu plus haut, dès 1925, la Pologne est mise à part dans la structuration d’une hiérarchie pour les émigrés. En 1928, une première visite aux Russes de Pologne est assurée par Mgr O’Rourke389. En 1930, les évêques polonais, réunis en conférence épiscopale à Poznań, proposent de nommer un « auxiliaire » pour les diocèses latins ayant des fidèles orientaux. Pie XI souhaite alors « profiter de l’émotion des Polonais au sujet de la promotion de Mgr Bučys » pour organiser une visite apostolique auprès des chrétiens de rite slave « unis ou dissidents » en Pologne. Le pape évoque également son projet de création de deux diocèses de rite oriental dans ce pays390. Pie XI souhaite agir « par voie diplomatique » pour organiser avec l’accord de l’État polonais ces deux diocèses de rite slave391. Deux mois plus tard, d’Herbigny et Pie XI s’accordent sur la stratégie à adopter : l’objectif prioritaire est d’obtenir deux diocèses de rite slave, en proposant éventuellement de ne nommer pour le moment qu’un seul évêque, qui serait ordinaire de l’un des diocèses et administrateur apostolique de l’autre. En cas de refus du gouvernement, le Saint-Siège chercherait à obtenir comme « concession minimale un visiteur apostolique, avec caractère épiscopal et de nationalité polonaise », qui aurait la charge des fidèles de rite slave des cinq diocèses orientaux (Wilno, Pinsk, Luck, Siedlce, Lublin) et serait placé sous la responsabilité financière des évêques latins polonais et la responsabilité morale, notamment pour le rite, de la Commission pro Russia392. Cependant, en janvier 1931, les négociations n’avancent guère et Pie XI décide, en parallèle des discussions avec le gouvernement polonais, de préparer l’envoi d’un visiteur apostolique, en rappelant qu’il avait été lui-même « visiteur apostolique, mais avec des facultés très étendues » au début de sa mission en Pologne. La Commission pro Russia est donc chargée de rédiger des facultés pour ce visiteur qui « ne seraient pas en opposition avec le Concordat »393. Le choix se porte alors sur le rédemptoriste ukrainien Mykola Czarneckyj, qui est élu évêque titulaire de Lebedo et ordonné le 2 février suivant394. La Congrégation orientale insiste pour que le visiteur ait de bons contacts avec les autorités polonaises. Dans un contexte où l’Église orthodoxe en Pologne est dans une situation difficile395, le visiteur doit également se montrer disponible si les autorités orthodoxes désirent le rencontrer. Le visiteur doit « montre[r] que l’Église attend et veut offrir la conquête et le bien-être de ces âmes, si chères »396. Malgré la nomination d’un visiteur apostolique, Pie XI n’abandonne pas le projet de création des deux diocèses de rite oriental et continue de s’opposer aux projets des évêques polonais de nommer des évêques auxiliaires de rite byzantin dans les diocèses latins397. Ces projets n’aboutissent pas et, au contraire, les tensions persistent et s’accroissent au long des années 1930. En 1932, le mécontentement polonais face aux méthodes de la néo-union parmi les « Russes » de Pologne, débouche sur de violents pamphlets, comme celui de Henri Łubieński, Le cheminement de Rome vers l’Est398, condamné par un décret de l’archevêque de Varsovie le 9 octobre 1932. Alors que le jésuite français Philippe de Régis, recteur du séminaire de rite oriental d’Albertyn, essaie de rappeler les principes de la néo-union399, les « affaires » de la Commission pro Russia sont saisies au vol par la presse polonaise et contribuent à discréditer l’ensemble de l’action néo-unioniste (de Régis quittera d’ailleurs la Pologne pour prendre la direction du Russicum en 1934), dans un contexte plus général de fortes tensions au sein du catholicisme polonais et avec les orthodoxes de Pologne400.
115Malgré ces difficultés et les limites d’une organisation hiérarchique du catholicisme russe à l’étranger, la structuration culturelle et cultuelle se poursuit dans les années 1930.
Une unité culturelle et cultuelle ?
116L’unité du mouvement russe-catholique se joue en effet sur le terrain culturel, par le biais de la presse notamment, et cutuel, par le développement d’une liturgie adaptée aux besoins de cette communauté.
La presse catholique en langue russe
117La fin des années 1920 est marquée par un net développement des périodiques catholiques en langue russe. Tous les centres importants se dotent de périodiques, notamment en Pologne, à Varsovie avec Kitež” (Kitège) publié de 1927-1931 mais aussi à Wilno avec Hristìanin” (Le chrétien) de 1928 à 1931 puis – de 1932 à 1936 – avec K” soedineniû (Vers l’unité). À Harbin est publié le Katoličeskìj Věstnik” (Messager catholique) de 1931 à 1941. Ces revues sont d’un format relativement modeste et comprennent de courts articles de spiritualité ou d’histoire du catholicisme russe et bien sûr de nombreuses informations sur la vie communautaire. Ces périodiques sont généralement soutenus par Rome, soit de façon directe, soit de façon indirecte. La Pro Russia finance ainsi, via l’archevêque de Vilna, la revue Hristìanin” par des dons (1000 lires) entre 1929 et 1931401. En 1932, le rédacteur du journal K” soedineniû – le père Paul Macewicz de Wilno – demande de l’aide à Mgr Sipiaguine pour obtenir un abonnement gratuit à L’Osservatore romano, ce que le pape accorde « ad experimentum » pour la période de mai à janvier402.
118À Paris à la fin des années 1920, la structuration de la paroisse autour de Mgr Evreinov et un financement régulier assuré par Rome permettent de créer deux revues plus ambitieuses403 : Katoličeskìj Vremennik’’ (Périodique catholique, 1927-1929) et Blagověst’’ (Le carillon, 1930-1933). Les revues s’étoffent tant sur la forme (le Katoličeskìj Vremennik’’ comprend entre 100 et 200 pages par an, le Blagověst’’ propose environ 60 pages par numéro) que sur le fond. En 1930, le second numéro du Blagověst’’ comprend deux longs articles apologétiques bien argumentés (sur les passages des Évangiles concernant saint Pierre et le rite oriental dans l’Église universelle)404 et deux articles d’histoire religieuse405. Malgré leur qualité intellectuelle, ces deux revues parisiennes peinent à trouver leur public. C’est du moins ce que nous pouvons déduire de l’effort pour liquider les stocks quelques années plus tard406 et surtout de la disparition du Blagověst’’ en 1933. En 1938, apparaît la revue Besědy (Entretiens) qui se présente comme l’organe de la paroisse de la rue François Gérard. Elle propose une formule modeste (entre 10 et 20 pages par numéro) avec des articles peu nombreux, courts et anonymes. Les trois principales rubriques sont : le calendrier liturgique mensuel ; les horaires des célébrations dans les différentes communautés russes-catholiques en France et parfois en Europe, la liste des ouvrages en russe disponibles à la vente. Si la modestie de ce bulletin paroissial tranche avec les ambitions intellectuelles du Blagověst’’, les archives de la revue révèlent une bonne diffusion (le tirage est compris entre 1 000 et 1 400 exemplaires407) y compris dans des espaces et des milieux éloignés du noyau russe de la capitale, grâce aux relais traditionnels du catholicisme français408.
119Ces revues ont permis d’assurer une meilleure cohésion des communautés paroissiales dans l’émigration (la langue offrant un rempart identitaire en pays étranger) tout en valorisant l’unité du catholicisme russe notamment par des articles sur l’histoire de ce mouvement ou encore par la diffusion d’informations sur les activités des paroisses dans les autres pays. Le tournant des années 1930 voit également s’opérer un puissant effort romain pour encadrer les pratiques religieuses.
L’encadrement romain des pratiques liturgiques
120La Commission pro Russia et la Congrégation pour l’Église orientale s’emploient à faire entrer dans un cadre catholique certaines prières russes ou que l’on pense particulièrement adaptées aux Russes. Cet effort d’acculturation se traduit par un mouvement « d’indulgenciement » de prières russes traditionnelles. En avril 1929, sur une proposition du père Alexandre Deubner, la Commission pro Russia rédige une série de demandes d’indulgences pour des pratiques rituelles russes : la prière de Jésus, la récitation de 12 « Gospodi pomilui », « la pieuse habitude des Russes d’embrasser les S[aintes] Icônes dans l’église ». Le congrès de la Commission pro Russia propose à chaque fois d’accorder 300 jours d’indulgences pour ces pratiques. Pie XI se déclare « favorable en principe à cette concession » mais il demande de consulter la Pénitencerie, notamment en vue d’établir une liste spécifique des prières orientales indulgenciées409. La Pénitencerie accepte finalement la concession de ces trois indulgences410. Le décret de la Commission pro Russia est rédigé le 27 mai 1929411 et publié dans les Acta Apostolicae Sedis412. En décembre 1929, par décision du pape, ces indulgences sont « étendues à tous les Orientaux […] et même aux Occidentaux qui les réciteront aux intentions du Saint-Père pour le salut des âmes de Russie »413. Autre exemple, en 1935, le père de Régis (recteur de la paroisse russe de Rome en tant que recteur du Russicum) demande que les indulgences pour la récitation du chapelet soient étendues à la récitation du « chapelet appelé aussi de Saint Pacôme »414.
121L’effort romain d’adaptation liturgique ne se limite pas à l’appropriation de pratiques russes par la concession d’indulgences. En 1932, la Commission pro Russia orientalise le culte de sainte Thérèse : un « Troparion en l’honneur de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus à utiliser en langue paléoslave dans la liturgie » est ainsi approuvé le 25 avril 1933415.
122Enfin, les institutions romaines firent un effort particulier pour adapter au public russe les pratiques jubilaires. En 1929, dans le cadre de l’organisation du jubilé sacerdotal de Pie XI, la Commission pro Russia s’interroge sur la possibilité d’installer des « confessionnaux byzantins » dans les basiliques majeures afin de faciliter aux Orientaux la réalisation de leur jubilé et l’obtention des indulgences prévues416. Pour l’année sainte de 1933, la Commission pro Russia propose un itinéraire spécifique pour les « visites jubilaires des prêtres russes qui viendront à Rome pour les exercices », qui prévoit des visites à Saint-Clément (dont la dimension cyrillo-méthodienne s’est développée depuis Léon XIII), à Santa Croce in Gerusalemme, Saint-Laurent-hors-les-Murs et des « prières spéciales propres à la liturgie byzantino-slave », programme qui est approuvé par Pie XI417.
123Au-delà de ces prescriptions romaines, il conviendrait de savoir dans quelle mesure ces pratiques ont été adoptées par les fidèles. Certains documents laissent transparaître des débats et même des oppositions assez fortes sur les questions liturgiques. En 1936, par exemple, lorsque les dominicains s’apprêtent à prendre la direction de la paroisse de Paris, ils affirment éviter de croiser leur prédécesseur « en raison des mesures qu’[ils] auron[t] à prendre dès [leur] arrivée et qui ne cadrent pas du tout avec la manière de faire de Mgr Evr[einov] »418. Ces « mesures » visent probablement une ré-orientalisation de la liturgie.
L’abjuration sous haute surveillance
124Le contrôle romain sur les Russes catholiques s’applique aussi au processus de conversion. En janvier 1929, la Commission pro Russia oblige les ordinaires à recourir au Saint-Siège dans le cas de Russes désirant se convertir au catholicisme419. Ce contrôle se double de certaines exceptions au droit commun. En septembre 1930, Pie XI concède à la Commission pro Russia « la faculté de permettre dans des cas à examiner par elle à chaque fois que nécessaire, que la profession de foi catholique et l’accès au sacrement, des convertis russes dans les collèges ou dans d’autres circonstances, demeurent secrètes »420. Les archives de l’Institut Saint-Georges révèlent que cette décision pontificale eut une application immédiate pour permettre au « meilleur élève » de rhétorique de l’Institut de « faire la profession de foi catholique sans publicité aucune, restant donc pour un temps comme crypto-catholique ». Toutefois, d’Herbigny met en garde son confrère jésuite afin que l’information circule localement car « tous ceux […] qui le verront s’approcher ensuite des Sacrements, doivent savoir qu’il est catholique, pour qu’on n’imagine nulle part qu’un non-catholique soit admis par nous aux Sacrements ». Cependant, « ce secret » doit être bien gardé afin d’éviter toute « fausse interprétation […] [d’]hommes mal intentionnés ». Par ailleurs, si d’autres jeunes de Saint-Georges ou de Louvain souhaitent passer au catholicisme « avec la même prudence discrète », les responsables de ces centres devront « demande[r] à chaque fois la permission à la Commission » et lui envoyer le « texte de la Profession de foi signé par le converti, par celui qui l’aurait reçu et par au moins un autre témoin »421. Nous retrouvons ici, légitimées au plus haut niveau, ces conversions secrètes au catholicisme, dont la question fut posée à la fin du XIXe siècle et qui avait tant choqué Pie X422.
125Comme pour les périodes précédentes, ce sont les conversions de membres du clergé orthodoxe qui posent le plus de questions. La Commission pro Russia prend après 1928 plusieurs mesures destinées à aider les ordinaires pour ces conversions423. En février 1929, une réunion cardinalice examine la question de la conservation des titres orientaux après la conversion d’un clerc orthodoxe au catholicisme. Cette réunion tire son origine d’un cas concret : en 1927, l’archevêque de Wilno concède le titre de protoierei et l’usage de la mitre à un prêtre russe (un certain Basilio Gapanowicz) converti au catholicisme de rite byzantin. La Commission pro Russia – informée peu favorablement sur ce prêtre – refuse de ratifier l’acte de l’archevêque. Lors de l’audience pontificale du 14 décembre 1928, Pie XI refuse de légiférer de façon générale sur les distinctions honorifiques des prêtres de rites orientaux. La Commission pro Russia lance toutefois une consultation sur ce thème auprès de deux spécialistes (Serge Werighine et Cyrille Korolevskij) et recueille l’avis du comte de Carlow qui s’exprime sur ce sujet de sa propre initiative. Il s’agit, pour la Commission, de clarifier le statut du protoierei et les normes en usage en Russie, ainsi que d’établir une règle pour la concession de titres orientaux à des prêtres incardinés dans des diocèses de rite latin424.
126Dans le même temps, l’encadrement de l’abjuration se poursuit par la mise en forme, prévue dès 1928425 mais qui aboutit en 1933, d’une formule spécifique d’abjuration en russe, intitulée « Profession de foi capholique », reprenant le fita des disciples de Soloviev426. Ce document, composé par la Commission pro Russia, est approuvé par la Congrégation du Saint-Office le 10 avril 1933427. Très long, il reprend, en russe, le symbole de Nicée (sans le Filioque) puis insiste sur les points de foi discutés par certains schismatiques : nature du Christ, adjonction du Filioque au IXe siècle par les Latins établissant l’équivalence des formules grecque et latine « du père par le fils » et « du père et du fils », les sept sacrements, le statut des âmes après la mort, le successeur de Pierre « véritable représentant » de Jésus, ainsi que les décrets des conciles de Florence, Trente et du Vatican. Il reprend donc, pour l’essentiel, la formule composée par la Congrégation de Propaganda fide pour les affaires du rite oriental à la fin du XIXe siècle, qui existait en latin mais aussi en langues vernaculaires. Ces formulaires furent utilisés dans l’émigration russe mais aussi en Russie même428.
127Parallèlement à cette amélioration de la formule d’abjuration, Michel d’Herbigny propose en 1929 d’améliorer le rituel de réception dans l’Église catholique d’un fidèle russe par un prêtre ou un évêque de rite latin (en effet, les Orientaux catholiques disposent déjà de cérémonials dans leur rite pour recevoir les abjurations). Il suggère de reprendre les prières prévues par le pontifical pour les abjurations mais de les accompagner par des pratiques considérées plus orientales, comme le baisement de la croix429. Cette proposition est agréée par Pie XI en audience, qui accepte de publier le cérémonial en russe et en latin mais sans rendre cette formule obligatoire dans l’idée qu’avec le temps « la substitution se fera d’elle-même »430. Mgr Bučys travaille alors à la rédaction de ce cérémonial en 1929-1931. Le cérémonial est examiné par le Saint-Office, approuvé le 10 avril 1933, mais il n’est pas publié immédiatement, probablement dans le contexte de la réorganisation de la Pro Russia de 1933-1934431. Le 20 juin 1937, la Congrégation pour l’Église orientale – après avoir pris conseil de la Congrégation des Rites432 – publie finalement ce cérémonial433.
128Si les pratiques liturgiques des catholiques russes de l’émigration sont largement (re)modelées par Rome, ce sont les institutions de formation du clergé russe qui subissent les plus grandes transformations durant les années 1930.
La réorganisation du système de formation du clergé russe
129La centralisation de la formation du clergé russe à Rome induit plusieurs réajustements, notamment dans le monde francophone et en Pologne.
Les incertitudes sur l’avenir de l’Institut Saint-Georges
130Dans le contexte de la création du Russicum, la vocation de l’Institut Saint-Georges est réévaluée. Dès 1930, émerge l’idée de faire de Saint-Georges un petit séminaire préparant au Russicum434. Au moment de la réorganisation de 1934, Mgr Tardini évoque clairement la transformation progressive de Saint-Georges en petit séminaire435. Cependant les responsables de l’Institut en défendent l’originalité, à savoir « la formation d’un premier noyau d’intellectuels capables de prendre un jour la direction de l’esprit public en Russie et d’y introduire les principes du catholicisme »436. L’œuvre sera finalement préservée dans son orientation originelle de centre de formation d’une élite laïque. Cependant, c’est surtout le Séminaire Saint-Basile, dont le vivier de recrutement (les Russes de l’émigration ou les occidentaux souhaitant se vouer à l’apostolat russe) est identique à celui du Russicum, qui se trouve dans une situation délicate.
La fin du Séminaire Saint-Basile : une transition délicate
131Si le séminaire lillois n’est pas directement remis en cause au moment de la création du Russicum, sa pertinence devient problématique au début des années 1930. La rareté des vocations pose la question de la survie du séminaire. En 1932-1934, une crise multiforme oppose Rome à Lille. Tout commence à l’été 1932 par le renvoi du père Omez (en partie causé par le voyage « clandestin » en URSS du dominicain) et son remplacement par le père Dumont437. Durant l’hiver 1932-1933, les tensions entre Rome et Lille s’approfondissent avec le projet romain de transformer la maison de la rue de la Barre en pensionnat pour enfants russes438. Les dominicains essaient alors de faire valoir leur projet de remplacement du séminaire par une œuvre intellectuelle et apostolique autour du Centre Istina créé en 1927439. Cette hypothèse de reconversion est toutefois très mal reçue à Rome. Lors d’une audience accordée à d’Herbigny en janvier 1933, Pie XI refuse ce projet et rappelle qu’il a largement contribué au financement du séminaire et
estime que le fond américain qui […] a envoyé des subventions est sien ; enfin il assure qu’ayant parlé assez fréquemment du séminaire à des personnes qu’il avait reçues, il […] a encore attiré des aumônes de cette façon. Il estime donc qu’il a droit à avoir une maison russe à Lille et, quel que soit le nombre des Russes catholiques dans la ville, il veut y maintenir le culte en rit slave, comme il l’a fait établir à Lyon440.
132Cette solution est acceptée par le père Dumont dans la mesure où elle n’exige des dominicains que d’« assurer les offices et [de] maintenir [leur] bibliothèque au service des fidèles »441. Pour ce qui est des offices, les dominicains s’étaient progressivement orientalisés (dès 1929, tous les offices sont célébrés dans le rite oriental) et avaient constitué une véritable « communauté dominicaine de rite oriental »442. Cependant, la Commission pro Russia tente alors un raid financier sur les biens du Séminaire Saint-Basile. Dans un courrier adressé au cardinal Liénart, la Commission pro Russia rappelle que la chapelle Saint-Basile est sous la juridiction de l’ordinaire de Lille et doit être « publique et ouverte » mais que le « centre Istina, développé dans le Séminaire Russe de S. Basile avec les subsides du S. Siège et avec les collectes faites pour le Séminaire que le Saint Père lui-même a recommandé personnellement à la générosité des pèlerins du Nord de la France, doit être considéré comme la propriété du S. Siège avec toute sa documentation, la bibliothèque, les objets et le matériel mobilier des chambres comme aussi de la Chapelle », les religieux dominicains n’ayant que « l’usage et la gestion » des objets et livres, qui ne peuvent être transportés ailleurs « sans la concession du S. Siège »443. Contre cette lecture romaine des événements, le père Dumont fait valoir que « tous les subsides accordés par le Saint Siège soit directement, soit par l’intermédiaire des différentes œuvres » étaient intégralement utilisés pour le séminaire et que « le Centre d’études a eu dès sa fondation, une comptabilité distincte, une caisse et des dépôts de banque et chèque postaux séparés », intégralement financés par l’ordre dominicain444. Le père Dumont adopte alors une attitude très pragmatique : les nouveaux achats du Centre Istina sont directement gérés par le Couvent d’études de la province de France et « pour ce qui est du passé », il propose de s’en tenir au statu quo en espérant que « les circonstances […] favoriseront […] un jour ou l’autre, quelque arrangement »445. La patience du père Dumont sera rapidement récompensée. Le motu proprio de décembre 1934, faisant repasser Saint-Basile sous la dépendance de la Congrégation pour l’Église orientale, a « une conséquence juridique importante » : le « Statutum pro Missionibus Fratrum Praedicatorum » s’applique alors à Saint-Basile et « il ne saurait donc plus y avoir de contestation sur [son] droit de posséder au titre de communauté dominicaine »446. La reconversion du séminaire Saint-Basile aura été ainsi assez délicate et progressive. La fermeture du séminaire débouche également en 1936 sur la prise en main par les dominicains « orientalisés » de la paroisse russe de Paris (qui dépend du diocèse de Paris)447.
Le séminaire pontifical de Dubno
133Si le Séminaire Saint-Basile perd sa raison d’être au début des années 1930 et disparaît, le séminaire « pontifical » de Dubno se développe dans un contexte très différent. Tout d’abord, à la différence de Saint-Basile (dont le projet avait été conçu par le pape), il s’agit d’une initiative locale du clergé latin qui cherche – et trouve – le soutien de Rome. En 1927, Mgr Szelążek essaie en effet de former certains de ses séminaristes au rite oriental. Cependant, les deux premiers séminaristes formés par un professeur de rite latin du séminaire de Luck provoquent des scandales et repassent vite au rite latin. L’évêque décide donc d’organiser de façon plus solide la formation au rite oriental en utilisant un ancien monastère dans la ville plus isolée de Dubno : c’est la fondation du Séminaire oriental de Dubno, présenté comme la troisième partie du séminaire diocésain de Luck. Ce séminaire, placé sous la direction de Leopold Szuman et encadré par trois professeurs, accueille dans un premier temps sept séminaristes dont trois achèvent leur formation. En 1928, le nonce de Varsovie fait connaître cette initiative à Rome : Mgr Marmaggi propose d’« intégrer l’initiative de Monseigneur Szelążek dans l’ensemble des mesures qui émanent ou émaneront [du Saint-Siège] et dont est une splendide preuve […] l’“Institut Pontifical Russe” de Rome »448. D’Herbigny interprète cet appel comme une possibilité de faire de Dubno un petit séminaire, préparant de jeunes russes au « grand » séminaire fixé à Rome449. La Commission pro Russia suit l’avis de son rapporteur et décide de proposer à Mgr Szelążek de confier l’encadrement de ce « pensionnat pour enfants » aux rédemptoristes. Mais Pie XI, en audience avec Borgongini Duca le 13 septembre 1928, refuse ce projet et demande que « l’évêque de Luck soit laissé libre de commencer l’œuvre qu’il a projetée »450. Quelques jours plus tard, d’Herbigny revient à la charge en audience pontificale et obtient du pape que le nonce de Varsovie soit chargé d’inviter Mgr Szelążek « à penser à l’action générale du Saint-Siège dans laquelle la sienne doit s’insérer » que ce soit par la création d’un petit séminaire ou par la mise en place d’une sorte de séminaire interdiocésain de rite oriental pour la Pologne non ruthène451.
134Cette idée d’un séminaire interdiocésain de rite slave pour les quatre diocèses concernés par la néo-union (Vilna, Siedlce, Luck et Pinsk) séduit Mgr Szelążek qui fait demander en mars 1930 si cette transformation pourrait permettre de changer le titre du séminaire en « Seminarium Pontificium Pii PP. XI – Pro orientalibus – sub patronatu S. Theresiae a Jesu Infante »452. Ce n’est finalement que deux ans plus tard, après que les jésuites soient entrés dans l’équipe dirigeante, que Pie XI permet le changement du titre de ce séminaire en « Séminaire Pontifical Oriental (Pontificium Seminarium Orientale) »453. Le séminaire reçoit alors des financements de Rome et est placé sous la direction des jésuites. Le recrutement s’avère plus aisé et le séminaire atteint une moyenne de trente séminaristes. En 1934, la fermeture du Séminaire des Missions de Lublin provoque l’arrivée de nouvelles recrues. En 1939, peu de temps avant sa fermeture, le séminaire prend le nom de « Papieskie Międzydiecezjalne Seminarium Wschodnie w Dubnie » (Séminaire pontifical interdiocésain de rite oriental à Dubno) et passe sous la juridiction directe du Saint-Siège454. Le cas très spécifique de la néo-union en Pologne justifie ainsi, à l’heure de la centralisation de la formation du clergé russe, la fondation d’un séminaire pontifical « déconcentré » et distant de Rome. Ce soutien romain au séminaire de Dubno constitue un moyen pour le Saint-Siège d’exprimer son soutien à la néo-union dans un contexte local extrêmement tendu.
135Le catholicisme russe poursuit ainsi durant les années 1930 sa structuration à la fois hiérarchique, culturelle et cultuelle, entamée dès le début des années 1920. Un certain équilibre semble avoir été trouvé à la fin des années 1930 avec une différenciation des espaces sous l’emprise de la Pro Russia, notamment vis-à-vis de la Pologne. Le caractère limité des communautés russes-catholiques permet à la Commission pro Russia d’en assurer la gestion malgré son propre redimensionnement.
136Dans les années 1930, les cadres institutionnels de la politique russe du Saint-Siège subissent de profondes transformations. En Russie même, on assiste à l’extinction des cadres de la hiérarchie créée tant bien que mal au milieu des années 1920. Suite aux répressions, exécutions et exils, elle n’est plus, au milieu des années 1930, qu’une coquille vide que le Saint-Siège n’espère pas remplir à court terme. Ce quasi anéantissement de l’Église locale s’accompagne d’une centralisation des affaires russes à Rome, qui apparaît comme un refuge et un lieu de refondation avec l’ouverture du Russicum en 1929. Cette centralisation atteint toutefois ses limites avec la crise économique du début des années 1930 qui freine les investissements romains dans les œuvres russes et, plus profondément, avec la réorganisation de la Commission pro Russia en 1934, dont les moyens sont réduits et qui restreint nettement ses ambitions.
Notes de bas de page
1 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 19, fasc. 121, f. 13-14 : Naskrecki à « Excellentissime ac Reverendissime Domine », Varsovie, 20.05.1933, français.
2 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 43, fasc. 251, f. 103 : Pizzardo, FU (rédigée par Tardini), 19.06.1935 (examen de la lettre de Neveu du 02.06.1935), italien.
3 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 19, fasc. 121, f. 17 : Naskrecki à « Excellentissime Domine », Varsovie, 14.05.1935, latin.
4 Ibid., f. 16 : note anonyme, PCPR, Vatican, 08.06.1935, italien.
5 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 20, fasc. 130, f. 45 : d’Herbigny, FU, 03.04.1929.
6 Ibid., f. 52 : copie de lettre de Neveu, Moscou, 26.09.1932.
7 Ibid., f. 54 : d’Herbigny à Ottaviani, Vatican, 26.10.1932, PCR N°734/28, italien. Effectivement son nom apparaît dans AP 1930, p. 883, AP, 1931, p. 895, AP, 1932, p. 923 mais pas dans AP, 1933.
8 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 1, fasc. 4 [prot. 12/28], f. 22 : Sincero à d’Herbigny, Rome, 16.06.1928.
9 Ibid., f. 23 : d’Herbigny à « Eminentissimo Principe », 20.06.1928, italien.
10 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 7, fasc. 46, f. 19 : d’Herbigny, note, 05.11.1929.
11 Ibid., f. 19 : d’Herbigny, note, 05.11.1929 ; ibid., f. 22 : note du 03.12.1929 (informations de Steblowsky) ; f. 23 : Szelazek à Sincero, 19.01.1930, latin.
12 Ibid., f. 19 : d’Herbigny, note, 05.11.1929, italien.
13 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 7, fasc. 47, f. 72 : d’Herbigny, FU, 30.11.1928, italien.
14 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 1 [prot. 9/29], fasc. 5, f. 18 : Sincero-Margotti à Carlo Perosi (secrétaire de la Consistoriale), Rome, 12.01.1929.
15 AAS, 1929 (21), p. 461.
16 AP, 1929, p. 179.
17 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 38, fasc. 222, f. 64 : note, 26.10.1929, italien ; f. 68 : voto de d’Herbigny, 30.10.1929, italien ; f. 66 : feuille de congrès PCPR, 30.10.1929, italien.
18 Ibid., f. 69 : d’Herbigny, FU, 08.11.1929, italien.
19 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 1 [prot. 9/29], fasc. 5, f. 23 : note, 15.02.1930, italien.
20 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 38, fasc. 222, f. 69 : d’Herbigny, FU, 08.11.1929, italien.
21 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 1 [prot. 9/29], fasc. 5, f. 21 : Sincero-Margotti à Raffaello Carlo Rossi (assesseur de la Consistoriale), Rome, 25.11.1929.
22 AAS, 1929 (21), p. 686.
23 AP, 1930, p. 185.
24 En décembre 1928, la Commission avait demandé à la Consistoriale « de ne pas faire publier le titre » : AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 1 [prot. 9/29], fasc. 5, f. 32 : Giobbe à Vincenzo Santoro (assesseur de Consistoriale), Vatican, 01.03.1934, italien.
25 AAS, 1934 (26), p. 156.
26 Ibid., p. 246.
27 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 18, fasc. 118, f. 80 : Eugène Chardavoine à « Monseigneur », Paris, 08.11.1933 ; f. 81 : lettre à Chardavoine, 09.12.1933, italien.
28 AP, 1933, p. 166.
29 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 9, fasc. 61, f. 60 : d’Herbigny à Dubowski, Rome, 05.03.1932, PCR N°55/32, français ; ibid., f. 61 : Dubowski à d’Herbigny, 05.03.1932, français.
30 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 28, fasc. 181, f. 38 : anonyme, FU, 08.08.1929, N°159/28, italien.
31 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 7, fasc. 47, f. 21-23 : rapport de Macarius Karoweć, Varsovie, 29.11.1929, latin. Macarius Karoweć est un père basilien ayant travaillé dans le diocèse de Kamenec mais exilé et chargé par Mgr Swiderski de cette communication.
32 Ibid., f. 27 : d’Herbigny, FU, 17.12.1929, PCR N°490/28, italien.
33 Ibid., f. 21-23 : rapport de M. Karoweć, Varsovie, 29.11.1929, latin ; ibid., f. 27 : d’Herbigny, FU, 17.12.1929, PCR N°490/28, italien.
34 Ibid., f. 21-23 : rapport de M. Karoweć, Varsovie, 29.11.1929, latin.
35 Ibid., f. 31-32 : rescrit de Sincero-Margotti, 15.01.1930, PCR N°295/29, latin.
36 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 13, fasc. 84, f. 4 : d’Herbigny, FU, 25.11.1929.
37 Ibid., f. 20 : d’Herbigny, FU, 17.12.1929, italien.
38 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 13, fasc. 87, f. 14 : d’Herbigny, FU, 19.02.1930, italien ; f. 16 : rescrit accordant cette faculté, 22.02.1930, PCPR N°42/30, latin.
39 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 8, fasc. 56, f. 47 : carte de Mgr Pizzardo, 30.10.1931 et rapport dact. italien.
40 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 22, fasc. 142, f. 59 : Demuroff à Sincero, Tiflis, 19.08.1929.
41 Ibid., f. 58 : Margotti, FU, 18.09.1929, N°85/29, italien. Voir aussi ibid., f. 60 : Décret de PCPR, Sincero-Margotti, 20.09.1929, latin.
42 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 7, fasc. 47, f. 27 : d’Herbigny, FU, 17.12.1929, PCR N°490/28.
43 Ibid., f. 21-23 : rapport de M. Karoweć, Varsovie, 29.11.1929, latin.
44 Ibid., f. 27 : d’Herbigny, FU, 17.12.1929, PCR N°490/28, italien ; ibid., f. 31-32 : rescrit de Sincero-Margotti, 15.01.1930, PCR N°295/29, latin.
45 APC, 1935, p. 886.
46 Ce problème est posé en audience pontificale en août 1935 : AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 46, fasc. 271, f. 11 : anonyme, FU, août 1935, italien.
47 En fait, les feuilles d’audience ont bien été conservées : AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 13, fasc. 84, f. 4 : d’Herbigny, FU, 25.11.1929 ; f. 20 : d’Herbigny, FU, 17.12.1929. Cf. n. 36 et 37, p. 553.
48 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 46, fasc. 271, f. 9 : extrait de lettre de d’Herbigny, 03.08.1935, italien.
49 Ibid., f. 11 : FU, août 1935, italien.
50 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 14, fasc. 93, f. 14 : d’Herbigny, FU, 17.05.1929, italien.
51 Ibid., f. 23-24 : Neveu à Sincero, 19.07.1929, latin.
52 Ibid.
53 Ibid, f. 18-19 : Szelazek à Sincero, 25.06.1929, latin. Sur ce séminaire, qui a préparé au sacerdoce six personnes, dont deux furent ordonnées, voir Б. Чаплиский, И. Осипова, Книга памяти… cit., p. 373.
54 Ibid.
55 Ibid, f. 23-24 : Neveu à Sincero, 19.07.1929, latin.
56 Ibid, f. 20-21 : Lozinski à Sincero, 10.07.1929, latin.
57 Ibid, f. 18-19 : Szelazek à Sincero, 25.06.1929, latin.
58 Ibid.
59 Né en 1888, il a été un brillant élève de l’Académie ecclésiastique de Moscou. Moine depuis 1911 et ordonné prêtre en 1912, il est ordonné évêque le 10 août 1921. Il semble avoir été chargé par le patriarche Tikhon des contacts avec les autres chrétiens et rencontre dans ce cadre d’Herbigny en 1925 et Neveu en 1928. Cf. G. Parravicini, O. J. Vasil’eva, Tre vie : Arsenij (Žadanovskij), Ilarion (Troickij) Varfolomej (Remov), Milan, 2002, p. 109-140, ainsi que C. Patock, Erzbischof Varfolomej (Remov) und die katholische Kirche, dans Ostkirchliche Studien, 2006 (55), p. 84-93.
60 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 25, fasc. 164, f. 10 : d’Herbigny, FU, 25.02.1933, italien.
61 Ibid., f. 13 : FU, 03.07.1933, d’Herbigny, « riservato », italien.
62 Ibid., f. 14 : note, 04.07.1933, italien.
63 Ibid., f. 15 : note, 07.07.1933, italien.
64 Ibid., f. 16 : minute du décret, 03.07.1933, latin ; f. 17 : minute du décret, 25.02.1933, latin.
65 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 47, fasc. 275, f. 18 : « Sottocommissione speciale », d’Herbigny, FU, 17.10.1930, italien.
66 Ibid., f. 25 : d’Herbigny, FU, 01.11.1930, « Speciale », italien. Sachant que les 10.000 dollars restants sont assignés à la caisse de la Commission « pour les besoins extraordinaires des œuvres russes hors de Russie », la totalité des gains de la croisade de prière de 1930 est donc réinvestie dans une action « extraordinaire » pour la Russie.
67 Ibid., f. 22 : d’Herbigny, FU, 01.11.1930, italien.
68 Ibid., f. 23 : anonyme [Giobbe], note, s. d.
69 Ibid., f. 31-35 : P. [Stanisław] Sopuch, « De adiuvandis Catholicis in Russia », Cracovie, 27.10.1930, latin.
70 Ibid., f. 29 : note de d’Herbigny, « Sottocomm. spec. », italien.
71 Ibid., f. 18 : « Sottocommissione speciale », d’Herbigny, FU, 17.10.1930, italien.
72 Ibid., f. 11 : Rocco Rimml à d’Herbigny, Rome, 20.11.1930, italien.
73 Ibid., f. 9-10 : Glaser à « Excellenz-Präsident », Kichinev, 18.11.1930, allemand.
74 Ibid., f. 12 : note anonyme [d’Herbigny], 23.11.1930, italien. Voir aussi ibid., f. 14 : d’Herbigny, FU, 05.12.1930.
75 Ibid., f. 38-41 : Glaser, « Della situazione terribile della Chiesa Cattolica nella Russia sovietica con speciale riguardo alla diocesi di Tiraspol – Saratow », Rome, 30.01.1931, italien.
76 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 47, fasc. 274, f. 93 : d’Herbigny, FU, 18.01.1932, « Sottocommissione speciale », italien. Nous remercions le recteur et le secrétariat du séminaire Canisianum pour les informations sur Josef Stakauskas, issues du Gedenkbuch G 1921-1924.
77 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 46, fasc. 271, f. 7 : d’Herbigny, FU, 29.09.1933, « secreto », italien.
78 Jules Havet est incardiné dans le diocèse de Tournai le 30 décembre 1933 (ibid., f. 46 : J. Havet à « Eminence », Rome, 05.04.1937, français ; f. 47-48 : J. Havet au pape, s. d., français).
79 Vraisemblablement celle de 1925, date qui serait cohérente avec les huit années d’études pour l’ordination évoquées par d’Herbigny lors de l’audience de septembre 1933. Sur cette exposition, voir L. Zerbini, L’exposition vaticane de 1925. L’affirmation de la politique missionnaire de Pie XI, dans L. Pettinaroli (éd.), Le gouvernement pontifical… cit., p. 649-671.
80 Sur l’AUCAM, voir J. Pirotte, Pierre Charles, sj, à Louvain. Les formes d’une « action » missionnaire, dans J. Comby (dir), Diffusion et acculturation du christianisme. XIXe-XXe siècle : vingt-cinq ans de recherches missiologiques par le CREDIC, Paris, 2005, p. 124-126.
81 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 46, fasc. 273, f. 3-4 : Havet à Pizzardo, Louvain, 16.01.1934, français.
82 Ibid., f. 5 : note, mars-avril 1934.
83 Ibid., f. 6 : Havet à « Monseigneur », Louvain, 26.07.1934, français et note marginale de Cercone du 31 juillet (italien).
84 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 46, fasc. 271, f. 46 : Havet à « Eminence », Rome, 05.04.1937, français ; f. 47-48 : Havet au pape, s. d., français.
85 Ibid., f. 51 : note, 07.04.1937.
86 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 46, fasc. 273, f. 10-11 : Micara à Pizzardo, Bruxelles, 27.08.1937, Nonciature Bruxelles N°14397, italien.
87 Ibid., f. 13 : anonyme, FU, 22.09.1937, italien.
88 Ibid., f. 12 : Pizzardo à Micara, Vatican, 27.09.1937 (PCR N°33/34) – le passage « andare nella Russia » est même communiqué de façon chiffrée.
89 Sur Matulionis (1873-1962), voir Б. Чаплиский, И. Осипова, Книга памяти… cit., p. 365-367 et P. Gaida, Erzbischof Teofilius Matulionis, Munich, 1986.
90 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 22, fasc. 143, f. 72 : Tardini, FU, 26.06.1934.
91 Ibid., f. 81 : Tardini (« pro-Praeside »)-Giobbe, Decretum, Vatican, 15.08.1934, PCR N°238/29, latin.
92 Décision prise ex audientia SSmi le 4 décembre 1935 (AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 46, fasc. 269, f. 9 : Pizzardo, FU, 04.12.1935, italien). Voir aussi AAS, 1935 (27), p. 463.
93 AOPF, III, 200-Russie, K : « Rapport sur l’envoi à Leningrad d’un de nos Pères qui serait le compagnon du Père Amoudru », Paris, 15.09.1934 ; ibid. : tél. du père Florent, 06.01.1935.
94 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 43, fasc. 251, f. 66 : lettre à Neveu, 15.05.1935 « in esecuzione della disposizione pontificia data nella udienza dell’8 maggio 1935 », envoyée par le courrier diplomatique italien le 16.05.1935, italien.
95 Pour la rédaction de l’Annuario de 1935, la Commission pro Russia insiste pour que les administrateurs apostoliques sortis d’URSS ne soient pas indiqués comme « libérés » mais comme « exilés » : AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 38, fasc. 223, f. 11sq : « Cambiamenti all’Annuario Pontif. per il 1935, notificati a Mgr Mercati il 3 dicembre 1934 ». Exemple f. 12 : Skalski « liberato esiliato nel sett. 1932 ».
96 G. Parravicini, O. J. Vasil’eva, Tre vie… cit., p. 134-135.
97 A. Judin, Pie-Eugène Neveu, Milan, 2002, p. 181-193.
98 Б. Чаплиский, И. Осипова, Книга памяти… cit., p. 173-175.
99 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 46, fasc. 268, f. 41 : note anonyme, PCPR, Vatican, 13.06.1938, italien.
100 P. Blet, A. Martini, B. Schneider (éd.), Actes et documents du Saint-Siège relatifs à la Seconde Guerre mondiale, T. 3. Le Saint-Siège et la situation religieuse en Pologne et dans les Pays Baltes, 1939-1945. Première Partie 1939-1941, Cité du Vatican, 1967, p. 27-28.
101 Note de Mgr Tardini, Vatican, 29.06.1941 (AA.EE.SS. 5354/41), dans Actes et documents du Saint-Siège relatifs à la Seconde Guerre mondiale, T. 4. Le Saint-Siège et la guerre en Europe, juin 1940-juin 1941, Cité du Vatican, 1967, p. 593.
102 X. de Montclos, Les chrétiens face au nazisme et au stalinisme. L’épreuve totalitaire, 1939-1945, Paris, 1983, p. 113-114.
103 A. Zavatta, Douze ans dans le « Paradis Soviétique », Fribourg, 1959.
104 J. Nicolas, Onze ans au paradis, Paris, 1958. Au moment du retour des troupes soviétiques, Leoni et Nicolas décident de rester sur place et Mgr Glaser (qui part) leur communique « les pouvoirs spirituels exceptionnels en accord avec les situations dans lesquelles [ils] pourr[aient] [se] trouver » (ibid., p. 33).
105 P. Leoni, Spia del Vaticano !, Rome, 1959, notamment p. 5-9.
106 P. Alagiani, Ni la mort ni la vie, Paris, 1973.
107 AAS, 1930 (22), p. 153-154. Version française dans Actes de S. S. Pie XI, tome VI, Paris, 1934, p. 155-157.
108 Note anonyme, 19.10.1931, dans ACS, Ministero dell’Interno. Direzione generale di pubblica sicurezza, Divisione polizia politica, Fascicoli personali, b. 44 b (Pizzardo), f. 101-102. Nous remercions G. M. Croce de nous avoir signalé ce texte.
109 Sincero souhaitait que Margotti soit nommé président de la Commission et dit à Tardini – qui le note dans son journal au 21 février 1934 – : « “Sarebbe proprio bello – esclama testualmente – D’Herbigny ha cacciato via me e dato un calcio a Margotti : ora Margotti darebbe un calcio a lui !” » (C. F. Casula, Domenico Tardini (1888-1961). L’azione della Santa Sede nella crisi fra le due guerre, Rome, 1988, p. 298).
110 Sincero indique ainsi dans une note de travail qu’il a « subi avec sacrifice [s]on éloignement de la Commission pour la Russie » (AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 38, fasc. 223, f. 24 : Sincero, « Nota », 21.02.1934, italien).
111 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 38, fasc. 222, f. 78 : d’Herbigny-Giobbe à Pizzardo, Vatican, 23.12.1930, N°2/28 ; 20/29, italien.
112 Ibid., f. 79 : d’Herbigny, FU, 27.12.1930, italien.
113 AP, 1931, p. 583-584.
114 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 38, fasc. 222, f. 84 : feuille de travail avec notes de Cercone (Vatican, 17.03.1931) et de d’Herbigny (s. d.), italien.
115 Ibid., f. 89 : feuille de congrès, prot. 20/29, 18.02.1932.
116 AP, 1932, p. 601-602.
117 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 38, fasc. 223, f. 3-4 : d’Herbigny à Mercati, Vatican, 14.11.1932, N°20/29, « riservata », italien.
118 AP, 1933, p. 565 ; AP, 1934, p. 678 ; AP, 1935, p. 687.
119 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 1, fasc. 3, f. 19 : Giobbe, FU, 11.07.1930, CPR 8/28.
120 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 19, fasc. 121, f. 5 : Sincero-Margotti à Canali, Rome, 11.06.1929, CPR 162/29 ; f. 6 : Merry del Val à Sincero, 27.06.1929, SO 1312/29.
121 Ibid., f. 9 : d’Herbigny, FU, 10.07.1929, italien.
122 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 14, fasc. 92, f. 85 : d’Herbigny, FU, 19.04.1929, italien. Sur l’affaire Przyrembel, voir supra p. 548-549.
123 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 13, fasc. 86, f. 32 : d’Herbigny à Pizzardo, Vatican, 27.09.1930, italien.
124 Une partie des remerciements a probablement été conservée dans le fonds des « Indirizzi », à la Bibliothèque apostolique vaticane. Cf. B. Horaist, La dévotion au pape et les catholiques français sous le pontificat de Pie IX : 1846-1878. D’après les archives de la Bibliothèque apostolique vaticane, Rome, 1995, notamment p. 75-77.
125 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 13, fasc. 86, f. 39 : d’Herbigny, FU, 11.01.1931, PCR 1/30, italien.
126 Cf. p. 428-429.
127 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 1, fasc. 8, f. 9 : Henricus Przeździecki à Pie XI, Rome, 26.04.1930, latin.
128 Ibid., f. 13-14 : secrétaire d’État à Przeździecki, 07.05.1930, CPR 1484/30, italien. Le document précise que la lettre a été signée par le secrétaire d’État et envoyée par la Secrétairerie.
129 Ibid., f. 18-19 : « Pro memoria », Posnaniae, 25.06.1930, latin.
130 Ibid., f. 15 : Marmaggi à d’Herbigny, Varsovie, 23.07.1930, Nonciature Pologne N°8842.
131 Ibid., f. 22-23 : d’Herbigny, FU, 01.08.1930, italien.
132 Ibid., f. 25-27 : d’Herbigny-Giobbe à Marmaggi, Vatican, 02.08.1930, CPR 231/1929, italien.
133 Ibid., f. 31 : « Congresso del giorno » 21.01.1931, italien. Voir aussi ibid., f. 40 : Sincero à d’Herbigny, Rome, 04.02.1931, SCO 498/30.
134 Pro Russia w Polsce [La Pro Russia en Pologne], dans Gazeta Warszawska, 13.10.1931 ; Rusyfikacyjne tendencje w Watykanie [Tendances russificatrices au Vatican], dans Kurier Wileński, 15.10.1931 (AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 1, fasc. 8, f. 45-48 : articles en polonais, traductions italiennes).
135 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 1, fasc. 8, f. 49 : d’Herbigny-Giobbe à Marmaggi, Vatican, 31.10.1931.
136 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 16, fasc. 102, f. 102-103 : résolutions prises par la « Commission administrative de la Diète », Rome, 12.03.1932.
137 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 1 [prot. 76/30], fasc. 6, f. 72.
138 AA.EE.SS., IV, Russia, pos. 662, fasc. 56, f. 34 : Mgr secrétaire à Marmaggi, 20.07.1932, AES N°2084/32 et annexe f. 36 : 1 p. latin.
139 Ibid., f. 37 : Marmaggi à Pizzardo, Varsovie, 01.08.1932, Nonciature Pologne N°341, italien.
140 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 1 [prot. 76/30], fasc. 6, f. 101-102 : d’Herbigny-Giobbe à Marmaggi, Vatican, 01.09.1932, italien.
141 Il s’agit probablement de la lettre de Mgr Henryk Przeździecki, L’œuvre de l’union en Pologne : lettre pastorale, Varsovie, 1932.
142 Ibid., p. 38.
143 AA.EE.SS., IV, Stati ecclesiastici, pos. 430a, fasc. 348, f. 15-16 (25.03.1933), italien.
144 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 38, fasc. 223, f. 61 : note, mars 1935, italien.
145 Cf. L. Pettinaroli, Mgr Michel d’Herbigny… cit., p. 113-116.
146 En 1933, un roman allemand Jesuiten, Spiesser, Bolschewiken s’inspire de la vie de d’Herbigny : Erik M. R. von Kühnelt-Leddihn, Jesuiten, Spiesser, Bolschewiken, Salzburg, Anton Pustet, 1933 ; traduction italienne sous le titre Gesuiti, borghesi, bolscevichi, Milan, Istituto di propaganda libraria, 1937, 2 vol.
147 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 37, fasc. 216, f. 29-30 : d’Herbigny à Liénart, Vatican, 03.10.1932.
148 Cf. infra p. 690.
149 P. Christophe (éd.), Les carnets du Cardinal Alfred Baudrillart. 13 février 1932-19 novembre 1935, Paris, 2003, p. 480-481 (28.04.1933).
150 Ibid., p. 233 (25.07.1932).
151 G. Martina, La mancata nomina cardinalizia del P. Tacchi Venturi. Relazione dell’interessato, dans Archivum Historicum Societatis Iesu, 1996 (65), p. 101-109.
152 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 5, fasc. 37, f. 89 : d’Herbigny à Gerlier, 28.08.1932. Sur Lourdes, voir infra, p. 768.
153 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 43, fasc. 250, f. 40-41 : Neveu à Giobbe, Moscou, 08.10.1934, français.
154 Ibid., f. 68-69 : Neveu au nonce en France [Maglione], Moscou, 18.12.1934, français.
155 P. Christophe (éd.), Les carnets… 13 février 1932-19 novembre 1935… cit., p. 465 (20.04.1933).
156 Ibid., p. 535 (09.07.1933).
157 Ibid., p. 603 (09.10.1933).
158 S. Pagano, L’archivio particolare di Pio X all’Archivio Segreto Vaticano, dans G. La Bella (éd.), Pio X e il suo tempo, Bologne, 2003, p. 156.
159 Seules les Congrégations de la Propagande, du Saint-Office et des Séminaires et Universités disposent d’importantes bibliothèques : J. Grisar, Le biblioteche e gli archivi dei dicasteri della Curia Romana, dans Il libro e le biblioteche. Atti del primo Congresso bibliografico francescano internazionale, 20-27 febbraio 1949. Parte seconda, conferenze di carattere particolare, Rome, 1950, p. 31-60.
160 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 1, fasc. 5, f. 7 : Margotti, note, 29.12.1928, italien.
161 Ibid., f. 8 : note, 04.01.1929. Sur ces ouvrages, voir supra, p. 539.
162 Ibid., f. 9 : note, 21.02.1929.
163 Ibid., f. 14 : « Congresso del giorno 13.09.1933 – deliberazione », italien.
164 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 12, fasc. 80, f. 18 : congrès du 16.01.1929 (« incaricato segreto ») ; f. 19 : d’Herbigny, FU, 19.01.1929 ; f. 20 : Sincero-Margotti à Pacelli, Marmaggi et Pellegrinetti, Rome, 28.01.1929.
165 Ibid., f. 21 : Pacelli à Sincero, Berlin, 02.02.1929, Nonciature Allemagne N°40912.
166 Ibid., f. 22-23 : Marmaggi à Sincero, Varsovie, 02.02.1929, Nonciature Pologne N°3589, italien.
167 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 14, fasc. 94, f. 48, 49, 50 : lettres à Centoz (Berlin), Marmaggi (Varsovie), Bourne (Londres), 14.12.1929, CPR 212/29, italien.
168 Ibid., f. 62-63 : Centoz à Sincero, Berlin, 04.01.1930, Nonciature Allemagne N°42817 et appendice f. 64-65 ; f. 74 : Marmaggi à Sincero, Varsovie, 13.02.1930, Nonciature Pologne N°7667 et appendice f. 75.
169 Le 25 janvier 1933, Pie XI demande que ces publications continuent d’arriver au Saint-Siège en passant par la diplomatie italienne ou le baron von Cramer-Klett. AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 3, fasc. 19, f. 53 : d’Herbigny, FU, 25.01.1933, italien et f. 74 : d’Herbigny à Pacelli, Vatican, 27.01.1933, PCR 52/33.
170 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 14, fasc. 94, f. 83 : note, 18.10.1932, italien.
171 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 3, fasc. 21, f. 20 : Ciriaci à « Mgr » [d’Herbigny], 20.05.1933 (envoi du premier bulletin).
172 Ibid., f. 32 : Ciriaci à « Mgr » [d’Herbigny], 03.07.1933.
173 Ibid., f. 55 : note anonyme, 23.11.1933, prot. 123/33, italien.
174 Ibid., f. 58 : lettre de « Ufficio centrale » de l’Action catholique italienne à « Mgr revmo », 12.03.1934 ; f. 60 : anonyme, note, 07.04.1934.
175 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 48, fasc. 283, f. 51 : lettre de l’Argus International de la presse à d’Herbigny, Genève, 11.11.1932, français. Il s’agit probablement de la société fondée à Genève en 1896 par Ilja Gruenberg et qui existe encore aujourd’hui sous le nom « Argus der Presse AG ».
176 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 48, fasc. 284, f. 23 : note anonyme du 04.12.1939, italien (citée) et note de Tardini, 05.12.1939.
177 Le rôle de Federico Alessandrini dans ce bureau est central. Nous remercions Giuliana Chamedes (communication du 13.07.2009) pour ces précieuses informations.
178 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 42, fasc. 246, f. 19-21 : « Copia più o meno conforme » du bilan présenté par Tardini en audience pontificale, décembre 1933, prot. 203/33.
179 Voir les nombreuses audiences de Michel d’Herbigny consacrées à ces demandes de messes : AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 2, fasc. 14.
180 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 12, fasc. 82, f. 65 : congrès PCR, 15.06.1928, italien.
181 Decretum de notificationibus ad Russos spectantibus (13.07.1928), dans AAS, 1928 (20), p. 260.
182 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 42, fasc. 246, f. 54 : Neveu à Giobbe, 19.11.1934, prot.166/28.
183 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 48, fasc. 286, f. 4 : note de travail, PCPR, Rome, 29.03.1938, italien. Proposition que Tardini accepte si Mgr Giobbe est d’accord (note marginale de Tardini). Il semble toutefois que ces registres n’aient finalement pas été déposés à Rome : en 1987, le père Michel Florent les a remis au père André Duval, responsable des Archives de la Province dominicaine de France (une note manuscrite du p. Duval ferait toutefois allusion au dépôt de ces documents à Rome). En avril 2010, ces deux registres de baptêmes et de mariages ont été remis au frère Hyacinthe Destivelle pour qu’ils reprennent leur place à Saint-Pétersbourg. Nous remercions le père Michel Albaric pour ces précisions.
184 Voir supra p. 411-414.
185 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 16, fasc. 103, f. 67 : Marmaggi à d’Herbigny, Varsovie, 20.12.1932, Nonciature Pologne N°11785 ; f. 62-66 : Marmaggi à Pacelli, Varsovie, 19.12.1932, Nonciature Pologne N°366 ; f. 69-70 : liste des objets du trésor de Saint-Pétersbourg, 1927, contresigné en 1932 à la nonciature.
186 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 37, fasc. 217, f. 55 : Emilio Herman à Tardini, 29.10.1941 (annotations de Tardini), italien.
187 Ibid., f. 53 : Emilio Herman à Giobbe, 29.10.1941, italien.
188 Ibid., f. 55 : Herman à Tardini, 29.10.1941 (annotations de Tardini), italien.
189 Ibid., f. 54 : Giobbe, note de travail.
190 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 9, fasc. 63, f. 82 : d’Herbigny, FU, 14.12.1932, PCR 321/32, italien. Voir aussi f. 83 : d’Herbigny-Giobbe à Marmaggi, Vatican, 19.12.1932.
191 Memorabilia Societatis Jesu, vol. VI, fasc. 7, 01.10.1938, hors-texte.
192 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 30, fasc. 199, f. 27 : Emmanuelle et Otto O’Meara à Monseigneur, Bruxelles, 04.09.1932, français ; f. 28 : d’Herbigny à M. et Mme O’Meara, Rome, 08.09.1932, français. Sur la question du marché des antiquités russes : A. Odom, W. R. Salmond (ed.), Treasures into Tractors : the Selling of Russia’s Cultural Heritage, 1918-1938, Washington D.C.-Seattle, 2009.
193 L’arte religiosa in Russia nelle pitture archeologiche di Leonida Brailowsky, dans OR, 01.12.1932 (72-280), p. 3 (avec reproduction de cinq tableaux). Cf. R. R. Robson, Art and Politics at the Vatican Congregation for the Oriental Churches, 1917-45, dans Russian History, 2011 (38-1), p. 42-57.
194 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 30, fasc. 199, f. n-i : publicité pour « Art religieux de la Russie. XIe-XVIIe siècles ».
195 M. G. Krasceninnikowa, L’art religieux russe au Musée de Saint-Pierre, dans L’Illustrazione Vaticana, janvier 1935 (VI-1), p. 27-28.
196 Cf. document 41.
197 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 30, fasc. 199, f. 30 : d’Herbigny, note, Vatican, 30.11.1932.
198 Les archives du Russicum ne sont pas accessibles aux chercheurs à cause du caractère « personnel » des fonds et d’un financement insuffisant : C. Simon, Russicum… 1… cit., n. 9 p. 143). C. Simon utilise toutefois ces archives, notamment le journal du séminaire – Historia domus Russicum – tenu quotidiennement de 1928 aux années 1980 (ibid., p. 82).
199 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 38, fasc. 224, f. 31-34 : Tardini, « Relazione generale », Vatican, 28.02.1935.
200 C. Simon, Russicum… 2… cit., n. 30 p. 28-29.
201 L’Unité de l’Église, 11-12.1931 (n°51), p. 549-552 ; De Oriente. Documenta et Libri I. Conclusions de l’Assemblée des Prêtres Catholiques Russes à Rome (27-30 octobre 1930), dans Orientalia Christiana, juin 1931 (XXII-3-n°70), p. 125-131 ; Благовѣстъ, juillet-août 1931 (3), p. 8-15. Voir aussi ACO, PCPR, 185/30.
202 C. Simon, Russicum… 1… cit., Rome, 2001, p. 59.
203 Actes de S. S. Pie XI, tome VI, Paris, 1934, p. 7-14, ici p. 12.
204 Ibid., p. 11.
205 C. Simon, Russicum… 2… cit., p. 70 (ACO, 152/28 : d’Herbigny, FU, 08.10.1929, N°32, prot. 99/1929 ; Ledόchowski à Margotti, 16.10.1929, n°35, prot. 99/1929).
206 C. Simon, Russicum… 1… cit., p. 61-72. Voir aussi C. Simon, Russicum… 2… cit., p. 91-100 (avec les biographies des séminaristes).
207 ACEC, Roma – Collegio Russo, Prot. 1101/38 : liste des séminaristes de 1938. Ce rapport fut vraisemblablement réalisé à l’occasion de la visite apostolique de l’établissement réalisée le 5 avril 1938 par Mgr Hilarian [Ilarino] Felder – un capucin qui vient d’être élu évêque titulaire de Geras – et Cyrille Korolevskij. Voir aussi C. Simon, Russicum… 2… cit., p. 204-214.
208 C. Simon, Russicum… 1… cit., p. 72, anglais.
209 ARSI, Collegium Russicum, 1 : d’Herbigny à Ledóchowski, 02.07.1929, français.
210 Ibid.
211 Ibid., d’Herbigny à Ledόchowski, 06.07.1929, français.
212 C. Simon, Russicum… 1… cit., n. 4 p. 43-44. Après 1935, il semble toutefois que la Congrégation pour l’Église orientale commença à laisser les « prêtres slavisants ou orientalisants […] attachés à leur diocèse d’origine » (G.-P. Scolardi, Et…ils me firent russe… cit., p. 180).
213 ARSI, Collegium Russicum, 1 : « Regulae Alumnorum. Pontificii Collegii “Russicum” », Rome, 1930, 13 p. latin (corrections manuscrites de Ledόchowski). Citation p. 3.
214 Ibid., p. 13.
215 Le règlement du séminaire Saint-Basile s’inspirait déjà de celui du Collège grec de Rome : AOPF, III, (25) Istina – 1922-1947, Série J couvents de France : fr. François Foulon à « mon très révérend père », Lille, 31.12.1923.
216 ARSI, Collegium Russicum, 1 : d’Herbigny à Ledóchowski, 27.02.1932, PCPR 99/1929, italien ; Ledóchowski à d’Herbigny, Rome, 20.05.1932 et pièce-jointe « Iuramentum » (latin).
217 Constantin Simon décrit précisément l’emploi du temps des séminaristes : C. Simon, Russicum… 1… cit., p. 85.
218 ARSI, Collegium Russicum, 1 : « Relazione sul Pontificio Collegio russo nell’anno 1931-2 », italien.
219 C. Simon, Russicum… 2… cit., p. 109.
220 C. Simon, Russicum… 1… cit., p. 83. Sur Saint-Antoine, voir infra p. 615-617.
221 C. Simon, Russicum… 1… cit., Rome, 2001, p. 86.
222 ARSI, Collegium Russicum, 1 : Tyszkiewicz au père général, Russicum, 27.01.1933, français ; Tyszkiewicz au père général, Russicum, 01.06.1935 ; Rapport de Tyszkiewicz, 18.12.1939 « Russicum. Principaux obstacles aux progrès de la vie spirituelle », français. Un petit film sur une liturgie byzantine fut même tourné au Russicum en 1940 et mentionné par le commentateur comme un « poco noto aspetto di Roma cattolica » : Chiaroscuro bizantino.Roma – Momenti del rituale greco-bizantino al Pontificio Collegio Russicum, dans Giornale Luce C0014 15.04.1940 (www.archivioluce.com/archivio).
223 Rerum Orientalium, 08.09.1928, dans AAS, 1928 (20), p. 277-288 et Actes de S. S. Pie XI, tome IV (années 1927-1928), Paris, 1932, p. 146-166.
224 AAS, 1930 (22), p. 147.
225 Actes de S. S. Pie XI, tome VII (année 1931), Paris, 1936, p. 52-88. Sur cette réforme, voir notamment F. Michel, La réforme universitaire de Pie XI. La constitution apostolique Deus Scientiarum Dominus et la France, dans J. Prévotat (dir.), Pie XI et la France, Rome, 2010, p. 369-402.
226 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 5, fasc. 32, f. 4 : Chollet à Sincero, Cambrai, 16.07.1926, français.
227 Ibid., f. 6 : Margotti, FU, 23.08.1926, CPR 19946/26.
228 Le denier de saint Pierre, qui fonctionne sur le principe d’une collecte à l’échelle mondiale, diocèse par diocèse, constitue, en effet, l’une des principales sources de revenus du Saint-Siège après la perte progressive des États pontificaux au XIXe siècle : Finances pontificales (époque contemporaine), dans DHP, p. 688 (F.-C. Uginet).
229 ACEC, Università, Francia, Lille, 1919-1926 : note de travail S. C. Seminari e Università, prot. 612/26, Rome, 30.11.1926, français-italien.
230 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 5, fasc. 38, f. 5 : d’Herbigny, FU, 21.08.1932, CPR 186/32, italien.
231 Ibid., f. 17-18 : Chaptal à d’Herbigny, Paris, 30.09.1932, français.
232 Cf. Р. Колупаев, Католические общины… cit.
233 Cf. W. Coudenys, Between them and us… cit., p. 204 ; KBM, II, p. 473-477.
234 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 5, fasc. 38, f. 22-23 : Chaptal à d’Herbigny, Paris, 07.10.1932, français.
235 Ibid., f. 34 : publicité, 2 p. impr. français.
236 Ibid., f. 31 : Chaptal à d’Herbigny, Paris, 22.11.1932.
237 Ibid., f. 38 : d’Herbigny à Chaptal, 24.02.1933 (extraits).
238 P. Christophe (éd.), Les carnets… 13 février 1932-19 novembre 1935… cit., p. 405 (01.02.1933).
239 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 5, fasc. 38, f. 56 : d’Herbigny, FU, 10.06.1933, italien.
240 Ibid., f. 58 : Baudrillart à d’Herbigny, Paris, 19.07.1933, français.
241 Ibid., f. 59 : d’Herbigny, FU, 22.08.1933, italien.
242 Cf. infra p. 604-607.
243 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 5, fasc. 38, f. 64-65 : Tardini à Chaptal, Vatican, 15.02.1934 ; f. 66-67 : Chaptal à « monsieur le secrétaire de la PCR », Paris, 08.03.1934, français.
244 Pour appliquer la constitution Deus scientiarum Dominus du 24 mai 1931, le cursus en deux ans passe à trois ans, comprenant une première année de mise à niveau dans chaque matière : A. Raes, Pour les cinquante premières années… cit., p. 316-317.
245 ACEC, Roma – Istituto Orientale -1929-1951, Prot. 1957/39 : Ilarino Felder, « Pontificio Istituto Orientale. Relazione sulla visita apostolica compiuta dal 20 al 22 marzo 1939 », Fribourg, Suisse, 02.06.1939, italien.
246 M. Jugie, Theologia dogmatica Christianorum Orientalium ab Ecclesia Dissidentium. Tomus I. Theologiae Dogmaticae Graeco-Russorum. Origo, Historia, Fontes ; Tomus II. Theologiae Dogmaticae Graeco-Russorum Expositio. De Theologia simplici, de oeconomia, de hagiologia ; Tomus III. Theologiae Dogmaticae Graeco-Russorum Expositio. De Sacramentis ; Tomus IV. Theologiae Dogmaticae Graeco-Russorum Expositio. De Novissimis, de Ecclesia, Paris, 1926, 1933, 1930, 1931.
247 M. Gordillo, Compendium Theologiae Orientalis. In commodum auditorum facultatis theologicae concinnatum, Rome, 1937 [1935], XVI-275 p. – exemples : « Caput III De Primatu Romani Pontificis », « Caput IV – De Spiritus Sancti Processione ».
248 M. Niechaj, Oratio liturgica pro defunctis in Ecclesia russa orthodoxa (Exquisitio dogmatica), Lublin, 1933.
249 J.-M. Hanssens, Institutiones liturgicae de ritibus orientalibus, Rome, 1930-1932, XL-514 p., XVI-646 p.
250 A. Raes, L’attività liturgica svolta della Sacra Congregazione Orientale, dans La Sacra Congregazione per le Chiese Orientale nel cinquantesimo della fondazione 1917-1967, Rome, 1969, p. 165-169.
251 L’intervention de don Margotti au congrès de Ljubljana en 1925, dont nous n’avons que le plan, était consacrée à cette question : Relationes inter Codicem iuris canonici et orientalis ecclesiae disciplinam (Summarium), dans Acta primi conventus pro studiis orientalibus. A. MCMXXV in urbe Ljubljana celebrati, Ljubljana, 1925, p. 116.
252 R. Metz, Excursus. La première codification du droit des Églises orientales catholiques (1927-1958), dans G. Le Bras, J. Gaudemet (dir.), Histoire du droit et des Institutions de l’Église en Occident, Paris, 1981, p. 272-281.
253 R. Metz, La première tentative de codifier le droit des Églises orientales catholiques au XXe siècle (1927-1958), dans Université des sciences sociales de Toulouse (éd.), Mélanges offerts à Jean Dauvillier, Toulouse, 1979, p. 534-535. Voir aussi ACO, Ponenza, 1927 (26), Orientali – Sull’opportunità della Codificazione del Diritto Canonico Orientale.
254 I. Zuzek, P. Luisier, L’idée de Gasparri d’un Codex Ecclesiae Universae comme point de départ de la codification canonique orientale : compilation ou codification ?, dans Revue de l’Institut catholique de Paris, 1996 (58), p. 215-241.
255 Sur les 2.666 canons élaborés, seuls 1.590 sont publiés entre 1949 et 1957 sous la forme de quatre motu proprio. L’ouverture du concile retarde cette publication, qui est finalement remplacée par une seconde codification (1972-1990). Voir R. Metz, Excursus. La seconde codification du droit des Églises orientales catholiques à partir de 1972, dans G. Le Bras, J. Gaudemet (dir.), Histoire du droit et des Institutions de l’Église en Occident, Paris, 1981, p. 343-352 ; R. Metz, Le nouveau Code du droit canonique des Églises orientales catholiques, dans Revue de droit canonique, 1992 (42-1), p. 99-117.
256 R. Metz, La première tentative… cit., p. 533 et 540-541.
257 A. Herman, De fontibus iuris ecclesiastici russorum. Commentarius historico-canonicus, Fonti serie II, fascicolo VI, S. Congregazione per la Chiesa Orientale, Codificazione canonica orientale Prot. N.107/31, s. l., 1936, 106 p.
258 A. Herman, A. Wuyts (trad. et éd.), Textus selecti iuris ecclesiastici russorum, Fonti serie II, fascicolo VII, S. Congregazione per la Chiesa Orientale, Codificazione canonica orientale Prot. N.527/40, Rome, 1944, 387 p.
259 Outre les ouvrages et articles biographiques consacrés à d’Herbigny cités supra, n. 75 p. 106, l’ouvrage d’A. Wenger détaille longuement certains aspects de « l’affaire » (Rome et Moscou… cit., p. 179-222 et 433-466).
260 KBM, t. III, n. 291 p. L-LIII.
261 Ibid., p. LI.
262 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 46, fasc. 271, f. 35 : Tardini, note manuscrite, 08.09.1936, italien.
263 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 47, fasc. 276, f. 48 : Tardini, FU, 19.10.1933 (éléments signalés par Giobbe comme référés au Saint-Père) prot. 134/28 ; 155/30 ; le billet de d’Herbigny daté Bruxelles, 12.10.1933 est collé sur la feuille, italien.
264 Ibid.
265 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 46, fasc. 271, f. 8 : Tardini à d’Herbigny, 20.10.1933, prot. 155/30, italien.
266 Nous avons dépouillé le cahier « Posta-Spedizioni » qui couvre la période du 1er janvier 1930 à juin 1935 (AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 44, fasc. 259, f. 1-196) – f. 143v : 20.10.1933, Mons. d’Herbigny, Bruxelles, s. n. – « Informazioni cose della Commissione; Benedizione del S. Padre » ; f. 170v : 29.05.1934, Mons. d’Herbigny, Bruxelles, Prot. 63/1929 ; f. 176r : 31.07.1934, Mons. d’Herbigny, Bruxelles, s. n. – « lettera priv. di Mons. Cercone » ; f. 188r : 10.12.1934 Mons. d’Herbigny, Bruxelles, prot. 123/1930, « Chiesa S. Antonio. Pagamento i disegni della chiesa S. Antonio » ; f. 195r : 02.04.1935 Mons. d’Herbigny, Bruxelles, Prot. 11/35, Racc. [recommandé] Caso matrimoniale Januszowski- Prokofiew.
267 P. Christophe (éd.), Les carnets… 13 février 1932-19 novembre 1935… cit., p. 739-740 (24.03.1934).
268 AAS, 1935 (27), p. 65 ; Actes de S. S. Pie XI, tome XII (année 1934-1935), Paris, 1939, p. 243-247.
269 P. Christophe (éd.), Les carnets du Cardinal Alfred Baudrillart. 20 novembre 1935-11 avril 1939, Paris, 1996, p. 70 (17.12.1935).
270 P. Christophe (éd.), Les carnets…13 février 1932-19 novembre 1935… cit., p. 736-737 (20.03.1934).
271 Ibid., p. 739-740 (24.03.1934).
272 Lorsqu’il est évincé de la direction du séminaire Saint-Basile, le père Omez se présente en victime du système romain de la Pro Russia et identifie son sort à celui de Lambert Beauduin qui fut « frappé dans des circonstances analogues aux circonstances présentes » (AOPF, III, (25) Istina – 1922-1947, Série J : lettre du P. Omez, 18.07.1932).
273 Cf. infra p. 679-683.
274 D’Herbigny fait même partie des intimes du pape, ce dont témoigne l’horaire de ses audiences, souvent placées en fin de journée et qui laissent supposer qu’elles se déroulaient dans un cadre moins formel (ASV, Prefettura Casa Pontificia, Udienze).
275 Qui semblaient pourtant facilement accordés (certes dans le contexte financier plus facile de la fin des années 1920) même dans des cas de faute morale comme pour l’abbé Berg, cf. supra n. 380 p. 421-422.
276 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 46, fasc. 271, f. 13 : d’Herbigny à Pie XI, Lourdes, 14.09.1935 (« In exaltatione Sanctae Crucis »), italien. L’expression utilisée par d’Herbigny fait référence à une parabole : voir Évangile selon Luc 17, 10.
277 Ibid., f. 19 : d’Herbigny à Pacelli, 10.03.1936, Collège Saint-Michel, Bruxelles, italien.
278 Ibid., f. 14-16 : Pizzardo ( ?) à d’Herbigny, Vatican, 12.03.1936, italien [prot. 914/36 (partita carta media senza numero)]. L’identification de l’auteur de la lettre n’est pas aisée car le poste de « secrétaire » n’existe plus officiellement en 1936 au sein de la Commission. Il s’agit donc probablement du secrétaire des Affaires ecclésiastiques extraordinaires.
279 Ibid., f. 23-26 : d’Herbigny à « Excellence Révérendissime », 23.03.1936, Collège Saint-Michel, Bruxelles, français. Voir aussi f. 38-39.
280 Ibid., f. 28-31 : d’Herbigny à « Excellence Révérendissime », 05.04.1936, Collège Saint-Michel, Bruxelles, français.
281 ASV, Prefettura della Casa pontificia, b. 29, fasc. 3.
282 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 46, fasc. 271, f. 27 : FU, mars 1936, italien.
283 Ibid., f. 36 : Pizzardo à d’Herbigny, Vatican, 24.06.1936 (envoyée le 26 juin), italien.
284 Ibid., f. 32-34 : d’Herbigny à « Excellence Révérendissime », 04.07.1936, en tête Collège Saint-Michel, Bruxelles, français.
285 Ibid., f. 35 : note manuscrite de Tardini, 08.09.1936, italien.
286 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 37, fasc. 217, f. 47 : d’Herbigny à « Rev.mo e Car.mo Monsignore », Paris VI – 5 rue Huysmans, 30.09.1936, italien.
287 À l’exception d’un bref échange épistolaire en janvier 1938 à l’initiative du cardinal secrétaire de la Congrégation orientale. Tisserant demande – en italien, par lettre recommandée sous secret du Saint-Office et dans une enveloppe double ! – une information à son compatriote sur une audience pontificale de 1931 au sujet des compétences territoriales de la Congrégation orientale (ACO, Oriente (affari generali), Segreteria, 955/32, Tisserant-Cesarini à « S.E. Rma Mons. Michele d’Herbigny, Vescovo tit. di Ilio », Vatican, 08.01.1938, envoyée 21 janvier, SCO prot. 955/32). La réponse de d’Herbigny, en français, est rapide mais relativement peu précise, le jésuite rappelant encore une fois qu’il ne dispose d’« aucune documentation » (ibid., d’Herbigny à Tisserant, Florennes (Belgique) 28.01.1938, arrivée 31 janvier).
288 AA.EE.SS., IV, Francia, pos. 719, fasc. 269, f. 20 : Mère Agnès à Pie XI, 23.02.1934. Nous remercions A. Guise pour cette information.
289 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 43, fasc. 254, f. 48 : Neveu à « Monseigneur », Paris, 24.11.1937, français et note marginale ms. anonyme [Tardini] en italien.
290 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 46, fasc. 271, f. 28-31 : d’Herbigny à « Excellence Révérendissime », 05.04.1936, Collège Saint-Michel, Bruxelles, français.
291 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 43, fasc. 254, f. 52-53 : Neveu à « Monseigneur », Paris, 12.04.1938, français.
292 Ibid., f. 54-58 : Neveu à « Monseigneur », Paris, 21.06.1938, français et note ms. de Tardini : 15.07.1938 – « riferita al S. P. veduta da S. Em. ».
293 Ibid., f. 59-60 : note sur la lettre de Neveu du 21.06.1938, PCPR, italien et note marginale ms. de Tardini, italien.
294 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 8, fasc. 52, f. 15-21 : Secrétairerie d’État à Sincero et à van Rossum, 28.06.1930, Seg. St. N°92308, italien.
295 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 2, fasc. 12, f. 48 : d’Herbigny, FU, 11.07.1930, italien.
296 Ibid., fasc. 11, f. 84 : d’Herbigny, FU, 20.04.1932, 258/1928, italien.
297 AOPF, III, (25) Istina – 1922-1947, Série J : Dumont, « Rapport sur la situation morale et financière du Séminaire Saint-Basile à la veille de l’année scolaire 1932-33 », Lille, 28.09.1932.
298 Le pape espère toutefois que « dal 15 giugno 1931 in poi il sussidio trimestrale verrà di nuovo per il tramite della Cath. N.E.W.Ass » (AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 2, fasc. 12, f. 55rv : d’Herbigny, FU, 12.09.1930, prot. 64/1928).
299 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 2, fasc. 11, f. 86 : d’Herbigny, FU, 08.06.1932, prot. 258/1928. Les paiements sont effectués en trois versements : 100.000 lires les deux premiers mois de chaque trimestre et 85.000 lires le troisième mois.
300 Ibid., f. 85-86 : « Promemoria », prot. 64/1928.
301 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 42, fasc. 246, f. 15 : anonyme, « Entrate della Pont. Commissione pro Russia », s. d.
302 Ibid.
303 Ibid.
304 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 32, fasc. 207, f. 7-8 : Bilancio dal luglio 1934 al giugno 1935.
305 Ce chiffre est confirmé par AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 42, fasc. 246, f. 23 : « Copia più o meno conforme » du bilan présenté par Tardini en audience pontificale, décembre 1933, prot. 203/33.
306 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 2, fasc. 14, f. 115 : d’Herbigny, FU, 25.02.1932, prot. 144/28.
307 Ibid., f. 120 : d’Herbigny, FU, 21.05.1933, prot. 144/28, italien.
308 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 2, fasc. 12, f. 55 : d’Herbigny, FU, 12.09.1930, prot. 64/1928, italien.
309 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 42, fasc. 246, f. 22.
310 J. F. Pollard, Money and the rise of the modern papacy : financing the Vatican, 1850-1950, Cambridge, 2005, p. 158-159.
311 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 2, fasc. 12, f. 86 : d’Herbigny, FU, 22.08.1933, italien.
312 Ibid., f. 93 : anonyme, FU, 19.10.1933, italien.
313 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 42, fasc. 246, f. 17sq : « Copia più o meno conforme » du bilan présenté par Tardini en audience pontificale, décembre 1933, prot. 203/33.
314 P. Christophe (éd.), Les carnets… 13 février 1932-19 novembre 1935… cit., p. 777-778 (26.04.1934).
315 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 38, fasc. 224, f. 49-54 : Tardini, Rapport économique, Vatican, 08.03.1935 (voir aussi f. 58-60 : version dactylographiée).
316 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 32, fasc. 207, f. 7-8 : « Bilancio dal luglio 1934 al giugno 1935 ».
317 En septembre 1933 (donc avant le départ de d’Herbigny), l’Institut avait reçu une lettre du Père Général demandant une « relation sur l’œuvre », notamment sur l’utilisation de « l’argent de la Commission pontificale » (AFSJ, Institut Saint-Georges – Meudon, 1921-2002, E-Me 7, lettre du p. Misson au p. de Cuyper, 14.09.1933).
318 AFSJ, Institut Saint-Georges – Meudon, 1921-2002, E-ME 3 : Tardini au p. de Cuyper, 17.02.1934, CPR prot. N°347/1928.
319 Par exemple, dans le budget prévisionnel de 1927, sur les 153.500 francs de recettes prévues, 50.000 sont donnés par le pape (AFSJ, Institut Saint-Georges – Meudon, 1921-2002, E-ME 7, compte rendu, décembre 1926). Pour 1929, sur les 256.470 francs de recettes prévues, 143.000 proviennent du « Comité américain » ou de l’aide du Saint-Père (ibid., « Compte rendu du Directeur de l’Internat russe St Georges à Namur »).
320 AFSJ, Institut Saint-Georges – Meudon, 1921-2002, E-ME 3 : de Cuyper à Tardini, 26.03.1934 ; Tardini au père de Cuyper, 10.04.1934, CPR Prot. N.347/1928, italien.
321 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 32, fasc. 207, f. 7-8 : « Bilancio dal luglio 1934 al giugno 1935 », italien.
322 AFSJ, Institut Saint-Georges – Meudon, 1921-2002, E-ME 3 : Ledóchowski à de Cuyper, Rome, 17.06.1937.
323 Cette aide se traduit par le versement d’aumônes (elemosine) de messes et par des transferts de fonds destinés à payer les « impôts des églises encore ouvertes ». AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 46, fasc. 268, f. 41 : note anonyme, PCPR, Vatican, 13.06.1938, italien.
324 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 32, fasc. 207, f. 7-8 : « Bilancio dal luglio 1934 al giugno 1935 ».
325 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 2, fasc. 16, f. 90 : note de Tardini, Vatican, 04.08.1934, prot. 144/30.
326 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 46, fasc. 270, f. 33 : note de PCPR (Vatican, 09.12.1936) et note ms. de Giobbe, 01.03.1937.
327 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 38, fasc. 223, f. 7sq : note du 09.12.1933, italien.
328 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 47, fasc. 280, f. 43 : Neveu à Giobbe, 17.01.1934, prot. 166/28.
329 Ibid., f. 44 : Tardini, FU, 03.02.1934, italien.
330 P. Christophe (éd.), Les carnets… 13 février 1932-19 novembre 1935… cit., p. 739-740 (24.03.1934).
331 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 1 [126/30], fasc. 8, f. 57-63 : lettre de Petrus Bucys, Rome, 20.06.1934, latin ; f. 55 : résumé anonyme, italien.
332 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 47, fasc. 280, f. 45 : Attolico à « papà » [Pietromarchi], Moscou, 10.02.1934-XII, italien.
333 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 38, fasc. 223, f. 24 : Sincero, « Nota », 21.02.1934, italien.
334 Ibid., f. 57 : Cesarini à Tardini, Rome, 29.12.1934, italien et note marginale de Tardini.
335 AP, 1930, p. 503-505.
336 AP, 1939, p. 689-693.
337 Sur le processus d’acquisition de compétence sur les fidèles orientaux et latins de territoires entiers appartenant à la Propaganda Fide, voir É. Fouilloux, Comment la Congrégation orientale a-t-elle acquis un territoire ? Le décret de 1938, dans L. Pettinaroli (éd.), Le gouvernement pontifical… cit., p. 343-355.
338 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 38, fasc. 224, f. 5-30 : Tardini, « Relazione generale », Vatican, 28.02.1935, italien.
339 Ibid., fasc. 223, f. 63 : Tardini à Cicognani, 16.01.1935, prot. 76/30, italien. Cette lettre privée se trouve dans les archives de la Commission car l’auteur demande de communiquer la nouvelle de la réorganisation de la Commission pro Russia de façon officieuse dans les journaux américains.
340 Ibid., fasc. 224, f. 5-30 : Tardini, « Relazione generale », Vatican, 28.02.1935.
341 Ibid., fasc. 223, f. 64sq : minute de lettre circulaire aux nonces, prêtres russes, évêques…, 19.02.1935.
342 AAS, 1935 (27), p. 65-67.
343 Sur les Affaires ecclésiastiques extraordinaires sous Pie XI, voir R. Regoli, Il ruolo della Sacra Congregazione degli Affari Ecclesiastici Straordinari durante il pontificato di Pio XI, dans C. Semeraro (éd.), La sollecitudine ecclesiale di Pio XI… cit., p. 183-229.
344 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 38, fasc. 225, f. 7 : note de Giobbe, 14.03.1935, prot. 76/30, italien.
345 En 1934 d’Herbigny n’est plus à Rome et seul Tardini (qui n’apparaît dans l’Annuario qu’en 1936) dirige la Commission et est aidé pour un certain nombre de tâches par Mgr Giobbe alors que ce dernier disparaît de l’Annuario à partir de 1935.
346 Par exemple, en novembre 1929, la Secrétairerie d’État fait traduire par la Commission (qui confie le texte à Werighine pour une version française) une lettre de Leningrad d’un certain Alessio Wasiliewitch Douschkine qui appelait à une « coalition générale des gouvernements contre la guerre » (AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 1, fasc. 6, prot. 274/29, f. 6 : note de la PCR à Mgr Pizzardo, 23.11.1929, PCPR 274/29, italien).
347 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 43, fasc. 250, f. 31 : Neveu à « Monseigneur », Moscou, 23 (ou 27).09.1934.
348 Bratko est probablement mobilisé pour la rédaction d’une lettre en russe en 1934 (la traduction est anonyme mais le nom de Bratko est mentionné dans le même dossier) : AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 14, fasc. 95, f. 87 : lettre à Bennigsen, italien (envoyée en russe le 30.08.1934).
349 AP, 1936, p. 665-668.
350 Voir, par exemple, AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 43, fasc. 254.
351 AP, 1936, p. 700-701.
352 ARSI, Collegium Russicum, 1 : Tyszkiewicz à Ledóchowski, Russicum, 01.06.1935, français.
353 Une partie de ces articles sont regroupés dans AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 11, fasc. 76 : Vatikanische Aktivität im Osten. Veränderungen in der päpstlichen Kommission Pro Russia, dans Berliner Tageblatt, Berlin, 28.01.1934 (f. 89) ; traduction française de l’article « Changements en perspective dans la commission pro Russia », dans Słowo, 28.01.1934 (f. 91) ; traduction italienne de l’interview de d’Herbigny dans l’article « Vaticano e Russia », dans Neue Freie Presse, Vienne, 03.02.1934 (f. 92-95).
354 ACL, Correspondance Russie, Alexandre Rozwadowski (s.j.) : Rozwadowski à « ma très révérende mère », Rome, 30.04.1934, français. Sur Rozwadowski (1883-1946), voir F. Paluszkiewicz, Mały słownik jezuitów w Polsce, Varsovie, 1995, p. 198.
355 AFSJ, Institut Saint-Georges – Meudon, 1921-2002, E-ME 3 : Giobbe au p. de Cuyper, 25.02.1935 (CPR N°347/1928), italien.
356 D. Alvarez, Spie in Vaticano. Spionaggio e complotti da Napoleone all’Olocausto, Rome, 2003, p. 169-174.
357 Cf. supra, p. 298 sq.
358 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 46, fasc. 271, f. 35 : note de Tardini, 08.09.1936, italien.
359 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 37, fasc. 217, f. 47 : d’Herbigny à « Rev.mo e Car.mo Monsignore », Paris, 30.09.1936, italien. Un an plus tard, Tardini affirme encore être « senza alcuna competenza specifica » pour ce travail (ibid., sc. 38, fasc. 224, f. 5-30 : Tardini, relazione generale, Vatican, 28.02.1935).
360 Les feuilles d’audience de Pizzardo sont a priori peu nombreuses, cependant une analyse plus précise serait nécessaire dans la mesure où, après 1934, les responsables de la Commission ont tendance à ne pas signer leurs feuilles d’audience, voire à les faire rédiger par quelqu’un d’autre (Giobbe en rédige une de Pizzardo par exemple : AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 46, fasc. 272, f. 61 : Pizzardo, FU, 03.03.1937).
361 La plupart des lettres de Neveu ne suscitent aucun commentaire du pape même si elles lui sont régulièrement lues en audience. Par exemple, Tardini présente le 3 décembre 1934 au pape la lettre de Neveu du 5 novembre : AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 43, fasc. 250, f. 51 : Tardini, FU, 03.12.1934.
362 Sur l’enquête, voir infra p. 657-658.
363 ACO, PCPR, 435/28, doc. 86 : Paul Rémond, évêque de Nice, à d’Herbigny, Nice, 04.12.1931.
364 Ibid., doc. 89a : Scolardi, « Relation à la Commission pontificale pour la Russie sur la présence des Russes et autres étrangers orthodoxes dans le diocèse de Fréjus et Toulon », Toulon, 08.12.1931.
365 Nostra animarum, 28.10.1932, dans AAS, 1932 (24), p. 353-354.
366 Sur l’investissement catholique de la ville de Rome à cette époque, voir A. Riccardi, Roma « città sacra » ? Dalla Conciliazione all’operazione Sturzo, Milan, 1979.
367 Pie XI a béatifié Thérèse en 1923, puis l’a canonisée en 1925. Il a institué la fête du Christ-Roi en 1925 par l’encyclique Quas Primas (11 décembre 1925) et le Sacré-Cœur a également fait l’objet d’une encyclique : Miserentissimus Redemptor (8 mai 1928), à laquelle on peut ajouter Caritate Christi Compulsi (3 mai 1932).
368 Sur cette organisation voir C. Parra, Apostolat de la prière, dans DSAM, I, 1937, col. 770-773.
369 D’Herbigny réussit toutefois à empêcher Javorka d’installer des confessionnaux latins pour les pèlerins dans l’église de Saint-Antoine : C. Simon, Russicum… 1…, p. 81.
370 ARSI, Collegium Russicum, 1 : d’Herbigny à Ledóchowski, 16.09.1932, PCPR N°123/30, italien.
371 C. Simon, Russicum… 1…, p. 73. De nombreuses photographies de cette célébration sont présentées dans l’ouvrage.
372 ACO, PCPR, 32/28, fasc. 2, doc. 76 : Gédenoff à d’Herbigny, Lyon, 20.12.1932.
373 Ibid., fasc. 1, doc. 24 : d’Herbigny, FU, 11.07.1930, italien.
374 Ibid., fasc. 2, doc. 115 : Gédénoff à Giobbe, Lyon, 12.10.1934.
375 Archives Filles de la Charité (Paris), Chine, 566/11 : lettre de la visitatrice Lebrun, Shanghai (Maison centrale), 25.09.1923.
376 ACO, PCPR, 128/30, doc. 13 : M. Nedtočin à d’Herbigny, Rome, 26.01.1931.
377 Ibid., doc. 74 : Mgr Haouisée (vicaire ap. Shanghaï) à Tardini, Shanghaï, 06.12.1934.
378 Р. Колупаев, Католические общины… cit.
379 Irénikon, 03-04.1937 (t.XIV-2), p. 165.
380 C. Simon, Russicum… 2… cit., p. 141-144.
381 AOPF, III, (25) Istina – 1922-1947, Série J : Dumont à « bien cher Père », Paris, 09.06.1942.
382 ACO, PCPR, 184/30, doc. 1 : d’Herbigny, FU, 30.04.1930, italien.
383 Actualités-Consécration épiscopale de Mgr Bucys et ordination sacerdotale du prince Alexandre Wolkonsky à Saint-Clément du Caelius à Rome, dans L’Unité de l’Église, 11-12.1930 (n°45), p. 368-372.
384 ACO, PCPR, 184/30, doc 18 : Bučys, « Quelques remarques sur le plan de mon travail future [sic] parmis [sic] les russes », Rome, 29.07.1930, français.
385 Ibid., doc. 23 : Istruzioni, 13.08.1930, italien.
386 Ibid., doc. 45 : « Relatio de itinere visitationis russorum-catholicorum in Europa Occidentali an. 1930 », Rome, 17.10.1930.
387 Ibid., doc. 65 : Fumasoni Biondi à d’Herbigny, Washington DC, 20.09.1931, Délégation États-Unis N°501-i.
388 Il avait été nommé évêque titulaire de Pionia par un décret de la Congrégation pour l’Église orientale en octobre 1936 : Notes et informations : Sacre de Mgr Evreinoff, dans L’Unité de l’Église, 01-02.1937 (n°82), p. 13-14 ; La chirotonia del nuovo Vescovo ordinante per il rito Bizantino a Roma, dans L’Oriente cristiano e l’unità della Chiesa, 03-04.1937 (II-2), p. 56-59.
389 ACO, PCPR, 82/28.
390 ACO, PCPR, 231/29, doc. 8 : d’Herbigny, FU, 24.07.1930, prot. 231/29, italien.
391 ACO, PCPR, 125/33, doc. 1 : d’Herbigny, FU, 24.07.1930, prot. 231/29, italien (extraits).
392 Ibid., doc. 17a : d’Herbigny, FU (copie), 29.09.1930, italien.
393 Ibid., doc. 53 : d’Herbigny, FU, 18.01.1931, italien.
394 Note romane (…) Chirotonia episcopale in rito bizantino-slavo, dans OR, 09/10.02.1931 (71-33), p. 3.
395 R. Zerelik, Die Orthodoxe Kirche in Polen zwischen dem Ersten und Zweiten Weltkrieg, dans Kirchliche Zeitgeschichte, 2002 (15-1), p. 169-181.
396 ACO, PCPR, 38/31, fasc. 1 : Instructions pour le visiteur, 05.03.1931, italien.
397 ACO, PCPR, 125/33 : Giobbe à Marmaggi, Vatican, 27.05.1933, prot. 231/29 125/33.
398 H. Łubieński, Droga na Wschód Rzymu, Varsovie, 1932.
399 P. de Régis, Chez les Jésuites du rite gréco-slave. La « Nouvelle Union » et ses méthodes. Doctrine et faits. Conférence donnée à Varsovie le 10 avril 1932, Lyon, 1932.
400 A. Dmytrievsky, L’union des Églises et les persécutions polonaises en Ukraine, Bruxelles, Fédération des émigrés ukrainiens en Europe, 1938.
401 Voir notamment ACO, PCPR, 64/29, doc. 3 : d’Herbigny, FU, 03.04.1929..
402 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 19, fasc. 121, f. 85 : Sipiaguine à « Révérendissime et illustrissime Monseigneur », Rome, 14.04.1932 ; f. 87 : d’Herbigny, FU, 20.04.1932.
403 AHAP 9K2 9c : P. Leib, « Note sur l’efficacité grandissante de l’œuvre doctrinale de presse russe catholique à Paris », 11.07.1927, français.
404 Христосъ Воскресъ [Le Christ est ressuscité], dans Благовѣстъ, avril-septembre 1930 (I-2/3), p. 23-33 ; Восточный обрядь во вселенской Церкви [Le rite oriental dans l’Église catholique], dans ibid., p. 34-93.
405 A. Deubner, Вѣра въ Непорочное Зачатие въ XVII веке на Руси [La foi en l’Immaculée conception au XVIIe siècle en Rus’], dans ibid., p. 94-101 ; N. Baumgarten, Добронега Владимировна, королева польская, дочь Святого Владимира [Dobronega Vladimirovna, reine polonaise, fille de saint Vladimir], dans ibid., p. 102-109.
406 La revue Besědy propose la vente à 10 francs des livres 1 et 3 du Katoličeskìj Vremennik’’ : Besědy, janvier 1938 (1), couverture.
407 Arch. Istina, Istina Boulogne, Bessedy.
408 Un prêtre du diocèse de La Rochelle, informé de l’existence de la revue Besědy par « un communiqué paru dans le Bulletin religieux du diocèse de la Rochelle », signale à la rédaction l’existence d’un lecteur potentiel, « Russe-ancien officier dans l’armée Wrangel – engagé depuis plus de six ans, comme infirmier, à l’hôpital civil de Rochefort-sur-mer ». Arch. Istina, Istina Boulogne, Bessedy : carte de l’abbé Louis Saunal, 27.05.1938. Le périodique en question est probablement le Bulletin religieux du diocèse de La Rochelle et Saintes (1864-1974).
409 ACO, PCPR, 264/29, doc. 18 : d’Herbigny, FU, 19.04.1929, italien.
410 Ibid., doc. 20 : Lauri à Sincero, Rome, 03.05.1929, Sacra Poenitentiaria Apostolica, Officium de indulgentiis, N°557/29.
411 Ibid., doc. 24 : Decretum, 27.05.1929, latin.
412 AAS, 1929 (21), p. 644.
413 ACO, PCPR, 264/29, doc. 32 : d’Herbigny, FU, 17.12.1929, italien.
414 ACO, Russi, 287/35, doc. 5 : Sincero, FU, 01.06.1935, italien.
415 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 14, fasc. 95, f. 64 : d’Herbigny, note de travail, 25.04.1933.
416 ACO, PCPR, 108/29.
417 ACO, PCPR, 33/33 ; AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 46, fasc. 271, f. 8 : Tardini à d’Herbigny, 20.10.1933, prot. 155/30, italien.
418 AOPF, III, (25) Istina – 1922-1947, Série J : lettre du p. Dumont, Lille, 27.07.1936.
419 Avis de la CPR concernant les conversions de Russes schismatiques (12.01.1929), dans Actes de S. S. Pie XI, t. V, Paris, 1934, p. 270-271. Monitum : De Russis ad catholicam fidem redeuntibus sed vite etiam, 12.01.1929, dans AAS, 1929 (21), p. 94.
420 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 1 [126/30], fasc. 8, f. 29 : d’Herbigny, FU, 29.09.1930, italien.
421 AFSJ, Institut Saint-Georges – Meudon, 1921-2002, E-ME 3 : d’Herbigny au p. de Cuyper, 01.10.1930.
422 Voir supra p. 173-175.
423 ACO, PCPR, 727/28.
424 AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 1 [prot. 359/28], fasc. 4, f. 57-67 : « Adunanza cardinalizia », « Onorificenze e distintivi per Sacerdoti russi di rito bizantino slavo », 14.02.1929.
425 ACO, PCPR, 547/28 ; ACO, Russi affari generali, 484/36.
426 Cf. p. 236.
427 AHAP, série 9K2, 9 a’ : Исповѣданіе каѳолической вѣры [Profession de foi capholique], 3 p. russe. Voir document 42. Voir aussi ibid., Pontificia Commissio Pro Russia, Praenotanda – Professio Fidei, 4 p. latin.
428 Nous avons trouvé un exemplaire (non rempli il est vrai) de ce formulaire aux archives de l’archevêché de Paris et un autre (rempli le 8 novembre 1934 par Mgr Neveu) aux archives vaticanes : AA.EE.SS., IV, PCPR, sc. 42, fasc. 246, f. 56-57.
429 ACO, Liturgia, 18/37, doc. 1 : voto de d’Herbigny, « Professione di fede (bacio) », 04.06.1929, italien.
430 Ibid., doc. 2 : d’Herbigny, FU, 21.06.1929, prot. 224/29, italien.
431 Ibid. : FU – « sospesa ».
432 Ibid., Tisserant-Cesarini à Laurenti, Rome, 22.02.1937, prot. 18/37.
433 Ibid., doc. 84 : « Pontificia Commissio pro Russia. Ceremoniale in usum Ordinariorum latini rituo ad recipiendos in Ecclesiam catholicam baptizatos non unitos ritus slavici ». Voir aussi C. Quénet, Cérémonie de l’abjuration d’un hérétique ou d’un schismatique, Tours-Paris, 1937.
434 Le père Jourdain, ancien responsable de Saint-Georges et alors secrétaire de d’Herbigny, souligne que le Russicum ne compte que 15 hôtes pour 65 chambres, ce qui laisse « de la place pour les vocations possibles et impossibles de Namur » (AFSJ, Institut Saint-Georges – Meudon, 1921-2002, E-Me 4 : p. Jourdain au p. Paul [Cuyper ?], 08.03.1930). Sur l’éloignement du p. Jourdain de Louvain en 1930, voir W. Coudenys, A good cause ? Russian students at the Catholic University of Leuven, 1921-1940, dans T. Soldatjenkova, E. Waegemans (ed.), For East is East. Liber Amicorum Wojciech Skalmowski, Leuven, 2003, p. 515-516.
435 AFSJ, Institut Saint-Georges – Meudon, 1921-2002, E-ME 3 : Tardini au p. De Cuyper, 17.02.1934, CPR 347/1928, italien.
436 Ibid., E-ME 7- « Rapport spécial 1932-33 » (27.09.1933), p. 6.
437 Les documents conservés aux archives de la province dominicaine de France montrent l’ampleur des tensions entre le père Omez et d’Herbigny. Omez souhaitait « partir pour un séjour en pays slave (Serbie, ou Bulgarie, par ex.) », ce qui serait « très profitable pour [s]a formation » alors que « le public y verrait un voyage d’étude ou une mission » (AOPF, III, (25) Istina – 1922-1947, Série J : lettre du P. Omez, 18.07.1932), alors que le président de la Pro Russia aurait préféré l’envoyer au service de communautés catholiques russes dans le sud-ouest de la France (ibid., d’Herbigny au père Omez, Rome, 29.12.1932). C’est finalement la première solution qui prévalut. Sur Dumont : In memoriam : le père Christophe-Jean Dumont (1897-1991), dans Istina, 1992 (1), p. 57-65 ; H. Destivelle, Souvenirs d’un pionnier. Les mémoires inédits du Père Christophe-Jean Dumont, dans Istina, 2009 (3), p. 279-297.
438 AOPF, III, (25) Istina – 1922-1947, Série J : Dumont à « Révérend Père », Lille, 03.12.1932.
439 Voir infra p. 720-721.
440 AOPF, III, (25) Istina – 1922-1947, Série J : P. Louis au P. Dumont, Rome, 26.01.1933.
441 Ibid., Dumont à « Révérend Père », Lille, 01.02.1933.
442 Arch. Istina, Carton P. Hubatsek : Hubatzek à Gaston (son frère), Lille, 08.11.1929.
443 AOPF, III, (25) Istina – 1922-1947, Série J : PCPR à Liénart (copie), Vatican, 20.03.1933, prot. 54/1928.
444 Ibid., Dumont à Liénart (copie), 03.04.1933.
445 Ibid., Dumont à « Révérend Père », 19.06.1933.
446 Ibid., Dumont à « Révérend Père », 27.02.1935.
447 Ibid., « Convention entre Son Eminence le Cardinal Archevêque de Paris et le T.R.P. Provincial des Dominicains de Paris », Paris, 15.08.1936, J.1/ 456, signée par le cardinal Verdier et le père Padé, provincial. Ce changement de direction s’accompagne d’un déménagement rue François-Gérard dans le 16e arrondissement.
448 ACO, PCPR, 230/29, fasc. I, doc. 7 : Marmaggi à Sincero, Varsovie, 26.08.1928, Nonciature Pologne N°1733, italien.
449 Ibid., doc. 8 : d’Herbigny, « Progetto di un seminario Orientale in Dubno. Voto del Relatore », 11.09.1928.
450 Ibid., doc. 9 : feuille de congresso, 12.09.1928 / notes du 13.09.1928 et du 14.09.1928.
451 Ibid., doc. 10 : d’Herbigny, FU, 18.09.1928, N°105/28, italien.
452 Ibid., doc. 14 : Marmaggi à Sincero, Varsovie, 05.03.1930, Nonciature Pologne N°7941.
453 Ibid., doc. 62 : d’Herbigny, FU, 29.02.1932.
454 C. Simon, Russicum… 2… cit., p. 41-52.
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